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TALISMAN D'AMOUR ROMAN ÉDITIONS P. FANLAC PÉRIGUEUX

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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LE TALISMAN D'AMOUR

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RENÉ B E R T A L

LE T A L I S M A N D ' A M O U R

R O M A N

É D I T I O N S P. F A N L A C

PÉRIGUEUX

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D u M Ê M E A U T E U R :

La Passion du curé Bernoquin.

Chez Perrin, Paris.

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Rien n'est plus beau qu'un émail peint et cette chose est si étonnante qu'elle est plutôt l'ouvrage des anges que celui des hommes.

HAUDICQUE DE BLANCOURT.

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Qui donc es-tu génial précurseur des illustres émailleurs limousins ?

A qui les PÉNICAUD, les PIERRE REYMOND, les NOUAILHER et le grand Léonard LIMOSIN doivent-ils le secret de leurs immortels chefs-d'œuvre ?

Est-ce à toi, Monvaerni, ou bien à un lointain ancêtre qu'aurait inspiré un ange ou le Maître du feu ?

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JE DÉDIE CE LIVRE A MA FILLE GENEVIÈVE

qui a su tirer de la Matière d'admirables émaux.

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On était au printemps de 1370. Dans les ruelles de Limoges Cité, le soleil s'amusait à pourchasser l'ombre qui depuis tant de mois s'était accrochée aux angles des rues tortueuses, aux encorbellements des maisons, aux ren- trants des lourdes toitures de tuiles rougeâtres, et partout où il triomphait, sur les carrefours, les places, le parvis des églises, des groupes de vieillards, de femmes et d'en- fants stationnaient, heureux de se laisser pénétrer par ses rayons.

Pourtant, dans le quartier des Bancs-Charniers, devant une maison encore noyée d'ombre, une foule compacte restait massée.

Par bien des détails, cette maison (la maison du célèbre orfèvre Pierre Benoist) était remarquable. Son rez-de- chaussée, formé de plusieurs ogives, était tout de granit rehaussé de sculptures originales et de figurines comiques, et ses deux étages qui s'enlevaient en encorbellement, exhibaient des croix de Saint-André dont aucune ne res- semblait à sa voisine.

Elle se dressait, cette maison, à un carrefour, au milieu de la plus belle rue de la Cité, de cette rue au mouvement incessant qui menait de l'église Saint-Genest à la porte des Remparts, la porte Scutari.

Des fenêtres, grâce à la courbure de la voie, la vue pouvait porter d'une part jusqu'à la place des Bancs- Charniers et le portail de l'église Saint-Genest, de l'autre jusqu'à la trouée lumineuse de la porte de ville, et même,

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par suite de la déclivité du sol, jusqu'aux tours et clochers de Limoges Château, la ville jumelle qui, là-haut, sur sa

« motte », se dressait en sœur rivale et orgueilleuse.

Pourquoi donc, ce soir-là, la foule s'assemblait-elle devant cette demeure ? Quelque prince, quelque noble fastueux, quelque abbé richissime profitant de son pèle- rinage au tombeau de l'Apôtre des Aquitaines, était-il venu visiter l'Orfèvre réputé et attendait-on impatiemment sa sortie ?

Non, mais par l'auvent resté grand ouvert, s'apercevait un spectacle féerique, un spectacle comme seuls pouvaient s'en offrir les grands de ce monde, un champ d'or, d'ar- gent, de pierres précieuses et d'émail.

Cette masse avait coulé des mystérieuses huches aux flancs sculptés, aux coins bardés de fer, aux serrures énor- mes que l'on devinait dans la pénombre de l'atelier, et elle avait envahi toutes les tables, escabeaux, et consoles de la pièce.

