CROISSANCE DES TISSUS DU RAT
ET QUALITÉ DES PROTÉINES ALIMENTAIRES;
INFLUENCE SUR LE NOMBRE
ET LA TAILLE DES CELLULES
G. DURAND, G. FAUCONNEAU Éliane PENOT Noëlle BOURGEAUX
Laboratoire des Métabolismes,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
SOMMAIRE
La croissance de la carcasse, de l’intestin grêle et du foie de rats nourris, les uns avec des pro- téines de mauvaise
qualité (gluten
deblé),
les autres avec desprotéines
de bonnequalité (farine
dehareng),
a été étudiée en utilisant les tests suivants :. mesure des variations de la teneur en acide
désoxyribonucléique (DNA),
dont laquantité
est
porportionnelle
au nombre de noyaux, ou par extension au nombre de « cellules » ; ;* mesure des variations du rapport :
poids frais/DNA, proportionnel
aupoids,
donc à la « tailledes cellules N ;
. mesure des variations de certains aspects de l’activité ceimiaire,
exprimées
par les varia- tions des rapports acideribonucléique (RNA)/DNA
etprotéines/DNA.
Il est montré que les cellules des tissus et organes des animaux carencés sont moins nombreuses,
donc
plus grandes,
etgénéralement plus
riches enprotéines
que celles des tissus et organes corres-pondants
et de mêmepoids,
provenant d’animaux normaux.Il apparaît également que, dans le cas des organes et tissus provenant des animaux carencés,
l’augmentation
du nombre des cellules estplus
étalée dans le temps, et demeureplus longtemps
le facteur
principal
de la croissance.INTRODUCTION
Dans une
précédente publication (D URAND
etal., 19 6 5 a),
l’étudebiochimique
de la croissance de la « carcasse n, de l’intestin
grêle
et du foie du rat avait été envi-sagée,
en fonction del’âge
del’animal,
sous les deuxaspects
suivants :a)
L’évolution du nombre et de la taille des cellules etl’influence respective
dechacun de ces deux
facteurs
sur la croissance. Nous avionsexpliqué
en détail lesraisons
qui
nous ont amenés àdonner, par convention,
au mot « cellule » la définition suivante : « ensemble d’un noyau et de laquantité
moyenne de matière vivantequi
lui est associée ycompris
le matériel interstitiel o.D’après
cettedéfinition,
le nombre de cellules est doncégal
au nombre de noyaux, et lerapport
permet d’apprécier
la « taille des cellules ».L’évolution du nombre de cellules d’un tissu ou organe est
parallèle
à celle dela
quantité
de DNAqu’il
contient(BoiviN
etV ENDRELY , 194 8).
L’évolution de la taille des cellules est doncparallèle
à celle durapport poids frais/DNA.
b)
L’évolution de certainsaspects
de l’activitécellulaire, parmi lesquels la quantité
d’acide
ribonucléique
et d’azoteprotéique par
cellule : cesquantités
varient commeles
rapports RNA/DNA
etprotéines/DNA.
De
plus,
la croissance de la carcasse avait étéenvisagée quant
à l’évolution desa
composition globale,
c’est-à-dire des teneurs relatives enprotéines (N
X6, 25 ),
eau,
lipides
et cendres. Les résultats ontpermis
dedécrire,
chez des rats de 3 à 17se-maines,
letype
de croissance propre à chacune desparties
étudiées et depréciser
dans les trois cas les rôles
respectifs
de lamultiplication
et dugrandissement
cellu-laires.
I,’objet
de laprésente publication
est l’étude de l’influence de laqualité
desprotéines
alimentaires sur l’évolution des mêmesphénomènes
au cours de la crois-sance, avec les critères ci-dessus définis. Elle concerne la croissance
comparée
del’intestin
grèle (sans séreuse),
du foie et de la « carcasse » de rats, les uns soumis àun
régime apportant
desprotéines
de bonnequalité (farine
depoisson
deNorvège),
les autres à un
régime apportant
desprotéines
de mauvaisequalité (gluten
deblé).
Nous entendons par « carcasse » l’ensemble du corps de
l’animal,
moins lefoie,
l’in- testingrêle
et le gros intestin(ce
dernier est écarté et n’est soumis à aucuneanalyse).
