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PRESENCE DE MESOCHAETOPTERUS MINUTUS
(ANNÉLIDE POLYCHÈTE, CHAETOPTERIDAE)
DANS LA RÉGION DE BANYULS-SUR-MER
M. Bhaud, J.-C. Duchene
To cite this version:
M. Bhaud, J.-C. Duchene. PRESENCE DE MESOCHAETOPTERUS MINUTUS (ANNÉLIDE
POLYCHÈTE, CHAETOPTERIDAE) DANS LA RÉGION DE BANYULS-SUR-MER. Vie et Milieu , Observatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1975, XXV, pp.341 - 344. �hal-02988209�
PRESENCE DE MESOCHAETOPTERUS MINUTUS
(ANNÉLIDE POLYCHÈTE, CHAETOPTERIDAE)
DANS LA RÉGION DE BANYULS-SUR-MER
Dans plusieurs notes antérieures (BHAUD, 1966 a; BHAUD et AMOUROUX, 1973) nous avons montré que la pêche des stades
larvaires planctoniques suivie d'une identification rigoureuse, peut constituer un complément appréciable aux études de faunistique benthique. Ainsi la récolte du méroplancton néritique de la région de Banyuls fournit pendant une partie de l'année, en juillet, août et septembre, une catégorie larvaire de la famille des Chaetopteri-dae qui a été rattachée par élevages à l'espèce Mesochaetopterus
minutus (cf. BHAUD, 1966 b et 1969).
Cette espèce, bien que fréquente pour ce qui concerne les stades larvaires planctoniques semble beaucoup plus rare lorsque l'adulte est considéré. Elle n'est pas signalée dans la région de Banyuls (LAUBIER et PARIS, 1962; GUILLE et LAUBIER, 1966). Il en
est de même pour la région de Marseille (BELLAN, 1964) et pour la
côte catalane espagnole (MARON BAMOS, 1973). Cependant cette
espèce est commune à Naples où CLARAPÈDE (1870) l'a décrite pour
la première fois sous le nom de Ranzania sagittaria; Lo BIANCO (1893) la signale aussi, et nous-mêmes l'avons récoltée dans le
même secteur.
Bien que CLARAPÈDE fasse état de 2 régions du corps, cet auteur
distingue cependant 3 catégories de sétigères; les 2 premiers
segments postérieurs dans la diagnose de Ranzania sagittaria Claparède 1868 ou dans celles de Ranzanides sagittaria Chamberlin
342 M. BHAUD & J.-C. DUCHENE 1919 étant l'équivalent des segments moyens de Mesochaetopterus
minutus Potts 1914. En 1961 DAY suggère qu'entre ces espèces la
différence générique n'est plus soutenable. Après une comparaison morphologique des individus de Méditerranée et d'Océan Indien nous avons abouti aux mêmes conclusions (BHAUD, 1969).
Un seul individu de cette espèce a été récolté en mai 1975 par 90 m de profondeur sur un fond appartenant à la sous-communauté
à Auchenoplax crinita, l'un des éléments de la communauté à
Am-phiura filiformis. Le sédiment est constitué d'une fraction sableuse
importante : 5 à 20 % de sable fin (40-200 u.) ; 50 à 80 % de sable
grossier (200 p. - 2 mm) ; la proportion de pélites est faible et
n'at-teint pas 5 %.
L'individu est incomplet, la région postérieure étant absente. Les deux autres sont très bien conservées. La région antérieure comprend 9 segments sétigères. Le prostomium ou lèvre inférieure
forme un entonnoir presque complet laissant libre dans l'échan-crure dorsale le lobe céphalique de petite taille. Les deux tentacules sont tombés, mais leur zone d'insertion peut être reconnue; les taches oculaires sont visibles à l'extérieur du départ des tentacules. Le quatrième sétigère se remarque immédiatement par les soies spécialisées : 4 soies en palette peu dissymétriques, très
transpa-rentes, en position dorsale; leur extrémité dépasse nettement la limite du parapode; 5 soies à partie distale aplatie rendue
dissymé-trique par une encoche unilatérale du limbe; leur forme générale est sigmoïde; enfin en position ventrale, 7 soies plus grosses
dépas-sent peu la limite du parapode; leur section est arrondie et l'extré-mité tronquée obliquement avec un bord garni de petites dents. La face ventrale de la région antérieure porte un écusson glandulaire homogène. Le premier segment moyen suit immédiatement le
9E segment antérieur. De chaque côté la rame ventrale est constituée
par une seule grande lame latérale uncinigère rabattue vers l'arrière du corps. La rame dorsale est une expansion lamelleuse de taille réduite. A cet ensemble fait suite une petite cupule dorsale puis une très longue région intersétigère. Le 2E segment moyen se
compose d'une rame ventrale uncinigère bilobée, le lobe inférieur étant dirigé postérieurement, et d'une rame dorsale aliforme de grande dimension, armée de quelques soies dont l'extrémité n'at-teint pas la marge supérieure. Ce second segment moyen est plus allongé que le précédent; dans sa région terminale il porte en position dorsale une cupule de grande dimension. Un sillon médio-dorsal part de cette cupule ouverte antérieurement et parcourt les régions moyenne et antérieure.
Pour ce qui concerne les données écologiques on peut rappeler d'une part la présence des larves dans le plancton côtier pendant l'époque estivale, d'autre part la distribution géographique qui
montre que cette espèce a une répartition sub-tropicale et qu'à Banyuls, elle se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition. Si l'on admet que l'entrée en reproduction des adultes benthiques est sous le contrôle principal de la température du milieu de vie, il est à prévoir, compte tenu des deux éléments pré-cédents que l'optimum thermique pour la vie végétative aussi bien que pour la maturation est relativement élevé, et sa partie centrale coïncide avec la période estivale du cycle thermique local. Il s'en suit alors que la répartition verticale de tels animaux doit être limitée vers le bas par la tranche d'eau qui ne subit pas l'augmen-tation estivale de température. Il faut donc s'attendre à récolter les adultes benthiques dans les 20 premiers mètres. Si ces prévisions ont été vérifiées pour Spiochaetopterus costarum (BHAUD, 1975),
la présente signalisation d'un adulte de l'espèce Mesochaetopterus
minutus vers 90 m de profondeur ne rentre pas dans le schéma
précédent. Plusieurs remarques permettent cependant de limiter la portée de cette récolte : 1) à la profondeur considérée, les indi-vidus sont vraisemblablement très rares, ce que confirme l'échan-tillonnage poussé et l'étude détaillée du macrobenthos à l'origine de cette signalisation, 2) la zone prospectée peut constituer une partie de l'aire de dispersion stérile de l'espèce, 3) les larves ne sont pas rencontrées au delà de l'isobathe des 50 m ou bien ce sont des larves âgées.
En définitive, il est trop tôt pour conclure si une grande signi-fication s'attache à une telle récolte. Pour supprimer toute ambi-guïté sur la répartition verticale de l'espèce, il semble encore indis-pensable d'effectuer la même recherche détaillée sur un fond de même nature mais plus superficiel.
M. BHAUD et J.-C. DUCHENE Laboratoire Arago 66 650 Banyuls-sur-Mer
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