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Étude spectrale de la détonation dans le vide des
explosifs d’amorçage
Henri Muraour
To cite this version:
ÉTUDE
SPECTRALE DE LADÉTONA1ION
DANS LE VIDE DESEXPLOSIFS
D’AMORÇAGE
Par HENRI MURAOUR.Laboratoire Central des Poudres. Paris.
Sommaire. 2014 On a fait détoner dans le vide certains explosifs d’amorçage et, en particulier, des azotures et fulminates de métaux lourds. On montre la possibilité d’obtenir par cette méthode des spectres
de raies, que ne sont pas des spectres de flamme et dont l’étude doit pouvoir apporter des renseignements
sur le degré d’excitation de l’atome de métal libéré au moment de l’explosion et sur le mécanisme même de
la détonation de ces explosifs.
Historique. - Malgré
son intérêt l’étudespectrale
des luininosités
qui accompagnent
la détonation desexplosifs
n’ajusqu’ici
faitl’objet
que d’un nombreres-treint de travaux. Le
premier
Wâchter(Z.
1923,
p.56)
signale
que si ondirige
unspectro-scope sur la luminosité
qui
seproduit
entre deuxcartou-ches
suspendues
librement etqui
détonent simultanément, on observe un
spectre
continu(1).
Laffitte(An-nales de
Physique,
1925,
t.4,
p.693)
a étudié auspec-trographe
la détonation de ladynamite
dans un tube deverre. Il a observé un
spectre
continu sans aucune raie.Au
contraire,
enphotographiant
lespectre
de larégion
correspondant
à l’onde dechoc,
il a pu mettre enévi-dence
plusieurs
raies du calcium(5
580 à 5600;
.~ ~~5 à4455 ; 4280
à4320 ; 4 227 ;
3 969 ;
3934).
En intro-duisant un fil de cuivre dans larégion
de l’onde dechoc il a observé la raie 4 651 de cet élément et avec un fil de
magnésium
les raies 4480 et 4 352 deMg.
Dans son
travail,
Laffitte a attribué les luminosités ob-servées au milieu environnant rendu lumineuxpar le
passage de l’onde dechoc,
mais à la suited’expériences
exécutées dans son laboratoire parPatry,
il est revenu sur cetteinterprétation (Laffitte
etPatry,
C. R.1930,
t.
i9’l,
p.1335) (Voir
les détails sur lesexpériences
dePatry
dans sathèse, Nancy
1933)
et il a admis que lesluminosités avaient pour
origine
une tranchelumi-neuse des
produits
del’explosion
lancée en avant et se(t) L’auteur se demande si cette luminosité a pour origine la rencontre des ondes de choc ou la rencontre des gaz émis par
l’explosif, les expériences que nous avons exécutées avec
1~1. Michel-Lévy ont démontré que ce phénomène lumineux observée pour la première fois par Siersch en 1896, attribué par
Hess à la compression adiabatique de l’air (Pneumatische phéno-men) puis par Beyling et d’autres expérimentateurs, à la
ren-contre des gaz incomplètement brûlées émis par l’explosif, a bien pour origine l’élévation considérable de la température du milieu environnant à la rencontre des deux ondes de choc.
propageant
au début à la même vitesse que l’onde dechoc,
elle-même non lumineuse.Avec M.
Michel-Lévy
nous avons montré que lapre-mière
interprétation
de Laffitte était labonne,
les ré-sultats obtenus parPatry pouvant
s’expliquer
si onadmet que la luminosité du milieu environnant sub-siste encore,
pendant
untemps
trèscourt,
après
le passage de l’onde de choc(Voir
3lém. desPoudres,
1935,
t.XXVI,
p. 171.Dans un intéressant travail Petrikaln
(Z.
Physik,
1926, 37,
p.610)
a étudiéspectroscopiquement
ladé-composition
du fulminate de mercure et des azotures decalcium, strontium,
baryum
et zinc. Dans les condi-tions où Petrikaln aopéré,
il y avait d’ailleurs non pasdétonation mais combustion vive de ces
produits.
L’auteur a observé les raies suivantes : Fulminate de mercure. - Bandes du
cyanogène.
