ENTRE SOIS LE Nr'<>,:>09
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1902-1908 57
DES
SECOURS IMMÉDIATS
(Pansements tout préparés)
AUX BLESSÉS DES GUERRES NAVALES
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉ
Présentée et soutenuepubliquement le 19 Décembre 1
Albert-Adolphe-Emile DUCHA
Né à Gorée-Dakar (Sénégal), le 13 juin 1879
Elève duService de Santé de la Marine
!MM. LE DANTEC
MOKACHËDENUEELAGRANGE agrégéprofesseur....
professeuragrège [ luges.Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-D1JEAUX — 91 1 902
Faculté de Médecine etjle Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABI AS,doyen — M.
PITRES, doyen honoraire.
PUOFKNSEUKS
MM. M1GÉ 1
DUPEY MOUSSOUS.
Pro fesseurs honoraires.
MM.
-
, » PICOT.
Cliniqueinterne ^ PITRES
. \ DEMONS.
Clinique externe
j
LANELONGUE.Pathologie et théra¬
peutique
générales. VERGELY.
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histologie
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fants. .. - P1ÉCHAUD Clinique gynécologique
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pion de médecine (Pathologie interne et Médecine
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section de chirurgie et accouchements
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Cliniquedesmaladies
cutanées et syphilitiques MM. DUBREU1LH.
Clinique des maladies
des voies urinaires
Maladies du larynx,des
oreilles
etdu
ne/.Maladies mentales Pathologie interne Pathologie externe Accoucheftients
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologie et
Minéralogie
Le Secrétaire de la L'acuité:
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCru.
ANDÉRODIAS.
PACHON.
PR1NCETEAU LAGRANGE.
CARLES.
LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté a
arrêté
queles opinions émises dans les
Thèses quilui sontprésentéesdoiventêtre
considérées
commepropresà leurs auteurs,
qu'ellen'entendleurdonner
ni approbation ni improbation.
A la Mémoire de mon
Grand-Père
PIERRE le EOARER
CAPITAINE DE FRÉGATE
OFFICIER DE LA LÉGIOND'HONNEUR
A MA
GRAND'MÈRE
leEOARER
A MON
PÈRE
MÉDECIN EN CHEF DE lre CLASSE DE LA MARINE OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE MEMBRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE SANTÉ DE LA MARINE
A MA
MÈRE
Hommage filial.
A MA SŒUR
A MES MAITRES DE LA
MARINE
ET DE LA
FACULTÉ
A MES CAMARADES DES CORPS
DE SANTÉ
DE
L'ARMÉE
COLONIALEET DE LA MARINE
, î1: s""
Ssisilii
A MONSIEUR LE DOCTEUR
TALA1RACH
DIRECTEUR DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE DIRECTEUR DE i/ÉCOLE PRINCIPALE DU SERVICE DE SANTÉ
DE LA MARINE ET DES COLONIES COMMANDEUR DE LA LÉGION DHONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A 'MONSIEUR LE DOCTEUR GIRARD
MÉDECIN PRINCIPAL I)E LA MARINE
SOUS-DIRECTEUR DE LECOLE PRINCIPALE DU SERVICE DE SANTÉ CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR LE DANTEC
PROFESSEUR DE PATHOLOGIE EXOTIQUE Â LA FACULTÉ DE MÉDECINE MÉDECIN PRINCIPAL DE LA MARINE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER D'ACADÉMIE
Un louable et très ancien usage, digne à tous
égards d'être
conservé, veut que
l'élève,
parvenu auterme de
sesétudes
universitaires, dont il va recevoir l'officielle
consécration,
réserve la première page de son
premier travail à l'expres¬
sion des remerciements si légitimement dus aux
Maîtres qui
lui ont prodigué les
fruits de leur savoir et de leur expé¬
rience.
Que tous ceux qui,
depuis tant d'années,
nousont donné
le meilleur de leur esprit et souvent de
leur
cœur, nevoient
pasdans cet hommage que nous nous
plaisons à leur adres¬
ser aujourd'hui une
simple formule de politesse banale,
commandée par le respect
d'une vieille et traditionnelle
cou¬tume. Si le mot de reconnaissance, dont il est trop souvent fait abus, a quelque peu perdu
de
savaleur,
nousles prions
de vouloir bien y attacher tout
le prix
que nouslui donnons
nous-même et nous les prions aussi de croire
à la sincérité
de ce témoignage, faible et lointain
écho de tout
cequi vibre
intimement en nous et que rendent si
mal
cesquelques
lignes venues naturellement sous notreplume. La géné¬
rosité appelle la
gratitude
:à tous
ceux,indistinctement,
qui ont été généreux envers nous
de leurs leçons et de leurs
conseils, qui nous ont dit
tant de bonnes et savantes paroles,
nous en dirons à notre tourune seulequi les résume toutes:
Merci.