MATÉRIEL
ETMÉTHODE
Matériel animal
Onze lots de rats mâles W’istaYont été utilisés. La numérotation, le nombre d’animaux,
l’âge
etle
poids
vif moyen au moment del’abattage,
ainsi que lerégime
alimentaireauquel
ils ont été soumissont rassemblés dans le tableau i.
. Lot 1 : les animaux n’ont consommé que le lait maternel.
Lot 2 : après le sevrage, les animaux ont reçu
pendant
une semaine un alimentéquilibré
à base de blé et de farine de
poisson ( 1 8
p. 100 de matières azotées),appelé
« aliment standard »- Lots FI (Hlà
H 5 ) après
la semained’adaptation,
on a distribué aux animaux unrégime
semi-synthétique
à 16 p. 100de matières azotées ; celles-ci sontapportées
exclusivement par de la farine dehareng
deNorvège (régime
H).Quoique
cet aliment soit relativement pauvre en méthio-nine-cystine,
le taux azoté utilisé est tel que tous les acides aminésindispensables
sont apportésen
quantité
suffisante pour couvrir les besoins du rat(I2 A rrtIOTRA
etJourrsorr,
I965 ; ROGERS et HARPER,19 6 5 ).
La
composition
centésimale durégime
est portée dans le tableau 2. A i ooo g dumélange
sontajoutés
50o mld’eau,
defaçon
à obtenir une pâte fluide. L’aliment ainsi composé est distribuéad libitum.
- Lois G
(G i
àG,) : après
la semained’adaptation,
on a distribué aux animaux unrégime iso-énergétique
au précédent, et contenant la mêmequantité
de matières azotées( 1 6
p. 100). Maiscelles-ci sont
apportées
exclusivement par dugluten
de blé(régime G).
Le
régime
ne permet pas de couvrir enparticulier
les besoins du rat enlysine
et en trypto-phane.
La
composition
centésimale eng du mélange
sec est rapportée dans le tableau 2. A i o0o g dumélange
sontajoutés
65o ml d’eau ; l’aliment ainsi constitué est distribué ad libitum.a)CoH!o:’i!a<:oH!9.&dquo;!!’a)’<’’f</!aM!;;;atf.v/!<’<f7.
La consommation
quotidienne
des animaux lIen fonction de leurpoids
estportée
sur la fi-gure i. Dc 9,5 g (matière sèche) pour des animaux pesant qo g. elle s’élève
jusqu’à
20, g pour des animaux pesant 40c g. La figure 2a représente la courbe de consommation rotative des animaux G par rapport ii celle des animaux fi de mêmepoids.
On remarque qu’au moment de la mise aurégime
les
premiers
manifestent peud’appétit
pour l’alimentqui
leur est distribué et ne consomment que 75p. ioo de ce que consomment les seconds ; puis ils semblent vouloir rattraper leur retard, ce qui correspond aupremier
sommet de la courbe. La consommation relative se stabilise ensuite à Si p. 100quand
les ratspèsent
de i3o il 220g, augmente à nouveaua partir
de 220gjusqu’à égaler
celle desanimaux Il vers z9o-!oo g.
b)
Croissal/(edes
animau.B’ Il ri G.La croissance des animaux Il est maximale (environ ;,5 g) quand les animaux
pèsent
à peuprès
200g. La figure 2 représente la courbe de croissance relative des animaux G par rapport à celle des animaux de même p;>1<ls..X cours dupremier
stade (de 10::> il 220g),quand
la consommation relativc des rats (; est de go; p. 100. le-.trgain
dupoids quotidien
relatif est de ,;J p. 100.Quand
les animaux G
atteignent
220 g, au m:nuent ou leir appétit augmente, leurgain
depoids
relatifaugmente lui aussi
jus q u’à
atteindrepratiquement
100 p. 100 pour des animaux de 400 g.Il
apparaît
donc que, lorsque les animaux (; atteignent 220g, il Ya un changement assez brusquedans leur besoin en acides amiaës
indispensables :
ilp artir
<lc ce stade, ils supportent de mieux en mieux unrégim&dquo;
pauvre enlysine
et entryptopliane :
ceciapparaît
sur lesligures
3 a et 3 où lescoefficients d’utilisation pratiqua de l’azote et de i’è,iergic sont rapp.>rtés en fonction du
poids
vif. A
partir
de 30o g, les animaux G tendent à s’aligner sur les animaux I3 ; àpartir
de 400 g tous les animaux peuventpratiquement
consommer Indifféremment de la farine de poisson ou du glutende blé, sans que leur vitesse de croissance s’en trouve affectée. Ceci n’est
qu’une
confirmationsupplé-
mentaire des conclusions de
plusieurs
auteurs et principalement de MtTCHHLL (104!) suivantlesquelles
le besoin en
lysine
du rat adulte est très faible.Il est intéressant de considérer le moment du
changement
dans le besoin en acides aminésindispensables ;
celui-ci est-il dû au fait que les animaux aient atteint un certainpoids ( 220 g)
ou bien un certain âge
(environ
17semaines)?
