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Contribution à l'étude de la question des habitations à bon marché

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Thesis

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Contribution à l'étude de la question des habitations à bon marché

PLOTNIKOFF, Lydie

PLOTNIKOFF, Lydie. Contribution à l'étude de la question des habitations à bon marché . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 1897

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:27255

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:27255

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(2)

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE

DE LA

QUESTION DES HABITATIONS

A BON MARCHÉ

PAB

Lydie PLOTNIKOFF

DISSERTATION INAUGURALE

presentee (t la Faculté de JUédecine de Genève pour obtenù·

le grade de docteur en médecine.

(Juillet 189ft)

---;;-= ·-·o.;--~

GENÈVE

IMPRIMERIE PAUL DUBOIS, QUAI DES MOULINS

1897

(3)
(4)

fi MON VÉNÉRÉ JVIAITRE

JVl·

LE pocTEUR yrNCENT

f'ROFESSEUR D"JfYGIÈNE A L"}JNIVERSITÉ DE jJENÈVE

JioMMAGE RESPECTUEUX D"EST!ME ET DE RECONNAISSANCE

(5)
(6)

AVANT-PROPOS

La question des habitations à bon rnarché a pris, dans ces dernières années, à Genève, une place impor- tante dans les préoccupations du public et des autorités;

il s'est formé un véritable courant d'opinion, dont les effets n'ont pas tardé à se faire sentir. Nous avons tenté d'apporter dans l'œuvre entreprise notre très modeste coopération ; nous avons pensé qu'un résumé concis, mais fidèle, des principales données de cet important problème, pourrait ne pas être sans quelque utilité : sans doute il a été déjà beaucoup écrit sur ee sujet, et je n'ai point la prétention de faire rnieux ou même aussi bien que mes devanciers, mais peut-être y a-t-il une petite place à prendre entre les compen- dieux traités et les mémoires plus courts, mais trop spéciaux, qui forment la liste des ouvrages à consulter:

je pourrai épargner à quelques personnes des recher- ches parfois assez difficiles, et de longues lectures, tout en attirant l'attention sur certains points, qui me paraissent avoir été trop négligés.

Voici le plan que j'ai suivi : Après quelques brèves considérations au sujet de l'influence que l'habitation exerce sur la santé, j'ai condensé les résultats obtenus

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à l'étranger et en Suisse, en passant successivement en revue dans les différents pays, l'organisation sani- taire, la législation, l'action exercée par l'initiative privée.

Dans un dernier chapitre, j'examine les diverses solutions qui ont été proposées ou appliquées; et leur discussion me permet d'établir les bases de mes conclusions.

Avant d'entrer en matière, je m'empresse d'expri- mer· ma vive reconnaissance à mon Yénéré maître, M. le professeur Vincent, pour la bienveillance et la bonté qu'il m'a toujours témoignées, et pour les pré- cieux et savants conseils qu'il m'a prodigués. Je le prie de bien vouloir agréer l'expression de ma sinc'ère gratitude et de ma profonde estime.

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CHAPITRE PREMIER

tnfl"ence de l'habitation $Ur la santé.

De longues considérations sur ce s~ajet S@n-t super- flues, et nous nous borne1rons à 1~·ésumer très briève- ment ce que la théorie et l'expérience ont établi d'un.., commun accord.

Si nous considérons en premier lieu l'action de l'habitation sur l'organisme de l'homrne, nous voyons . que la puissance vitale de celui-ci est en rapport con.s-

tant avec les conditions de salubrité du milieu dans lequel il se trouve : l'état de la santé, la résistance à la maladie, la longévité varient dans de gr·andes limites, suivant les propriétés que possède l'atmos- phère artificielle que nous sommes obligés de nous créer.

Les facteurs qui concourent à la détermination de la valeur hygiénique d'une habitation sont multiples : la nature du sol, l'exposition (dont dépend l'ensoleille- ment), les matériaux de construction, la disposition des appartements, l'aération, le drainage, etc., doivent tour à tour être étudiés ; mais il est en ouü~e un point qui mérite une attention spéciale, c'est Fagglomé- ration.

(9)

- 8 -

C'est surtout sut· le taux de la mortalité que l'in- fluence du logement a été constatée, et un grand nombre d'auteurs l'ont établie d'une manière très démonstrative.

Je rappelle ci-dessous quelques-uns de ces résul- tats. Et d'abord ce qui concerne les décès généraux.

Drouineau, étudiant à ce point de vue les popula- tions rurales, a dressé le tableau suivant :

Population rurale.

Par Population Par 1000 déc(~s. urbaine. 1000 décès

Décès, 0 à 10 ans 141,472. 282. 81,836. 305.

10 ans à 60 ans 148,902. 296. 95,686. 357.

60 )) et au-dessu" 212,227. 422. 90,648. 338.

- - - - - -

502,601. 268,170.

Le fait que la mortalité rurale est moins forte que celle des villes est constaté pour d'autres pays.

Pour 1000 habitants :

.1l1.ortalité urbaine. llfortalité 'f'UYale.

Belgique, 25,1. 21,1.

Angleterre, 25. 18.

Prusse, 30,45. 28,02,

Italie, 31,60. 27,60.

Saxe, 32,15. 27,5.

Danemark, 23,38. 19,68.

Suède, 26,5. 19,65.

Ecosse, 24,34. 17,45.

M. Korosi s'est proposé de démontrer l'action noeive continuelle que les mauvais logements exer- cent sur leurs habitants. Il a classé à cet égard les logements en quatre catégories : 1 o ceux habités pal~

(10)

H

une ou deux personnes vivant dans la même chambre;

2° ceux habités par deux tt cinq personnes ; 3° les logements d'une chambre habités par cinq à dix personnes ; 4o les logements habités par plus de dix personnes. Pour les logements situés dans les caves, Korosi a observé que leur influence est telle, qu'elle diminue de deux ans le chiffre de la vie moyenne chez ceux qui les habitent.

Cheysson a fait deux car·tes de Paris :l'une d'elles représente Paris divisé en un certain nombre d'arron- dissements, suivant le pr·ix du loyer; l'autre représente Paris divisé en arrondissements, suivant la 1nortalité pour 1000.

En plaquant une carte sur l'autre, on voit que l'ar- rondissement le plus riche, celui où les prix des loyers sont le plus élevés, correE:pond

a

une plus faible mor- talité ; au contraire, l'arrondisse~nent ayant les prix des loyers les plus faibles., correspond à une mortalité plus forte.

« La mortalité, dit Cheysson, est donc, en partie, une question de misèr·e. n

Le VIIIrlie arrondissement étant un des plus r-iches, la mor·talité y était en 1883 de quatorze habitants pour 1000, tandis qu'il est mort· trente-neuf personnes sur 1000 dans le XIIIme, qui est un des plus pauvres. Si toute la mortalité parisienne était réduite au niveau de celle du VIIImc arTonclissement, il mourrait par an à Paris 22,000 personnes de moins qu'aujourd'hui.

Voici la 1nortalité comparée en Angleterre dans les dasses aisées et les classes pau v res :

A Londres, le terme 1noyen de la vie recule jusqu'à 55 ans pour· les classes riches, s'arrête à 41 ans pour

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la population ·en général, et n'est plus que de 20 et demi pour les classes ouvrières. Dans les nouvelles maisons Peabody, à Londres~ la mortalité infantile est ton1bée à 1noitié environ de son taux m·oyen.