Mais nous avons ùn autre devoir, et combien doux à rem¬
plir, celui de
répéter à
noscamarades et à
nosamis notre
vivesympathie et notre
profonde affection: dans les heures
tristes qu'ils ont
toujours
suégayer d'un sourire leur amitié
nous fut chère et la confiance loyale qu'ilsnousontaccordée
nous reste, maintenant,
très précieuse.
Au moment un peu troublant et solennel d'abandonner une commune existence- 12 —
de trois année, au seuil d'une autre vie qui nous impose la séparation, gardons, au moins, l'assurance queles affections nées à notre âge durent aussi
longtemps
que nous; croyons donc en d'autresjours de fraternelles rencontres et, comme gage de cette espérance, permetttez-nous de vous dire àtous: Au revoir. A.
D.
AVANT-PROPOS
Unjour, enlisant la Revue de Paris
(x),
notre attention fut particulièrement attirée, en notre qualité de futur médecin militaire, sur un article ayant trait au fonctionnement du service de santé en campagne; l'auteur anonyme de cette étude fait une critique frappante de vérité de l'état actuel de ce service, relève les défectuosités existantes, propose des modifications d'une impérieuse nécessité. Des critiques de même ordre ont été formulées depuislongtemps
déjà par les médecins de la marine; et sibeaucoup
ont été prises en sérieuse considération, d'autres sont tombées dans l'oubli ; il nousa paru intéressant de tenter, à notre tour, une étude du service de santé de la marine pendant le combat; et,nousinspirant de l'expérience acquise par nos
devanciers,
d'es¬sayer de rendre plus prompts et aussi plus efficaces les pre¬
miers secoursà donner aux blessés des guerres maritimes.
Sans remonter aux extraits de rapports insérés dans les Archives demédecine navale presque depuis leur fondation et aux travaux nombreux des médecins de la marine qui prouvent les efforts de tous pour faciliter le transport des blessés, transport relativement facile à bord des anciens vaisseauxenbois,dont les panneauxlargement ouverts et le
dégagement du pont et des batteries laissaient une grande liberté de mouvements à des époques surtout où les boulets ne causaient pas les dégâts qui résultent aujourd'hui des
nouveaux projectiles atteignant les navires en fer, l'on peut
(!) Revue deParis, numéro du 1erjuillet 1901.
_ 14 —
dire que l'œuvre
magistrale de Rochard et Bodet (»)
aréuni
le plus
grand nombre des réclamations disséminées des
médecins de la marine, et que c'est de ce
jour
quedate la
réelle réglementation du service de santé
pendant le combat.
Le travail de l'Inspecteur
général du service de santé de la
marine Auffret a donné, de son côté, un nouvel élan à la solution de ce
problème
dessecours auxblessés dont nul
ne peut maintenant sedésintéresser.
Depuisquelques années, en
effet, l'idée
afait du chemin et
beaucoup donnent
à l'œuvre entreprise qui l'appoint de leur
savoir,qui le concours
de leur générosité; les sociétés civiles
sontmême entrées enjeu, et chacun aujourd'hui apporte sa
pierre à un
édifice dont les bases sont solidement et définiti¬
vement jetées.
Mais il est un point capital que nul ne doit perdre
de vue : l'efficacité des secours sera d'autant plus grande que ces secours seront
plus prompts eux-mêmes.
Si en ce qui concerne le transportdes blessés onest
arrivé,
comme nous leverrons, grâce à des appareils ingénieux,
à
une presque
entière satisfaction, il s'en faut de beaucoup
qu'il en soit de même au pointde
vuedes
secoursimmédiats
à leur prodiguer. Venant
d'étudier le rôle du service de
santé pendant le combat, il nous a
semblé
quecette questiondes premiers soins
méritait également
uneétude approfon¬
die. C'est donc sur elle que nous insisterons particulière¬
ment dans ce travail.
Les pansements tout
préparés
sontmaintenant à l'ordre
du jour et, au cours de nos
recherches, il
nous a paruqu'il
ne serait pasimpossible de les
adopter dans
la marine;nousnous sommes donc efforcé de rechercher dans quelles conditions ils seraient utiles et aussi de quelle façon on
pourrait
s'en approvisionner. Mais, avant de
nousentretenir
sur ce sujet d'actualité des pansements tout préparés qui ont déjà motivé des expériences de la part du service de (i) Rochard et Bodet, Traité de médecine et de chirurgie navales, XI1, 1896.
santé militaire etqui, auparavant, ont reçu au Dahomey le baptême du feu, nous avons cru utile de passer en revue les modes actuels de secours à bord des navires, en signalant à
mesure qu'elles se présenteront à nous les défectuosités persistantesencore etauxquelles il est d'un intérêt capital de porter remède.
