douées nouvel organe , et
uû
nouvel élémentexista dans Funivers policé.
On
devoit en attendre quelques révolutionspromp-
-tes et éclatantes. Aussi vit-on bientôt 1agitation se
ma-
nifester et s'étendre^ les religions et les gouvernemeiis
s'ébranler.
Beaucoup
depeuples secouèrent incontinentplusd’une espèce de joug ; presque tous ceux de l’Europe le ten- tèrent j la France elle-même, vers ces temps-là,man- qua
de peu la République. Tels furent les premierseffets de l’imprimerie.
A
l’aspect de ce terrible instrument de lumière etde forcepour les nations, le despotismeet la supersti- tion frémirentj et, fidèles àleur éternelle alliance, ils
inventèrent de concert contre la presse
, les censeurs en France, les Ucencers en Angleterre
, et les inquisi- teurs
ou
leursindex dansla majeure partiedu
reste de l’Europe : la presse étoit à peine écloseque
déjàbn
lamettoitpar-tout dans les fers. ^
îsToii content de la redouter et de la proscrire , le
pouvoir prétendit de
bonne
heure persuaderaux peu- ples qu’il leur serait pernicieux,
de conserver la fa- culté d’en user: et
au
bout de trois siècles nous dis-putons encore aujourd’hui sur la liberté de la presse!
Embrassant là question sous
un
aspectmoins
vasteque
le rapporteur de votreCommission
, jeme
pro- pose d’examiner plus particulièrement si, dans l’état actuel des nations , une constitution libre peut ja- mais
composer, même
temporairement, avec la^'llbertéde la presse, et, en dèiixieme lieu, si la sûreted’un
gouvernement
constitué peut toujours compatir avecla libertéde la presse : dé ces apperçtis rapides décou- leront des.conséquences qui, ajoutantpeut-être quel- ques vues nouvelles aux vues qui vous ont -été déjà présentées ^ aideront à-la-fois et à montrer de plus
science de ses.droits et leur garantie
co^^inée pour
et contre tous : la conscience ne s'en acquiert^qüe par 1exercice
, et la garantie que par de cerLines
IZ
ae gouvernement.
Ces formes doivent être telles
que
le peuplev
soitVivement affectionne aux affaires publiques
, It les
compte
sans cesse parmises soins les
pJs
importanset les plus chers.
Un
semblable sentiment ne Jeut i i sengendrernt ni acquérir de force-, si les citoyensne
entre eiix^dansdes
communications
continuelles incessamment ameme
d’invoquer et de se prêter leurs secours mutuels, et en situation
permanente
decon-
cilierceqiiils doivent al’intérêt
généralaveccequ’exfoe
deux
leur intérêt particulier .- "enun mot
,üTe St
pas
qu
ils ne puissentdonner
assez d’attention et de temps à la chose publique , sans négliger lés besoins&“Lurfomiilî
' celuiparadoxe rajeuni par l’auteur
du
Contrat Social, qiie chez les peuples anciens
où
des esclaves etoient charges des travaux domestiques, la liberténe se maintcnou qu’à l’appui de
la servitude ; delà encore cette doctrine
commune
,
que
la démocratie ne se eraZ ’Ptospere ne convient que dans ces pet-ts
emts
ou,
de tous les points,cha^e
citoyentt
à portée de prendre une part active et journalièreau
En
effet, tantque
l’art de l’impr’merie fut ignoré.A
a4
il fallut des sociétés amoix:eiées dans des villes, et resserrées sur
un
espace très -borné,, pourque
la li-berté pût
y
être cultivée etdéfendue : les choses ontchange
, eton
n'a pas cesséde
répéter qu'une grande nationne comportoitpas laRépublique. deshommes
de génie ont embrassé ce préjugé ^ ne seroit-ce pas faute d'avoir assez considère
que
les peuples ont au- jourd'hui à leur dispositiondeux
ressortsdont
Tanti- quité n'eut aucune idée, savoir, le système représen- tatif et la presse.Par la presse ,
un
peuple libre est dispensé de se tenir perpétuellement sur la place à s'enquérir de ce qui se passe soit au dedans soit au dehors de ses fron- tières, de ce qu'on projette dans son sein , de ce qu'ony
fait : les nouvelles lui en viennent d'elles-mêmes
jusqu'au fond de sesdemeures, et jusqu'au mi-- lieu deses champs.Un
quart-d'heure de lecture suffit,au lieu d'une journée d'informations, de courses,
de
paroles incertaines et perdues. Les faux bruits acquiè- rentmoins
de consistance et ontmoins
de dangers v les opinions insensées sont recueillies surun
papier froid et isoléj la presse est en généralbeaucoup
plus favorableau
succès de lavérité qu'aux progrèsdu men-
songe,pourvu que
la pressesoit maintenue également.