Raies de mercure: 5460-4358-4046-3662-3654-3650 3341-3131 3125 3025-3023-3021-2967-2893-2805 2 804-2 803
(ces
trois dernières trèsfaibles) 2
752-2 653 - Z 6~~. La raie ultime 2 537 estforte,
élargie
etren-versée.
Manquent
avec certitude dans lespectre 5
791 et 4077.Manquent
probablement :
3 663 - 3131-3 027-2655.,4zoture de calcium. - Raies du calcium : 6
717-6 572-4 717-60 i - 455-4 454-4 435-4 434-4
4254
226. Dans le visible :spectre
de bandes dutype spectre
de flamme(oxyde).
de strontium. - Raies de Sr : 5
535-4962-4 877-4 876-4 72-4 3- 8I3-4 i3- 723-4 607.
Dans le
visible, spectre
de bandes dutype spectre
de flamme(oxyde).
Azoture de Raies de Ba : 5 535 - 4 607.
412
Dans le
visible,
spectre
de bandes dutype spectre
de flamme(oxyde).
Azoture
basique
de zinc. -- Raies du Zn : 4810-4 722 - zi 680 - 3 316 - 3 303 - 3282.
Petrikaln
indique
les difficultésd’interprétation
deces
spectres
etsouligne
l’intérêtqu’il
y aurait àopérer
avec les azotures de mercure et
d’argent,
mais il dé-clare avoir renoncé àopérer
avec cescomposés
à la suite dequelques
«désagréables explosions
»(1).
T. Tucholski a
publié
en 1931 dans le Bulll!tin dePolonaise des Sciences et des
Lettres,
Série
A,
p. 76, unimportant
travail sur lesspectres
de métaux obtenus par des réactionsexplosives.
Il aopéré
sur différentspicrates (Na
- K - Ca - Ba-Cu -
Fe)
chauffésjusqu’à explosion
dans unepetite
poële
en cuivre(~)
ou introduits dans de l’acidepi-crique,
du collodion ou de lagélatine explosive.
Pour obtenir desspectres
d’une intensitésuffisante,
Tucholski a été
obligé
de faireparfois jusqu’à
100 dé-tonations devant la fente de sonspectrographe.
Voicises conclusions :
« Les
explosions
depicrates
donnent desspectres
qui
se
rapprochent
de ceuxqu’on
obtient dans la flammeoxydrique,
bien que lesspectres
moléculaires(de
Ca - Ba - Cu et
Fe)
présentent
certaines différences. On reconnaît dans cesspectres,
de même que dans ceuxdes azotures
qu’a
observés A.Pétrikaln,
un manqueabsolu de raies d’étincelles. Les
spectres
de détonation(obtenus
parexemple
avec lagélatine
expfosive)
qui
sont
également
desspectres
de flamme, montrent queles
températures
d’explosion
des matériaux détonants sontcomprises
dans les limites de 1900 à 3 200.Tel était l’état de la
question
au momentoù,
avecM.
Michel-Lévy,
nous avonsrepris
l’étudespectrale
des
détonations,
nous avonsopéré
avec unexplosif
liquide
extrêmementpuissant, mélange
à combustioncomplète
de tétranitrométhane et detoluène,
placé
dans une
rigole
circulaire creusée dans un bloc delaiton et amorcé avec une
petite
quantité
deperchlorate
du diazo de métanitraniline. Nous avons ainsi réussi à créer dans le milieu environnant uneaigrette
lumi-neuse, véritableéclair,
dont la durée esttoujours
extrê-mement courte, de l’ordre de
quelques
millionièmes de seconde(Voir
Journal de1935,
SérieVII,
t.
6,
p.496).
L’étude
entreprise
a montré que l’intensité desphé-nomènes lumineux
dépend
essentiellement de la nature du gazenvironnant,
le maximum de luminosité étant obtenu dans les gaz de faible chaleurspécifique
et de forte densité : argon etkrypton.
(Les
essais n’ont pas encore été exécutés dans le xénonqui
doit donner le maximum deluminosité).
Les résultats obtenus nous(1) Signalons dans le même Z. 1926, 38, p. 201, un
travail de K. Gleu sur l’étude spectrale de la lumière émise par N3Cl se décomposant par passage dans un tube chauffé.
