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La part des usagers dans la formation aux métiers de services: les apports de la perspective interactionnelle
FILLIETTAZ, Laurent
FILLIETTAZ, Laurent. La part des usagers dans la formation aux métiers de services: les apports de la perspective interactionnelle. In: I. Vinatier, L. Filliettaz & M. Laforest. L'analyse des interactions dans le travail. Outil de formation professionnelle et de recherche . Dijon : Editions Raison et Passions, 2018. p. 150-182
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Lo port des usogers dons lo formolion qux méliers de services: les opports de lo perspeclive
inlerociionnelle
Lourenl
Filliettozl. Métiers de services el modélisolion des interoclions tuloroles
La
littérature récenteportant sur les
rapports entre langage, travail et formation n'a que peu thématisé la question de la part des(
usagers >> dans la formation aux métiers de services. Certes, dansles
champsde la sociologie et de la linguistique du
travail, d' abondants travaux empiriques soulignent l' importance croissante des métiers de services dans le contexte de la nouvelle économie et d'une société dite de l'information et de la connaissance (Borzeix&
Fraenkel, 2001
;
Boutet, 2008), mais sans pour autant s'intéresser aux enjeux de formation.La
didactique professionnellepour
sapart n'a
pasnon
plus manqué de s'intéresser aux professions dites de << services >> et plus généralementà
<I'analyse d'activités qui
s'accomplissent avec d'autres humains > (Pastré, Mayen&
Vergnaud,2006). Ce faisant,elle interroge avec une acuité
croissanteles conditions
de transpositionde
son appareillage théoriqueet
conceptuel au-delà des métiers industriels et agricoles qui ont servi, àI'origine,
à son élaboration. Pastré (201l),
dans son ouvrage de synthèse, relève à ce propos que la prise en compte des activités de services a conduità un intérêt accru de la didactique professionnelle pour le langage et les médiations symboliques. Pour sa part, 1l reconnaît
trois
traits spécifiques aux activités de services: a)
elles relèventd'une
co-activité et
requièrentde
repenserla
< situation )>comme
une catégorie englobantequi
intègre au minimum deux interlocuteurs,b) elles présentent un caractère dynamique et
évoluentindépendamment de I'action de I'interlocuteur sur lequel on focalise l'analyse,
c)
elles présententun
caractère < discrétionnaire >>, au sensoù
elles produisent une obligation de résultats sans certitude des moyens permettant de les obtenir.Pourtant,
si la
didactique professionnellea
clairement intégréles métiers dits de
servicesau périmètre de son
domaine de recherche et d'intervention, force est de constaterqu'il
est un objet d'investigation dans lequel la < figure de I'usager)
a encore été peu explorée, en I'occurrence celui des interactions dites de tutelle. On assiste en effet depuis quelques années à un regain d'intérêt de la didactique professionnelle comme d'autres courants de recherche pour I'activité des tuteurs et les interactions de tuteller. Ces travaux ont permis de cerner quelques-unes des spécificités des activités detutelle et en
premierlieu leur
caractère organiséet distinct
des pratiques d'enseignement (Savoyant, 1995). Pourtant,on
pourrarelever que le périmètre empirique de ces travaux reste encore ffès majoritairement dominé par les professions techniques, artisanales
et
agricoles,et surtout que les
< modélisations>
proposées del'activité
tutorale reposent sur unevision
fortement duellede
larelation
entre << novices) et
<( experts >>. Les pratiques d'étayage décrites par Mayen (2002) et par Chrétien (2014) dans le domaine agricole ou par Kunégel (2011) dansle
domaine dela
mécanique automobile permettent de repérer des formats à la fois récurrents et dynamiques de la relation tutorale en situation de travail. Mais cette relation reste conceptualisée comme un rapport binaire entre deux agents. On négligeici
de considérer que cette relation porte parfoissur
des usagers,qui
constituent eux-mêmesdes
agentset
des partenaires de l' interaction.Dans ce contexte ce chapitre s'intéresse à l'étude de situations de formation dans
et par le travail,
dans lesquellesle travail
ne consiste pas seulement en une transformation matérielle du mondeextérieur mais en l'établissement d'une relation avec
des(( usagers >>.
