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ARTICLE ORIGINAL
Toxine botulique et hyperactivité vésicale idiopathique : évaluation multicentrique des pratiques en Bourgogne
Botulinium toxin and idiopathic overactive bladder: Multicentric contempory management in Bourgogne
A. Schneider
a,∗, B. Tourlonias
b, L. Cormier
a,
E. Mourey
a, N. Koutlidis
c, E. Delorme
d, J. Pasquale
d, I. Kermarec
e, A.-D. Foahom-Kamwa
f, V. Bonniaud
baServiced’urologie,CHUdeDijon,14,ruePaul-Gaffarel,21000Dijon,France
bServicedeneurophysiologieclinique,réseaudepelvipérinéologie,CHUdeDijon,14,rue Paul-Gaffarel,21000Dijon,France
cCentrehospitalierChalon-sur-Saône—William-Morey,4,rueCapitaine-Drillien,71321 Chalon-sur-Saône,France
dHôpitalprivéSainte-Marie,4,alléedeSaint-Jean-des-Vignes,71100Chalon-sur-Saône, France
eHôtel-DieuduCreusot,175,rueMaréchal-Foch,71200LeCreusot,France
fCliniquemutualisteBénigne-Joly,alléeRoger-Renard,21240Talant,France
Rec¸ule19mai2017 ;acceptéle12d´ecembre2017 DisponiblesurInternetle10janvier2018
MOTSCLÉS Hyperactivité vésicale idiopathique; Toxinebotulique; Étudedespratiques
Résumé
Introduction.—Depuis2014,latoxinebotuliquedetypeABotox® (Allergan,Inc.,Irvine,États- Unis)représenteunenouvelleoptionthérapeutiquedansletraitementdedeuxièmelignede l’hyperactivitévésicaleidiopathique.L’objectifdecette étudeétait d’évaluerlespratiques deschirurgiensutilisantlatoxinebotuliquedanscetteindication.
Matérieletméthodes.—Touslescentresd’urogynécologiedelarégionontétécontactésafin de répertorier l’ensemble des patients traités depuisl’autorisation de mise sur le marché (AMM).Lasymptomatologiedespatients,lestraitementsantérieurs,l’évaluationparaclinique, lescaractéristiquesopératoiresainsiquelesmodalitésdesuiviontétérecueillisetanalysés.
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:schneider.alexandre@live.fr(A.Schneider).
https://doi.org/10.1016/j.purol.2017.12.006
1166-7087/©2017ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
Résultats.—SixcentrespratiquaientlesinjectionsdetoxinebotuliqueAonabotulinumtoxin (BoNTA)et 5ontaccepté de participerà cetteétude permettant derecenser 97 patients.
Soixante-huitprimo-injections(70%)étaientréaliséesdanslecadrestrictdel’AMM(pollakiurie, urgenturie,incontinence).Touslespatients présentaientaumoinsdeux deces symptômes.
Dans69%descas,l’injectionde(BoNTA)étaituntraitementdedeuxièmechoixaprèséchec delaneuromodulationtibialeoudelaneuromodulationsacrée.Unbilanurodynamiqueétait effectuépour91%despatients.Larecherched’unrésidupost-mictionnelétaitobservéedans 59%descasaucoursdusuivipostopératoire.
Conclusion.—Dansnotrerégion,lesinjectionsde(BoNTA)dansletraitementdel’hyperactivité vésicale idiopathique sont majoritairement effectuées après échec de la neuromodula- tion tibiale ou de la neuromodulation sacrée. Les pratiques diagnostiques, opératoires et d’évaluationdesrésultatsdelatoxinebotuliquesontencoretrèshétérogènesplaidantpourune plusgrandestandardisationdecettenouvellethérapiedansletraitementdel’hyperactivité vésicaleidiopathique.
Niveaudepreuve.— 3.
©2017ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
KEYWORDS Idiopathicoveractive bladder;
Botulinumtoxin;
Contempory management
Summary
Introduction.—Since2014,OnabotulinumtoxinABotox®(Allergan,Inc.,Irvine,USA)represents anewtherapeuticoptionforsecond-linetreatmentofidiopathicoveractivebladder.Thepur- poseof thecurrent study was to evaluate practicesof surgeons usingonabotulinium toxin (BoNTA)inthisindication.