M. Bertillon père avai-t cléj.à fait la statistique de la rnortalité par arTondissements et par quartiers, et il a observé que plus l'arTondissement, plus le quartier sont peuplés, plus la mortalité est élevée; dans un travail récent, M. J. Bertillon a reconnu qu'il ne suf- fisait pas de démontrer la mortalité par arrondisse- ments ou par quartiers, et qu'il importait, pour plus d'exactitude, de savoir quelle est la mor·talité par rues, par maisons et même par chambres ; il faut pour ceci Yoir quelle est la fréquence et la répartition de l'entas- sement jusque clans la chamb1·e.

Parmi les 315,824 logements consistant en une seule pièce, si 192,824 ne sont occupés que pal' un seul habitant, 78,431 par deu.x, 28.475 par trois, il y en a 3462 d'occupés par cinq personnes, 1161 par six, 490 par· 7, 8 ou 9. etc.

Pour l\1. Ber·tillon, un logement est encombré et surpeuplé, lorsque le nombre de ses hab.i.tants dépasse le double du nombre des pièces qui composent ce logement. Quoique la population soit peu dense. par rapport à la superficie territor·iale, elle est souvent très entassée dans les logements insuffisants.

« Si, remarque JVI. Bertillon, on dresse la carte de l'encombrement à Paris, on trouve que cette caT'te 1·essemble absolument à la car·te de la mortalité 1»

1 Le tableau que j'ai reproduit ci-contre a été dressé par ltadclifl'; il donne une juste idée des effets de l'agglomt'"~ration

sur le taux de léthalité.

(12)

11

Ce <-tui est vrai des décès en général l'est aussi pour les maladies infectieuses, qui se développent beau- coup plus dans les habitations encornbrées, humides, privées de soleil.

L'entassement, avons-nous dit, y est pour beau- coup. Korosi, que nous citions tout à l'heure, a cons- taté que la mortalité par suite des maladies contagieuses augmente en raison de la densité de la population ; que dans les logements de la troisième catégorie, par·

exemple, le danger de succmnber à la contagion est de 50

°/o

plus gt·and que dans les logements de la prmnière catégorie. (Les épidémies de vat;·iole con- firment absolument cette opinion). Dans les loge- Inents de la première catégorie, les décédés étaient morts à l'âge moyen de 47 ans, de 39 ans dans ceux de la deu:'uème catégorie, de 37 ans dans ceux de la troisième catégorie, enfin de 32 ans dans ceux de la quatt·ième catégorie.

L'inti uence des mauvaises habitations est tout parti- - culièrement manifeste dans le développement du

typhus pétéchial.

·Nous pou v ons .~appeler ici les ra v ages de cette malndie au siècle passé, dans les pr·isons anglaises, encon1brées et malpropres; les proportions énormes prises pat· cette affection pendant la guerre de Crimée, ainsi que les épidémies fréquentes et affreuses en ll'lande, épidémies dont les causes }JOuvent être attri- buées au manque d'habitations et à la mauvaise nour- t·itul'e.

lVIosler a fait une intéressante observation pendant l'épidémie qui a sévi sur· les ouvriers travaillant à la chaussée de Franzbourg.

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Tandis que les terrassiers, négligés, habitant de rnauvaises cabanes de terre, mal aérées, étaient atteints, au plus haut degré, du typhus, les tailleurs de pierre, qui avaient une bonne nourriture et des habitations propres, étaient complètement épargnés.

Le professeur Virchow attribue l'épidén1ie de la Haute ..

Silésie à l'influence des mauvaises habitations.

Cas de typhus à Ber·lin en 1880, comparativement ù la densité de la population :

Nombre Nombre Moyenne

des personnes des districts. des habitants

atteintes par par maison.

le typhus.

0 10 42,2

1 ~ 42,7

2 14 45,1

3 1G 46,3

4 17 50,4

;) 14 57,5

6 16 58,3

7 13 GO,O

8 N 62.6

9 10 G3.0

10-14 45 65,2

15-19 16 72,4

20-24 15 U0,3

25-29 6 94,4

30-53 7 D7,2

La tuberculose, dont la manifestation la plus fré- quente est la phtisie pulmonaite, cause plus de ravages dans les villes que dans les campagnes. Cette maladie l'empor'te sur· les autres causes de la mortalité dans les villes. La différence est moins grande chez les

(14)

- 13 -

femn1es que chez les hommes. La plus grande morta- lité par suite de tuberculose chez les habitants des villes, ne peut pas être expliquée seulement par le séjour en ville, car ceci influerait également sur les deux sexes, mais par le genre d'occupa~ion. La tuber- culose a pour cause le séjour prolongé dans les pièces encombrées et rernplies de poussières provenant de différentes industries.

Sur 100,000 habitants il meurt chaque année : Danemark 1876-1883 (Lehman).

35 viUes d'environ 1900 habitants, 212.

24 )) )) 5000 )) 227.

5 )) )) 17,000 )) 265.

(Copenhague) au-dessus de 100,000 315.

Suisse 1890-1892 (Schmid)_:

Campagnes et localités au-dessous de 10,000 habi- tants, 194.

15 villes au-dessus de 10,000 habitants, 303.

Allemagne (1875-1879).

Années. Campagne. Villes.

1875 318,6 346,9

1876 309,5 358,1 Moyennes.

1877 320,1 376,3 Can1pagne 319.

1878 325,1 382,2 Villes . . 369.

1879 324,6 382,1

Bavière (1889).

Campagne, 2~1.

Villes, 413.

La même chose s'observe pour la France: la tuber- culose est très forte à Paris, moindre dans les villes

(15)

de p1·ovince et encore moindre à la campagne. La marche de la mortalité par tuberculose est pal'allèle au chiffi'e de la population·; voici ces chiffres établis par Lagneau:

:Mor·talité par phtisie et autres iube1·culoses, dans 6G2 villes de Fran<::e (1891 ).

Villes. Population. Sur 100,000 lw IJitants combien de décès tuberculeux.

~)5 Au-dessous de 5000 181

332 5000 à 10,000 216

127 10,000 à 20,000 271

50 20,000 à 30,000 288

46 30,000 à 100,000 305

11 100,000 à 430,000 363

Paris 2,424. 7. 05 490

Huller a étudié l'extension de la tuberculose pulrno- naire en·suisse. Dans la plaine et dans la montagne, il meurt annuellement en Suisse sur 100,000 habitants :

l\~Iilieu rural, 111.

l\lilieu industriel, 250.

A une plus gr·ande altitude, la proportion est encore plus gi~ande :

Paysans, vachers, etc., 70.

Ouvriers, industriels, 230.

On a observé pour Paris et pour d'autl'es grandes villes, que plus les logements sont encombrés, plus la tuberculose fait de ravages.

(16)

15

Phtisie et ·surpeuplement.

Dans quelques grandes villes d'Europe (1889).

Villes. Combien d'habitants

---~~---

Parit:i Vienne :Moscou

Sur 100 vivent dans des log·ements

surpeuplés.

14 28 31 St-Pétersbourg 46 Budapest 71

Sur 100,000 meurent par an cle phtisie.

428 450 454 456

5GU

Voici les chiffres que :M. Bertillon a observés pour Paris:

Les décès par phtisie s'élèvent à 62,9; 59,8; 55,1 et 54,2, sur 10,000 habitants, dans let:i

xrvme, xxme,

XVIIIme et Xlme arrondissements, ayant SUI' 10,.000 habitants, de 1206 à 2275 personnes occupant à plus de deux chaque pièce d'un logement.

Contrairement, la mortalité phtisique n'est que de 17,3; de 26,3, SUl' 10,000 habitants, dans les VIIIme et IX me arrondissements, où il n'y a que de 404 à 671 habitants de logements sut·peuplés.