La
présence des usagers dansle
périmètre du travail constitue une contingence particulière qui ne manque pas d'exercerI voir notamment Balslev, Filliettaz, ciavaldini-cartaul & vinatier (2015), le numéro 206 de Education Permanente,
le
numérol4l
de Emploi &Formation, ou encore les numéros 83 et 84 de Recherche & Formation-
150 151
des influences notables
sur l'activité. Elle
requiertun
< travail relationnel >> et interactionnel avec l'usager, en parallèle aux enjeuxde
formationqui
caractérisent classiquementla
relation tutorale elle-même (Rémery& Markaki,2016). A
cetitre,
elle procède de cequ'on
pourrait désigner comme une relation(
au carré r>, une relation portant sur une relation (Filliettaz, 2015). Mais la présence des usagers dansle
périmètre du travail peut constituer aussi une opportunité pour la formation, dès lors qu'elle agit sur les situations et plus spécifiquement sur les conditions dans lesquelles les tuteurs médiatisentla
rencontre des novices avec les réalitésdu
travail.C'est ce
quenotre
démarche souhaite explorer,en
décrivant de manière minutieuse les effets que peuvent produire sur la formationles
situations detravail qui
portent sur des acteurs humains, des(
usagers >>, dansdes relations dites de
services.Pour le
dire autrement,il
s'agira doncici
de remettre les << usagers >> à leur juste place, c'est-à-dire celle de partenaires des interactions tutorales et non plus seulement de destinataires d'un service.Pour ce faire, deux corpus empiriques présentant des similarités dans leurs conditions de recueil seront examinés. Ceux-ci portent respectivement
sur deux formes
contrastéesde relations
de services: la
relation de soinqui
s'établit entre des techniciens en radiologie médicaleet leurs
patients; la relation
éducative quis'établit entre des
éducateurset des enfants
fréquentant desinstitutions
de la petite
enfance.A partir d'une
documentation vidéoethnographique d' interactions tutorales prenant place entre des stagiaires, des tuteurset
des usagers,les
analyses proposées ont pourobjectif
de questionner les effets formatifs des interventionsdes
usagersdans les
interactions tutorales.Nous
étudions en particulier leurs effets sur les savoirsmis
en circulation dans lessituations
rencontréesd'une part, et sur les conditions
departicipation des stagiaires aux activités de travail d'autre part. La première
partie du chapitre explicite le
cadre théoriquede
la démarche adoptéeainsi
que les conditions méthodologiques dans lesquellesla
recherchea
été menée.La
deuxième partie proposedeux
étudesde
cas, issues respectivementde
chacun des deux corpus empiriques considérés.Elle
montreà l'aide d'extraits
detranscriptions comment les interventions des
usagers,respectivement des patients
et
des enfants, peuvent exercer uneinfluence sur
le
potentiel d'apprentissage des situations de travail que rencontrent lès stagiaires. Ènfin, la dernière partie explicite les conséquencesd'un
changement de regard surle rôle
des usagers dans lês interactions tutorales et esquisse des propositions visant à concevoir des formes d'aménagement des situations detravail
à même de soutenir ce potentiel d'apprentissage'2. l'inlerqclion comme perspeciive lhéorique el méthodologique
La
démarchede
recherche adoptéeici s'inscrit
dans uneperspective interactionnelle en analyse du travail (Filliettaz,
2014;
pltti"tt-, de
Saint-Georges& Duc, 2008). si la
didactiqueprofessionnelle peut être définie comme < l'analyse du travail pour
iu
formation> (pasffé, 20ll), la
perspective interactionnelle contribueà
préciserles
conditions dans lesquelles l'analyse dutravail peut être réalisée, notamment dans ses
dimensionslangagièie, communicationnelle et plus
généralement interactionnelle. C'est 1à une composanteà la fois
constitutive etsignificative de bon nombre d'activités de travail
commed' expériences de formation.
Àdopter un point de vue
interactionnels*r les
activités detravail it de formation, c'est considérer que les
processusd'interaction
constituentpour les
chercheurs commepour
les praticiens àla fois
des objets et des méthodes d'analyse. Ce sont à'abord des objets en tantqu'ils
constituent un domaine de réalitéqui
médiatise l'accomplissementdes activités de travall et
deformation.
Et ce
sont des méthodesau
sensoù ils
peuvent êtreconsidérés comme des moyens par lesquels les acteurs comme les chercheurs produisent une compréhension locale de ces activités dans
les .onditiotrt
dans lesquelles elles sont accomplies.De
cepoint
de vue, les interactions tutoralesne
sont pas appréhendées.o-tn"
une réalité abstraiteet
décontextualisée, mais comme un<< accomplissement pratique >>, rendu manifeste
par
les conditionsdans lesquelles
il
est réalisé par les participantsSur lè plan théorique, adopter un point de vue interactionnel sur les pratiquàs professionnelles accompagnées revient à assumer trois por^totutr.
Le premier postulat théorique
reconnaîtla
relation152 153
indexicale
qui s'établit
entreles
comportements observables des membresd'un groupe et les conditions à la fois
pratiques, matérielles, historiques et sociales dans lesquelles ils sont accompliset
interprétés.En continuité avec une
perspective d'inspiration ethnométhodologique(Garfinkel, 2007), ces
comportements n'acquièrentleur
caractère ordonnéet signifiant que dans
les conditions dans lesquellesils
sont accomplis. Le deuxième postulat théorique reconnaîtle
caractère conjointementconstruit et
co- élaboré des réalités impliquées dansles
interactions. Dans une perspective inspirée de I'analyse conversationnelle (Sacks, 1992), lasignification et l'ordre des actions situées
s'établissent conjointement, étape par étape et dans un processus permanent de négociation entre les partenaires de l'interaction. cette signification n'est pas donnée apriori ;
elle n'est pas non plusle fait
d,actions isolées et appréhendées individuellement. Elle résulte d'une logique d'enchainement séquentiel et d'interdépendance entre les tours deparole (Schegloff,
2007; Traverso, 2016). Enfin, le
troisième postulat théorique reconnaîtle
caractère à lafois
langagier et plus généralement multimodal des processus par lesquels se co-construitet se négocie la signification en actes des
comportements interactionnels.En
continuité avec les approches multimodales en analysedu
discourset
del'interaction
(Kress, Jewitt, Ogborn,&
Tsatsarelis,
2001; Goodwin,
2000; Mondada, 2017),
ces significationssont
fondéesd'une part sur une large
palette de ressources issuesde
systèmes sémiotiquesvariés (la parole,
la prosodie, les gestes, les postures corporelles, les objets matériels, les pratiques scripturales etc.) et d'autre part sur des combinaisons et des formes d'articulation entre ces ressources.En cohérence et en continuité avec ces principes théoriques, la démarche de recherche en analyse interactionnelle se fonde sur une documentation
de
pratiques tutorales authentiques recueillies en contexte nafurel, au moyen de traces audio-vidéographiques. Dans le cas présent, les enregistrements vidéo ont été effectués dans deux contextes professionnels distincts: le champ de la
radiologie médicale enmilieu
hospitalier; et celui de l'éducation de la petite enfance en contexte institutionnel. Indépendamment des spécificitésqui
contrastentfortement dans les conditions dans
lesquelless'exercent ces deux métiers, il existe des
convergencessignificatives entre
les
champsde la radiologie
médicaleet
del'éducation de l'enfance. Les formations des
techniciens en radiologie médicale (TRM) et des éducatrices de l'enfance (EDE), mêmesi
elles ne relèvent pas du même niveau de reconnaissance dans le système éducatif suisse, sont proposées sur le régime d'une alternancequi
combinedes
périodesde
stageet des
périodes d'enseignement. L'expérience detravail
en situation de stage faitl'objet d'un
accompagnementpar un praticien
formateurou
un référent professionnel. Mais surtout le travail des TRM, tout commecelui
desEDE,
portesur
des êtres humains (respectivement des patientset
des enfants)et implique
I'instaurationd'une
relation interpersonnelle avec des << usagers >>, dans une forme de prestationde
service.C'est à ce titre que l'usage conjoint de ces
deux situations retient notre attention.Les données empiriques exploitées dans le cadre de la présente recherche
ont
été.è"rr.illi"t
errtre 2012et
20152à
I'occasion de stages effectués par des étudiants engagés dans des dispositifs deformation professionnelle initiale, respectivement dans
lesdomaines de la radiologie médicale et de l'éducation de l'enfance.
