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TURQUIE : FICHE PAYS JANVIER 2022

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BPIFRANCE | DIRECTION DE L’EVALUATION DES ETUDES ET DE LA PROSPECTIVE - FICHE PAYS TURQUIE | 01/2022

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Direction Evaluation, Etudes et Prospective

TURQUIE : FICHE PAYS – JANVIER 2022

SYNTHÈSE :

STRUCTURE DES ÉCHANGES

Catégorie OCDE (2022) :5/7

Notes agences (S&P / Moody’s / Fitch) : B+ / B2 / BB- Change : Livre turque (TRY) / Régime de change flottant

Horizon de l’objectif de neutralité carbone : -21 % d’émissions carbone d’ici 2030

Évolution des risques : Négative

Environnement macroéconomique et financier :

Vulnérabilité de la croissance : Un soutien monétaire et budgétaire prolongé a favorisé un très vif rebond de l’activité en Turquie en 2021 (+9 %). Cependant, cette reprise s’est accompagnée du creusement de certains déséquilibres (inflation, chute de la livre, crédibilité de la Banque centrale). Les perspectives de croissance (+3,3 % en moyenne d’ici 2026, selon le FMI) resteraient soumises à des risques non négligeables (spirale inflationniste, endettement élevé des entreprises, risque de change).

Vulnérabilité des comptes publics : Si le niveau d’endettement public est très modéré (37,8 % du PIB), la détérioration de la structure de la dette (change, baisse de la maturité moyenne, poids croissant des intérêts) constitue une source de fragilité.

Vulnérabilité extérieure : Malgré la réduction du déficit courant et la progression des réserves de change, le pays fait face à une dépréciation de la monnaie. La dette externe étant notamment exposée à un risque de change significatif et à un risque de refinancement.

• Vulnérabilité du secteur bancaire : La gestion des prêts non performants s’avèrera clé pour éviter de peser sur la solvabilité, particulièrement celle des banques publiques. Le secteur bancaire fait également face à un risque de refinancement sur sa det te externe. Point positif : les ratios de liquidité se redressent et les actifs liquides couvrent les engagements de court terme.

Environnement politique et gouvernance :

Stabilité socio-politique : En vue des élections de 2023 (présidentielles et législatives), un soutien renforcé à l’emploi et au pouvoir d’achat pourrait être envisagé par les autorités, dont la cote de popularité est en baisse. Par ailleurs, les relations diplomatiques restent tendues avec l’Union Européenne, l’Arabie Saoudite, l’Egypte ou encore les Etats-Unis.

Climat des affaires : Malgré des améliorations, l’environnement des affaires n’offre que peu de certitudes aux investisseurs étrangers, en raison d’une gouvernance médiocre selon la Banque Mondiale

Environnement et politique du climat :

Vulnérabilité climatique : La Turquie a finalement ratifié les Accords de Paris en 2021. Par ailleurs, la Turquie s’engage dans la transition écologique et énergétique en développant notamment les ENR. Le risque physique est relativement modéré, à l’instar du risque de transition.

FORCES

Positionnement géographique stratégique

Economie diversifiée

Endettement public faible

FAIBLESSES

Déficit courant chronique et forte dépendance aux sources de financement externes

Endettement externe privé élevé

Tensions inflationnistes

Environnement politique et géopolitique tendu

Principaux partenaires commerciaux + France

Exportations Importations

1 Allemagne 9,5% 1 Chine 10,6%

2 Royaume-Uni 6,8% 2 Allemagne 9,7%

3 Iraq 5,5% 3 Russie 9,3%

4 Italie 5,3% 4 Etats-Unis 5,4%

6 France 4,3% 6 France 3,5%

Sources : CNUCED

Part moyenne des échanges de marchandises entre 2015 et 2019 (% du total)

Principaux produits échangés

Exportations Importations

Voitures 15,9% Combustibles 19,3%

Machinerie méca. 9,4% Machinerie méca. 11,6%

Fonte, fer, acier 6,9% Fonte, fer, acier 8,3%

Vêtements 5,4% Machinerie élect. 7,4%

Machinerie élect. 5,2% Voitures 6,2%

Sources : ITC

Part des échanges de marchandises en 2019 (% du total)

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TABLEAUX DES PRINCIPAUX INDICATEURS

