HAL Id: jpa-00234000
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Sur la possibilité d’étudier l’activité des roches par
l’observation des trajectoires des rayons α dans
l’émulsion photographique
Irène Curie
To cite this version:
.1
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
LE RADIUM
SUR LA
POSSIBILITÉ
D’ÉTUDIER
L’ACTIVITÉ
DES ROCHESPAR L’OBSERVATION DES TRAJECTOIRES DES RAYONS 03B1 DANS
L’ÉMULSION PHOTOGRAPHIQUE
Par Mme IRÈNE CURIE. Institut du Radium.
Sommaire. 2014 L’observation des
trajectoires individuelles des rayons a dans l’émulsion
photogra-phique doit permettre d’évaluer les très faibles teneurs en uranium et en thorium dans les roches, et de voir si ces radioéléments sont répartis uniformément ou se trouvent dans des interstices entre les
cristaux, ou dans des inclusions. Calcul du nombre de trajectoires, selon la teneur en U ou Th. Distinc-tion entre U et Th. Groupes de trajectoires provenant des filiations radioactives. Pour l’examen d’un
granite ordinaire, on prévoit la nécessité de faire des poses de plusieurs mois.
SÉRIB TOME VII. N° 19~6.
On sait que les éléments
naturels,
uranium etthorium,
ainsi que leursdérivés,
existent en faiblequantité
dans toutes lesparties
de la croûte terrestre. Lesquantités présentes
sont,
engénéral,
extrême-ment faibles. Parexemple,
lesgranites
contiennent par gramme de roche desquantités
d’uranium variant de 10-6 g à 15. 10-6 g et deux ou trois foisplus
de thorium. Il existe des matières naturelles d’activité encore
plus
faibles,
ou bien intermédiaire entre cesteneurs très faibles et celle des bons minerais
qui
peuvent
contenir 20 à4o
pour 100 d’uranium ou dethorium.
Le
dosage
de l’uranium ou du thorium dans les roches et terrains ordinaires est difficile. Par lesméthodes
chimiques,
il n’estguère
praticable.
Par les méthodesradioactives,
onpeut envisager
la mesureglobale
de l’ionisationproduite
par les rayons «, ou la numération des rayons a ou~3.
Onpeut
aussi mesurer,au moyen d’un
compteur,
lerayonnement
y émis parune
quantité
assezimportante
de roche.Si l’on a une couche de matière
contenant,
enquantité
connue, des radioéléments émetteurs derayons a, on
peut
évaluer,
au moyen de formules calculées parEvans,
soit le nombre de rayonsqui
sortent de cm2 de lasurface,
soit l’ionisationproduite
par centimètre carré de la surface. Parexemple,
pour ungranite
contenant3 .10-6 g
d’urane et
6.106 g
de thorium par gramme deroche,
oncalcule,
par centimètre carré de surface6 . I o-4 rayons oc par seconde et 58 ions par
seconde,
correspondant
à un courant d’ionisation dea,8.io~UES,
soit une activité d’environ1,6.10"~
en
rapportant à
un étalond’oxyde
d’urane de mêmesurface. Avec les
appareils
de mesure d’ionisation ou decomptage
lesplus
sensibles,
on nepeut espérer
mesurer de telles activités en utilisant unepetite
surface de roche. Le
plus
souvent on fait ledosage
par les méthodes radioactives
après
traitementchimique
d’unequantité
assezimportante
de matière et concentration de l’uranium et du thorium oude leurs dérivés radioactifs.
Par
conséquent,
il est difprcile de savoir commentl’activité est en réalité
répartie
dans une roche ouun sol ordinaire. Dans une roche comme le
granite
composé
d’uneagglomération
deplusieurs
sortesde
cristaux,
il est peu vraisemblable que larépar-tition soit uniforme : on
peut imaginer,
soit queles radioéléments sont
présents
surtout dans l’unedes
espèces
decristaux,
ou bien sur les surfaces deséparation
deceux-ci,
ou encorequ’ils
se trouvent à l’étatplus
concentré dans des inclusions. Pour élucider cettequestion,
onpeut
essayer deséparer
par des
procédés
mécaniques
les différentes sortes de cristaux et lesanalyser séparément.
