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Boirie, Jean Bernard Eugène

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

co co

C\J

o

'C\J

.S Boirie, Jean Bernard Eugène C an tiran de

La fille maudite

(2)
(3)

lj;mit Jl S ioVv

«ia |iui

/

YYUtadilûL.

i

YUauuu, dut O^vuéiittt OLvuuVvyv.

.

A&i*.

(4)
(5)

LA

FILLE MAUDITE,

MÉLODRAME

IN TROIS ACTES ET A GRAND SPECTACLE,

Par MM. BOIRIE et LEOPOLD,

Musique de

MM. Amédle

et QrjAis&m:

BalletsdeM.MlLT-'iT

;

[Représenté

,

pour

la premièrefois, à Paris, sur Je Théâtre de

i

Ambigu-Comique

j le 17Juillet 1817.

NOUVELLE ÉDITIOX.

m

fib

A PARIS,

Chez BARBA

,

Libraire

, Palais

-Royal

,

derrière

le

Théâtre Français

, 11 . 5i

.

Del'Imprimerie deHocquet, ruedu Faubourg Montmartre, n°.4.

TïïTs.

(6)

PERSONNAGES.

acteurs.

Michel CERVANTES SA AVEDP A,

célèbre poète espagnol

. . .

.M. Fresnoy.

D. ALVAREZ, comte deSte.-Croix,

vice-amiral M. Villeneuve.

D. ALPHONSE, son

fils,

jeune co-

lonel

M. Ernest.

P. EMMANUEL, major du régiment

de D. Alphonse M. Gabriel.

Joannez SAL V AT OUI

,

peintre

,

ami

de Cervantes M. Stock

leitfils.

FaBRICLO,

valet

de D. Alphonse

et

sou confident M. Debraj.

BAZILLOS, jeune paysan des

envi-

rons de Carthagènes M.

Millot.

JUL1A

. fille

de D, Alvarez

,

épouse

de Cervantes

,

sous

le

nom de Maria M

,lc.

Leroy.

ALMAgAgs-fii^e Julia

et

de Cer-

Aralftel

R-"^^^*- M

lle

.Ambroisine

officiers.

*Mf

'

La scène se passe à Carthagen.es

,

dans

le

royaume de Murcie

,

en Espagne,

'vers

i6o5.

mi

;

Fs

(7)

LA FÏLLE MAUDITE,

Mélodrame en

trois acles.

ACTE PREMIER.

Le

théâtre représente

une chambre pauvrement

meuble**,

mais

garnie d'un

grand nombre

de tableaux ranges sans ordre.

A

droite,

au premier plan,

rentrée d'une petite

chambre à

coucher.

A gauche

,

un

chevalet .sur lequel^ est

un

tableau

commencé

, une tablegarnie de couleurs,

pu*—

ceaux

,palettes, etc.

au

fond,

deux

fenêtres et

une

putte au.

milieu,

donnant

sur

une

vaste placepublique, surladroite de laquelle

on

apperçoit Ventrée

du

palais

du

gouvejneur.

SCENE PREMIERE.

joannez, seul.

(

Au

lever

du

rideau, Joannez, la palette à la main, estplacé près

du

chevalet, occupé apeindre un tableau.

Du

courage, Joannez '... du courage! maintenant ta paresseet ton insouciance seraient un crime!... tudois compte detous les instans

,

puisqu'ils peuventêtre nécessaires au malheur, au génie persécuté!., seul au monde, j'étais libre de disposer à

ma

fantaisie du tems qui s'écoulait dansl'oisiveté, etdes faibles talens que le cielm'accorda...

mais, àprésent, qu'un compagnon de

mon

enfanceest venu

me

de- mander un refuge, je

me

dois tout entier à l'amitié; j'ignore ses malheurs... mais ilest

mon

ami, cela

me

sulht.

O

Michel-Cervantes, je ne tromperai pas tesespérances...

comme

toi, malheureuji, je

n'en serai pasmoins ton appui... j'arracherai au travail les moyens de te soustraire àl'infortune, à la persécution!... et j'aequitteraj seni la deite de l'Espagne entière (

Moment

desilence

fpendantleijnel

Joannez prépare son travail. ) Mais quelle est cette

femme

que Michel-Cervantes a amenée avec lui...et qu'il m'a présentée

comme

son épouse, en m'invitant à lasoustraire, ainsi quelui, à tous les regards?...je ne le savais pasmarié!... il est vrai que. pendant dix ansqu'aduré le coursdemesvoyages,tant enFrance,qtr'én Italie...

ila pu sepasser biendeschoses en Espagne, -bù jen'avaisconservé aucune relation... je

me

p rds en conjectures... herreusemenl que je ne tarderai pasà tout savoir;car Michel-Cervantes, en arrivant cette nuit, m'a promis que cematin ilsatisferait

mon

impatience

,

(8)

(

4

)

par le récit de ses malheurs.. . ruais celte

dame

est fort bien!...

souair nobleimpose,

commande

lerespect,et sa vue

m

atellement frappe, qu'en continuant ce tableau, j'aidonnéà

mon

principal per- sonnage, l'air noble, lacoupede figure et les traitsqui m'ontséduit dans celte belle Inconnue.

(Ilseremet a son chevalet

pour

peindre. Fabricio paraît dans

le

fond

, regardant autourde hd.

)

SCENE

II.

JOANNEZ, FABRICIO.

famucio; entrant.

Je ne

me

suis pas trompé, au bout de la grande place... à droite, demeure le peintre dont on m'a parlé... c'est biençà.

joannez,s'interrompantdetravailler

pour

examinerson ouvrage.