TURQUIE

2017 2018 2019 2020 2021 (e) 2022 (p) STRUCTURE ECONOMIQUE

PIB (Mds USD, courant) 859 780 761 720 796 845

Rang PIB mondial 17 19 19 20 21 22

Population (Mns) 80,8 82,0 83,2 83,6 84,6 85,6

Rang Population mondiale 19 19 18 18 18 17

PIB / habitant (USD) 10 629 9 508 9 146 8 610 9 407 9 864

Croissance PIB (%) 7,5 3,0 0,9 1,7 9,0 3,3

Inflation (moyenne annuelle, %)**** 11,1 16,2 15,4 12,3 19,4 25,3

Part exportations manufacturées (% total exp.)* 76,8 79,6 78,2 NA NA NA

FINANCES PUBLIQUES

Dette publique (% PIB) 28,0 30,2 32,7 39,8 37,8 37,9

Solde public (% PIB)** -2,2 -3,8 -5,6 -5,3 -3,5 -1,9

Charge de la dette publique (% recettes budg.)* 6,9 9,1 7,9 NA NA NA

POSITION EXTERNE

Solde courant (% du PIB) -4,8% -2,8% 0,9% -5,2% -2,4% -1,6%

IDE (% du PIB)*** 1,0% 1,2% 0,8% 0,6% 0,7% 0,8%

Réserves (en mois d'importation B&S)*** 4,6 4,0 4,5 2,8 2,9 3,3

Dette extérieure totale (% PIB)** 53% 55% 55% 60% 56% NA

Dette extérieure CT (% PIB)** 14% 12% 13% 16% 16% NA

Taux de change** 3,9 5,3 5,7 7,0 8,9 NA

SYSTÈME BANCAIRE

Fonds propres / actifs pondérés** 16,85 17,3 18,4 18,7 NA NA

Taux de NPL** 2,8 3,7 5,0 4,2 3,6 NA

ROE** 18,9 17,0 12,8 13,7 NA NA

SOCIO-POLITIQUE

Rang gouvernance Banque Mondiale (214 Pays)* 130 138 137 141 NA NA

Rang doing business (190 pays)* NA NA NA 33 NA NA

CLIMAT

Rang émissions de CO2 par hab. (145 pays)a 55 55 NA NA NA NA

Rang ND-Gain (181 pays)b 33 34 36 NA NA NA

Rang politique climat (58 pays)c NA NA 56 56 55 NA

Légendes : (e) estimations ; (p) prévisions. Sources : FMI (WEO Octobre 2020), *Banque Mondiale,**CBRT/MoF, ***Oxford Economics,****Fitch, a : Agence Internationale de l'Energie, b : Notre Dame Global Adaptation Initiative, c : Germanwatch

Agriculture;

6,4%

Secteur manufacturier;

18,3%

Electricité, gaz &

eau; 2,43%

Construction;

5,40%

Transport &

communication;

11,17%

Commerce; 12,4%

Services financiers; 3,2%

Services publics; 8,3%

Hotel et restauration…

Immobilier;

6,5%

Autres; 22,5%

Turquie : part des secteurs dans le PIB (2019)

Sources : TSI

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1. SITUATION ECONOMIQUE

Fort ralentissement en 2020

En 2020, la Turquie était un des rares pays dans le monde à enregistrer une croissance positive (+1,7 %), portée par la demande interne. Les mesures sanitaires ont provoqué un repli de l’activité au S1 2020 (-3 % en GA), avant une reprise en V au S2 2020 (+6,3 %) dans un contexte de stimulus fiscal important (11,5 % du PIB) et de hausse du crédit bancaire (+42 % en m.a en 2020).

Ce soutien a été assuré par des entités parapubliques (fonds de garantie publique KFG, fonds souverain TWF) tant à destination des entreprises (prêts bonifiés pour le tourisme, la construction et l’énergie) que des ménages (crédits à la consommation : + 40 % en 2020).

Rebond très soutenu en 2021

La croissance du PIB aurait atteint près de +9 % en 2021. Au-delà d’un effet de base positif au T2 2021, l’activité a été portée par le rebond de la consommation privée et des exportations nettes. La consommation a bénéficié du prolongement du soutien budgétaire, et du relâchement rapide des mesures sanitaires à partir de mai 2021, tandis que la reprise des activités de tourisme depuis le T3 2021 ont stimulé les exportations.

Une demande soutenue et des mesures sanitaires plus souples ont favorisé un important rebond des activités de service et une croissance soutenue de l’industrie (respectivement +24 et +20 % sur les trois premiers trimestres en évolution sur un an). La Turquie semble avoir pleinement renoué avec sa dynamique d’avant crise. A ce titre le taux d’utilisation des capacités dans le secteur manufacturier a dépassé sa moyenne historique dès le T2 2021. Par ailleurs, les enquêtes de confiance révèlent des intentions d’investissement à un an orientées à la hausse, hors secteur de la construction.

