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LA MOTIVATION : UNE VARIABLE PREDICTRICE DE LA PERFORMANCE SPORTIVE CHEZ DES ADOLESCENTS PRATIQUANT LE TENNIS A UN NIVEAU NATIONAL

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Academic year: 2022

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LA MOTIVATION : UNE VARIABLE PREDICTRICE DE LA PERFORMANCE SPORTIVE CHEZ DES ADOLESCENTS PRATIQUANT LE TENNIS A UN NIVEAU

NATIONAL Nicolas GILLET

Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’UFR STAPS de Reims Membre du Laboratoire de Psychologie Appliquée, Université de Reims Champagne Ardenne

Introduction

L’intégralité de ce travail de recherche s’est appuyée sur une théorie sociocognitive de la motivation : la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985). Cette perspective théorique permet de rendre compte de la complexité du concept de motivation en considérant qu’il existe plusieurs formes de régulation comportementale : la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’amotivation. Par conséquent, de nombreux auteurs la considèrent comme un cadre théorique pertinent dans la compréhension de la motivation. L’objectif principal de cette étude était d’analyser les relations pouvant exister entre la motivation et la performance sportive en s’appuyant sur la théorie de l’autodétermination. L’origine de ce travail émane d’une carence d’études scientifiques sur les liens éventuels entre la motivation et la performance dans le domaine sportif. Voici quelques unes des questions auxquelles nous essaierons d’apporter des éléments de réponse. La motivation dans le sport permet-elle de prédire la performance d’un athlète ? Quelles formes de motivation ont une influence sur la performance ? L’absence de motivation est-elle systématiquement associée à l’échec sportif ?

Quelques repères théoriques

La nature de l’engagement d’un athlète dans une activité permet de faire la distinction entre la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. La motivation intrinsèque

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implique que le sportif participe à une activité pour le plaisir et la satisfaction qu’elle lui procure. Un athlète intrinsèquement motivé se sent libre de participer et n’est pas préoccupé par des facteurs externes (trophées, argent ou bien encore reconnaissance sociale). Au contraire, un sujet extrinsèquement motivé pratique une activité afin d’obtenir des bénéfices liés à l’engagement dans cette activité. Il peut s’y investir même si elle ne lui procure aucun plaisir. Deci et Ryan (1985) ont différencié trois formes de motivation extrinsèque : la régulation identifiée, la régulation introjectée et la régulation externe.

Dans le cas de la régulation identifiée, l’individu peut s’investir dans une activité qu’il ne trouve pas intrinsèquement intéressante car il estime qu'elle peut lui permettre de s’améliorer dans sa discipline sportive. Par exemple, un joueur de tennis est motivé par régulation identifiée dès lors qu’il s’investit dans une séance de musculation (alors qu’il ne prend aucun plaisir à le faire) car il considère que ce travail est nécessaire à sa progression dans son sport de prédilection. Un individu présentant un score élevé au niveau de la régulation introjectée agit pour éviter de culpabiliser ou pour chercher le soutien d’autrui. Par

exemple, il s’engage dans une activité sportive car il est persuadé de devoir faire du sport pour ressentir du bien être. La régulation externe implique que le comportement du sportif est régulé par des facteurs externes comme les contraintes, les menaces et les récompenses. Par exemple, un athlète peut décider de se rendre à l’entraînement uniquement pour que l’entraîneur le laisse jouer dans le prochain match.

Un individu amotivé n’est ni intrinsèquement ni extrinsèquement motivé. Il n’arrive pas à mettre en relation son comportement et les conséquences qui lui sont associées. En outre, il se sent incompétent, estime qu’il n’a pas ou peu de contrôle sur ses propres actions et ne persévère pas face à la moindre difficulté. Par conséquent, les athlètes amotivés ne perçoivent aucune raison de continuer à pratiquer l’activité dans laquelle ils sont engagés.

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Chantal et ses collaborateurs (1996) ont procédé à une analyse multidimensionnelle de la motivation en lien avec la performance sportive. 98 athlètes bulgares (35 femmes et 63 hommes) de haut niveau ont participé à cette étude. Les résultats ont montré que les détenteurs de titres et de médailles dans les compétitions nationales et internationales présentaient des niveaux plus élevés de régulation externe et d’amotivation que les sportifs moins performants. Ces auteurs ont avancé plusieurs interprétations pour analyser les résultats obtenus. D’une part, le sport de haut niveau fait nécessairement ressortir un aspect extrinsèque. En effet, un sportif appartenant à l’élite nationale de sa discipline sportive prend part à des compétitions dans le but d’obtenir des titres. Son comportement n’est donc pas uniquement régulé par les éléments intrinsèques de l’activité. D’autre part, le contexte social a nécessairement influencé la motivation des sportifs participant à cette recherche. Au moment où l’étude a été réalisée, la Bulgarie était sous régime communiste. Les athlètes de haut niveau pouvaient être considérés comme des privilégiés dans la mesure où leur pratique sportive leur offrait des bénéfices matériels tels que la possibilité de voyager à travers le monde ou de posséder une voiture luxueuse. Par conséquent, la crainte de perdre ces avantages et la pression exercée par les entraîneurs peuvent expliquer les résultats obtenus.

