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MODIFICATIONS DE LA VALEUR DES NORMES SANGUINES EN FONCTION DU DEGRÉ DE STÉATOSE HÉPATIQUE CHEZ L'OIE GAVÉE

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HAL Id: hal-00900663

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Submitted on 1 Jan 1970

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MODIFICATIONS DE LA VALEUR DES NORMES SANGUINES EN FONCTION DU DEGRÉ DE STÉATOSE HÉPATIQUE CHEZ L’OIE GAVÉE

J.-C. Blum, J.-C. Gaumeton, J.-P. Muh, B. Leclercq

To cite this version:

J.-C. Blum, J.-C. Gaumeton, J.-P. Muh, B. Leclercq. MODIFICATIONS DE LA VALEUR DES

NORMES SANGUINES EN FONCTION DU DEGRÉ DE STÉATOSE HÉPATIQUE CHEZ L’OIE

GAVÉE. Annales de Recherches Vétérinaires, INRA Editions, 1970, 1 (2), pp.167-178. �hal-00900663�

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MODIFICATIONS DE LA VALEUR DES NORMES SANGUINES EN FONCTION DU DEGRÉ DE STÉATOSE HÉPATIQUE

CHEZ L’OIE GAVÉE

J.-C. BLUM J.-C. GAUMETON J.-P. MUH B. LECLERCQ*

* Station de Recherches avicoles, Centre de Reeherches de Tours, 3i - Nouzilly

Institut national de la Recherche agronomique

** Laboratoire de Recherches du Service de Clinique médicale proPédeutique, Hôpital A. Calmette, 5" Ouest, 5.9 - Lille

RÉSUMÉ

Au cours du gavage, diverses normes sanguines sont modifiées. La glycémie diminue. La pro- ti<lémie augmente ; cette augmentation intéresse tout particulièrement la fraction de type sérum albumine (fraction albuminoïde) qui fixe l’acide hydroxybenzène-azo-benzoïque. A la fin du gavage il intervient un ictère qui peut affecter toutes les oies, mais est cependant plus fréquent lorsque le degré de stéatose est accusé. Cet ictère présente des caractéristiques propres aux ictères par rétention : activité accrue de la phosphatase alcaline, enrichissement du sérum en cholestérol et en triglycérides. En l’absence d’ictère grave la fraction albuinino ï de est moins abondante

lorsque le foie est plus gros, mais elle s’accroît considérablement lorsque la bilirubinémic est élevée. L’activité de la glutamique-oxalo-acétique transaminase (SGOT) varie indépendamment

des autres normes sanguines (bilirubine, fraction albuminoïde, phosphatase) ; elle est d’autant plus grande que le foie est plus lourd, mais elle paraît plus élevée après 12 jours qu’après zi jours

de gavage.

En définitive, toute augmentation quantitative de la fraction albuminoïde ou, plus excep- tionnellement, du glucose sanguin paraît être défavorable à la formation du foie gras ; elle traduit

l’incapacité de l’organe à fixer et à retenir les nutriments. Cette incapacité semble très mar-

quée en cas d’ictère grave qui témoigne des difficultés du drainage vasculaire.

INTRODUCTION

Chez les Oiseaux, le foie joue un rôle dans le maintien de l’homéostasie sanguine

qui paraît encore plus important que chez les Mammifères. Il assure la synthèse d’un

grand nombre de protéines sériques (S ’ ru R xrE, 19 6 5 ) ; de ce fait, il intervient dans

la régulation de l’équilibre hydrominéral. En ce qui concerne les lipides, son activité

métabolique est considérable ; le système lymphatique étant absent, les acides gras

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alimentaires lui parviennent directement ; il mobilise les graisses néoformées et règle

ainsi la lipémie, l’intervention du tissu adipeux étant négligeable (NoYArr et al., rg64 ; O’HE A et I,!vW l,t,>~, 19 68). Chez l’Oie gavée, le foie synthétise une grande quantité de triglycérides qui s’accumulent in sitit du fait d’une défaillance probable

du système de transport (I!ECi.ERCQ et al., ig68). I,e poids du foie peut être décuplé;

les cellules sont distendues, sinon éclatées ; la présence de caillots sanguins et la

difficulté des perfusions témoignent des obstacles qui ralentissent la circulation hépa- tique (B I , UM , LFcLERcq et G RAF , ig68). De telles lésions devraient troubler profon-

dément l’activité métabolique ; mais elles n’affectent pas également tous les animaux : chez certains l’infiltration graisseuse reste très limitée.