C'est quela ressemblanceest étonnante!

fabiîicio,faisant

du

bruiten avançant.

Y

a-t-il quelqu'un ici?

joinnez, quittant le chevaletetcouvrantletableau.

Sans doute: que voulez-vous?

Fabricio, après avoir regarde'un instant Joannez, et allant vive- menta lui.

Eh! c'est le seigneurJoannez! JOANNEZ, C'est Fabiicio, jecrois.

FABRICIO.

Le

seigneur Joannez!... lepeintre leplus fameux, leplus pauvre de toutelaMurcie.

JOANNEZ.

Fabricio!... le valet leplusrusé, leplus adroit, le plus fourbe de touteslesEspagnes.

FAÎT.ICIO.

Lui-même,

à votre service... et qui cherchant un peintre, no s'attendaitpasà voustrouver à Carthagène.

JOANNEZ.

Mon

étonnement est égal au vôtre, de vous y voir...

Comment

,

vousavezquitté Madrid? Deslalens

comme

les vôtres ne peuvent être bien employés que dans une grandecapitaleil y a beaucoup de dupesà faire.

F4BniCIO.

Que

voulez-vous, seigneur Joannez; il faut faire une fin, et las

de la vie errante d'un valet à la

mode

, messager d'amour ci agent d'intrigue... Depuis un anje suis au serviced'un jeuneEspagnol,éle- vé en Sicile, et un de nos oincie'rs supérieurs commandant nos troupes dans cetie île.

Mon

maîtreest revenu en Espagne pour se mettre à lu lêtedesnombreuses levées d'hommes que l'on fait dans,

1

(9)

(5)

cc'royaume pourla campagne qui va s'ouvrirenGr'cc, afind arrê- terlesconquêtesticsTurcs sur les eûtesdel'Adriatique.

JOANNEZ Oui, oui,onm'adit toutcela.

FABRICIO.

Mais vous,seigneur Joannez

?

JûANNEZ.

Mot !..oh! mesaventures sont très-ordinaires....

Don

Fèdre d

O-

zorio, quej'avais connu dansnies voyages, ayant été

nommé Gou-

vernftur de Carthagène,etvoulant faire réparer les peinturesdu pa-

lais du gouvernement, s'est ressouvenu de moi, il m'a écrit.... jai

accepté ses propositions .. Il m'a envoyé des avances,

comme

eela sepratique. Jesuis arrivé... j';ii mangé mesavances... jeuaidemande d'autres

, quej'ai encoredissipées:enfin, au bout de trois mois,jc- tais endettédeplus d'une année,etjen'avaispasfaitpourhuit jours de besogne.

FABR.IC10.

Mais c'estcharmant,cela.

JOANNEZ.

Vous

pensez

comme

cela, vous; maisle gouverneur n'a pasjuge de

même,

il m'a renvoyé en

me

faisant cadeau de ce qu'il

m

avait

avancé, parce qu'il a vu l'impossibilité de se faire rembourser, et vous

me

voyezàprésentlibreentièrement, possédant pour mobilier despinceauxetuneboite decouleurs,etpourgarde-robele juste-au- corps quejeporte.

FABRICIO.

Je vous faiscompliment devotre avoir.

FAB!.IC!0.

Mais, tenez,je crois quec'est votrebonne étoilequi m'a conduit vers vous.

JOANNEZ.

Comment

?

Je cherchais un peintre...

El vous m'avezrencontré.

FABRICIO.

JOANNEZ.

FABRICIO.

Jesuisenchanté... du hasard...

JOANNEZ.

J'emen-Js... voulant gratifierquelqu'hcureuse suivante,de vos fa- veurs...Vousvoulez vous fairepeindre?

FAERICIO.

Non... oh! non,je suisrevenudes vanitésde ce

monde

, etje ne travaillepluspour moi.

JOANNEZ.

Ah!...etpourquidonc?

FABRICIO

Mon

maîtreestamoureux. ..amoureuxa en perdre la tête!

(10)

(G)

JOANNEZ.

Etquelestl'heureux objet de cet

amour?

FABRICIO.

Nousneleconnaissonspas.

JOANNEZ.

Ah!...ah!... etoù demeurecette beauté?

FABiilClO.

Mon

maîtrenel'avuequedeux fois.. lapremière dans unehôtel- leriede Celdras, et...il y a quelquesjours, dansun village à deux mille d'ici. Depuisil a fait

, pour laretrouver, les plus grandes...

mais les plus inuiiles recherches.

JOANNEZ.

Voilà un amour bien avance'.

FABI'ICIO.

Aussi est-ilsans espérance, puisque nous n'attendonsquel'instant favorableet l'arrivéedu comtede Ste-Croix, pour mettre à la voile etnousembarquerpourla Sicile.

JOANNEZ.

3e nevoispasalorsen quoije peuxvousservir.

fabbicjo.

Ecoutezjusqu'au bout.

Mon

jeunemaître, extrême entout, et ne saehant rien refuserà ses passions... frappé à la vue"de celte belle inconnue dont il ignore le rang et l'état... a conçule projet le plus bisarre.

JOANNEZ.

Lequel?

FABKICÎO.

Celui d'emporter à Païenne le portrait de sa belle inconnue, pour le consoler etnourrir cette tendrepassion...jusqu'à cequ'une nouvellevienne lalui faire oublier.

JO \NNEZ.

Ah!

c'est un peufort, cela.El

comment

prétend-il avoir cepor- trait, puisqu'il ne sait ce qu'estdevenul'original?

f itnicio.

