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L’hydratation et les phénomènes lumineux et électriques
accompagnant l’hydratation du sulfate de quinine
Maurice Prost
To cite this version:
673.
L’HYDRATATION ET
LES
PHÉNOMÈNES
LUMINEUX ETÉLECTRIQUES
ACCOMPAGNANT L’HYDRATATION DU SULFATE DEQUININE
Par MAURICE PROST.
Laboratoire de luminescence
(Physique
P.C. B.),
Faculté des Sciences de Paris.Sommaire. -
L’hydratation du sulfate de quinine est accompagnée de fluorescence et de la
conductibilité de l’air ambiant (Le Bon, 1900). On s’est efforcé d’envisager ici ce phénomène
d’hydra-tation sous tous ses aspects et il est apparu que cette étude se reliait à certaines questions d’intérêt
nettement actuel.
Après avoir étudié l’hydratation, la fluorescence, l’ionisation produite, on a mis en évidence l’exis-tence d’une émission ultraviolette qui paraît à la base de tous les phénomènes envisagés. Un essai
d’explication est donné sur l’origine de ce rayonnement ultraviolet.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
ici,
DÉCEMBRE1950,
On sait
depuis
longtemps (Le Bon, i goo) [1]
que le sulfate dequinine chauffé
ou refroidi devientluminescent et
qu’on
observe en mêmetemps
uneconductibilité
électrique
del’atmosphère
ambiante. Le Bon et certains des auteursqui
ont étudiéce
phénomène,
notamment Kâlâhne[2],
l’attribuentà la
déshydratation
et àl’hydratation
accompagnant
lechangement
detempérature.
D’autres,
parmi
lesquels
G. Schmidt[3]
n’admettent pas que l’abandon de l’eau de cristallisationpuisse
rendre l’air conducteur. Pour cedernier,
latempérature
seule
joue
un rôle et modifie l’édifice moléculairedu sulfate
(comme
des autres sels dequinine
d’ail-leurs),
cette modification entraînant pour le sulfateune émission
ionique.
M. de
Broglie
et Brizard(I911)
[4]
ont montré que les ionsémis,
de l’un et l’autresigne,
avaientune mobilité de l’ordre de i cm : s dans un
champ
de i V : cm, ce
qui
les différenciait de ceuxproduits
dans d’autres réactions
chimiques
(en
particulier
dansl’oxydation
duphosphore),
et que ce sont aucontraire de
petits
ionsanalogues
à ceuxqu’on
rencontre par
exemple
dans l’étude de l’ultraviolet. L’existence d’un telrayonnement
a d’ailleurs été unmoment
supposée
par Miss Gates [5], maiscelle-ci,
comme tous les autres auteurs l’ont en définitive niée.Enfin la corrélation entre les
phénomènes
élec-trique
et lumineux n’a pas étéprouvée,
Le Bonayant
observé que la conductibilité du gaz persistaitplus longtemps
que la fluorescence tandis que Miss Gates trouvait que l’ionisation continuaitlongtemps
après
que lapremière
avait cessé d’être visible.Signalons
cependant
que Mlle Chamié a établid’une
façon
certaine leparallélisme
entre le courantd’ionisation et
l’hydratation.
1. Le sulfate de
quinine
et sonhydratation.
- La
quinine
est une des bases les mieux connuesparmi
la trentainequ’on
a actuellement décelée dans l’écorce duquinquina.
Sa formule bruteest
C2oH24N202; l’analyse
apermis
d’établirl’exis-tence de deux noyaux : le noyau
quinoléique
et le noyauquinuclidique
liés par une fonction alcoolsecondaire,
cequi
correspond
à la formuledéve-loppée :
L’acide
sulfurique
donne avec le sulfate dequi-nine deux sels : le sulfate neutre
(une
molécule dequinine
pour une deS04H,),
et le sulfatebasique
(deux
molécules dequinine
pour une deS04H2)
qui
est leseul jouissant
depropriétés particulières.
Cespropriétés
étant attachées suivant laplupart
des auteurs au mouvement des molécules d’eau(départ
oufixation)
nous avons été naturellement amené à étudierl’hydratation
même du sulfatesur
laquelle
les chimistes n’étaient pas d’accord : onindiquait
deuxhydratations,
l’une
à 7
ou 8H2O
selon les
auteurs,
l’autre à 2H2O.
Nouspensions
alors que le
départ
despremières
molécules d’eause
produisait
comme dans unedéshydration
ordinaire;
celui des
dernières,
plus
solidement attachées etjouissant
depropriétés polaires spéciales,
aurait été lié auxphénomènes exceptionnels
durayon-nement de
déshydratation.
Les
expériences
précises
que nous avons faitesnous ont amené à conclure
que la f orme
laplus
stabled’hydratation
correspond
au nombrefraction-naire 2,11 I
H2O.
(Kâlâhne
etMiss
Gates avaientd’ailleurs trouvé que la fraction de l’eau fixée
était les
Q,81/iooe
dupoids
de la moléculeentière,
nombre très voisin de celui que nous avons trouvénous-même).
Fig. 1. - Courbes de
déshydratation
à différentes températures.
Les autres
degrés d’hydratation,
s’ilsexistent,
sont très peu stables : ils sont obtenus en laissant le sel dans une
atmosphère
saturéed’eau;
au bout d’untemps
suffisammentlong,
le selsurhydraté,
ramené à l’airlibre,
perd
son eausupplémentaire
et revient à la forme stable que nous venons
d’in-diquer.