accessible à l'un et à l'autre. Elle répand ausurplus les notions importantes, les
événemens
, les lois, avecla célérité de la lumière :,pour tout dire, elle supplée habituellement à la tribune ,ou
plutôt c'est la seule tribune concevable en présence d'uneimmense popu-
lation éparse sur
une
superfieie extrêmem.ent étendue.Il n'est pas plus permis de vouloir
empêcher
laliberté de la presse au milieu de nous , qu'il ne l'eût été de vouloir renverser les rostres àRome
; pas plus , qu'ilnele seroitd’interdire par
ordonnance aux
citoyensd'ungouvernement
populaire de s'y embarrasser d^saffairesGlaris, les républiques seront bannies
du monde, ou
tolérez et protégez la liberté de la presse.
Posons
donc
pour principe inflexible que, tût-elleun mal
, il faudroit encore le supportercomme un
de ces inconvéniens attachés à la jouissance de la liberté.Une
faculté que nul n’aliène ni ne peut aliéner par le contrat social,c’est celle de penser : elle est,au con-
traire, le
moyen
d’union des sociétés, et à son tour elle tire d’elles sa perfection.De même que
laparole n’est que l’exercice de cette faculté entre leshommes
quisQnt ensemble,lapressen’en estquel’exercicepublic entreceuxcjue l’éloignement sépare ; d’oùrésulte
que
la parole et la presse^ sont des dépendances nécessaires de la pensée en société. Ellesy
sont aumoral
ceque
le
mouvement
et l’actiony
sont au j^iysique. Si jem’en
serspour nuire aux autres, qu’on
me
punisse , jene dois rien de plus à l’ordre public : mais le
mal
nese présume pas, et les
hommes
ne se sont point rap- prochés et réunis pour ne s’aborderque
pieds et mainsliés,
ou que
paroteet presse enchaînées d’avance. Ily
a
donc
autant cle tyrannie et d’absurdité à prétendre ôter auxmembres du
corps politiepe la liberté de la presse , qu’ily
en auroit à vouloir priver lesmembres du
corpshumain
de la libertédu mouvement.
Je sais bien qu’on a été jusqu’à
donner
à la presseun
caractèrebeaucoup
plus auguste dans les gouver-nemens
libres :on
i’y a élevée à la hauteur desma-
gistratures, et
on
l’y a assimilée à la censure.Cette imagination provient originairement des pané-
gyristes adulateurs de l’Angleterre, sous la
plume
des-A d
6
quels les plus minces apparences de sa liberté pre- noient cies
noms pompeux
et éblouissans.^
L’oppression accablante et obstinée de la presse
y
fut long-temps pire qu’en France. ^ ^
Lorsque l’Angleterre traversa
un
instant la répu- blique, la presse ne fit qu’y changer de maîtres ; des réclamationsmultipliées appellèrent en vain son alFran-chissement, et, à cette
époque même
, l’éloquencevehemente
de Milton, républicain énergique
comme
îioete immortel,
y
échoua.Le
parlement retint etsarrogea cette partie de l’héritage
de
la royauté.Ce
fut, a
mon
avis,une
des principales causes qui précipitèrent danscette île la chute de la République.- cela prouve aussique
la République n’y ftit jamais,rranchement instituée.
Cependant
la luttepour
la liberté de la presse survécut : cette lutte seprolongeoit encoreauand,
cin-luiquante ansap*ès, lafermentation révolutionnaire dégé- néra en une simple mutation de dynastie.
Quoique
cetevenement
tûtl’ouvragedu
parti patriote , lalibertéde la presse n’ygagna
encorerien : tant le simple contactQU
pouvoir dépravé facilement les idées et inspire1épouvanté de toute contradiction et de toute rumiëre1
^eanmoins,
aubout decinq annéesdenouveaux
eiForts depuis^ce que lesAnglais appellent leur révolution, là liberté de la presse finit par triompher, et i’autcrité royalene
cessa inutilement de renouyeI.er, pendant
1«
cinq années suivantes, lesplus vives tentatives
pour
sen ressaisir.
Le
parlement tout entier n’étoitpas alors réduit a deuxon
troisâmes
libres : legerme
national et prorondy
rut jete d’une jalousie farouchepour
cette importante et taixlive conquête.Nous
avons entendu nagueiesHume
lui-même, qu’on n’a jamais accuséde
trop ae tcpuolicanisme
, professer que lé.relâckemeat
7
sur la liberté de la presse seroit lesignefatal
du
dangerie plus
imminent
pour la portionrépuWicame
de laconstitution britannique.
