L'EDUCATEUR
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~T . RIBUNE DE DISCUSSION
LES EQUIPES
J'ouvre « !'Educateur» et je prends coi:i- naissance des thèmes généraux du Congres
de Pâques 1949. .
J'ai beaucoup réfléchi à cette question .d~
travail d'équipe, que j'ai d'ailleurs expen- menté dans ma classe pendant quelques an- nées. Toute plei.ne d'enthousi~sme après ce fameux premier stage de Sevres pour . l~s
& nouvelles - il y a déjà quatre ans - Je
suis rentrée dans ma classe de fin d'études ... et en avant pour les équipes.!
on se groupait soi-disant librement par 4 5 ou 6 · on élisait un chef (pas de sous- cbef heur~usement ! ) qui devenait tout d&
suite un petit personnage à ses propres yeux et un élément de trouble dans le groupe. On se choisissait une devise, et allons-y pour
« les matches sur les matières du programe ».
J'ai encore le souvenir d'un certain ma:tch de récitation ayant suscité de .viole?tes,.1'1"'.a- lités. Je n'aurai pas le mauvais gout d.Jl'.s_18:' ter. Où était la part de l'enfant, sa possibih".é d'expression libre ? Le changeme~t s'avéra:it purement apparent, formel. C'était, en fait, une aimable modernisation de l'esclavi:g~,
les chefs d'équipe de 13 ou 14 ans se rev~
lant, sous des dehors vertueux, d'une rosserie très féminine manquant· rarement son but.
Ces équipes, à moins d'être animées par le soufile puissant du ma.ître et de manœu~·er
comme des ~oldats .à l'exercice: ire é~wpe aux linos, 2• a la pemture, etc ... », se decom-
posaient rapidement. . .
Bien vite j'ai changé de methode ; les f!l- lettes par le jeu même de la correspondance inter~colaire, étaient amenées à se grouper pour certains travaux. Vous souvenez-vous, chère Madame Faure, de ces enquêtes .. au chenil des Champs-Elysées et à la fournere, de ce récit de visite au cimetière des chi~ns?
Il avait suffi qu'une petite fille de provmce nous demande : « Cornn'l.ent vivent les chiens à Paris ? » J'avais interrogé :
«
Qui veut se charger de r~pondre à cette question ? .»Quatre, cinq main.s s'étaient. l_ev~es. <?'étai~
« l'équipe >>, la vraie, celle qui etait ume par. un intérêt commun pour attemdre un but commun. Pas de chef ni de sous-chef ; le travail se distribuait naturellement.
L'équipe idéale s'est donc révélée, ~ssen
tiellement mobile, ses membres s'umssan.t pour une tâche précise en un instant doru:ie.
Les meilleurs sujets de travaux collectifs étaient occasionnels ... Pour les jours où l'ii;i~
gination manquait, j'avais proposé une sene de sujets, affichés, parmi lesquels les enfan~s pouvaient choisir. Certaines de mes proposi- tions ne rencontraient . aucun écho ! Cela
n'avait que peu d'importance.
.J'ai eu des élèves - les pauvres ! elles
étaient embrigadées malgré elles dans mes premières équipes ! - absolument réfractai- res aux travaux de groupe. Rien ne les inté- ressait ou, plus exactement, ne semblait les intéresser. C'étaient les maladroites, les len- tes, les timides, les « mauvaises élèves » arrivant au fin d'études, courbées sous le poids de leur réputation et ayant perdu, pour .longtemps, confiance en elles.
Pendant le temps réservé aux travaux de groupe, elles gribouillaient .des textes libres ou encore, bien plus souvent, elles résolvaient avec passion les problèmes les plus simples du fichier de calcul. Quel éclair de ]oie dans lew·s yeux quand « c'était juste ». Pauvre vieux fichier du C.E.P ... , il a joué dans ma classe un rôle psychologique de première- importance ! Il a fallu des mois pour que ces enfants là s'intègrent à un groupe... et certaines sont toujours restées résolument à l'écart, sauf pour imprimer.
Je vous assure que si l'un des.chefs de mes équipes première manière avait « noté sur un registre » le nombre de travaux manqués par ces fillettes inadaptées et individualistes par peur inavouée d'être les plus faibles, la chose eut été vraiment dramatique.
Cher Freinet, je n'imprime plus et c'est avec mélancolie que je demande à mes petits correspondants de ne rien expédier rue (.;1 . J'enseigne actuellement les « Lettres » dans deux sixièmes parallèles. J'ai de"s élèves dé- licieuses et intelligentes mais, hélas ! 43 dans -l'une de mes classes et 401 dans l'autre ! Tou-
tes les cinquante cinq minutes je me lève pour laisser la place au professeur suivant.
A mon troisième cours, sans connaître les fillettes, ]'ai immédiatement distingué celles qui avaient travaillé dans une classe primaire selon nos techniques. Ces sept ou huit élèves sont là, au. milieu des autres, comme des petites lumières. Elles brillent, croyez-moi.
Elles entraîneront la classe. Nous ferons des textes libres, nous exploiterons à fond, grâce aux .B.T., notre programme de morale de 6•, c'estrà-dire celui de l'histoire de la civilisa- tion. Tant pis si nous négligeons un peu les
« vertus individuelles ». Elles se développe- ront, sans kop de phrases, je l'espère, au cours de notre travail libre.
Andrée POUPY.