Il nous a paru intéressant d’étudier l’effet du gavage sur les normes sanguines

en fonction de l’état de stéatose hépatique. Cette étude pourrait nous renseigner sur

les déviations du métabolisme hépatique et, partant, sur la nature des lésions. Sur le plan pratique, le gavage des oies incapables de fournir un foie gras est une opération

coûteuse. Leur élimination précoce pourrait être assurée par la mesure d’une norme

sanguine variant dès le début du gavage. Jusqu’à ce jour, les recherches effectuées

en ce domaine restent très limitées. Les travaux de T OURNUT et al. ( 19 6 7 ) portent

sur un assez grand nombre de constituants sériques (glucose, protéines, lipides, transaminases) ; malheureusement, les résultats obtenus à chaque stade de gavage intéressent seulement 8 à 9 oies ; ils ne sont pas rapportés à l’état de stéatose, ce qui

rend leur interprétation difficile. Cette dernière critique s’applique également à une

autre étude, celle de PoxExl?.9ca!R ( 19 6 7 ) qui note un accroissement de la choles- térolémie et de l’activité de divers enzymes sanguins (amylase, lipase, transaminases).

Les observations de S ZYLIT , L ECLERCQ et I VOR E C -S ZYLIT ( 19 68) concernent unique-

ment la lacticodéshydrogénase dont l’activité, fonction du degré de stéatose, s’accroît

au cours du gavage. Pour notre part, nous avons voulu procéder à une large inves- tigation en dosant simultanément plusieurs constituants sériques à l’aide de l’ana- lyseur multiple Technicon SMA->= 2 .

MATÉRIEL ET M!THODF:S

.4ni!;iaiix et végirura

Les oies sont de race Landaise et âgées de 5 mois. Elles sont élevées au Domaine expéri-

mental d’Artiguères suivant les méthodes ordinairement utilisées ( M o NACHON , 19 66). Pendant

les quatre semaines précédant le gavage, les animaux reçoivent à volonté un régime à base d’ara- chide, céréales et viande, riche en protéines ( 25 p. ioo) ; du fourrage vert est distribué en abon- dance. L’aliment utilisé pour le gavage renferme 95 p. ioo de maïs entier, 5 p. IOO de saindoux et 0 , 5 p. ioo de sel ; il est cuit à la vapeur. Chaque oie en ingère l 000 g/jour, soit environ 6

5

o g de produit sec, qui sont répartis entre 3 repas. L’eau de boisson est fournie à profusion.

Six oies témoins sacrifiées avant gavage, au moment où celui-ci devrait débuter, servent de base de référence. Dans un premier essai on apprécie l’effet de zi jours de gavage chez 6g oies.

Le deuxième essai porte sur dcux lots de 6 oies, l’un gavé pendant 12 2 jours, l’autre pendant 21 jours.

Le sang est prélevé le matin à jeun le jour du sacrifice. Ce prélèvement est effectué à l’abattoir

après section des jugulaires. Le deuxième essai comporte une prise de sang supplémentaire réa-

lisée une heure plus tcît par ponction de la veine alaire, afin d’apprécier l’influence du « stress u

résultant du transport à l’abattoir. Le sérum est séparé du caillot iA à z.I heures après le prélève- ment ; mais par suite d’une livraison tardive, cette séparation n’est intervenue qu’après 4 8 heures

dans le cas des 6 9 oies gavées pendant 21 jours. Conséquence de ce retard, les sérums prove-

nant du premier essai sont anormalement rosés ou rougeâtres du fait de l’hémolyse.