Ah!

voil!: cequ'il croit possible, loi ! il prétendqu'il a la têtetel- lementfrappéedu souvenirde cette belle, qu'il n'afaii qu'entrevoir, qu'il peut endétaillerchaquetrait...et il m'a chargéde lui trouverun peintre qui puisse, surson récit, faired'imagination ceportrait.

jovnnez.

Ah

!parbleu! voilà l'idéela plussingulière...

FABHie.ro.

Elleest bien facile' contenter;

mon

maîtreest riche...généreux.,

ilpaieracette famaisieau poidsde l'or.

JOANNEZ.

Qu'àcelanetienne,mespinceaux,

ma

palette.,.

FABRICIO.

Oui,tout votreavoii.

(11)

(7)

30ANNEZ.

Mon

génie...tout est àson service. Il paie comptant,n'est-cepas?

FABr.icio.

Certainement.

JO iwt/., Je lui ferai une

femme

parfaite.

F IBRICJO.

C'est doncconvenu. Je puis annoncer à

mon

maîtreque j'aitrouvé cequ'il lui faut.

joannbz.

Oui,oui,j'irai.

FABIUCiO.

Oh!

il viendra sans doute lui-même vous donner aujourd'hui la

premièrese'ance... de vive voix.

JOANNPZ.

Je suis à sesordres.(Fabriciosalue Joannezetsort.

)

SCENE

III.

JOANNEZ,

seul.

Peindre une

femme

qte l'on n'a jamais vue,et surle récit d'un

homme

qui nel'a fait qu'apercevoir.,. Ceia fera un portrait fort res- semblant... mais n'importe.. il faut satisfaireD. Alphonse. J'entends du bruit... c'estMichel Cervantes... il estseul; enfin;evais connaître sesmalheurs,etlesadoucir, s'ilestpossible, par lesconsolationsdela plustouchanteamitié.

SCENE IV.

JOA^NFZ, CERVANTES.

(MichelCervantessortdelachambre a droite,etsembles'adresser à quelqu'un qui

y

estencore)

CEr.VANTES.

Infortunée Julia!...

En

vain tu

me

dérobe teslarmes .. Je lis au fond de toncœur, j'y voistes souffrances!... Combien je suis cou- pable det'avoirarrachéeà lafortune, aux honneursauxquels tanais- sancest'appelait...pour te fairepartager

ma

honteet

ma

naître.

joannez, à part.

Malheureux!

CERVANTFS.

Moi!... à quiil ne reste rien sur la terre!

joannez, allanthlui

Rien! il tereste un ami.Oui, Saavedra, l'hommequi peut dir» : j'ai un ami, est riche et heureux encore!

(12)

(3)

CEr.VANrrs.

Ah!

Joannez, ton amitié

me

suffirait, si je supportais seul le poids del'adversité*., mais Julia...

JOANNEZ.

Julia!...

En

unissant son sort à celui de Michel Cervantes, le plus illustre des auteurs espagnols, doit êtredigue de supporterses malheurs et departagersa célébrité.

CERVANTES.

So;igc, Joannez, que cette Julia...

ma

compagne... celte infortu- née cachée solis les 'livrées de lindigence... que j'ai enchainéeà

mon

sort... est Juiiad'Alvarez.

JOANNEZ.

De

lamaisond'Alvarez!... une des plus riches et des plus illustres de l'Espagne.

CERVANTES.

Oui, Joannbz.

JOANNEZ.

El

Doua

Julia est ton épouse?.

CEIlVANTES.

Depuis sept ans.

JOANNEZ.

Allié à cette noble famille....

comment

peux-tu connaître ï«

malheur?

CERVANTES.

Ecoute, et frémis des

maux

que se préparent les enfans ingrats, en attirant sur leur tête la malédiction paternelle! tu connais les premières années de

ma

vie.

JOANNEZ.

Oui, j'étais sans parens, sans appui sur la terre, je dois à ta famille!a brillante éducation que j'ai reçue, et que je partageai avec

toi... niaisle ciel, en dépit de ton pèrequi voulait nousfairesoldats, telisauteuretmoi peintre; deux pauvres états pourêtre heureux...

Ton

père mourutsans fortune, et le sort, qui jusqu'alors avait uni nosdestinées,lessépara...Je suis un peintreitalien, etloi.,..

CE Vi\TES«

Enivrédes chimèresd'une imagination ardente,je

me

crusen état deréparer

moi-même

le mal unem'avait fait la fortune... fidèleob- servateur des dernières volontésde

mon

père, je fus soldat et poêle, je combattis avec courage, j'écrivis avec inspiration: je fus re- marqué. I). Francisque d'Alvarez

, gouverneur de Païenne,

me

combled'élogeset

me

charge de revenir en Espagne porterau Roi

la nouvelle des succèsque noi;s avions remportés; mais il

me

fut im- possible d'approcher du souverain.

Le

premier ministre

me

reçut avec hauteur et mépris.Cette offense

me

fut cruelle

f et

me

devint funeste: dans

ma

justeindignation, je fis unesatyre contre ce cé- lèbre favori, et dès cet instant

ma

perle futjurée.

JOANNEZ.

CVsi ainsique nous nous vengeons; lespoètes font des satyres

,

et 'espeintre.»des caricatures.

(13)

(9)

CERVANTES.