Materialandmethods.—Allurogynecologycentersofthecountrywereaskedinordertolist allpatientswhoweretreatedsincemarketingautorisation.Patientsymptoms,previoustreat- ments,paraclinicevaluations,dataofsurgeryandthecharacteristicsofthefollow upwere collectedandanalyzed.
Results.—SixcentersusedBoNTAandfivehaveacceptedtoparticipate.Ninety-sevenpatients havebeenidentified.Sixty-eightfirstinjections(70%)werecarriedoutwiththestrictframeworf ofthemarketing autorisation(urinaryfrequency,urinary urgency,urinaryincontinence).All patientshadatleasttwosymptoms.In69%,Botulinumtoxinwasasecond-linetreatmentafter thefailureoftibialneuromodulationorsacralneuromodulation. Urodynamicevaluationwas carriedoutfor91%ofpatients.Thesearchforapost-voidresidualvolumewasobservedfor 59%ofpatientsduringthefollowup.
Conclusion.—In ourcountry, BoNTAinjections for idiopathicoveractive bladderaremainly effectedafter tibialneuromodulationor sacral neuromodulationfailure. Diagnostic, opera- ting and outcome evaluation practices arestill very heterogeneous pleading for a greater standardizationofthisnewtherapyinthisindication.
Levelofevidence.—3.
©2017ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
L’hyperactivitévésicaleestunepathologietrèsfréquente, touchant majoritairement la population féminine [1] et concernantenviron12% dela populationeuropéenne[2].
Laprévalencedel’HAVdanslapopulationfranc¸aiseestde 14,4%etaugmenteavecl’âge[3].
L’InternationalContinenceSociety(ICS)etInternational UrogynecologicalAssociation(IUGA)définissentcesyndrome paruneurgenturieaccompagnéeounond’uneincontinence urinaire,d’unepollakiuriediurneounocturne,enl’absence d’infection urinaire ou d’autrepathologie évidente[4,5].
Cetroublefonctionnelestàl’origine d’unedévalorisation
personnelleconduisantàunealtérationdelaqualitédevie [6,7].
Le traitement de première ligne de cette hyperacti- vité vésicale idiopathique est représenté par un trépied thérapeutique: règleshygiéno-diététiques, kinésithérapie périnéaleettraitementmédical(anticholinergiqueetbêta- 3adrénergique).
Dansplusd’uncassurdeux,cetraitementmédicalsera arrêtéaucoursdessixpremiersmois[8].
En2000,BrigitteSchurchetal.rapportaientpourlapre- mièrefoislesrésultatsdel’injectionintradétrusoriennede toxinebotulique chez21patients ayant unehyperactivité vésicaleneurogène[9].
Depuis2014,latoxinebotuliquedetypeABotox®(Aller- gan,Inc.,Irvine,États-Unis)aobtenul’autorisationdemise surlemarché(AMM)pourle traitementdel’hyperactivité vésicaleidiopathique.L’objectifdes injectionsintradétru- soriennesdans cetteindication est d’êtreefficacesur les symptômestoutenmaintenantunevidangevésicalespon- tanée.
L’évaluation pré-thérapeutiquea pourbut derecueillir lessymptômesetdevaliderleurscaractèresidiopathiques [10]. Selon les recommandations de bonne pratique, un examen clinique complet, un calendrier mictionnel, un examencytobactériologiquedesurines(ECBU),uneimage- rieabdominopelvienne etunefibroscopieseraientlebilan d’évaluationstandardavanttouteinjectiondetoxinebotu- lique[11].
L’injectionintradétrusoriennedetoxinebotuliquerepré- senteactuellement,aumêmetitrequelaneuromodulation desracinessacréesetlaneuromodulationdunerftibial,un traitementdedeuxièmeligneencasd’échecdutraitement médicalbienconduit[12].
Selonuneétudes’intéressantàunepopulationatteinte d’hyperactivité vésicale idiopathiqueau Royaume-Uni,les injections intra-vésicales de toxine botulique représente- raient, par choix du patient, la dernière alternative de deuxièmeligne[13].
L’objectifdecetravailétaitd’évaluerlesmodalitéspra- tiquesdesinjectionsdelatoxinebotuliqueA,onabotulinum toxin(BoNTA)depuissonAMMdansl’hyperactivitévésicale idiopathiqueréfractaire à laprise encharge de 1re ligne, delescomparerauxrecommandationsd’utilisation[11]et d’évaluer leurplacedans l’algorithmedes traitementsde 2elignedanslarégionBourgogne.