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Méthodes analytiques

Les sérums sont conservés congelés afin de grouper toutes les analyses. Douze constituants

sériques sont dosés simultanément grâce à l’utilisation de l’analyseur Technicon SMA- 12/30 - type Hôpital (W HITEHEAD , 19 6 5 ). Dans le cadre de cette étude, il est impossible de commenter

toutes les méthodes utilisées. Sauf pour le sodium et le potassium déterminés par photométrie

de flamme, ces méthodes aboutissent toujours à des mesures colorimétriques qui sont décrites

avec précision par plusieurs auteurs (SKEG GS et H OC HSTRASSE R , z 9 6 4 ; BtrrrrEx et McCLEnxY, i

9 6 3

; G AMBINO et S CHREIBER , i 9 6q ; MoRCErrsrExN, et al. 19 66). Leur spécificité est loin d’être absolue, mais elles fournissent des bases de comparaison valables entre les différents individus

(W HIT EH EAD

, 19 6 5 ; RnTr.iFF, et al. i 9 66). Faute d’avoir pris les précautions nécessaires pour le pré-

lèvement sanguin, nous ne mentionnerons pas la valeur de la bicarbémie. En revanche, nous indiquerons la teneur du sérum en cholestérol que nous avons dosé dans tous les échantillons

grâce à la technique de Bo y , BorrrrAr·E et M AZET (ig6o). La triglycéridémie a également été me-

surée chez les 6 oies témoins et chez les 12 oies gavées au cours du z e essai en utilisant le procédé

de LoFLarrD ( 19 64).

RÉSULTATS

i. Premiey essai

Le tableau i indique les résultats obtenus au cours du j er essai. Ces résultats sont exprimés sous forme de moyennes ; l’écart-type indique la variabilité. Le poids

du foie mesure l’état de stéatose (B LUM , I,>!Cr,>~RCQ et GxA!, z 9 68), il est retenu comme

critère pour diviser les 6 9 oies gavées en quatre groupes. La teneur en protéines

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totales reflétant les variations de l’albuminémie, nous faisons figurer en ses lieux et place la fraction « protéines

-

albumine » (globulines) déduite par différence.

D’une manière générale, la variabilité mesurée par la valeur de l’écart-type est

accrue dans les quatre groupes d’oies gavées. Mais il existe cependant de grandes

différences selon les constituants sériques, le coefficient de variation écart-type

moyenne restant très faible dans le cas du sodium et du chlore. Du fait du grand nombre de

normes sanguines, il nous a paru nécessaire de grouper les commentaires dans quatre paragraphes : minéraux, urée et glucose, autres constituants sériques, influence

de l’ictère.

1

° Minéraux - Influence de l’hémolyse.

La teneur en sodium n’est pas modifiée par le gavage ; elle est même remarqua- blement constante chez tous les individus. L’enrichissement en potassium n’est qu’un artefact dû à l’hémolyse, les globules renfermant 30 fois plus de potassium que le sérum (S TURKI E, i 9 6 5 ). On peut se demander dans quelle mesure l’hémolyse peut affecter les autres résultats. Si l’on se réfère à la composition des hématies, leur

éclatement ne doit pas modifier sensiblement la valeur des normes sanguines

mesurées dans cet essai, mises à part la kaliémie et dans une bien moindre mesure

la teneur en globulines (ST U xKW, 19 65 ; OSER, i 9 6 5 ). En ce qui concerne les dosages

ne faisant pas intervenir une dialyse, l’interférence due à l’hémoglobine peut être considérée comme très faible ou nulle étant donné la zone d’absorption dans laquelle

s’effectuent les colorimétries. Du reste, les résultats obtenus au cours du 2 e essai

en l’absence d’hémolyse sont tout à fait concordants sauf pour la kaliémie qui ne

varie pas en cours de gavage. Parmi les autres ions, notons que la teneur en chlore tend à diminuer ; la calcémie peut parfois baisser considérablement chez certains individus et demeurer normale chez d’autres.

2

° Urée et glucose sanguins.

La teneur en urée, toujours faible chez les Oiseaux, diminue significativement.

Pour T OURNUT e1 at. (r96!), la glycémie n’est que faiblement réduite à la fin de la

période de gavage. Dans notre essai, la diminution est beaucoup plus importante.

