• Aucun résultat trouvé

LE CHRIST DANS L'ART FRANÇAIS

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "LE CHRIST DANS L'ART FRANÇAIS"

Copied!
22
0
0

Texte intégral

(1)
(2)

LE CHRIST

DANS

L'ART FRANÇAIS

(3)

Le Beau Dieu du portail méridional de la Cathédrale de Chartres, sculpture du XIII siècle.

(4)

COLLECTION ARS ET HISTORIA

Publiée sous la direction de J. et R. WITTMANN

L E C H R I S T

DANS

L'ART FRANÇAIS PAR LE

PÈRE PAUL DONCOEUR Tome Premier

ÉDITIONS D'HISTOIRE ET D'ART LIBRAIRIE PLON

8, RUE GARANCIÈRE

PARIS

(5)

NI H IL R. d'Ouince

s.j.

Lutetiœ Parisiorum die XI° aprilis 1939

V. Dupin v. g.

Copyright 1939 by Editions d'Histoire et d'Art.

Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays y compris l'U. R. S. S.

(6)

Saint Paul, Saint Jacques, Saint Jean regardant le Beau Dieu enseignant.

Portail nord de la Cathédrale de Reims, XIII siecle.

PRÉFACE

s eigneur, dirent-ils à Philippe, nous voulons voir Jésus ! — Philippe le dit à André; et tous deux ensemble André et Philippe le dirent à Jésus...» lui présentant ces Grecs venus de loin, avides de connaître de leurs yeux le triomphateur acclamé en ce jour des Rameaux.

Voir Jésus ! Depuis Zachée, trop petit pour dominer la foule et grimpé sur le sycomore «pour le voir» au passage, jusqu'à Hérode qui brûlait de le rencontrer;

depuis les Bergers qui le « virent tout petit enveloppé de langes » jusqu'à Thomas qui exigea de voir, de toucher ses plaies pour Le croire ressuscité; depuis Siméon, qui avait eu la promesse « de ne pas mourir avant qu'il n'eût vu le Christ du Seigneur », jusqu'à saint Jean qui proclame « l'avoir entendu, vu de ses yeux, regardé, palpé de ses mains », les Evangiles marquent avec insis- tance ce fait capital de la vision du Christ. « Bienheureux, disait Jésus, vos yeux de voir ce que tant de prophètes et de justes ont désiré voir, et n'ont pas vu. »

« Et moi aussi, protestait Saint Paul pour affirmer son autorité d'apôtre, et moi aussi je L'ai vu ! »

(7)

Le voir? N'avait-il pas dit à Philippe, que c'était « voir le Père »? Tout l'Evangile de Saint Jean, qu'est-il autre chose que l'évocation éblouie « de Sa Gloire ! » Or, nul de ces témoins ne nous a rien transmis de Son Visage. Les disciples de Socrate nous ont dit sa face camarde; et pour des siècles nous conservons, de marbre ou de bronze, les images de Cicéron et les statues de Marc Aurèle. Mais de ce Jésus, dont l'être de chair prend en leur témoignage l'importance d'un dogme, ils ont tous, évangélistes ou apôtres, omis de nous faire connaître le moindre trait. Ils portent

Saint Barthélemy, Saint André, Saint Pierre regardant le Beau Dieu enseignant.

Portail nord de la Cathédrale de Reims, XIII siècle.

gravée en leur cœur l'empreinte ineffaçable de Son Visage : Pierre, Jacques et Jean, dans la splendeur du Thabor; Pierre, sous les outrages des valets, et Jean, sanglant sur la Croix. Ce sont des visions qu'une vie entière garde jusqu'à la mort fraîches comme au premier jour.