Matériels et méthodes
Méthodologie générale de l’étude
Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique d’évaluationdespratiquesmédicales.
Touslescentresd’urologie-gynécologiedelarégionBour- gogne ont été contactés afin de connaître leur pratique ounonde latoxine botuliqueonabotulinum toxindans le cadredel’hyperactivité vésicaleidiopathique.La période d’inclusionallaitdejuin2014(datedel’extensiondel’AMM de la toxine botulique de type A Botox® (Allergan, Inc., Irvine,États-Unis)àmars2017.Touslesdossiersdespatients ayant euau moinsune injectionde BoNTA pendant cette périodeontétéanalysésdanslebutd’inclureuniquement lespatientstraitéspourunehyperactivitévésicaleidiopa- thique.
Recueil des données
Le recueil des donnéesa été effectué par un interne en urologie.Ledossiermédicalinformatiséainsiqueledossier médicalpapier ontétéconsultéspourchaque patientafin derecherchertouteslesinformationsnécessaires.
La base de donnéespermettait de réunir des informa- tionscliniquesgénérales(âge,indicedemassecorporelle, antécédents médicochirurgicaux), des informations uro- logiques précises (symptomatologie (dysurie, urgenturie,
Figure1. Répartitiondespatientsenfonctiondulieud’exercice duchirurgien.
pollakiurie, incontinence par urgenturie, à l’effort ou mixte),prised’anticholinergiqueavantinjectiondeBoNTA, essai dela neuromodulation des racines sacréesoude la neuromodulation du nerf tibial avant ou après les injec- tionsintradétrusioriennes),desinformationsconcernantles investigations paracliniques, les données urodynamiques, lesdonnéesopératoiresainsiquelesdonnéesrelatives au suividecespatients.
Résultats
Parmiles10centrescontactés,6pratiquaientlesinjections deBoNTApourhyperactivitévésicaleidiopathiqueet5ont acceptédeparticiperàcetteétude.Onretrouvaitainsiun centre hospitalier universitaire, deux centres hospitaliers régionauxetdeuxcliniquesprivées.Touslespatientsdeces centrestraitésparonabotulinumtoxindanscetteindication ontétéinclus(n=97),(Fig.1).Touslespraticiensétaient chirurgiensurologues.
Caractéristiques de la population étudiée
Lespatientsétaientà87%desfemmes(n=84)età13%des hommes(n=13).
L’âgemédianaumomentdelapremièreinjectionétait de66±16,6ans.
Quatre-vingt-dix-neufpourcentdespatientsavaientune urgenturieenpréopératoire(n=96).Unepollakiuriediurne ounocturneétaittrouvéepour 89%delapopulationétu- diée(n=85)etuneincontinenceparurgenturiechez83% despatients(n=80)avantla premièreinjectiondeBoNTA (Fig.2).
Au total, 99 % des patients (n=96) avaient essayé au moins un traitement anticholinergique avant tout traite- mentdedeuxièmeligne.
Indication opératoire
DeuxurologuesutilisaientlatoxinebotuliquedeBoNTAdans uneautreindication:traitementendoscopiquedusyndrome douloureuxvésical.
Soixante-neufpourcentdespremièressériesd’injection intradétrusoriennedeBoNTAétaientréalisésdanslecadre
Figure2. Caractéristiquesdelapopulation.
strict de l’AMM. En effet, seuls 67 patients avaient à la fois une urgenturie, une incontinenceurinaire parurgen- turie, une pollakiurie nocturne ou diurne et l’échec ou l’intoléranced’un traitement de première intention bien conduit.La duréedes symptômesétait deplus de6 mois pourtouslespatients.
Untraitementanticholinergiqueavaitétéentreprisdans 99%descas(n=96),alorsqu’uneassociationdedeuxanti- cholinergiquesavaitétéessayéedans 71%descas(n=69) (Fig.3).
Centpourcentdespatientssouffraientd’aumoinsdeux symptômescliniquessurtrois.