Elle concerne toutes les oies à l’exception d’une seule dont la glycémie supérieure

à 5 modifie notablement la moyenne et la variabilité dans le groupe correspondant :

foies de 56 0 à 6 95 grammes. Les précautions prises au cours du transport (coffret isotherme) rendent peu probable la possibilité d’une glycolyse. D’ailleurs la glycémie

des oies non gavées est tout à fait normale.

3

0 Pvotéines, phosphatase alcaline, bilivubine, SGOT, cholestévol.

La fraction « globulines » augmente à peu près également chez toutes les oies gavées. En revanche, dans le cas de l’albumine, il apparaît un fait extrêmement curieux, la variabilité très faible chez les oies témoins (coefficient de variation = 0 , 05 ), >

augmente avec le poids du foie chez les animaux gavés. Il en est de même pour d’autres constituants sériques tels que phosphatase alcaline, bilirubine, SGOT et cholestérol dont les teneurs moyennes paraissent elles aussi plus ou moins dépendantes du poids

du foie. Pour analyser l’origine de ces variations et savoir si elles sont liées, nous avons calculé les valeurs de quelques coefficients de corrélation, valeurs qui figurent dans

le tableau 2 .

(6)

Du tableau 2 , il ressort que l’activité de la transaminase (SGOT) et de la biliru- binémie (bilirubinémie totale) sont deux paramètres indépendants qui augmentent

avec le poids du foie, la corrélation étant plus élevée pour le 1 er paramètre que pour le second. I,’activité de la SGOT n’est pas liée aux variations quantitatives des autres

constituants. Par contre, on constate que les fluctuations de la bilirubinémie, de la phosphatasémie et de l’albuminémie sont étroitement associées, les coefficients de corrélation étant voisins de o,g. La teneur en cholestérol dépend elle aussi dans une

certaine mesure de la bilirubinémie ; la corrélation atteignant le seuil de la signifi-

cation.

(7)

4

° A lbuminémie et j!hos!hatasémie en l’absence d’ictère.

Les interactions entre la bilirubinémie et les autres normes sanguines masquent l’influence propre au degré de la stéatose hépatique. Ces interactions deviennent

pratiquement nulles lorsque, divisant le troupeau en deux, on choisit les oies dont

la bilirubinémie est inférieure ou égale à i6 mg!litre. Dans le tableau 3 , nous analysons

ainsi l’influence du gavage sur les teneurs en albumine et en phosphatase alcaline.

Les deux normes sanguines qui figurent dans le tableau 3 ne sont plus liées

à la bilirubinémie. Autrement dit, le subictère peut être assimilé à l’absence d’ictère.

Faisant disparaître un facteur de variation, on décèle de nouveaux faits. Après 2 i jours

de gavage, l’albuminémie est augmentée, la phosphatasémie est réduite. Mais les variations de ces deux normes sanguines dépendent du degré de la stéatose hépa- tique. La teneur en albumine est liée très significativement au poids du foie par une

corrélation négative et égale à

-

o,6 9 . L’activité de la phosphatase alcaline est particulièrement réduite dans les foies les plus lourds, mais la corrélation n’est pas

significative. Variant dans le même sens que l’albuminémie (corrélation : 0 , 37 ),

la phosphatasémie ne reflète qu’indirectement l’importance de la stéatose.

2

. Deuxième essai

Le deuxième essai permet d’apprécier l’influence de la durée du gavage. Les sérums ont été préparés dans de bonnes conditions avant hémolyse. Malheureusement le nombre d’animaux est petit compte tenu de l’augmentation de la variabilité indi- viduelle au cours du gavage. Dans l’impossibilité d’effectuer une analyse statistique,

nous indiquons tous les résultats concernant chaque oie gavée. Ils figurent dans

le tableau 4 ainsi que les valeurs moyennes pour le lot témoin avant gavage. Les teneurs en sodium, chlore, calcium et urée ne sont pas transcrites dans ce tableau,

car elles ne fournissent aucun élément d’information supplémentaire.

Le niveau de la kaliémie demeure invariable tout au long du gavage. La fraction

« globulines » semble augmenter, mais dans une moindre mesure que précédemment.