Laquestion
serait aisément soluble en essayantparallèlement
desprotéines
dequalités
diverses,depuis
l’œufjusqu’à
la zéine.c)
Aspect
des animaux.De 70 à 220g, le
pelage
des rats recevant legluten
est hérissé, de couleur blanc roux, et lesrégions
de la peau exposées à la lumière(queue,
extrémités des membres) sont couvertesd’érythèmes.
Au-delà de 220 g, ces symptômes
disparaissent
peu à peu, et les animaux reprennent un aspect normal.Méthodes
analytiques
Les méthodes
d’abattage
des animaux, lesprélèvements
des foies et des intestinsgrêles
ettoutes les
opérations analytiques
conduisant audosage
de l’azote(azote
total et azoteprotéique),
et des acides
nucléiques (RNA
etDNA)
dans les organes et la carcasse ontdéjà
été décrites (DURANDet al., 1965
a).
RÉSULTATS
CARCASSE
(tabl.
3fi;.
4 a à q.d)
Poids
f y ais.
La carcasse, telle
qu’elle
a étédéfinie, représente
au sevrage8 9 , 7
p. 100 dupoids vif,
et seulement 82 p. 100 chez des animaux de 70g. Ceci est dûau dévelop- pement important
de l’intestingrêle,
du caecum et de son contenuaprès
le sevrage.La
phase
d’allométriepositive
de ces organes est suivie d’unephase
d’allométrienégative,
de sorte que lapart
de la carcasse dans lepoids
frais augmene à nouveau pour atteindre environ 92 p. 100 chez des animauxdépassant
40o g. Lerégime
nesemble pas avoir d’influence.
Composition globale.
Les résultats sont résumés dans le tableau 3. La teneur des carcasses G en pro- téines est en
général
de 10 à 20 p. 100 inférieure à celle des carcasses H de mêmepoids.
Il y a un effetdépressif
dugluten.
Les teneurs en cendres ne semblent pasinfluencées par le
régime.
Les teneursrespectives
en eau et enlipides
sont modifiées : les animauxqui reçoivent
lesprotéines
de mauvaisequalité emmagasinent
des quan- titésplus importantes
delipides
et moins d’eau.Ainsi,
les carcasses du lotH 2
contien-nent seulement
m,8
p. 100delipides
alors que les carcasses du lotG a ,
dont lepoids
est
voisin,
en contiennent 23,2 p. 100, soitpratiquement
le double. Ces différences s’atténuentquand
lepoids
des carcassesdépasse
400 g.Teneurs en DNA et
rapport j!oids frais)DNA (fig.
4a et 4b).
1,’étude
de la teneur des carcasses H etG, comparées
àpoids égal,
en DNA etRNA a été
déjà
abordée dans uneprécédente publication (D URAND
etal., r 9 6 5 b) ;
il
apparaît
que, avec lerégime
H, àpartir
du moment où les animauxpèsent
70g,la
quantité
de DNAaugmente
en fonction dupoids
de la carcasse suivant une courbeque l’on
peut
assimiler à un arc del’hyperbole :
où : y
est laquantité
de DNA en micromoles(somme
des bases enmicromoles),
xle
poids
de la carcasse en grammes.Lorsqu’on
soumet les animaux aurégime G, l’augmentation
du DNA est pro- visoirementarrêtée, jusqu’à
ce que lepoids
de la carcasseatteigne
go-ioo g environ.Au-delà,
le DNAaugmente
à nouveau en fonction dupoids
de la carcasse, suivantune courbe que l’on
peut
assimiler à un arc del’hyperbole :
La courbe
( 2 )
tend à serapprocher
de la courbe(i)
sans toutefoispouvoir
larejoindre.