Je fuspoursuivis sans relâche; je ne pus

me

justifier ni réclamerle prix demesservices,et j'auraissuccombesous le poidsde mes mal- heurs, sije n'avaistrouvé JansD. Salvato-, lefrèredugouverneur de Païenne, unprotecteurzélé.Il

me

reçut au seinde safamille, dans son château d'Alvarès, et c'est dans celle paisible retraite que ju

composailelonian deI). Quichotte.

JOA>NEZ.

Et Cervantes fut immortalisé!

i BI)VANTES.

Le

bonheurcesse où la gloire commence. Dans l'asyle généreux quem'accordait D. Alvarès, un nouveau malheur m'attendait;illut d'autant plusgrand, que je devins coupable... et que je pavai de

laplus noire ingratitude les bienfaits de l'hospitalité.

joannez.

Comment?

CERTANTES.

Julia... lafille de D. Salvator,était belle...

JOANNEZ.

Je

commence

àcomprendre.

CERVANTES.

Un

sentiment irrésistible m'entraîna verselle... La voir, l'adorer, futl'ouvrage d'un

moment

..

En

vain je cherchai àcombattre l'amour qu'elle m'inspira I je ne pus résisie* .. et je n'obtins le dangereux bonheur de voir

mon

amour partage,que pour

me

Tondreplus cri- minelencore.

Me

mettant au-dessus de touteslesconvenancessociales, etn'écoutantquelaviolence de

ma

passion,un

hymen

secret m'unit à Julia au

moment

où D. Salvator, son père et

mon

bienfaiteur, avaitdisposé de samain.Bientôtnous fûmesobligés defuir,etJulia fut,dans une retraite obscure, donnerlejouraufruitdenotre crimi- nel amour..,

Doua

Elvire, l'épousede D.Salvator, accablée de la fuite d'une fille qu'elle idolâtrait, descendit au tombeau entraînée par la douleur.

En

mourant, ellepardonna à sa fille; mais l'inflexible D.

Salvator, inconsolable de la mortde son épouse, outré de

mon

in- gratitude

, jura sur sa tombe de poursuivre le ravisseur de Julia jusqu'à la mort; et appelant sur sa fille coupable toutes les ven- geances divines, il l'accabla du poids de sa malédiction.

JOANNEZ.

Pauvre Saavédra.

CEKVANTES.

Je ne tardai pas à ressentir les effets terribles de cette malédic- tion.Envahilesenfanscoupables croyent échapperà cette puissance naturelle!...Lecielentendla voixd'un père justementirrité...11jette un regard réprobateursurceux qui ont

méconnu

le devoir le plus sacrédela nature ..l'obéissance filiale. Poursuivis par

D

Salvmor

,

aptes avoirmisnotre fils entre des mainsétrangères, nous n'échap- pâmes, Juliaetmoi, aux recherches quel'on faisait de nous

, qu'en

Fillemaudite.

D

(14)

(

io

)

nousexpatriant... Moi, sous le

nom

de Mcndoce...et

ma femme

;que

que jefis passer pour

ma

sœur, souscelui de Maria.

joannez.

Maria!

CERVANTES.

Ce nom

t'afrappé?

JOANNEZ.

IS"étais-tupas, il

y

aunmois, dans unshôtellerie deGeldras.' CERVANTES.

[. Oui.

JOANNEZ.

Etta

femme

passaitpourtasœur.

CERVANTES.

Pcurquoices questions?

JOANNEZ.

Continue, jet'enconjure.

CERVANTES.

Après six années d'exil et de misère, errantsdanslesEspagnes...' supportanttoutesles infortunes, abreuvés de tous les outrages dont onaccable le malheur... arrachant à un travail pénible les secours nécessaires;inotre existence... nous conçûmes leprojet de rentrer dans notre patrie pour voirAlmadanotrefils

, et le retirer desmains desvillageoisauxquels nousavions confiéson enfance, etquidemeu- rent dans un hameau près de Carthagène...

En

approchant decette ville. ton

nom

que j'entendispr.foncer, fixa

mon

attention

; j'appris avecjoieton séjourenceslieux

, je nebalançaipasàvenirte

deman-

derun refuge ... Je teconnais, Joannez, etj'ai comptésurtoi.

JOANNEZ.

Bien

mon

ami, ta confiancem'honore...en

me

vouanttout entier à ton service,je neferai quem'acquitter : jetedois tant.

CERVANTES.

Eh

!

mon

ami! si je t'avais moins connu, lesservices quej'aieu1*?

bonheurde te rendre m'auraient

empêché

de m'adresseràtoi.

SCENE V.

JOANXEZ

,

CERVANTES, JULIA.

(Juliaparaît surleseuilde laporte : en appercevant Cervantes

,

ellevientvivementàlui.)

juua

, vivement.

Te

voilàdonc,

Mendoce

?

CERVANTES.

Oui,

ma

chèreJulia.

julia, surprise.

Julia!

CERVANTES.

Mon

amisaittout.

(15)

(

"

)

JOANNEZ.

Oui,

Madame;

letitred'épousede Michel-Cervantessuffisait pour vousassurer de

mou

dévouementàvousservir; maisle

nom

de

Dona

Julia d'Alvarez ne peut encore qu'augmenter l'intérêt que je prends à vos malheurs.

JOLIA.

Ilnousreste doncencore un ami!

J.)IKNEZ.

A

lavie, àla mort.

Ah!

que n'étais-jc en Espagne, lors de vos malheurs!

JOLIA.