(2) Avec ce dispositif et avec les picrates utilisés Tucholski n’obtenait pas une véritable détonation inais simplement une
déîl4,-ration
yive ,’
ont amenés à conclure que les
phénomènes
lumineux observés n’ont pas pourorigine
les gaz chauds émispar
l’explosif,
mais l’onde de choc et, enparticulier,
les rencontres d’ondes de choc dans le milieu
envi-ronnant.
Dans une étude
théorique entreprise
à la suite de nosexpériences
M.Jouguet
encomplétant
la théorieclassique
a d’ailleurs montré que l’onpouvait prévoir
par le calcul une double influence de la chaleur
spéci-fique
et dupoids
moléculaire du gazutilisé,
sur latempérature
atteinte dans l’onde de choc(’).
Lephé-nomène initial
(détonation)
étant constant, latempé-rature dans l’onde de choc doit croître suivant l’ordre
Or,
c’est bien là l’ordre de luminosité croissante quenous avons observé
C’est sur
l’aigrette
lumineuse,
à 20 mm environau-dessus de la surface de
l’explosif,
que nous avons avecM.
Michel-Lévy
braqué
la fente de notrespectrographe
(Hilger-quartz-petit modèle).
Les clichés obtenus ontconfirmé l’énorme intensité lumineuse atteinte dans
l’argon
et lekrypton,
puisqu’avec
une seuledétonation,
soit avec un
temps
de pose voisin de 4 millionièmes deseconde,
nous obtenons unspectre
continu intenses’étendant dans l’ultraviolet
jusqu’à l’absorption
par lagélatine
de laplaque.
Dans
l’oxygène,
comme dans l’air et dans l’acidecar-bonique
nous avonségalement
obtenu,
avec 5 et 8dé-tonations,
desspectres
continus mais l’intensité dans l’ultraviolet est moindre pourl’oxygène
que pourl’argon
et encoreplus
faible pour l’acidecarbonique
(influence
de la chaleurspécifique
du gaz sur latempé-rature dans
l’onde).
Dans le chlore nous avonsobtenu,
avec une seuledétonation,
unspectre
continu intense(influence
de la forte densité deC12)
présentant
la banded’absorption
du chlore. Dans l’azote et dansl’oxyde
de carbone nous avonsobtenu,
trèsintenses,
les bandes du
cyanogène, qui paraissent
exister d’ailleurs dans tous lesspectres.
On retrouve
également
dans tous lesspectres
la raie 2478 du carbone CI’.Par suite de l’af faiblissement du fond
continu,
les bandes ducyanogène
et la raie du carboneapparais-sent avec une
particulière
nettetési,
opérant
dansl’argon,
on vise avec lespectrographe
non le maximumde luminosité mais la
partie supérieure
del’aigrette
lumineuse(40
à 60mm. au-dessus de la surface del’explosif).
Le
mélange explosif
utilisé(tétranitrométhane
+
toluène)
étantvolatil,
il étaitlogique
d’attribuer les bandes ducyar.ogène
et la raie du carbone à lapré-sence dans le gaz environnant de la vapeur de
tétrani-trométhane et de toluène, En
opérant
avec unexplosif
non volatil(tétranitropentaérythrite)
nous avons eneffet réussi avec M.
Michel-Lévy,
à obtenir leurrition à peu
près complète,
les faibles tracesqui
sub-sistentparfois
pouvant
sans doute être attribuées à la flamme del’explosif
(1).
En
poursuivant
l’étude nous avons cherché àobtenir,
avec M.
Michel-Lévy,
lesspectres
de différents métaux.La théorie formulée
implique
cetteconséquence
que, pour obtenir cesspectres,
le métal doit être introduit non dansl’explosif,
mais à l’état de fine division dans le gaz environnant. Lesexpériences
exéculées ontconfirmé cette déduction
théorique (Voir
C.R., 1936,
t.202,
p. 949 et203,
p. 316.Les résultats obtenus par cette méthode se
dis-tinguent
en deuxpoints importants
des résultats ob-tenus par nosprédécesseurs :
1. La luminosité est
particulièrement
intensepuis-qu’une
seule détonation suffit pour obtenir unspectre
de raies se
prolongeant
fort loin dans l’ultraviolet.2. Les
spectres
obtenus ne sont pas desspectres
deflamme,
mais desspectres
de hautetempérature
etren-ferment même des raies d’étincelles par
exemple
les raies 2304-2335-2348-2529-2635 dubaryum
ionisé)
voirégalement
lespectre
du calcium ionisépublié
dans la Note aux C. R. Séance du 15juillet
19116 etreproduit
plus
loin(2).
