ت
1 2 3 2229
2212
LE PÈRE GORIOT
ةنراقم ةيليلحت ةسارد
ريدقت و ركش ةملك
1
6 11 11 11 13
16 11
… 13
15 01 02 05 11
11 13 16
21 22 23 31 31
. 35
42
46 50
1 51
2 54
3 Le Père Goriot
56 61 61 111
100 106 111
. 126
..
136 141
1
2
3
4
5
6
4
5
6
1110 14
11
1631 11
15 16
11
1111 111
1651 25
11
25
25
25
10
1111 10
“You must ask the mother at home, the children in the street, the ordinary man in the market [sic] and look at their mouths, how to speak, and translate that ways then they‟ll understand and see that you‟re speaking to them in German.”
11
1631 11
1 1 0 1
2
3 4
11
41
12
1661
13
“I would once again like to admonish the translator to observe the rules I have given. If he does not, he will not be able to write any remarkable composition whatsoever: his sentences will not sound serious and they will not achieve their legitimate weight, as required.”
17
1625 15
1631 13
18
1111 15
15
“Either the translator leaves the writer alone as much as possible and moves the reader toward the writer, or he [sic] leaves the reader alone as much as possible and moves the writer toward the reader.”
19
1111 15
1
1
1631 161
161
22
1434 1502
1630 14
1643 166
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22
23
24
25
13
14
1625 14
20
1
1
0
15
1
2
3
4
16
1631 010
1110 04
05
1631 11
01
01
111
010
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01
115
162
115
01
161
015 016
014 1626
00
041 040
01
1651 06
1661 43
114 110
02
1
1 0 1
66
It is generally agreed that the meaning of any word in any language is unique, owing to differences in frequency, usage, connotations and lexical gaps in other languages in context.
(Newmark 1991: 8)
1661 2
03
1110 36
04
1632 1
“Translation is an operation performed on languages: a process of substituting a text in one language for a text in another. Clearly;
then, any theory of translation must draw upon a theory of language- a general linguistic theory.”
11
“…the replacement of textual material in one language (SL) by equivalent textual material in another language (TL)”
1110 12
05
1643 111
.
1632 01
1111
Dans 101
65 in
into 13
from
about inside
dans
16
06
61
“One of the problems of translating scientific texts into certain languages which have recently become National Languages, such as Hindi, is that of finding, or creating, an equivalent scientific register.”
61
Yukata
11111
11
112 1976
1643 21
igloo, iceberg, jerrycan
51
1631 10
11
110
122 123
199
.
10
11
1661
.
Translation, History and Culture (1990
)
12
13
1111
14
1111
15
1110 111
“…cultural studies in its new internationalist phase turned to sociology, to ethnography and to history. And likewise, translation studies turned to ethnography and history and sociology to deepen the methods of analyzing what happens to texts in the process of what might be called „intercultural transfer‟, or translation.”
16
1651 01
01
murder, stealing, lying, incest, etc.
Bad, good, ugly and beautiful
21
1666 11
11
16
1662 22
21
1623 21
21
« Une condition première indispensable pour l‟analyse de textes traduits (…) est donc l‟élaboration d‟une méthode théoriquement fondée et explicite qui permette de comparer une traduction et son original, compte tenu des théories linguistiques et littéraires générales (y compris une certaine théorie du texte littéraire) et incluant des descriptions systématiques complètes et précises de la langue source (S.L.), de la langue cible (T.L.) et des deux polysystèmes littéraires respectifs »
21
20
20
21
22
After
Babel
1
23
1
1110 144
1642 011
0
012
24
1
014
1110 146
25
26
1644 131
31
1
differe
La différence La
différance
2
1652 111
31
111
31
1644 113
“We know that a text is not a line of words releasing a single
“theological” meaning…but multi-dimensional space in which a variety of writings, none of them original, blend and clash.”
146
“There can be no closed, internal, single meaning in a text. A text‟s unity lies not in its origin but in its destination”
"
لا (
)
30
1662 16
« La négativité des critiques de Meschonnic a bien sûr son envers positif. Elles n‟attaquent, en outre, que des traductions qui maltraitent des œuvres capitales pour notre culture : La Bible, Celan, Kafka, etc. Elles défendent aussi bien les originaux qu‟elles attaquent leurs traductions. »
31
1114 6
112
) 25 26 (
« ...ce n‟est pas de la langue qu‟il y a à traduire, mais ce qu‟un poème a fait a sa langue, donc il y a à inventer dans la langue d‟arrivée des équivalences de discours : prosodie pour prosodie, métaphore pour métaphore, calembour pour calembour, rythme pour rythme. »
32
51
« Traduire-écrire, c’est traduire la force…la force est ce qui porte et emporte le sens. C’est le mouvement du sens. »
101
33
100
.