Ce sont là les deux seuls paramètres qui ont pu être altérés par l’hémolyse au cours

du ler essai. I,es autres normes sanguines ne dépendent que de l’état fonctionnel des animaux. Chez les oies gavées pendant 21 jours, 4 animaux sur 6 sont affectés

d’un ictère plus ou moins grave. On note l’accroissement concomitant des teneurs

en albumine, phosphatase, cholestérol et triglycérides. Aucune des oies gavées pen- dant 12 jours n’est atteinte d’un ictère grave. Compte tenu de ce fait on peut consi- dérer que les teneurs en cholestérol et en triglycérides sont augmentées dans les mêmes proportions qu’à la fin du gavage. Par contre, l’activité de la phosphatase alcaline paraît accrue. L’hypoglycémie est de règle, règle qui supporte des exceptions lorsque

les systèmes régulateurs de la glycémie sont perturbés ; c’est le cas d’une oie dont le sérum renferme plus de 5 g de glucose par litre. Chez cette oie, la stéatose hépatique

est peu accusée (foie de 455 g), la bilirubinémie est particulièrement basse, l’activité de la SGOT est faible, l’albuminémie inférieure à celle des animaux témoins. Toutes

ces caractéristiques peuvent difficilement être attribuées au hasard, puisqu’elles

s’appliquent également à l’oie hyperglycémique signalée à propos du l er essai. Dans

tous les autres cas de stéatose hépatique modérée l’albuminémie est élevée. Le sujet

qui, après 12 jours de gavage, a un foie déjà très lourd ( 750 g) se distingue par une

(8)
(9)

hypoalbuminémie associée à l’hypoglycémie. Quant à l’activité de la SGOT, elle paraît plus forte et liée plus étroitement à l’état de stéatose qu’après 21 jours de

gavage.

Il reste à évoquer l’influence du stress dû au transport et au sacrifice des ani-

maux. Nous avons comparé les résultats obtenus à partir des échantillons prélevés

soit à l’abattoir, soit une heure plus tôt avant tout déplacement. Les différences sont minimes, de l’ordre de celles inhérentes aux erreurs de dosage, sauf en ce qui

concerne la glycémie et l’activité de la SGOT. La première fluctue dans les deux sens,

plus souvent dans le sens de la diminution, tandis que la seconde tend à augmenter

sous l’effet du stress. Cependant ces variations sont de trop faible amplitude pour affecter sensiblement les résultats obtenus.

DISCUSSION

i. Métabolisme hydrominéral et catabolisme azoté

Au cours du gavage les teneurs en sodium et potassium demeurent remarquable-

ment stables. Si la concentration en ions Cl- tend quelque peu à diminuer, cette diminution ne devrait pas affecter la pression osmotique du sérum puisque la pro- téinémie augmente. Au total, l’équilibre hydrominéral ne doit pas être profondément perturbé. Seule la calcémie diminue du fait de la faiblesse de l’apport alimentaire.

L’appauvrissement du sang en urée révèle un autre aspect du déséquilibre nutri-

tionnel : le déficit en acides aminés responsables de l’uréogenèse. Mais il n’implique

pas forcément une réduction globale du catabolisme azoté. En effet, à côté de l’acide urique, l’urée ne constitue chez les Oiseaux qu’un produit de dégradation mineur et, tout compte fait, la déficience du régime en protéines doit être sensiblement compensée

par l’augmentation de la quantité ingérée.

2

. Régulation de la glycémie

Pour apprécier l’effet des gavages sur la glycémie, il faudrait effectuer une étude cinétique montrant comment évolue la teneur du sang en glucose selon l’heure de la journée, avant ou après un repas. Le dosage du sucre après une longue nuit de jeûne constitue seulement une première approche. Pour expliquer l’hypoglycémie,

on pourrait supposer que le foie gras est moins capable de remplir ses fonctions de

glycogenèse et néoglucogenèse ; mais cette hypothèse doit être rejetée, puisque deux

des oies examinées sont hyperglycémiques. Il est donc probable que l’équilibre endo-

crinien est modifié. La sécrétion de l’insuline peut être accrue, mais sa destruction

qui normalement a lieu dans le foie (S TURKIE , 19 6 5 ) peut aussi être ralentie. De toute façon l’hypoglycémie traduit une rétention tissulaire et tout particulièrement une

rétention hépatique des constituants glucoformateurs ; en ce sens, elle paraît favo-

rable à la production du foie gras. Il peut du reste exister des différences entre souches,

l’hypoglycémie observée par T OIJRNU T e1 al. ( 19 67) étant moins accusée que dans

notre essai.