Au début des recherches exécutées en commun avec
M.
Michel-Lévy,
nous avions étudié auspectrographe
la détonation de
granules
et deplaquettes
d’azoture deplomb
et obtenu ainsi unspectre
continu(moins
intenseque celui observé avec le
mélange
de tétranitromé-thane et detoluène,
par suite de la brisancebeaucoup
plus
faible del’explosif)
et renfermant certaines raies duplomb
soit enémission,
soit enabsorption.
Nousreproduisons figure
1(Planche
horstexte)
unspectre
ainsi obtenu en visant avec la fente du
spectrographe,
sans
interposition
delentille,
uneplaquette
d’azoture deplomb
d’environ1,5
mmd’épaisseur.
On remarquerale fond continu dû à l’onde de choc
et,
en émission lesraies 4 245-4 068-3 740-3 683-3 639-3 579 du
plomb.
L’attribution de la raie 4 2~5 au
plomb (raie d’étincelle),
est d’ailleurs très douteuse et ils’agit
trèsprobablement
de la raie 4 226 du calcium. Ondistingue
deplus
trèsnettement,
sur lenégatif,
les raies sui vantes enabsorp-tion : 2 833-2 802-2 660-2 615. On remarquera la forme
particulière
des raiesélargies
à leurbase,
sans doute sous l’influence de lapression.
( 1) Il y aurait donc lieu de refaire avec cet explosif les spec-tres obtenus dans l’azote et dans l’oxyde de carbone qui présen-taient, très intenses, les bandes du cyanogène.
(2~ Les spectres obtenus ne paraissent pas cependant identiques
aux spectres d’étincelles, ceci pourrait s’expliquer par deux
hypothèses différentes : 1. La température atteinte serait infé-rieure à celle de l’étincelle, d’où une ionisation moins complète. En adoptant cette hypothèse il est difficile d’expliquer les fortes luminosités observées. 2. La température atteinte est très élevée mais l’ionisation est freinée par la haute pression qui existe
dans l’onde de choc. On devrait dans ce cas observer le
dépla-cement connu de certaines raies sous l’influence de la presfion,
mais un tel déplacement ne pourrait être mis en évidence qu’en opérant avec nn spectrographe beaucoup plus dispersif que celui que nous possédons.
Etude de la détonation dans le vide. - En colla-boration avec Schumacher nous avons montré que les
explosifs d’amorçage
et enparticulier
l’azoture deplomb,
détonent dans le vide parsimple
inflammationau contact d’un fil
rougi.
Nous avonsjugé
intéressantd’effectuer une étude
spectrale
de ces détonations dansle vide. On
pouvait
en effet s’attendre à la diminutionde
l’intensité,
ou même à ladisparition
du fond continudû à l’onde de choc et d’autre
part,
à une duréeplus
grande
de laluminosité, conséquence
d’une vie moyenneplus longue
de l’atomemétallique
excité. Comme lemontre le
spectre
(fig. 2)
obtenu avec l’azoture deplomb
détonant dans levide, l’expérience
a confirmé cesdé-ductions. Sauf
l’emploi
du vide cespectre
a été exécuté dans les mèmes conditions que lespectre
(fig. i ) ,
mêmes dimensions de laplaquette
d’azoture et même hauteur de la fente duspectrographe.
On remarquera la hau-teurbeaucoup
plus. grande
des raies due à lapersis-tanee de la luminosité de l’atome de Pb
excité,
on notera aussi que lespectre
s’étendbeaucoup plus
loin dans l’ultraviolet.Fig. A.
