Le 18/10/2005 Monsieur le Principal,
Nous avons pris connaissance du décret du 26 août 2005 relatif aux remplacements de courte durée, ainsi que du projet de protocole fixant les modalités de remplacement des professeurs absents.
Ce décret stipule que dès le mois de janvier il vous appartiendra d’imposer tout remplacement selon vos propres modalités. Par conséquent, nous ne souhaitons pas prendre part à une concertation pour mettre en place cet éphémère protocole. Nous réaffirmons notre refus d’assurer ces remplacements.
Détaillons les raisons de ce refus.
Tout d'abord, il nous semble intolérable de mobiliser des professeurs par ailleurs déjà employés à temps plein alors que le nombre de postes supprimés cette rentrée s’avère à nouveau très important. Il est trop souvent fait appel aux heures supplémentaires (via la DHG) pour compenser les suppressions de postes. Ce décret transfère sur les établissements la gestion des remplacements de courte durée sans moyens supplémentaires et entraîne un transfert de la responsabilité des dysfonctionnements sur les chefs d’établissement et les enseignants, tentant ainsi de dédouaner l’Éducation Nationale de ses responsabilités.
Il faut tout simplement parler de « surveillance » en cas de professeurs absents, ce décret n'ayant pour objet que de masquer le manque de surveillants (suite notamment à la disparition des MISE). De plus aucune mesure n'est prise pour les absences de plus longue durée, qui sont celles qui posent le plus de problèmes. On veut faire croire, de façon démagogique, que les absences de courte durée des enseignants sont une « calamité » pour l'instruction des élèves. Le remplacement doit être assuré par un enseignant formé et qualifié dans la même matière que le professeur absent et non pas par une personne disponible dans l'établissement, qu'elle soit volontaire ou non. Les moyens de remplacement en Professeurs Titulaires doivent s'inspirer de ceux mis en œuvre dans le premier degré, pour résoudre enfin sérieusement le problème des remplacements, qu’ils soient de courte ou de longue durée. Seules la nomination de remplaçants titulaires en nombre suffisant et l'augmentation du nombre de surveillants peuvent répondre à l'obligation de continuité du service public d'éducation.
Croyez bien que nous avons à cœur, tout comme vous, d’assurer l’instruction de nos élèves. Mais la dérive actuelle de nos statuts nous semble un danger pour la qualité de nos enseignements. Ce décret méconnaît la nature du travail d’enseignant et dévalorise celuici en assimilant pédagogie et présence devant les élèves. C’est pourquoi le remplacement d’un professeur par un professeur d'une autre discipline nous apparaît comme contraire aux textes régissant les horaires d’enseignements, dévalorisant pour notre formation et dangereux pour l’avenir de notre profession (bivalence, trivalence, surveillance, ...). Si les moyens existent pour payer des heures supplémentaires, utilisonsles plutôt pour créer de vrais postes de remplacements.
Enfin, le conseil d’administration ne nous apparaît absolument pas compétent, de par sa
constitution (parents, personnels ATOS, élèves...), pour statuer sur un éventuel protocole de
remplacement, c’est à dire une question de gestion des personnels et de cohérence pédagogique. En laissant à chaque établissement l'organisation concrète de nos services, c'est le cadre national de nos conditions d'emploi qui est remis en cause.
Dans la certitude que notre objectif commun reste la réussite de nos élèves, nous vous prions de croire, Monsieur le Principal, à l’assurance de nos sentiments dévoués et respectueux.
Cijoints les résultats du vote auquel ont participé 25 professeurs sur 32, et qui a servi de base à cette lettre.
Résultat d'un vote interne (25 bulletins exprimés) :
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Êtesvous favorable à l'abrogation de ce décret ?
Oui : 84% Non : 8% Sans opinion : 8%
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Acceptezvous de refuser collectivement de tels remplacements ?
Oui : 92% Non : 8% Sans opinion : 0%
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Souhaitezvous participer à l'élaboration du « protocole » de remplacement ?
Oui : 20% Non : 76% Sans opinion : 4%
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Êtesvous favorable à la création de postes de titulaires, afin que les titulaires remplaçants ne soient plus affectés à l'année mais soient disponibles pour les remplacements ?
Oui : 80% Non : 4% Sans opinion : 16%
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