Par des moyens de ce genre,Piggot
a pu voir que l’activitéd’un
granite
semblaitplus
concentrée dans les314
interstices des
cristaux,
et dans les cristaux de mica(’).
On sait que l’on
peut
étudier larépartition
de l’acti-vité d’un minerai d’uranium ou de thorium par la méthodephotographique.
Peuaprès
la découverte de laradioactivité,
Becquerel
fit desphotographies
parapplication
d’une surfacepolie
de minerai sur uneplaque
et obtint de bellesphotographies
des veines actives. Sous cetteforme,
la méthode nepeut
s’appli-quer
qu’à
des matières de forte activité.Les
progrès
récents dans la fabrication desplaques
photographiques
propres à l’étude destrajectoires
individuelles des rayons oc dans la
gélatine,
per-mettront d’étudier la
quantité
ou larépartition
des radioéléments dans les roches ou les terrains même très peuactifs,
à condition de faire des poses suffisammentlongues.
Uneplaque
photographique
appliquée
contre une rochepolie,
ou sur une matièreen
poudre pendant
desjours
ou des mois seradéveloppée :
on pourracompter
aumicroscope
lestrajectoires
des rayons a et voir si celles-ci sontdistribuées uniformément.
Avec un faible
grossissement
de l’ordre de 100à 200, on
peut
avoir,
dans lechamp
dumicroscope,
une surface de l’ordre du demi-millimètre carré.Si l’on
prend
legranite
considéréplus
haut,
6 . I o- 4 rayons émis par centimètre carré et par seconde
correspondent
à 2,2 rayons par centimètrecarré et par
heure,
ou environ o,5 rayon parmilli-mètre carré et par
jour.
Une pose de deux mois doit donner unequinzaine
de rayons en moyennedans le
champ
dumicroscope.
Examinons de
plus près
les conditionsd’appli-cation de cette méthode d’examen. Les rayons émis par la matière sortent naturellement dans toutes les directions et viennent de diverses
profondeurs.
L’uranium estaccompagné
de tous les radioéléments de la famille uranium-radium enéquilibre
et, enproportion
de4
pour 100 deceux-ci,
desradio-éléments de la famille de l’actinium. Le thorium est
accompagné
de tous les radioéléments de la famille duthorium,
enéquilibre.
On sera souventobligé
d’utiliser desgrossissements plus
forts,
aveclesquels
lechamp
seraplus
facile.Dans une matière comme le
granite,
le parcours des rayons océst
environ 5.IO-4 fois le parcoursdans l’air et il est aussi du même ordre de
grandeur
dans lesplaques
photographiques
Ilford à émulsionconcentrée. Dans les diverses matières
qui
cons-tituent la croûte terrestre, il doit
être,
engénéral,
peu différent sauf dans
quelques
minerais constitués de corps depoids atomique exceptionnellement
lourd ouexceptionnellement
léger.
Onpeut
d’ailleurs cal-culer le parcours danschaque
casparticulier.
Onadmettra,
bien que ce ne soitqu’approximativement
vrai,
que le parcours d’un rayon a dans la matière estproportionnel
à son parcours dans l’air.(1) PIGGOT, Arn. J. Soc., ~g?g, 1’l, p. 2~.
Les rayons « les
plus longs
des corps des famillesde l’uranium et du thorium
(Ra
C’ et ThC’)
ontrespectivement,
dans i’air à 15~ et760
mm depression,
des parcours de6,9
cm et 8,6 cmcorres-pondant
à des parcours d’environ 38 po et4~
N dans lesplaques
photographiques.
Naturellement,
presque toutes lestrajectoires
auront un parcoursbeaucoup
plus
faible,
puisque
tous les autres radioéléments émettent des rayons (x deplus
faible parcours etque même la
plupart
des rayons ex de Ra C’ etde Th C’ observés ne
proviennent
pas
de la surface de la matièreactive,
mais ontdéjà
étéplus
oumoins ralentis avant d’entrer dans l’émulsion
photo-graphique.
