B2i : il manque la garantie d’une véritable formation pour chaque élève

B2i : il manque la garantie d’une véritable formation pour chaque élève

Un texte définissant le B2i pour les trois niveaux École/Collège/Lycée est soumis à l’avis du CSE le 18 mai après une consultation sur internet. Ce texte est un référentiel de compétences au sens du décret sur le socle commun « connaissances, capacités et attitudes ». Ces compétences apparaissent bien floues puisque l’on trouve parfois les même connaissances attendues pour les trois niveaux, avec des formulations qui risquent d’aboutir à une grande variabilité

d’interprétation.

Cette variabilité sera aggravée par l’inégalité d’équipement matériel entre les établissements, renvoyant les élèves aux équipements familiaux, et par l’absence scandaleuse de maintenance dans l’Éducation Nationale ainsi que par l’inégalité territoriale de connexion au haut débit (zones rurales, DOM-TOM). Le B2i ne saurait valider des acquis qui se feraient hors de l’École ; en outre, 75% des familles seulement sont équipées en matériel informatique (tout types d’équipements confondus). Quelques rares académies ont investi dans la formation des profs- relais, mais la question des décharges pour les collègues impliqués reste entière.

L’arrêté définit des compétences sans expliciter les contenus qui pourraient les mettre en œuvre car sa logique est de solliciter toutes les disciplines. Certaines ont dans leur programme un fléchage de compétences du B2i, mais cela est rarement une obligation, le plus souvent facultatif, afin de justement…s’adapter aux réalités locales. La technologie qui, au collège, pouvait prétendre à jouer un rôle décisif pour mettre en œuvre ces compétences dans des contenus bien identifiés, a vu ses récents programmes de 6

vidés de l’essentiel de l’initiation qu’ils proposaient (malgré l'investissement très important des enseignants de technologie). Enfin, nous savons le sort des IDD et des TPE qui auraient pu, avec un relatif investissement en moyens, contribuer à cet enseignement, à travers une initiation aux techniques documentaires par

exemple.

Au final, les modalités de certification qui parient sur l’autonomie de l’élève –celui-ci disposant d’une feuille de position qu’il fait lui-même valider à ses enseignants- risquent fort de ressembler à un parcours du combattant, notamment pour les plus défavorisés ou les plus en difficulté. C'est sur ce point que le projet est le plus inquiétant : le MEN se décharge de sa responsabilité de garantir à chaque jeune une formation. Mais il prévoit dans le même temps que des

« organisations » (certes conventionnées) puissent certifier elles aussi le B2i. On voit ainsi se dessiner des dérives privées d’externalisation de ces certifications qui ont déjà cours pour l’aide aux devoirs ou l’enseignement des langues.

Sylvie Nony

Jean-François Clair, groupe TICE

jf.clair@snes.edu