:
144« On peut dire que le lecteur russe a lu Rabelais pour la première fois. Bien qu‟on ait commencé à le traduire en russe des le XVIIIe siècle (…) aucun traducteur n‟était parvenu, même de loin, à restituer l‟originalité et la richesse de la langue et du style rabelaisiens. La tâche semblait d‟une exceptionnelle difficulté. On en était même arrivé à déclarer que Rabelais était intraduisible […]. C‟est la raison pour laquelle, parmi tous les classiques de la littérature mondiale, Rabelais était le seul qui ne fût pas entré dans la culture russe (…) A présent, grâce a l‟admirable traduction de Lioubimov remarquablement conforme a l‟original, on peut dire que Rabelais s‟est mis à parler en russe, à parler avec toute sa familiarité, sa désinvolture interminable, avec toute sa verve comique inépuisable et profonde. »
15
34
1666 21
33
1
.
2
35
3
MOBY DICK
4
36
5
chuchumeca
6
7
62
41
« Le traducteur, qu‟il le veuille ou non, est obliger de donner au texte un coup de peigne ; s‟il se permet délibérément une correction, une tournure défectueuse […], elle ne sera d‟aucune façon l‟équivalent de celles de l‟original. Ainsi s‟atténue nécessairement un côté de La Guerre et la Paix. »
8
9
41
01
11
:
41
12
01
40
2221 151
41
1111 6
1661 115
“An open text is always a text, and a text can elicit infinite readings without allowing any possible reading. It is impossible to say what is the best interpretation of a text, but it is possible to say which ones are wrong…Texts frequently say more than their authors intended to say, but less than what many incontinent readers would like them to say.”
1110 01
42
1661 32
« Any interpretation given of a certain portion of a text can be accepted if it is confirmed by, and must be rejected if it is challenged by, another portion of the same text. In this sense the internal textual coherence controls the otherwise uncontrollable drives of the reader”
1112 11
12
02
Le Rouge et le Noir
43
“I invite the translator to disregard the literal sense of my text in order to preserve what I consider to be the „deep‟ one. It may be objected that in such a case I was providing an allegedly correct interpretation of my own text thus betraying my conviction that authors should not provide interpretations of their own words ...” (Eco (2001)- in Urbancic (2004: 10)
44
45
1645 151
1653 1
0
1643
،
133
46
1662 4
1643 135
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1662
.
111653 11
1631 30
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155
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1112 11
15
51
1 1 0
50
1 Honoré de Balzac
11
1466
1511 .
" Cromwell 1820
" Annette et le
criminel 1824
.
1513 1516
" Les Chouans
51
Physiologie du mariage 1501
L’Elixir de longue
vie
" La Peau de
chagrin
" Le Chef-d’œuvre inconnu .
1500
" Eugène Grandet 1501
" La Recherche de l’Absolu
" Le Père Goriot
" Melimoth
réconcilié 1835.
" Chronique
de Paris 1603
" La vieille fille
" Le Lys
dans la vallée 1504
"
Illusions perdues Gambara
" Les Employés
" Splendeurs et
misères de courtisanes 1838
" Béatrix
"
Le Curé de village 1506
1511
" La Revue de Paris
52
Mémoires de deux jeunes mariées
" Une
ténébreuse affaire 1843
" La Comédie
humaine 1512
1514
11 1521
.
.
15
.
53
2
16
54
.
* .
55
3 Le père Goriot
56
61
1 1
61
1
.
61
souvent
souvent
60 … l‟impression qu‟ils en reçoivent est comme un fruit savoureux promptement dévoré.
…les joies souvent …
fausses
Le char de la civilisation, semblable à celui de l‟idole de Jaggernat, à peine retardé par un cœur moins facile à broyer que les autres et qui enraie sa roue, l‟a brisé bientôt et continue sa marche glorieuse.
une main d‟une blancheur éclatante
61
blanche une main
«
All is true»
soi
62
…Ah ! Sachez-le : ce drame n‟est ni une fiction ni un roman. All is true, il est si véritable, que chacun peut en reconnaitre les éléments chez soi, dans son cœur peut-être.
«
cadre de bronze»
"Cette équipe a remporté une médaille de bronze »
63
… comme un cadre de bronze
une porte à claire-voie
à claire-voie Le
Grand Robert
Loc- À claire-voie : qui présente des vides, des jours
Porte, fenêtre à claire-voie
Volet à claire-voie (une persienne) Clôture, palissade à claire-voie
Caisse à claire-voie (cageot, claie, emballage)
Panier à claire-voie
à claire-voie
64
numéroté numéro
65
une table ronde peinte en vert
une boîte à cases numérotées
du matin
du matin
et demie Onze heures
, maman…
deux verres Il n'a pourtant pas bu plus de
Un paquet
66
vers sept heures du matin
à deux heures et demi
1114 45
« Si un passage, ou un texte, fait un effet de sens dans la phonologie de sa langue, il n‟y aura plus à dire que l‟effet est perdu d‟avance, puisque la phonologie de la langue d‟arrivée n‟est pas la même. »
111
sa face vieillotte, grassouillette
1632 impliquer
111
… toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l‟argousin, vous n‟imaginez pas l‟un sans l‟autre.
expliquer
« Le bagne ne va pas sans l‟argousin, vous n‟imaginez pas l‟un sans l‟autre »
111
des gants glacés par l‟usage
aux approches de l‟hiver
inspecteur
salubrité Le Grand Robert
110
aux approches de l‟hiver
un sous-inspecteur de salubrité
Spécialt. Etat d’un groupe social, caractérisé par l’absence des maladies endémiques, contagieuse…et par un ensemble de mesures sociales nécessaires pour observer et préserver cet état (assainissement, hygiène ; sanitaire)
Mesures d’urbanisme, de police, destinées à assurer la salubrité.
