Normaliens et pratiquants de Mixed Martial Arts:
Dissonance culturelle ou conformisme néolibéral?
Matthieu Quidu
Professeur agrégé d’EPS à l’ENS de Lyon.
Chercheur associé au CRIS de Lyon.
Matthieu Delalandre
Maître de conférences en STAPS.
Université Paris Est-Marne la Vallée.
Laboratoire ACP.
Du combat libre au combat mixte.
Premiers UFC et rencontres NHB
Confrontations entre écoles de combat
Premiers Vale tudo
Mise en spectacle des combats ultimes.
Exacerbation de la violence .
MMA moderne
Entreprise de
« respectabilisation », production d’un show
« grand public ».
Dé-sportivisation
Re-sportivisation
Van Bottenburg & Heilbron (2009).
UFC, Etats-Unis.
Les critiques contre le MMA.
Modèle marchand, commercial et médiatique.
Grande permissivité => Violence.
(Centration des critiques sur les frappes au sol).
Dimension spectaculaire
=> atteinte à la dignité humaine.
(Combats en « cage »).
Le Mixed Martial Arts (MMA)
Discipline de combat de synthèse.
Créée par et pour les professionnels.
En vue de la médiatisation télévisuelle.
Via un « marketing de l’ultime ».
Image sulfureuse et transgressive
=>panique morale.
Les Normaliens de l’ENS de Lyon
Elèves-fonctionnaires-stagiaires.
Formation par et pour la recherche.
Agrégés et Enseignants-chercheurs.
Image prestigieuse et élitiste.
=>institution d’excellence.
Académisme et sélectivité.
Genèse de l’objet de recherche:
l’intuition d’un paradoxe…
Vers la mise à l’épreuve de plusieurs hypothèses explicatives.
Comprendre une dissonance culturelle en termes de légitimité
(Lahire, 2004).
Pluralité des dispositions suite à des expériences diverses de socialisation.
Besoin de compenser une pression à l’excellence.
Stratégie identitaire
d’ « encanaillement des élites ».
Constitution du corpus empirique
Sur une soixantaine de combattants en cinq ans…
11 élèves-combattants interrogés par entretien semi-directif.
12 élèves-combattants sondés par questionnaire électronique.
2 personnels-combattants sondés par questionnaire.
3 étudiants-combattants non pratiquants de MMA.
Conditions de la rencontre avec le MMA.
Rapport à la pratique professionnelle.
Motivations et objectifs.
Secteurs de combat et modes de travail.
Communication sur sa pratique.
Cursus sportif et martial.
Parcours académique, projets, loisirs.
Expérience vécue et bienfaits.
Rapport au quotidien estudiantin.
Conception et définition de la discipline.
1
èrepartie: La pratique du MMA chez les Normaliens: analyse et déconstruction d’un paradoxe.
2
èmepartie: Le sens de la pratique chez les Normaliens- combattants: motivations et expérience vécue.
3
èmepartie: Derrière le paradoxe apparent, un conformisme axiologique néolibéral?
Les trois temps de la réflexion.
1 ère partie
La pratique du MMA chez les Normaliens:
Analyse et déconstruction d’un paradoxe.
A) Rapport distant au spectacle professionnel.
B) Prégnance du cadre protecteur.
C) Communication prosélyte sur sa pratique.
D) Dissociation forte MMA / combat réel.
Rapport critique et distancié
Méconnaissance et/ou désintérêt
Attrait pour la richesse technique
Prise de distance et dissociation par rapport à l’image
« sulfureuse » et « violente » du MMA professionnel .
A) Le rapport au spectacle professionnel
Entre le MMA comme spectacle professionnel
et le MMA comme pratique personnelle…
Rapport distant au spectacle professionnel.
Méconnaissance et/ou désintérêt
Jérôme: « Avant de suivre le cours à l’ENS, je n’avais jamais regardé de combats professionnels. Je ne connaissais pas la discipline. Avec ma pratique du MMA, je ne regarde pas plus les combats professionnels; cela n’a jamais été mon truc. La dimension spectacle dans le sport ne m’intéresse pas ».
Max: « Je connais ces évènements de combats professionnels, mais je m'intéresse à la pratique et pas aux medias ».
Rapport admiratif au spectacle professionnel.