Or, nul d'entre eux ne nous a laissé un portrait de leur Ami ! Du Christ ressus- cité, qui leur donnait à regarder « ses mains et ses pieds », n'ont-ils donc retenu pour nous la transmettre que la mystérieuse promesse de bonheur pour « Ceux qui n'ont pas vu, mais qui ont cru »? Les siècles chrétiens sont désormais tendus vers une lointaine Apocalypse où « dans les nues nous verrons le Fils de l'homme, assis à la droite de son Père ». Alors Il prononcera la parole qui nous jugera selon que nous L'aurons vu ou méconnu sous les espèces dérisoires des affamés,

des gueux, des malades ou des prisonniers.

(8)

Le Beau Dieu enseignant. Portail nord de la Cathédrale de Reims, XIII siècle. Détruit par les obus allemands.

(9)

De ces obscurs contemplateurs dans la foi, Saint Thomas d'Aquin a chanté l'espérance dans la. Liturgie du Saint Sacrement. Les espèces y sont plus décevantes encore, car « regards, goût, toucher ne peuvent ici que s'égarer ». Mais l'amour se repose en une douce prière :

O Jésus, que maintenant je regarde voilé, Je te prie, qu'advienne ce dont j'ai telle soif : Que, te voyant à visage dévoilé,

Je sois béat de la vue de ta gloire. Amen!

Au cours de cette attente, il arriva qu'à des âmes plus amoureuses l'épaisseur des temps devint transparente. Angèle de Foligno vivra dans la vision du Corps déchiré dont elle baisera les blessures, dont elle boira le sang au côté transpercé.

Elle en poussera des cris de folle et tombera broyée au pavé d'Assise. Elle tracera par des mots brûlants, l'image qui hante désormais ses yeux; mais elle pleurera de désespoir de trahir par un langage incohérent la beauté de son Seigneur entrevue.

Le Christ de la Belle Croix. Sens, XIIe siècle.

Comme ses compagnons de pèlerinage, honteux de tels transports, nous assisterons à ses extases dans une grande incertitude de l'esprit; du moins y mesurons-nous la pauvreté de notre amour.

Alors nous porterons nos regards sur de moins fulgu- rantes images, sur celles que des Voyants plus proches de nous auront matérialisées dans la pierre ou par la couleur.

C'est ici que s'insère le témoignage de l'Art.

Nous voudrions en cet ouvrage évoquer le Visage du Christ tel que l'a exprimé l'art français. Nous apporterions ainsi aux travaux de Maurice Vloberg sur La Vierge et l'Enfant dans l'Art Fran- çais un premier complément.

(10)

Le Beau Dieu de la Cathédrale d'Amiens, XIII siècle.

(11)

Ce livre n'est pas une histoire; encore moins un répertoire iconographique. Il s'attache aux œuvres les plus significatives, persuadé que le choix qui écarte les objets secondaires, loin d'appauvrir la connaissance, l'enrichit. Ainsi il sacrifiera le moins possible à la curiosité archéologique et au goût du pittoresque, retenant les aspects les plus humains et non pas les plus rares.

Chaque peuple voit, sent, exprime l'homme et la divinité selon les modes propres de sa sensibilité. Il trahit ainsi son goût secret, son tempérament profond et son âme.

La personnalité de l'artiste transparaît dans son œuvre en ce qu'elle a de meilleur, de plus noble, de plus pur. Elle projette dans ce Visage sacré l'idéal qu'elle se fait de l'homme et le reflet qu'y imprime l'Esprit de Dieu. Encore plus évidemment saisit-on dans un vaste ensemble d'images le caractère spirituel d'une époque et d'une race. Il n'est pas sans doute de miroir plus fidèle de la sensibilité française et de sa conscience même, surprises dans l'effort qu'elles font pour se dépasser.

Il faut avouer que la comparaison avec les maîtres Italiens nous accable.

L'art religieux de la France ne s'élève jamais aux transports. Il ignore les éclats sublimes. Il répugne aux horreurs sacrées. Il arrive difficilement aux somp- tuosités de la forme. Il parle un langage modeste, clair, souvent un peu froid, mais harmonieux et surtout véridique. Il répugne aux prestiges et ne tend pas d'embûches.