P.S. - ]~ sais pr~te à échanger des travaux
d'histoire avec une ou un collègue de 6•. Que devenez-vous, Costa ? Je réclame - tout bas - de la documentation pour les 6e... Qui nous fera des fiches sur le costume des peuples anti- qu!"s, l'histoire du meuble dans l'antiquité, les -métiers, l'esclavage, la religion, etc ... ?
116 L'EDUCATEUR ENSEIGNEMENT DU SECOND DEGRÉ
ACCIDENTS
L.a question avait été amorcée au stage de Cannes. Notre ami Clémerit (Marne) nous avait annoncé qu'une circulaire ministérielle réglait l'affaire pour le 2e degré. Voici la teneur de cette circulaire qui nous donne satisfaction, Il y aurait peut-être nécessité cependant à faire de- mander par quelque député si cette circulaire s'adresse, comme noµs le pensons, au premier degré.
La question m'a été posée de savoir quelle était la situation juridique · de l' Administration lorsqu'un accident survient dans un groupe d'élè.
ves dont la surveillance est assurée selon les conc.eptions éducatives nouvelles, par un de leurs camarades, à l'occasion d'activités dirigées notamment (le cas des élèves exerçant des fonc- tions de surveillance rétribuées étant exclu),
Cette question présente un double aspect : 1° Responsabilité de l'élève ;
2° Responsabilité personnelle des agents de /'Administration .
1. - Sur le premier point, il est clair que l'élève surveillant ne saurait être assimilé à un fonctionnaire de l'établissement.
Les élèves, même lorsqu'ils sont chargés de certaines missions d'autorité vis-à-vis de leurs camarades, restent des enfants confiés à l' Admi- nistration. Par conséquent, en cas d'accident survenu dans des classes sans ma1tre, non seu- lement la responsabilité de l'Etat est directe- 111ent engagée, mais celui-ci ne saurait exercer contre l'élève surveillant une action récursoire du type de celle qui peut être intentée contre le surveillant fonctionnaire lorsque celui.ci s'est . li. - Les fonctionnaires qui ont organisé le groupe d'élèves et son mode de surveillance, ne
;,, sauraient non plus être mis en cause devant la Juridiction civile, puisque c'est /'Administration supérieure qui, par ses crèglements ou ses ins- tructions, recommande /'emploi de telles métho- des d'éducation.
Leur responsabilité ne peut avoir qu'un carac- tère administratif, c'est-à-dire qu'elle peut exclu- sivement comporter .une suite disciplinaire et non judiciaire - ceci du reste, dans le seul cas où l'organisation même du groupe et le choix de l'élève surveillant auraient été faits avec une absence totale de discernement qui constituerait une faute lourde de la part du chef de l'établis.
semen! ou d'un de ses subordonnés,
Quelles que soient les conditions dans lesquel, les l'accident survient, la famille doit intenter son action ·contre l'Etat (à savoir contre le Préfet qui le représente).
La responsabilité de l'Etat est dégagée lors- qu'il est prouvé que /'accident a un caractère fortuit el n'aurait pu être évité en dépit de toute surveillance. Lorsqu'une classf! ou un
groupe d'élèves ne sont pas sous la surveillance d'un professeur èu d'un surveillant appointé, il est probable que le « cas fortuit » sera plus dif- ficile à plaider et que les tribunaux mettront plus volontie~s à la chacrge de· l'Etat la répara- tion pécuniaire de l'accident. ·Mais ceci ne peut entraîner, aucune conséquence civile ni pour les martres ni pour l'ls élèves surveillants,
GROUPE DES COTES-DU-NORD DE L'ÉCOLE MODERNE
Il vient de se constituer, grâce à l'activité de Le Fur, li- Lescouet-Gouarec. La Gerbe dépar- tementale est décidée, Envoyer les feuilles à Le Corre, à la Vicomté-sur-Rance.
H ~St fait un pressant appel ~UX ,adhé~ents du departement pour que ·soit preparee metho- diquement !'exposition du Congrès d'Angers.
Une réunion qui aura lieu à Saint-Brieuc sélec- tionnera les meilleurs travaux.
o~ commissions de travail sont organisées.
...
GROUPE
D'ÉDUCATION NOUVELLE DE L'ARRONDISSEMENT DE SÉLESTAT (Bas-Rhin)
Au cours de l'année scolaire écoulée, après quelques éonférences d'information tenues par nos éamarades Coqblin (Dijon), Fève, des Vos- ges, et Pemin, de Berii:hoim (Haut-Rhin), vingt- cinq camarades de l'arrondissement de Sélestat ont, grâce au dévouement de M. Teissier, direc- te1:!r d'école à Triembach au Val, formé un Groupe d'Education Nouvelle qui aura bientôt ses statuts et qui fait déjà preuve d'une grande activité : ln collaboration pédagogique y est à l'honneur.
Déjà, µn bulletin de liaison circule entre les membres du groupe, puis un bulletin intérieur fort intéressant, relatant les expériences expo- sées par les ·camarades lors des réunions du groupe.
Des démonstrations pratiques de ,limographe, n'ardigraphe, imprimerie sont prévues pour l'an- née en cours ainsi que des comptes rendus de réalisations fa!ts par des camarades expérimen- tés du groupe sur le texte libre et son exploi-
. tation, le texte libre au C.M. 2, la mélhode
globale de lecture. '.
Le numéro d.'Enfantines de ce mois est
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