Attrait pour la richesse technique et la prouesse physique
=>Notamment chez les anciens combattants (Van Bottenburg & Heilbron, 2009).
Jean-Daniel: « J’étais admiratif de la prouesse physique qui est impressionnante; et la technique d’être capable d’atteindre un très haut niveau dans plusieurs disciplines de combat, je trouvais cela fascinant ».
Alexandre: « J’étais admiratif de la préparation physique et du mental qu’il fallait.
J’ai été aussi impressionné par la panoplie technique des combattants. Donc le côté admiratif de leur performance physique et mentale. Ce sont un peu les supermen modernes ».
Rapport lucide au spectacle professionnel.
Critique des dérives
François: « Par rapport au MMA en tant que pratique professionnelle médiatisée, j’ai toujours entretenu un rapport distant voir critique (santé des combattants en particulier). La pratique professionnelle ne m’intéresse pas tellement; cela m’évoque un spectacle un peu voyeuriste où s’exprime une violence ritualisée. Le mythe du combat libre, sans règles, est un concept commercial à l’origine qui demeure toujours vivace, au moins dans le grand public ».
Sion: « Le MMA est aussi associé à des icônes, aux tournois, aux spectacles mais je ne m’identifie pas à eux. Pour moi, le MMA, c’est d’une part des professionnels qui s’y consacrent entièrement et combattent pour la gloire et l’argent; d’autre part des gens qui s’y initient tranquillement et cherchent un certain équilibre dans leur vie ».
Contexte de l’ENS Ne pas faire mal Ne pas se faire mal
Au-delà de cette image transgressive et violente du show professionnel…
=>Une référence constante au
« cadre protecteur » dans sa pratique
B) Une référence constante au « cadre protecteur ».
Alvaro: « Je me suis vite rendu compte que ce n’était pas dangereux. Vu le cadre dans lequel c’était réalisé, je n’avais pas spécialement d’appréhension. Mais je n’aurais pas forcément essayé le MMA dans un endroit non contrôlé ».
Contexte de l’ENS
Ne pas faire mal
Ne pas se faire mal
Johannes: «L’ambiance du cours est vraiment respectueuse, notamment dans le travail au sol où on essaie des étranglements et des clés. On sait que l’on peut faire beaucoup de mal à l’adversaire si on continue à exercer de la force; on sait que l’adversaire a le droit de taper et cela il faut le respecter ».
Alexandre: « Je tiens beaucoup à mes neurones et le fait de prendre des coups n’est pas très approprié pour les préserver. Du fait de sa grosse phase au sol, le MMA permet d’en préserver un maximum, notamment par rapport à la boxe ».
C) Une communication tournée vers la déconstruction des a priori de violence
« Faire changer les mentalités »: entre gêne et prosélytisme
Clément H.: « C'est toujours un peu gênant. On a vraiment l'impression d'être jugé en tant que pratiquant de MMA. Ce n'est jamais un moment très agréable pour moi. Si on me pose explicitement la question, je réponds honnêtement mais sinon j'évite de dire que je pratique le MMA. Lorsque j'en viens tout de même à en parler, je me sens obligé de justifier que la violence du sport est toute relative, comparée à du rugby ».
Nathanaël: « Parler du MMA produit parfois des incompréhensions agaçantes
« comment peux-tu étudier la philosophie et faire du free fight ? ». Il y a une certaine gêne lorsque je pressens que c’est l’objet de préjugés, alors j’ai envie de convaincre les autres en montrant que c’est un sport moins dangereux que la boxe ».
« Faire changer les mentalités »: entre fierté et prosélytisme
Gilles: « Je suis dans une démarche de propagation de l’information pour faire changer les regards sur le MMA. J’essaye de corriger les préjugés que les gens expriment, comme la masculinité exclusive, la violence, le manque d’aspect technique, d’intelligence des combattants, de respect. Lorsque je parle du MMA, je ressens une volonté de changer la vision que les gens portent sur ce sport, car je suis fier de faire ce sport, comme on est fier d’aimer le sport que l’on fait quel qu’il soit ».
Marie C.: « Je ressens de la fierté et de la passion. Je veux surtout convaincre du fait que je ne suis pas folle, violente ou hyper-masculine, car tous ces clichés sont quand même très attachés à cette pratique ».