Le
génie de Pitt vient deconsommer
cette prophétie. Peuple jadis impatient deservitude, tu le vois et tu le souffresj et cest ce
que
Pittappelle, en se
moquant
dePunivers et de toi , ta'délivrance et celle
du
genrehumain
!/ •i i
Puisse cette esquisse historique de la liberté de la presse sur une terre anciennement féconde en exemples
utiles aux peuples qui veulent préserver leuis droits5 nous servir de profitableleçon! , ^ j 1
Ce
n’est pas encoreune
foisque
la liberté de lapresse soit nullement comparable à une- magis^ature censoriale.
Ce
genre de magistrature dans uneRépu-
blique a sur-tout pour objet d’y conserver la constitu- tion par lesmœurs.
Loin
que limprimeriem
^
paroissedestinée ,jelacroiroisbienplutôtpropreàaccélérer leur corruption. Les
mœurs,
qui font seules lecharme
aesaffections privéesetle véritable
amour
delapatrie,n ont debonne
sauve - gardeque
les institutions.Le
o-istrat, à qui la surveillance des moqîirs est confiée doit en imposer, soit par la dignité et la solemnite de
ses fonctions , soit par l’austérité etla
renommee
ae sapersonne.
Que
pourroit-ily
avoir decommun
,grands dieux! entrele pèreDuchêne
et le vieuxCaton
>Gar-
dons-nous de prostituer lenom
de cette celeste magis- trature, ce saintnom
decenseurs,
devant lequelles souvenirs de la liberté restent dans ladoiation et les regrets.
_
L’office de nos journalistes
,
qui sont les ministres or- dinaires
delà
liberté de lapresse, aiiroit plutôt qiiel-ques rapports avec celui des orateurs dansles ancieiî^
nés Républiques, à cette différence près bien nota- ble , que ne se faisoit pas orateur qui vouloir , et
que,
poury
être admis, il failoit avoirdonne
des8
preuves de sa moralité, de son patriotisme et de sa
«agesse. Si la presse,
comme
je lai dit, est la parolé de^ grandes nations, les journaiix en sont les nouvel-
listes
, les discoureurs : semblables à présent dans
un
vaste territoire à ceux qui autrei-cis , dans lenceintede
quelques cites libres, portoient chaque jourde bouche
enbouche,
tantôt les dissertationsou
les ré- cits a 1aide desquels sentretenoit 1esprit public, tan- tôt les médisancesou
les calomnies qui imprimoient au çoüvcir une bienfaisante retenue,^
L
insouciance, la tiédeur, la sécurité sont des prin- cipes corrupteurs de la liberté,
comme
la stagnation estun
principe corrupteur de Pair; et la presse tient les grands peuples,
comme
les vents tiennentles mers dansune
salutaire agitation : par 1agitation, les ci-
toyens se passionnent aux interetsdela patrie, etcest la ce qui constitue l’esprit public,
L homme,
desa nature, gravite
pesamment
sur lui-meme,
et ledévouement
civique est en lui Touvrao-edu
raisonnement, de l’émukrion, de Fenthousiasmede
la vertu: quel levier puisiant, sinon la liberté de la pi esse, iraau besoin éleverde toutes parts lesâmes
a ce point de grandeur ! Sans laliberté de la presse qui delacime
des Pyrénées àla cime desAlpes; et des rives deFOcéan
aux rives de laMéditerranée,qui sous le chaume*des
hameaux ou
le laboureur se délasse et sousles plafonds des villes oûFoisifse partage entre la dissipation et lesommeil
; qui
, dis-je
, ira
,aans Focca-
"sioii,
remuant
les esprits et les cœurs, soulevant et ap- paisant simultanément et à propos la vigilance et lessoupçons
, 1indignationetlesalarmes,les
menaces
etles coups^! qui ; sinon la liberté naturellement curieuse et epiantedelàpresse,dévoileraauloinetàtempsleserreurs ouïescrimes, lesimperitiesou
lesconspirations d’ungou-Vernement
suspect} i)equoime
sert contrele puissant9 qui
m
etoufFe oii quim
eci'ase, qu’il soitresponsableet
temporaire, que mille précautions aient e^të prises et mille actions ouvertes contre ses usurpations et ses violences, si je ne puis les relever par
mes
cris, les
pouisuivre de
mes
plaintes, appeler a mon'secours la nation entière, sans recourir à des formes judiciairesqui sont
du complot
, et
a des dépenses auxquelles
ma
fortune ifatteint pas^Alors
, desdespote? subalternes
comptant
pourdes sëdi^tieux et des conjurés quiconquene sera pas le valetde
•leursvues et deleurs passions
, détourneront l’iisajîe et
1îniiuence oe 1autorité à noircir et opprimer
, pei^écii- ter et emprisonner, destituer et déporter
jalors des di- recteurs et des ministres n’appercevront le peunle
que
dans leurs propres créatures, et la mesure de servilité
deviendra la mesure de crédit; alors enfin il pourra arnvjr
qu on
voieun corpslégislatifnulou
intraitable timideou
inconsidéré, apathique
ou
destructeiir,
dc-
minateur
ou
asservi, spoliateurou
prodigue, àWre
'ou
dans les nues.Un immense
silence tiendra lieude
piosperiteet de bonheur, et cet
immense
silenceune
simple restriction a la liberté de la presse l’aura pro-duit. ^
Mais,d’un autre coté,
y
a-t-ildegouvernement
ré^^lé,sumsamment
robustepour
résister aux artaques libres^
non
interrompues et nombreuses de la presse ?Pour moi,
représentansdu
peuple, je crois qu’il estdeux
choses qui, dans toutes les Pvépubliques, seront éternellement odieuses aux dépcsitairc:s
, quels qu’ils;
soient,
du
pouvoir: je veux dire les élections et la liocrte de ia presse. Pourquoi? c’est que toutesdeux
forment le principe de vie de toute liberté politique et élèvent les moins surmontablesdesbarrières aux abuset auxusurpations de l’autorité.