Aux yeux émerveillés des passants, s'étalaient donc nefs de cuivre aux petites voiles blanches ornées d'écussons multicolores, aux poupes s'enlevant avec grâce au-dessus d'une mer aussi bleue que l'azur du ciel, reliquaires den- telés comme des pinacles de cathédrale, châsses aux larges montants de cuivre doré, hérissées de pierres précieuses ou rehaussées de magnifiques panneaux, représentant quel- que saint ou quelque sainte aux gestes mystiques, puis des fontaines en cuivre ciselé, des ciboires, des custodes, des monstrances avec la figure du Christ ou son Monogramme, des encensoirs en forme de boules surmontés de figu- rines ou de châteaux forts avec leurs tourelles, leurs mâchicoulis ou leurs créneaux, des plats d'évangéliaires énormes, criblés de cabochons de cristal, des colliers aux torsades compliquées, des fermaux aux teintes irisées, et des plats de tables massifs, d'une richesse de décoration véritablement inouïe.

De-ci de-là, on voyait encore de petites boules et de minuscules châsses, des custodes, des salières, une grande ceinture qui avait l'air d'un monstrueux serpent de quel- que pays fantastique égaré dans le dédale de ces objets féeriques, et enfin deux mignonnes colombes, si belles avec leur maintien angélique, leurs yeux de cristal et leurs ailes bleutées qu'elles semblaient des oiseaux célestes des- cendus là pour picorer cette moisson merveilleuse.

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Sous la faible lumière de la baie ogivale, dans la demi- obscurité de la pièce assombrie par ses lambris de chêne et ses poutres de chataîgnier, tout celà brillait et étincelait d'une lumière douce, aimable, voilée, suprêmement atti- rante.

Parfois, sur ce fouillis de merveilles, passait une gerbe d'éclairs qui se répercutait dans tous ces ors et ces cuivres à l'infini. C'était quand l'apprenti de M Benoist prenait une de ces pièces, et, longuement, avec un respect admi- ratif, la faisait miroiter devant ses yeux.

Luc, tel était le nom du jeune homme, était depuis 10 ans l'élève de l'orfèvre. Il l'était depuis le jour où, par vengeance d'enfant, il avait charbonné sur un battant de la porte de ville la caricature d'un trop farouche et trop rude gardien de l'ordre public. M Benoist qui passait par là, avait été frappé de la facilité avec laquelle l'enfant avait enlevé son dessin, et, croyant deviner en lui une prédisposition aux choses de l'Art, il l'avait pris à son service. Ce choix avait été particulièrement heureux. Chez cet enfant, fils de pauvres artisans, s'était déclaré un extraordinaire tempérament artistique. Devenu rapidement aussi adroit que les autres ouvriers du célèbre atelier, il les avait bientôt dépassés par ses inspirations, par son esprit curieux, assoiffé de perfectionnement et de choses nouvelles, par l'entrain juvénile, l'ardeur infatigable et l'enthousiasme passionné qui ne le faisait reculer devant aucune difficulté.

Aussi était-il devenu l'élève préféré de l'orfèvre et lorsque le Maître, par suite du marasme des affaires, avait dû renvoyer ses ouvriers, il n'avait pas voulu se séparer de Luc, et il l'employait à perfectionner, à réviser tous les objets qui attendaient dans ses huches, des temps plus calmes, des routes plus sûres, pour gagner les châteaux où les riches abbayes qui les avaient commandés.

Tout à coup, la porte de la pièce battit, et un vieillard à la belle chevelure blanche, à la face imposante, entière- ment rasée, apparut.

Un instant il contempla l'amas des objets d'art, et il s'écria comme désappointé :

— La Vierge est déjà rentrée P

— Non, Maître, répondit aussitôt le jeune homme, je ne l'ai pas encore sortie, elle est si belle que je n'ose y toucher hors de votre présence.

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M Benoist sourit de contentement en entendant ce pro- pos, car cette Vierge, il la considérait comme son incon- testable chef-d'œuvre, et il l'aimait d'un amour si profond, que jusqu'alors, malgré les offres les plus alléchantes, il n'avait pu se résoudre à s'en séparer. A pas pressés, il se dirigea vers la plus grande et la plus puissante des huches, y prit un objet pesant et volumineux, soigneuse- ment entouré d'un voile, puis lentement se dirigea vers la fenêtre, vers le faisceau de lumière qui tombait de l'ogive. Arrivé là, il la déposa sur un escabeau tout baigné de clarté, et d'un geste brusque, presque fébrile, il la découvrit.

« Elle » apparut alors dans toute sa beauté.