Place de la toxine botulique dans le traitement de deuxième ligne
La neuromodulation du nerf tibial était le traitement le plussouventproposéencasd’échecd’untraitementmédi- calbien conduit. En effet,46 % des premières injections (n=45)ontlieuaprèséchecdelastimulationdunerftibial, alorsque 23 % (n=22)ont été réalisésaprès échec dela neuromodulation des racines sacrées. Au final, le traite- mentparinjectionintradétrusoriennedeBoNTAintervenait commepremierchoixdansletraitementdedeuxièmeligne del’hyperactivitévésicaleidiopathiquedans 23% descas (n=22), comme deuxième choix pour 69 % des patients (n=67) etendernierrecourspour 8% despatients(n=8) (Fig.4).
Place du bilan paraclinique préopératoire
Un examen d’imagerie abdominale (échographieou scan- ner)étaitdisponiblepourtouslespatients(n=97).Unbilan urodynamique(BUD)étaitréaliséavanttouteinjectiondans 91%descas(n=88)etaprèslapremièreinjectiondans3% descas.
Uneendoscopievésicalefaisaitpartiedubilanpour96% despatients(n=93).
Figure3. Traitementmédicaldepremièreligneethabitudesde prescription.
Quarante-septpourcentdespatientsavaientrempliun calendriermictionnelenpréopératoire.
Une consultation dédiée à l’apprentissage des auto- sondagesétaitexécutéepour26%despatients(n=25).
Un questionnaire spécifique des symptômes urinaires (Urinary Symptom Profile [USP®], Mesure du Handicap Urinaire[MHU])était complété dans41 %des cas enpré- opératoire(n=40).
Figure4. Stratégiethérapeutiquededeuxièmeligne.
Figure 5. Posologie BOTOX® en fonction de la répétition des injections.
Technique opératoire
Quatre-vingt-dix pour cent des primo-injections (n=87) étaientréalisésàladosede50UnitésBOTOX®,6%(n=6)à 100UnitésBOTOX®et4%(n=4)àplusde150UnitésBOTOX® d’emblée(Fig.5).
Autotal,84%desopérateurs(n=81)injectaientlatoxine en2Opointscontre16%en30points(n=16),etcelapeu importeladoseemployée.
Lessitesd’injectionconcernaientlabarreinter-trigonale pourdeuxpatients(2%).
Lorsqu’une deuxième série d’injections était program- mée,ladosede100UnitésBOTOX® étaitutiliséedans59% descas(n=24)contre27%descaspour50UnitésBOTOX® (n=11).
Lors d’une éventuelle troisième injection, la dose employéeétaittrèshétérogèneetdépendaitdel’évolution duprofilderéponsedupatientàlatoxinebotulique(50à 300UnitésBOTOX®).
Les injections de toxine avaient lieu sous neurolepta- nalgésiedans 69% descas (n=67), sousanesthésielocale (instillationintra-vésicaled’unmélangedelidocaïne1%et debicarbonatesà14‰)pour20%despatients(n=19),et demanièreplusrare,sousanesthésiegénérale(n=9)etsous rachi-anesthésie(n=2).
Évaluation postopératoire
Touslespatientsétaientrevusaucoursdes15premiersjours afindevérifier l’absencedecomplicationspostopératoires immédiates(rétention,infectionurinaire,hématurie).
Une consultation de suivi (après la première consulta- tionpostopératoire)étaitréaliséeenmoyenneàdeuxmois (2±2,2). La recherche d’un résidu post-mictionnel (RPM) étaitobservéedans59%descas(n=57)aucoursdecette consultation.Une débitmétrie étaitréaliséepour 7 % des patients(n=7).
L’évaluation des résultats fonctionnelssebasait surun interrogatoire et, dans un tiers des cas, sur des auto- questionnaires(n=33).
Discussion
Cetteétudeestànotreconnaissancelapremièreàévaluer lespratiquesdeschirurgiensdanslagestionetl’utilisation de la toxine botulique A Botox® (Allergan, Inc., Irvine, États-Unis)dansl’indicationdel’hyperactivitévésicaleidio- pathique. Elle soulève un certain nombre de points de différence dans la gestion diagnostique et thérapeutique decettepathologie,soulignantdoncl’importancedepour- suivrecegenred’évaluationscientifiqueafind’obtenirune pratiquelaplusstandardiséepossible.
L’AMMdelatoxinebotuliquedetypeABotox® (Allergan, Inc.,Irvine, États-Unis)aétévalidéepour unepopulation ayantunehyperactivitévésicaleidiopathiqueassociantune urgenturie,uneincontinenceurinaireparurgenturie(trois épisodespendant troisjours), unepollakiurie (nombrede mictions≥8parjour)etréfractaireauxanticholinergiques (après3moisdetraitement, ouintolérante autraitement anticholinergique)etàunekinésithérapiebienconduite.