Le
dispositif
utilisé dans cetteexpérience
estrepré-senté
figure
A. Il consiste en un tubecylindrique
de laiton de 158 mm de hauteur et de 67 mm de diamètre muni d’une fenêtre enquartz transparent
de 140 mmde
hauteur,
de 9 mm delargeur
et de2,5
mmd’épais-seur. Ce
cylindre
repose sur un socle en acier munid’une tubulure de vide et de deux bornes
permettant
de conduire le courant au fil deplatine qui
doit enflammerl’explosif.
Cedernier,
environ 0,9 g, estplacé
sur la facesupérieure
d’unpetit cylindre
d’acier de 27 mmde diamètre et de 34 mm de hauteur
placé
au centre du socle. L’étanchéité del’appareil
est obtenue en coulant de laparaffine
dans larigole
R.Pour exécuter
l’expérience
on fait dans lecylindre
414
plaquette d’explosif
et presque en contact de la fenêtre dequartz
la fente duspectrographe
(1)
après
avoirouvert,
dansl’obscurité,
le châssis duspectrographe,
onprovoque, en faisant
rougir
lefil,
la détonation del’ex-plosif.
On observe à ce moment, sur toute la hauteur de lafenêtre
de une vive luminosité. On ferme ensuite lechâssis,
on démontel’appareil
et onrépète
l’expérience,
car environ 10 détonations successives sontnécessaires pour obtenir unspectre
de bonne inten-sité. Iln’y
a d’ailleurs aucun intérêt àdépasser
cenombre de détonations car
après
explosions
lequartz
est fortementdépoli,
tout au moins dans sapartie
inférieure située en face del’explosif,
et il estnécessaire de lui faire subir un nouveau
polissage.
Cephénomène d’attaque superficielle
duquartz
estparti-culièrement accentué avec l’azoture de
plomb. Après
la détonation le vide n’existe naturellementplus
dans lecylindre,
lapression
étant alors voisine de 30 à 40 minde mercure, suivant la
quantité
d’explosif
utilisé. Au moment del’explosion,
alors que les gaz ne sont pas encorerefroidis,
cettepression
peut
être de l’ordre de1/2 atm. (en
supposant
unerépartition
uniforme de lapression).
Pour l’étude de la durée de la luminosité sereporter
à la note que nous avonsrédigée
en commun avec 1B1..A.ndréLangevin.
Cette durée est de l’ordre de 1 à 3 millièmes de sec. Nousreproduisons
iciquel-ques
spectres
obtenus avec ledispositif
que nous venons de décrire.On remarquera
que tous cesspectres
sont desspectres
de raies. Ce fait est àrapprocher
d’un résultat fort intéressant obtenu par M. Vaudet au labo-ratoire de M. Cotton. Cetexpérimentateur n
en effetmontré que
si,
endéchargeant
un condensateur dansun fil
fin,
on obtient à l’air libre unspectre
continu intense(méthode
du filexplosé d’.Anderson),lâ
mêmeexpérience
exécutée dans le vide donne naissance à unspectre
de raies.Voici
quelques longueurs
d’ondes relevées sur nosspectres
(2).
Spectre
de la détonation de l’azoture deplomb.
-
Figure
2 bis.Raies du
plomb : 4 168-4
058-3 740-3 671-3 640-3 573-2 873-573-2 833-573-2 8573-23-573-2 80573-2-573-2 697-573-2 663-573-2 650-573-2 6573-28-573-2 614-2 577-614-2 476-614-2 446-614-2 411-614-2 394.On
distingue
également
les raies 4 226 et 3 968-3933 du calcium et les raies 3 2 i7-3 27 fi, du cuivre.Sur le cliché ne
2,
exécuté avec unquartz neuf,
ondistingue
unplus grand
nombre de raies dont l’identi-fication est rendue très difficile par la faibledispersion
du
spectrographe
et laprésence
possible
desimpuretés.
Quelques-unes
de ces raies trèsfaibles, pourraient
peut-être
être attribuées à des raies d’étincelle du Pb mais cette identification est très douteuse et il sera(1) HILGR. Petit modèle à prisme de quarlz. Nous avons utilisé des plaques Ilford Zénith non orthochrornatiques.
(2) L’appareil étant très peu dispersif il peut y avoir confusion pour des raies rapprochées.
nécessaire pour trancher cette
question
d’opérer
avecspectrographe
plus dispersif,
l’étude actuelle ne pou-vant être considérée que comme une étudeprélimi-naire.
