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Submitted on 14 Dec 2010
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Etude d’une antenne octaédrique pour la localisation de sources sonores compétitives
Patrick Marmaroli, Xavier Falourd, Hervé Lissek
To cite this version:
Patrick Marmaroli, Xavier Falourd, Hervé Lissek. Etude d’une antenne octaédrique pour la localisation
de sources sonores compétitives. 10ème Congrès Français d’Acoustique, Apr 2010, Lyon, France. �hal-
00546828�
10`eme Congr`es Fran¸cais d’Acoustique
Lyon, 12-16 Avril 2010
Etude d’une antenne octa´edrique pour la localisation de sources sonores comp´etitives.
Patrick Marmaroli 1 , Xavier Falourd 1 , Herv´ e Lissek 1
1
EPFL LEMA patrick.marmaroli@epfl.ch
L’environnement industriel ou urbain peut ˆ etre compos´ e de nombreuses sources nuisibles comp´ etitives.
Les strat´ egies optimales pour r´ eduire le bruit n´ ecessitent en amont une connaissance la plus pr´ ecise pos- sible des caract´ eristiques acoustiques et physiques de ces sources. Ce document propose une m´ ethode pour localiser et estimer la puissance acoustique de plusieurs sources de bruit simultan´ ement. Par opposition aux m´ ethodes les plus classiques impliquant des microphones directifs ou des syst` emes d’antennerie dit
`
a formation de voie pour lesquels les performances d´ ependent fortement de la qualit´ e et/ou du nombre de microphones utilis´ es (g´ en´ eralement important), nous utiliserons des microphones omnidirectionnels en nombre limit´ e. Bas´ e sur les intercorr´ elations entre microphones, le traitement combinatoire propos´ e est illustr´ e par des simulations et une exp´ erience en salle an´ echo¨ıque dans lesquelles une antenne tridimen- sionnelle doit localiser et comparer l’´ energie de haut-parleurs al´ eatoirement distribu´ es dans l’espace. Dans cette ´ etude les sources sont consid´ er´ ees monopolaires, large bande, immobiles, stationnaires et d´ ecorell´ ees deux ` a deux.
1 Introduction
La localisation dite “passive” de sources sonores par estimation des diff´ erences de temps d’arriv´ ee sur une antenne de capteurs est un vaste champ de recherche en acoustique (acoustique des salles, radars, m´ etrologie etc.). Nous nous int´ eressons ici ` a la localisation de sources sonores ` a large support fr´ equentiel, spatialement disjointes, stationnaires, immobiles et d´ ecorr´ el´ ees deux ` a deux. Le nombre de sources peut ˆ etre sup´ erieur ` a celui des capteurs que composent l’antenne. Chaque source sera consid´ er´ ee comme monopolaire et situ´ ee dans le champ lointain par rapport aux dimensions de l’antenne.
Ce document se compose de la mani` ere suivante : dans la section 2 nous explicitons comment identifier les di- rections d’arriv´ ee d’une puis plusieurs sources simul- tan´ ement grˆ ace aux fonctions d’intercorr´ elations. Une
´ etude sur la r´ esolution angulaire relative aux erreurs num´ eriques et de mesures physiques est explicit´ ee dans la section 3. Nous introduisons en section 4 comment les fonctions d’intercorr´ elation permettent d’estimer la valeur ´ energ´ etique d’une ou plusieurs sources. Enfin une exp´ erience en salle an´ echo¨ıque est d´ ecrite en section 5, et permettra de conclure sur les r´ esultats et limitations de la m´ ethode propos´ ee dans la section 6.
2 La localisation de source par estimation des d´ elais
La localisation d’une source large bande peut ˆ etre estim´ ee grˆ ace aux d´ elais de propagation du son me- sur´ es entre deux ou plusieurs capteurs d’une antenne
`
a g´ eom´ etrie connue. Consid´ erons un signal large bande s(t) enregistr´ e par deux microphones distants p i et p j
dans un milieu sans r´ eflexions, on a alors : p i (t) = s(t) + n i (t)
p j (t) = a ij s(t + τ ij ) + n j (t) (1) o` u n repr´ esente un bruit de mesure que l’on consid´ erera nul pour la suite de l’´ etude, a ij un rapport d’amplitude symbolisant l’absorption du son dans l’air entre les deux capteurs, dans notre cas a ij = 1, et τ ij le temps de propagation du front d’onde entre les micro- phones. La m´ ethode classique pour estimer τ ij consiste
`
a calculer la fonction d’intercorr´ elation R ij (τ ) exprim´ ee par :
R ij (τ) = Z +∞
−∞
p i (t)p j (t − τ)dt (2) La fonction d’intercorr´ elation pr´ esente un maximum en τ = τ ij . Ce d´ elai est intrins` eque ` a la direction d’arriv´ ee de l’onde incidente. En filtrant les signaux en amont de l’intercorr´ elation, l’on peut amplifier les bandes de fr´ equences pr´ esentant un haut rapport signal sur bruit et diminuer celles o` u le bruit est dominant. Il existe plusieurs types de pond´ erations : Roth, SCOT, PHAT, CPSP, modified CPSP, ML, Eckart, HT etc.