En fin d’année, le poids de l’inflation dans un contexte de chute de la livre (cf. sous partie ci-contre) a néanmoins pesé sur le niveau de confiance des consommateurs, s’inquiétant pour leur pouvoir d’achat.

Déséquilibres profonds et surchauffe Si les nombreux risques baissiers associés aux prévisions pour 2021 (inflation, vulnérabilité externe, endettement privé, risque bancaire) ont globalement peu pesé, cette activité très soutenue l’a été au prix du creusement des déséquilibres. Des signaux de surchauffe, assez similaires à ceux observés en 2017 et qui avaient précédé la crise de change de 2018, se manifestent clairement : inflation incontrôlée (36,1 % en décembre 2021), chute vertigineuse de la livre (ytd : -44

% face à l’USD en 2021) et perte de crédibilité de la Banque centrale (CBRT).

La hausse des prix des matières premières pèse sur les prix à la production (+43 % en m.a en 2021) qui, même partiellement répercutées sur les prix à la consommation, provoquent une hausse de l’inflation dans les secteurs des transports, des énergies et de l’alimentaire. De plus, ces tensions sont amplifiées par la dépréciation de la livre, générant de l’inflation importée.

Par ailleurs, la forte reprise de la demande est alimentée en partie par la dynamique du crédit bancaire (crédit à la consommation : +27 % en 2021), contribuant ainsi à accroitre les pressions à la hausse sur les prix.

La CBRT a d’abord procédé à un resserrement de sa politique monétaire entre le T3 2020 et le T2 2021 (hausse de + 1075 pdb du taux repo à 7 jours) avant de rompre avec cette politique, cédant aux pressions du Président R.T Erdogan, et a réduit les taux de 500 pdb à partir de septembre 2021. Le consensus table sur une nouvelle réduction de 100 pdb au S1 2022.

Une baisse des taux allègerait les difficultés de remboursement des entreprises (leur endettement représente 69 % du PIB) et soutiendrait la dynamique du crédit bancaire pour continuer de stimuler l’activité.

Toutefois, cette politique précipite la chute de la livre (TRY), renforçant la spirale inflation-dépréciation. Dans un tel contexte, un rapprochement de l’inflation de sa cible de +5 % est largement compromis (les anticipations d’inflation à 1 an sont proches de +20 %, +14 % à 2 ans).

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

Q4 2019 Q1 2020 Q2 2020 Q3 2020 Q4 2020 Q1 2021 Q2 2021 Q3 2021

Turquie : contributions au PIB

Consommation privée Investissement public FBCF Exportations nettes Var. des stocks PIB

Sources : TSI, Refinitiv GA%

0 4 8 12 16 20 24 28 32 36

08/2015 05/2016 02/2017 11/2017 08/2018 05/2019 02/2020 11/2020 08/2021

Turquie : évolution de l'inflation Inflation

Anticipations inflation à 1 an

GA %

Sources : CBRT, Refinitiv

Zone cible CBRT

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Décélération de l’activité

La croissance du PIB serait comprise entre +3 et +4,4 % en 2022, selon les différents instituts de prévisions.

La croissance de la consommation privée (59 % du PIB) serait, malgré la hausse de 50 % du salaire minimum, freinée par le chômage (11 %) et une inflation persistante qui pèse sur la confiance et érode le pouvoir d’achat.

L’investissement privé devrait tirer profit du contexte de taux d’intérêt plus bas et se montrer dynamique à court terme mais les perspectives de resserrement monétaire à terme, exacerbées par le nouvel épisode de forte dépréciation, pourrait rendre les entreprises prudentes.

Selon le FMI, la croissance moyenne serait de +3,3 % à horizon 2026.

Un système bancaire exposé

En 2020-2021, la hausse du crédit a généré une hausse de la profitabilité du secteur bancaire et les marges nettes sur intérêt ont progressé. Toutefois, le secteur bancaire reste particulièrement exposé, surtout les banques publiques. La dégradation de la qualité des portefeuilles de prêts expose les banques à un risque de solvabilité. Pour y faire face, le TWF devrait procéder à des injections de capital dans les banques publiques. La gestion des prêts non performants (NPL, 3,2 % des prêts totaux fin 2021), post levée des mesures de report de remboursement, reste un sujet de préoccupation pour lequel les autorités envisagent un plan de titrisation.

Les ratios de liquidités se sont redressés en 2021. Par ailleurs, la forte dynamique des dépôts bancaires (+6 % en m.a en 2021), notamment en devises (+13 %) limitent les risques de stress sur la liquidité.