Spectre
de la détonation de l’azoture et du fulminated’argent. - (Voir fig.
3).
Cesspectres
sont
identiques.
L’existence des bandes ducyanogène
dans lespectre
de détonation de l’azoture deAg, qui
necontient pas de
carbone,
apeut-être
pour cause lapré-sence dans notre
appareil
d’une trace de carbone(paraffine)
(’ ).
On a constaté la
présence
des raies suivantes :Raies de
l’argent :
810-3 681-810-3 50 t-810-3 810-38810-3-810-3 280-810-3 1810-30-2 824-2 721-2 810-375-2 810-309.Bandes du
cyanogène :
4 216-3 883-3 590.On
aperçoit
en outrequelques
raies du calcium et du cuivre.Les raies de
l’argent
identifiées sont des raiesd’arc.
On constate l’absence des raies d’étincelles 2 330-2
4ii-2 438-4ii-2 448,
que nous avions obtenues avec M.Michel-Levy,
enprovoquant
une rencontre d’ondes de chocdans de
l’argon
contenantAg
ensuspension.
Spectres
de la détonation des azotures mercu-reux etmercuriques
~2).
-(Voir fig. 4).
Cesspectres
sont
identiques,
on a observé les raies suivantes dans lespectre
de l’azoturemercurique qui
est le mieuxréussi :
Raies du mercure : 4916
(douteux)-4
358-4 047(la
raie 4078 est très
douteuse)
3 906-3 654-55-3 341-3131-26-3 026 2 907 -2894-2 803 ou 2 80t)-2 753(2698
estabstent) 2653
ou 55-2 576 extrêmementfaible, 2536
ou34 peu
intense, 2 482,
très faible.On constate en outre la
présence
des bandes ducyanogène
(voir
la remarque relative à l’azotured’ar-gent)
des raies du calcium 226-3 968-3 933 et à la limite de visibilité 3179-3159,
enfin des raies du cuivre 3 247 et 3 ~7 4 et dumagnésium 2
795 et 2 852.(t) On sait qu’il suffit de traces très faibles de earbonne pour faire apparaitre, en présence d’azote, le spectre du cyanogène. C’est ainsi que la combustion d’un mélange de N1 0 et de H2 donne les bandes du cyanogène, si l’hydrogène est amené par
un tube de caoutchouc.
(2) Avec les azotures de mercure et en particulier avec
l’azo-ture mercurique, nous avons observé un phénomène fort curieux :
en général l’azoture ne détone pas au moment où le fil rougit. Par suite du dégagement gazeux, consécutif à une
décomposi-tion thermique, les cristaux sont chassés à une certaine distance du fil et forment autour de celui-ci une gaine en partie fondue. Si alors on coupe le courant on observe, parfois après plus de
30 sec, la détonation de l’explosif. Ce phénomène est dû à la
rupture, pendant la période de refroidissement, de la masse
fondue qui entoure, à distance. le fil de platine. Nous avons en
effet constaté, après une expérience durant laquelle la
détona-tion n’avait pas eu lieu, que la masse agglomérée détone au
Spectres
de combustion et de détonation dufulminate. - On sait que le fulnlinatc de mercure
brûle en
petites
quantités
sans détoner. Pour obtenirun
spectre
de détonation nous avonsopéré
sur unmélange
duperchlorate
de diazo de métanitraniline etde fulminate de mercure. Le
spectre
obtenu dans cesconditions est
reproduit
figure
5. Il est intéressant derapprocher
cespectre
de celui obtenu en faisant brûler à l’air libre du fulminate de mercure devant la fente duspectrographe (fig. 6),
spectre
déjà
étudié par Pétrikaln. Sauf unc différence d’intensité duc à la différence destemps
de pose(10
combustions au lieu de I 0détonations),
on constate que ces
spectres
sontidentiques.