A cause de cetteabsorption
on devraitobserver des
trajectoires jusqu’à
un parcours nul.En
pratique,
on nepeut
reconnaître avec sécuritéles
trajectoires,
lesdistinguer
desgrains parasites
de laplaque,
que si leur parcours dans lagélatine
n’est pastrop
faible.Dans une émulsion Ilford
concentrée,
latrajec-toire d’un rayon du
polonium
(3,8
cm de parcours dansl’air)
est d’environ 21 fi etcomporte
environ~2
grains
enligne
droite. Il est donc facile d’observerles
trajectoires
de 2 cm de parcours ou même de 1 cmde parcours dans l’air.
Calcul du nombre de rayons émis par une
matière à teneur connue en matière
radio-active. - Prenons d’abord le cas d’un seul
parcours
de rayon u.. Soit ~ le nombre de rayons ex sortant
de 1 cm de la
surface,
soit .R le parcours des rayons «dans l’air et R’ le parcours dtns la matière
consi-dérée,
N,
le nombre de rayons « émis parcenti-mètre cube de matière et par seconde.
~
Fig. I.
Si l’on considère les rayons a
qui
font avec laplaque
unangle
0,
le nombre de ces rayonsqui
émergent
de la surface estproportionnel
àR’ sin d;
épaisseur
de la couche dont ilspeuvent
sortir,
ce nombre est, d’autre
part,
évidemmentpropor-tionnel à N. En
intégrant
pour les diversesdirec-tions,
on a(2)
c’est-à-dire que le nombre de rayons ex
qui
sortent,
par centimètre carré de
surface,
estégal
auquart
des rayons émis dans une couche de matière
d’épais-seur
égale
au parcours, ou encore la moitié desrayons que l’on observerait si les rayons « de cette
couche de matière radioactive étaient observés
sans
absorption
dansl’angle
2 17:.Supposons
que l’on nepuisse
observer dansl’émul-sion de la
plaque
photographique
que les rayonsqui
ont dans l’air un parcours au minimumégal
à p. Tout se passe comme si l’on avait des rayons de parcoursR - a
dans l’air. On aOn
peut
supposerqu’une
roche ou un terrain naturel contient des radioéléments enéquilibre
avec l’uranium ou lethorium,
bien que ce ne soitpas
toujours
exact, car des actionsphysiques
ouchimiques
ont pu, au cours dutemps,
produire
une
séparation partielle
des radioéléments depro-priétés
différentes.Pour
l’uranium,
il y a 8espèces
de rayons ocprovenant
des corps de la famille uranium-radiumen
équilibre (même
nombre de rayons dechaque
espèce)
et 7
espèces
de rayons a de la famille del’actinium,
enproportion
de 4
pour ioo despremiers.
Pour le
thorium,
il y a 6 radioéléments émetteurs de rayons oc enéquilibre,
en considérant le Th(C+C’)
comme un seul corps émettant les deuxgroupes
de rayons oc de Th C et de ThC’,
enproportion
de 35 et 65 pour 100
respectivement.
Parcours moyen (en em )
des divers g-rollpes de rayons a dans l’ccij~ èc 1 5’
et 760 mm de
pression.
On a admis
que k
=== IF
est constant pour uneB
matière déterminée. Pour une série de corps en
équilibre,
émettant chacun N rayons par centimètre cube dematière,
on auradonc,
par centimètre carréde surface, émission de 9r rayons avec
On aura pour une matière émettant
NL
rayons «de l’uranium I ou NT,, rayons « du thorium par
centimètre cube et par seconde
où
désignent
respectivement
les sommes des parcours dans l’air des rayons a
des familles
uranium-radium, actinium,
thorium(pour
Th C -~ C’ onprend
une valeur moyennede o,35 RThC +
o,65
R~n,~v).
On obtientnuméri-quement :
Le nombre de rayons
comptés
par centimètrecarré de surface pour une matière contenant de
l’uranium et du thorium sera, par
exemple,
pourdiverses
valeursa de ~ :
On voit que pour un nombre
égal
de rayonsémis par l’uranium I ou le
thorium, Nu
etNTIii,
on a des valeurs peu différentes de Dtu et 9tTlu soit comme nombre total de rayons émis par centi-mètre carré de
surface,
soit comme nombre de rayons deplus
de i cm ou de 2 cm de parcoursrestant.