Les
enregistrementsont été réalisés à l'aide d'un
dispositifvidéographique
mobile, dans des situations ordinaires et
non provoquées detravail,
avecle
consentement des participants- Le travail d'analyse se fonde sur ces enregistrements ainsi que sur uneretranscription multimodale des interactions qui s'y
trouvent documentées (Filliettaz, 201 8).3. Rôle el ploce des usogers dons les interoclions tutoroles
La démarche d'analyse empirique conduite ci-dessous porte sur
deux extraits
emblématiques issusde
chacundes deux
corpus considérés. Les extraits se caractérisent par lefait qu'ils
consistenttous deux en des situations de pratique
professionnelle accompagnée, en présence des usagers.Les
stagiairesy
réalisent des activités de travail, adressées respectivement à des patients ou2 La recherche a été conduite avec le soutien du Fonds national suisse (FNS), sous les numéros de requête 100019-149159 et 100019-169743.
154 155
des
enfants,en
coprésenceet avec le
guidagede leur
tutrice.L'analyse a po'r objectif de décrire finement les formes
departicipation des
usagersà ces
interactions,l'influence de
ces formes de participation sur les situations dans lesquelles s,engagent les stagiaires et les tutrices et finalement les effets de ces formes departicipation sur les enjeux de formation qui
présidentà
cessituations.
Pour mener ces
analyses,une attention particulière
sera consacrée à trois phénomènes interactionnels, que nous considérons comme des indicateurs significatifs des processus d'apprentissageen
situationde travail (voir Filliettaz,
Rémery&
Trebert,
2014;Durand, Trébert
&Filliettaz,2015).
Le premier axe d'analyse portesur les
formatsde
participationà I'interaction, eu'à la
suite de Goffman nous qualifions de < positionnement>
(footing).un
desmérites des travaux de Goffman
(1981,
1987) estd'avoir
montréque les
interactions verbalesne
procèdentpas
seulement d,une relation dyadique entre des << locuteurs >> et des << récepteurs >r, mais qu'elles consistenten
des << rencontres sociales>
dàns lesquellesplusieurs participants peuvent se trouver
engagés,selon
des positions de participation diversifiées. Dans les situàtions de la vie quotidienne, les << récepteurs > d'un acte de communication peuvent par exemple être identifiés cornme des destinatairesratifiéi
ou aucontraire comme de simples témoins, perçus ou non par
lesparticipants à I'interaction. Les
destinatairesratifiés
peuvent également être désignés comme tels parle
locuteur oupai,
selon que l'adressage est accompli de manière directe ou indirècte. pour Goffrnan, ces processusde
positionnementrelèvent du
< cadre participatif >> del'interaction
et présententla
caractéristique de senégocier et de se renégocier, tour de parole après tour de pàrole, par les participants eux-mêmes (Goodwin
&
Goodwin, 2004). Dans le cadre des interactions tutorales, ces mécanismes ne sont pas sans enjeux dès lorsqu'ils
indiquent vers quels acteurs les participants (ré)orientent leur attention et dans quelle position de participation ils placent leurs partenaires à un moment donné de leur iencontre.un
deuxième axe d'analyse des données porte sur les processus de < cadrage de l'activité > et des prémisses organisationnelles que les participantsà
l'interaction reconnaissent comme exerçant un rôle configurant dans la situation rencontrée. Dans une perspectivegoffmanienne,
les
<< cadresde
l'expérience >>(Goffman,
1991) permeffentaux individus de
répondreà une
questionqu'ils
seposent, explicitement
ou
implicitement,à
chaque instantde
leur présence surla
scène que constituela
sphère publique:
qu'est-cequi
se passeici ?
Ces cadres de I'expérience ne préexistent pas àleur
rencontreet ne
constituent pas des réifications tangibles et données une fois pour toutes.Ils
sont rendus visibles à travers les comportementsdes participants et la signification que
leur confèrent les participants dansle
processus intersubjectif de leur rencontre. <A partir du
momentou
nous comprenons cequi
se passe>, dit Goffman
(1991,p. 242), ( lous y
conformons nos àctionset
nous pouvons constateren
généralque le
cours deschoses confirme cette conformité. Ce sont ces
prémissesorganisationnelles
- que nous confirmons en melme
temps mentalementet par noffe activite -
quej'appelle le
cadre deI'activité >>. C'est à ce titre que les cadres sont dits < vulnérables >.