Peut-être avait-il été receveur à la porte d'un
abattoir, ou sous-inspecteur de salubrité. (Balzac, Le Père Goriot)
111
Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d‟un roux ardent
112
Par quel hasard ce mépris à demi haineux, cette persécution mélangée de pitié ce non-respect du malheur avaient-ils frappé le plus ancien pensionnaire ? Y avait-il donné lieu par quelques-uns de ces ridicules ou de ces bizarreries que l‟on pardonne moins qu‟on ne pardonne des vices ? Ces questions tiennent de près à bien des injustices sociales. Peut-être est-il dans la nature humaine de tout faire supporter à qui souffre tout par humilité vraie, par faiblesse ou par indifférence.
N‟aimons-nous pas tous à prouver notre force aux dépens de quelqu‟un ou de quelque chose ? L‟être le plus débile, le gamin sonne à toutes les portes quand il gèle, ou se glisse pour écrire son nom sur un monument vierge.
Le
113
sur les champs de bataille
114
les pensionnaires, occupés à causer dans le salon, …
…, répliqua le pensionnaire avec la douceur d‟un homme ruiné qui arrive à toutes les docilités de la misère.
115
...
Cette finesse de nerfs ne lui ôtait aucun avantage ; elle avait les formes pleines et rondes, sans qu‟elle pût être accusée de trop d‟embonpoint. Cheval de pur sang, femme de race, ces locutions commençaient à remplacer les anges du ciel, les figures ossianiques, toute l‟ancienne mythologie amoureuse repoussée par le dandysme.
J’aime manger du mouton
.
Il mange du poisson
cuisiner des
friandises à qqn
Friandise
116
Arrange le reste du mouton avec des pommes de terre.
C‟est une femme qui sait leur cuisiner des friandises
1
Christophe qui ronfle comme une toupie
111
Cette femme-là sait lui chatouillerl'âme
Sa vue morale avait la portée lucide de ses yeux de lynx
Il a des yeux de lynx
111
Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau
une
agitation pleine de désespoir
indestructible
111
Il se promena dans une agitation pleine de désespoir
vous construisez sur pilotis un mariage indestructible
Non, vous ne connaissez pas ces sortes de femmes-là
113
Il allait à travers les allées du Luxembourg, comme s'il eut été traqué par une meute de chiens, et il lui semblait en entendre les aboiements.
114
tilleuls
115
…tilleuls, mot que
madame Vauquer, quoique née de Conflans, prononce obstinément tieuille, malgré les observations grammaticales de ses hôtes
…assiettes en
porcelaine épaisse, à bords bleus,
fabriquées à Tournai.
1421
Jardin
de plantes Plante
Côte d’ivoire Cap de Bonne-
Espérance
« Paris »
116
Jardin de Plantes
s Mamado
Ayo
… par les Messageries royales
Messageries royales
« Messageries royales »
gloria café
gloria Le Grand
Robert
(1816).Fam. et vx. Café ou thé sucré mélangé d'eau-de-vie. | Des glorias.
(…) les tables noires sont poissées par les glorias, les vitres épaisses jaunies par les mouches (…)
FLAUBERT, Mme Bovary, II, XIV.
117
pour le gloria…….
1513
gloria
115
le père Goriot
tressaillit comme si son hôtesse l‟eût piqué avec un fer.
116
…où il est entré dans la maison d'un usurier connu, nommé Gobseck, un fier drôle, capable de faire des dominos avec les os de son père; un juif, un arabe, un grec, un bohémien, un homme qu'on serait bien embarrassé de dévaliser, il met ses écus à la Banque.
Murat
1460
La guerre de quatorze (ou de quatorze-dix-huit)
111
…Murat
ce vieux Quatre- vingt-treize…
Bravo, père Goriot !
le nonce du pape, monsieur le curé
le vieillard l'écouta comme s'il eut entendu la parole de Dieu
Adieu
La vielle fille baissa les yeux comme une religieuse qui voit des statues
Les gens du clergé chantèrent un psaume, le Libera, le De profundis
111 je les remplacerais bientôt
111 Il avait quitté l‟habit bleu-barbeau, tout son costume cossu, pour porter, été comme hiver, une redingote de drap marron grossier, un gilet en poil de chèvre, et un pantalon gris en cuir de laine. Il devint progressivement maigre ; ses mollets tombèrent ; sa figure, bouffie par le contentement d‟un bonheur bourgeois, se dessina.
110 Il faut entrer dans cette
masse d'hommes comme un boulet de canon, ou s'y glisser comme une peste.
L'honnêteté ne sert à rien.
111
Aussi l'honnête homme est-il l'ennemi commun. Mais que croyez-vous que soit l'honnête homme? A Paris, l'honnête homme est celui qui se tait, et refuse de partager. Je ne vous parle pas de ces pauvres ilotes qui partout font la besogne sans être jamais récompensés de leurs travaux, et que je nomme la confrérie des savates du bon Dieu. Certes, là est la vertu dans toute la fleur de sa bêtise, mais là est la misère. Je vois d'ici la grimace de ces braves gens si Dieu nous faisait la mauvaise plaisanterie de s'absenter au jugement dernier.