Le plan do notre travail nous est imposé par les événe¬
ments tels qu'ils se passeront dans la réalité même du combat et nous n'en aurons point d'autre. Nous prendrons donc l'homme au momentoù il est atteint et il tombe poul¬
ie suivrejusqu'au lieu où il recevra les premiers soins; et ainsi se trouveront constitués nos quatre premiers chapitres
que nous désigneronscomme suit:
Chapitre Premier. — Relèvement des blessés.
Chapitre II. — Transport des blessés.
Chapitre III. — Postes des blessés..
Chapitre IV. — Des premiers soins à donner aux blessés (de l'utilité des pansements tout préparés).
Abandonnant ensuite le blessé lui même, nous verrons par quels moyens les secours qui lui sont dus
lui
seront le plus rapidement donnéset nous auronsalors
un :Chapitre V. — Du fonctionnement du service de santé pendant le
combat.
Puis très brièvement et avant de conclure nous dirons quelques mots :
Chapitre VI. — Du
navire-hôpital.
Chapitre VII. — Des compagnies
de débarquement.
Enfin nous terminerons notre étudepar unecourteconclu¬
sion où nous insisterons unedernière fois sur les modifica¬
tions qu'il nous
semble utiles d'apporter à l'organisation
actuelle du service de santé de la marine pendant le combat.
Mais, avant de commencer, qu'il nous soit permis de remercier ici M. le Prof. Le Dantecde l'intérêt qu'il nous a toujours porté et du
grand honneur qu'il
nousfait aujour¬
d'hui en voulantbien accepter la présidence de notre thèse.
■BSSv v
■.fi-'-V ,
■
K ,
f-y,.
■
-CHAPITRE PREMIER
Du Relèvement des Blessés.
A bord des
bâtiments,
dont les types sont d'une variété telle que Ton peut diresans trop d'exagération qu'aucun ne se ressemble, où l'espace sur tous est si restreint, la plus grande place étant réservée à juste titre au matériel de combat, où des cloisons étanches solidement closesséparent les parties du navireen autant de compartimentscommuni¬quant difficilement les uns avec les autres par des jDassages
étroits,
le problèmedes secours aux blessés est plus compli¬qué, plus irritant même qu'il ne peut l'être à terre. Là, en effet, le champ est libre pour organiser les formations sani¬
taires, le médecin a toute initiative pour régler les détailsde son service, le médecin divisionnaire recevant seulement du commandement la communication des plans qui doivent être suivis et prenant toutes ses dispositions pour apporter l'assistance la plus efficace sans provoquer aucune gêne pourles opérationsou pour les combattants. A bord, il n'en est pas de même: si le médecin semble plus à portée des hommes qu'il devra secourir et panser, les facilités d'accès sont loin d'être toujours possibles, lenavire étant à la merci des projectiles qui d'un moment à l'autre l'éventrent.
Onva répétantsans cesse que les guerres maritimes avec les engins multiples dont disposent aujourd'hui les nations européennes, voire mêmeasiatiques, seront tellement meur¬
trières qu'un secours immédiat sera chose
impossible,
et Ton compte volontiers pour assurer ces secours sur le mo-Duc, 2
— 18 -
ment où la lutte, qui théoriquement ne
doit
pasêtre longue,
sera terminée et où le navire tout entier sera transformé én
un vaste hôpital;
c'est là
unefaçon d'envisager les choses
qui dispenserait dechercher
unesolution à
unequestion
délicate et permettrait de se reposer
dans
unedouce quié¬
tude. Néanmoins, bien que cette idée soitencore ancrée
dans
quelques esprits, il s'en fautqu'elle soit partagée
partous et
nous n'en voulons comme preuves que les instructions
ministérielles de cesdernières années : une dépêche du 23 janvier1897 rendait réglementaires les
brancards de la
guerre utilisés pour le transporthorizontal des blessés
et pour les compagnies de débarquement; une autre du8 septembre
de la même année consacrait la gouttière Auffret; celle du 2 septembre 1896 avait déjà visé
les
dispositionsà prendre
pour assurer
à bord
desnavires le fonctionnement du
ser¬vicede santé pendant le combat, et le 27 mai
1890 il avait
été prescrit de comprendre dans le plan des navires en construction l'étude des postes et des passages pour les
blessés.
Ces nombreux documentssuffisent à établir d'une façon irréfutable l'attention du département de la Marine sur le
mode d'intervention du service médical pendant le combat.