Ils
peuvent être déconstruitset
reconstruits auprofit
d'une autreinterprétation de la situation. Et ils peuvent
également êtremodalisés ou fabriqués dans des logiques d'hybridation,
de transposition,voire
de manipulation. Les phénomènes de cadrage del'activité
intéressent l'étude des situations d'apprentissage par letravail
dèslors qu'ils
peuventservir
d'indicateursde la
manière dont les participants s'orientent vers des enjeux tantôt constructifsetlou productifs à des
momentsparticuliers de leur
rencontre (Filliettaz&
Durand, 2016).Enfin, un troisième axe d'analyse porte sur des
enjeux épistémiqueset
surla
place des << savoirs >> dans les interactionstutorales
étudiées.Ces savoirs peuvent
présenterdes
degrésd'explicitation et
devisibilité
variés selon les situations. Dans la perspectivede la théorie de l'action conjointe en
didactiquecomparée (Sensevy, Mercier
&
Schubauer-Leoni, 2000), ces savoirs peuventêtre
transposés dansdes milieux
contrastés, selon des rythmes variés et à travers des formats de participation multiples.Dans
les
niveaux d'analyse microscopique adoptéspar
certains courantsen
didactiquedisciplinaite, ce
sontbien les
processus interactionnelsqui
permettentaux
participantsde
thématiser les différentes << facettes >>de savoirs
rendues pertinentesdans
la situation(Malkoun &
Tiberghien,2008).
Dansle
contexte des156 r57
interactions tutorales, ces questions ne sont pas sans enjeux dès lors qu'elles permettent de décrire selon quelles modalités âes éléments
de
savoir enlien
avecle travail .ont a la fois mis
en oeuvre etpartagés entre les participants et comment ils peuvent devenir aussi, localement,
des objets d'une pratique de
transmissionet
de transposition (Filliettaz, 2009).3.1.
l. cos des porients dons
resinrerocrions en rodiorogie médicole
Le
premier cas étudié rerèvedu
contextede la
santé.il a
été gbservéet
enregistré dansre
servicede radiologi" ;ir"
centre hospitalier,au
coursd'un
stagede
2è-" année,ari,
"r" ,alle
descanner. une étudiante technicienne en radiologie médicale y effectue
un
stagede huit
semaines,pracé sous la
responsabilitéd''ne
praticienne formatrice, mais travaillant au quotidién avec
diftrents
technicienset
techniciennes qualifiées, exerçantà son
égard une fonction de tutorat deproximié
Le premier des deux extraits?stitués ci-dessousporte
sur_l'accueil du
patientet la
preparationde
son installation sur la << table > du scannèr. La stagiairetsïel
"rptiqrr"
u., patient ledéroulem*l d:
l'examen, en préseirceo"
ru toti"i itutl
Le patient arrive en chaise roulante.
Il
est placé,o".
o*ygèo" et doitybir'ne
radiographie dy tholax, qui implique l'injectionjtrn
tiquidede contaste au moment de réaliser i,exarien par scanner.
.La transcription ci-dessous recourt à des conventions
qui
sont explicitées en annexe.La
distribution en deux colono"sp"-À"t
oe rendre comptedu fait
que plusieurs activitéset
interaciions sont menées en parallèle. Les segments en gms sont mis en évidence à des fins d'analyse.Extrait I
:I'accueil
dupatient
TUT: ((enfile des gants en latex et se place derrière Ia chaise du
PAr)) 'approche du PAT)) alors là
pour le scanner tout simplement/ ce qui va se passer c'est que on va vous mettre sur cette table vous allez vous
TUT: ((saisit le tuyau d'oxygène et le mobilise))
I#ll
TUT: ((se place à droite de la chaise du PAT et débloque le frein))
TUT
((se place à la droitedu PAT et attend))
TUT: ((déplace la chaise en direction de la table))
PAT: i'enlève le: I'oxygène alors\
TUT: non non on va le garder\
STA: (se redresse et regarde TUT)) ah tu veux le laisser là/
I#2\
TUT: oui:: normalement
il
est assez long\TUT: ((se penche vers les pieds du patient))
ouais soulevezdéiàl PAT: ((le patient retire ses
pieds du support)) TUT: voila/
STA: on va vous injecter un produit qui va vous faire chaud/ dans tout le corps\
I#il
PAT: mhmm\
STA: c'est normal\
PAT: ((acquiesce de la tête)) STA: vous avez pas d'allergie/
PAT: non\
STA: OK\
PAT: XX
j'ai
la dialyse mais c'est pas une allergie/STA: non\ ((rire dans la voix)) et puis vous faites pas de
diabète non plus/
PAT: non\
STA: parfait\ ((se retourne et dépose la couverture sur une chaise))
STA: (se déplace vers l'arrière de la chaise du patient et commence à manipuler la bouteille d'oxysène))
STA: ((continue de manipuler la bouteille d'oxygène))
STA: ((actionne lefrein de la chaise))
2.
J 4 5 6.
7
8.
9
10.
l1 t2.
I3
14
15 16.
I7
18.
19
20 2I
158 159
3.1.1. Une procédare de travail multifucalisée
Dans la partie inaugurale de
l'extrait
etjusqu'à
laligne
14, un cadre de participation organisé en deux foyers d'action parallèlesest instauré, dans lequel des activités
complémentaires sont accompliesen \ue de
préparerle patient à
l'examen. Dans un premier foyer, retranscrit dansla
colonne de gauche, STA conduit une interaction verbale avecPAT,
dans laquelleelle
explique aupatient le
déroulementprévu de I'examen (1. 1, l' 2).