Il demeure ordinairement en-deçà de ce qu'il éprouve. Nos meilleurs peintres de la Renaissance ou des siècles modernes sont pâles auprès de Giotto, de Vinci, du Pérugin, de Michel Ange. Quand l'Ecole française du XIX siècle effacera toutes ses rivales européennes, elle aura perdu cette foi au Christ qui l'eût rendue capable d'en exprimer le mystère. Ainsi sentons-nous que notre peinture religieuse manque de l'éclat dont nous éblouissent Florence, Sienne ou Assise.

Mais quel domaine incomparable que celui de notre statuaire médiévale, romane, gothique ! Elle affirme à Chartres, à Amiens et à Reims une force et une pureté, une vérité et une beauté, dont aucune église italienne n'offre même le souvenir. Notre Treizième siècle porte l'art français religieux — et son âme — à un sommet dont nul n'approche au monde. Il demeure dans l'histoire spirituelle un de ces points de perfection où l'éphémère échappe au temps et atteint à cette jeunesse qui ne peut vieillir.

Je voudrais que, respectueusement, par paliers, ce livre donnât au lecteur la joie de monter à ces sommets où peut-être il sentira qu'il approche la personne divine de son Maître.

Je voudrais que celui-là même qui ne croit pas à la divinité du Christ, mais qui admire son caractère, ne fût pas détourné par ces images de la quête exigeante qu'il poursuit.

Il est si facile de trahir :

« Quand on a à parler de Jésus Christ, écrivait Sainte-Beuve, dans son Port- Royal, on entre dans une sorte de resserrement involontaire. On craint de profaner

(12)

Christ de majesté sculpté par Saupique à l'église de la Cité Universitaire, Paris, 1936.

(13)

rien qu'à répéter ce nom ineffable et pour qui le plus profond même des respects pourrait être encore un blasphème. » Charles Maurras, qui transcrit ces lignes, poursuit : « Ici Sainte-Beuve cite le mot de Pascal : Comme il n'y a ni véritable vertu ni droiture de cœur sans l'amour de Jésus Christ, il n'y a non plus ni hauteur d'intelligence ni délicatesse de sentiment sans l'admiration de Jésus Christ. » Et le critique ajoute : « Ceux qui nient ce sentiment en portent la peine.

Prene les plus grands des modernes antichrétiens, Frédéric II, Laplace, Gœthe, quiconque a méconnu complètement Jésus Christ, regardez-y bien, dans l'esprit ou dans le cœur, il leur a manqué quelque chose. »

Je crois plus vrai de dire que quiconque a ouvert son esprit ou son cœur au passage de Jésus Christ, lors même qu'il n'arrive pas à le confesser son Seigneur, s'ennoblit par ce contact fugitif.

L'amour et le respect ne traversent jamais une âme sans l'illuminer.

Incrédulité de Saint Thomas.

Miniature de l'École française, XI siècle. (Bibl. Nat.)

(14)

Sarcophage de Saint Mitre. (Cathédrale d'Arles.)

INTRODUCTION

A

défaut de toute description authentique de son Visage, l'art chrétien a persévéramment poursuivi l'effort de donner à ses disciples une juste représentation de Jésus Christ.

De cet effort s est constitué un type iconographique qui garde après vingt siècles une autorité de fait. Il nous importe d'en connaître les titres, d'en suivre l'évolution, si nous voulons donner aux valeurs essentielles le pas sur les routines et les préjugés.

LES PRÉTENDUS «PORTRAITS DU CHRIST».

Non que nous espérions trouver dans l'ordre plastique ces « Portraits » que les documents écrits nous refusent.

De toutes les images « antiques » du Christ, peintures, médailles ou camées, il n'en est aucune qui soit autre chose que d'imagination. Tel ce camée apporté au XVI siècle de Constantinople à Rome dont les copies se multiplièrent comme nous le voyons dans un panneau de Van Eyck conservé à Berlin et dans le médaillon-sosie de Poitiers (p. 14 et 15).