Onpeut
cependant
penser que l’étathygro-métrique
del’atmosphère puisse agir
sur lepoids
d’eaufixé;
ce facteur n’estguère
sensible.Toutefois,
pour éliminer son influencepresqu’insignifiante
en
général,
nous définissonsl’hydrate
à 2,11 1H2 0
dans une
atmosphère
désséchée auCI,CA.
La stabilité de cet
hydrate
est d’ailleurs touterelative :
placé
dans un dessicateur àP205,
le selperd
peu à peu son eau : un échantillon de 5o mg : cm2 environ aperdu
en 3jours
75
pour 10o de son eauet
g4
pour 10o en 7jours.
Pour obtenir la
déshydratation
complète
parsimple
chauffage,
on admettaitqu’il
fallaitdépasser
I000. Nousreproduisons
ci-contre(fig.
1)
les courbes dedéshydratation
obtenues avec 2,613 gde sulfate uniformément étendu sur un
disque
(densité
1 57
mg :cm2).
Onpeut
en conclure que ladéshydratation complète
peut
être obtenue pour unetempérature
voisine de650,
mais alors ladéshydra-tation est
lente,
d’autantplus
que la masse du selest
plus
compacte.
Nous avons d’autre
part
étudiél’hydratation
des corps voisins du sulfate dequinine,
enparticulier
du sulfate de cinchonine
qui
présente
les mêmes effets. Nous avons observé que l’anomalie du nombrefractionnaire 2,II
H20
n’existe pas ici et quel’hydra-tation est de 2
H20
exactement; mais nous avonsconstaté ici
également,
lafragilité
de la moléculehydratée,
si on la compare à celle de la moléculehydratée
del’isomère,
le sulfate de cinchonidine.En effet au bout de 2 h de
chauffage
à 120° celui-ci n’aperdu que
5o pour ioo de son eaud’hydratation
tandis que le sulfate de cinchonine est
complètement
déshydraté.
Parallèlement,
au bout du mêmetemps
et dans les mêmes
conditions,
le sulfate dequinidine,
isomère du sulfate dequinine
aperdu
àpeine
5o pour 100 de son
hydratation,
tandis que le sulfatede
quinine est,
luiaussi,
complètement déshydraté.
Cesisomères,
sulfate dequinidine,
sulfate decinchonidine,
dont
l’hydratation
estplus
stable,
neprésentent
pas lesphénomènes
caractéristiques
du sulfate de
quinine.
2. Fluorescence dans le visible. -
Fluores-cence à
l’hydratation.
- C’est lephénomène
leplus
facilement observable. La fluorescencecorrespondant
à unelarge
bande recouvrant leviolet,
le bleu etune
partie
duvert,
estanalogue
à la fluorescenceclassique
des sels dequinine
engénéral qu’on
observesous l’action des
rayons’
ultraviolets,
soit à l’étatsolide,
soit à l’état dissout.Disons tout de suite que, contrairement à
l’hypo-thèse de G.
Schmidt,
latempérature
nejoue
aucunrôle dans la fluorescence à
l’hydratation.
Nous avonspu le constater sur un échantillon
déshydraté
dans un dessicateur àP2Üs’
qui,
comme nous l’avonsvu,
permet
ladéshydratation
presquecomplète.
Lephénomène
lumineuxsuit,
dans les mêmesconditions,
la même marche que
l’hydratation
d’unepréparation
ayant perdu
son eau parchauffage.
Pour observer une fluorescence
ayant
un beléclat,
on
peut
employer
undisque
portant
une couchede 1 à 2 mm de
sulfate.
Après
l’avoir chaufféquelques
minutes à 1200, on
dirige
sur ledisque
un courantd’air humide. L’intensité de la fluorescence
émise,
légèrement
bleutée,
est alorscomparable
à celle d’un beau sulfure de zinc àluminogène
argent,
quelques
1 o mnaprès
avoir été insolé à un arc àmercure. La fluorescence est très atténuée si on
sponta-675
nément à l’air
ambiant;
mais elle dure alors beau-coupplus longtemps.
En faisant des courbes des brillances en fonction
du
temps,
les aires limitées par ces courbes sont trèsapproximativement égales, la
somme de lumière émise par centimètre carré est sensiblement constanteen couche
suffisamment
mince.Dans tous les cas,
pendant
lafluorescence,
le seldéshydraté reprend
dupoids
etréciproquement,
à une
augmentation
depoids correspond
une fluo-rescence.En couche
épaisse
la fluorescence perçuecorres-pond
àl’hydratation
des couchessuperficielles;
l’hydratation
sepoursuit
assez lentement dans lescouches
profondes.
Si l’on arrêtependant quelques
minutes
l’hydratation
enplaçant
le sel dans un vaseclos
après
la cessation de la fluorescence des couchessupérieures,
on constate de nouveau celle-ci enramenant le
disque
à l’airlibre,
cequi
prouve queles couches
profondes
se sontpartiellement hydratées
au
profit
des couchessupérieures.
Cephénomène
est en corrélation avec l’étude de la variation de
poids
du sel dans les mêmes conditions : le taux de variation depoids
dudisque après
leséjour
dans levase clos est
comparable
à celui du commencementde
l’hydratation.
Fig. 2. - Courbes d’émission
lumineuse
sous différentes pressions.
Une
expérience
de deBroglie
et Brizard semble toutefois en désaccord avec cettecorrélation,
toutau moins
quantitavement :
sil’hydratation
se faitsous
pression
réduite,
l’intensité duphénomène
lumineux est bienplus
considérable. Mais cequi
estvrai pour l’intensité ne l’est pas pour la somme
de lumière émise : nous avons
photométré
le mêmedisque
dans les conditions suivantes(fig.