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3

. Signification de l’albuminémie

Chez les Oiseaux, comme chez les Mammifères, l’albumine sérique est synthétisée

par le foie (S ’ ruxKrE, rg6 5 ). Une atteinte des cellules hépatiques peut affecter l’al-

buminémie, mais uniquement dans le sens de la diminution (F AUV E R T, ig62 ; OSER, 19

65). Il est donc difficile d’admettre que chez l’oie gavée l’infiltration lipidique

du foie se traduise par une hyperalbuminémie véritable, cette hyperalbuminémie

s’accentuant considérablement lorsque l’animal est ictérique. Les teneurs en pro- téines totales et en albumine évoluent parallèlement bien qu’elles soient mesurées par deux méthodes différentes. Il est donc incontestable que, chez l’oie gavée, le sérum

s’enrichit en protéines capables de fixer, comme l’albumine, le colorant acide 2 -( 4 ’- hydroxybenzèneazo)-benzoïque. Les modifications de la bilirubinémie et des autres

normes sanguines ne semblent constituer que des sources d’interférences négli- geables (N ESS et al., zg6q.). En fait, le gavage peut faire apparaître de nouvelles

protéines présentant des analogies avec l’albumine. Nous avons pu identifier l’une d’entre elles (C ROI zIER et Bt,uM, 19 68). Par sa mobilité électrophorétique, cette protéine s’apparente aux post-albumines ; elle ne contient pas de lipides, mais pourrait cependant provenir de la dissociation d’une !-lipoprotéine. D’autres auteurs ont, du

reste, signalé que la copule protéique des lipoprotéines présente des analogies avec

l’albumine (C AMEJO , 19 6 7 ). Au cours du gavage le sang s’enrichit en lipoprotéines

tout facteur susceptible d’altérer leur structure tel que la congélation (M ILLS et W

WK

rn-son, 19 6 2 ) peut être responsable de l’augmentation apparente de « l’albu- minémie ». Il se peut également que la copule protéique soit sécrétée dans le sang avant d’être associée à une molécule lipidique (RoH!m2 et al., rg65). Mieux que la

lipémie, « l’albuminémie » montrera alors l’aptitude de l’animal à mobiliser les lipides.

Une troisième possibilité doit être évoquée, celle de lésions hépatiques laissant passer dans le sang des protéines cellulaires. De toute façon le terme « d’albumine » parais-

sant mal adapté, nous désignerons ces protéines sous le vocable plus général d’albu-

minoïde. Quelle que soit la nature de la fraction albuminoïde, il faut remarquer qu’en

l’absence d’ictère, elle est particulièrement abondante lorsque le foie est petit ; elle paraît donc traduire l’incapacité du foie à retenir les molécules lipidiques. Cette incapacité s’accroît considérablement en cas d’ictère ; à l’accroissement quantitatif

de la fraction albuminoïde correspond une augmentation très importante de la lipémie.

4

. Nature de l’ictère

Une exploration fonctionnelle plus complète, en particulier l’épreuve de la bromo-sulfophtaleine, serait certainement souhaitable pour préciser l’origine de l’ictère, on doit cependant remarquer que toutes les caractéristiques observées

sont celles de l’ictère, par rétention : activité de la phosphatase alcaline accrue,

augmentation de la lipémie et de la cholestérolémie (Fnuv!R’r, zg62). L’ictère témoi-

gne donc des difficultés de drainage vasculaire dans le tissu hépatique. L’incorpora-

tion des nutriments par le foie devient alors plus difficile. Un ictère apparaissant

précocement au cours du gavage pourrait être considéré comme un signe défavorable,

mais, tardivement, sa présence est liée à l’importance de l’hypertrophie hépatique.