Le secteur est de nouveau exposé à un risque de refinancement (un taux de rollover inférieur à 100 %). Si par le passé les banques ont toujours accédé aux sources externes de financement (souvent à des taux plus élevés), le niveau de rentabilité des banques turques devient moins attractif (inférieur à l’inflation) et le pays devrait subir le resserrement des conditions financières extérieures (cf. Partie 3).

2. FINANCES PUBLIQUES

Des marges de manœuvre

Dans un contexte de reprise de l’activité, l’important rebond des recettes publiques a compensé la hausse des dépenses (respectivement +36 % et +21 % en évolution sur un an sur les trois premiers trimestres 2021). Cependant, les dépenses liées aux intérêts ont tendance à rapidement augmenter (+23 %). Le déficit public se serait redressé pour atteindre -3,5 % du PIB en 2021.

Le gouvernement compte renforcer la discipline budgétaire dès 2022 (cible de déficit de -1,9 % du PIB).

Des doutes subsistent quant à la capacité du gouvernement à rapidement réduire le déficit, sachant que les prochaines élections se tiendront en 2023. Les autorités pourraient être incitées à accentuer les dépenses pour soutenir l’activité.

Dégradation de la structure de la dette La dette publique affiche un niveau certes modéré (37,8

% du PIB en 2021) mais qui ne prend pas en compte des éléments hors bilan (sous forme de garanties publiques et des engagements dans le cadre de PPPs), qui pourraient peser. Selon la DG Trésor, ces engagements hors bilan représentent 25 % du PIB en 2020.

A 58 % libellée en devises, la dépréciation de la livre constitue une menace sur la dynamique de la dette externe. La maturité moyenne de la dette obligataire se réduit rapidement, passant de 6,4 ans en 2018 à 3,2 ans en 2021, renforçant le risque de refinancement. Les rendements obligataires ont augmenté et sont très élevés (taux à 10 ans de 20 % fin 2021). La dégradation de la structure de la dette a mené les agences à abaisser la note souveraine de la Turquie.

3. POSITION EXTÉRIEURE

Redressement du solde courant en 2021 Après un creusement en 2020 (-5,2 % du PIB), le déficit courant s’est réduit en 2021 (-2,4 % du PIB), en raison du fort rebond des exportations (+40 % en m.a, contre +26 % pour les importations), particulièrment dans les services (les recettes touristiques au T3 2021 représentait 81 % de celles du T3 2019 contre seulement 29 % au T3 2020), a permis de dégager un excédent courant fin 2021. Le FMI table sur une réduction du déficit courant en 2022 (-1,9 % du PIB), où la hausse des exportations (bénéficiant d’une hausse de leur compétitivité-coût avec une livre affaiblie) viendrait compenser celle des importations.

Une dette externe exposée

Les déficits courants ont été jusqu’à présent majoritairement financés par des émissions d’eurobonds

0 20 40 60 80 100

Q4 2013 Q1 2014 Q2 2014 Q3 2014 Q4 2014 Q1 2015 Q2 2015 Q3 2015 Q4 2015 Q1 2016 Q2 2016 Q3 2016 Q4 2016 Q1 2017 Q2 2017 Q3 2017 Q4 2017 Q1 2018 Q2 2018 Q3 2018 Q4 2018 Q1 2019 Q2 2019 Q3 2019 Q4 2019 Q1 2020 Q2 2020 Q3 2020 Q4 2020 Q1 2021 Q2 2021 Endettement bancaire privé en Turquie

Ménages Entreprises non financières

Sources : BRI

% PIB

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et des flux d’investissement volatils, tandis que les IDE restaient limités (inférieurs en % du PIB à la moyenne de pays d’Europe orientale). La part de la dette externe à court terme reste élevée (28 % du total, soit 15,7 % du PIB) et le resserrement des conditions de financement en 2022 sur la scène interntionale (surtout si le calendrier de hausses des taux aux Etats-Unis se confirme en 2022) pourrait peser sur les conditions de refinancement des entreprises et des banques turques.

Dépréciation de la livre

La perte de crédibilité de la CBRT alimente la défiance des investisseurs vis-à-vis de la livre et des titres libéllés en livre. La reconstitution des réserves de change au S2 2021 (+77 % en GA) a offert de nouvelles marges de manœuvre à la CBRT. Cette dernière multiplie les actions pour soutenir la TRY : interventions sur le marché des changes, plafonnement des opérations de swap en devises des banques commerciales, garanties sur les dépôts en TRY (une annonce qui a permis de corriger partiellement la dépréciation fin 2021). En 2022, la TRY sera exposée de nouveau à une forte volatilité, avec des risques de sorties de capitaux liées aux arbitrages d’investissement consécutifs au resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis.