2).
La courbe Is’applique
audisque
découvert. La courbe IIau
disque
enfermé dans une chambre de 5oo cm3 environ à lapression
atmosphérique
et la courbe IIIau
disque
sous unepression
de 15 mm(fournie
par la vapeur d’eau).
Cette dernière
courbe,
caractérisée par une inten-sitécinq
foissupérieure
à celle deI,
est aussiremar-quable
par lerapide
déclinqui
suit le maximum. L’accroissement de luminosité est dû sans doute àla
plus grande rapidité
de diffusion de la vapeur d’eauquand
on a éliminé laplus
grande
partie
del’air de la chambre. Par contre, en sommant les
aires,
on obtient des résultatscomparables.
Ainsi donc : « la somme de lumière émise parl’hydra-tation du sulfate de
quinine
de densitésurfacique
donnée estindépendante
de lapression
àlaquelle
se fait
l’hydratation
».Fluorescence à la
déshydratation.
- Nousavons
déjà
dit que lesphénomènes
accompagnant
l’hydra-tation se
produisent également
dans ladéshydrata-tion. Mais il est essentiel de remarquer que les
phénomènes
observés dans lepremier
cas sontbeaucoup
moins intenses que dans le second. Certains auteurs ontinvoqué
la triboluminescencecomme cause de l’émission
visible;
mais il est alors difficile d’admettre que, lors de laréhydratation,
lesphénomènes
derupture soient,
non seulement du même ordre degrandeur,
maisbeaucoup plus
considérables. Demême,
si l’on admet dans une tout autrehypothèse,
quel’énergie chimique
mise enjeu
dansl’hydratation
soitresponsable
de l’émissionlumineuse,
il estplus
difficile encore d’admettre que la réactioninverse,
endothermique,
entraîne le mêmephénomène.
Comme nous l’avons
déjà
vu, onpeut
plus
vrai-semblablement supposer, du fait de lamigration
possible
desH20
des moléculeshydratées
vers cellesqui
ne le sont pas, l’existence de la réaction réversibleCe
qui
amène à penserque le
phénomène
lumineux observé à ladéshydratation
n’est dûqu’à
uneréhydra-tation momentanée de molécules
ayant
déjà
perdu
leur eau de cristallisation. La
petitesse
relative del’émission lumineuse dans ce cas est d’ailleurs en
accord avec
l’hypothèse
faite.Voici une
expérience
prouvant
la réversibilité que nous venons d’écrire. Onplace
dans un flaconquelques
grammes de sulfate dequinine.
Ondéshy-drate
partielllement
le sel parchauffage
et l’on bouche le flacon encore dans l’étuve. Par refroi-dissement le sulfate s’illumine par la surface encontact avec le verre. Le
phénomène
devientfrap-pant
quand
on refroiditrapidement
le flacon encorechaud en le
plongeant
dans l’éther : la luminescenceest très vive.
Nous croyons que c’est une
expérience analogue
qui
a conduit G. Schmidt à voir dans la variation detempérature
une cause essentielle duphénomène.
Mais on
peut
faire cesser la luminescence observéed’éli-miner toute trace d’eau dans le sel. On confirme
ainsi,
au
contraire,
que latempérature ne
joue uniquement
qu’un
rôle dedéshydratation.
D’ailleurs un échan-tillonqui,
comme nous l’avons vu,peut
être desséchéavec le
P, 0,,
donne luiaussi,
en retournant à l’airlibre,
une fluorescenceégale
en intensité et endurée,
à celui
déshydraté
par la chaleur.En
résumé,
l’hydratation
est seuleresponsable
duphénomène
de fluorescence.Nous avons cherché un
rapport
entre le nombre dephotons
émis et le nombre de moléculeshydra-tées. La
question
estcomplexe
car nous n’avionspas la
possibilité d’opérer
avec des couchessuffi-samment minces pour
qu’on
puisse
admettre laproportionnalité
entre la lumière émise et laquantité
de selhydraté.
Nous avons été amené à choisir undisque
de densité 10,7 mg : cm2. On étudiait lavariation de brillance du
disque
en fonction dutemps
au moyen d’un nitomètre. On admettait que,pour 5 ooo
Á,
unepuissance
de 0,10W,
transformée .intégralement
en
énergie
lumineuse,
donne pourl’oeil une sensation de brillance de bd : cm2. On
peut
alors’ tracer la courbereprésentant
lapuis-sance
rayonnée
par ledisque
àchaque
instant,
dont l’aire donne
l’énergie
totalerayonnée
(3,44
ergs : cm2 dudisque).
Un
photon
a d’autrepart
dans cetterégion
moyenne de l’émission
observée,
uneénergie
de
4.I0-12
ergs. Le nombre dephotons
émis duranttoute
l’hydratation
est doncLe nombre de molécules
ayant participé
à cetteémission est
(782
étant lepoids
moléculaire du sulfate dequinine).
Il fauthydrater
pour produire un
photon
lumineux.Le
phénomène
d’émission d’unphoton
lumineux est donc très rare si on lerapporte
au nombre de moléculesqui s’hydratent :
unphoton
correspond
àl’hydratation
de 10 millions de molécules.3. Ionisation. - La conductibilité de
l’atmo-sphère
ambiante dans les mêmes conditions où l’on observe la fluorescence est un deuxième fait essentiel caractérisant le sulfate dequinine.
