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Sauvons la mémoire écrite du Dr Yersin

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

21 novembre 2012

actualité, info

Supra mise en faillite par l’autorité de surveillance

Un petit séisme secoue le monde feutré de l’assurance maladie com- plémentaire (assurances privées) su- pervisé par l’Autorité fédérale de sur- veillance des marchés financiers (Finma). «C’est le premier cas de ce genre et nous avons dû prendre des mesures graves et nécessaires pour protéger les assurés», explique To- bias Lux, porte-parole de la Finma.

L’organe de surveillance, après plu- sieurs mises en garde des organes dirigeants et des sommations de prendre des mesures correctives, a annoncé mercredi que Supra As- surances SA était mise en faillite.

70 000 assurés se verront offrir, le plus souvent à des conditions moins bonnes, une assurance complémen- taire auprès d’Assura SA. Ce trans- fert se fera dans des conditions très particulières.

En effet, la Finma a décidé de relever de leurs fonctions les conseils d’ad- ministration d’Assura SA, de la société de services Figeas SA et de Divesa SA. Le groupe Divesa est directement concerné car il contrôle les deux so-

ciétés Supra Assurances SA et Assura SA. Toutes les personnes impliquées dans cette affaire qui met au jour

«des insuffisances graves» touchant la gestion d’entreprise, la gestion des risques, et le contrôle comptable, n’ont pas souhaité répondre aux questions du Temps. (…)

Comment en est-on arrivé là ? La Fin- ma a entrepris, il y a deux ans envi- ron, de contrôler les provisions d’une quarantaine de caisses maladie of- frant des assurances complémen- taires. Elle est tombée sur plusieurs cas de provisionnement insuffisant.

Certaines sociétés, dont la Finma tait les noms, ont pris des mesures de correction nécessaires et sont tou- jours étroitement suivies. Mais Supra Assurances SA n’a pas réagi aux in- jonctions de l’autorité et accumule un déficit de provisions de 500 millions de francs. (…) Sur son site internet, la société met uniquement à disposi- tion un rapport de gestion de quel- ques pages qui concerne seulement Supra Caisse maladie, soit la division de la société qui gère l’assurance obli- gatoire, pas directement touchée. Du moins juridiquement puisqu’on cons- tate, depuis 2011, un chassé-croisé de directeurs et d’administrateurs au sein de Supra. Selon les informations disponibles, quatre sur cinq adminis-

trateurs de Supra Assurances SA exercent aussi des fonctions au sein de Supra Caisse maladie. Et les deux conseils d’administration et les direc- tions d’Assura sont identiques.

Supra compte 52 000 assurés en assurance de base et 70 000 en as- surance privée. Les difficultés de Su- pra Assurances SA sont liées à une forme d’assurance particulière insuf- fisamment couverte par des provi- sions. 28 000 assurés, sur les 70 000 transférés à Assura SA, disposent d’une assurance financièrement inté- ressante puisque la prime est calcu- lée à l’âge d’entrée et ne varie pres- que plus avec l’âge. «Il y a donc des personnes de 70 ans qui paient une prime couvrant un risque équivalant à une personne de 28 ans», explique un connaisseur du système. Ces as- surés verront donc leurs primes ré- évaluées à la hausse en entrant chez Assura SA. (…)

Le cumul des casquettes d’adminis- trateurs au sein de Supra constitue-t-il un risque de mauvaise gestion tou- chant également Supra Caisse ma- ladie ? «Les comptes sont entièrement séparés. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter, car la marge de manœuvre financière est très serrée dans l’as- surance de base», explique Thierry Vauthey, de l’Office fédéral de la santé

publique, chargé de la surveillance des caisses maladie. A noter qu’un projet de loi prévoit d’interdire le cu- mul des fonctions de président de conseil d’administration et de mem- bre de la direction d’une même cais se maladie.

Willy Boder Le Temps du 15 novembre 2012

Caisses maladie : les frais administratifs ont augmenté de 30%

en dix ans

Chaque assuré maladie paie 35 francs de plus qu’en 2001, soit 30%, pour couvrir les frais administratifs des caisses privées. Selon l’Office fédé- ral de la santé publique (OFSP), cette somme comprend les salaires des employés et les dépenses publici- taires. Ces chiffres n’étaient jusqu’à présent pas connus du grand public.