112
Je ne vous parle pas du gribouillage de l'amour ni des fariboles auxquelles tiennent tant les femmes, comme, par exemple, de répandre des gouttes d'eau sur le papier à lettre en manière de larmes quand on est loin d'elles:
vous m'avez l'air de connaître parfaitement l'argot du cœur
113
114 je tuerai un homme pour lui. Je ferai comme Vautrin, j‟irai au bagne ! je
…Il s‟arrêta comme s‟il eût été foudroyé. Plus rien ! dit-il en s‟arrachant les cheveux. Si je savais où aller pour voler, mais il est encore difficile de trouver un vol à faire. Et puis il faudrait du monde et du temps pour prendre la Banque. Allons, je dois mourir, je n‟ai plus qu‟à mourir.
Oui, je ne suis plus bon à rien, je ne suis plus père ! Non. Elle me demande, elle a besoin ! et moi, misérable, je n‟ai rien. Ah ! tu t‟es fait des rentes viagères, vieux scélérat, et tu avais des filles ! mais tu ne les aimes donc pas ? crève, crève comme un chien, un chien ne se conduirait pas ainsi ! oh ! ma tête ! elle bout !
115 Là surtout l'amour est essentiellement vantard, effronté, gaspilleur, charlatan et fastueux. Si toutes les femmes de la cour de Luis XIV ont envié à mademoiselle de La Vallière l'entraînement de passion qui fit oublier à ce grand prince que ses manchettes coûtait chacune mille écus quand il les déchira pour faciliter au duc de Vermandois son entrée sur la scène du monde, que peut-on demander au reste de l'humanité?
116
NEUF
le Rubicon parisien
101 il court au NEUF
un vieillard à cheveux blancs
1
101 l‟étudiant prit Delphine dans ses bras, la serra vivement et pleura de joie
Je ne voudrais pas être vue ainsi par cet homme, il a des expressions qui salissent l'âme, et des regards qui gênent une femme comme si on lui enlevait sa robe.
Place de Grève
101 Tout Paris va se porter chez elle, comme le peuple encombre la Grève quand il doit y avoir une exécution ! N‟est-ce pas horrible d‟aller voir si cette femme cachera sa douleur, si elle saura bien mourir ?
100
101
102
103
104
1 1
0
105
1
106
111
1
Résumé :
Il est inéluctable de considérer que toute traduction est par nature défaillante, cependant il est également admis qu‟il existe des traductions meilleures que d‟autres. Ainsi, dans toute traduction, même la plus travaillée, des pertes sont inévitables, tout simplement parce la traduction, comme tout acte humain, est sujette à des contraintes qui dépassent le cadre linguistique. Elle tend toujours à gommer certaines particularités de l‟original.
Durant les dernières décennies, plusieurs linguistes et spécialistes en traduction se sont penchés sur l‟étude analytique et critique du texte traduit en tant que produit résultant d‟un processus assez complexe. Ils ont travaillé, chacun sous le prisme de sa discipline, afin d‟établir des comparaisons ayant pour objet de voir le degré de pertinence et d‟adéquation de chaque traduction par rapport au texte source. Cependant, les méthodes selon lesquelles ces textes traduits ont été abordés sont de divers ordres en raison de la diversité des approches adoptées. Mais, cette diversité se révèle fructueuse du moment qu‟elle nous ouvre de nouvelles perspectives d‟analyse et nous mène également vers d‟autres pistes de recherche.
Une traduction n‟est jamais l‟original. Elle n‟est pas non plus l‟image identique du texte-source. C‟est une évidence ! Une traduction n‟est qu‟une sorte de clonage dont les résultats sont le
141
plus souvent décevants, et pour le créateur du texte de départ et pour le façonneur de la version traduite. L‟analyse des textes littéraires nous aide à découvrir d‟une manière objective les pertes causées par la traduction afin de les compenser tant sur le plan sémantique que socioculturel.
De plus, la traduction des textes littéraires, contrairement aux autres types de traduction, n‟est aucunement une simple reproduction textuelle. Elle représente une recréation artistique revêtant une grande importance dans la littérature de la culture réceptrice. Mais, il ne faut pas tout de même ignorer le fait que la traduction peut également apporter des gains à la langue-cible. Un tel jugement est foncièrement fondé sur un simple principe ; le gain et la perte, un sujet de recherche que nous avons trouvé assez pertinent pour aborder les problèmes majeurs de l‟acte traduisant et tout ce qui en découle.
La présente étude vise principalement à définir la nature d‟un phénomène traductologique appelé „gain et perte en traduction‟. Pour aboutir à cet objectif, nous avons essayé de suivre l‟évolution de cette notion au fil des siècles à la lumière des diverses approches et de tenter de mettre en relief les différents effets qu‟elle engendre lors de chaque opération traduisante. Nous ne prétendons pas avoir traité exhaustivement la totalité des exemples sélectionnés pour l‟analyse.