Mesure des
charges
émises. - Pour étudierce
phénomène
on utilisait une chambre d’ionisation dont l’électrode inférieureportant
le sel était reliée à un électromètre àquadrants
ou à un bifilairede
Wülf;
l’électrodesupérieure
était connectée à un stabilovolt. On mesurait toutes les 15 s lacharge
totale apparue, d’où l’onpouvait
déduire l’intensité moyenne du courant d’ionisation danschaque
intervalle detemps.
1Nous avons d’abord constaté que pour une même
épaisseur
desel,
pour un mêmechamp
et à unemême
pression,
lesquantités
totales d’électricité recueillies étaient les mêmes aux erreursd’expériences
près,
que l’hydratation se fasserapidement (à
l’air libre en imn),
ou très lentement(la
chambreremplie
d’air désséché et mise en communication avec unetubulure
remplie
d’eau; temps
d’observation ducourant
45
mn) (fig. 3).
Ceci est conforme à laFig. 3.- Le phénomène électrique
dans le cas d’une hydratation lente.
conclusion de Mlle Chamié : il y a un
parallélisme
entre l’allure du courant d’ionisation et celle de la courbe
d’hydratation.
En
réalité,
sil’expérience précédente
se vérifiequelle
que soit la densitésurfacique
dusel,
leparal-lélisme
complet
entret’hydratation et Ies charges
mesurées
n’apparaît
que pour desépaisseurs
suffi-sammentpetites.
Si l’on étudie en effet laquantité
totale d’électricité recueillie en fonction de la densitésurfacique
dusel,
toutes choseségales
d’ailleurs,
ce n’est que pour des densités
comprises
entre oet
o,16
mg : cm2qu’on
observe laproportionnalité
entre ces deux facteurs. Pour des densités
supérieures,
Q
augmente
de moins en moins vite à mesure quela densité
augmente :
c’est ainsi quelorsque
la densité passe deo, r 6
à18,9
mg :cm2,
lerapport
de laquantité
d’électricité aupoids
de substance varie de 100 à1,4.
Deplus,
on a été amené pourobtenir les
quantités
maxima d’électricité à diminuerencore cette
épaisseurs.
Pour obtenir des couches de très faibledensité,
onprocédait
parévaporation
rapide
d’une solutionalcoolique
éthérifiée sur unsupport
bienpoli;
la coucheprésentait
une appa-rencehomogène
de cristaux extrêmementplats
677
l’ordre de o,002 mg. Pour de tels échantillons on
obtient les mêmes variations du Wülf pour des
champs
variant entre I200 et 1800 V : cm.Pour des densités nettement
supérieures,
ilparaît
très difficile d’obtenir le maximum de
quantité
d’électricité. Les courbes que nousprésentons
correspondent
à des mesures obtenues en faisantvarier le
champ
entre45
et goo V : cm, les courbes(fig.
4) correspondent
à des tensions+,
et les courbes(fig.
5)
à des tensions -.Fig. 4. - Émission négative dans
l’hydratation.
La différence entre les
quantités
d’électricité recueillies tend à diminuer à mesure que lechamp
augmente :
avec unchamp
de4
ooo V : cm, elleest inférieure à 10 pour oo,
champ
pourlequel
on n’avait pas encore atteint le maximum
(couche
épaisse).
Les trois courbes des
figures précédents
serap-portent
à l’étude de l’ionisation dansl’air,
l’hydro-gène
et le gazcarbonique.
Comme l’ontindiqué
les nombreux auteurs s’étantoccupé
engénéral
despetits
ions on retrouve des résultatsanalogues :
l’ionisation dansH2
estplus
forte que dansl’air;
etplus
forte dans l’air que dansCO2.
Lesrapports :
quand
leschamps
croissent de i oo à goo V : cm.Rendement
ionique
dansl’hydratation.
- Onopère
dans les conditionsoptima,
c’est-à-dire pour des couches uniformes extrêmement minces dont nous avonsparlé plus
haut. Undisque
portant
o,o2g mgde sel donne une
charge
dei,354
U. E. S. soit2,84.109
charges
élémentaires,
cequi
correspond
pour unemolécule-gramme
à77.1015
charges
élémentaires.Fig. 5. - Émission positive dans
l’hydratation.
Le nombre de molécules nécessaires pour
l’appa-rition d’une
charge
élémentaire est doncsoit d’environ 8
millions,
nombrecomparable
à celui obtenu pour l’émission d’unphoton.
Absorption
durayonnement.
- Nous avonscherché la
distance,
pour de faiblespressions, qui
permettait,
au moins enpartie,
le passage durayon-nement
[7].
On utilisecelui-ci,
non à la source deproduction,
mais à une certainedistance
de celle-ci :à cet
effet,
le sulfate estdéposé
sur undisque placé
au fond de la chambre d’ionisation. Au-dessus dudisque,
à une distancevariable,
se trouve unegrille
connectée àl’électromètre,
permettant
l’accès durayonnement.
Plus haut enfin àl’électrode-plateau
de tension. La chambre munie d’unlarge
couvercle rodé est encommunication,
d’unepart
avec une pompe à diffusion et d’autrepart
avecOn a pu observer un courant et tracer une courbe d’ionisation pour une tension de vapeur d’eau
de 1,z cm, pour une distance
sel-grille
de 1 mm.Pour de
plus grandes
distances l’effet diminuepuis disparaît.