Ilfaudrait,
pourqu’il
y ait intersection des deuxcourbes,
que les carcassesatteignent
unpoids supérieur
à 1 300 g, cequi
est absurde.Ainsi,
dans nos conditionsexpérimentales,
la teneur en DNA d’une carcasse G est inférieure de 30 à 10 p.100 à celle d’une carcasse H de mêmepoids.
Il résulte évidemment de ce
qui précède que les rapports poids frais/DNAsont,
dans l’un et l’autre cas, des fonctions
approximativement
linéaires dupoids
de car-casse et que le
rapport poids frais/DNA
G esttoujours plus
élevé.Activzaé cellulaire.
RNA/DNA (fig.
4c).
- Partant de i,ypour des carcasses de 57g, lerapport RNA,!DNAH
est maximalquand
les carcassespèsent
entre 100 et 200 g. Il est alorssupérieur
ouégal
à 1,29. Il diminue ensuite et se stabilise autour de i,io dès que les carcassesatteignent
lepoids
de 250 g. Lerapport RNA/DNA
Gprésente
uneremarquable
stabilité restant très voisin de r, i5 pour des carcassespesant de 5! à 40 o g.
Azote
protéiquelDNA (fig. 4 d).
- Lerapport
Haugmente
de3,z
à IIquand
le
poids
de carcasseaugmente
de 35 à 45o g. Lerapport
Gaugmente
trèsrapidement pendant
lapériode
de transition et devientsupérieur
de 3o p. 100 aurapport
H corres-pondant.
Cette différence s’atténue peu à peu etdisparaît quand
les carcasses attei-gnent
lepoids
de 35o g environ.INTESTIN GRÊLE
(tabl.
4,fig.
5 a à 5d)
Poids
frais.
Celui-ci ne
dépend
que dupoids
vif desanimaux ; quel
que soit lerégime
ali-mentaire, l’organe
atteint85-go
p. 100 de sonpoids
maximal( 10
genviron) quand
les animaux
pèsent
200 g. Lepoids
de l’intestingrêle correspondant
aux animaux Gde 439 g
(lot G,)
est anormalement faible(8, 7 6 g),
comme des vérifications ulté-rieures,
effectuées sur ungrand
nombred’animaux,
ontpermis
de le constater.Poids see et
dégraissé fi.
100 dupoids frais.
La valeur de ce
rapport
décroît de m,4 à 10,5 durant la semainequi
suit lamise au
régime
H ; elleaugmente légèrement
par lasuite,
et atteint m,2quand
lepoids
de l’intestin est leplus
élevé.Dans le cas
G,
la valeur durapport
décroît de m,4 à 0,1après
lapériode qui
suit la mise au
régime ;
elleaugmente
à nouveau par lasuite,
et reste voisine de 10,3- 1004.
A
poids égal d’organe,
lerapport
demeure donclégèrement plus
faiblequand
les animaux
reçoivent
dugluten
de blé.Teneurs efi DNA et
rapport poids frais)DA’A (fig.
5 a et 5b).
A
poids égal d’organe,
les intestins G contiennent moins de DNA que les intes- tins Hcorrespondants :
3,9p. 100 en moins pour des organes de 5 g, 12,5 p. 100 en moins pour des organes de 9 g et au-dessus. Il s’ensuit évidemment que la valeur durapport poids frais/DNA
estplus grande
dans le cas G. Mais dans les deux cas, elle estremarquablement
peu variable dès que les organes ont atteint lepoids
de6, 5
g, oscillant autour de8!
X jo-3g/¡.ÛBI
de bases DNA pour les intestins H et de g7 X io-3
g)y 3 I
de basesDNA pour les intestins G.Activité cellulaire.
RNA/DNA (fig. 5 c).
- I,erapport
estplus
faiblepour les
intestinsgrêles G,
toutau moins
jusqu’à
ce que lepoids
frais soit de8, 5
g.Azote
!yotéique/DNA (fig. 5 d).
- Pour des intestins de 4 à6, 5
g, lerapport
est
comparable
dans les deux cas. Par lasuite,
lerapport
Gaugmente fortement,
de telle sorte que la teneur en azote del’organe
entier n’est paséloignée
de celled’un organe H
correspondant.
FOIE
(tabl.
5,fig.
6 a à 6d)
Poids
frais.