On voit aussi que le nombre de rayons
ayant
au moins 2 cm de parcours restant est environ
moitié du nombre total de rayons «
qui
émergent
de la surface.
Introduisons maintenant la teneur en uranium ou en thorium. Si l’on admet pour les
périodes
de l’uranium I et duthorium, 4,5 .
I o9 ans etr,4 1010 ans,
respectivement,
il y a émission deI@2.,04
rayons «par seconde par gramme d’uranium 1 et
o,4.l0~
rayons « par seconde par gramme de thorium.Pour une matière de densité
d,
contenant desconcentrations ct: et ci,,, d’uranium et de
thorium,
on a donc pour le nombre de rayons émis par
tenti-mètre cube de matière :
centi-316
mètre carré de
surface,
on aCette formule n’est valable que si p n’est pas
supé-rieur au parcours des rayons ex les
plus
courts émispar les radioéléments. Le
plus
faible parcours est celui duthorium, 2,6
cm. Nous avons ditqu’un
parcours restant de 2 cm dans laplaque
estlarge-ment suffisant pour
distinguer
les rayons. Parconséquent,
les conditionsd’application
de la for-mule serontréalisées,
enprenant
toujours
p2,6
cm.A concentration
égale
d’uranium ou dethorium,
il y a trois fois
plus
de rayons sortant de la surface de la matière contenant del’uranium,
à cause dela
période
plus
courte de ce corps.Rf
Calcul de k. - Pour calculer k
= Ji’
Rrapport
du parcours dans l’air et dans la matière
absorbante,
on admet que le «
pouvoir
d’arrêt » S d’un atomepour les rayons ce
(3)
est sensiblementpropor-tionnel à
VA,
A étant lepoids atomique,
etqu’il
est additif. Onprend
pour unité lepouvoir
d’arrêt d’un atome d’airfictif,
depoids atomique
14,44.
Pour une matière
déterminée,
oncalcule,
le nombre total d’atomes dechaque
espèce
contenu dans1 cm3 et leur
pouvoir
d’arrêt total et l’on fait demême pour 1 cm3 d’air. Le
rapport
de ces valeursest l’inverse du nombre k.
1 cm3 d’air à T5~ et
760
mm depression représente
I,Z3. ~0-3
g,soit,
lepouvoir
d’arrêt par atomeétant 1 par
définition,
unpouvoir
absorbant :où CL est le nombre
d’Avogadro,
1 cm3 de matière de densité d contenant des
concen-trations C1, c2, etc., des atomes de
poids
atomique A,
etA2,
etc. et depouvoir
d’arrêtSl, S2’
etc.,
a unpouvoir
absorbant :On a donc
Comme la loi selon
laquelle
S estproportionnel
àVA
n’est pastrès
exacte, on l’utilise depréférence
(3) Le pouvoir d’arrêt d’un atome est une grandeur
propor-tionnelle au pouvoir absorbant de l’atome pour les rayons x
et, par conséquent, inversement proportionnelle au nombre d’atomes nécessaires pour arrêter complètement les rayons a, donc inversement proportionnelle au parcours.
pour calculer le
pouvoir
d’arrêt dechaque
atomeà
partir
dupouvoir
d’arrêt connu d’un atomede masse peu différente. On
peut
utiliser commebase les nombres suivants :
Par
exemple,
pour legranite,
considéréprécé-demment,
on calcule k ~~,~ .10-~,
on a :le nombre 91 de rayons émis par centimètre carré
de surface est °
On a ainsi pour p =,°, p = 1 cm, p = 2 cm, les
valeurs suivantes
pour 9T ===
9~ + -9’~TI,Conditions d’observation et de mesure.
-Il y a
lieu,
toutd’abord,
de fairequelques
obser-vations sur latechnique d’emploi
de laplaque
photographique
pour l’observation destrajectoires
des rayons «.