Je vous auraisconfié

mon

fils,Cervantes..') Mais,

mon

ami,

est-il ?iln'est pasauprèsdemoi,cetenfantchéri,dont le soit

me

sé- paraquelquestempsaprèssanaissance.Mendoce, tu

m

as promishier

soir, enentrant danscetteville,que ce matin Almada, notre cher Almada,seraitle premier objet qui frapperait mes regards, et que

Julia,aprèssixlongues annéesd'attente,goûterait un matantd„-hon- neur en emhrassant sonfils.

CERVANTES.

Modèretestransports, chèreépouse.La honneThérésa,àlaquelle

nous avons remisle soin d'éleverAlmada, etque j'ai fait instruire en secretdenotre arrivéeen cette ville, m'a fait dire qu'elle viendrait cematin pouramener notre li!s , en prenant toutes les précautions nécessairespour ne pasnoustrahir,et j'ai prévenu Joannez.

JOANNEZ.

Oui,oui,c'estmoi quel'ondoit demander.

CLr.VANTES.

Elle ne peuttarder à venir, et

même

son arrivée nécessitede

ma

partdes démarches... Adieu, mes amis, il faut que je vous quitte un instant,{aJoannez.)

Mon

cher Joannez, veillesurJulia.

JOANNEZ.

Tu

sors?

CEHVANTES.

Mon

absence seradepeudedurée...quelquesinstanssuffisent.

JULIA.

O mon

ami... je crains.. .

CERVANTES.

Sort tranquille, Julia:inconnu dans cette ville , sousle

nom

d?

Mendoce

, je n'ai rien àredouter. iSefaut-iipas,

ma

chère aune, que

je satisfasseauxengagemens que j'ai prisavec ïhoineiii, le mars de Thérèsa. ..

JULIA.

Eh

bien!

CEÛVANTES.

Depuis trois ans, je n'ai pu lui fairetenir les

sommes

convenue*

pourlapensiond'Almada.

JOANNEZ.

Et tudois. . .

(16)

(

«)

CERVANTES.

Soixante -dixpiastres . .. Avant deretirer

mon

fils,ilfaut.. .

joatvnez,vivement.

Ali! malheureux que je suis!. .. et moi qui ne possède rien au monde...pasun maravédis...C'estindigneJoannez... lorsque tu as vécu du prix de ton travail, tu rejettes te»pinceaux avec une crimi- nelleinsouciance5 et maintenant c'esten vainqu'un ami imploreton secours!

A

li!pardon,Saavedra; jeveux,parle bonemploi de

ma

vie toute entière, réparerlemal quej*aifait.

ClînVANTKS.

Modères-toi,

mon

cher Joannez; il mereste encoredes ressources.

Lorsqueje m'expatriai, je confiai àunrichelibrairede Carlhagène ,

un manuscrit de

Dom

Quichotte, avec lepouvoirdele publier. Le»

sommes

que j'enretirai suffirent aux premières années de notreexil.

L'édition estentièrement épuisée; jevais trouverSanehe de Mello,

lelibraire, pourluien céder uneseconde.

JOANNEZ.

A

merveille.

CEUVANTES.

Je satisferai lesdettes contractéespour

mon

fils, et jeleremettrai danslesbrasdesamère. pourneplus nousquitter.

JOAÎNNFZ.

Ta quels sontles projetspourl'avenir?

CEnWNTF.S.

L'inflexible

Don

Salvutor, nous ayant entièrement rejeté de son

»einet déshéritésa fille,ilne nousrestequ'une ressource.

JOA-KEZ Laquelle?

CERVANTES.

C'est deprofiter d'une desnombreusesembarcations qui se font à Carthagèries. pour alleravec Juliaet

mon

filsà Palerme, implorerle secoursdugouverneur

Dom

Francisque d'Alvarez;ilneserapeut-être pas insensibleaux larmes d'unemère et auxprièies d'un

homme

qu'il

honorajadis de lesbontés.

JOAVNEZ.

Infortunésamis! ignorez-vous encoreque

Don

Francisque d'Al- varezest mort ?

JULIAet CERVANTES.

Grand

Dieu!

JOANNEZ.

T,[ que le

Comte

de Ste.-Croix,quel'onattendu Carihngène,pour

îedépart dela flottedestinéepourla Sicile, est

nommé

gouverneur

àsp. place.

JULI\.

ï! ne nousrestedonc aucun espoir!...

Ah

î

mon

ami . qu'ilssont à plaindre

; lesenfansaccablésde lamalédictionpaternelle.

CEF.VANTES.

Lassonslemalheurparlecourageavec lequelnousle supporterons.

AdieuJiilïa, je,suisà mi dansun instant,(iïsorl.)

(17)

(

i5

)

SCENE VI.

joaanlz,.jllia.

J0ANNF.Z.

Tranquillisez-vous,

Madame;

tan; que j'existerai

; !c malheurne pourra vousatteindre.

joh\.

Je veux Lireune. dernière tentativeaiprès de

mon

père,et

mon

filsdansmes bras, j'irai

me

précipiter à sesgenoux , y mourirde douleur, ou obtenir

ma

grâce et cellede

mon

époux.

(

On

entend

du

bruit. etonapprrçoil en dehors Bazillos,cher- chant son cheminettenantle petit

Almada par

la

main

)

SCENE VII.

JOANNEZ, JULIA

,

BAZILLOS

,

ALMADA.

bazillos, encoreau fond.

Est-ce icique demeure le seigneur/

Joamx

/. .peintreticpersonnes Naturelles ?

,TO\NNEZ.

Que

nous veutcet imbéciler

1

BiZiiLos

;allant

pour

recommencer.

Est-ceici

joannez.

Que

veux-tu?c'est moi.

B\ZILLOS.