Quel
que soit lerégime alimentaire,
lepoids
frais du foieaugmente
aussilong- temps
que lepoids
vif de l’animal. Alors que le foiereprésente
4,7 p. 100 dupoids
vif chez un rat de 39 g, il
représente
encore3 ,6
p. 100chez un rat de 450g environ.A
poids
vifégal
des animaux H etG,
lepoids
frais des foies G estplus
faible que celui des foies H :soit une infériorité moyenne de 10p. 100.
Dans ce
qui suit,
les foies H et G serontcomparés
àpoids
fraiségal.
Poids sec et
dégraissé p. 100
dupoids frais.
Celui-ci est
plus
faible dans le cas des foies G que dans le cas H : eneffet, quand
le
poids
des foies varie de 5 à 9 g, cerapport
varie de 16 à 18 dans le casH,
alorsqu’il
ne varie que de i4,5 à i5,9 dans le cas G.Au-delà,
les foies G comblent peu à peu leur retard et lerapport
atteint à peuprès
la même valeur[maximale
pour des foies G de 16 g, soit environ 19.Teneurs en DNA et
rapport poids frais)DNA (fig.
6 a et 6b).
Le DNA total des foies G est inférieur de 5 p. 100 à celui des foies H pour des organes dont le
poids augmente puisque
l’écart s’accentue de 5 à 15 p. 100quand
le
poids
des foiesaugmente
de 10 à 16 g. Lerapport poids frais/DNA
est doncplus
élevé dans le cas G.
Activité cellulaire.
RNA/DNA (fig.
6c).
- I,erapport
Haugmente
de3 , 47 à 3 ,6 7 quand
lepoids
dufoie
augmente
de 3,9à 9,4 g ; il redescend ensuite et se stabilise vers 3,2. Lerapport
Ggarde
une valeur s’écartant peu de 3,4pendant
toute lapériode
étudiée.Azote
protéique(DNA (fig. 6 d).
- Lerapport
Haugmente rapidement
de3 ,6
à 4,7
quand
lepoids
du foieaugmente
de 3,9 à z3 g. Iln’augmente plus
ensuite que très lentement. Lerapport
G ne subit pas unebrusque augmentation
suivie d’unralentissement,
mais au contraire uneaugmentation régulière ;
comme dans le casde l’intestin
grêle,
il devientsupérieur
aurapport
Hcorrespondant.
DISCUSSION A ― Choix des lots
La croissance des animaux des lots
analysés,
tant avec lerégime
Hqu’avec
lerégime
Gcorrespond
engénéral
à la croissance moyenne observée sur ungrand
nombre
d’animaux ;
uneexception
toutefois : le lotG 3
estcomposé
d’animaux ayantprésenté
une croissanceplus
faible que la moyenne, les animaux de ce lot auraient dû peser, au lieu de 205g, environ 23o g.B ― Considérations
générales
Les animaux
qui reçoivent
lesprotéines
de mauvaisequalité
ont un moinsgrand appétit (fig. 2 ).
Les effets d’une alimentation à base degluten
deblé,
quenous avons
étudiés,
sont donc la somme :1
° d’une carence des
protéines
en certains acides aminésindispensables : lysine
ettryptophane.
2
0 d’une réduction de la consommation totale des
protéines.
3
° d’une réduction de la consommation
d’énergie.
Avec la méthode
utilisée,
il n’est paspossible
de déterminer lapart qui
revientà chacune de ces trois causes. D’autre
part,
comme il en avaitdéjà
été discuté dansune
précédente publication,
des organes comme le foie ou l’intestingrêle,
ou unensemble de tissus comme ce que nous avons
appelé
!c carcasse », sont constitués de tissus variés(musculaires,
osseux,conjonctifs, épithéliaux, etc.).
La méthode uti- lisée nepermet
pas de déterminer lapart
revenant à chacun d’eux.Dans ce
qui suit, compte
tenu des conventionsadoptées
dansl’introduction,
lesexpressions :
Quantité
de DNARapport poids frais/DNA RNA/DNA
etawte/DNA
seront
remplacées respectivement
par :Quantité
de RNA par cellule etquantité
d’azote par celluleCavc!sse
Le nombre de cellules contenues dans les carcasses des animaux du lot
H,
estlégèrement
inférieur au nombre de cellules contenues dans les carcasses des ani-maux
H,.