La mesure des
trajectoires peut
se faire dans de bonnes conditions deprécision
quand
celles-cifont un
angle
faible avec la surface de laplaque;
si l’on a étalonné lepouvoir
absorbant de l’émulsionen mesurant le parcours des rayons « connus, on
peut
ensuite évaluer le parcours avec uneprécision
d’environ 2 ~correspondant
à uneprécision
d’en-viron 3 mm sur le parcours dans l’air. Pour que
l’on
puisse
mesurer lestrajectoires
presqueperpen-diculaires à la
plaque,
il faut naturellement que cestrajectoires
soient entièrement contenues dansl’émul-sion,
c’est-à-dire que celle-ci ait uneépaisseur
suffisant,
environ4o
p.. Mais la mesure de cestrajectoires
est,
en tout cas,difficile :
les deuxbouts ne sont pas au
point
en mêmetemps
dans lemicroscope,
et il faut undispositif
trèsprécis
dedéplacement
en hauteur del’objectif
pourpermettre
la mesure.
Ceci
apporte
un élémentd’imprécision
dans lanumération des rayons. En
effet,
il est nécessaire de décider unelongueur
minimum des rayons «que l’on
comptera, 1
cm ou 2 cm, parexemple,
ou encore un nombre minimum de
grains
enligne
droite. Pour les rayons presque
perpendiculaires
à laplaque,
il y aura une incertitude assezgrande
sur la numération des rayons courts.davan-tage.
Onpeut
se heurter à une difficultépratique,
carl’image
latente formée par les rayons est suscep-tible dedisparaître
au bout dequelques
mois. Ilne semble pas douteux que l’on surmontera cette difficulté par une
technique appropriée,
au besoinen utilisant des
plaques
à émulsion un peu moinsconcentrée.
Naturellement,
il faut étalonner l’émulsion enmesurant la
longueur
destrajectoires
et le nombre degrains
pour des rayons oc de parcours connu.Dosage
par la numération des rayons.-Supposons
tout d’abord la matière radioactiverépartie
uniformément. S’iln’y
a que de l’uraniumou que du
thorium,
la détermination du nombrede rayons de parcours
supérieur
à p reçus dans laplaque
en untemps
donné,
permet,
enprincipe,
d’évaluer la concentration eu ou Cih.
Outre les causes d’erreur dues à la numération
elle-même,
ilpeut
y avoir des erreurs dues au faitque les radioéléments ne sont pas en
équilibre
dans la matière considérée. L’écart avecl’équilibre
nedoit pas être
,notable
dans laplupart
des matièrescompactes d’origine
assezancienne;
il estproba-blement considérable pour des terres et des matières poreuses lavées par les eaux.
Enfin,
il est de toute évidence quel’équilibre
nepeut
être réalisé danscertaines matières naturelles de formation récente. Certaines matières sont
susceptibles
aussi dedégager
un peu d’émanation. Dans le cas del’éma-nation du radium dont la vie est assez
longue
(période
3,8
jours),
ceci se traduirait par unedimi-nution du nombre de rayons de
Rn,
Ra A et Ra C’. Dans le cas de l’émanation du thorium dont la vieest courte
(54 s),
celapourrait
se traduire par uneaugmentation
du nombre de rayons deTn,
ThA,
Th
(C + C~),
laplaque
se trouvantimpressionnée
par legaz
radioactif diffusant d’une certaineépais-seur de
matière;
il en serait de même pour l’émana-tion del’actinium,
mais à cause de sapériode
encoreplus
courte, il estprobable qu’il
y a peu de matièresqui
endégagent
appréciablement.
Si la matière examinée contient de l’uranium et du
thorium, -la
numération dans laplaque
permet
de déterminerNu
+Nih.
On a vu, eneffet,
qu’en
prenant p
== 2 lesrapports
2013
et/ù£lll’
sontégaux
NU 1" Thet l’on a
On
peut,
avec une faibleprécision,
évaluer lerapport
de l’uranium authorium,
cequi
permet
alors de déterminer Cu et CTh.