Ellesélectionne
ici PAT
comme destinataireralifté et
désignéde
sespropos, comme l'indiquent à la fois les choix pronominaux (vous), les contenus thématisés, la direction de son regard et son orientation
corporelle (voir [#1]). De son côté, PAT ratifie ce
cadre de participationet s'aligne
dansla position de
destinataire désigné dans laquelleil
est placé.Il
s'oriente vers STA, produit des signaux d'écoute (1. 3) et répond aux questions quilui
sont posées (<< non >>,1.7 ; <<
j'ai
la dialyse mais c'est pas une allergie >, 1.9). Sur le planépistémique, des contenus de savoir sont
mis
en circulation dansl'interaction entre la
stagiaireet le patient, qui portent sur
laprocédure de l'examen médical et qui en détaillent différents sous- domaines
: le
positionnementdu
patient durant l'examen (1. 1) ;I'injection du liquide de
contraste (1. 2); les
contre-indications(1. 6). La mise en
visibilité
de ces contenus de savoir à destination du patient relève de la procédure de travail et constitue un ensemble à la fois ordonné et routinisé de topics qui sont abordés au moment d'accueillir les patients dans ce contexte.De son côté, la tutrice
n'endosse clairementpas la
mêmeposition interactionnelle que STA.
A
ce stade, elle n'interagit pas verbalement avec PAT, mais semble constituer un témoin perçu de son interaction avec STA. Elle ne reste cependant pas inactive pour autant, et s'engage dans une suite ordonnée d'actions non verbales,dont
notammentla
mobilisationdu
tuyaureliant le
patientà
la bombonne d'oxygène situéeà l'arrière de la
chaise([#1]).
Ces actions se déroulent en parallèle à l'interaction verbale menée par la stagiaireet le
patient.Elles
constituent doncun foyer
d'actionindividuel
accompli parallèlementà I'interaction STA-PAT et
se synchronisant avec cette dernière.Les
savoirs mobiliséspar
la tutrice dansle
domaine dela
préparationdu
patientne
sont pas [#1]srA
interagir avec le patient pendant que TUT mobilise letuyau d'oxygène
[#2] STA interrompt son action sur la bouteille d,oxygène pour s'adresser à TUT
Dans l'extrait retranscrit
ci_dessus, lesconfèrent au patient des positions
variablessuccessivement la situation de différentes manières mettre en évidence.
professionnelles
et
investissentqu'il
importe de160
161
rendus visibles
sur le plan verbal mais
sont incorporés dans lesmanipulations réalisées structurer
le cadre de l'activité. De ce point de vue,
l'auto-attribution par la tutrice de son
droit
àla
parole aprèsla
question formulée par le patient agit comme une forme d'induction notable d'un rapport asymétrique au savoir (Heritage, 2012).A
la suite de cette séquence de clarification concernant I'usagede l'oxygène durant l'examen, les tâches de
préparation sepoursuivent
par I'installation du
patientsur la
tabledu
scanner.Cette installation ouvre de nouvelles formes de coopération entre les participants.
Extrait
2 :I'installation
dupatient
sur la table3.1.2. L'étonnement du patient
commetransformation de la sitaation
induction d'une
L'intervention spontanée
du
patienten ligne 15 introduit
des transformations significatives dans la situation et dans les conditions de participation des acteurs.En
effet,à
ce moment,le
patient s,auto- sélectionne comme prochain locuteuret produit *" d.rrr*de
de vérification à I'intention des professionnelles (< j,enlève le: l'oxygène alors ? D,l. l5). ce
faisant,il
placela
stagiaire etla
tutrice dans la position de destinataires désignées etindù un
ctaogem"ni auo,r"
cadre de participation.
ce
n'est pasici
la stagiaire qui iepono, mais ra tutrice (< non non onva le
garder), l.
16).A ,oi t"*,
"tiÉ
,,urrto_sélectionne comme prochaine locutrice et catégorise le patient coûlme destinataire désigné.
c'est
aussi à ce moment précis quela
stagiaire interrompt l'activité non verbale dans laquelle elleéâit
engagée en manipulant la bouteille d'9xygène. Après àvoir entenduh
ràionse de la tutrice au patien! elle s'auto-sélectiànne comme prochaine locuticeet s'adresse de manière directe à la
tutice
(< aht'vêux
le laisser là ? ,,,l.l7)- La tutrice ratifie ce
nouveaucadre de participàlon
ens'adressant à son tour à la stagiaire et en répondant a sa
a"-Àa"
(< oui normalement il est assez long >,l. lg).
_ Sur le plan
épistémique,l,intervention du patient
induit également des modifications substantielles du rappori0",
acteurs àla
situation.Alors que
précédemment,le tuyau
d,oxygène ne constituait dans I'environn€ment qu'un objet matériermanilulé
parla
tutrice puispar la
stagiaire(t.l+), il
àevient u,.,_o_à d"
lu q*estion du patientun
thème de I'interaction verbaleet
donc un objet del'activité
explicitement portéà
I'attention de l,ensembledes participants.
!:r participants
entretiennentdes
rapports asymétriques à cet objet de savoir: alors que la tukice saitqu,il
est possible de réaliser I'examen en maintenant un apport d'oxygène, la stagiaire et le patient semblentl'ignorer. cette
àsymétrie ir;est pas donnéea priori mais induite pâr les formats'de
participation accomplis par les participants et en particulier par la Àanière dontils
endossent respectivementres positions à" locuteur et
de destinataireau moment où des enjeux
épistémiques viennentTUT: voila/
PAT: ((le PAT se lève))
TUT: ((passe le tuyau par-dessus la tête du patient)) jevais mettre le petit tuyar.r/ hopl
I#ll
PAT: ((PAT s'assied sur la table du scanner))
TUT: voila/
PAT: ((PAT s'allonse sur le dos)) TUT: ((accompagne le mouvement du PAT)) allongez vous/
PAT: ((PAT place ses jambes sur la table du scanner))
TUT:maenifique\
TUT: ((s'éloigne de la table et déplace la chaise du PAT))
((manipule le tuyau d'oxvsènd)
TIJT z (@mntre le tuyau d'orygène à STA)) là tu sais tu le mets juste conrme cal ((dépkce la chaise en direction du scanner))
TUT:
tu vérifies qu'il y a la longueur puis c'est bon hein\ (Oâche Ie tuvau d'oxveène)) I#21STA donc c'est TOUT simple hein/ ((appuie sur la
ST A: ((actionne le frein
de la chaisd)
STA: ((déplace le tuyau d'oxygène pendant le dép lac ement du p ati ent) ) STA: (se déplace sur Ia gauche du scanner))
[#ll
STA: ((déplace le
dispositif d'injection de Ia tabld)
STA: ((actionne la commande du scanner et fait monter Ia table)) 22
23
24.