Le Moyen Age a fourmillé de « Saintes Faces » miraculeuses « achiro- pictes », disait-on, peintes par contact, comme le voile de Véronique; mais aucune n'a de titre d'authenticité.

Seul le visage du Suaire de Turin, dans le long silence de l'histoire, reçoit de sa réalité même un émouvant témoignage, dont nous saurons un jour la valeur (p. 17).

(15)

Mais enfin la piété populaire ne se résigna plus à ce silence. Alors fleurirent les légendes; et l'iconographie et la littérature se chargèrent de contenter son désir.

Dès le VI siècle un pèlerin de Jérusalem, Antonin de Plaisance, rap- portait en Occident un carnet de voyage précieux. Il avait observé en

Portrait du Christ. Médaillon du XVI siècle.

(Poitiers.)

l'église Sainte-Sophie la marque laissée par Jésus d'un pied « beau, petit, gracieux », et un tableau peint de son vivant où le Sauveur apparaissait

« de taille moyenne, de visage beau, avec des cheveux un peu bouclés, la main élégante, les doigts allongés ».

Au VIII siècle, un témoignage attribué à André de Crête précisait que Saint Luc avait peint le portrait de Jésus, «sourcils se joignant, beaux yeux, visage allongé, tête inclinée, stature bien proportionnée ». Tel est le type

(16)

que la Légende dorée populariserait dans la Chrétienté médiévale. Elle invo- quait l'autorité du miracle. On affirmait que le roi Abgar d'Edesse, n'ayant pu décider Jésus à venir le visiter en sa capitale, envoya un peintre pour tirer son portrait. « Mais lorsqu'il arriva en présence de Jésus, le visage de

Portrait du Christ attribué à Jean van Eyck.

Peinture du XV siècle. (Berlin.)

celui-ci brilla d'un tel éclat qu'il n'en put discerner les traits, ni par suite les dessiner. Ce que voyant, le Seigneur appuya son visage sur le manteau du peintre et y grava son image à l'intention du bon roi Abgar ».

De mains en mains le portrait s'enrichissait de traits nouveaux. Un moine Grec Epiphane, au IX siècle, fixait à six pieds la taille du Christ,

(17)

Tête du Christ attribuée à Jean Fouquet.

Miniature du XV siècle. (Musée Condé, Chantilly.)

arquait les sourcils, affir- mait un nez long, un teint

« couleur de blé », nous dirions peut-être ambré, des sourcils noirs, les cheveux blond-roux. Il n'hésitait pas à reconnaître en Jésus la ressemblance de Sa Mère.

Le voici enfin tel qu'au XIII siècle un texte apo- cryphe très en vogue le dépeignait : «de belle taille, le visage vénérable, la che- velure couleur de noisette aveline hâtive, plats pres- que jusqu'aux oreilles, puis bouclés, frisant, tournant à un noir éclatant, flot- tant sur les épaules, sépa- rés au milieu de la tête comme font les Nazaréens, le front droit, très pur, le visage sans ride ni tache, embelli d'un léger ton rouge, le nez et l'oreille impeccables, la barbe abondante et de même couleur que la chevelure, courte, séparée en deux pointes au menton, le regard simple et grave, les yeux bleus, vifs et clairs... » (I) De cette littérature procède la banale image de Fouquet.

Il est inutile après cela de transcrire le portrait tracé par Sainte Brigitte en ses Révélations. Ces documents sont dépourvus non seulement de valeur historique mais d'intérêt.

Nous voici ramenés au témoignage de la création artistique dont nous saisissons déjà la précarité. Faute de donnée objective, nous sommes livrés à la « fantaisie » — au sens grec — des voyants, lesquels nous imposent d'autorité leur vision. Puisque nul n'a vu ce Jésus lointain, il ne leur reste (I) Lettre dite de Lentulus au Sénat Romain. On trouvera une excellente mise au point

de cette question dans le Jésus-Christ du P. PRAT (Beauchesne, t. I, p. 526-532).