Jerne suis bornée à étudier l'influence du logement sur la santé physique, mais, comme on l'a écrit avec juste raison, dans le bouge l'âme n'est pas moins exposée que le corps et les deux dégradations marchent . de pair. Il y a donc un côté moral et social, qui n'est

(17)

1G

pas le moins important; je ne puis que l'indiquer, car il ne rentre pas dans le cadre de mon tt·a v ail. Je ne saur·ais mieux fair·e que de termine1· ce chapitre par deux citations; j'emprunte la première à J. Simon :

« La t·éf'orme des logements ... est certainement clans

<< un avenir pr·ochain la ruine du ca baret, et le cabaret

<< est du consentement de tous, le plus gr·and ennemi

« du progrès rnatériel et mm·al. .. Que fait-on pour

<< combattre ce fléau~ Quelques sermons, qu'on

<< n'écoute pas, quelques arrêtés municipaux, qu'on

« n'exécute pas, quelques lam3ntations, qu'on ne lit

« pas, ce n'est pas assez pour justifier· une soeiété qui

« laisse une telle peste grandir, comme si l'industrie

« la traînait à sa suite par une. conséquence fatale.

« Au lieu de prêcher· ou de punir, il faut guérir~ et

« pour cela il faut commencer par connaîtr·e la c:.:ause

« du mal. Personne ne peut croire, personne n'oserait

<< dire que les malheureux qui vont au cabaret se

« ruiner et s'empoisonner ont une excuse. Cependant,

« songez aux douze heures que ces ouvriers ont pas-

« sées dans l'atelier, douze longues et fatigantes

« heures, sans aucune distraction, sans avoir· rnême

« le plaisir de voir leur ouvrage cr·oître et s'achever

« sous leurs mains, car l'ouvrier de fabrique n'est

« qu'un ·rouage, il ne peut s'intéresser à ce qu'il pro-

« duit. Après ces douze heures, si épuisantes, ::;i

« n1onotones, suivez-le dans la neige et le verglas,

« lorsqu'il sort de l'atelier·_; montez ces rampes ver-

« moulues couvertes d'ordures, qui mènent à sa

« cha1nbre; entrez avec lui dans l'affreux taudis où ne

« l'attend pas toujours son repas, parce que sa fe1nme

« est ouvrière comme lui, où il ne boit jamais de vin,

« parce que le vin est trop cher, où il ne respire pas;

(18)

17

<< pa1·~e que l'air respirable est encore plus cher que

(( le vin, où il n'a pas de meubles, parce que la maladie

<< et le chômage ont emmagasiné ses meubles au

« rnont-de-piété, où il ne trouve enfin ni feu~ ni cou-

« verture, ni sornmeil : connaissez-vous beaucoup

<< d'hommes, parmi ceux qui déploient le plus d'élo-

« quence contre l'ivrognerie, qui résisteraient à

« l'attrait de cette bonne chambre bien éclairée, bien

« chauffée, de ces pots brillants, de .ces poudreuses

« bouteilles, de ces gais con1pagnons, de cette chance (( d'un oubli momentané, de tous ces semblants de

« bonheur qui lui ca~hent l'absence du bonheur 1 >>

Et Yoici ce qu'écrit Du MAsnil : « Ce n'est pas seu-

« lement de la ver·tu, c'est de l'héroïsme qu'il faudrait

« à tout ce monde, pour ne pas contracter, dans -ces

« bouges, la haine de la société. L'ouvrier laborieux,

« honnête, sentant qu'il ne peut se soustraire avec sa .« famille it de pareilles souffrances, se révolte contre

« un état social dont il est la victime, et l'explosion

<< de ces haines farouehes n'est plus qu'une affaire de

« cir·constanees. »

1 Le Travail, par .J. Simon. Paris 1866, pages 241 et suivantes.

2

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:cHAPITRE II

La question des habitations à bon marché à l'étranger.

(An,qletelTe, .F1·ance, Bel,qique, Italie, Allemagne).

1. Anglete,~re. - Il est juste de commencer cette revue par l'Angleterre, car elle est au premier rang non seulement dans l'ordr·e chronologique, mais aussi par l'énergie, la persévérance, la puissance des moyens qu'elle a a'pportées à la solution de ce problème. Il fa1Jt reconnaîtr·e d'ailleur-s, que nulle part le péril ne fut plus pr·essant et lorsqu'en 1841, le Prince Albert, époux de la reine Victoria, se mit à la tête du mouve- ment en faveur des logements ouvriers, la situation était affreuse. Aujourd'hui encore, malgré tous les efforts, il existe ù Londres des habitations pau v res, dont l'horTem· défie toute description. Un sait que le eode sanitaire anglais est un des plus complets qui aient été élaborés; il a pour bases la loi de 1871, créant le Gouvernement local, et celle de 1875 sur la santé publique.

Le Local Government Board, ministère du Gou- vernement local, est une sorte de conseil supérieur aux n1tlltiples attributions, qui a réuni en un seul faisceau les diverses branches de la police sanitaire.

(20)

10

Il est ~omposé d'un président_. nommé par· la reine, du président du Conseil privé, des secrétaires d'Etat, du lord Garde du sceau privé et du Chancelier de I'Eehi-

<lUler.

Parmi les nombreux. fonctionnaires, se trouvent des architectes et des ingénieurs sanitair·es, chargés de l'application des lois sur les habitations et sur l'éloigne- Jnent des «Nuisances>>; l'énumération de ces divers aetes législatifs serait trop longue et nous signalerons seulernent le dernier· «The Housing of the Wor·king Classes Act >>. loi sur l'habitation des classes labo- rieuses, du 18 aoùt 1890, qui ne contient pas moins de 103 articles gr·oupés en 7 sections. L'Angleterre est donc fortement organisée tant au point de vue légis- latif, qu'au point de vue administratif.

Non moins intér-essante et instructive est l'étude (les manifestations de l'initiative privée; capitalistes, philanthropes, ouvriers, ont rivalisé de zèle par des voies et des moyens diver·s, et ont coopéré activement ù cette œuvre hurnanitaire. Les débuts furent, comme bien on pense, difficiles : les hommes de finance ne

c~r·oyaient pas à la possibilité d'un rendement rémuné- rateur pour leurs capitaux. ; il fallut au Prince Albert sept ans de lutte pour que la première association créée dans le but de fournir aux classes laborieuses des habitations à bon rnarché, pùt entrer en activité.

(Association métropolitaine pour l'amélioration des logements des classes ouvrières, fondée le 15 sep- tembre 1841). Sous l'influence de cet exemple, d'autres eompagnies ne tardèrent pas à s'organiser; signalons entre autres, la société connue sous le nmn de the Jmproved Industrial dwellings Company (Compagnie

(21)

20

des logements perfectionnés d'ouvriei'S) et dont in fondation est due à Sir Sidney vVatedO\V' aldermann de Londres; grâce à ce dernier·, quelques capitaliste~

souscrivirent une sornrne de fr·. 1.250,000; bicntùt décuplée, elle permit au comité dii·ecteur de dépen~er·

en vingt-quatre ans plus de 25 millions de francs.

Son in,·entaire de 1887 accuse 39 immeubles habités par 5834 familles et 26,000 personnes ; la valeur· de ses constructions s'élevait à 25,700,000 francs, et ses actionnai1·es touchaient un dividende de 5

°/

0 • On peut conclur·e que ces sortes d'opérations tinancièees ne laissent pas que d'être fructueuses.