La recherche traductologique contemporaine considère Eugène Nida comme l‟un des pionniers en matière des études qui se rapportent, de près ou de loin, à la notion de gain et de perte en
142
traduction. Susan Bassnett, quant à elle, a contribué grandement à la clarification de cette notion dans son ouvrage intitulé
„Translation Studies‟ où elle a soutenu sa position avec des exemples vivants en s‟appuyant sur l‟idée qu‟une traduction ne conduit pas forcément à des pertes, elle peut aussi se révéler gagnante sur plusieurs plans.
Susan a également confirmé que la diversité des systèmes linguistiques ainsi que la divergence des cultures sont deux causes principales menant à l‟occurrence des pertes. D‟autres chercheurs, à l‟image de G. Mounin, Catford, Newmark et Eco, ont également soulevé le problème de „gain et perte‟ mais d‟une manière succincte. Nous concluons de tout ce qui précède que les références académiques qui traitent de ce sujet sont très rares.
Force est de rappeler qu‟au cours de notre recherche, nous n‟avons trouvé qu‟une seule thèse de doctorat consacrée à ce thème avec comme titre „Cultural and Semantic Losses in Literary Texts‟, réalisée par Hanada Al-Masri à Prude University aux États-Unis.
Nous avons constaté après consultation que malgré la légère ressemblance qui semblerait exister entre notre thème et celui de cette thèse, les deux sont traités suivant deux plans de travail carrément différents.
Pour ce qui est de la problématique, elle porte sur une question récurrente en traductologie. Le propre de la créativité littéraire réside dans l‟imagination des faits insolites à travers l‟usage inhabituel des mots de la langue. Elle implique le sens de
143
produire, instituer et inventer à l‟aide du pouvoir extraordinaire d‟imagination que possède l‟être humain.
Tout traducteur qui se montre incapable de s‟armer avec cette faculté spécifique de concevoir les choses produirait un texte déstabilisé à des niveaux différents. Il priverait l‟original de ces images, comparaisons, allusions, renvois, et jeux de mots et fournirait par la suite au lecteur-cible une traduction pleine de lacunes, une traduction où l‟on constate clairement l‟absence des éléments-clés dans la structuration du texte-source.
Par ailleurs, Nous nous proposons une série de questions pivotant toutes autour de la question de base de notre recherche :
„Que perd le texte traduit par rapport à l‟original et que gagne-t- il ?‟Comment le traducteur peut-il éviter les imperfections et maintenir son texte à un niveau d‟équivalences qualitative et quantitative élevé par rapport à l‟original ? Comment peut-il manipuler l‟intrusion de l‟étrangeté dans sa traduction en vue d‟enrichir sa propre langue tout en la protégeant ? Comment procède-t-il lorsqu‟il se trouve devant des mots, expressions ou même paragraphes essentiels dans l‟original auxquels il ne trouve pas d‟équivalents plausibles ? Que devrait-il faire dans de tels cas de figure ? Devrait-il procéder à des ajouts ou à des suppressions jusqu‟à établir un certain équilibre avec l‟original ? Ce faisant, que pourrait gagner le texte-cible et que pourrait-il perdre en contrepartie?
A ces questions soulevées, nous proposons les réponses justificatives suivantes : Les difficultés de la traduction relèvent principalement de deux raisons d‟ordre linguistique: ou bien le
144
traducteur ne saisit pas le sens entier d‟une expression de la langue-source et le rend, par conséquent, de manière incomplète ; ou bien le traducteur ne connait pas suffisamment la structure de l‟expression en question dans la langue-cible, ce qui le mène forcément à l‟employer improprement. Dans les deux cas, la faute de traduction est imputée à la personne du traducteur. Et si l‟on évite ces deux sortes de fautes, les autres difficultés de la traduction seront axées seulement sur l‟esthétique, autrement dit, une traduction est jugée inadéquate, par rapport à un original esthétiquement fameux, parce que le traducteur n‟a pas de talent.
Pour être plus clair, nous donnons l‟exemple du musicien qui performe une pièce de Mozart, quoique les notes soient les mêmes, la touche artistique ne le sera jamais. Mozart restera distingué à jamais par son talent unique.
L‟ensemble de ces questions a été mis au clair au cours de notre recherche. Nous avons adopté une méthode descriptive- analytique-comparative. Nous avons dans un premier temps rassemblé, catégorisé puis analysé les exemples tirés de notre corpus en donnant de temps à autre quelques propositions de traduction. De par la nature du thème, nous nous sommes appuyés sur le principe de considérer l‟acte traductif en évoquant à chaque fois les techniques et les procédés qu‟a employés le traducteur pour valoriser ce qui mérite d‟être valorisé et réparer ce qui déroge de la norme. Nous avons essayé de repérer les „zones de lacunes‟ ou de pertes engendrées par les traductions mal-faites comme nous avons également taché de jeter la lumière sur les
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„zones réussies‟, celles jugées des „zones de gains‟. Ce faisant, nous espérons conférer une certaine objectivité à notre analyse.
Le présent mémoire a été divisé en deux parties principales : une partie théorique et une autre pratique, avec bien évidemment une introduction qui présente brièvement l‟ensemble du travail effectué et une conclusion qui met en exergue les résultats obtenus et les recommandations proposées au profit des futurs chercheurs qui auront comme sujet la notion de „gain et perte‟.