(18)

Sainte Face du Suaire de Turin.

(19)

qu'à l'imaginer. Quel risque! Car pour s'assurer de la vérité à quel guide recourir ?

Invoquer le réalisme scientifique et, faute de la ressemblance person- nelle, à quoi nul ne peut prétendre (I), y suppléer par la connaissance des traits ethniques et « reconstituer » de l'extérieur le type du Christ galiléen ? Il a fallu pour nous rendre sensibles à cette espérance, la candeur de l'his- toricisme du XIX siècle. Jamais, et encore moins durant les premières générations chrétiennes, si bien placées pour se souvenir, on n'avait pour- suivi cette chimère. Le sens chrétien et le sens créateur des artistes avaient dès les premiers jours opté pour la vraie réalité et écarté avec dédain le matérialisme archéologique ou le pittoresque de la « couleur locale ». On a fait de savantes études sur « l'anachronisme » de la peinture religieuse du Moyen Age et de la Renaissance. La vérité est que de tous temps l'art chrétien a pris ses libertés à l'égard des dogmes de la science. Il l'a fait d'instinct. Les modernités de Uhde, de Lhermitte ou de Béraud ne sont qu'une révolte contre la superstition illusoire qui avait un instant prévalu.

Après un moment d'hésitation, l'art a repris son assurance. Il ne court plus aux voix annonciatrices de « Pseudochrists », ainsi que dit Saint Mat- thieu : « Alors, si on vous dit : Voici le Christ! — Non, le voilà! N'en croyez rien!... » (XXIII, 24). De lui aussi il faut croire qu'il nous est intérieur et que c'est en nous qu'il demeure, inconnu.

Au plus beau sens du mot le Christ de l'Art ne peut être que le Christ de la Foi. C'est pour nous le Christ le plus réel, celui qui exténue les voiles des apparences pour laisser transparaître un rayon de la lumière intérieure.

Il est significatif que la seule description de Jésus qu'aient risquée les évangélistes est celle de la Transfiguration. « Pendant qu'Il priait, dit Saint Luc, l'aspect de son visage devint autre ». — « Son visage brilla comme le soleil », précise Saint Matthieu. Quant aux vêtements, « ils devinrent blancs comme la lumière... Si blancs qu'aucun foulon ne peut blanchir de la sorte sur la terre. » Ainsi Pierre, Jacques et Jean, les seuls témoins de sa gloire, n'en rappor- tèrent que cette image, décevante à la fois et précieuse. Car, si elle se refuse à livrer des traits, elle nous affirme que le Christ réel était autre que ce qu'en voyaient d'ordinaire les yeux. Pourquoi donc les peintres du Christ s'attar- deraient-ils à des apparences ? Pourquoi douteraient-ils d'un instinct qui leur faisait chercher dans une autre lumière le Visage sacré ?

Ici l'art chrétien trouve ses titres authentiques et sa route assurée. Que (I) Nous savons mieux quelle valeur il convient d'accorder aux assurances des mystiques voyants ou visionnaires qui nous dépeignent les traits du Christ aperçu en extase. Marguerite- Marie le voit et l'entend sous les schêmes de son éducation et de même Catherine Emmerich.

Ce qui n'infirme pas la qualité de leur saisie mystique du Christ. Quant à l'émouvante figure du Suaire de Turin, le peintre ou le sculpteur qui, sous prétexte de décalquer un document, négligerait de projeter une vision personnelle, ferait œuvre morte, sans âme, donc sans vérité.

(20)

Devant d'autel du tombeau de Saint Ladre, provenant de l'Abbaye de Saint-Denis, IV siècle. (Musée du Louvre.)

le voyant interroge donc sa vision intérieure et qu'il ne craigne pas. de l'exprimer par les truchements accoutumés dont il possède les techniques.