(11)

5

. Origines de la transaminase, de la phosphatase

et de la fraction albuminoïde du sérum

Dépendant du degré de la stéatose, plus élevée après 12 jours qu’à la fin du

gavage, l’activité de la SGOT pourrait être mesurée utilement pour reconnaître les oies aptes à la production du foie gras. Dans une prochaine publication (I,ECt,!xcQ

et B LUM , 1970 ), nous indiquerons l’évolution comparée des activités de la SGOT, de la SGPT (glutamique-pyruvique transaminase) et de la I,DH (lacticodéshydro- génase) en fonction de la durée du gavage. D’ores et déjà nous pouvons signaler qu’il existe une corrélation entre les activités de la SGOT et de la I,DH. Les histo- chimistes ont montré que les enzymes ne sont pas également réparties dans toute

l’étendue du lobule hépatique. La phosphatase alcaline serait abondante dans la

zone périportale ; la I,DH dans la zone centrolobulaire (R APPAPORT , 19 6 3 ). Nous

avons montré que ces deux régions sont les premières atteintes par l’infiltration grais-

seuse (Br,uM, I,!ct,ERCQ et G RAF , 19 68). Si des enzymes hépatiques peuvent passer dans le sang, elles devraient être particulièrement abondantes au moment où s’ins- tallent les lésions. La SGOT étant probablement localisée comme la LDH, on com- prend que son activité soit plus forte le r2 e que le 2 r e jour de gavage. Il en est de même pour la phosphatasémie en l’absence d’ictère. Mais ces deux enzymes n’ont pas la même signification ; elles proviennent de deux régions différentes. Par analogie

avec les Mammifères, on peut supposer que l’infiltration graisseuse résulte d’une déficience en choline dans la zone centrolobulaire, d’une déficience en acides aminés dans la zone périportale (R APPAPOR T, rg6 3 ; F9vnRG!R, ig63 ; S HIN O ZUKA et al., 19 68).

L’activité de la SGOT variant indépendamment des autres normes sanguines

mesurées dans cet essai, elle seule pourrait rendre compte de la sévérité de la carence en choline et des lésions intéressant la zone centrolobulaire. La fraction albuminoïde

qui augmente en même temps que la phosphatasémie proviendrait surtout de la région périportale, région qui paraît jouer un rôle essentiel dans les échanges nutri-

tionnels (RAPPAPORT, rg63).

Finalement l’importance de la stéatose pourrait dépendre des modifications

qui surviennent au début du gavage. La carence en choline (SGOT élevé) est certai-

nement favorable, car elle empêche la mobilisation active des lipides. Mais des

lésions importantes de la région périportale (augmentation de la fraction albumi-

noïde) gênent les échanges nutritionnels et paraissent préjudiciables ; en créant un

véritable shunt entre le tube digestif et les tissus périphériques, elles empêchent la

fixation et la rétention des nutriments dans le tissu hépatique. Une hypertrophie

harmonieuse de l’organe paraît nécessaire pour que le foie conserve longtemps sa capacité de stockage.

Reçu pour publication en mai 1970.

(12)

SUMMARY

CHANGES IN 13I,OOD VALUES AS A FUNCTION OF HEPATIC STEATOSIS WHEN GEESE ARE « FORCE-FED)) u

In the course of forced feeding (cramming) of geese some blood changes occur. Glucose is lowered. Protein increases ; this rise particularly affects the albumin fraction which fixes the

hyclroxybenzazobenzoic acid.

At the end of cc cramming n jaundice may appear in all geese, but it is more frequent when

the degree of steatosis is intense. This jaundice shows the characteristic signs of jaundice caused by retention ; increased alkaline phosphatase, higher serum levels of cholesterol and triglyceride.

In the absence of serious jaundice the albumin fraction is smaller when the liver is larger, but it

increases considerably when the bilirubinwmia is high. The level of glutamic oxalacetic transa- minase varies independently of the other blood constituents (bilirubin : albumin : phosphatase) ;

it is higher when the liver is heavier, but it is seen to be higher after 12 days than after zi days

of cramming.

I·inally, any increase in the albumin fraction or, more rarely, in the blood glucose appears to be unfavourable to the formation of a foie gras » ; it indicates the incapacity of the organ to

ce fix » and hold the nutritious elements of the food. This incapacity is very marked when the

jaundice is serious which suggests some impairment of blood flow.

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