Pendant un combat naval, au point de vue du service de santé, chaquenavire, lors même qu'il fera partie d'une esca¬
dre, doit être considéré comme une unité isolée. Avant l'action et même dès le temps de paix, le médecin en chef pourra bien donner à ses subordonnés des instructions
particulières;
mais, si le commandant en chef a dans la mainet sous sa haute direction tous ses bâtiments, le méde¬cin d'escadre se trouvera tout à fait séparé des officiers de
son corps, disséminéssur chacun des éléments de combat, et
ne pourra plus leur être d'aucun secours; son autorité
ne pourra sefaire sentir qu'à la fin de la lutte et, peut-être même, débordé par sa propre besogne à bord de son navire où l'effectif est plus élevé et qui seraplus exposéaux coups de l'ennemi, par cela mêmequ'il porte le pavillon-amiral,ne
- 19 —
pourra-t-il intervenirqued'une
façon
exceptionnelle.Chaque
médecin est donc livré à sa propre initiative et devra par suite étudier avec le plus grand soin, dès son arrivée à bord, les moyens les plus efficaces pourassurer un rapide relève¬
ment des blessés pendant le combat.
Il n'e«tactuellement douteux pour personne que le relève¬
ment des blessés doit s'effectuer dans le plus bref délai.
Alors que tous les commandants parlent avec raison de Pénervement et de l'affaiblissement du moral des hommes qui entendent crépiter les projectiles sur les tourelles et les parois du navire, il est permis d'affirmer quela vue du sang et les plaintes des blessés exagéreront encore ces effets démoralisants chez lescombattants et il est même à craindre que l'autorité des chefs parvienne difficilement à les empê¬
cherd'obéir à cet instinct naturel qui les pousserait à prêter, pourainsi direautomatiquement secours à leurs camarades quand le devoir les oblige à rester à leurs postes de combat.
De plus, un blessé est unegêne, une cause d'encombrement dans un espace à peine suffisant pour le maniement des engins meurtriers ; il y a donc le plus grand intérêt à débar¬
rasser le plus promptement possible les postes de combat d'hommes devenus inutiles.
La question du relèvementdes blessés est pour ainsi dire contenue tout entièredans celle des brancardiers, question du plus haut intérêt et de laquelle nous allons nous entre¬
tenir maintenant.
A terre, des brancardiers, exercés de longue date, savent relever techniquement un blessé, ce qui ne s'improvise pas d'emblée et nécessite une instruction préalable et des exer¬
cices souvent
répétés;
ils savent comment ce blessé doit être transporté pour lui éviter des secousses, sources de nouvelles souffrances ; ils ont appris à appliquer le panse¬ment individuel dont chacun des hommes est muni ; et, le jour du combat, il leur suffit d'être informés uniquement de la situation des postes de secours. A bord, le pansement individuel ou quelque chose le remplaçant fait totalement
— 20 —
défaut; etc'est au
coffre de combat, placé plus
oumoins
loin,qu'il
faudrait avoir
recours.Les brancardiers manquent
aussi d'expérience,
n'étant instruits du rôle qu'ils auront à
remplir au
moment voulu
que parle médecin-major du
bâtiment lequel
pendant les exercices de branle-bas de
combat les initie à ces délicates
fonctions. Le
corpsdes
brancardiers reste donc à créer, et
l'on peut dire
quec'est là
une lacune grande de notre
marine.
Certes, il ne
saurait être question d'encombrer
unnavire
où l'espace
est des plus mesurés d'un personnel qui exige¬
rait 25 à 30 hommes pour un
cuirassé, 12 à 15
pourun croiseur et créerait une
spécialité nouvelle; mais pourquoi, tout
commeon l'a fait en Allemagne, ne
rendrait-on pas
réglementaires
enFrance, à bord des
bateaux-écoles où le
personnel est plus stable, des
cours théoriqueset pratiques à l'usage des matelots et des sous-
officiers. L'enseignementne
comporterait
pasplus de quinze
à vingt leçons ;
des séances supplémentaires plus complètes
pourraient à la rigueur être instituées pour des sous-officiers
intelligents et
instruits; la marine aurait ainsi prompte-
mentet à peu
de frais
un corpsde brancardiers; de plus,
mention serait faite sur le
livret de cette instruction complémentaire et, à leur embarquement à bord des navires,
ces hommes seraient plus
spécialement affectés
aurelève¬
ment des blessésetau service des passages.