Primitivement, aux Catacombes, obéissant au langage de leur temps, c'est par les figures symboliques que les peintres évoquèrent le Christ, agneau, poisson, pain, puis pasteur ou Orphée, puisant dans la Bible ou la Mythologie leurs images. Cette expression s'est perpétuée jusqu'à nous, après avoir trouvé dans l'art byzantin sa splendeur et sa mort. Nous verrons ce que notre art médiéval lui dut de grandeur ou de servitude. Fortement intellectuelle, cette idéographie ignore l'émotion sentimentale ou le charme sensible des formes. Elle est par contre d'un caractère ornemental très marqué.

L'antiquité gallo-romaine ne fit preuve ici que de docilité. De même que l'art profane, l'art sacré lui vint de la Métropole de l'Empire. Ainsi retrouvons-nous en Provence, en Bourgogne et dans toutes les provinces primitivement christianisées, les mêmes figures que dans les Catacombes romaines ou sur les monuments latins.

LES SYMBOLES.

Discipline de l'arcane, imposée par un long régime de persécution, goût certain du mystère, ou simplement formes en vogue de la décoration monumentale, c'est par des symboles que primitivement les artisans chré- tiens représentaient le Christ. Tels les monogrammes fréquemment répétés sur les incriptions funéraires et les sarcophages : l'A Ω (qui désigne, d'après

(21)

au-dessus de l'autel, ou à Colombes quel accent de foi donne à un sanctuaire médiocre l'image du Christ occupant tout son mur de chevet. De même sous les grands arceaux de Notre-Dame-des-Fièvres à Halluin, la solen- nelle Croix de pierre blanche au grand Christ de bronze donne par la seule présence son âme à un édifice par ailleurs exclusivement géométrique.

Ainsi, malgré ses accents fâcheux, faut-il reconnaître le saisissement que l'on éprouve à la chapelle de l'Hôpital Edouard-Herriot à Lyon en face du Crucifix géant qui appelle tous les regards. L'audace pour n'être pas tou- jours heureuse court ici un trop beau risque. Il est temps que les architectes osent ne plus jouer avec le mystère, mais le traiter avec une franche vigueur.

Pour ériger en telle lumière, en de telles proportions l'image du Christ en Croix, on sent combien il lui est interdit d'être médiocre.

C'est sur cet effort suprême de nos ouvriers chrétiens qu'il nous faut fixer nos regards.

Jubé du XVe siècle. (Cathédrale d'Albi. )

(22)

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia

‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Références

Documents relatifs

Problème au sens de problématique scientifique et didactique, problématique scolaire, problème au sens d’énigme, problème reformulé par l’élève dans un

alin saute dans la mare de pisse et clabousse les premiers rangs un prtre grim en Pre Nol se fait insulter des crachats recouvrent le corps et les joues d'un homêmeles comdiens

Resulta clave una mirada a cada situación, a nivel local; por ejemplo, los países más avanzados en el tema, los que tienen una mayor tradición al respecto, si los gobiernos

Nous sommes maintenant invités à faire un pas de plus en ce Temps Pascal avec l’invitation : « Avec Lui, transformer le monde » Voyons ce qu’en dit la revue « Vie Liturgique »

1 - Pourquoi Antoine est-il triste au début de l’histoire ? a) Car ses parents divorcent. b) Car il vient de déménager. c) Car son amoureuse ne lui parle plus. b) Il habite dans

b) Il habite dans une cabane près d’un château.. c) Il habite dans une cabane perchée dans

1 Co 15:15 Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l'égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité Christ, tandis qu'il ne l'aurait

Des cellules qui n’ont jamais été exposées aux UV, sont prélevées chez un individu sain et chez un individu atteint de Xeroderma pigmentosum.. Ces cellules sont mises en