Chacune d’elles est adapt´ ee aux propri´ et´ es de la me- sure comme le rapport signal sur bruit, la distribution statistique des signaux ou la dur´ ee d’enregistrement [1].
Les d´ eveloppements de ce document ne s’appuieront que
sur l’intercorr´ elation classique.
2.1 Cas d’une source unique en champ lointain : principe de multilat´ eration
Munissons-nous d’un rep` ere orthonorm´ e direct R(O,
~
x, ~ y, ~ z) (figure 1a) dans lequel six microphones sont dispos´ es aux centres des faces d’un cube d’arˆ ete d (fi- gure 1b). Nous utiliserons les trois paires form´ ees par les microphones {1, 2}, {3, 4} et {5, 6}. Consid´ erons une source sonore S de coordonn´ ees (X,Y,Z ) dans le rep` ere de l’antenne. Les diff´ erences de temps d’arriv´ ee des fronts d’onde entre deux microphones d’une mˆ eme paire permettent d’estimer, dans le champ proche, la posi- tion cart´ esienne de S (approche hyperbolique) et, dans le champ lointain, sa direction d’arriv´ ee en azimut et
´ el´ evation (approche hyperbolique ou conique).
Figure 1 – (a) : coordonn´ ees cart´ esiennes et sph´ eriques, (b) : g´ eom´ etrie d’antenne ` a six
microphones utilis´ ee.
Nous traitons dans un premier temps le probl` eme de la localisation d’une source unique en champ lointain.
Sans a priori sur sa position dans l’espace, l’ensemble des solutions possibles est support´ ee par une sph` ere de rayon R suffisamment grand pour respecter l’hypoth` ese de champ lointain et d’´ equation dans R :
x 2 + y 2 + z 2 = R 2 (3) Pour chaque paire, l’ensemble des solutions possibles respectant un retard inter-capteur τ ij est un cˆ one de r´ evolution de sommet O et d’angle d’ouverture α ij [2]
tel que :
α ij = arccos cτ ij d
(4) o` u c est la vitesse de propagation du son, consid´ er´ ee constante au sein de l’antenne. Les trois cˆ ones port´ es par chaque paire de microphones ont pour ´ equation dans R :
x 2 + y 2 = z 2 tan 2 α 12 z 2 + x 2 = y 2 tan 2 α 34
y 2 + z 2 = x 2 tan 2 α 56
(5)
Les coordonn´ ees du point solution qui satisfont les
´ equations (3) et (5) sont :
X = R cos α 56
Y = R cos α 34 Z = R cos α 12
(6)
Ainsi, dans le cas o` u la distance ` a la source R est connue, cette solution fournit les coordonn´ ees cart´ esiennes de la source. Lorsque R est inconnue, on ne se contente alors que de la direction d’arriv´ ee de la source qui est ind´ ependante de R et vaut :
ϕ = arctan
cosα 12
√ cos 2 α 34 + cos 2 α 56
θ = arctan
cos α 34
cos α 56
(7)
2.2 Cas de plusieurs sources en champ lointain : traitement combinatoire
Lorsque N sources larges bandes et d´ ecorr´ el´ ees deux
`
a deux sont pr´ esentes, les intercorr´ elations calcul´ ees sur chaque paire de capteurs pr´ esentent un nombre de pics inf´ erieur ou ´ egal ` a N. Consid´ erons le cas d’un m´ elange non convolutif de trois sources de bruits blanc spatia- lement disjoints, la figure 2 illustre l’exemple d’inter- corr´ elations que pourraient nous donner chaque paire.
Les trois intercorr´ elations pr´ esentent chacune trois pics distincts. Le probl` eme consiste ` a associer ` a chaque pic de la premi` ere paire, les deux pics des deux autres paires pour obtenir un triplet de d´ elais inh´ erent ` a chaque source.