Onpeut
tidentifier les raies suivantes de
Hg :
4916 438-4047-3 654
(très faible),
3 650-3 31.1-3 9 31-6-3 026-2967-2 894(très faible),
2805 extrêmementfaible, 2753
faible,
2 ô53-55
faible, 2
576 extrêmementfaible, 2
51§lJforte,
élargie
et renversée.On observe en outre la
présence
des bandes ducya-nogène
et de raies ducalcium,
du cuivre(3
274 et3
247)
et duMg,
enparticulier
de la raie fil 848.Tous les
spectres
obtenus avec lescomposés
dumercure, azotures ou
fulminates,
paraissent
iden-tiques,
on y constate l’absence des raies d’arc dumer-cure ~ 698 et 4078
À,
cependant
cette dernière estpeut-être
présente,
trèsfaible,
dans lespectre
de déto-nation de l’azoturemercurique.
L’absence de la raie 407ti dans lespectre
de combustion du fulminate demercure avait
déjà
étésignalée
par Petrikaln. Avec l’indécision quecomporte
la faibledispersion
de notrespectrographe
ilparalt
d’ailleurs y avoir identité entrenos
spectres
de mercure et celui obtenu par Petrikaln.Sauf en ce
qui
concerne l’absence de la raie4078,
lesspectres
obtenus serapprochent
beaucoup
de celui de lalampe
à vapeur de mercurepris
au moment même del’allumage
et avec untemps
de pose court.Le fulminate
comprimé
pouvant
brûler dans le vide(voir
Muraour et Schumacher. C.R.,
t.198,
p.116i,
1934)
nous avonsessayé
d’obtenir lespectre
de cette combustionqui
s’effectue avec une lumièrerougeâtre,
mais mêmeaprès 5
combustionssuccessives,
nousn’avons obtenu aucun
spectre
sur lesplaques
que nous avons utilisées(Ilford,
Zénith,
650HD,
nonorthochro-matique).
C’est àpeine
si l’onpeut distinguer
sur les clichés la bandeprincipale
ducyanogène
(;).
En effec-tuant la combustion dans un videpartiel (300
mm deHg)
nous avons obtenu sur le cliché les bandes ducya-nogène
et les raies ducalcium,
niais les raies dit"ter-cure sont invisibles.
Cette absence des raies du mercure n’est d’ailleurs pas
extraordinaire,
car on sait que le mercure nedonne pas, même au chalumeau
oxhydrique,
despec-tre de flamme. Ces résultats nous
paraissent
fortinté-(1) Nous avons d’ailleurs constaté que dans le vide le com-’
primé de fulminate se décompose parfois totalement sans donner naissance à une luminosité notable. On observe dans ce cas la formation d un dépôt qui n’est pas de teinte grise (Hg) mais de
teinte brune. Il est donc probable qu’il existe plusieurs équations
de décomposition du fulminate dans le vide.
ressants,
car ils montrentqu’à
mesure que lacombus-tion du fulminate se
rapproche
durégime
détonant(à
l’air
libre,
la combustion du fulminate se transformetrès facilement en
détonation),
l’atome deHg
est libéré avec undegré
d’excitation deplus
enplus
élevé.Spectre
de la détonation dans le vide d’unmélange
d’azoture deplomb
et d’azoture decal-cium. -- En collaboration
avec M.
Michel-Lévy
(C’.li.,
séance du 15
juillet
i~36),
nous avons montré que par rencontre d’ondes de choc dans del’argon
contenanten
suspension
du calcium on obtient unspectre
intense du calcium ionisé. Nousreproduisons
ici cespectre
dans
lequel
on remarque(spectre central)
les raies suivantes du calcium(fig.
7).
Ce
spectre
a été obtenu avec une seuledétonation,
on remarquera l’intensitéparticulière
des doublets ducalcium
ionisé,
enparticulier
3 737-3 706qui
n’existepas dans le
spectre
d’arc(Eder
etValenta)
et 3 l. î 9-3159.Ce
spectre
de détonation est encadré par unspectre
de combustion obtenu en faisant brûler devant la
fente du
spectrographe
unmélange
d’hexogène (dérivé
nitré de
l’hexaméthylènetétramine)
et d’oxalate de calcium(1).