Onpeut
donc en conclureque le
parcours durayonnement
est à lapression
atmosphé-rique
de l’ordre du micron.D’autre
part,
si,
plaçant
la chambre dans unelarge
bobine,
on faitagir
unchamp
magnétique
de l’ordre de
quelques
centaines de gauss sur lerayonnement,
onsupprime
presquecomplètement
le courant d’ionisation
[8].
Il
apparaît
donccertain,
en conclusion de ce que nous venons de direqu’il s’agit
bien depetits
ions desdeux
signes,
animés defaibles
vitesses et observables dans une couche très mince(à
lapression
atmosphé-rique)
au-dessus de la surface du sel.On a pu
étudier,
dans les mêmesconditions,
l’ionisation à la
déshydratation,
cequi
peut
se faireen
adjoignant
à la chambre un four intérieurper-mettant le
chauffage
du sel. Onpouvait
conclure desessais,
malgré l’imprécision
sur lapression
entregrille
et sel au moment de ladéshydration,
que lanature du
rayonnement
estidentique
à celuiqu’on
observe dansl’hydratation
cequi appuie
le fait quele
phénomène
à ladéshydratation
n’est autrequ’un
phénomène
passager deréhydratation
partielle.
4. Lerayonnement
ultraviolet du sulfate dequinine.
-- L’émission ultraviolette à la déshy-dratation et àl’hydratation
du sulfate dequinine
a été décelée par R. Audubert et moi-même en
1 g36
[9].
J’ai étudiéplus longuement
cephénomène
enreprenant
souvent les considérationsqui
m’ontguidé
dans l’étude de l’ionisation.Nous nous sommes servi dans toute cette étude du
montage
couramment utilisé au laboratoirede R. Audubert. L’élément
principal
dumontage
est une cellule à
atmosphère
d’alcooléthylique
aumaximum de
pression compatible
avec sanon-saturation. La cathode est recouverte d’un
léger
dépôt
d’iodure cuivreux. L’anode est un anneau detungstène qui
laisse passer le flux tombant sur lacathode. La cellule est sensible à des
longueurs
d’ondecomprises
entre 2 ooo et 25oo Â
avec unmaximum très accusé pour 2 300
.Â.
Leléger
courantanodique
déclenché par unphoton
tombant sur lacathode est
amplifié
considérablement;
unnumé-rateur
compte
lesdécharges qui
sont trèsapproxi-mativement
proportionnelles
au flux tombant surla cathode.
L’émission ’ultraviolette décelable est
certaine-ment un
phénomène
de surface : il est évidentqu’une
couche même très mince de sel absorbetout ou
partie
durayonnement.
C’est ainsi que lenombre de
décharges
croîtproportionnellement
à laquantité
de sel tant que le recouvrement dudisque
estimparfait.
Mais onpourrait
croire que,la surface
étant,
àpartir
d’une certainedensité,
bien
définie,
ce nombre doive être constant alorsqu’on
constatequ’il
augmente
sensiblement.Pou-vant difficilement admettre que l’émission
puisse
traverserplus
ou moinspartiellement
uneépaisseur
toujours plus grande,
on est amené àrapporter
le nombre dedécharges
à une mobilité de la moléculed’eau
d’hydratation qui
permet,
à mesure que laquantité
de selcroît,
laréhydratation
possible
d’unplus grand
nombre de molécules de la couchesuperfi-cielle. Ceci est à
rapprocher
des faitssignalés
enétudiant
l’hydratation
et lafluorescence,
où l’on avait conclu à ladéshydratation
des couchessuperfi-cielles au
profit
des couchesprofondes.
Si l’on considère de
plus
lerapport
du nombre dedécharges
aupoids
desubstance,
on estfrappé
de sa constance. Ce
fait,
en accord avec la remarqueprécédente
prouve sans doutequ’il
y a unéquilibre
statistique qui
s’établit entre moléculeshydratées
et molécules
anhydres,
équilibre
déjà proposé
pourexpliquer
lephénomène
lumineux à ladéshydra-tation.
Pour
préciser
ce dernierpoint,
il est intéressant de chercher si lerapport
entre les émissions à ladéshydratation
(ND)
et àl’hydratation (NH)
varie avec l’intensité du
chauffage.
Si l’on admetl’état
d’équilibre déjà
écritla lenteur du
chauffage
permettra a
priori
l’aug-mentation du
rapport
IVIO
lapossibilité
de la réaction dans le sens de ladéshydratation
étantplus
grande
si letemps
de chauffe estplus long.
C’est bien ce
qu’on
constateexpérimentalement;
ce
qui
est résumé dans le tableau suivant :Rendement ultraviolet dans
l’hydratation.
- C’estle
rapport
du nombre dephotons
émis au nombre demolécules
hydratées.
Laquestion
laplus
délicate à résoudre concerne la sensibilité de la cellule. Nousnous sommes servis de
l’important
travail deMattler
[10];
et,
par des mesurescomparatives,
nous avons admis que le nombre moyen de
photons
parmi
lesquels
se trouve celuiqui
déclenche ladécharge
est de 8 ooo environ.D’autre
part
on a calculé le flux 6bqui,
issu dudisque de rayon
R,
tombe sur la cathode de rayon R’à une distance D. Si l’on considère les éléments
ds,
ds’
correspondant, o
etc?’
leursangles polaires,
on679
est
intégrale
qui,
calculée par undéveloppement
ensérie donne
Cette formule donne
pour R
=1,7
cm, R’
=0,5
cm,D = 7 cm;
Le
rapport
desphotons
reçus par la cathode à ceuxémis par le sel est donc
Le nombre total de
photons
émis par laprépa-ration est donc
pour une
décharge enregistrée.