Undesrésultatsimportantsdenotreétudemontreque cettemoléculeestutiliséedans 30%descas dèslorsque deuxsymptômessurtroissontprésents.Prèsd’untiersdes primo-injections est doncréalisé en «extension d’AMM » quandleclinicienjugelasymptomatologieassezsévèrepour avoirrecoursàcetraitement.Lesscoresdesymptômesont étéutilisésdans41 %sans notiondeseuilà partirduquel lescored’HAVétaitsuffisammentsévèrepourproposerces injections.
La contre-indication à un traitement pharmacologique depremièrelignepourraitfaire delatoxinebotuliqueun traitement de recours plus précoce. Dans notre enquête, cette thérapeutique est réservée, dans la grande majo- rité des cas, aux échecs du traitement anticholinergique (absenced’efficacitéouinterruptiondutraitementdufait d’effetsindésirables).Iln’apasétépossiblededéfinirdans notreétude lemotifde passageàune deuxièmelignede traitement(échec oueffetssecondaires trop importants).
Selon Markovey etal., l’efficacité de la toxine botulique serait supérieure en cas d’arrêt des anticholinergiques à cause d’effets secondaires trop invalidants, ce qui pour- rait guider le choix du premier traitement de deuxième ligne [14]. D’autres thérapeutiques avaient été essayées avant la plupartdes primo-injections detoxine botulique (neuromodulationdunerftibialdans46 %descas, neuro- modulationdes racinessacréesdans 23 %des cas). Enfin, dansnotre étude,nous n’avons paspuprécisersi, encas d’échecoud’intoléranceau traitementanticholinergique, letraitementsympathomimétiqueparmirabegronavaitété prescrit.
Les recommandations publiées en 2013 précisent que le rôle du bilan pré-injection est de valider le caractère
idiopathique de l’hyperactivité en écartant toute autre étiologie[11].Cebilandevraitcomprendre auminimum: une évaluation clinique complète, une débitmétrie, un ECBUetuneéchographiedel’appareilurinaireavecmesure duRPM.L’endoscopievésicaleestégalementrecommandée etest àréaliser immédiatementavant lesinjections[11].
Un des résultats principaux de cette étude est que la majoritédesutilisateursrespectaitcetterecommandation hormispourlecalendriermictionnelquiétaitréalisémoins d’unefoissurdeux(47%).Cedernierapourbutdeconfir- merle diagnosticcliniquedel’hyperactivitévésicale avec lenombreetlevolumedesmictions,lenombred’épisodes d’urgenturieavecousansfuite,levolumeurinéquotidien.
BienquelaplaceduBUDauseindecettepriseencharge diagnostiquen’aitjamaisfaitl’objetd’unconsensus[11],sa réalisationétaitgrandementmajoritaire(91%).Ilapourtant étédémontréquel’association d’une hyperactivitédétru- sorienneau syndromecliniqued’hyperactivité vésicale ne modifiaitpaslaréponseautraitement[15].
Alors quel’apprentissage des auto-sondages neconsti- tuepasunprérequisavantlapremièreinjectiondetoxine botulique,cela étaitréalisédans 26 %des casdans notre étude.Chaque patientdevrait être prévenu du risquede rétentionpostopératoire.Ce risqueévolueenfonctionde ladose injectée[16]etpourraêtrecontrôléens’assurant delafaisabilitéetdel’acceptabilitédel’auto-sondagepar unPencilandPaperTest(PP-Test)[17].
Lesinjections de BoNTAapparaissent majoritairement, dans cette série, comme un traitement de deuxième intention parmi les traitements de deuxième ligne de l’hyperactivitévésicaleidiopathiquealorsquelaneuromo- dulation du nerf tibial semble avoir pris les devants au seinde lapremière ligne thérapeutique «mini invasive » employée.
Parailleurs,cetteétuderévèleuneassezgrandehomo- généité en ce qui concerne la technique opératoire. Les chirurgienssuiventainsilesrecommandationsdereconsti- tutiondelatoxineenréalisant10à20injectionsde0,5à 1mL.