C) Une communication tournée vers la
déconstruction des a priori de violence
D) Une dissociation forte entre MMA et combat réel.
L’auto-défense comme objectif absent
Gilles: « Je n’ai pas pensé à l’aspect auto-défense car j’envisage uniquement le MMA dans sa dimension sportive; il existe d’autres disciplines plus orientées self- défense ».
Nathanaël: « Je n’ai aucune envie de tester l’efficacité des techniques en dehors des cours! L’auto-défense, on a certes cela en tête, mais dans mon cas ce n’est absolument pas la raison. D’abord, parce que je n’ai jamais eu d’ennuis et ne suis pas du genre à chercher les embrouilles. D’autre part, parce que je connais la différence entre une situation de cours où il y a des règles et des protections et une situation dans la rue, la majorité des techniques étant inefficaces ».
D) Une dissociation forte entre MMA et combat réel.
L’auto-défense comme objectif secondaire
Arthur: « La possibilité de me défendre en cas d’agression était présente mais n’était pas ma motivation principale. J’ai été assez peu exposé à ce genre de situations ».
Marie: « Mon engagement dans le MMA n’est pas motivé par l’auto-défense; c’est plus une conséquence après-coup. Je n’ai pas de certitudes, mais si je me fais agresser dans la rue, j’aurais plus de réflexes que ce à quoi s’attendra la personne ».
=>Aller au-delà du paradoxe transgressif apparent pour cerner le sens que les Normaliens attribuent à leur pratique.
Bilan 1 ère partie
Normaliens et pratiquants de MMA?
Un rapport distant et critique au spectacle
professionnel
Une référence constante au cadre
protecteur
Une communication visant à briser les clichés de violence
Une dissociation marquée entre MMA
et combat réel
Déconstruction de l’intuition d’un paradoxe
transgressif et d’une dissonance.
2 ème partie.
Le sens de la pratique : motivations et expérience vécue.
A) Conditions de la rencontre avec le MMA et motivations.
B) Le MMA comme source de plaisir et de satisfaction.
C) Le MMA comme vecteur de bien-être.
1
ergroupe d’étudiants
Pratiquants au « cursus martial »
A) Conditions de la rencontre avec le MMA et motivations principales.
=>diversifier sa panoplie technique pour devenir un combattant complet.
Jean-Daniel: « Vu que j’avais déjà une petite expérience de deux sports de préhension et de percussion (judo et karaté), je me disais que cela pourrait être intéressant de combiner les deux et d’apprendre de nouveaux trucs. Je voulais diversifier ma panoplie technique, me diversifier ».
Gilles: « Pour moi, le MMA était un sport très intéressant car alliant les différentes disciplines que j’avais déjà pratiquées : boxe anglaise, boxe thaï, judo et arts martiaux. Cela représentait un défi, ce passage à une discipline englobant tous ces apports différents. Mes motivations étaient de garder mon niveau en boxe et d’essayer d’apprendre des nouvelles techniques. C’est une démarche naturelle chez tout combattant ouvert d’esprit de vouloir compléter son répertoire en s’essayant à de multiples disciplines au cours de sa vie de fighter ».
=>découvrir les sports de combat au travers d’une activité complète.
2
èmegroupe
« Néophytes martiaux »
Zoïs: « Je voulais me mettre à un sport de combat, et j'aime bien le côté complet du MMA: travail pieds-poings, projection puis travail au sol ».
A) Conditions de la rencontre avec le MMA et motivations principales.
Alvaro: « J’avais envie d’essayer parce que je n’avais jamais fait aucun sport de combat, c’est un truc qui m’attirait. J’ai fait un peu de boxe française pendant quatre mois au début, en parallèle du MMA. C’est un sport de combat plus limité par des règles, qui t’autorise seulement certaines choses. Je me disais que quitte à faire un sport de combat, mieux valait faire un sport de combat un peu plus complet ».
Des motivations communes aux deux groupes
Entretien ou développement des qualités physiques
Clément H.: « J'envisage le MMA comme un moyen de faire du sport pour améliorer ma condition physique générale. Le MMA offre une immense diversité dans les muscles et les features sollicités (rapidité, agilité, souplesse, équilibre, reflexe...). C'est la raison principale pour laquelle je pratique. Je vois ma pratique du MMA comme une sorte de gym ludique, sans vraiment désir de progresser ».