Pourtant, les assureurs maladie se vantent de ne dépenser que 4,8% en gestion, «un record». C’est exact, mais seules 4 caisses sur 14 parmi celles qui assurent plus de 100 000 patients arrivent à ce «record». Les différen- ces entre caisses sont énormes.

point de vue

C’est une petite histoire balza- cienne en diable. Elle permet à distance (et par la seule magie de l’écrit) de sonder gratuitement quelques reins et deux ou trois âmes. On y croise l’élégance et ce qui ressemble fort à son exact contraire. Elle est faite de passion et d’encre de chine, de savoir- faire, d’egos et de gros sous. Avec elle, on met un pied dans les cou- lisses des prix littéraires. On a tendance à regarder différemment ces bandeaux de couleur rouge qui attirent si bien les grenouilles de librairie. Alors dira-t-on, c’est une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains ? Et bien ce n’est pas si sûr : elle pourrait bien, au final, avoir une morale.

On peut, pour faire simple, la racon ter en trois actes.

I. La charmante découverte de Peste & Choléra

Nous avons parlé il y a peu dans ces colonnes de cette biographie

romancée de la vie et de l’œuvre d’Alexandre Yersin (Rev Med Suisse 2012;8:1750-1 et Rev Med Suisse 2012;8:1796-7). Et la vérité oblige à dire que nous en avons parlé sous le charme. L’auteur y déploie un talent certain. Il donne au lecteur le sentiment troublant de voir, de manière presque hyp- notique, Alexandre Yersin ; et ce depuis Morges (1863) jusqu’à Dalat (1943) en passant par l’Institut Pasteur de Paris et la découverte du bacille de la peste durant l’été 1894, à Hong Kong et sous la barbe des Japonais formés à Ber- lin. Tout aurait pu s’arrêter ici. Et sans doute Patrick Deville (l’au- teur) aurait-il eu le prix Goncourt 2012 auquel il était irrésistible- ment promis. Sans doute était-il écrit qu’il n’en serait pas ainsi.

II. L’étrange parfum des «correspondances»

Peste & Choléra se fonde sur l’en- semble des lettres (un millier)

adressées par Alexandre Yersin à sa mère, puis à sa sœur, toutes deux restées dans leur Suisse ori- ginelle. Ce sont ces lettres qui disent mieux que tout ce que fut et ce que ne fut pas la vie hors du commun de celui qui, privé de père, prit Livingstone pour mo- dèle. Ces lettres furent pieuse- ment conservées par la famille du grand homme puis elles furent un jour offertes à un autre pastorien, le Pr Henri Mollaret, lui-même grand admirateur de Yersin. Henri Mollaret et sa collaboratrice, Jac- queline Brossollet, décryptèrent ce millier de lettres et les tapèrent à la machine à écrire. Ils firent en- suite une biographie remarquée de Yersin comportant les extraits selon eux les plus significatifs de ces formidables échanges. Puis, peu avant de mourir, le Pr Mollaret remit l’ensemble de ces archives à l’Institut Pasteur de Paris.

Pour sa part, M. Deville (quand il commença, bien vite, à rencontrer le succès) expliqua volontiers sur les ondes qu’il avait longuement consulté ces mêmes archives en se rendant de longues heures au n° 28 de la rue du Dr Roux, là où elles demeurent et où elles sont aisément accessibles grâce au

savo ir-faire et au savoir-vivre de ceux qui ont la charge de la mé- moire pastorienne. Or étrange- ment, dans ses remerciements de fin d’ouvrage, cet auteur oubliait de citer l’œuvre et l’ouvrage de Mollaret-Brossollet, qui sont omni- présents à Pasteur. On lui fit gen- timent remarquer ; plus précisé- ment Olivier Brossolet et Marine Mollaret, respectivement fils et veuve des auteurs. Ils deman- dèrent avec les formes en usage qu’une mention soit faite de l’ou- vrage lors des prochains tirages.

Pas de réponses. Nouveaux cour- riers. Silences. Au-delà de ce que certains perçoivent comme une faute de goût caractérisée, ce comportement irrita quelque peu M. Brossolet. Il entreprit de relire les deux ouvrages en parallèle, Alexandre Yersin ou le vainqueur de la peste (édité en 1985 chez Fayard et réédité en 1993 chez Belin) et Peste & Choléra (2012).

Il releva ainsi bien vite une soixantaine de «correspondances»

et une progression parallèle de ces phrases-clefs, références essen- tielles pour retracer la vie, l’œuvre et le rayonnement de Yersin. Le fils de Jacqueline Brossollet releva aussi d’autres emprunts, comme

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1 Pour les personnes intéressées : ces simi- litudes sont reproduites dans notre chro- nique «Peste & Choléra, les lettres qui fâchent» publiée et disponible sur le site Slate.fr. www.slate.fr/story/64405/peste- cholera-deville-yersin-sources Dans les Grisons, la «Vita Surselva»

arrive à 1,4% de frais administratifs (33 francs) alors que la «Vivao Sym- pany» frôle les 9% (340 francs).