Une des formes les plus rernarquables qu'ait revêtue~

l'initiative privée dans le Royaume-Uni est la eréation des Building Societies dont l'idée-mère dér·i ve de la mutualité. Ces utiles institutions, dont nous décrirons plus tard le rnécanisme, ont malheureusement eu ù subir une crise extrêmement grave, à la suite d'im- prudences financières, qui ont entraîné la faillite d'une des plus importantes (Liberator·) ; le nomb1·e de leurs mmnbres et le chiffre de leur capital ont présenté d~

ce fait une très forte diminution. Le Parlement a

\

1·enforcé par un Act de 1894 les lois antérieures sur·

les Building Societies et les a soumises à un contrôle plus sévère. Il faut espérer que ces mesures législa- tives suffiront pour rendre à ces associations le juste crédit dont elles jouissaient.

Parmi les œuvres dues à la philanthropie propre- ment dite, la fondation Peabody a dr·oit à une 1nention spéciale. Peabody entra dans le commerce sans autres ressources que son intelligence et son activité et réussit à gagner une fortune colossale, dont il employa· une

(22)

~1

bonne pat·t à des œuvres de bienfaisance; il consacra 12,500,000 francs à la construction de logements sains et à bon 1narché : les revenus produits par les loca- tions servent à élevet· de nouveaux immeubles. « :Mon

« espét·anee, écrit Peabody dans son testament, est

« que dans un siècle, les recettes annuelles provenant

<l des loyers auront atteint un tel chiffr-e, qu'il n\

« aura pas, dans Londres, un seul tra va.illeur pau vrc

« et laborieux., qui ne puisse obtenir un logement

<< confortable et salub1·e, pour lui et sa famille, ù un

« taux eOlTespondant ù son faible salair·e 1>> Et Geol'ges Picot ajou te : « Lor·sq ue la reconnaissance publique célébr·et·a le centième anniversaire de la mort de lVI. Peabody, la fondation qui porte son non1 po:-::sédet·a peut-être, à Londr·es, deux. n1illiards d'im- meubles, abritant 1,f)OO,OOO àmes, dans 350,000 loge- ments 2>>

Il faut faire une place ù part à l'œuvre de :Miss OctaYia Hill; elle est absolument originale et tient à la fois de la spéculation (dans le bon sens du ter1ne) et de la philanthropie. l\tliss Hill, qui ne disposait pas de capi- taux. considérables, s'est donné pour mission, non de eonstruire, mais de réparer et d'assainir des maisons insalubres : elle achète des immeubles délabrés et les fait transformer·. Elle a ainsi obtenu des r·ésultats sur- prenants, au point de vue de l'hygiène comme au point de vue moral. .. et cependant son argent lui rap- porte le 5

°/

0 • l\1ais on ne saurait oublier que son succès provient, pour une bonne part, de son ac ti vi té person- nelle. Etle s'est vouée corps et àme à son entreprise.

1 li-'ncyclopédie d'Hy,qiène, tome II1, page 421.

2 <~em·ges Picot. Un devoir social, page 159.

(23)

II. France. - La question de la salubrité de l'habi- tation ne préoccupait guère le législateur, lorsque vers la fin de l'année 1831, des Girconstances spéciales attirèr·ent sur- elle l'attention des pouvoirs publics. Le choléra approchait, et il s'agissait de trou ver les moyens d'échapper aux étreintes du fléau. A Paris, une commission fut nommée, qui r·eçut pour mission de rechercher les causes d'insalubrité existant tant dans les habitations privées, que dans les irnmeubles locatifs; un certain nombre d'or·donnances, visant l'hygiène du logement, furent édietées, mais le prin- cipal progrès accompli dans ce domaine, a été l'adoption de la loi du 13 avril 1850, sur l'assainissement des logements insalubres. Les principales dispositions de ce décret sont les suivantes :

« Dans toute commune, où le Conseil muniGipal

« l'aura déclal'é nécessaire, par une délibération

« spéciale, il nommer·a une commission chargée de

« rechel'cher et indiquer les mesures indispensables

« d'assainissement des logements et dépendances insa-

<< lubres, mis en location ou occupés par d'autres que

« le pr·opriétaire, l'usufr·uitier ou l'usager'. Sont ré pu-

<< tés insalubres, les logements qui se trouvent dans

« des conditions de nature à porter atteinte à la vie ou

c< à la santé de leurs habitants.>> Cette commission,com-

posée de neuf membres au plus ou de cinq au moins (art. 2) a pour mission de déterminer l'état d'insalubrité, d'en indiquer les causes, ainsi que les n1oyens d'y I·emé- dier (art. 3). Après avoir pris connaissance des l"ap- ports de la commission, le ·~onseil municipal détermine:

l o les travaux d'assainissement et les lieux où ib devront être entièrement ou partiellement exécutés,

(24)

23

ainsi que les délais de leur achèvement ; 2° les habi- tations qui ne sont pas susceptibles d'a~sainissement

(art. 6). La loi prévoit des pénalités en cas de non exécution des travaux ordonnés (art. 9) ; l'article autorise le maire à interdire temporairement la location d'un logement qui n'est pas susceptible d'assainisse- rnent.

Cette loi, qui est due à l'initiative de M. de Melun (du Nord), contient d'excellentes dispositions; la com- mission des logements insalubres a rendu de véri- tables services dans les villes où elle a été instituée;

il n'est que just8, en particulier, de 1nentionner les résultats qu'elle a obtenus, grâce à son activité, à sa persévér·ance, dans la ville de Paris.

Le tableau suivant est à cet égard des plus démons- tratifs. Nous l'empruntons à Jourdan. (Etudes d'hygiène publique, page 153).

Affaires A !l'aires Pourvois Contraventions Total Années terminées soumises formés devant déférées des

par la au Conseil le Conseil de ·au Tribunal all'aires.

Commission. municipal. préfecture. correctionnel.

1851 152 - - 8 160

1852 122 3 '3 - 128

1853 172 12 5 - 18~

1854 228 92 6 - 326

1855 355 149 20 - 524

1856 354 81 43 - 478

1857 369 94 29 - 492

1858 355 114 12 31 512

1859 458 139 - 44 641

18601

39251 5141. 181 1141

1656

1861 2915 '

A reporter : 8021

(25)

24

Reporter: 8021

1862 - 3020

1863 3072

1864 3698

1865 4160

1866 2854 643 32 82 3611

1867 2232 635 26 114 3007

1868 1867" 442 18 U2 241H'

1869 }.772 401 20 82 2275

1870

1871(6mois) 1112 169 1281

1872 1591 G02 2283

1873 2200 929 1 82 3212

1874 2102 1016 10 96 3224

1875 2352 1411 17 172 3952

1876 2314 1078 11 79 3482

1877 1042 833 19 RU 1983

1878 762 829 19 75 1G85

1879 808 922 16 134 1880

1880 1769 1115 28 212 2124

1881 1001 913 50 256 2220

1882 1395 1142 3f> 218 2086 Total des affaires . . . 6.2695 C'est également aux efforts des membres de cette commission, que la capitale de la France a dù de Yoir disparaître certains cloaques célèbres par leur insalu- brité; ainsi la Cité des Kroumirs, la Cité Jeanne d'Arc et d'autres. Malheureusement, cet exemple ne fut guè_re suivi; si un certain nombre de municipalités s'empressèrent de mettt·e à ptofit les cmnpétences nou- velles que leur octroyait la loi de 1850, la majorité ne s'en soucia pas et ne fit rien. C'est en effet la princi-

(26)

~5

pale critique qu'on peut adresser· à eet aete législatif;

il laisse une trop grande latitude aux eornmunes; il eût fallu imposer l'institution; l'expérience se chargea de le démontrer. En 1853, on ne comptait que 326 ('ommunes, et en 18[)8 que 520, qui fussent dotées de t:ommissions de logements insalubres; en 1883, on i1e <.:omptait que huit ou dix municipalités qui exé-

'