Un essai de
ce genre estactuellement tenté
surle bateau-école stationnaire
des
apprentis marins la Saône,
enrade de Brest
;mais il
gagnerait
sansdoute à être généralisé. A leur arrivée à bord,
ces brancardiers, déjà en possession
des connaissances générales théoriques et pratiques, auraient vite fait de
compléter
leur instruction et de s'adapter
aunavire spécial
sur lequel
ils
setrouvent embarqués. Gomme cela
se passedans l'armée de terre, la marine pourrait aussi faire de temps
à
autres,à l'occasion des branle-bas de combat
oupendant les
manœuvresd'escadre, l'expérience du relève¬
ment etdu transport
d'un
grandnombre de blessés à bord
— 21 —
des navires ainsi que de leur l'évacuation. Ce serait là une source de plus de renseignements fructueux. Mais il y auraitpeut-être autre chose à faire, car relever un blessé
sans maladresse ne suffit pas, lui porter immédiatement des
secours intelligents vaut mieux et celaest encore du rôle du
brancardier; aussi pourrait-on augmenter leurs connais¬
sances de quelques notions succinctes mais très précises de pansement immédiat des plaies; nous avons l'assurance que les conférences auxquelles nous faisons allusion seraient volontiers suivies par les hommes, à en juger par
l'expérience déjà faite : en effet, depuis que des cours d'hy¬
giène ont lieu à bord des bâtiments, les médecins-majors se louent de l'intérêt qu'y apporte l'équipage.
Actuellement, ce sontdes hommes désignés à l'avancepar le commandant qui sont chargés de ce premier service du relèvement des blessés Ils sont àcet effet placéssous l'auto¬
rité degradés pris à bord : charpentiers, voiliers, tous gens
pleins de zèle et d'un dévouement à toute épreuve, mais forcément incompétentset dont l'inhabileté n'a d'égale que le grand désir de bien faire. Rien ne s'improvisant à la guerre, ce serait donc un immense avantage de leur subs¬
tituer des sous-officiers instruits à l'avance et susceptibles
de guider efficacement ces brancardiers de fortune, pour ainsi dire, éduquésseulement et trop hâtivementà bord.
CHAPITRE II
Du
Transport des Blessés.
Admettons néanmoins que le relèvementse fasse dans les meilleuresconditions, etvoyons par
quels
moyens vas'effec¬
tuer le transport.
Les divers navires sont munis actuellement d'un
appareil parfait à tous égards, c'est la gouttière Auffret
;je
necrois
pas
utile de la décrire dans tous
sesdétails
;elle est
connue de tous ceuxqui s'intéressent à la chirurgie navale
:c'est,
en un mot, une
gouttière de
lionnetcoudée
oumieux
cour bée suivant une ligneadoptée après
de longsessais
eldans laquelle
un blessé peutêtre immobilisé,
reposant surtoute
sa surface ; à la partie
coudée
correspondant aupérinée,
une lame formant soutien permet de
redresser la gouttière
et de la placer en
position verticale; le, blessé étant delà
sorte maintenu assis et soutenu, cette
disposition permet
ainsi le
transport vertical, d'où la possibilité do descendre
par voie
aérienne, ù
l'aide depalans appropriés,
unhomme
blessé dans le,s hunosdes mâts militaires. Munie d'odllets à ses doux extrémités, cette
gouttière
peutêtre transportée
horizontalement, des galetsdisposés è
lapartie Inférieure permettant de
la roulercomme une brouetteon la soulevantpar l'arrière ; enlin, grâce aux diverses
positions,
verlienle,horizontale ou inclinée, qu'il est
possible
de lui Imprimer, cettegouttière
trouve accès dans tous les passages étroits et tortueux des navireset.,en vertu des galets, u l'avantage également de pouvoir glisser sur des rails. Son seul déb ut,
lorsqu'elle est métallique, est d'être un peu trop lourde, et ellegagnerait à être faite en osier que l'on pourrait rendre ignifuge par les procédés actuellement vulgarisés. Un sem¬
blable modèle a été d'ailleurs proposé par son auteur, mais n'est pas encore adopté. Cette gouttière est un excellent moyen de transport, et l'on ne peut que regretter qu'elle ne soit délivrée qu'en minimes quantités à bord de nos bâti¬
ments, puisque les croiseurs et les cuirassés n'en
reçoivent
quedeux.
Acemode de transport viennentse joindre les cadres et lesbrancardsdu modèle delà guerre.Les cadres et les hamacs sont rendusrigides par
l'adjonction
de matelas ; de tous ces hamacs le type le plusconnuest le hamac Guézennec qui est ainsi constitué : les rebords de ce hamacétant rabattussur le blessé préalablementplacé
sur un matelas, sont reliés ensemble par des liens; dans lesglissières
de la toile pas¬sent deux
hampes
qui servent â enlever lo hamac, l'anneau de l'araignée de ce hamac situé â la partietêtière
de la toile sert à frapper un palan pour opérer la descente ; l'anneau del'araignée
situé aux piedsfrappe
uhfilin
permettant de régler celte descente dans le transport vertical. C'est un pro¬cédé
analogue qui
estemployé
dans la marineanglaise.