J ai
montre
1Angleterre laissant échapper la Répu-'Opinionde Laussat,
^ 5
10 blique
, pour iie lui avoir pas identifié la liberté de la pjzesseRajouterai maintenant5 et
pour
aussin'avoir pas Fortementorganisésesélections: ce qui, soit dit enpas- sant,établitune
énorme
disparitéentrelasituationoù
setrouva jamais ce peuple,et celle
où
noussommes.
Ne
nouselFrayonsdonc
pas ,représentansdu
peuple,
quand
nous entendronsnos magistrats s'écrierque
tout estperdu
,
parce
que
les élections sont turbulentes et la presse audacieuse: celui qui ne sait pas gouverner-au milieu de ces élémens n’est pas fait pour gouverner
un
peuple libre.On
oppose quelalibertédelapressepréparaetacheva
les crimes
du
3imai
, et qu’elleamena
la funeste nécessité des journées des i3 vendémiaire et i8 fruc- tidor.La
pressen
étoit paslibrequand
elle servitaux mal-
heurs deces périodes de notre révolution;ellen'y servitque
parce qu'achacune deces périodesellesetrouvacom- mandée
parlaprépondérance intoléranted'unefaction.Prémunissez-vous, représentans
du
peuple, contre les factions qui. déchirent et égorgent les Républiques, et
non
contre la liberté dela presse qui, plus elle sera ga- rantie, plus elle nous garantira elle -même
des fac-^ tieux.
Ayez
d'ailleursou
n'ayez pas la liberté de lapresse,il est certain que si l'esprit
du gouvernement
est per- verti etsamarche
inverse,il n'y a de ressourceque dans la providence dela liberté; maiscette providence elle-même
a toujours grand besoin de la liberté de la presse.Etjerejetteici cettesubtilitéquitendroitàdistinguer de la liberté de la presse rindëpendance des journaux.
La
presseadeux
fonctions diverses: la première, de fa-voriser, de propager, d’éterniser,
pour
l’instruction et leperlectioniiement des siècles etdu monde
entier, lesconceptions
du
genie, età cetitrela liberté delapresseet sescréationsconsacrées dans des ouvrages durables sontle patrimoine substitué'dumonde
entier et de toutes lesgénérations 5 la seconde, de faciliter aux
membres
dis- persés d'unemême
société les communicationsrelatives à leurs intérêtscommuns
,et elle le faitnotamment
parles journaux , dont la liberté forme sous ce rapport la propriété spéciale etconstitutionnellede la génération présente etdechaque corps de nation.
Ne
diroit-onpasque cettelibertémême
des joufnaux,à ces époques revendiquées
du
3i mai et d’avant les11 vendémiaire et 18fructidor, nes'étoitsignaléequ’en faveur des ennemis de ki Républi(^ue?
Pour
ne point parler des vivans, a-t-ondonc
sitôt oublié les Brissotetles
Louvet
)Brissot ne ^fut pas assassiné parce qu’il avoir dé- fendu la liberté de la presse1 il le lut parce
que
1ini- quité régnoit; et l’iniquité régnoit, parce qii une poi- gnée descélérats, forte des
moyens
envahis d une im-mense commune,
étoit parvenue à tout asservir vio-lemment
, et l’imprimerie, et les tribunes, et labarre, et les clameurs , et lesmurmures
, etmême
les gémis-semens , et
même
le silence.Hébert,
membre
de lacommune
, fit trembler laConvention
et la France -,Hébert
, journaliste
,
çérit baffoué sur
un
échafaud. Voilàcomment
lapresse étoitlibre et puissante.