(:utassentlaloi; entin en 1887, on ne tr'ouvait plus que quatr·e ou cinq villes dans lesquelles fonctionnât cette utile institution (Par·i::;, Lille, Nancy, Le Havr·e et Roubaix). A côté de ce vice capital, qui a rendu ses effets p1·esque illusoiees, cette loi présente d'autres inconvénients : les décisions de la cornmission n'ont aucune valeur légale, elles ne constituent qu'un simple p1·éavis; les pénalités ne suftisent pas, il aurait fallu

prévoi1~ l'exécution d'office; enfin, de trop non1breuses et di verses jul'idictions permettent à l'individu de mau- vaise foi d'éluder longtemps les ordres qu'il reçoit;

e'est ainsi qu'il fallut sept ans de luttes et de p1·ocès.

pour foeeer le propriétaire de la Cité Jeanne d'Arc, à s'exécuter! Une refonte radicale de la loi s'imposait don<:_; c'est ce qu'ont compris tous ceux qui, en Fr·ance, s'intéressaient à la question du logement, et de nonl- beeux efforts ont été tentés dans ce but auprès du pOU\'Oir·législatif; il ne rentr·e pas dans le eadre de ce travail de faire l'historique des diver·s projets présentés aux chambr·es françaises; les quatre dernie1·s (pro- teetion de la santé publique; organisation des ser'vices de l'hygiène publique; .assainissernent des logements et habitations insalubres; or·ganisation et adminis- tration de la santé publique) ont été renvoyés à une commission de 24 n1embres; le 13 juillet 1892,

~'1. Langlet a déposé au nom de celle-Li un remar-

(27)

26

quable rapport, appuyant presque toutes les proposi- tions contenues dans ces p1·ojets : il ne reste plus qu'à les tr·ansformer en texte définitif.

Grâce à l'initiative de l\1. Siegfried, la France est actuellement dotée d'une loi très complète sur les habi- tations à bon marché (30 novembre 1894).

Félicitons tout d'abord le Par·lement français du titre qu'il a choisi; il donne une idée plus précise du but à poursuivr·e, et prête à ses prescriptions une beaucoup plus grande portée.

Voici quelques-uns des principes posés : faculté de el'éer dans chaquedépar·tement un ou plusieurs comités des habitations à bon marché. « Ces comités ont pour

« 1nission d'encourager la construction de mai8ons

« salubr·es et à bon marché, soit par des partieuliers

<< ou des sociétés, en vue de les louer et de les vendre

« à échéance fixe ou par payements· fr::wtio~1nés, à

« des petsonnes n'étant ptopi·iétaires d'aucune maison,

<< notam1nent à des ouvriers ou employés vivant

<< de leur travail ou de leur salaire, soit par le::;

« intéressés eux-mêmes, pour leur usage person-

« nel. >> Ils peuvent recevoir des subventions de l'Etat, des départements et des communes; les bureaux de bienfaisance, les hospices et les hôpitaux peuvent, avec l'autor·isation du préfet, employer une partie de leur patrimoine (jusqu'à concurteùce du '1/a) à la cons- truction de maisons à bon marché, ou en prêts hypo- thécaires à des sociétés cr·éées dans ce but.

Sans atteindre les résultats obtenus en Angleterre, par l'initiatÏ\'e privée, la France offre cependant le spectacle d'une activité fort réjouissante. Il est juste de faire une place à part à un manufacturier de l\1ul-

(28)

27

house, André Koechlin, qui, véritable précurseur~ fit construire, dè8 1835, pour les ouvriers de son usine, 36 maisonnettes, ayant chacune deux ehambres, cuisine, grenier, eave, et possédant en outre un jar- dinet; l'œuvre de Koechlin reçut plus tard (1851) un grand développement, à la suite de la fondation, sous l'impulsion de Jean Dolfuss, de la Société mulhousienne des cités ouvriè,~es. Les résultats hygiéniques, sociaux et tinanciers de cette entreprise ont été satisfaisants ; cependant, à en croire le D'' Herkner 1,. ses bienfaits ne se sont étendus qu'à une partie restr·einte de la population laborieuse; l'élite des ouvrier·s peut seule profiter de ses avantages, qui sont interdits au grand nombre. c:est une remar·que qui n'est point spéeiale ù :Mulhouse, et il est indispensable que ce fait- qui est général- soit mis en pleine lumière. Quoi qu'il en soit, on ne saurait trop hautement louer, et les inten- tions des fondateurs~ et la persévérante énergie qu'ils ont déployée.

· Dans la plupart des centr·es industriels- ù Pal'is, comme en province - des tentatives ont été faites dans le mêrne but : des patrons, des associations, des philanthropes ont, avec ou sans le secours des caisses publiques, construit des in1meubles de types di\·ers, destinés ù offrir· des logements à bon marché aux personnes ne disposant que de modestes ressources.

A Paris, nous rnentionner·ons les maisons élevées par J\1. Caeheux et celles de la Société anonyme d'Auteuil;

à Lyon, la Sociétéanonyrrtedes Logements économiques_, fondée par M l\1. Aynard, Gillet et Mangini fr·ères (elle

1 Dr H. Herknet·. Die Oberels~i.ssisclw Haum\·ollen [nrlnstrie und ihrc Arbeiter. Stl'asbourg, 'l887.

(29)

a aujourd'hui un capital de deux millions, et loge dans six groupes de maisons 280 familles; elle r·apporte le 4,80

°/o;

à Rouen, à Orléans, à Lille, à Bordeaux, à l\!Iarseille, au Ha v re, existent des sociétés analogues, et je n'ai aucunement la p1·étention de donner une liste complète.

Je veux, en terminant ce qui se rapporte à la France, attirer l'attention sur· une institution qui rne paraît susceptible de rend1·e de signalés services; je veux parlee de la Société f7'ançaise des habitations à bon marché, qui a pris naissance à la suite du Congrès international, tenu à Paris lors de l'Exposition de 188D, et qui s'est proposé de satisfaire au vœu émis pa1· la réunion, à savoir « la fondation de sociétés

« nationales, ayant pour but d'encourager· par des

<< conférences, publications, concours de plans, ren-

<< seignements, etc., les industriels, les ou vTiers, par

« la coopération, ou des sociétés lo<.:a.les, à construire (( des maisons saines et peu coûteuses. >> Elle publie un Bulletin, qui contribue pour S<l bonne par·t à la diffusion des idées défendues par les pr·mnoteut's de cette association.

III. Belgique. - La législation sanitaire de la Bel- gique a subi profondément l'intluence française; à proprement par·ler, quoique l'administration sanitair·e ress01·tisse au l\llinisière de l'Intér·ieur, et qu'un Con- seil supérieur d'hygiène publique fonctionne réguliè- r·en1ent auprès de <.:elui-ci, le soin de veiller ù la salu- bùté incombe presque exclusivement aux communes;

<.:'est un legs de la !{évolution française. Il faut recon- naître que les Inunicipalités belges, ou tout au moins quelques-unes d'entr·e elles, ont su tir·et· un parti

(30)

2U

remarqua ble des ~ornpétenees que leur confèr·e la loi du 24 aoùt 1790. On doit citer, en toute pretnière ligne, Bntx.e!les. Sous l'initiative du Dt· .Janssens, un bur·eau d'hygiène fut créé dans cette ville ~n 1874; ce bureau qui a, depuis, sen·i de modèle à bien d'autres institutions du même genre, a dépassé en résultats toutes les espérances; l'hygiène des habitations rentre dans ses attl'ibutions ; on se fera une idée de son acti- vité quand on saura que dans les quinze premières années, il a adressé 11,001 rnises en demeure pour

des travaux. d'assainissement.

Un règlement très complet sur les bàtisses (8 jan- vier 1883) a codifié les principes de la science, dans leur application aux constructions.