Pour le volet théorique, nous avons consacré quatre chapitres. Dans le premier chapitre, nous avons exploré historiquement les fondements épistémologiques de la notion de gain et de perte en traduction depuis Cicéron jusqu‟au 19ème siècle. Il nous a donc semblé approprié d‟intituler ce chapitre „La notion de gain et de perte avant l‟apparition de la linguistique‟;
une appellation qui se justifie par le fait que l‟étude systématique de l‟acte traduisant n‟a commencé pratiquement que grâce à la linguistique appliquée depuis les années cinquante. Nous y avons exposé compendieusement les avis de nombreux théoriciens de langue, de philosophes, de philologues et même de gens spécialisés dans la traduction de la Bible et des textes sacrés.
Cicéron, le fameux traducteur et orateur romain, fût l‟un des premiers à donner des bribes de commentaires et de prescriptions sur la manière de bien traduire. Il a été un fervent défenseur de la traduction du sens aux dépens de la forme. Pour lui, ce qui compte dans un texte traduit c‟est bien l‟effet qu‟il provoque chez le lecteur-cible, peu importe la façon avec laquelle il a été transmis.
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El Jahiz, l‟érudit arabe, avait lui aussi contribué avec ces idées qui ont servi les traducteurs au sein de „la Maison de sagesse‟ à Baghdad. Il considère que lorsqu‟on parle deux langues, qu‟on le veuille ou non, on porte préjudice aux deux parce que chacune des deux langues agit sur l‟autre, s‟en imprègne et s‟y oppose. Il s‟était toujours montré contre l‟idée de traduire la poésie arabe vers d‟autres langues en confirmant que le fait d‟oser transmettre cette sagesse orientale ne fait que perdre son inimitable rythme.
Nous avons ensuite présenté les idées de Saint-Jérôme et Luther qui soutiennent la traduction du sens de la manière à faire comprendre le plus simple interlocuteur dans la société tant qu‟il s‟agit d‟un message divin. Pour eux, ce genre de texte est destiné à l‟humanité toute entière et tout le monde est alors censé en saisir le sens le plus simplement possible. Le grand souci pour le traducteur est donc de pouvoir conserver le vouloir-dire du texte sacré, sa divinité. Jérôme et Luther ont travaillé, chacun durant son époque, plusieurs années pour parvenir enfin à corriger les traductions de la Bible maladroitement faites par leurs prédécesseurs.
Au 15ème siècle, Etienne Dolet, le célèbre traducteur français, inculque aux traducteurs cinq règles d‟or pour bien traduire un texte quelle que soit sa nature. Par ces règles prescriptives, il vise à aboutir à une traduction idéale jouissant de la même valeur que l‟original sur tous les plans. Il est à rappeler ici que Dolet a été exécuté suite à ses traductions de Platon qualifiées de blasphématoires par l‟Eglise.
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Puis, nous avons évoqué quelques pensées importantes qui vont de pair avec notre thème de recherche dans la philosophie du penseur prussien Humboldt dont les idées ont servi plusieurs linguistes contemporains, notamment celles correspondant à la divergence des systèmes linguistiques issue de la différence dans les visions du monde d‟une société à l‟autre. Humboldt avance que les hommes sont enfermés par leurs langues dans des visions du monde inaccessibles les unes aux autres.
Nous avons enfin clôturé ce premier chapitre par une
présentation succincte des idées majeures de Schleiermacher à propos de la traduction adéquate. Schleiermacher a établi une
équation dans laquelle il met en évidence la différence qui existe entre une traduction libre, ou sémantique selon le terme utilisé par Newmark, et une traduction littérale basée sur l‟attachement à la forme au détriment du fond.
Le deuxième chapitre chapote les différents courants linguistiques et sociolinguistiques en traduction. Intitulé „La notion de gain et de perte à l‟aune de la linguistique et de la sociolinguistique‟, ce chapitre traite des théories fondatrices de la traduction comme nouvelle discipline issue de la linguistique grâce à des linguistes qui ont abordé la question de gain et de perte comme résultat incontournable de l‟activité traduisante.
Nous y avons inclus les pensées clés qui traitent de la correspondance des langues pour en dégager les points communs et repérer les différences et tout ce qui en résulte ; l‟absence de quelques termes et concepts, l‟inégalité de la valeur des mots et de leurs connotations.
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Vu la nature du sujet choisi, nous nous sommes contentés d‟évoquer les noms de linguistes les plus importants qui ont contribué au développement de la réflexion sur la notion de gain et de perte en la reliant à l‟acte traductif. Ces noms-là sont devenus très connus, voire même indispensables dans chaque recherche traductologique. Le fait de joindre le terme sociolinguistique à la linguistique dans le titre de ce chapitre provient, sans doute, de la conviction que la sociolinguistique n‟est qu‟une branche issue de la linguistique générale qui constitue la discipline-mère.