Arthur: « Ma première motivation est de faire du sport car cela faisait plusieurs années que je ne faisais pas de sport régulièrement; il y a donc ce côté dépense physique mais aussi il y a un côté ludique, c’est appréciable, ce n’est pas du jogging, on s’amuse bien. Quand je dis « cela me permet de faire du sport », c’est garder la forme tout bêtement; pas forcément développer une qualité en particulier mais faire du sport en général ».
A) Conditions de la rencontre avec le MMA
et motivations principales.
Marie: « Quand je suis arrivée à l’ENS, j’ai essayé un cours de karaté et ça ne m’a pas trop branchée. Je sais en plus que pour me motiver, il faut qu’il y ait des gens que j’ai envie de retrouver en cours. Et là, un camarade de l’ENS m’a parlé du MMA, m’a dit « viens essayer ». S’il avait fait de la boxe française, j’aurais fait de la boxe française».
Hortense: « En entrant à l’ENS, je cherchais un cours de sport de combat en général. Je trouvais ça sympa les combats dans les films d’action et j’avais envie d’essayer. Il n’y avait pas de karaté. Je voulais partir en boxe française, mais le cours tombait pendant mes cours obligatoires. Donc, je me suis dit, je vais tenter le MMA ».
Une part de contingence dans l’entrée en pratique
A) Conditions de la rencontre avec le MMA
et motivations principales.
Décompression, défoulement, exutoire, compensation…
Gary: « Un défouloir me semble assez juste. Mais c'est plus que cela, ça participe à un équilibre de vie globale. Ça s'inscrit dans mon quotidien au même titre qu'une alimentation saine, un bon rythme de sommeil, des lectures enthousiasmantes, un travail bien fait, des relations sociales, familiales et amoureuses heureuses ».
B) La pratique du MMA source de plaisir.
Marius: « Le bien-être, c’est ce que je recherchais le plus car rien ne défoule plus qu’un combat après une journée pénible. Un défoulement libérateur, puis une grande sensation d’apaisement après l’entrainement. Je pense que la pratique d’un sport de combat est indispensable au même titre que la marche, la course ou faire l’amour.
Le combat est inscrit au cœur de notre nature animale et la société ne nous permet pas de l’exprimer, ce qui est source de frustration. Le pratiquer dans un cadre réglementé et avec respect permet d’éliminer cette frustration d’une manière saine ».
B) La pratique du MMA source de satisfaction.
Guillaume: « Quand je suis dépassé à l’entraînement, c’est une grande leçon. C’est lié à une perspective d’apprentissage; s’il me déborde, c’est que j’ai à apprendre.
C’est assez agréable parfois de se sentir au-dessus, mais moins profitable à long- terme pour progresser ».
Motivation d’accomplissement et but de maîtrise.
Alvaro: « Le fait d’apprendre de nouvelles techniques et de nouveaux enchaînements était motivant pour moi. Tu as l’impression de progresser, c’est toujours agréable. Ce qui me procurait du plaisir en MMA, c’était le fait de dominer certaines clés, de savoir un geste de façon correcte et épurée, il y a là une forme de plaisir esthétique. Le fait de gagner ou de perdre n’est finalement pas le plus important car l’essentiel est d’apprendre, de savoir ce que l’on fait ».
Développement de la confiance en soi
Guillaume: « Avec le karaté, le MMA et la boxe, j’ai pris beaucoup confiance en moi; je me suis découvert un peu en quelque sorte. J’étais assez craintif quand j’étais petit. Je ne dirais pas que je suis casse-cou mais j’ai beaucoup changé en quelques années; j’ai pris beaucoup confiance. Il y a une progression psychologique ».
C) Le MMA comme vecteur de bien-être.
Gilles: « Le MMA m’a permis en traversant des épreuves de gagner de la confiance en moi, je me suis prouvé que j’en étais capable, j’en ressors plus fort et j’ai gagné en estime personnelle ».
Développement de l’attention et de la concentration
Max : « Le MMA m'a montré un nouveau rapport avec mon corps et développe une nouvelle façon de faire attention à mon environnement, une intuition sans l’esprit discursif. Le MMA m'aide à calmer mon esprit ».