Chantal et ses collaborateurs (1996) encouragent donc les chercheurs à réaliser d’autres recherches avec des athlètes de nationalité et de culture différentes.

Problématique et hypothèses

A partir d’un protocole longitudinal d’une durée de deux ans, cette recherche avait pour objectif de mettre en relation la motivation de jeunes joueurs de tennis et leurs performances sportives au cours de deux saisons sportives (2004-2005 et 2005-2006). En s’appuyant sur les propositions théoriques de Deci et Ryan (1985) et sur des travaux scientifiques dans le domaine de l’éducation, il a été posé l’hypothèse que la motivation

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intrinsèque favoriserait la réalisation de performances sportives satisfaisantes. A l’inverse, l’amotivation devrait avoir une influence négative sur la performance des athlètes.

Méthode

Les 58 meilleurs joueurs de tennis nés en 1991, les 94 meilleurs joueurs nés en 1992, les 58 meilleures joueuses nées en 1991 ainsi que les 51 meilleures joueuses nées en 1992 au classement français 2004 ont été sélectionnés. Nous avons pris contact avec la Fédération Française de Tennis afin d’obtenir les coordonnées postales des sportifs concernés par cette étude. Dès le début de la saison 2004-2005, un courrier a été envoyé à chaque joueur susceptible de prendre part à cette recherche. Les enfants et leurs parents ont été informés des caractéristiques et des objectifs de cette étude à travers une description détaillée du projet de recherche. Une autorisation parentale certifiant que les parents étaient d’accord pour que leur enfant prenne part à cette étude devait être signée. De leur coté, les enfants devaient remplir l’Échelle de Motivation dans les Sports (Brière, Vallerand, Blais, & Pelletier, 1995) puis nous renvoyer le questionnaire et l’autorisation parentale. Cette échelle de mesure est composée de vingt huit items permettant de mesurer la motivation intrinsèque (MI), la régulation identifiée (RID), la régulation introjectée (RIN), la régulation externe (REX) et l’amotivation (AMO).

Sur les 261 courriers envoyés, nous avons reçu 170 réponses, ce qui correspond à un taux de retour très satisfaisant de 65 %.

Sur le site Internet de la Fédération Française de Tennis (FFT), nous avons pu consulter l’intégralité des palmarès des joueurs lors des saisons 2004/2005 et 2005/2006.

Ainsi, il a été possible de calculer objectivement la performance des sportifs au cours d’une puis deux saisons sportives. La performance a été déterminée à partir du ratio entre le nombre de victoires et le nombre de défaites aussi bien pour la saison 2004/2005 que pour l’ensemble des saisons 2004/2005 et 2005/2006.

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Résultats

Dans le but de montrer que la motivation pouvait être un déterminant de la performance, l’analyse en cluster a été utilisée. Cette méthode statistique permet de répartir les sportifs en groupes distincts en fonction de leur profil motivationnel. Les formes de motivation retenues étaient la motivation intrinsèque, la régulation identifiée, la régulation introjectée, la régulation externe et l’amotivation mesurées au début de la saison 2004/2005.

L’analyse en cluster a permis de mettre en évidence trois groupes de joueurs de tennis présentant des profils motivationnels différents (Figure 1).

Cluster 1 Cluster 2 Cluster 3

MI RID RIN REX AMO

-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5

Figure 1. Trois profils motivationnels identifiés à partir de l’analyse en cluster

Le cluster 1 est caractérisé par des niveaux faibles de régulation identifiée, de régulation introjectée et de régulation externe ainsi que des niveaux modérés de motivation intrinsèque et d’amotivation. Le cluster 2 est composé de sportifs avec des niveaux élevés de régulation introjectée et des niveaux modérés de motivation intrinsèque, de régulation identifiée, de régulation externe et d’amotivation. Le cluster 3 comprend des individus avec

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un niveau faible de motivation intrinsèque, des niveaux modérés de régulation identifiée et de régulation introjectée ainsi que des niveaux élevés de régulation externe et d’amotivation.

Afin d’examiner les différences au niveau de la performance sportive en fonction des groupes, des analyses de variance ont été conduites. Les résultats révèlent que les athlètes du Cluster 3 obtiennent des performances significativement inférieures à ceux des clusters 1 et 2 au cours de la saison 2004/2005. Les résultats sont identiques pour la performance calculée sur les deux saisons sportives 2004/2005 et 2005/2006. En revanche, il n’y a pas de différence significative entre les clusters 1 et 2 concernant ces deux mesures de performance.