Si la
commune
, au lieud’avoirun
Henriot, n’avoit eu que des Marats, le 01mai nemarqueroit
point par-mi
nos jours lesplusnéfastes.Il en a été de
même
depuis : la contre-révolution à la fin de l’an 3 , étoitbeaucoup
moin^ dans les jour-naux
que dans les sections -, et, à la fin de l’an 5,
c’est des Conseilsquelle alloit déborder dans les jour- naux.
12
Ne
nous en prenonsdonc
pas aux institutions re'pu-bhcaines, de ce qui est le fruit- de nos inconséquences
ou
de nos vices : avisons aussi à ne pas transporterà
notre propreinsçu lespréventionsdelamonarkie
dansle
gouvernement
dela démocratie.Voulez-vous quela libertédelapresse joignele
moins d
inconvenienspossibles àsesavantages?Asstirez-labien et aftermissez-Ia; qu’aucun parti ne puisse s’en appro-^
piiei exclusivement l’usage;
que
ses productions soient luesde toutlemonde
, etnon
plusparune
petite portion- seulement des citoyens : à cet effet, hâtez-vousdonc d
organiserun
plan vaste etprompt
de premier degréd
enseignementpublic. ^ ^Je ne disconviens pourtant pas qu’il
ne
puisse se pré- senter dans les républiquesdeces circonstancesextraor- dinaires et^critiquesoù
la liberté de la presse,non
par elle-meme et seule, mais jointe accessoirement à,
d
autres accidens, auroit réellement des dangers; ellea cela de
commun
avec à-peu-près toutesîes autres libertés,toutes les autres facultés
, tous lesautres droits politiques.
On
en suspend quelquefois, en pareil cas1 exercice, et c est ce quiconstitueladictature:
moyen
extiemequi doittoujoursêtreprécédé
et suivi degrandes '§uré»"'^*°*^*
’ ja-mais avoir qu’une très-courte
^
Confiée à
un
seul,la dictature conduitinfailliblement tôt
QU
tard a la tyrannie.Confiée,
même pour
peu de jours, àun
gouverne-ment
ordinaire, elle en
débauche
et elle en dénatureItîsprît : elle
y
intrô,diiit l’habitude des excès- et de laconrusion dansles pouvoirs.
Ilest fâcheux qu’uneautoritéde cette espèce
, devant fâqueile il peut se faire instantanément que tout ait à fléchir et,a se taire,
même
les lois,même
la nature.i3
ne soitpas toujoursprevue et
combinée
dans une cons- titution.Qu’en
cet état des choses ,lesévénemens
forcent à consentirsous quelnom
eue ce soitun
pouvoir dicta- torial, il ne peut ne pastomber
entre les mains d’une desmagistratures existantes : il Eiiit au moins l’y laisser infiniment peu de temps, afin d’en diminuer le mal.Lorsque la loi
du
19 fructidoran
5 mitpour un
art la liberté des journaux, et pour plus long-temps celle d’une sorte de personnes à la discrétion du Directoireelle
commit
une faute gravej laloidu
9 fructidor sui-vant, qui prorogea la mesure contre les journaux fut inexcusable
, puisqu’aucune considération impérieuse n’y obligeoit.
Ces dictatures partielles sont en outre d’autant plus pernicieuses
, qu’elles persuadent que l’objet sur lequel elles frappent a
moins
d’importance, et qu’elles n’effa- rouchent pas autantla liberté.