La question plus restr·einte des logements ouvTiers n'est pas 1·estée étrangère à la sollicitude des autorités;

tantôt ce t:;Ont les administrations de bienf~tisance

(lVI ons, An vers, Ni velles), tan tot ce sont des cornpa- gnies particulières (Bruxelles, 1868), qui construisent des immeubles destinés à offr·ir aux classes nécessi- teuses des logements sains à bon 1narché.

:Mais c'est surtout après les grèves du Borinage que l'étude de ce problème s'imposa aux esprits; imi- tant l'exemple donné par l'Angleterre, le gouverne- ment belge décida de procéder· à une vaste enquête ,$ur la situation matérielle, intellectuelle et mor'ale des populations ouvrières; une commission dite du tra- vail fut nommée (15 avril 1886) et chargée de rédiger le programme de cette enquête ; celui-ci fut divisé en quatre chapitres :

1 o Le travail.

2° Les rapport~ entre le capital et le travail.

(31)

30

:3o La situation matétielle des ouvriers.

4° Leur situation intellectuelle et morale 1

Faisant suite aux travaux de cette commission, la Chambre des repr·ésentants et le Sénat adoptèrent une loi qui fut sanctionnée par le roi le 9 août 1889, r-elative aux habitations ouvrières et à l'institution de comités de patronage; son article premier porte :

« Il se1·a établi, dans chaque arrondissement admi-

« nistr·atif, un ou plusieurs comités ehargés :

<< a) De favoriser la construction et la location d'habi-

tations ouvr·ières salubres et leur vente aux ouvriers soit au comptant, soit par annuités; b) d'étudier· tout ce qui concer·ne la salubrité des maisons habitées par les dasses laborieuses et l'hygiène des localités, où elles sont tout spécialement établies; c) d'encom·ager le développement de l'épargne et de l'assurance, ainsi que des institutions de crédit ou de secours mutuels et de retraite. >>

La meme loi autorise la Caisse générale d'Epargne et de Retraite à en1ployer une partie de ses fonds dis- ponibles en prêts faits en faveur de la construction ou de l'achat de maisons ouvrières, après avoir, au préa- lable, demandé l'avis elu comité de patronage.

Nous avons déjà rnentionné le fait qu'antérieure- ment au vote de la loi des sociétés particulières s'étaient constituées en vue de construire des maisons ouvrières.

IV. Italie. - L'or·ganisation samtmre actuelle du Hoyaume d'Italie est de date relativernent récente.

Elle est basée sur les lois du 3 juillet 1887 (création

1 (Voir plus loin, chapitre IV.)

(32)

- 31

d'urie direction dela santé publique) et du 22 décembre 1888 (loi sui' la tutelle de l'hygiène et de la santé publique). L'autorité supérieure est attl'ibuée au rninistr·e de l'Intérieur·, de qui dépend la direction de la santé publique; celle-ci est assistée d'un conseil supérieur (10 membres dvnt deux ingénieurs), du bureau des ingénieurs sanitaires (5 membr·es ), d'une cornmission, dite con1mission consultative des con- trats ; elle dispose, en outre, de di ver·s laboratoires.

Sous les ordres du directeur-, sont placées les adn1i- nistrations provinciales et cornmunales. l\1entionnons que la loi sur la tutelle de l'hygiène a consacré dans son titre III (De l'hygiène du sol et de l'habitation) des articles spéciaux sut· la salubrité des immeubles ; ces dispositions se retrouvent développées et complétées dans le règlement général, pour l'application de la loi du 22 décembre 1888 (Titre III, articles 83 et 84).

L'organisation sanitaire italienne édictée sous l'in1- pulsion du professeur Pagliani, répond, comme on peut s'en convainei'e, aux exigences de l'hygiène mo- det·ne.

En ce qui concerne les habitations à bon marché, nous voyons que ce sont surtout les sociétés de secours mutuels et les caisses d'épargne. qui ont con- tribué à réaliser quelques progrès; on peut à cet égard citer l'exen1ple de Bologne et de Milan. L'Etat n'est d'ailleurs pas resté indifférent à la question;

c'est ainsi qu'en 1889, un décret royal a ouvert un coneours de vingt prix de 500 francs chacun, en vue d'édifier des maisons agricoles dans l'ile de Sardaigne.

V. Allen~agne. ~ Jusqu'ici il n'existe sur l'hygiène de l'habitation aucune loi « d'empire )) ; on constate

(33)

même que, sauf quelques exceptions, le Gr·and Duc-hé de Bade, la Saxe, le Grand Duché de Hesse-Dar- mstadt, les états se sont désintéressés de cette ques- tion et ont laissé aux communes, aux municipalités, le soin de légiférer· sur la matière. Il en est ainsi en Prusse, où on ne trouve que des ordonnances de police édictées par les autorités urbaines. La ville de Berlin en possède une qui date du 15 jan\·ier· 1887 et qui est une des plus con1plètes que nous ayons eues sous les yeux.

Cette diversité n'est pas· ~ans pr·és~nter· d'assez graves inconvénient~. et les hygiénistes allernands :-;c préoccupent de cette situation anormale.

L'Association allemande d'hygiène publique a, dans sa session de 1889, tenue à Strasbourg. adopt0 un projet qui contient les premier·s linémnents d'une loi impériale; les r·apporteurs étaient : le professeur· Bau- Ineister et le Dr Miquel, qui devint plus tar·d le ministJ·e des finances du Royaume de Prusse.

La question est donc posée et il ne s'écouler·a sans doute plus beaucoup de temps avant qu'elle ne soit résolue. Mais, en attendant ce mon1ent, l'initiatin~

privée n'est point restée inactive. Un gtand nombre de patrons ont fait construire des habitations pour·

leurs employés. Ces cités sont de différents types; le plus souvent on a, pour des raisons d'économie, bàti des maisons-casernes, plus rarernent des IDaison- nettes destinées à une famille et pouvant être acquises par le locqtaire; les entreprises minières, qu'elles dépendent de l'Etat ou de compagnies, ont en général pourvu à l'habitation des ouvriers. C'est ce qu'a fait la.

Prusse pour les exploitations qu'elle possède dans le district de Saarbrück et dans la Haute-Silésie.

(34)

- 33 -

Nous relevons des exemples analogues en \Vur- ternberg, en Bavière, dans le Grand-Duché de Bade, en Saxe. Parmi les particuliers, on peut eiter l'usine de Frédéric Krupp, à Essen, qui possédait en 1883, 3208 maisonnettes, abritant un total de 18,698 per·- sonnes; la filature mécanique de D. Peters et Ce, à Néviges (Prusse), dont les propriétaires ont admis une organisation q~Ii permet à l'ouvrier d'acquérir· sa de1neure. Il existe aussi en Allemagne des sociétés de construction, les unes composées de spéculateurs, qui ont surtout pour but de faciliter l'acquisition des imrneubles par les locataires, les autres, qui se sont moins occupées du rendernent des capitaux que du côté d'utilité publique de leur· œuvre.

Enfin, il est digne de ren1arque que dans la eonfé- dération germanique, l'exemple donné par les Buil- · ding Societies a été fréquemment suivi.

Schulze-Delitzsch a été un des plus fervents parti- sans de ces associations, et a beaucoup contribué à les transporter d'Angleterre en Allemagne. Des sociétés organisées sur ce type se sont formées à Hambourg, à Brême, à Halle, à Flensbourg, à Münich.

~

(35)

La question des habitations à bon marché en Suisse.