Fig. 6. - Courbes d’émission lumineuse : :
I, d’un sel neuf;
II. d’un sel ayant été chauffé pendant 10 jours.
Le
disque
portant
T,5
mg de sel émet1260
décharges
àl’hydratation
cequi correspond
pour une
molécule-gramme
àD’où : Le nombre de molécules
hydratées
nécessaires
pour émettre un photon ultraviolet est donc d’environ
1 milliard :
Ce rendement est donc environ 100 fois
plus petit
que celui de l’émission visible ou de l’émission
ionique.
Fig. 7. - Variation de l’intensité des phénomènes
avec le temps de chauffage du sel.
A. Intensité lumineuse;
B : . émission ultraviolette; + émission ionique.
Cette
petitesse
de l’émission ultraviolette vis-à-vis de l’émission visible laisserait à penser qu’elle n’est que leprolongement
de la courbe d’émissionlumi-neuse. Nous allons exposer maintenant un ensemble
d’expériences qui
nous amène à des conclusions différentes.En
reprenant
l’étude de la fluorescencevisible,
on est
frappé
de constaterqu’un
échantillonayant
étélongtemps
chauffé ne donneplus
àl’hydra-tation
qu’une
somme de lumière très réduite. Lafigure
6 donne les courbes d’émission de deux échan-tillons de densité go mg : cm2 dont l’un n’a subi que lechauffage
qui
l’adéshydraté
et l’autre aété chauffé à l’étuve
pendant
une dizainede jours.
Le maximum de 1 est 1o fois
supérieur
à celui de IIet la fluorescence de ce dernier
(pour
cequi
estmesurable au
nitomètre)
dure untemps
deux foisplus petit.
Nous avons alors étudié
systématiquement
l’in-fluence dutemps
dechauffage
sur 15disques
dedensités très
voisines,
mis dans une étuve à i2oo.bout de 28
jours
dechauffage
on retirait lequinzième
et dernier
disque,
lepremier
n’étant mis dans l’étuve que letemps
nécessaire à sadéshydratation.
La courbe de variation des intensités lumineuses
en fonction du
temps
dechauffage
est tracée en Asur la
figure
7. On constate une décroissanceconsi-dérable du
phénomène
lumineux, et,
bien que lamesure des intensités devienne de
plus
enplus
difficile,
onpeut
attribuer à l’intensité de la fluo-rescence en fonction dutemps
une formei = io
e-kt,
le facteur k
dépendant
évidemment de latempé-rature de l’étuve.
Les mêmes échantillons ont été étudiés du
point
de vueélectrique
et émission ultraviolette. Les résultats obtenus sontportés
par la mêmefigure
(courbe
B tracée àpartir
des mesuresultraviolettes).
Les
points
provenant
des mesuresélectriques
sontfigurés
par des croix.Deux constatations
s’imposent :
i° Si le
temps
de chauffe diminuel’ionisation,
et l’émission
ultraviolette,
cette diminution n’estque de 3o pour 100
quand
l’émission lumineuseest à peu
près
annulée. D’autrepart,
la forme même de variation des deuxpremiers phénomènes
estessentiellement différente de celle de la fluorescence.
20 Au contraire il y a un
parallélisme frappant
entre l’ionisation et l’émission ultraviolette.
Ces constatations nous
paraissent
permettre
de détacher l’émission ultraviolette de l’émission visibleet au contraire d’affirmer
qu’elle
se rattache auphénomène électrique.
Toutefois,
si l’ultraviolet n’est pas rattaché à l’émissionvisible,
ilest,
commel’ionisation,
dûà
l’hydratation
du sel.La concomitance des trois effets n’est pas
toujours
facile àconstater;
enparticulier,
par sa faiblessequand
la couche est trèsmince,
l’émission lumineusepeut
ne pas êtredécelée,
sansqu’on
puisse
pourcela nier son
existence ;
l’absorption
de l’ultraviolet par les couchesépaisses explique
un nonparal-lélisme
quantitatif
avecl’hydratation,
etc.Nous donnons ci-dessous un tableau de nombres attachés à une suite de
disques :
On remarque que :
a. Le seuil de
perception
de l’émission lumineuseest nettement en
deçà
de celui desphénomènes
ionique
etultraviolet,
cequi
peut
expliquer
quecertains auteurs trouvent l’émission lumineuse
plus
courte que l’émission ionique.
b. Au
contraire,
dès que la densité est de l’ordre de 10 mg :cm2,
les effetsd’absorption
deviennent trèsimportants :
lephénomène
lumineuxdure,
enapparence
plus
longtemps
que les deuxautres,
l’émission lumineuse seule traversant une couche
assez
épaisse.
c. Par contre, les trois
phénomènes,
aurefroi-dissement,
se déclenchent avec unsynchronisme
assez satisfaisant pour
qu’on
puisse
affirmer leurconcomitance et leur intime liaison avec
l’hydra-tation,
leparallélisme
de cette dernière avecl’ioni-sation
ayant
étéparticulièrement
nettement établi d’autrepart.
5. Recherche d’une
explication
desphéno-mènes étudiés. - 10
Certains
auteurs ont vudans la triboluminescence
(1)
uneexplication
auxphénomènes
précédents,
la variationpossible
du volume des cristauxpouvant
entraîner leurrup-ture. Le fait
qu’à
ladéshydratation,
qui
devrait favoriserl’éclatement,
on n’observequ’un
phé-nomène lumineux très
atténué,
rend assezfragile
cette
hypothèse.