Il semble peuprobable
que cette diminution soitl’expression
d’une réalitéphysiologique
relative auvieillissement,
maisplutôt
l’effet d’une variabilitégéné- tique
liée àl’hétérogénéité
de la souche de rats utilisés.Toutefois,
les influences pos- sibles d’autres facteurs de variabilité(saison, environnement, etc.)
ne doivent pas être écartées.a) Influence
desprotéines
alimentaires sur le nombre de cellules co!2ten2tes dans descareasses
comparées
àPoids égal.
De
l’analyse
desrésultats,
il ressort que le nombre de cellules contenues dans des carcasses d’animaux normalement alimentés est une fonction dupoids
de celles-ci ;
ilapparaît
aussiqu’à partir
d’un certain stade de la croissance(après sevrage),
cette fonction
peut
êrre assimilée à unehyperbole :
a étant un coefficient
dépendant
des unitéschoisies,
b et c étant desparamètres.
I,e passage d’un
régime
riche à unrégime
pauvre est suivi d’unepériode
aucours de
laquelle
lamultiplication
cellulaire estinhibée ;
la croissancepondérale,
devenue
faible,
est due au seulgrandissement
cellulaire. Cettepériode
de transitionétant
achevée,
le nombre de cellulesaugmente
à nouveau en fonction dupoids de l’animal,
suivant unehyperbole
du mêmetype
que laprécédente,
mais différentequant
à sesparamètres,
ceux-ci étant tels que le retardpris
vis-à-vis des animauxbien alimentés
peut
être enpartie comblé,
mais enpartie
seulement.La
régularité
des arcs de courbereprésentant
les variations de laquantité
denoyaux, tant en fonction du
poids
que del’âge (et
enconséquence
larégularité
desarcs de courbe
représentant
la variation de la taille des cellules en fonction des mêmesvariables),
estremarquable,
si l’on considère lagrande
diversité des tissuscomposant
la carcasse. Le fait que l’on ne constate pas de « décrochements » soudains est lesigne
que le
développement
del’organisme
est le résultat d’une évolution harmonieuse de l’ensemble de ses constituants etqu’aucun
accident(arrêt
de la croissance d’untissu,
déclenchement de la croissance d’un autre,apparition
depolyploïdie)
ne vientbrusquement
en briser lerythme.
Ceci,
tout aussi vrai pour l’intestingrêle,
est un peu moins évident pour le foie.Dans la
présente étude,
les animaux ont été soumis aurégime
pauvre à un stadeprécoce
de la croissance( 4 semaines,
70g),
et lapériode
de transition s’est étenduesur
plus
de deux semaines. La durée de cette dernière devient deplus
enplus brève
et finalement devient nulle
quand
le passage d’unrégime
à l’autre a lieu à un stadede
plus
enplus
tardif de la croissance(D URA :{D,
nonpublié).
Cecipeut
conduire àpenser que les
animaux, qui
ont accumulé laplus grande part
ducapital
cellulairefixé par leur
capacité génétique,
deviennent insensibles à des carences enlysine
eten
tryptophane
etpeuvent
dès lors être considères comme adultes. Enpratique,
et avec la souche
utilisée,
ce stade adultecorrespond
aux animaux du lotH 4 ( 17
se-maines,
40og), puisque
laquantité
de I>NA contenue dans les carcasses des animaux de ce lot et celle contenue dans les carcasses des animaux du lotH, (fig.
qa)
ne sontpas sensiblement différentes. Une telle définition de l’état adulte soulève le pro- blème suivant : étant donné que les animaux G
atteignent
moins vite leurcapital
cellulaire
maximal,
doit-on en conclure que le fait d’avoir reçu une alimentation de médiocrequalité
retarde l’arrivée àl’âge
adulte et que lajeunesse
s’en trouveen
quelque
sorteprolongée ?
Les travaux de
plusieurs
auteurs(cités
parA NDR E W , 19 (0)
laissent penserqu’un allongement
de lapériode
de croissance dû à une réduction de la consommation alimentaire favorisel’allongement
de la durée de vie des animaux. En va-t-il de mêmelorsque l’allongement
de lapériode
de croissance est dû à la médiocrité desprotéines
alimentaires ? Aucune donnée nepermet
actuellement deprévoir quel peut
en être le retentissement sur les étatsphysiologiques
futurs de l’animal.b) Étude
del’influénee
relative del’augmentation
du nombve et de la taille des cellulesSZ
LY la croissance des cavcasses H et
G, comparées
àpoids égal.