On remarquera que dans cespectre,
la raie 4 226 de CaI estplus
intense que le doublet 3968-3 9968-3968-3 de Caψ-34;. On notera
également
l’absence des autres doublets du calcium ionisé.En vue de comparer les
températures
atteintes d’unepart
dans la rencontre des ondes de choc dansl’ar-gon ; d’autre
part
dans la détonation desexplosifs
d’amorçage
dans levide,
nous avons exécuté uneexpérience
en faisant détoner dansl’appareil déjà
décrit de l’azoture deplomb
additionné d’unepetite
quantité
d’azoture de calcium.Nous
reproduisons
(fig. 8)
lespectre
obtenu avec10 détonations
(2).
On remarquera que si le doublet 3 968-3 933 estintense,
plus
intense que dans lespectre
de
flamme,
par contre les doublets 3737-3706 et 3 t79-3 159 sont absents ou à la limite devisibilité,
alurs que leur intensité est très
grande
dans lespectre
obtenu par rencontre d’onde de choc dans
l’argon.
Les
spectres
de détonation dans le vide desexplosifs
d’amorçage
sont donc intermédiaires entre lesspectres
de flamme et lesspectres
obtenus dansl’argon
par ren-contre d’ondes dechoc;
ils semblent être trèsana-logues
auxspectres
d’arc.En résumé nos
expériences
montrent t lapossibilité
d’obtenir desspectres
de raies en faisant détoner dansle vide des
explosifs
d’amorçage
contenant un atome(1) L’hexogène a été choisi à cause de la haute température
de sa flamme.
(~) On doit noter que la durée de la lumiuosité est déjà pour
416
métallique.
Lesspectres
ohtenus ne sont pas desspectres
deflamme,
maisplutôt
desspectres d’arc,
ilssont
beaucoup
moins lumineux que ceux obtenus parrencontre d’ondes de choc dans de
l’argon
contenant un métal ou un selmétallique
ensuspension ;
10 déto-nations successives nepermettant
pas d’obtenir unspectre
aussi intense que celui obtenu avec une seule détonation dansl’argon.
Si l’on en
juge d’après
l’intensité relative des raiesdu calcium dans le
spectre
obtenu en faisant détonerun
mélange
d’azoture deplomb
et d’azoture decal-cium et
d’après
lespectre
obtenu avec l’azotured’ar-gent,
ledegré
d’ionisation atteint est inférieur à celui obtenu par la rencontre d’ondes de choc dansl’argon ;
résultat conforme à la théorie formulée pour
expliquer
l’origine
de ces derniersspectres.
L’étude des
spectres
obtenus par cette nouvelle méthode nousparaît
pouvoir apporter
desrenseigne-ments intéressants sur le
degré
d’excitation de l’atomede métal libéré au moment de
l’explosion
et sur le mécanisme même de la détonation desexplosifs
d’amorçage.
Manuscrit reçu le 17 juillet 1936.
LÉGENDES DES FI(,-UPES DE LA PLANCHE
Fig. 1. (Exp. no 13). - 22 détonations d’azoture de
plomb à
l’air libre, image renversée.
Fig. 2. (Exp. no 5). - 10 détonations d’azoture de Pb dans le vide.
Fig. 2 bis. (Exp. no 11). - 10 détonations d’azoture de
plomb
dans le vide. Spectre de référence : arc au mercure.
Fig. 3. (Exp. no 16). -- 9 détonations d’azoture
d’argent dans le vide.
Fig. 4. (Exp. no 20). - 9 détonations d’azoture
mercurique dans le vide. Spectre de référence : arc au mercure.
Fig. 5.
(Exp.
no 32) - 10 détonations dans le vide d’unmélange
du perchlorate de diazo de métanitraniline et de fulminate de mercure. Spectre de référence : arc au mercure.
Fig. 6. - 10 combustions à l’air libre de fulminate de mercure.
Spectre de référence : arc au mercure.
Fig. ’7 -
Spectre de référence : combustion d’un mélange d’hexogène (dérivé nitré de l’hexaméthyléne tétramine) et
d’oxalate de calcium. Au centre : Rencontre d’ondes de choc dans de l’argon contenant du calcium en suspension.
raies : a
3159
l Cal’ g 2811 OH b3119
h 3064 OH c370fi
¡ p 11 h 3U6-~ OH d3~3~ ; (
a i 4226 Cal e3933
l II f3968 ~
Ca j 5588 Ca’Fig. 8. (Exp n" 41). - 12 détonations dans le vide d’un
mélange