Évaluation
durapport
de l’uranium au tho-rium. - Les rayons lesplus longs
émis par lesradioéléments des trois familles sont ThC’ :
8,57
cm; Ra C’ :6.,gi
cm; Ac A :6,46
cm; Th A :5,64
cm.Les rayons mesurés sur la
plaque
dont les parcourscorrespondent
àplus
de 7
cm d’air sont sûrementceux de Th C’. Ceux
qui
ont un parcourscompris
entre 7
et5,8
cmpeuvent
être soit des rayonsde Th C’
partiellement
absorbés avant leur entrée dans laplaque,
soit des rayons de Ra C’ ou Ac A.Reprenons
la formule relative à ungroupe
derayons :
Appelons :
°
vi, le nombre de rayons de parcours
supérieur
à 7 cm.
~2, le nombre de rayons de parcours inférieur
à 7
cm,supérieur
à5,8
cmce
qui
donneOn a donc environ
S’il
n’y
a que du thorium et sesdérivés,
lerap-port "’
estégal
ào,8.
S’il y a aussi del’uranium,
VI
est
plus grand.
La mesurede 00FF’ 1
permet
dedéter-VI i Vi zou ou encore C miner
2013 ? ou
encore 2013 ’ ’ ° CThLe nombre de rayons de parcours
supérieur
à 7
cm est assez faible vis-à-vis du nombre totalde rayons de parcours
supérieur
à 2 cm, parexemple.
Pour du thorium
seul,
il est deI/I7’e.
En raison de la difficulté de la mesure
précise
des rayons trèsobliques,
on pourra déterminer lerapport
du nombre de
trajectoires
de5,8R~
cni et R 7 cm encomptant
seulementjusqu’à
unangle
déterminé. Cela ne modifie pas lerapport.
La méthode n’est
applicable
que pour des matières relativementactives,
car les mesures neporteront
que sur les rayons les
plus
longs
et sur lestrajec-toires
qui
ne font pas ungrand angle
avec laplaque,
donc sur unepetite
fraction du nombre detrajec-toires et il faudra un fort
grossissement,
cequi
réduit lechamp.
Même avec un nombre suffisant detrajec-toires,
la détermination des parcours dans la318
puisse
espérer
mieuxqu’une
valeur trèsgrossière
du
rapport
~eu
Tli
Étude
de larépartition
des matières actives.- Si l’uranium et le thorium ne sont
pas distribués de
façon
homogène,
les rayons ont leurorigine
sur de
petites
surfaces,
despoints
ou deslignes
actives. Onpeut,
engénéral,
reconnaîtrel’origine
d’un rayon x de son
extrémité,
parce que lesgrains
impressionnés
sontplus
serrés à la fin du parcours, mais il subsiste une indétermination dansl’origine,
du fait que les rayonspeuvent
provenir
de lasurface-ou d’une certaine
profondeur,
indétermination quel’on
peut
supposer être de l’ordre du parcours moyen des rayons dans lamatière,
soit de l’ordre de 20 p..Par
conséquent,
une rocheactive,
contenant des cristaux inactifs de l’ordre de40 p.
apparaîtrait
comme d’activité sensiblement
homogène.
Par contre, onpourrait
déceler des centres actifs trèspetits
dans une matière inactive.
Remarquons
que si l’activité des roches ordinaires était concentrée dans desinclusions
contenant uneconcentration élevée d’uranium et de
thorium,
cesinclusions
pourraient
être peu nombreuses.Sup-posons, par
exemple,
que l’activité dugranite
soit entièrement concentrée dans des inclusionsà 10 pour 10o
d’uranium +
thorium. Pour10-5g
de U
+
Th,
il yaurait 10-4g
d’inclusions activespar gramme, et en
supposant
leur densité peudiffé-rente de celle de la
roche,
leur volumeglobal
seraitde o, ~ mm3 par cm3 de roche. Si l’on
supposait
enmoyenne des inclusions de dimensions de l’ordre de o,1 mm, il
n’y en
auraitqu’une
centaine par centimètre cube. Si l’on admetqu’une
inclusiondoit se trouver dans une couche de 0,1 mm
d’épais-seur à
partir
de la surface pour êtreobservée,
on en verrait en moyenne une par centimètre carré. Parconséquent,
ilpourrait
facilement arriver quel’on n’en observe aucune sur i cm2 de roche
polie
pris
au hasard. Dans ce cas,d’ailleurs,
.on devraitobserver un nombre
trop
faible detrajectoires
necorrespondant
pas à la teneur ~ en uranium et enthorium du
granite
mesuréeglobalement.