Cette caisse aurait beaucoup d’as- surés avec une franchise de 300 francs, ce qui coûterait plus cher à gérer. Santésuisse, organisme faîtier des assureurs, admet que ces char- ges ont augmenté. Car le nombre de factures contrôlées a grossi : 60%

de plus sur huit ans.

L’OFSP examine si ces frais sont trop élevés. Entre 2008 et 2012, une uni- que caisse a été analysée par une instance externe. Le montant des frais a été considéré crédible. «Nous n’avons pas pu intervenir», explique Helga Portmann, responsable du ser- vice de surveillance des assurances à l’OFSP. La conseillère nationale Isabelle Moret (VD/PLR) demande par motion que le site fédéral de comparaison www.priminfo.ch indi- que désormais aussi le pourcentage des frais administratifs. Il semblerait que le Conseil fédéral soutienne cette idée.

Petra Wessalowski Le Matin Dimanche du 11 novembre 2012 les parallèles établis entre Yersin et Loti. Et il fut pleinement rejoint dans son analyse par Marine Molla ret. Une suspicion était bien là, mais pas la preuve. C’est alors que, le 4 octobre, Olivier Brossollet recevait par lettre recommandée le courrier suivant :

«Les Editions du Seuil ont été infor mées que vous tiendriez,

notam ment auprès d’organes de presse, nombre de propos et insi- nuations, susceptibles de caracté- riser des diffamations et/ou des dénigrements à leur encontre, ainsi qu’à celle de Monsieur Devil le, auteur du roman "Peste et Choléra". Nous avons égale- ment appris ce jour, par voie de presse, que vous adressiez vos propos à des membres du jury d’importants prix littéraires, notam ment du Goncourt, reven- diquant des "passerelles" entre les œuvres de votre mère, Madame Jacqueline Brossollet et de Mon- sieur Henri Mollaret.» Et la mai- son d’édition de mettre en demeu re son correspondant de

cesser, à compter du 4 octobre, «toute pro- pagation ou réitéra- tion de propos et mises en cause de natu re à constituer des diffamations ou dénigrements à leur encontre». Nous étions un mois avant le Goncourt. M. Bros- solet se tut.

III. La preuve par les

«similitudes»

C’était compter sans Daniel Minsse n, petit- neveu d’Alexandre Yersin qui, bien avant cette affaire, avait fait un travail personnel d’archivage. «Les let- tres remises par ma cousine à Henri Molla ret et que je savais avoir été copiées (dactylographiées) par Jacqueline Brossollet me parais- saient tout de même faire un peu partie du patri moine familial» nous a-t-il expliqué. A compter de 2004, il a recopié l’ensemble de ces let tres sur son ordinateur, un travail de plusieurs années pour qui ne tape qu’avec un doigt. Puis il acheva ce travail en juin dernier, peu avant la sortie de Peste & Choléra.

Un autre travail l’attendait : com- parer l’original des lettres, les pas- sages reproduits dans le Mollaret- Brossollet et ceux de Peste &

Choléra. On découvre ainsi, grâce à lui, que les auteurs de l’ouvrage de 1985 avaient commis des

erreu rs et des approximations que l’on retrouve trait pour trait dans l’ouvrage qui était promis pour le Goncourt et qui eut le prix Femina.1 De bien troublantes

«simi litudes» qui ne laissent plus guère place au doute quant à la place qu’a pu avoir, dans l’écri- ture de l’ouvrage de 2012, celui de 1985.

Une morale disions-nous en intro- duction. Elle pourrait consister à user des techniques moder nes pour conserver la trace des écrits de toute une vie, de ce millier de lettres le plus souvent sign ées Dr Yersin, venues du lointain monde vers une vallée suisse.

Danie l Demel lier, responsable du service des archives historiques de l’Institut Pasteur le sait mieux que personne : le temps filant, cette correspondance demande à être au plus vite numérisée. Par- venir à financer cette petite opéra- tion de la mémoire contribuerait peut-être à effacer un oubli sinon une tache. Elle permettrait, aussi et surtout, de conserver pour l’avenir la trace d’une plume qui traversa des temps qui nous sont proches, des temps qui sont nôtres.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

Crédit photo : Anne-Sophie Panier

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