Il
y
a par conséquent long-tempsque
l’art.XXXV
de la loi
du
19 fructidor eûtdû
être révoquéj il estmême
douteux qu’il eiitdû
exister jamais.On
aura beaume
le montrer autorisé parl’art.355
de la constitution : je pourrois répondre d’après les ex- plications publiées en l’ani notre collègue Baudin,,et
non
contredites, que l’autorisation m’est suspecte ;
mais de ce que la constitution contiendroit une dispo- sition faculfative mauvaise , ce ne seroit assurément pas àii Corps législatif une
bonne
raison d’en user.Ne
vous attendez pas au reste, representans
du
peuple, que la liberté de la presse se relève sur-le-
champ du coup
terrible qui l’a tenue vingt-un mois
abattue : en général,elle va se mettre d’abordardem-
ment
auservicedela dominationdu
jour,
ou
observerar long-temps une craintive circonspection.Mais que
de.patriotisme et lasagesse,
que
l’amour dela constitutiooiA
7i4 et la haine de toutes les tyrannies
,
que
Tardeur de la,gloire nationale, son courage redoublé danslesrevers
,
sa
modération magnanime
dans la victoire s'exhalent des tribunes des Conseils etdu
cabinetdu
Directoire, et insensiblement viendra se ranger autour d'eux une garck d'écrits énergiques et conservateurs.Si cependant les écarts 'de la presse alloient jusqu'à
compromettre ou
troubler l'ordre de la société, ils
deyiendroient alors criminels envers elle ; car
du mau-
vais emploi de la faculté de la presse peut naître
un
délit,
comme du
mauvais emploi de toute autrefaculté liumaine.On
nuitaveclapresse àl'homme
privéou
àl’homme
public,
ou
bien aux autoritésémanées du
corpssocial. • •
La
résolution qui nous occupe a suivicette division.Mais
elle esttombée
dans une erreur grossière rela-tivement a 1
homme
privé (i). «S'il est diffamé et ca- lomnie, elle 1
admet
a rendre plainte j cependant ,si les faits qui lui sont imputés sont réputés délits
” emportant peine afflictive
ou
infamante, l'auteur
« peut sen rendré dénonciateurcivique, et il est sursis a l'action contre lui jusqu'après le jugement
du
dé--noncé
; si celui-ci est condaiTsné , l'action en diffa•mation
et calomniedemeure
éteinte. »L'homme
privé, représentans
du
peuple , n'est pas en quelque sorte justiciable de la presse, ilne l'estque
des rriounaux*5 ceux-ci sont institués et suffisans pour repondre de lin à la société: 'ainsi, rien n'excuseun
écrit imprimé,d'arracher
un
simple citoyen à son obs- curité pour le signaler à l'animadversionou
au mépris de toute la terre, avant quedu moins
la solemnité(0 Atc. Xî,
XXXI,
XXXII,XXXV.
i5
d’un jugement légal ait constaté ses crimes.
Od en
serions-nous, etque
deviendroient les avantages de la tranquillité, de la retraite ,du
repos, dela viedomes-
tique alors qu’il seroit accorde auxmechans dal
erles troubler
pour
leur plaisir par des horreurs et des calomnies , sauf à les prouver ensuitequand
, a torce de dépenses et de peine ,on
lesy
auroit contraints .Et
si leurtimide victime craignoit les tracasd un pro-
cès ! et si elle n’avoit pas de quoi l'entreprendre . et
si sa
bonne
cause étoitmoins
puissante que 1intrigue,les chicanes , les subornations ,
racharnement ûun
fabricateiir aguerri etpeut- être salarie ,
d
impostures ,qui n’épargneroit ni argent ni démarchés
pour n
en pas avoir ie démenti! Depuisquand
les présomptionsetles feveurs sont-elles ainsi
pour
l’accusateur îRayons
représentansdu
peuple , rayonscette perfidesupposition d’une loi destinée a réprimer etnon
a protéger lesabus de la presse. . r i
C’est ici
un
vice essentiel dans la resolution.Établissons
au
contrairepour
règle invariablequ
ilV
alieu à répressionde la presse , toutes les roisqu
elle attaquel’homme
privé autrement que selon les voiesde
droit et devant les tribunaux.La
simation del’homme
public est bien differente.Aussitôt qu’un citoyen devient dépositaire de quel
que
portion 'ou de l’autoritéou
de la fortunepu
-blique il se
soumet
par,cela seul a la censure eta la surveillance universelles , il entre dès cemoment
sous le libre et hargneux empire de la presse. S il en est effrayé, qu’il s’impute de s’y êtreexposé :_na-t-ilpas aprèstout, pourcontre-poids,l’influence etlesressourcesdu
pouvoir! N’a-t-il pas, pourdédommagement
, lesrécompenses , leshonneurs, la réputation et la gloire.- Voilà bien de quoi braver quelques injustices et
cqn-
s
okr
de quelques licences. S iln
étoit permis de rreü:4.1'trè ch-s- i-n
légitimé
a
enavertir une.» f „t,r" “ ‘"'«eülere, &!ai„r,
chose h»I„r'e, c.,;™L
source et avec oiie!r,.„e ‘î®/’.?® ql'elque nie , faii
Voyons comment
notre res'oîutiony
pourvoitde ‘‘^'•7 '*
~S«i.u„ï„„ell,
pieuse Jv droit
qu
a tout individu d’écnn et d’im-rexe ctc
dcleZJf
fona.onnaires publics dans paa-e queiieesf—flîe
ca.ci
le.i„.doivL. dédier
éL.‘‘‘Lr“„t;;
2L'r,ri‘' si'"“ p™"”'
*fendre et les Üh^r-i-i^
te ^qnelles nepeuvent dé- presse,’par
k consdStioir'onfJ; cTnÔmlïf
elfes
TafeibSlTet
®'°«^«^>tion4
lIe,1.,
a ceque larésolution défend
, je trouve re-
d
abord^^û'^^pwcy^^rlf publiques, . d'annoncer fUon: n obéirapas^pTohib£ol/pSriî^
en cef
queile phrase de critique ne peut être transformée en une inculpaticn injurieuse? Pourquoi des inculpations qui , s^emnla loi
, seront un délit envers le Corps ié-
gisant
ou
le Directoire, ou les puissances étranrères ne le seront-elles pas, suivant cette
même
loi , enversa souveraineté
du
peuplefrançais, lesadministrations '
les tribunaux
J les jurys?