25.
26 27 28 29 30.
31
JZ.
JJ.
34 35
162
r63
cwqncer la commande et
fler
VOUS
examen/
VOUS
GON puls tout
et faut quand pendant
dit
accordJ d
'images/
secondes/
VOUS
d on demander lques sene passage/
allerl que après vous une
VA
va
fait
puls juste on premrer
et on la-/
un qu qu ce
accordJ d
luste fois secondes bloquer nous
les faire chaque a allez
juste poumons/
est/
VOUS
simplement/
c'
les tenez 36.
[#1] TUT aide PAT à s'installer sur la table pendant que STA se
déplace sur la gauche du scanner
Dans
ce
second extrait, des cadresde
participation différents semettent en place successivement, et se stabilisent localement selon trois configurations distinctes et reconnaissables.
3.1.3. Une inversion des rôles interactionnels entre
la
stagiaire et la tutriceDans un premier temps et jusqu'en ligne 32,
l'interaction s'organise selon une configuration similaire à celle qui avait prévalu au moment del'accueil
du patient, avec cependant une inversion des rôles entrela
stagiaire etla
tutrice. C'estici la
tutrice et non plusla
stagiairequi
conduit I'interaction verbale avec le patient etqui le
sélectionnecomme
destinataire désignéde
ses propos(<voilà
>>,1.22;
<je vais mettre le petit tuyau
hop >>,l.
24;< allongez-vous
), 1.28;
<< magnifique>,
l.30). Les
contenusverbalisés
ponctuent
l'accomplissementd'une suite
ordonnée d'actions.Ils les
commentent,les
façonnentet les
clôturent. Le patient s'aligneà la
position de participation dans laquelleil
estplacé par la tutrice
; il
répond par des comportements non verbauxqui ratifient les
demandes formulées.La
stagiairepour
sa partparticipe au titre de témoin ratifiée à
cette interaction avec lepatient, et non plus au titre de locutrice. Comme la
tutrice précédemment,elle
s'engagedans des actions
manipulatoires complémentairesqui
se structurent dans un foyer d'action à la foisdistinct et
synchroniséavec la
progressionde l'installation
du patient(voir
[#1]): elle
actionnele frein
dela
chaise, déplace letuyau d'oxygène durant le
déplacementdu patient, installe
ledispositif d'injection et
actionnela
commandede la table
du scanner une fois que le patient est en position horizontale.3. 1. 4.
L'
émergenc e d' ane p ar enthès e intelle ctiv eEn ligne
33,la tutrice
opère des modifications significatives dans la configuration de participation, au moment où elle interpelle la stagiaire tout en manipulant le tuyau d'oxygène : < 1à tu sais tu le mets juste comme ça, tu vérif,resqu'il y
ala longueur puis c'est bon hein >. Ce faisant,elle
sélectionnela
stagiaire comme destinataire désignée,et
placele
patient dansla
positiond'un
témoin perçu,mais auquel on ne
s'adressepas
directement.Sur le
planépistémique, cette séquence s'apparente à ce que Mayen
&
Gagneur [#2] TUT montre à STA comment positionner le tuyau d,oxygènedurant l'examen
.rU
*t6
164
t6s
(2017,
p' l0),
à ra suite de Deldalre (1967), désignent conune une< parenthèse intellective
>. Elle
permetde
thématiserà
nouveauI'objet
de savoir que constitue lË tuyau d'oxygène, mais dans un milieu qui présente des propriétés clairement didactiques.cet
objet de savoir est pointéà l'attention de la
stagiaire.c,est là un bref
momentde
<< transmission >>ou de
transposition inséré, sous rafu*:- {'*
o parTe, dans l,accomplissemint d,une procédure de travail. La pertinence de cet objet dà savoir s,ajustetoiui"À.rrt
uu*conditions dans lesquelles
il
esi mis en oeuvre et << montré >> ; maisla validité de ce
savoir dépassele
contextelocal et
présente un caractère général. cette parenthèse intellectiven'"rt
pur'ruos effetssur le
cadrede |activité tel qu'il est mis
"r, piu""-
"t
renduinterprétable par ].1
comportiementsdes purti"ipuol.
Eile< modalise
> l'activité de travail
dansun
cadred'un
autre type, celui_de
I'apprentissage, rendantà ce
moment particulièrement visibles les enjeux de formation qui président à la rencontre et les identités situées endossées par lespaiicipants r* b;ô;;e
de la formation.^
35, _ Yuir il la
stagiaire ne s'agitmet
là.que d,une digression éphémère. Dès la ligneà
nouveauÀ place ;"" ;;;à;;;ion
de participation centréesur une
interacti,on verbale avec"ie
patient, dans laquelle elle endosse ra position de locutrice"i
r"p",i"rt
celle de destinataire désigné.c'est
une séquence de consigne'luioeu.rr", dans laquellela
tutrice laissela
mainà la
stagiaire.i Ënàor."