C) Le MMA comme vecteur de bien-être.
Marie C.: « Les cours étaient vraiment des moments où j'arrivais à ne penser à plus rien d'autre qu'au moment présent ».
C) Le MMA comme vecteur de bien-être.
Johannes: « Le MMA me permet de me distraire; toute la semaine, je me réjouis du jeudi. Cela me sort de mon quotidien trop cadré, trop régulier. Une fois dans la semaine, je fais quelque chose de différent. Même quand je fais de la muscu, c’est régulier, c’est cadré. En MMA, cela m’apporte quelque chose de nouveau, avec de l’incertitude. Cela casse la régularité de la semaine. Le MMA m’apporte de la liberté par rapport aux études ».
Fonction de déroutinisation
Marie C.: « La pratique du MMA m'a permis de voir ailleurs, de découvrir un autre domaine que celui de ma spécialité. Il m'a permis de ne pas « couler » complètement dans une vie d'étude où les sujets sont complètement déconnectés de notre vie quotidienne, de notre équilibre et de notre bien-être. Les cours étaient des piqûres de rappel de ce qui vaut vraiment dans une vie, c'est-à-dire non pas la théorie pure et perchée, mais plutôt un rapport sain à notre corps et une expérience véritablement vécue (c'est-à-dire en dehors d'une bibliothèque »).
Pluralité des dispositions suite à des expériences diverses de
socialisation.
Besoin de compenser une pression à l’excellence.
Stratégie identitaire
d’« encanaillement des élites »
Rejet de la violence et de la transgression par les pratiquants.
Rapport critique au MMA professionnel
Bilan 2 ème partie.
Que reste-t-il des hypothèses de départ?
Motivation présente mais non prioritaire.
+Volonté de maîtrise et de progression.
Des expériences martiales de
socialisation expliquent le goût pour le MMA.
Néanmoins, subsiste une contingence dans l’entrée en pratique.
3 ème partie.
Derrière le paradoxe transgressif apparent…
Un conformisme axiologique néolibéral.
Logique interne du MMA et qualités développées
Polyvalence et adaptabilité
Stratégie
Dépassement de soi
Alexandre: « Si on me donnait une liste de sportifs pour en dégager le plus complet, je choisirais un combattant de MMA.
La recherche de polyvalence m’intéresse, y compris dans ma carrière professionnelle: je veux pouvoir changer du tout au tout;
pas forcément être le meilleur mais pouvoir jouer chaque rôle ».
Jérôme: « A l’issue du premier cours, j’étais violemment épuisé.
J’étais fier d’être allé jusqu’au bout, de m’être dépassé. J’ai l’impression de m’être poussé, d’avoir atteint mes limites ».
Alvaro: « Au sol, il y a pas mal de moments de temporisation où tu as le temps de réfléchir pour savoir comment procéder;
une forme de plaisir stratégique, voir si ton plan marche ».
Efficacité
Gilles: « Le style propre du MMA est une recherche de l’efficacité maximale; on ne se s’amuse pas à faire des coups qui peuvent nous mettre en danger et qui nous mettraient moins en danger dans d’autres styles ».
NB: attrait du MMA chez:
-les étudiants d’institutions prestigieuses: Institut d’études politiques de Paris;
Ecole de santé des armées de Lyon; Université Paris I-Sorbonne…
-les cadres supérieurs regroupés dans des clubs sélects (Lagardère Paris Racing) ou comités d’entreprise (Microsoft).
Homologies entre le MMA et le néolibéralisme
Logique interne du MMA « Cité connexionniste »
Des « grandeurs » communes
(Boltanski & Chiapello, 1999)Polyvalence, adaptabilité, flexibilité, créativité, stratégie, efficacité
autocontrôle, pragmatisme, autonomie…
Un conformisme axiologique néolibéral
« Socialisation anticipatrice »
Normaliens et pratiquants de MMA?
Complicité ontologique
-incitation à la singularisation des parcours.
-invitation à l’interdisciplinarité.
-préparation à l’entrée dans le groupe de référence (Merton, 1957).
-incorporation de normes et valeurs.
Le MMA: Emanation du libéralisme et Préparation ludique à ses impératifs.
=>Le MMA: espace actualisateur et formateur de dispositions morales spécifiques