Si,
comme nous l’avonsmontré,
lesphénomènes
observés à ladéshydratation
ne sont dusqu’à
uneréhydratation
momentanée,
il estplus
difficileencore d’admettre que la cause lumineuse soit due
à la
rupture
des cristaux.D’ailleurs,
en suivant aumicroscope
l’hydratation
et ladéshydratation
de cristauxisolés,
on ne constate aucune déformation.Le fait que le valérianate donné une tribolumi-nescence
beaucoup plus
intense que celle donnéepar le sulfate et par contre ne donne à
l’hydratation
(1) M. Curie et moi-même (C. R. Acad. Sc., r gG 6, 223, p. I I 25)
avons montré que les spectres de triboinmincscerce
caracté-ristiques de diverses substances sont très probablement une
des apparences du phénomèr.e général d’électrolumir.escence
pure, qui apparaît dans les cristaux luminescents quand on les
681
ni fluorescence ni d’autre
phénomène,
est unargu-ment
supplémentaire
pour penser que latribolumi-nescence ne
peut
expliquer
lephénomène
lumineux lié àl’hydratation
du sulfate dequinine.
Si,
dansce cas, il y a identité des
spectres
obtenus parhydra-tation et par écrasement
mécanique (le
sulfate dequinine
estlégèrement
triboluminescent)
c’estsimple-ment
qu’on
a la même excitation des moléculespar des processus différents donnant le
spectre
de fluorescence normal.On est
plutôt
tenté derapporter
la fluorescence bleued’hydratation
à uneabsorption
partielle
durayonnement
ultravioletd’hydratation
tout commela lumière de Wood excite la fluorescence. Si l’on examine en effet à cette lumière la suite des
disques
différemmentchauffés,
on observe une courbeayant
la même allure de variation que celle de la fluorescenced’hydratation,
sans toutefois que labaisse soit aussi considérable.
Dans un ordre d’idée voisin nous avons
pensé
que les modes
exceptionnels
de formation des germes cristallins parlesquels
Raczexplique
lacristallo-luminescence,
pouvaient également
intervenirici,
Racz
ayant également
observé dans cephénomène
lumineux la
présence
d’utltraviolet,
mais lesexpé-riences toutes
négatives
faites à cepoint
de vue nous ont amené à abandonner une causephysique
commeexplication
desphénomènes
étudiés.20
Q
étant la chaleurd’hydratation
moléculaire,
que nous avons trouvéeégale
à15,850°
C,
si l’onadmet la
possibilité
d’unrayonnnement,
lafréquence
correspondrait
à une émission dansl’infrarouge
(1,8
p.),
extrêmement loinde
l’ultraviolet déceléprécédemment.
Si l’on considère un instant l’émission ultraviolette comme
prolongement
de l’émission visible( "-1 5 000 Á),
la
proportion
de moléculescapables
d’émettre du 2 5ooÁ,
c’est-à-dired’énergie
double,
serait del’ordre de
e-1oo,
c’est-à-direqu’on
nepourrait
mettre en évidence
expérimentalement
cette émis-sion ultraviolette. On ne saurait donc admettre cettecorrespondance
des deux émissions.Il est intéressant de constater que si l’on fait le
rendement
énergétique
en ultraviolet de la réactiond’hydratation,
c’est-à-dire lerapport
entrel’énergie
ultraviolette totale émise par
molécule-gramme
de selhydraté
et la chaleur deréaction,
ontrouve 7. 10-9.
ordre degrandeur analogue
à celui des émissions ultraviolettesqui
apparaissent
dans de nombreuses réactionschimiques.
Ici commelà,
il
faut
donc chercher àfaire
intervenir desformes
activées àgrande énergie
et émettre deshypothèses
sur la nature de cesgroupements
activés oucomposés
insta6les à
grande énergie
deformation.
30 On ne connaît
qu’imparfaitement
le méca-nisme des réactions engénéral,
les conditions danslesquelles
les molécules sontactivées,
et les circons-tances danslesquelles
les molécules actives setrans-forment
chimiquement.
On est réduit à concevoir danschaque
casparticulier
des mécanismespossibles.
Nous pouvons difficilement ici
appliquer
la théorie d’Arrhénius danslaquelle
latempérature
joue
unrôle essentiel.
Supposons
que dans la réactiond’hydratation
il seproduise
exceptionnellement
uncomposé
hypothétique
dutype XH30,
Xreprésentant
ungroupement
à base dequinine,
faisant ressortir legroupement
hydroxonium
H30,
dont l’existencea été souvent
envisagée.
La raisonqui
nous le faitintroduire
est que la formation deH30 permet
d’expliquer
desquanta
élevés. Eneffet,
on sait que,s’il
s’agit
d’ions gazeux, on auraitce
qui correspondrait
à uneénergie de 7
eV et à uneradiation de 1900 À. On
peut
supposer que dansl’hydrate, l’énergie
soit du même ordre degrandeur,
ce
qui expliquerait
facilement l’émissionultra-violette 2 35o A.