En Suisse, la question des logements ù bon n1arché a également préoccupé l'opinion, mais elle s'est posée un peu plus tard que dans d'auü·es pays. Certains cantons l'ont abol'dée ·avec une grande énergie et les solutions qu'ils ont données 1néritent de fixer l'atten- tion.

BALE. -1\. la suite du concours ouvert par la So- ciété d'utilitépublique en 1851 à Bàle, il s'est formé une société par actions (A.ktiengesellschaft füro AJ'bei- terwohnungen au( der BJ'eite) pour la construction des ha bi tati ons ou v1·ières.

Cette société construisit en 1854-1856 trois maisons dont une pour 15 et deux pour· 8 ménages. Les loge- ments étaient cornplètement indépendants et possé- daient un jardin à part.

Le prix du loge1nent était de 140-220 fr. au début;

il s'éleva depuis. Le plus grand nornbre des 1naisons fut acheté par des locataires, qui devim·ent ainsi pro- priétaires d'un logement et non d'une maison entière.

La « Société de Construction des rnaisons ouvriè- res)) (Baugesellschaf't fit,, A.rbeiter wohnungen) fut

(36)

- 35

fondée en 1870 par l'initiative de 180 ouvriei'S, qui, avec l'appui de la Société d'utilité publique, construi- sirent des maisons destinées à une seule famille.

Plus tard on fit des maisons ù 2 ou même à 3 ap- partements. Ces maisons sont composées d'un sous- soL d'un rez-de-chaussée et d'un étage, sont accou- plées par 2 et chacune a son jardin.

Le nombre des n1aisons en 1889, construites par eette société, fut çle 101 ; 32 rnaisons à un apparte- ment, 38 à 2 et 31 à 3.

La Société étant fondée par actions, les actionnai- res ont la préférence pour les achats.

Le eoùt des maisons doubles était primitivement de 15)33 fr., plus tard il a varié.

Une 3me .Société de construction est le : Basler·

Bauverein, qui s'est fondée en 1874. Il fut construit pa1· cette société jusqu'à l'an 18~9 en tout 40 maisons, dont deux à appartement, 13 à 2 et 25 à 3.

31 de ces maisons sont vendues et 9 louées.

Le capital primitif était de 16~000 fr.; il atteignit en 1879, fr. 144,700.

D'autre part, de simples par·ticuliers, industriels pour la plupart, s'occupèrent de construire des mai- sons ou v ri ères.

Citons entre autres, au hasard de la plume, ce que quelques chefs de fabriques ont fait à cet égard : l\fM. De Bary et Ce ont fait construire de 1855 à 1872, 10 maisons; M lVI. Sarasin et

ce

de 1869 à 1877, 32 maisons; Ml\1. Rynier et Fils en 1875, 22.rnaisons.

Mais le principal fai-t à noter dans ce canton; fait qui revêt selon nous une grande importance, est l'enquête

ù laquelle il a été procédé en 1889.

(37)

Nous nous bornons à le signaler ici, nous résen·ant d'y revenir a\·ec plus de détails dans notre dernier·

ehapitre.

A ZuRICH, la construction des habitations OU\Tières date de 1860. C'est alors que se forma la « Société par actions pour l'établissement des n1aisons ouvrière::;», ( Aktiengesellschaft /ür Erstellung von Al~beiterwoh­

nungen). Cette société a construit jusqu'en 1877, 60 maisons. Le but de cette Société était de louer et non de vendre ces maisons. Le capital primitif de la So- ciété était de 407,000 fi·., divisé en actions de 500 fr.

Les maisons construites par cette Société étaient pe- tites, gtoupées par deux avec jar·din.

En 1872 prend naissance la Société A.ktienbauverein au capital de 500,000 fr·. divisés en action de 500 fr.

Cette Société a construit 40 petites maisons avec jardin, groupées par 2 ou plus, d'un coùt de 7,500 à 17,000 fr.

En 1890 fut fondée à Zürichhorn la Genossenschaft Eigen-Heim, qui a construit 67 maisons, dont 35 ont été déjà vendues aux men1bres. Le })l'ix des rnaisons est de 23 à 29,000 fr.

Les maisons sont à 3 logements, le prix du loyer est de 300 à 650 fr.

Les fondateur·s de cette Société sont des ouvriers;

ils se sont constitués au nombre de 11 membres, à présent il y en a plus de 200.

A citer encore la Société Bau und Spal'genossen- chaft (Zurich) et la Gesellschaft lür Erstellung Ar- beiterwohnungen (Winterthur).

0n. peut constater que, dans le canton de Zurich,

· on compte 108 industriels qui ont construit des lo- . gements ouvriers.

(38)

37

BERNE. -Une société philanthr·opique de construc- tion, fondée en 1861, a élevé ~le -Quartier de la Lor- raine, composé de 1naisons de 5 types différents.

tet· : groupes de 3 maisons à 2 étages; 2me : groupes de 2 maisons à 1 étage; 3me: groupes formés d'une grande maison à un étage_; 4me et 5me : gr·oupes de 1naisons à 1 et 2 étages.

Ces in1meubles contiennent des logements à 2, 3 et 4 pièces avec jaJldin, au prix de 600 fi'. pour· les loge- ments à 4 pièces, de 300 fr. pour ceux de 3 et de 205 fi'.

pour· ceux de 2.

Cette Société a été mise en liquidation il y a quel- ques années. A la 1nême da.te a été cr·éé à Berne une autre association, connue sous le nom de Société pour la const1·uction des demeures oum·t'èr·es, au eapi- tal de 300,000 fr. divisé en 1200 actions. Cette Société , a entrepris l'ér·ection d'un nouveau quartier à la Liin- gasse~ plateaU: situé ~ntre Ie Grand rempart et la forêt de Bre1ngarten; il existait en 1884 une quarantaine de maisons avec une eentaine de petits appartements -au prix de 150 à 240 fr.

En 1889 et 1890 la n1unicipalité de la ville de Berne a décidé la construction, par la con1mune, de '86 Inai- sons ouvrières, contenant 100 appartements. Elles sont situées au Wylerfeld. Coùt 429,920 fr. L'entre- prise a fort bien réussi et en 18D6 on a décrété un nouveau crédit de fr. 130,000 pour élever 2() maison~

nouvelles.

A ScHAFFHOUSE, il s'est fO'rmé par dive-rs industriels et philanthropes de la ville une société, qui a construit.

des maisons à 6 et à 2 appartements, destinées à la classe pauvre avec. le but de revente et de transfor-

(39)

tain nombre d'années au 1noyen de faibles versements mensuels.

En 1892, par· l'initiative de la Société du Grütli. il se constitua une Société par actions au capital de 54,000 fr·., divisé eu actions de 100 fr~ On construisit en 1893 quatorze maisons, ayant chacune un jar·din.

Les maisons sont groupées par 2, mais indépendan- tes. Chaque maison contient 2 appartements, compo- sés de 3 chambres, d'une cuisine; il~, a une 1nansarde et une cave. Le prix de location de chaque apparte- ment est de 28 fr. par mois.

LocLE. - En 1855, grâce aux efforts persistants de M. Henri Grandjean, fut fondée l'Association immobi-

• lière, qui se proposa de créei' tout un quartier, appelé

le << Quartier du Progrès >>. La Société acheta un vaste

terrain et y construisit 60 maisons. Les ma.isons étaient à 3 logements, avec jardins; le peix de loca- tion était de 200 à 650 fr.

Les maisons étaient vendues ou louées.

Les affaires de la Société marchèrent mal et les constructions s'arrêtèrent aux 60 maisons.

A CHAUX-DE-FuNDs, il s'est fondé en 1868 la. Société

de construction, qui éleva jusqu'à 1877, 15 maisons, qui furent toutes louées. Plus tard on construisit en- core; cette Société vend et loue ses maisons.