De plus, les praticiens participant à cette étude ont l’expérience des ré-injections de toxine botulique. Ils s’appuient probablement sur plusieurs études de phase 3 ayant démontré la sûreté et l’efficacité de cette pra- tique[18—21].Lanotiond’adaptationdesdoseslorsdela ré-injectionn’obéitpasàunestratégieprédéterminée.Ce manquedestandardisationestpointédudoigtdanslalitté- rature[22].
Ilétaitmisenévidencequelaréalisationd’unemesure d’unrésidupost-mictionneletd’unedébitmétrien’étaitpas systématique dans notre étude alors que le taux d’auto- sondages peut aller jusqu’à 13 % avec une injection de 100Unités BOTOX® [16]. Ladécision dedébuterlesauto- sondagessebasepourtantlargementsurcesdeuxcritères [11].
Undesenjeuxdecettepathologiefonctionnelleestde jugerdelamanièrelaplusobjectivepossiblelesrésultats destraitementsentrepris.
Il apparaît dans notre étude que des outils comme le calendrier mictionnel (dans le dossier patient dans 47 % des cas) ou les auto-questionnaires spécifiques (seuls des questionnairesde symptômes ont été utilisés, et ce dans
41%)nefontpaspartiedelapratiquecourante.En2015, Gaméetal.estimaientpourtantquelecalendriermiction- nelétaituncritèredechoixpourévaluerefficacementce nouveautraitement[10].Uneconsultationd’évaluationde l’efficacité est recommandée dans les3 moissuivant une premièreinjection.L’objectifest,d’unepartderechercher une rétention, etd’autrepart d’évaluer le bénéfice chez lepatient.Cetteévaluationdoitcomporter:uncalendrier mictionnel,unedébitmétrie,unemesureduRPMetunECBU [11].Néanmoins,cesmesuresnereflètentpasleretentisse- mentvécuparlepatient.Ellessontunguidepourlapriseen chargethérapeutique,maisnepermettentpasdeprendre encomptelaperceptiondupatient.Danscettepathologie fonctionnelle,l’évaluationdelagêneet/oudelaqualitéde viepourraitêtred’autantplusintéressantequelesétudes ontlargementdémontréquelasévéritédessymptômesuri- nairesn’étaitpasproportionnelleàl’impact surlaqualité deviedupatient[23].
Cetteétudecomporteuncertainnombredelimitesqu’il convient desouligner. Tout d’abord, ellen’a pas réussi à incluredemanièreexhaustivetouslescentresdelarégion Bourgognepratiquantlesinjectionsintradétrusoriennesde BoNTAdanscetteindication.Eneffet,uncentreavecune expériencemixte(urogynécologie)n’apassouhaitépartici- perànotreenquête.
Deplus,touslespatientsontétéprisenchargepardes urologues, ce quia pu faussementhomogénéiser certains résultats. Néanmoins, notre enquête souligne de grandes disparités entreles centresmalgrél’existence derecom- mandations actuelles (sites d’injection, nombre depoints d’injection, les modalités d’anesthésie, l’adaptation des doseslorsdelaréinjection)etdesquestionsquirestenten suspenstellequel’injectiondutrigoneounon,l’injection delamusculeuseoudelasousmuqueuse...
Enfin, notre étude met en évidence la nécessité de travailler sur un protocole consensuel chez les praticiens bourguignons vis-à-vis de points importants tels que les infectionsurinairesetl’antibioprophylaxie,lafaisabilitéet l’acceptation del’auto-sondage,le bilaninitialetle suivi postopératoireainsiquelaremised’uneinformationécrite aupatientnonseulementavantmaisaussiaprèsl’injection.
Conclusion
Cetteétudeest,ànotreconnaissance,lapremièreàévaluer lespratiquesfranc¸aisesàl’échellerégionaledel’utilisation delatoxinebotuliquedetypeAonabotulinumtoxindansle cadredel’hyperactivitévésicaleidiopathique.Elleapermis demettreenévidenceuncertaindegréd’hétérogénéitéau sein deplusieurs aspectspratiquesde la gestion diagnos- tiqueetthérapeutiquedecettemoléculedepuissonAMM.
L’harmonisation des pratiques permettra d’aider le prati- ciendansseschoixthérapeutiquesetdelimiterlesrisques liésaumauvaisusagedutraitement.
Déclaration de liens d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeliensd’intérêts.
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