Quiconque consulte ce deuxième chapitre se rendrait compte immédiatement que Nida a eu la part de lion à travers la supériorité du nombre de pages qui ont été consacrées au développement de ses idées. Nous en sommes conscients, compte tenu des contributions considérables apportées par Nida avec ses analyses exhaustives des traductions, notamment celles portant sur les textes sacrés. Susan Bassnett Considère Nida comme une référence en matière d‟analyse des gains et des pertes en traduction.
Mounin a été lui aussi privilégié dans ce chapitre grâce à ces hypothèses au sujet des visions du monde et des universaux du langage qui se révèlent décisifs dans l‟analyse des traductions et surtout des obstacles que rencontrent les traducteurs. Pour surmonter ces difficultés, Mounin propose le recours à la philologie, comme activité d‟éclaircissement de textes anciens, et l‟ethnographie comme activité d‟éclaircissement des cultures du présent. Il considère ces deux sciences comme de „véritables
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prétraductions‟. L‟essentiel de ses positions s‟est exprimé en détails dans sa thèse de doctorat (Mounin, 1963).
Les positions d‟autres linguistes ont été également incorporées dans le deuxième chapitre. Vinay et Darbelnet avec leur étude systématique des procédés adoptés par les traducteurs afin de sortir avec une traduction plus au moins acceptable, autrement dit, avec plus de gains que de pertes. Puis, Newmark avec sa catégorisation de la traduction (sémantique et communicative) et enfin Catford qui a expliqué dans son ouvrage
„A Linguistic Theory of Translation‟ les grandes transformations, tant linguistiques que culturelles, que subissent généralement les textes traduits.
Dans le troisième chapitre, la notion de gain et de perte a été élaborée à la lumière des grandes mutations qu‟a connues le domaine de la traduction notamment durant les années quatre- vingts du siècle écoulé. La traduction a donc pris une nouvelle dimension avec l‟approche préconisée par l‟Ecole de Tel Aviv dont le fondateur est Evan Zohar avec la théorie des polysystèmes. Grâce à cette théorie, Zohar a exercé une grande influencé sur deux domaines à la fois : la traductologie et la littérature. En s‟appuyant sur les idées de son maitre Zohar, Gidéon Toury a développé, lui aussi, sa propre théorie selon laquelle il considère que les choix d‟un traducteur sont toujours soumis aux normes imposées par la culture pour laquelle il transmet le texte. Par son analyse historico-culturelle des traductions, Toury essaie de prouver que les diverses transformations (ajouts, suppressions, annotations…) que
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subissent souvent ces traductions sont en grande partie régies par des „normes socioculturelles‟. D‟après Toury, les traducteurs se soumettent bon gré mal gré aux dites normes en vue de voir leurs traductions jouir d‟une certaine acceptabilité au sein de la culture- cible. Le système de transformations existant dans toute traduction s‟explique par l‟intériorisation par le traducteur des normes de traduction qui varient en fonction des exigences du système littéraire et culturel dans la culture réceptrice.
Autrefois, on ne considérait que l‟aspect formel du texte à traduire, aujourd‟hui d‟autres paramètres entrent en jeu. Tout texte est issu d‟un contexte socioculturel qui dépasse le cadre de la grammaire et de la syntaxe et détermine les circonstances réelles qui entourent la production du texte en question. Ainsi, le traducteur trouvera les indices susceptibles de lui faciliter la tâche pour interpréter le texte et le mettre dans les conditions dans lesquelles il a été produit. Etant donné que le texte est placé dans deux cultures, comme l‟affirme Bassnett et Lefévere, l‟unité de traduction n‟est plus le mot ou la phrase, mais c‟est bien la culture.
Le quatrième chapitre est réservé à l‟étude de la notion de gain et de perte à l‟aune des courants philosophiques en traductologie. Autant de concepts relatifs à notre sujet y ont été développés, à savoir : la perte du sens, la revivification du sens, la compensation ainsi que le rôle de l‟interprétation dans la compréhension du sens et sa restitution en traduction.
Dans son onvrage intitulé „After Babel‟, Georges Steiner aborde la question de gain et de perte à travers l‟adoption de ce
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qu‟il a appelé „le mouvement herméneutique‟ constitué de quatre étapes : l‟élan de confiance comme étape préliminaire, l‟agression de l‟original pour en extraire le sens, l‟incorporation du sens brut importé et enfin la restitution de ce qui reste emprisonné dans le texte original après sa traduction. Les „résidus‟ du sens se servent continuellement de la traduction pour gagner de nouveaux sens d‟un côté et en perdre les anciens d‟un autre côté.
Jacques Derrida, qui représente le courant deconstructionniste en traduction, pense qu‟un texte n‟abrite pas un sens unique. Ce qui détermine le sens d‟un texte n‟est pas son auteur mais ses lecteurs. Une fois son texte achevé, l‟auteur en perd immédiatement la possession. Le sens pour Derrida est donc insaisissable, voire même renouvelable à chaque lecture. Dans cette optique, le sens extrait du texte dépend du bagage culturel et linguistique chez le lecteur ainsi que du degré de maturité de l‟intertextualité chez lui, et cela à partir du principe que tout texte se construit à partir d‟une interaction entre un nombre de textes qui le précèdent.