Une seconde Société s'est fondée en 1870 sous le nom de Société immobilière. Cette société a con~truit

en 1875 11 maisons et 5 en 1877.

Ces bàtiments sont à un étage avec rez-de-chaussée, en tout il y a 2 pièces et cuisine.

(40)

- 39

Les appartements sont loués 130-150 fr. la pièce.

Deux chambres, avec cuisine et cabinet, coûtent 350 fr.; 3 chambres 500-600 fr. ; 4 chambres 590-700 francs.

Une ti·oisième société. l'Abeille, s'est fondée en 1876; elle a bàti des maisons, qui forment des grou- pes de quatre.

16 Inaisons furent bâties

.i

usqu'à 1.877.

NEUCHATEL. - Une Société immobilièJ'e pour la dasse ouvrière a fait construire des maisons à 2 loge- ments avec un petit jardin; le prix de location de ces logements est de 300 ù 350 fr. par an.

Sous l'influence de l\1. Russ-Suchard. il s'est formé à Neuchâtel une autre Société de construction appelée le Foyer. Elle a commencé en 1895 la construction de 7 maisons à appartements isolés. Chaque logement aura son jardin. Ces 111aisons sont destinées à être vendues au pr·ix de 7000-7500 fr. Afin d'éviteJ' toute spéculation, la maison ne peut pas être vendue avant 10 ans;

La Ct'té-Suchard présente un petit quartier de 31 logements. Chaque maison contient 2 logements in- dépendants. Les logements sont à 4 ou à 6 pièces avec cuisine, cave, bûcher et jardin. Il y a encore des maisons à 4 logements, 2 par· étage, composés d'une cuisine et de 3 pièces, et d'un cinquième logement aux mansardes avec 5 chambr·es et cuisine. Le prix du loyer est de 17 fr. 50 pour les petits logements, et de 18 fr. 50 pour les grands.

M. Petit-Pierre-Steiger, conseiller d'Etat, a· fait eonstr'uire dès 1880 à Neuchâtel 10 maisons ouvriè- res, chacune pour une seule famille.

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La ville de Neuchâtel a affecté une somme de160,000 francs en v.ue d'élever des .maisons à bon rnarché, dont elle reste propriétaire.

A LAUSANNE, les constructions ouvrières datent de 1860 ; à cette époq.ue, il se fonda une Société de eonstruction dans le but de bàtir de grandes mai- sons pouvant contenir ehacune 20 apparten1ents. Le prix de loeation de chaque appar·tement fut de 150 à 2.25 fr.; il y avait elilcore, au moins, un appartement à450-550 fr. D'abord on a bâti 5 de ees maisons, puis on en a ajouté eneore.

En 1876, il s'est fondé à Lausanne une nouvelle so- eiété de construetion, dite : Société des logements éco- nomiques. Cette société a construit des maisons con- tenant des logements de différentes catégo1·ies et pou- vant se vendre.

La troisième Société de construetion, à Lausanne, est l'association immobilière l'Abeille.

Pour donner des détails sur cette soeiété, je repro- duis ici les principaux passages d'une lettt·e de M. l'architecte Borgeaud, auteur d'un plan couronné, lettre que lVI. le Dl' lVIorax, chef du sel'vice sanitaire du canton de Vaud, a bien voulu eommuniquer à lVI. le prof. Vincent.

« Le 23 décembre 1893, s'est constituée à Lausanne

<<une Soeiété ou Association coopérative immobilière:

<< l'Abeille, ayant pour but la construction de maisons

« éconorniques destinées aux ouvriers et aux petüs

<< employés des bureaux, afin de leur procurer des ha-

« bitations saines, pratiques .et à un prix modeste. La

« création de cette société a été très bien accueillie

<< dans notre ville, et au bout de peu de temps, le nom-

(42)

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1( b1·e d'actions (de fr. 50) réunies ou plutôt souscrites,

« fut suffisant pour se mettre à l'œuvre. Des statuts

<< furent élaborés et la société inscrite au Registre du

« c0mmerce le 8 janvier 1894.

<< La Société fit l'acquisition d'un terrain situé ù

<< Choisy, à 400 m. de la gare de Lausanne-Erbalans,

<< et cela dans d'excellentes conditions sous tous le~

cc r·appol'ts; sur cet emplacement, il fut constl'uit cinq

<< maisons de 2 types différents.

« Le premier type comprend 2 maisons isolées.

<< comprenant 2 logen1ents, et le second type 3 mai-

l( sons accouplées comprenant 3 logements chacune.

« La disposition admise par le Comité pour ces mai-

« sons, diffère complètement des 1naisons ouvrières

<<de :Mulhouse, Belfort, de la Belgique ou de la Franc·e.

« Dans ces grands centres manufacturiei'S ou indus-

« triels, le type admis comprend un seul1ogement par

« maison, les habitations étant ordinairement groupées c< par quatre (ces construc_tions laissent bien ù désirer·

<< sous plusieurs rapports; toutes étaient ù peu lll'Ôs c< moditiées à l'intérieur); après avoir visité les mai-

<< sons de Mulhouse, j'ai reconnu que ce type ne pou-

<< vait s'appliquer dans notre pays, pour plusieurs

<< raisons, et qu'il fallait cher·cher une auti'e solution,

« plus en rapport avec nos usages et notre popula·-

« tion. C'est la raison pour laquelle la disposition ho-

« rizontale des appar·tements a été préférée à la dispo-

« sition verticale: a.tin d'augmenter le revenu locatif

<< de chaque immeuble, ayant plusiem·s appartements

« au lieu d'un. Ce premier essai a bien réussi et tous

«les appartements ont été loués à l'avance par les

« sociétaires, ensuite de demandes et d'un tirage au

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« sort. Le coùt d'une des maisons isolées est de 12,000

«francs, terrain à par·t. Celui d'une des maisons ac-

« couplées (3 logements) est revenu à fr. 17,000 pour

« celui du centre et environ à fr. 19,000 pour celui des

« extrémités, y compris les coulisses et travaux exté-

« rieurs, sans le terrain. Celui-ci a été payé à raison

« de 45 fr. la perche soit 5 fr. le mètre carré.

« Ce prix est encore bien élevé en comparaison de

«celui payé à l\1ulhouse (1 fr. le m. carré) 9 fr. la

<< perche. C'est le principal obstacle à la réalisation

« de cette œuvre philanthropique au pi·emier chef et à

«laquelle j'ai apporté n1on faible tribut. Sur la pat·-

<< eelle disponible, il reste la place nécessaire à 10 mai-

<< sons de moyenne dimension.

« lJn concours public d'architectes fut ouvert l'au-

<< tomne dernier par le Cornité d'association l'Ab"eille,

« pour l'étude de cette question et la présentation de (( projets.

<< A la suite de ce concour·s, H projets furent primé::).

<< Le détail de ces projets a été publié dans le journal

<< Le i~1onitew· de l'Industrie et du Bâtiment, à Genève.

<< Rédacteur: Ch. Eggimann et C(è., 3, Corraterie. dans

« les No::; 20, 21 et 22 des 1er jan vier et 15 fëvrier 1896.

((Le No 21~ du 1 et· février, donne le détail de rnon

« 3me projet.

« :Mais pour construir·e, il faut des capitaux, et l'as-

« sociation n'en a pas : ses épargnes ont été absor- (( bées entièr·ement par les n1a.isons construites, et la

<< Banque Cantonale a avancé le 80

°/

0 du coùt des tra-

<< vaux. Il faut donc trouver un nouveau plan finan-

(( cier, qui permette à cette utile institution de donner ((suite à ces projets. Espérons qu'elle réussi1·a )).

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