Soit P le
poids
frais d’un tissu(ou
d’un ensemble detissus),
N le nombre decellules dont il est
constitué, p
la taille de ces cellules. On a, par définition :ou
on
peut
écrireCette
expression peut
être traduite ainsi :« La variation relative du
poids
d’un tissu(ou
d’un ensemble detissus)
autourd’un
poids
donné estégale
à la somme des variations relatives concomitantes du nombre et de la taille des cellules dont il est constitué. »Calcul des éléments de la relation
(q).
Soient
P i , DNA 1
et!1,
lescaractéristiques
d’un tissu à un momentdonné ;
sous l’effet d’une variation de
poids P,
cescaractéristiques
deviennentP 2 , DNA 2 , P 2’
Il vient alors :
Les calculs concernant
respectivement
les carcasses des rats H et G sont rassem-blés dans le tableau 6. Les
importances
relatives de la division cellulaire(exprimées
en p. 100 du
gain
depoids relatif),
en fonction dupoids
de carcasse, sontrepré-
sentées sur les
figures
7 a et 7 b.Il
apparaît
clairement que : dans le cas H,l’augmentation
du nombre de cellules est le facteur leplus important
de la croissancejusqu’à
ce que les carcassespèsent
z45 g(rats
de 170 g,âgés
de 7semaines). Au-delà,
le fait que l’influence del’augmentation
dunombre
de cellulesprésente
unpalier
suivi d’une chute brutale est dû à l’anomaliequi
existe en cequi
concerne lesquantités comparées
de DNAcontenues dans les carcasses des animaux
H 4
etH,.
Il estprobable
que la réalité estproche
de la courbethéorique
obtenue àpartir
del’équation
dérivée del’équation (i) qui
fournitl’expression :
Cette courbe
théorique indique
que, dans legain
depoids
résiduel d’animauxen fin de
croissance,
lamultiplication
cellulaire interviendrait encore pour environ 24p. ioo.
- dans le cas des animaux
G,
lapériode
d’inhibition mise àpart, l’augmentation
du nombre de cellules est le facteur le
plus important
de la croissancejusqu’à
ceque les carcasses,des animaux
pèsent
29o g environ(rats
de 320 g,âgés
de 20 se-maines).
,c) L’â!e
et la taille des cellules.I,a taille des cellules de la carcasse semble assez
indépendante
durégime
ali-mentaire,
donc de la vitesse decroissance,
et semblerait être unecaractéristique
liée à
l’âge (fig. 8).
Onpeut
remarquer que, dans le cas le moins favorablequi
estcelui des lots
H 4
etC’s3 âgés
l’un et l’autre de 17semaines,
la différence entre la taille des cellules n’est que de 9 p. 100 alors que lepoids
des carcasses varie dusimple
au double.
d)
La teneur des carcasses en azote et lamultiplication
cellulaire.En limitant
l’apport
d’acides aminésindispensables,
on limite lasynthèse
desprotéines,
donc lasynthèse
du DNA(D OUDN E Y , I g6 I ;
PRITCHARD etI, ARK , Ig6! ;
LEG
ROS et BRACHET,
I g65 ; T!yr,oR, I g65),
mais on constate que le ralentissement de lasynthèse
desprotéines
et celui du DNA ne sont pasproportionnels, puisque
le
rapport protéines/DNA
G estplus grand
que lerapport
Hcorrespondant.
Faut-ilen penser que d’autres facteurs secondaires à la carence en
lysine
et entryptophane
interviennent pour diminuer le nombre des
mitoses,
enparticulier
la modification du métabolismeénergétique (fig.
3b) ?
I,’étude de PROPet HENDRIX( I g65),
à propos de l’action de l’insuline sur le tauxmitotique,
vient àl’appui
de cettehypothèse.
Intestin
grêle
Comme il a
déjà
étésignalé,
lepoids
frais de l’intestingrêle
du lotG 4
estexceptionnellement
faible. Demême,
laquantité
de RNA par cellule des organes de ce lot n’est sans doute pasreprésentative.