Venant
auxhommes
publics envisagés individuelle-ment, a
résolution défend d’attaquer dans leurhon-
neurou
leur probité' par une imputation imprimée avecintention qavilir leur caractère, les
membres
sépé-1
ement
considérésdu
Corps législatif,du
Directoire , des autres autorités constituées,
ou
les ambassadeurset autres agens cnpiomatiques envoyés par les puis- sances étrangères et reconnus; elle detend de leur
im-
puter, avec lamême
intention, des actesqu’ils n’ont pas Dits.
Queke
vague détermination d’un délit ? Jt- taquer dansl’honneur et laptobité avec l’intention d’avHrD
caractère ! Imputer avecmême
intention des actes qui n aurontpas etc faits! L’un croira l’honneuret laprobitécompromis ou
1 autre ne verra que des jeux d’esprit et des traits dnumeur
; puis l’intention sauveraou condamnera
toujours, selon quefoffenseur
ou
l’oifensé seta puissantou
foible. Ici le plusmince
fonctionnaires1 se S-ht accicdïte, vexera
chaque
jourimpunément
par des pounuites d’office, !e plus misérable écrivain qui aura ose troubier i’ivrêsse de sa grandeur; là
un
O hcu.aireou un
pamphlétaire envogue
s’amusera à tourner en dérision, devant les tribunaux, le ma?is- t.at,ou
le fonctionnaire,ou
l’employé qu’il aura note etdesoie dans les placards et Jes'garetreslÈ
Ce
n’estpas tout : aumoyen
de ceque
la résolution décerne des peines afflictives ou infamantes, elle créeune
classe de libellistes et de calomniateurs privilégiés dans le sein de la E-épublique. Je vous leaemande
,représentaiis
du
peuple, quise flattera
d
obtenirjarnais la solemnité d\ine haute-cour pourle venger desim- primés coupables d’un législateurou d un
direc-teur ?
La
résolution est donc, dansses principaux articles,
ou beaucoup
trop arbitraire,ou
tout-à-fait illu- soire.Je sais qu’il est impossible de la remplacer par une
bonnes
mais nous avons reconnu, àlacommission,qu
ilétoit nécessaire de la remplacer par une
moins mau-
vaise. Les lois pénales
demandent
une extreme préci- sion, et encettematière ilestmalheureusementle plus souventaussi difficile de définirque
facile de sentirou
le
mai commence.
Jene m’arrête pas à ces délitscapitaux quim.enacent quelquefois
imminemment
l’existence sociale; le code pénal, et les lois sur-tout des 2.7 etsfl germinalan
45 ont décidécomment
la presse pouvoity
participer,
et ont
ordonné
en pareil cas laforme
des procedures et la nature des peines.Voulussions-nous perfectionner cette législation, il seroit sagede
renvoyer ad
autrestemps
poury
toucher. ^ ,Mais,
outre les conjurations, les séditions, les^ré- voltés qui renversent, n’y a-t-il pas la^ suite appretee et impunie des insinuations et des mépris qui para- lysent, avilissent, minent etamènent
insensiblementIécroulement et la dissolution!
L’obscénité et l’immoralitédes écrits conduisent en- core
non moins
sûrement,
quoiqu’un peuplus lente
liieiit
, à la perte des Républiques par la perte des.
ptœurs^
^9
Jusque-lànous
sommes
tousd’accord, mais qui nous tracera les caractères si souvent imperceptibles aux- quels nous distinguerons, enfait deparoleset d’écrits, l’indiscrétion de la malice, la finesse de la candeurla gaieté
du
libertinage , la grossièreté de l’injure , l’ironie de la sincérité , et lapréméditation del’étour- derie )Essayé-je d’énumérer
,par exemple, les
modes
d’a- vilissement des autorités ? dire d’elles qu’elles se ven- dent au plus offrant,ou
qu’elles se prostituent àun
parti
; qu’elles ne montrent dans l’exercice de leurs Fonctions qu’ignorance et bêtise ,
ou
que paresse, in- différence, légèreté et vanité; que l’opinion publique n’y est.