La
présence
d’une inclusion radioactive doit se traduire par laprésence
depetits
groupes de rayonsayant
leurorigin e
dans unerégion
étroitementdélimitée. Le nombre de rayons ainsi
groupés
serad’autant
plus grand
que la pose seraplus longue.
A moins de faire des poses très
longues,
on ne pourrapas observer d’inclusions de très
petites
dimensions.En
effet,
si l’on suppose ungrain
de5 ~
d’uncomposé
contenant 3o pour 100
d’uranium,
placé près
dela surface de la
plaque,
il neproduira
dans celle-ci, que
quelques
rayons par mois. Les rayonsprovenant
d’un
grain
radioactif inclus dans une roche oumélangés
dans une matière enpoudre,
aurontdonc,
en
général,
despoints
dedépart
voisins,
mais nonconfondus au
microscope.
Mais l’on doit observer aussi des groupes de rayonsprovenant
des filiations radioactives. Il conviendra de ne pas les confondreavec les
précédents.
Groupes
de rayonsprovenant
des filiations radioactives. - Siun atome de radium se
désin-tègre,
se transformant enradon,
on saitqu’en
unmois tout ce radon s’est transformé en radium
D,
par l’intermédiaire des corps à vie courte
Ra A,
RaB,
RaC,
RaC’;
aprés
unmois,
onpeut
dire avec certitude quequatre
rayons ont été émisdu même
point;
’@ Si cepoint
était situé contre la surface de laplaque,
onpourrait
observer danscelle-ci,
un,deux,
trois ouquatre
rayons; si lesrayons oc sont absorbés avant leur entrée dans la
plaque,
cela diminue laprobabilité
d’observerplusieurs
rayons, même s’ils sont émis vers laplaque,
etl’origine
commune des rayons devientaussi
plus
incertaine car on nepeut
la déduire quede
l’extrapolation
de la direction des rayons.Fig. 2. s
5 rayons partent du point s. Selon que la surface de sépa-ration de l’émulsion et de la roche est en 1, 2, 3 ou 4, on
observera dans l’émulsion (1) 3 trajectoires partant du même point; ~2) 3 trajectoires divergentes; (3) 2
trajec-toires divergentes; (4) 1 trajectoire.
Dans la famille
uranium-radium,
les rayons «de U
I,
UII,
Io et Po n’ontqu’une probabilité
insignifiante
d’être émis sur la mêmeplaque
quel’un des autres rayons de la même série de transfor-mations radioactives : ils donneront des
trajectoires
isolées. Onpeut
observer dans uneplaque
desgroupes de rayons ex venant des corps
Ra, Rn, RaA,
RaC’ en filiation.
Naturellement,
onpeut
aussibien observer un
couple
Ra-Ra C’qu’un couple
Ra A-Ra C’;
l’ordre desdésintégrations
n’importe
pas. Dans la famille del’actinium,
onpeut
observerdes groupes de rayons
provenant
descinq
corpsRAc, AcX, An, AcA,
AcC. Dans la famille dutho-rium,
onpeut
observer des groupes de rayonsprovenant
descinq
corpsRTh,
ThX, Tn,
ThA,
Th(C
+
C’).
Des groupes de deux ou trois rayons
provenant
des filiations radioactives sont très
probables quand
l’origine
estprès
de la surface. Si l’onprend
le casorigine
contre laplaque,
lesrépartitions
lesplus
probables
sont d’avoir soit deux rayons dans laplaque
et trois du côtéopposé,
soit l’inverse.Toute-fois,
si l’on considère le fait quel’origine
n’est pasen
général
à la surface de la matièreactive,
les groupes de trois rayons sont moinsprobables
queceux de deux
(fin. 2).