Cette
possibilité
de réactionionique
doit d’ailleurs êtreparticulière
à la constitution même de la molécule de sulfate dequinine
basique
du fait que le sulfate dequinidine
ne donne pas d’effets. Il est certain que ces deux corps ont certainespropriétés
physiques
et
chimiques
différentes;
le seulfait,
pour le sulfate dequinidine
de ne pasprésenter
de caractère debasicité et d’être soluble dans le
chloroforme,
tandis que le sulfate dequinine
ne l’estpratiquement
passuffirait à le prouver. On
peut
doncenvisager
dans la molécule de ce dernier l’influence des atomesvoisins de l’azote
quinuclidique
surlequel
se fixel’acide
sulfurique,
pour modifier la stabilité de l’édi-fice moléculaire etpermettre,
par l’interventiond’un H
labile,
la réaction fortementexothermique
précédente
ou uneréaction
analogue.
Cette action
pourrait
ainsi seproduire
sur les OHliés sur l’azote
quinuclidique qui communique
ausulfate sa
légère
basicité et dont laproximité,
dans le cas des sulfates dequinine
et de cinchoninepermettrait
l’élimination deH20
et l’ionisation concomitante.Quant
à cette dernièrepossibilité,
elle n’est pasexpliquée
àpremière
vue par la chaleur de réactiondéveloppée
dans la formation del’hydroxonium,
qui
permet
cependant
uneexplication
de l’émissionultraviolette. En effet l’ionisation de la molécule
d’eau,
à l’état de vapeur,exige
uneénergie
de 13eV,
cequi
correspond
à une émissionquantifiée
dansl’ultraviolet de
Lyman
(goo À)
et à uneénergie
réactive de 353
kc,
plus
de deux foissupérieure
à la chaleur de formationenvisagée
pour lecomposé
d’hydroxonium.
Il faudraitsimplement
admettre,
Si l’on suppose en outre que l’ultraviolet émis lors de
l’hydratation
d’une molécule est réabsorbéavec une très forte
probabilité
par cette molécule elle-même(peut-être
par l’eauqui
vient d’êtrefixée)
aux finsd’ionisation,
onexplique
que lenombre d’ions libérés
peut
êtrebeaucoup plus
grand
que le nombre desphotons
ultraviolets observables. On rendcompte
du même coup de la minceur de la couche ionisée au-dessus du sulfate dequinine,
les ions étant émis à très faible vitesse.Par
ailleurs,
pourexpliquer
l’anomalie del’hydra-tation 2,
11H20
du sulfate dequinine,
onpeut
penser à une
hydratation
partielle
de la fonction alcool(liaison
hydrogène
?)
seproduisant
seulementdans le sulfate de
quinine par suite de la
position
dégagée
des OHalcooliques.
En
définitive
l’explication qui
nousparaît
actuel-lement laplus plausible
est celle consistant à admettreune formation assez
exceptionnelle
de moléculesinstables contenant le
groupement
hydroxonium
H30,
formation hautementexoénergétique,
correspon-dant à unquantum
de l’ordre de 6à 7
eV soitenvi-ron 2 ooo
Â.
Cetultraviolet,
fortementréabsorbé,
provoquerait
d’unepart
l’émission de fluorescencevisible,
mais aussi l’ionisation d’une molécule d’eaufixée,
ionisationqui pourrait
avoir lieu pour uneénergie
nettementplus
basse que pour la valeurd’eau
(13 eV).
Manuscrit reçu le 7 juillet I950.
BIBLIOGRAPHIE.
[1] LE BON G. - C. R. Acad. Sc.,
1900, 130, 891. [2] KÄLÄHNE. 2014 Ann. Physik, 1905, 323, 450.
[3] SCHMIDT G.- Fluorescence des sels de quinine. Z. Physik,
1922, 8, 160.
[4] DE BROGLIE et BRIZARD. 2014 C. R. Acad. Sc., 1911, 153,
136 et 855.
[5] Miss GATES. - The
conductivity caused by chemical
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[6] Mlle CHAMIÉ. 2014 J. Physique Rad., 1926, 17, 204. [7] CURIE M. et PROST M. - C. R. Acad.
Sc., 1931, 192,
1729.
[8] PROST M. - C. R. Acad. Sc., 1935, 201, 143. [9] AUDUBERT R. et PROST M. - C. R. Acad.
Sc., 1936, 202, 1047.
[10] MATTLER. 2014 Thèse, Paris, 1946.
SUR LA
THÉORIE
DE L’EFFET SORETPar L. DALLAS TUCK.
College
ofPharmacy, University
of California Medical Center.Sommaire.- La formule relative à l’effet Soret, donnée dans un précédent article par M. de Groot [1]
ne serait qu’une approximation, valable seulement pour les solutions diluées, et la formule exacte et
générale aurait été donnée par Eastman.
Réponse de M. de Groot, qui discute les critiques de M. Dallas Tuck.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
11,
DÉCEMBRE1950,
Dans une Note récente de ce Journal
[1]
etailleurs
[2]
S. R. de Grootcritique
le traitementthermodynamique
proposé
par E. D. Eastman pour rendrecompte
de l’effet Soret[3,
4];
S. R. de Groot écrit textuellement dans une Notebiblio-graphique :
«Eastman,
qui néglige parfois
lestermes
électriques,
n’arrive pas à des formulescorrectes sur l’effet Soret »
[1],
et d’autrepart :
« pour cette raison il trouve la formule sans le
facteur 1
et les valeurs calculées de ses tables2
numériques
pour l’effet Soret doivent êtremulti-pliées
par y-
»[2].
Nous nous proposons de montrer que la formule
par
laquelle
de Grootprétend
mettre « enligne
de
compte
legrad (D
de manière exacte » n’estqu’une
approximation
du résultatthermodyna-miquement
exact obtenu parEastman,
approxi-mation valable seulement pour les solutions très diluées
(voir
aussi[1]).
Utilisant la notation de de