comptée pour
rien, ouque
lecommérage y
décide de tout; que leur langage est indécent ,
ou que
leurcostume est'ici grotesque, là hideux, etc.etc.:chacune
de ces imputations est assurément avilissanteimais fussent-elles toutes également fausses et
mal
in- tentionnées, il n’y en a pas une qu’il ftit juste de pu-nir exactement dela
même
peineque
l’autre : plusieurs encore, quoique vraies et fondées , n’en mériteroient pasmoins
d’être réprimées par leur nature et à cause de l’intention.Comment
en' rendre l’innocenceou
la malveillance manifestes devant la loi , et palpables par elle }L’extrême embarras se trouve sur-tout à concilier la répression suffisante de tous ces abus de la presse avecla liberté naturelle
, le droit,le devoir dont nous avons
vu que
nepeuvent êtreprivéslescitoyensd’exami- neret dediscuter , selon toutel’étenduedeleurs esprits,leslois, lesarrêtés, lesactes
, lesjugemens, lessentences
les décisions et les questions d’intérêt civil
ou
poli- tique.Concluons-en que la loi de ce genre la
moins im-
parfaite tirera encore toute sa précision, et toute sa
20
justice de la conscience pure et ëclairée d’un jury.
Mors
d’un jury, les abus de la presse
, plus
que
nulle autre espèce de délitsou
d’abus , livrent au plus 'in- supportable des arbitraires et à la plus inquisitoriale destyrannies.Aussi est-ce
un axiome
devenu presque proverbial pctnni les publicistes, que la liberté de la presse con-
.siste à n’être pas assujetti à d’entraves préalables, et
à n’être après la publication attaquable
que
devantun
jury.Nous
étionsdabord
convenus dans votrecommis-
sion, représentans dupeuple, qu’en réprouvant la ré- solution
, nous chercherions et nous nous
communi-
querions dans nos conférences les
moyens
de l’amé- liorer. Plus jeme
livrai en conséquence àdes médita- tions et à des essais , etplus jeme
convainquis que laformation
du
jury seroit toujours la partie essentielle et principale de toute loi sur la liberté de la presse.Je tournai en conséquence de cecôté-ià
mes
idées^et je dressai
un
jury spécial dont votrecommission
parut goûter les bases, et dont votre rapporteur vous aannoncé que
jdvous entretiendrois.Il seroit trop longde vousleretracer ici dans toute son étendue.
Former
annuellementet pourTannée
en-tière une liste générale de trois cents jurés à Paris
,
de
deux
cents jurés dans Ips dép’artemensou
ily
a descommunes
de cent milleâmes
et au -dessus, de cent cinquantejurés dans ceuxoù
ily
a descommunes
de cinquante milleâmes
et au-dessus et de cent jurés dans tous les autres départemens ; n’y admettre que des citoyens âgés d’au moins quarante ans, et qui eussent rempli certains degrés de fonctions publiques soit ci- viles soit militaires,
ou
qui eussent exercéou
quiexer- çassent certaines professions pour lesquelles il est be- soin de coonoissancesou
d’études,ou
quieussentcom-
tribunaux
, de manière à
y
laisserlemoins
de chances possibles a la partialité . . . Tels sont (i) en résuméles résultats que je m'efForçois d’atteindre.
Il est vrai
que
le jury, dans l’état actuel de notre jurisprudence, supposeroitpour touslescas lapoursuite au criminel
, puisque^ jusqu’à présent nous ne connois- sons pas en France dejury au civil.
Cependant,
représentansdu
peuple, lapins grande partie des abus et des coupables échapperont , tant
que
vous vous obstinerez vouloir recourir contre eux à la voie des peines afflictivesou
infamantes :je vous ai déjà cité^ en exemple les directeurs et les législateurs
,
qiiil n est pas aisé de poursuivre crimi- nellement; mais
, vous le sentez assez
, l’action cri- minelle,
même
ordinaire, est escortée detrop d’appa-
reil, de trop de fracas^, de trop de hasards pour en
faire jamais un
moyen
familieretusuel contre des dé- sordres faciles etcommuns.
Excepté les cas prévus par les lois des 27 et
28
germinal an 4 , soumettons tous les abus de la presse a 1action purement civileÿ attribuons-en laconiiois- sance en première instance auxtribunaux correction- nels des chefs-lieux de département, sauf l’appel
aux
tribunaux civils > attachonsunebonne
organisation de jury à l’instruction de^ ces causes pour la déclaration et détermination de l’abus ; et graduons une échelle d’amendes pécuniaires, etmême
de réparations et d’in-(>) Voyez à.la smtc de certe opinionle tine relatifà ce jury, oui taisoupartie du projet j'apportai à la coaimission,.