Voyons
la manière dont se forme un groupe de rayonsayant
sonorigine
dans les filiations. Prenons le cas du radium :quand
un rayon de Ra a étéémis,
il s’écouleraparfois
plus
de 15jours
avant que l’atome de Rn(période
3,8
jours)
se détruiseà son tour. Mais une fois que le rayon de Rn est
émis,
les rayons de Ra A et de Ra C’ sont émisrapidement,
en moins de 3 h. Comme il nepeut
y avoir un
couple
de rayons den’importe
quelle
combinaison des
quatre
corps que si l’atome de Rn estdétruit,
onpeut
être certain quequelques
heuresaprès
la formation d’un groupe de deux rayons, il y aura, à cetendroit,
un groupe dedeux,
troisou
quatre
rayons,qui n’augmentera plus.
On
peut
voir,
demême,
d’après
lespériodes
des corps, que pour la famille del’actinium,
la filiationradioactive est sûrement terminée environ 3 h
après
la formation d’unpremier couple
de rayons.f Pour le
thorium,
c’est un peuplus long;
il faut environ2
jours,
à cause de lapériode
deio,5h
de Th Bqui
retarde la formation de Th(C
-~-C’).
Par
conséquent,
si l’on fait une pose assezlongue
par
rapport
à cette durée de 2jours,
il s’établiraune
proportion
constante entre lesnombres n2
r~3, n4, n5 de groupes de
deux, trois,
quatre
oucinq
rayons de toutes les familles radioactives. En
augmentant
la pose, le nombre dechaque
type
degroupe
augmentera
dans la mêmeproportion,
mais le nombre de rayons des groupes ne s’accroîtpas.
Au
contraire,
les groupes de rayons ne résultantpas des filiations radioactives s’accroissent
conti-nuellement avec le
temps
de pose.Donc,
en faisant sur une même matière deuxposes
successives,
de duréedifférente,
laplus
courte étant d’au moins une dizaine dejours,
on doittrouver sensiblement les mêmes
rapports
n5/rt4/n3/n2
sur les deux
plaques,
si lesgroupements
n’ont pourorigine
que lesfiliations,
et iln’y
aura pas de groupesde
plus
decinq
rayons.Si,
aucontraire,
il y a desgrains
radioactifs,
il pourra y avoir des groupes deplus
decinq
rayons et lesrapports
nS/n4/na/n2
ne restent pas constants; de
plus,
si la matière est une rochepolie,
on pourra voir que les groupesde rayons les
plus importants
se formenttoujours
aux mêmes endroits.
Pour l’observation des groupes de
rayons
pro-venant soitd’inclusions,
soit defiliations,
il es essentiel que l’émulsionphotographique
soitparfai-tement
appliquée
sur la matière active.Conclusions. -- On voit que la méthode
présente
diverses difficultés
d’application,
mais elle semblepouvoir
donner des résultatsimpossibles
à obtenirpar tout autre
procédé.
Le
dosage
de l’uranium et du thorium par la numération des rayons ne doit pas fournir unevaleur bien
précise,
mais il seraimportant
decon-fronter son résultat avec les teneurs mesurées par les méthodes
globales
pourjuger
si l’activité n’est pas concentrée dans desgrains qui
auraientéchappé
à l’observation par suite de leurpetit
nombre. Il pourra être intéressantaussi,
à cepoint
de vue, decomparer le nombre de rayons observés avec une
roche
polie
ou avec une rocheanalogue réduite
enpoudre.
L’examen des roches ordinaires demandera des poses très
longues,
au moinsplusieurs
mois. Si laradioactivité est concentrée dans des inclusions ou entre les
cristaux,
ce doit être relativement assezfacile à
établir;
mais si certains des cristaux sontactifs,
et d’autresinactifs,
des poses trèslongues
seront nécessaires pour en êtrecertain,
car il faudraque le nombre moyen des rayons soit assez
grand
pour
qu’une
lacune nepuisse
être due auxfluctua-tions de
probabilité.
Pour l’examen de
matières,
telles que des terres lavées par les eaux, on nepeut
guère espérer
quel’équilibre
radioactif soitréalisé,
de sorte que ledosage
ne doit pas avoir de sens dans laplupart
des cas.Toutefois,
ilpeut
être intéressant de voir si l’activité estrépartie
uniformément ou si lamatière est
composée
degrains
actifsmélangés
à une matière inactive.Des minéraux