tuposition de témoin ratifié. A ce moment, les
savoirsmis
en circulation se centrentà
nouveausur la
procédure dlexamen et contribuent à accomplirle
cadre de ra procédure d,instailation du patient.Le
tuyau d'oxygèneet
ses.oodition, d,utilisation et
demanipulation sortent alors du périmètre de l,attention
des participants.ce
qui retient notre attention dans cet exemple, c'est d,abord la diversité des positions de parricipation dansËrô;Ë
ie*patient peut être placé dansle
cours du àéroulement de ceffe interaction.comme nous l'avons souligné, le patient peut être tantôt catégorisé comme
un
destinataire.désigné auquel on s'adress""*pti.ii"r.r.nt,
tantôt commeun
témoin perçu dont on parle,_ui, u,rq,rli on
ne s'adresse pas (ex.l. l7-lg
;1.33_34). Le patient enOor."u,lrJparfois
le rôle de locuteur et peut lui-mêmé initiàr aes echanles.ifiJ"", r",
professionnelles dans des positions de destinataires. De ce point de
lue, il
ne fait pas que s'aligner aux cadres de participation proposéspar les
soignants,il induit lui
aussi des formats spécifiques de participation. Ces interventions àI'initiative
du patient conduisent à des transformations notablesde la
situation,et ce
sur différentes dimensions.Sur le plan de la
participation,les
interventions du patient < déplacent> de fait les
autres participants.C'est le
casnotamment lorsque la tutrice quitte son rôle de témoin pour répondre
à la
questiondu
patient0. 16). Et sur le plan
épistémique, sesinterventions
ont le mérite de
rendre saillantsdes
éléments deI'activité
jusqu'ici
mis en oeuvre mais non thématisés. C'est le casnotamment
du tuyau d'oxygène, dont la
manipulation semble indiquer qu'une désinstallation est requise pour conduire I'examen.Or
c'est précisémentla
questiondu
patientqui,
séquentiellement,peut
contribuerà
déconstruireune
inference erronée,à partir
delaquelle un savoir peut être mis en visibilité
: il
n'est pas nécessaire de désinstaller l'oxygénationd'un
patient pour réaliserun
examen par scanner du thorax etil
existe des techniques de mobilisation et depositionnement
du tuyau qui permettent d'éviter une
telle désinstallation. C'estlà
tout l'enjeu d'une exploitation épistémique de l'étonnement dupatient:
en reconnaîtrela
cause et en proposerune
élaborationformative sous la forme d'une
<mise
entre parenthèses > subreptice du travail. C'est du moins ce que montre icila
propension des participantsà
s'orienter simultanément vers les objets du travail et vers les objets de savoir qui les sous-tendent.3.2. Le
cos des enfonts dons
lesinleroclions éducolives
enconlexle instilulionnel
Le
second cas étudié relèvedu
contexte de l'éducation de la petite enfance.Il a
été observé et enregistré dans une institution deia
petite enfance, au coursd'un
stagedit
d'expérimentation de 1è'"année. Une étudiante anime des activités
éducatives auprèsd'enfants, sous la
supervisiond'une
éducatrice référente. Les extraits présentés et retranscrits ci-dessous restituent une situation typique relevant de la pratique professionnelle accompagnée. Une étudiante stagiaire (STA), en première année de formation, conduit une activité de psychomotricité avec un groupe de sept enfants âgés166 r67
de l8 mois environ, en collaboration avec sa
référenteprofessionnelle
(TUT). L'activité
consisteà explorer
librement differents objets, tels que des toboggans, des tapis, des cylindres ou des tunnels en mousse.L'activité a
été planiàeépu, lâ
stagiaire, puis validée parlaréférente à l'occasion d;un entretienpédagogique préparatoire.L'extrait retranscrit
ci-dessousinterviènt àans
la secondemoitié du
déroulementde cette activité. La
stagiaire surveilleI'activité
deToM, le
plus jeune enfant présent, pendantq":
l1 réferente
joue
avec un groupe d,enfants(CAL, I-ûi, nef)
qu'elle place dans un cylindre en mousse.
Extrait
3 : une activité de psychomotricité en contexteéducatif
ll ',-;
''[#1] STA ramène TOM dans la salle pendant que TUT joue avec un groupe d'enfants placés dans un cylindre en mousse
[#2] STA se lève et sollicite TUT du regard au moment de proposer à TOM de
lui
donner un ballonTIJT: ((balance doucement le cylindre en effectuant des bruits avec sa bouche))
regard TUr)) l#21
vers STA:
(se
déplace et vachercher
unballon
dansl'armoire))
11
TUT: ((place LUC dans
le
cylindre)) allez vous faites la discothèque là\((chante et tape sur Ie cylindre en rythme))
TUT:
tu
danses/ ((chante bougeant Ie cylindre en rythme))TUT: *coucou:* ((s"
penche vers LRAF:
((MF
se déplace et s'approchedu cylindre))[#l]
TUT: est-ce qu'il
y a
une place pour Raphaël\ viens on essaie à trois/((tend les bras en direction de TUT: tu aimerais allerdedans/
TUT: ((porte RAF et Ie place dans le
avec LUC et STA: ((observe TOM qui
quitte Ia salle))
STA: TOM/ TOM/
rurestes là\.
turestes ici\...
STA: ((se lève et
vachercher
TOM dans le couloirSTA: allezl. non je vais pas
to faire
mal\((ramène TOM dans Ia salle et le pose sur le
STA:
((referme
le portail qui donneaccès
auSTA: +tu
aimerais un ballon TOM/+STA:
otu veux
joueravec un ballon/o opeut-être heinl" ((se
lève et lance an
1
2.