Figure 2 – Exemple d’intercorr´ elations obtenues pour chaque paire lorsque trois sources d´ ecorr´ el´ ees, larges
bandes, spatialement disjointes se pr´ esentent ` a une antenne tridimensionnelle en m´ elange non convolutif.
Dans l’exemple de la figure 2, plusieurs combinaisons sont possibles pour l’association des pics, par exemple : {1,4,7}, {1,4,6}, {1,4,9}, {2,4,7}, {2,4,8} etc... Un trai- tement combinatoire est donc n´ ecessaire pour ne garder que les trois triplets physiquement coh´ erents. Nous pro- posons de d´ eterminer ce choix sur le crit` ere physique suivant : en rempla¸ cant (6) dans (3), on obtient une relation qui lie les angles d’ouvertures des cˆ ones, et ce ind´ ependamment de la position de la source, cette rela- tion s’´ ecrit :
3
X
p=1
cos 2 α ij = 1 (8)
En terme de d´ elai inter-capteurs, la relation (8)
´ equivaut ` a :
v u u t
3
X
p=1
τ ij 2 = d
c (9)
Autrement dit, si un triplet de d´ elais v´ erifie cette
´ egalit´ e, alors leur association m` ene ` a la direction d’ar- riv´ ee d’une source coh´ erente, sinon leur association est incoh´ erente et ne correspond pas aux crit` eres physiques d’un front d’onde propag´ e depuis le champ lointain.
En ne retenant que les combinaisons qui v´ erifient cette
´ egalit´ e, les triplets de pics sont retrouv´ es et chaque source est ainsi localis´ ee. Th´ eoriquement le nombre de sources n’est pas limit´ e : la figure 3 rend compte d’une simulation o` u sept sources sont dispers´ ees dans l’espace.
Le traitement combinatoire bas´ e sur la relation (9) per- met de localiser les sept sources.
Figure 3 – Exemple d’application du traitement combinatoire pour la localisation multi-sources.
Il est int´ eressant de noter que la relation (9) est ind´ ependante de la direction d’arriv´ ee de la source. Ceci implique qu’un d´ elai peut ˆ etre retrouv´ e connaissant les deux autres (au signe pr` es). Ainsi la localisation dans un demi espace tridimensionnel est rendu possible mˆ eme si l’on ne dispose que d’un r´ eseau planaire.
La figure 4 rend compte d’une simulation o` u l’on com- pare l’´ el´ evation d’une source estim´ ee par une antenne planaire et une antenne tridimensionnelle. La distance et l’azimut de la source sont constantes et fix´ ees respec- tivement ` a 100 m et = 0 ◦ , son ´ el´ evation varie de 0 ◦ ` a 90 ◦ . Les deux antennes ont une distance inter-capteurs de 2 m, et op` erent ` a la fr´ equence d’´ echantillonnage de f s = 10 kHz. Chaque point de simulation est effectu´ ee sur 10 bruits blancs diff´ erents ` a distribution gaussienne centr´ ee en 0 et de variance unitaire. Les r´ esultats sont repr´ esent´ es sur la figure 4. On observe qu’au del` a de 25 ◦ , l’erreur est inf´ erieur au degr´ e pour l’antenne pla- naire, selon les cas, l’utilisation des six microphones est donc inutile.
3 Impr´ ecision angulaire
Nous avons vu dans le paragraphe 2.1 que la localisa- tion d´ epend, d’une part, de crit` eres physiques comme la
Figure 4 – Comparaison d’une antenne 2D et 3D pour l’estimation de l’´ el´ evation.
distance entre deux microphones d’une mˆ eme paire et la c´ el´ erit´ e du son, et d’autre part, d’un crit` ere num´ erique : la fr´ equence d’´ echantillonage qui influe directement sur l’exactitude des d´ elais mesur´ es. L’objet de ce paragraphe est d’identifier en quoi une erreur sur ces mesures phy- siques ou bien une faible fr´ equence d’´ echantillonnage influent sur la pr´ ecision de la localisation. Pour cela consid´ erons le cas d’une antenne de deux microphones s´ epar´ es d’une distance d, dans un milieu homog` ene de temp´ erature T e constante au sein de l’antenne. Les va- leurs de d et T e r´ eelles diff` erent des valeurs mesur´ ees ˆ d et ˆ T e selon des tolerances que nous exprimerons au cas par cas. La fr´ equence d’´ echantillonnage est quand ` a elle consid´ er´ ee connue et exacte et sera not´ ee fs. L’antenne est orient´ ee de telle mani` ere qu’une source provenant de l’angle d’arriv´ ee 0 ◦ soit dans l’alignement des deux mi- crophones. Les expressions analytiques des impr´ ecisions angulaires seront donn´ ees pour un angle d’arriv´ ee de la source compris entre 0 ◦ et 90 ◦ .