Le hamac Gués est, une modification de cette gouttière
avec
adjonction
d'un cadra rectangulairemétallique faisant
do ce hamac, une, sortede cadre.
Pour immobiliser
davantage le
h lassé, M. le médecin prin¬cipal de la marine Magot avaiteu l'idée,
ingénieuse
deplacer
entre les membres inférieurs un coussin
fmnconlque
de varech, de 0,80 delong
sur0,26 de large à
la base, de 0,10 au sommetet ayant uneépaisseur de 0,20
centimètres; ce cous sin arrivaitjusqu'au
périnée, deux attellescapitonnées
sou tenaient le blessésous lesaisselles,attelles quiétalcntplneées
de
choque
côté du matelas, Le hamacrepli*'
et llxé, les lirai gnéos des pieds, donton a enlevé l'anneau, étant diviséesendoux faisceaux noués et formant étrler, le blessé pouvait être enlevé par un palan. Cet appareil, digne d'attention.
— 24 —
semble pouvoir rendre d'utiles services, surtout pour les fractures des membres
supérieurs.
Nous ne parlerons que pour mémoire du fauteuil Thibau- dier, qui ne peut êtreen réalité d'un grand secours, bien que les Russes aient adopté la chaise-civière Miller, qui a avec elle de grandes analogies et dont les deux moindres défauts sont d'être très lourde et très encombrante.
Un pliant à trois secteurs mobiles, pouvant d'ailleurs être immobilisés de
façon à
former cadre, a étéemployé
par les Japonais comme moyen de transport. Ce système est préfé¬rable aux deux types précédents ; il a d'abord pour lui le premier avantage de la légèreté et mérite une mention spéciale.
Les moyens de transport dont on dispose à bord des navi¬
res sont donc assez variés : gouttières Auffret, brancards, hamacs, fauteuil Thibaudier; mais on peut dire qu'à chaque typede bâtimentdoit revenir un moyen particulier de trans¬
port. Ainsi, par exemple, la gouttière Auffret ne peut guère
trouver unemploi réellement efficace qu'à bord descuiras¬
sés et des croiseurs cuirassés (types Saint-Louis, Amiral- Baudin, Roche), mais non à bord des croiseurs légers
(type
Fricint,Bruiœ)
et encore moins à bord des aviso-torpilleurs (typeCassini).
Il est évident que sur ces derniers bateaux l'on dispose d'un espace trop restreint pour pouvoir songerau moment de l'action à des moyens de transport aussi volumineux. Là il appartient au médecin d'examiner lui- même quel est le mode le mieux approprié à son navire et
aux circonstances : le hamac modifié et rendu rigide est partout l'appareil le plus généralement adopté, en raison de la facilité de son maniement et du peu d'encombrement qu'il occasionne : le mode de transport le plus simple peut être à un moment donné le plus efficace ; aussi, en dehors des gouttièreset des cadres ingénieux dont nous venons de parler, il ne faut pas oublier que les hamacs peuvent rendre des services trèsefficaces ; pour le transport horizontal, c'est toujours à eux quel'on devra recourir de préférence, car ils
— 25 -
ne risquent pas, comme les autres procédés, d'être
avariés
et mis hors de service aussi facilement ; de plus, ils permet¬
tent d'économiser les gouttières, dont les réparations sont
souvent délicates; enfin, le bord en possède un approvi¬
sionnement dans lequel il n'y aurait qu'à puiser.
Après avoir rapidement pris connaissance desmoyens de transport, si nous considérons maintenant le transport en lui-même, nous y distinguerons plusieurs temps, car ce transport devra emprunter des voies différentes pour arri¬
verjusqu'aux postes secondaires oujusqu'au posteprincipal auquel seront destinés les blessés les plus graves. Ce trans¬
portsuivra donc d'abord un trajet horizontal jusqu'aux pan¬
neaux de descente, puis un trajet vertical à travers les pan¬
neaux; enfin un dernier trajet horizontal depuis la descente des panneauxjusqu'au poste - il peut se faire même que le nombre des trajets horizontaux et verticaux soitaccru lors¬
que le blessé se trouvera dans les parties supérieures du navire, les panneaux ne se correspondant pastoujours. Il
faudra donc prévoir à chaque trajet des procédés différents pour effectuer le transport descentionnel : le palan est le système le plus facilement admis, mais on y substituera, quand la chose sera possible, les plans inclinés à l'aide de toiles fortement tenduesservant au glissement des appareils de transport. Il y aurait le plus grand intérêt à ce que le blessé puisse être transporté jusqu'au poste sans quitter l'appareil surlequel il a étéprimitivement placé et, dans cet ordre d'idées, le cadreou le hamac rigide muni deson mate¬
las est particulièrement utile.