-t
4 5
6
7 8
9
l0
168 169
3.2.1. Une
scissiory--de la participation en deux foyers
interactio nnels p arallè le s
configuration de participation
qui
sous-tend l'interaction au début de cet extrait sestructuri
clairement autour de deux foyers distincts (Goodwin& Goodwin,2004;
Markaki&
Rémery, 2016).un
premier foyer interactionner est pris en charge parlastigiaire
etest orienté vers un enfant en particulier, ioita. La
stagiaire sélectionneTOM comme
destinâtairedirect de
sespropos, l"
ramène. dans I'espace
d'activité (( ToM/ ToM/ tu
resieslà\ .
tu restes. ici >>, l.2) et lui
proposeun ballon pou, maintenir
son attention dans I'espace dujeu
(<tu
aimeraisun ballon ToM/
tu veuxjouer uu"" un balloni
o,). s-lj. La
référentepour
sa parts'engage dans
un
secondfoyer
d'interaction, qu'elleiu.tug"
urr".un groupe de
trois
enfants placés dansun
cylindre.Elle
sjadresse d'abord au groupe d'enfants (< alrez vous faiies la discotheque là >,l. I
; <-est-ce
qu'il y
a une place pour RAF/ )), l. 6), puis J-ifap
"n
particulier (< viens on essaie atràisl tu
veux aller dedan s/ >>, 1.7).L'espace de l'interaction est ainsi structuré en régionr,
qri
donnentlieu à
des logiques.d,organisarion séquentielles]écifrô;r;;;
engagent
des participants disrincts (voir I#ri c,Ëst là
uneconfiguration typique des situations de
co_animation, dans lesquelles les éducatrices se distribuent des rôres.àÀfie.*","ir",
dans l'accomplissement du
travail
impliquant"n gro"i"
àl"nfants(fittjgttaz,
Rémery&
Trébert,2014;burand,
Trébert ^&Filiettaz,
20ts).3-.2.2- rnterdépendances
et indices
deporosité entre
res foyers intersctionnels.
.
Pourtant,il
importe de relever que si ces foyers d'interaction se déroulent de manière parallèle, ils ne sont pas pour autant étanchesl'un à l'autre,
mais entretiennent des relations o'interàependancequi s'expriment de
manière croissante dansle
déroulement de I'activité. Pour commencer, on pourra observer que les régions qui comp_osent l'espacede l'interaction ne sont pas
cloisonnées et qu'elles.rendent possibles des contacts visuels"nt "
1", purtr"rpunts.La^-stagiaire
peut ainsi
observerla
conduitede l'activité de
la réferente ; et réciproquement, la référente peut maintenir un contact visuel avecl'activité
de la stagiaire.c'est
d'ailleurs ceq,rir" pur."
au moment où la stagiaire formule à l'attention de
TOM l'offre
de lui donner un ballon 0. 9-10). Au moment de se lever et de formuler son offre (<< tu veuxjouer avec un ballon/ . peut-être/ >), elle oriente son regarden direction de la
réferente.Celle-ci s'aligne à
son regard tout en terminant de placer RAF dans le cylindre(voir
[#2]).Elle
s'engagedonc ici
simultanémentdans deux foyers,
dans lesquels elle endosse des rôles distincts.Cette perméabilité observée entre les deux foyers de l'activité éducative se confirme et se renforce dans
la
suite de l'interaction, au moment notamment oùCAL,
un des trois enfants placés dans le cylindre bercé par la tutrice, porte son attention vers les ballons que la stagiaire distribue à TOM.Extrait
4 : ladistribution
des ballons aux enfantsCAL:
é-ba-éli-li/ ((regarde et pointe deI'index en direction
del'srmoire où sont
rangés les ballons))I#ll
TUTz ((regarde en direction de I'armoire)) les ballons/ ah je sais pas +je sais pas si les ballons vont être dans notre activité hein c'est Sandra qui mène\+
TUT ((ait
basculer le cylindre contenantles
trois
enfants)) attention: le bateauil
fait plouf dans l'eau:/+attention: attention:/*
T[JT:
((penche le
cylindrehorizontal ement)
)
+svi11:+ oupssous le ballon\
TUT:
((se penchevers I'intérieur
du cylindre)) coucou Raphaël/L\JC: ((Lucia commence à pleurer dans STA:
((dépose
leballon devant
row) l#tl TOM: ((TOM
sesaisit
duballon et
lelient dans ses bras))
TOM: ((fait
rouler"le ballon sous
le
regard de STA))STA: ((STA se lève et.
va
chercherle
ballon quiest
coincésous
lecylindre)) STA:
(se
retourne et.lance
leballon
endirection
de TOM)) tienslTOM: (6e saisit
du 12l3
t4
l5
t6
t7
170
l7l
le cylindre))
ben Loulou/
TUT: oh
as pas aimé avec Raphaël\
t'
LUC: ((pleure))
TUT: c'est
rien
c'est commetout
àl'heure/
LUC:
(mama:)comment
penche ça non non\ sors/ (se
vers l'intérieur
du TUTLUC
((sort
du cylindreet se
remet debout))ballon et
lelqnce
endirection
de((rattrape
lebollon
etlance
unregard
endirection
du STA:((lance
leballon
endirection
de STA:TO
((se saisit du
bollon et
IeIance
endirection
de TOMSTA: ouais:/
((rattrape
le : ((s'approche de STA, lève le bras))CAL
STA:
t'aimerais
un ballon/((approuve de
la têtu
et stavance versCAL:
: ((tendlc ballonà CAL)) alors ce\tr
là tu peux
le donner à TOM et je vais t'en prêter un autre\STA
18
l9
2l
22
23
25
[#1] au moment où STA tend le ballon à TOM,
CAL
et TUT regardent en direction de l'armoire où sont rangés les ballonsl#21CAL
s'approche de STA en lui demandant un ballonEn ligne 12
émerge donc une nouvelle forme de perméabilité enffe les foyers d'interaction précédemment établis.Au
moment devoir
la stagiaire sortir un ballon de l'armoire pour le tendre à TOM, CAL, une petitefille
< prisonnière > du cylindre, oriente son regard et tendla
main en direction del'armoire,
manifestant son intérêtpour les ballons (< é-ba-é-li-li ), l. I2). La
référente s'aligne visuellementà cette sollicitation (voir [#1]) et lui
attribue une172