C'était une Vierge, debout sur un socle en forme de tabernacle, de sa main gauche elle tenait l'enfant Jésus assis sur son bras, de sa main droite, un lys de cristal orné de pierreries ; sa tête, son col et ses mains étaient d'argent, sa robe de cuivre ciselé et doré, pailleté de tur- quoises, de saphirs, de diamants, et le socle sur lequel elle était posée, avait sur ses lambris merveilleusement travaillés, de grands panneaux d'émail cloisonné repré- sentant les scènes de sa vie merveilleuse.

Lentement, amoureusement, l'orfèvre la fit tourner sur sa base, afin de bien faire ressortir la finesse de sa tête pâle, mollement penchée vers son divin fils, l'angélique sourire du céleste enfant et les lueurs fulgurantes des pan- neaux d'émail.

— Oh ! Maître, que c'est donc beau ! s'écria l'apprenti tout à coup emporté par son admiration, et que sont à côté l'évangéliaire du vicomte de Turenne, le ciboire d'Alpaïs, la châsse de Saint Étienne de Muret, la crosse de Mgr l'Évêque de Bourges, la nef émaillée de Mgr le Duc d'Anjou ! vous avez produit là un chef-d'œuvre qui restera éternellement comme la merveille de notre temps !

— Tenez, ajouta-t-il, en saisissant la statue et en l'éle- vant à pleins bras devant lui, dans un mouvement de folle exaltation, ne dirait-on pas une œuvre divine !

Et voici qu'à cet instant même, le soleil dans sa marche insensible atteignit la pointe de l'ogive et se coula dans la pièce.

Aussitôt, des lueurs inouïes jaillirent de la Vierge qui

sembla nimbée de rayons d'or et, comme par enchante-

ment, tous les objets épars dans la salle flamboyèrent ; les

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cuivres se muèrent en or, les émaux en topazes, saphyrs, rubis ou émeraudes, les cabochons de cristal en fantasti- ques diamants... et dans leurs cadres étincelants les figu- rines semblèrent s'animer, s'agiter comme si elles allaient prendre vie ; à leurs côtés, les petites colombes sautiller, becqueter ou s'envoler, et la grande ceinture émaillée se tordre et ramper comme un serpent aux lumineuses écailles.

Le vieil orfèvre s'était assis sur sa haute chaise et les yeux mi-clos, un sourire de triomphe et d'orgueil aux lèvres, il songeait à sa gloire, à l'immortelle renommée que lui donnerait la perfection de cette œuvre.

Quand il rouvrit les yeux, la Vierge reposait sur l'esca- beau, et l'apprenti, assis devant elle, une de ses mains enfoncée dans ses grands cheveux mordorés qui gonflaient autour de sa tête comme la crinière d'un lion, contemplait avec une fixité étrange, les petits panneaux d'émail.

— Encore ta marotte ! ricana Me Benoist, tu en devien- dras fou !

— Ceux qui deviennent fous en poursuivant leur chi- mère sont chéris du Seigneur, répliqua d'une voix sourde le jeune homme, et moi, ma chimère est si belle, si grandiose, qu'avec joie je mourrais pour elle, si Dieu me permettait jamais de la réaliser !

— Folie ! Folie ! murmura le vieux maître.

— Non ! non ! s'écria avec feu l'apprenti, il n'est pas possible que Dieu qui a permis à l'homme de découvrir l'émail, ne lui permette pas un jour de perfectionner cet art ; oui, un jour, dit-il comme emporté par son rêve, nous supprimerons ces cloisons, nous ferons disparaître ces lamelles, nous triturerons l'émail, comme les peintres leurs couleurs, et au lieu d'avoir sur nos panneaux des personnages figés, enserrés dans leurs gaines de cuivre comme des chevaliers dans leurs armures, nous aurons des êtres qui vivront, tels les Saints des grandes verrières.

— Folie ! folie ! répéta l'orfèvre, rêve insensé ! vision déraisonnable ! Jamais, jamais l'émail ne pourra donner autre chose que des fonds à peine nuancés de quelques ombres ; le grand Saint Luc, lui-même, ton patron, ne pourrait accomplir un tel miracle.

— Pourtant, reprit le jeune homme têtu, des miracles

se voient tous les jours.

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