Ah

!si c'estvous... C'est un enfantet unelettre quejeviensvous amener.

joannez .prenant la lettre etregardant

Almada.

Un

enfant!... C'est Almada!

3Vi\a vivement, entendantle

nom d Almada

etsortantdelal'épine oùelle était plongée.

C'est

mon

fils!

joamsfz ,luifaisant unsigne

De

laprudence!Bazillos. )

Ce

n'est pastoique j'attendai*.

bazillos.

Oui, mais

ma

tanteThérésia n'ayant pu venir elle-même

? m'a

envoyé à sa place, en

me

recommandant d'avoir bien soin du petit

Almada, et de notre mulet qui devait nousporter tous deux, et de vous les remettre en mains propres; et

mon

oncle Thomelli m'a bien aussi recommandé, de soncoté, de ne pas oublier de prendic soixante-dixpiastresen échange decet enfant.

MH>K?EZ, C'estbon,c'est bon.

(18)

(

'4

)

1 BAZILLOS.

C'estque je n'avonsgarde de les oublier, puisque ces soixante- dixpiastresdoivent servir à

ma

noce.

almada,à Bazillosqui lui tient lamain.

Dis donc,

mon

bon ami, où est

maman? ma

bonne Thérésia m'a ditce matin que je la trouverais ici.

basillos.

Ah

! dame, jenesaispas. Elevé par

ma

tante, je n'aijamaisconnu

nipère, nimère.

ALMADA.

J'ai cependant encore l'un et l'autre, puisque

ma

bonne Théré-

sia

me

fait prier, touslesjours, lebon Dieu pour eux.

julia, quisecontientavecpeine.

Cher enfant!

alaiada, appercevant Julia.

Maisla voilà,

maman,

oui, c'est elle, [honteux, il s'arrête et ditavec embarras) N'est-ce pas quec'est toi qui est

maman?

jclk, leprenant danssesbras.

Oui, oui, jesuis ta mère, bien heureuseen cemoment.

ALMADA.

Ah

!

comme

jet'aimerai!

julia , caressant toujours

Aimada,

-Ah! Joannez, voilà le seul instant de vrai bonheur que j'aie

goûté depuis bien long-tems.

(

On

entend

du

bruit. Fabricio paraitdans laplaceetsort.) joannez, V appercevant. . . .

Fabricio, (haut.)

On

vient de ce côté .. de grâce, retirez-vous,

madame,

etlaissez-moiseul veiller à vos intérêts et à votre sûreté.

Us sonten bonnes mains, jevous en réponds.

JULIA.

Que

pouvez-vbus contre leciel irrité ?

jqannez.

Jepuis...jepuis beaucoup... et jevous leprouverai.

(11conduit Julia qui tient toujours Airnada, et tous deux rentrent dans la

chambre à droite.) bazillos, à Joannez.

Ah

eà! c'estfortbon:Aimada a trouvésamère; mais,

moi?

JO.vANEZ.

Eh

bien! que veux-tu, loi?

B Z1LLOS..

Mes

soixante-dix piastresdonc.

JOVNNEZ.

Eh!

c'est bien... (le poussant vers la chambre.) entre, et tn trouveras là-dedans tout ce qu'il te faut pour te rafraîchir et te reposer.

BAZILLOS.

Ce

ne serapas de trop... mais ce nesera pas assez.

(Joannezlepousse danslachambre, fermelaporteetva denouveauregarder aufend.)

(19)

(

tf")

SCENE VIII.

JOAENEZ,

seul

Je ne

me

trompa pas: c'est bienFaliricio qui revient, condui- sant sou maître, (réfléchissant.)Je soupçonne que enteMarin, que

I). Alphonse adore, sans presque la connaître, n'est autre que la

femme

de

mon

ami... Je n'aipas voulu allarmer la tendressede Cer- vantes, en lui faisant part decesoupçon.

SCENE IX.

JOANNEZ,

D.

ALPHONSE, FABRICIO.

fabuicio, conduisant Alphonse.

C'estici, seigneur, que demeurelepeintredont je vousaiparlé.

D. ALPHONSE.

C'est bien, retire-toi.

Va

rejoindre D.

Emmanuel,

le major de

mon

régiment...

Tu

lui diras que c'est ici qu'il pourra

me

trouver,

si le servicedu roi, oul'arrivée de

mon

père, que l'on attend d'un

moment

àl'autre, exigeait

ma

présence.

FAURÎCIO.

Il suffit, seigneur, (« Joannez.) Seigneur Joannez, voici

mon

maître.

joannez, saluant.]

Je suisson humbleserviteur.

(Fabriciosoit3etAlphonse descendlascènepourallerà Joannez.

)

SCENE X.

D.

ALPHONSE, JOANNEZ.

I>. ALPHONSE.

Fabricio doitvousavoirdit...

JOANNEZ.

Oui,seigneur,Fabricio m'ainstruit que son maîtredésiraitavoir

leportrait d'une

femme

qu'iln'afait qu'entrevoir.

D. ALPHONSE.

Que

pensez-vous de l'idéesingulière...

JOANNEZ.

Je pense querien n'est impossible à un grand seigneur.

D ALPHONSE.

Vouscroyezdonc pouvoir...

JOANNEZ.

Tout,pourvoussatisfaire.

D. ALPHONSE.

Et sur

mon

récit...

(20)

(

tû)

JOANNEZ.

Jedessinerais l'impératricede la Chine,

m

voire grandeur vou-

lait

me

la dépeindre... Je suis étonnant pour attraper la ressem- blance.

d. alpiionse, avec Jeu.