Enfin, mais c'est là un simple vœu que nous formulons, le transport des blessés serait encore plus rapide si l'on pou¬
vait prévoir dans les plans des bâtiments des passages spé¬
ciaux où manœuvreraient des monte-charges adaptés à ce service tout particulier. Un ascenseursusceptible de s'arrê¬
teraux divers étages serait sans doute l'idéal dans le voisi¬
nagedu poste principal ; mais le soin de résoudre ce pro-
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blême revient aux ingénieurs,plus
compétents
en la matière,et nous ne faisons ici, nous le répétons, qu'indiquer un
moyen nouveau
de transport des blessés.
CHAPITRE III
Postes des Blessés.
Après avoir pris connaissance du personnel et des appa¬
reils de transport que ce personnel aurait entre les mains,
nousen venons tout naturellement à étudier les postes vers lesquels seraient dirigés les blessés.
En dépit des instructions ministérielles, les ingénieurs étant toujours sollicités par les commandants désireux d'avoir le plus de place possible pour loger, dans les condi¬
tions les plus satisfaisantes, le personnel et le matériel de combat, les postes de blessés n'existent pasen réalité et ne
consistent, même à bord des cuirassés, qu'en postes de for¬
tune. Il y a là une faute dont tous supportent un peu le poids. Beaucoup d'officiers demeurent encore convaincus,
avec l'amiral Mallarmé, que pendant le combat il n'y aura aucun secours à tenter et que, par suite, il n'y a pas lieu de
se préoccuper des postes et despassagesde blessés. Certains médecins, rares il est vrai, ont aussi appuyé cette manière de voir, et en vertu de cette incertitudeet de cette indécision,
on peut direque rien n'a été fait. Si l'on songe à ces postes de secours, c'est une fois le bateau terminé, et alors seule¬
ment on s'enquiert d'un local relativement peu encombré, plusou moinsabrité, auquel on accède comme on peut et qu'on décore finalement du nom de poste des blessés. Cet endroit est généralement dans le voisinage deschaufferies,
souvent près des compartiments dedynamos; il y règne une
température élevée, dépassant parfois, mais atteignant le
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nolui reconnaisse
aucuneimportance.
Chaque
médecin-major dit bâtiment s'ingénie, comme lesles circonstances le lui permettent
toutefois,
pouraméliorer
cet état de choses actuel : mais, à vrai dire, c'est là unesim¬
ple satisfaction morale qu'il se donne, et il en sera
malheu¬
reusement ainsi tant que les
plans
des bateaux necomporte¬ront pas la prévision d'un local,
spécialisé
en tout temps et uniquement affecté au service médical en casde combat.Donnons donc un rapide aperçu de ce poste
des blessés,
tel qu'il devrait exister depuis longtemps déjà, du moins sur tous nos bateaux de première ligne.
Avant tout, il e.st bien évident que ce local doitposséderun minimum de confortable technique au-dessous duquel il
n'aurait plus sa raison d'être; rappelons encore une fois,
car on ne saurait trop insister sur ce point capital, que ce local ne peut être un local quelconque, par le seul fait qu'il
est destiné à recevoir des blessés, c'est-à-dire des hommes qui, plusque d'autres, doivent être mis dans les meilleures conditions d'hygiène.
Ceposte aura
d'abord
des dimensions suffisantes pour recevoir un dizième, d'aucuns prétendent même un cin¬quième,
de l'effectifqui peut être mis hors de combat; il fautfaut donc que sa surface soit telle qu'en y déposant des matelas, où pourront être couchés convenablement une quarantaineaumoinsde blessés graves,les communications
avecles compartiments voisins par des portes latérales et l'accès des cadres suspendus aux crocs du plafond soient
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unesurface en rapportavec le bâtimentetavec l'effectifpro¬
bable de l'équipage qu'il doit porter.
Aprèscette condition première, uneautre non moins im¬
portante s'impose : ceposte doit êtresitué de façon que de touteparton puisse y accéder promptement,etquel'évacua¬
tion, au cas où le navire seraitexposéà couler, puisse s'effec¬
tuer rapidement. Ce local devra avoir de plus un cubage d'air et uneaération suffisants, car il est de toute nécessité queles blessés qui s'y trouvent puissent respirer dans les plus favorables conditions ; une ventilation que l'on pourra régler, suivant les besoins, est absolument
indispensable
; le navirepossédant de nombreusessourcesd'électricité,ilserait faciled'établir dans ce poste des ventilateursélectriques.