Pour Antoine Berman, toute traduction est défectueuse du moment qu‟elle est soumise constamment à un système de déformation systématique. Ce système déformant englobe, en effet, un nombre de sous-systèmes que Berman a regroupé en treize tendances employées consciemment ou inconsciemment par les traducteurs pour désembellir les œuvres originales sous prétexte de maintenir le sens et servir la culture-cible. Dans la même perspective, Berman affirme que toute théorie de traduction ne fait que déblayer le terrain pour détruire la lettre au profit du
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sens. Il propose la „traduction littérale‟ comme solution susceptible d‟empêcher l‟occurrence des pertes en traduction.
Henri Meschonnic affirme que l‟acte traductif est toujours
„défaillant‟, d‟où sa méthode spécifique d‟analyse négative des traductions. La négativité des critiques de Meschonnic a, toutefois, son envers positif. Elles n‟attaquent que des traductions qui maltraitent les œuvres capitales de la culture occidentale: La Bible, Celan, Kafka, etc. Elles défendent aussi bien les originaux qu‟elles attaquent leurs traductions. Pour Meschonnic, la traduction réussie celle qui transmet la force du message, celle qui traduit ce que font les mots et non pas ce qu‟ils disent, celle qui ne casse pas le rythme, celle qui traduit le mouvement du sens, celle qu‟il qualifie de „traduction poétique‟.
Après vient le volet pratique composé de deux chapitres. Un chapitre avec une brève introduction à la traduction littéraire et une présentation du corpus, puis un deuxième chapitre réservé exclusivement à l‟analyse des exemples.
Le corpus pour lequel nous avons opté est constitué de deux ouvrages : un roman portant le titre « Le Père Goriot » dont l‟écrivain représente une icône de la littérature française et universelle, Honoré de Balzac, et sa traduction en langue arabe effectuée par le traducteur libanais Nabih Sakr qui a à son actif plusieurs traductions publiées. Il n‟y pas lieu ici de procéder à une comparaison entre l‟auteur et le traducteur, car tout notre intérêt est focalisé sur le produit lui-même, le texte et ses éventuels effets dans la langue cible, autrement dit, dans la culture réceptrice. Il convient,
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cependant, d‟évoquer brièvement la valeur littéraire du texte balzacien et les difficultés que pourrait rencontrer son traducteur aussi compétent qu‟il soit.
Il va sans dire que le fameux Honoré de Balzac a légué à la communauté littéraire un héritage comportant une panoplie de genres ; essais, romans, contes, etc. Ses écrits sont marqués par un style moraliste spécifique dans lequel il s‟efforce toujours de dégager, par-delà la diversité des conduites individuelles, les principes qui régissent la conduite de tous les individus dans la société humaine. Il exprime ces principes sous forme de maximes accompagnées souvent des commentaires du narrateur. En outre, Balzac fait appel à chaque fois à la généralisation, à l‟abstraction et à l‟exemplification. Ce sont là les caractéristiques marquantes de cet écrivain distingué.
Nombreux sont les traducteurs qui ne tiennent pas compte des spécificités de chaque écrivain lors de la traduction. Pire encore, il y en a même ceux qui vont jusqu‟à négliger l‟élément de la créativité littéraire qui constitue le secret de toute œuvre de grande valeur. Ces traducteurs produisent des traductions
„insipides‟ et „lacunaires‟ dépourvues de tout aspect esthétique. Ils tendent également à déformer les textes originaux sur plusieurs niveaux, comme l‟affirme Berman dans son livre „La traduction et la lettre ou l‟auberge du lointain‟, ce qui affaiblit l‟aspect esthétique du texte original et fragilise son ossature.
Pour ce qui est de l‟analyse des exemples, elle est faite en trois étapes. La première consiste en la présentation des segments
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originaux accompagnés de leurs traductions. Une analyse est ensuite effectuée afin de repérer les zones lacunaires ou réussies et d‟en trouver des interprétations plausibles. La troisième étape est censée fournir des propositions de traductions possibles pour les passages omis, déformés, ou mal-traduits.
Voici un échantillon d‟analyse opérée sur deux exemples, le premier exemple est d‟ordre sémantique et le deuxième est d‟ordre socioculturel :
1) sa face vieillotte, grassouillette
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Voyons ici la beauté de l‟expression française. Elle produit un effet musical au charme duquel le lecteur ne peut pas faire la sourde oreille. Cette manipulation des mots est incontestablement l‟une des caractéristiques majeures des chefs-d‟œuvre littéraires.
Ainsi, la traduction qui ne saura transmettre une telle sonorité ou qui n‟arrivera pas à tisser ce mode d‟expressions rimées infligera au texte original des pertes considérables.
Mais il faut rappeler dans ce contexte que ce genre de déséquilibre entre l‟original et la traduction au niveau de la sonorité pourrait être justifié par l‟hétérogénéité des systèmes phoniques d‟une langue à l‟autre. C‟est exactement ce qu‟a indiqué Meschonnic (2007 : 78) dans le passage suivant :
« Si un passage, ou un texte, fait un effet de sens dans la phonologie de sa langue, il n‟y aura plus à dire que l‟effet est perdu d‟avance, puisque la phonologie de la langue d‟arrivée n‟est pas la même. »
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