Im?ginez-vous donc,

mon

cherJoannez,la

femme

laplusbelle...

jo\>nej,jetant un covp-cTœil

du

côtédelachambre.

Jecioislavoir.

D. AIPHONSE.

îl faut que je vous fasse connaître par quel hasard j'ai deux fois entrevu ce chef-d'œuvre de la nature.

joannez.

Oui,

commençons

le tableau par-la.

D. ALPHONSE.

Jeparcourais avec

mon

état-major lescantons frontières de la

Catalogue, lorsqu'un soir...en entrant dans une hôtellerie de Cel- dras, une

femme

frappemes regards et

me

surprend parsa beauté.

Je ne sais quelle sympathie m'entraînait verselle; je la eomtemplais

awc

admiration, quand elle-mêmefixe sur moi lesdeux plus beaux yeux du monde.

Ah

!

mon

ami, lesregardsde feu qu'ils

me

lancè- rent, ont pénétré jusqu'au fond de

mon âme

et décidé du destin de

ma

vie...

Ce

qui servit encore à m'enflammer, c'est que cette belleinconnue semblait

me

voir avec intérêt, et retrouver en moi destraits qui nelui étaientpas étrangers. Quelques larmes vinrent mouiller ses paupières; enivréd'amour, je m'approchais d'elle pour

lui parler, lorsqu'une voix, qui semblait partird'une chambrevoi- sine, l'appela en prononçant le

nom

de Maria... Elle rentre, je la suis... mais elle échappe bientôt à mes regards. Je fais des ques- tions et j'apprends que c'est la sœur d'un pauvre voyageurqui ve- nait des'arrêter à cette auberge; je veux

me

présenter à eux. . ils

venaient de partir. Entouré de mes officiers, retenu par

mon

de- voir, etcroyant facilement oublier cette première vue... je ne con-

tinuai pasmes recherches.

jo\kkez,

h

part.

Plusde doute; c'est elle.

D. ALPHONSE.

Mais,

mon

cher Joannez, combien je

me

trompais!.. . pour

la première fois, je

me

sentis amoureux! je n'avais que cette

femme

charmante présente à

ma

pensée, et je songeais auxmoyens de pouvoir la retrouver, lorsqu'il y a quelquesjours, à deuxmille de Carthagènes, dont rlle semblait suivrela route, je la revis en- core dans une autrehôtellerie... maiscette foisce fût ellequi m'é- vita, sanscependantparaître courroucée. Elle monta dans une li- tière, et toujours accompagnée de ce maudit frère, qui semble aussi sedéroberà tous les regards, eiledisparut.Je ne pus décou- vrirla route qu'elle avait prise, et depuis ce fertfé toutes mes re- cherchesont été inutiles.

JOANNEZ.

ft.aisc'est un romanquecela.

(21)

JOANNEZ.

D. ALPHONSE.

JOANNEZ.

t>. AMMIONST.

Jevoudrais bienenêireaudénouement.

.luWNE/,.

A

peine est-il

commencé..

Allons, seigneur, meiu.ns no l'ouvrage: parlez, je vais pt nuire.

(Touten préparantta palette rttes pinceaux, eten plaçant «m cadieblàju sui son clievule1 4 ildéiangele jtoilequi couvraitlatableau comaiciict,

qm

frappealois lesroaards d'Alphonse.) D. ALPHONSE.

Que

vois-je?

Quoi donc, seigneur?

Ce

portrait?...

Eh

bien?

D. ALPHONSE.

A

uneressemblancefrappante...

JOANNEZ.

Avec

qui ?

D AfPHONSE.

Avec

celte belle inconnue dont

mon cœur

estépris.

joanneé, h part.

Quelleimprudence! [haut) \lions donc, seigneur, ce'a n'est pas possible... votre imaginationfrappée...

D. ALPHONSE, Qiiel estceponrait?

JOANNEZ;

C'estunepeinture defantaisiequi m'aétédemandéparleGouver- neur decelteville.

D. alphonse, examinantplusattentivementletableau que Joannez vient

d

éloigner.

Non,

non... Joannez, je vous assureque c'estsurprenant... voiià bien les vêtu qui m'ont frappés... la

même

coupedefigure... oui, voilàbienle portraitde Maria... delabelle Maria.

SCEttE XI.

LesPrécédens,

JULIA.

julta, sortantvivement

du

cabinet.

On

aprononcé

mon

nom...Metuloce serait-i! de retour? n. m.phonse, l'appcrcei'uiU.

Granddieu ! c'estelle!

JULIA.

Que

vois-je ?

Fillemaudite.

G

(22)

(

'S

) 30animez, h part.

\pila ce queje craignais.

{D. Alphonse,immobiledesurprise, regarde Julia, qui, étonnée aussi, ne

saitquellecontenance tenir.) d. Alphonse, revenant de son trouble.

De

grâce,madame...

julia, avec noblesse.

Pardon, seigneur, je ne puis recevoiraucunétrangerpendantl'ab-

sencede mon... de

mon

frère.

(Elle rentre. D. Alphonse veutla suivre.Un regard et 110 geste imposantde Julialerendentimmobile.Il s'arrête;Julia rentre.)

SCENE XII.

D.

ALPHONSE, JOANNEZ.

D. ALPHONSE.

Elle est ici !... aprèsl'avoir vainement cherché, c'est icique je la

retrouve. >

JOANNEZ.

Cettedécouverte ne vous avancerapas,jevous enavertis.

D. ALPHONSE.

Ah!

cher Joannez, au

pnx

de toute

ma

fortune, conduisez-moià sespieds.