Ce poste sera doté encore d'un bonéclairage artificiel pou¬
vantsuppléer au bon éclairagenaturel qu'il doit nécessaire¬
mentposséder pour des raisonssur lesquelles nous insiste¬
rons d'autant moins qu'elles s'imposentd'elles-mêmes.
S'il était possible, une arrivée continue d'eau distillée chaude et froide serait également d'un grand secours.
Au point de vuedela disposition intérieure, ce poste devra être muni de toutes les étagères nécessaires et suffisantes pour y placer le matériel médical qu'il est indispensable d'avoir, à un pareil moment, sous la main.
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Ce sont là des desiderata formulés pour la plupart dans l'instruction ministérielledu 2juin 1902 et qui recevront, nousl'espérons, une prochaine et définitive satisfaction.
Etant donné l'intérêt capital de ceposte desblessés, ilnous reste à discuter le siège de son établissement.
Ce poste central devra être le plus,près possible des pan¬
neaux amenant les blesséset tous les passages devront y aboutir. Une double communication serait, il nous semble, nécessaire entré ce poste et le
faux-pont
pour assurer le retour de la gouttière, du cadreou du hamac vide, à moins toutefois que la voie ne fût assez large pour assurer le dou¬ble transport.
D'autre part, il est admis par tous aujourd'hui qu'il doit être placé sous le pont cuirassé, à l'abri des projectiles. Il doit être situé au centre du bâtiment, de
façon
que le trajet pour y arriver des deux extrémités soit égal (50 mètresà peu prèsen projectionhorizontale).
Frappés des défectuosités des locaux affectés à bord des navires pour le service des blessés en cas de combat et delà presque impossibilité
d'y
faire parvenir les hommes atteints parles couloirs y conduisantactuellement, ce qui leurimpo¬serait un supplice tel, comme l'a dit le médecin en chef
Danguy des Déserts, qu'il aggraverait sensiblement leurs blessures etdiminueraitleurs chances de guérison,certains médecinsont émis l'idée qu'ily aurait avantage àsoignerles blessés dans deslocaux non protégés plus vastes, mieux éclairés et d'accès plus facile. A l'appui de cette nouvelle façon d'envisagerla question on a allégué que les Italiens, après examen attentif, ensont arrivés à nier l'utilitédes pos¬
tes spéciaux de blessés, estimant quela seulechose possible après avoir dégagé le blessé des combattantssera de le pan¬
ser surplace : mais, comme le fait remorquer M. le médecin principal Léo (<), si cette opinion a pu être formulée il s'en faut de beaucoup que, même en Italie, elle soitgénéralement
(Û Léo,Article publié enfévrier 1901, dans les Archives de médecine navale.
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admise, car le docteur Filippo Rho, médecin de la marine italienne, dans un travail ayant trait à la question qui nous intéresse, s'étend longuement sur l'installation despostes de blessés dans les fonds des navires, surles passagesamenant à ces postes etles aménagementsque nécessite l'assistance médicale à bord en temps deguerre.
L'expérience des guerres récentes a donné d'ailleurs en
partie la solution dece problème et, en pareille matière, on estautorisé à s'appuyer d'autant plus sur les faits d'hier età
en tirer d'utiles conclusions quele sort d'existences, dont on à la charge, en dépend davantage. Les récents faits d'armes d'Extrême-Orient sont pour nous une source précieuse de renseignements que l'on ne saurait négliger. Au combat de Ya-Lu, un projectile pénétrant dans le carré des officiers du navirejaponais
Hugeï,
transforméen poste de blessés, tua 14 hommes dont le commandant déjà blessé, 2 médecins,tous les infirmiers et brancardiers, les « projectiles,
comme l'ont dit humoristiquement Rochard et Bodet, n'ayant pointsu faire la savante distinction si artificielle¬
ment établie entre les combattants et les non combat¬
tants », et blessa 27 autres hommes ; c'est là une leçon
de choses dont peuvent profiter les apologistes du poste
non protégé.
D'autre part, àCavité, à bord delà
Reina-Christina,
comme le relate M. lemédecin principal Gayet(*),
un obus tua au carré des officiers, également transformé en ambulance,tous ceux qui s'y trouvaient. On objectera, il est vrai, que les blessés espagnols, dans cette même affaire de Santiago, sup¬
pliaient instammentqu'on les laissât sur le pontdes navires
etqu'on leur épargnât la descente dans les fonds; mais cela prouve simplement la fâcheuse organisation de transport existant à bord de ces bateaux, véritables épaves livrées
sans défense aux coupsde l'ennemi et qui devinrent rapide¬
ment la proie de l'incendie.
(1) Ga.yet, Revue maritime, février-mars 1899.