Discussion

Cette étude montre que la motivation a une influence non négligeable dans la réalisation des performances sportives. Les résultats révèlent l’existence de différences significatives concernant la performance sportive en fonction des profils motivationnels identifiés à l’aide d’une analyse en cluster. En l’occurrence, il semble qu’un profil motivationnel caractérisé par des niveaux élevés de régulation externe et d’amotivation conduise à des performances sportives peu satisfaisantes. Ces résultats soutiennent partiellement les travaux antérieurs réalisés dans le domaine du sport et de l’éducation. Ils ne sont pas en accord avec la recherche de Chantal et ses collaborateurs (1996) qui montrait que les sportifs les plus extrinsèquement motivés et les plus amotivés obtenaient les meilleures performances. Néanmoins, plusieurs interprétations peuvent expliquer ces résultats contradictoires.

D’une part, les sportifs de notre étude étaient des adolescents pratiquant le tennis à un niveau national, alors que dans la recherche de Chantal et ses collaborateurs (1996), les sportifs étaient des athlètes participant aux Jeux Olympiques. Il se peut que le sport de très haut niveau fasse davantage ressortir un aspect extrinsèque car c’est notamment un moyen

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pour les athlètes de gagner beaucoup d’argent. Les bénéfices liés à l’engagement dans une pratique nationale pour les adolescents sont nettement moins importants car ils se limitent à des récompenses matérielles comme les titres et les trophées. L’écart d’âge entre les participants à ces deux études peut également expliquer certaines différences. Un jeune sportif est probablement plus préoccupé par des motifs intrinsèques dans le sens où sa réussite dans l’activité est très dépendante de son investissement et des efforts fournis. A l’inverse, les athlètes plus âgés qui ont déjà consenti beaucoup d’efforts et de sacrifices pour atteindre un niveau de pratique satisfaisant, sont peut être davantage intéressés par les bénéfices pouvant découler de cet investissement antérieur. D’autre part, le contexte social de l’étude menée par Chantal et ses collaborateurs (1996) a pu influencer la motivation des athlètes bulgares dans le sens où le régime communiste exerçait à cette époque une pression importante sur ces sportifs. Par conséquent, les différences sociales et culturelles entre les deux recherches peuvent également expliquer ces résultats discordants.

Conclusion et implications pratiques

Ce travail de recherche a permis de montrer que la régulation externe et l’amotivation étaient négativement reliées à la performance sportive. D’autres études ont montré que l’engagement dans une activité pour des motifs intrinsèques était associé à des conséquences cognitives (la concentration, l’attention), affectives (le plaisir, l’intérêt) et comportementales (la persistance, la sportivité) positives, alors que la régulation externe et l’amotivation conduisaient à des conséquences négatives (Vallerand & Grouzet, 2001). Par conséquent, il semble important d’identifier les facteurs susceptibles de renforcer la motivation intrinsèque et d’améliorer la performance. A cette fin, voici quelques recommandations visant à développer la motivation intrinsèque des athlètes :

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• Mettre les sportifs dans des situations de réussite est un moyen de développer leur sentiment de compétence et leur motivation intrinsèque. Par conséquent, l’entraîneur doit créer des situations où les sportifs réussissent la plupart du temps tout en gardant à l’esprit que les échecs sont nécessaires pour que l’athlète soit amené à réagir positivement.

• L’entraîneur doit varier les contenus d'entraînement afin que les sportifs puissent découvrir de nouveaux exercices. Il doit changer la difficulté des situations et adapter les exercices par rapport à l’évolution des habiletés de l’individu.

• L'entraîneur doit prendre le temps d'expliquer pourquoi certains exercices monotones, ennuyeux et peu intéressants, sont nécessaires à la progression des individus. Il doit également reconnaître que l’athlète puisse éprouver des difficultés dans certaines situations car les erreurs et les maladresses font partie du processus d'apprentissage.

• L’entraîneur doit essayer d’instaurer un contexte de liberté car un sportif qui ne se sent pas contrôlé est plus à même de persévérer dans l’activité. Il doit également être à l’écoute des athlètes et ouvert à la discussion.

• Il est important de confier des responsabilités à l’athlète et de le faire participer à certaines décisions. Par exemple, l’entraîneur peut laisser, dans la mesure du possible, le joueur choisir l’heure à laquelle débute l’entraînement.

• L’entraîneur doit éviter de mettre sans cesse les athlètes dans des situations de compétition. Il est préférable de créer une atmosphère conviviale en favorisant l'apprentissage coopératif. Par exemple, l’évaluation de la progression des individus doit être basée sur leur implication et leur maîtrise plutôt que sur une évaluation comparative entre les sportifs.

• Il est important que le contexte d’entraînement soit adapté aux caractéristiques des sportifs car un même climat motivationnel peut être perçu différemment par les athlètes. Il est donc primordial que l’entraîneur connaisse suffisamment bien les attentes et les objectifs de chaque sportif afin de ne pas adopter les mêmes comportements avec tous les athlètes dont il a

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la charge. C’est un moyen pour le sportif de se sentir compris, estimé et respecté par l’entraîneur aussi bien en tant que personne qu’en tant qu’athlète.

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