JOANNEZ.

Je nelepuis.

D. ALPHONSE.

Apprenez-moiaumoins...

JOANNEZ.

Vous

ne saurezrien... vousn'obtiendrezrien de moi... pas

même

«on portrait,àprésentquevousl'avezvu chez moi.

D. ALPHONSE.

Joannez,votre fortunedépenddevous.

JOANNEZ.

Je nepuis ni nedois voussatisfaire.

n. Alphonse, s'animant

par

degré.

Jeveux...

JOANNEZ.

Yous

voulez!...jesuischez moi.

D. ALPHONSE.

C'esttrop

me

retenir,jesaurai bien malgré vous

me

frayerunpas- sage jusqu'à<ile.

JOANNEZ.

Seigneur, jevous lerépète:je suis chezmoi, et jevon?prouve-

rai quejai la volonté etlaforcede fairerespecter

ma

demeure.

d.ALrHONSE,portantla

main

à sonépée.

Joannez!.

.

(23)

( «9 )

Seigneur!...

D. ALPHONSE.

Craignez...

joannez, avecfarce.

Je ne vouscrains point, seigneur Alphonse; vousètesjeune, im- pétueux... peu habitué a ce qu'on, vousrésiste, riche et graudsei- gneur... niaisjesuishonnête

homme,

et les loisqui régissent l'Es- pagne ont été faitespour vous

comme

pourmoi.

(_Jj.mu.ezouvielaporte delachambrede Julia

, y entreet referme fièrement la porte, en.bravantla colèrede D. Alphonse.)

SCENE XIII.

I).

ALPHONSE,

seul.

Oser

me

résister ainsi!... quel excès d'audac:! ait* malheureux peintre,jet'apprendrai...maismodérons

ma

juste;ndig:ii2ti<~;'i... crai- gnons d'irriter

ma

belle inconnue par un éclatqui pourrait lui dé- plaire.

(l'eml.iutce monologue, on aentendu une musique éloignée annonçant une marche; descoupsdecanonàdistance égale, encoupentl'harmonie; mais lien n'interrompt D. Alphonse qu.i, tout entier àson amour, a les yeux

fixe'ssurla portedelachambre )

Elle est !

SCENE XIV.

D.

ALPHONSE,

D.

EMMANUEL.

D. Emmanuel, entrant, ayantl'airde chercher quelqu'un, etap- percevant

D.

Alphonse.

Ah!

vousvoilà, D.Alphonse... je vous cherchais. N'entendez- vous pas ceue musiquemilitairei' toute l'artillerie du port annonce

l'arrivéedu comtede.Sainte-Croix> votrepêne-.

d. alphonse; préoccupé*

Jeveux absolument lavoir.

D. EMMANUEL

Est-il fou?

D. ALPHONSE.

Luiparler.

D. EMMANUEL.

Mon

cherAlphonse!

d. Alphonse , revenant

Ah!

c'estvous, D. Emtuatiuul!

D K.'l'i

\M

E.L.

Oai

;

mon

ami,jevous cherchepour..

D. AI.i'HONii., Elle estlà.

(24)

(

30)

». EMMA UEL.

D. ALPHONSE

La femm^

que j'adore L.. cite inconnue, cetange!qui a'portl dans

mon

cœurletrouble etl'amour !

D. EMMANUEL.

Mais revenez à vous...jenecomprendsrien...

D ALPHONSE.

Ah

!

mon

ami

, jesuis capablederoui peurlaposséder.

D EMMANUEL.

Volrepère...

n. Alphonse, vivement.

Mon

père.'... qu'il ignore!..

D. EMMANUEL.

Ilentredans Carthagènes.

D. ALTHONSE.

Je vais le recevoir.. Venez, !) Emmanuel, (à part) Cherchons Fahiieio,qu'ilsein tleenembuscade,(haut, entraînantEmmanuel.') Parions, partons ( ensortant) Enfin jel'ai trouve'e !

D. EMMANUEL.

Décidément tl aperdu latête.

(Ilssortentparlefond.Tandisq>i"ils s "rignent, on voit Joannezsortir avec précautionducabine!,etlessuivre desyeux.J

SCENE XV.

JOANNEZ,

seul.

Ilestparti!...ah!seigneurD. Alphonse, vousavez,ern

,parceque vousêtesgrandseigneur, queje n'auraispas lecourage de vous ré- sisier?ei parceque jesuispauvre, vous avezpens*3'

m

"éblouirparvos magnifiquespromesses... non, non ,ie vous prouverai quelapauvre- n'exclut pas toujourslanoblessedel'âme, la délicatesse dessenti-*

mens;c'est la véritable fortune d'un honnête

homme,

c'est un trésor que je veux conserver toute

ma

vie. (regardant

aufond)

Voilà Michel Cervantes... cachons-lui cette fâcheuseaventure... nousau- tresEspagnols, nous

sommes

toujours un peu jaloux, emportés...

imitons la sage prudence de dona Jtilia, qui jusqu'à présent a cru devoir cacher à son époux, les deux.Rencontres qu'elle avaitdéjà faitesde cejeune seigneur... puis ,ce n'estpas d'ailleurs un rival bien àcraindre; il part pourla Sicile, de eu Grèce, et il s'em- barquera sans voir Jitlia.

SCENE X5

I.

CERVANTES

,

JOANNEZ.

ci*,vantes, s'avançanten réfléchissant.

Tins d'espoir .'... ilne

me

reste plus qu'un

moyeu

pour échapper

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