3.1 Impr´ ecision angulaire relative ` a un
´ ecart de positionnement des micro- phones
Consid´ erons que la distance r´ eelle d entre les deux microphones est reli´ ee ` a la valeur mesur´ ee ˆ d par la rela- tion :
d inf ≤ d ≤ d sup (10) o` u d inf = ˆ d(1 − δ) et d sup = ˆ d(1 + δ) et δ est une tol´ erance de mesure exprim´ e en %. On d´ eduit de (4) et (10) une relation reliant la direction d’arriv´ ee r´ eelle et mesur´ ee de la forme :
α inf d ≤ α ≤ α sup d pour 0 ≤ α ≤ π
2 (11)
o` u α inf d = arccos d cτ
inf
et α sup d = arccos d cτ
sup
. En ap- pelant α,d l’impr´ ecision angulaire maximale que l’on puisse avoir entre la r´ ealit´ e et la mesure, on d´ eduit d’apr` es 11 :
θ,d = α sup d − α inf d pour 0 ≤ α ≤ π
2 (12)
Une telle impr´ ecision angulaire pour l’antenne ´ etudi´ ee est repr´ esent´ ee sur la figure 5a pour diff´ erentes tol´ erances.
3.2 Impr´ ecision angulaire relative ` a un
´ ecart en temp´ erature
La vitesse du son c est reli´ ee ` a la temp´ erature T e (en degr´ e Celsius) par la relation suivante [3] :
c = 331.4 + 0.607T e (13) En supposant faire une erreur de γ degr´ es entre la temp´ erature r´ eelle T e et la temp´ erature mesur´ ee ˆ T e , la c´ el´ erit´ e mesur´ ee ˆ c est reli´ ee ` a la c´ el´ erit´ e r´ eelle c par :
c inf ≤ c ≤ c sup (14) o` u c inf = 331.4 + 0.607( ˆ T e − γ) et c sup = 331.4 + 0.607( ˆ T e + γ). On d´ eduit de (4) et (14) une relation re- liant la direction d’arriv´ ee r´ eelle et mesur´ ee de la forme :
α inf c ≤ α ≤ α sup c pour 0 ≤ α ≤ π
2 (15)
o` u α sup c = arccos τ c d
infet α inf c = arccos τ c
supd . En ap- pelant α,T
el’impr´ ecision angulaire maximale on d´ eduit d’apr` es (15) :
α,T
e= α sup c − α inf c pour 0 ≤ α ≤ π
2 (16)
Une telle impr´ ecision angulaire pour l’antenne ´ etudi´ ee est repr´ esent´ ee sur la figure 5b pour diff´ erents ´ ecarts en temp´ erature.
3.3 Impr´ ecision angulaire relative ` a la fr´ equence d’´ echantillonnage
Par d´ efinition, on ne peut identifier deux pics si l’´ ecart entre eux est inf´ erieur ` a deux ´ echantillons. Ainsi un d´ elai mesur´ e ˆ τ est reli´ e au d´ elai r´ eel τ par la relation
τ inf ≤ τ ≤ τ sup (17) o` u τ inf = arg max(ˆ τ − 2/f s , −τ max ) et τ sup = arg min(ˆ τ + 2/f s , τ max ). On tient compte ici de la me- sure physique : un d´ elai ne peut ˆ etre sup´ erieur au d´ elai maximal liant la distance inter-capteur et la vitesse de propagation du son par la relation τ max = d sup /c inf . On tire de (17) et (4) une relation reliant la direction d’arriv´ ee r´ eelle et mesur´ ee de la forme :
α inf f
s
≤ α ≤ α sup f
s
pour 0 ≤ α ≤ 2π (18) Avec α inf f
s
= arccos cτ
supd et α sup f
s
= arccos cτ
infd . En appelant α,f
sl’impr´ ecision angulaire maximale on d´ eduit d’apr` es (18) :
α,f
s= α sup f
s
− α inf f
s