Malgré un rebond, les réserves de change ne couvrent que 2,9 mois d’importations, un niveau faible. De plus elles sont artificiellement dopées par des opérations de swaps avec les banques commerciales turques, soit des réserves non mobilisables. Les réserves nettes de change (hors swap et stock d’or) ont été à plusieurs reprises négatives depuis 2019, dès lors les risques de vulnérabilité extérieure restent très significatifs.

4. ASPECTS POLITIQUES ET GOUVERNANCE

L’AKP à l’épreuve de la nouvelle crise de change À la suite du référendum en 2017, la Constitution a été modifiée afin d’adopter un modèle où les pouvoirs présidentiels ont été renforcés. L’élection présidentielle de 2018 a vu R.T. Erdogan l’emporter tandis que l’AKP (le parti du Président) a fini en tête des élections législatives la même année et forme une coalition avec le parti nationaliste MHP. L’AKP fait depuis face à une baisse de sa popularité (perte aux municipales d’Istanbul, Ankara et Izmir en 2019) et baisse dans les sondages face aux socio-démocrates du CHP et au nouveau parti nationaliste IYI. La gestion de l’après-crise (emploi, pouvoir d’achat, croissance) s’avérera décisive pour l’AKP afin de préparer les élections prévues en 2023 (Présidentielles et législatives).

Relations tendues avec les Etats-Unis et l’UE Les relations diplomatiques se sont dégradées avec les pays de l’ouest (détention d’un pasteur américain en 2018, sanctions américaines contre des ministres turcs, droits de douane doublés à 50 % sur l’acier turc, scandale de Halkbank accusée de contournement des sanctions vis-à-vis de l’Iran, tensions en Méditerranée, etc.) mais également avec l’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Russie. Le nouveau Président des Etats-Unis J. Biden a clairement affiché sa position vis-à-vis de la Turquie, peu favorable à la politique de R.T Erdogan. Une hausse du risque politique se traduit généralement en Turquie par de nouvelles pressions baissières sur la TRY (pour rappel, le risque politique a été un des éléments déclencheurs de la crise de change en 2018).

Une gouvernance en berne

La Turquie est classée 33e au Doing Business 2020. Les indicateurs de gouvernance de la banque mondiale révèlent néanmoins des fragilités (corruption, système juridique), un frein pour attirer des IDE.

5. CLIMAT ET ENVIRONNEMENT

La Turquie a finalement ratifié les Accords de Paris en 2021. Elle s’était déjà engagée à réduire de -21 % ses émissions carbones d’ici 2030. La Turquie cible une augmentation de la part des ENR (solaire et éolien) de 15 % en 2015 à 39 % dans son mix énergétique d’ici 2023. Selon Climate Action Tracker, la Turquie connait les coûts d’énergie solaire les plus faibles au monde.

Sur ces dernières années, les émissions de GES ont accéléré (+4,1 % en moyenne en 2014-2018 contre +3,4 en 2010-2014).

Le niveau de risque physique et de transition est faible à modéré avec de scores relativement favorables au NDGain (alimentaire, santé et habitat).

5 7 9 11 13 15 17 19

01/2020 02/2020 03/2020 04/2020 05/2020 06/2020 07/2020 08/2020 09/2020 10/2020 11/2020 12/2020 01/2021 02/2021 03/2021 04/2021 05/2021 06/2021 07/2021 08/2021 09/2021 10/2021 11/2021 12/2021 01/2022

Dépréciation de la livre turque face à l'USD et l'Euro

USD / TRY EUR / TRY 1 USD = TRY / 1 EUR = TRY

Sources : CBRT, Refinitiv Dépréciation

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D

IRECTION DES

E

TUDES

,

DE L

’E

VALUATION ET DE LA

P

ROSPECTIVE

Baptiste Thornary Responsable Pôle Conjoncture Macroéconomie Risque pays baptiste.thornary@bpifrance.fr

Economie Internationale et Risques Pays

Anne-Sophie Fèvre Afrique de l’Ouest, Afrique australe, CEI & Russie as.fevre@bpifrance.fr Adriana Meyer Amérique Latine, Asie du Sud & Inde, Afrique de l’Est adriana.meyer@bpifrance.fr Victor Lequillerier MENA, Turquie, Chine, ASEAN victor.lequillerier@bpifrance.fr

Global trends, Pays Développés, Conjoncture France

Sabrina El Kasmi Responsable /Global trends, Pays développés, pétrole sabrina.elkasmi@bpifrance.fr Laetitia Morin Macroéconomie France, Europe, conjoncture PME laetitia.morin@bpifrance.fr Thomas Laboureau Macroéconomie France, conjoncture ETI Thomas.laboureau@bpifrance.fr

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