L’épithélium
de l’intestingrêle
du rat est soumis à un renouvellementrapide,
de l’ordre de
quelques
dizaines d’heures(I, EB r,ov D
etS’rEV!xs, 194 8).
La vitessede renouvellement de
l’épithélium
intestinalpeut
être modifiée par l’alimentation(H OOP E
R
etBLAIR, I g58 ;
MurrRO etGO!,DB!RG, 1963).
Il s’ensuit que le nombre de noyaux en
phase
Speut
êtreégalement
modifiépar l’alimentation. S’il en était
ainsi,
laquantité
moyenne de DNA par noyaupourrait
ne pas être la même dans les deux cas, H etG ;
notre méthode decomparai-
son
risquerait
d’être en défaut. Enfait,
il n’en estrien,
eneffet,
laprolifération
cellulaire del’épithélium
intestinal est limitée auxcryptes
de 1/IEBERKÛHN(I, E -
BL
oND et
STEV!!Ts, ig48).
Il a étémontré,
d’autrepart,
que 35 p. 100 des cellules de cescryptes
se trouvaient àchaque
instant enphase
S(C AIRNIE
etal.,zg6 5 ).
On
peut
admettre que tout se passe comme si y,5 p. 100 des cellules descryptes
étaienttétraploïdes. Or,
les cellules descryptes
nereprésentent qu’une
faiblepartie,
inférieure à 10 p. 100, du nombre des cellules totales de
l’organe (V ODOVAR ,
commu-nication
!e-rsonnelle).
Enconséquence,
le fait que la variation durégime
alimentaire entraîne une variation de la vitesse de renouvellement del’épithélium
intestinal nesaurait avoir une influence
appréciable
sur la teneur moyenne en DNA par cellule.Compte
tenu de ces remarque3, ilapparaît
que :W I,e
poids
frais de l’intestin nedépend
que dupoids
de l’animal et iln’augmente plus
que très lentement dès que celui-ci atteint 200 g.20 La taille des cellules de
l’organe
estcaractéristique
durégime,
sans que l’onpuisse
dire si laresponsabilité
en incombe aux seulesprotéines
ou à l’ensemble durégime.
Eneffet,
CoMSE et al.(1965) trouvaient,
avec unrégime
contenant 20p. 100 decaséine,
un nombre et une taille de cellules trèscomparables
à cequi
a été misen évidence à propos des rats recevant du
gluten
de blé. Avec un telrégime,
laqualité
desprotéines
nepouvait
être mise en cause.3
0
Apartir
du moment où les cellules ont atteint la taillecaractéristique
durégime,
celle-ci demeureremarquablement
stable. Parconséquent,
la croissance est due exclusivement àl’augmentation
du nombre de cellules.Foie
Il est connu
qu’une
forteproportion
des noyaux du foie sontpolyploïdes;
deplus,
le taux depolyploïdie peut
varier sous l’influence de facteursintrinsèques
etextrinsèques,
enparticulier l’âge (T H O M SO N
etal.,
1953 ; FUKUDA etSI B ATA&dquo; TI ,
1953 ; ENESCO et I,!B!,orrD,
19 6 2 )
et l’alimentation(KA R ANDE
etIrrnMDAx, 19 64).
Lamesure des variations des
quantités
de DNA nepermet
doncplus
de mesurer lenombre de cellules que de
façon
fortimprécise.
Il est difficile de tirer des conclusions exactes sur l’incidence del’augmentation
du nombre des cellules et de leurgrandissement
sur la croissance de foies soumis à différentes conditions alimen- taires. Il faudrait aupréalable
déterminer laquantité
de DNA moyenne par noyau des différents lots étudiés. Certains auteurs(K AR A ND E
et IrrnMnAR,rg6q), qui
ontétudié l’influence de l’alimentation sur la
polyploïdie
dufoie,
ont trouvéqu’une
alimentation
protéique
insuffisante soit enquantité,
soit enqualité agissait
en aug- mentant laproportion
de noyauxdiploïdes (au
détriment des noyaux tétra- et octo-ploïdes),
donc en diminuant laquantité
moyenne de DNA par noyau. D’autres auteurs(U MANA , 19 65)
ont trouvé lecontraire ;
d’autres encore n’ont pas trouvé de modifications notables(T HOMSON
etal., 1953 ).
Leproblème
resteposé.
Quoi qu’il
ensoit,
ilapparaît
que : 10