Ossements incisés de la période néolithique (note préliminaire)

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Ossements incisés de la période néolithique (note préliminaire)

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. Ossements incisés de la période néolithique (note préliminaire). Revue anthropologique , 1914, vol. 24, no. 4, p. 155-158

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:108602

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VrNcr-qulrntÈne,lusÉn. N"4 ^{Avnrr, r9r4.}

Revue

anthropologique

i.

POWNAE

PAR ABEL

HOT/ELACQUE

pusrÉn pAR

_LES

pÀol'EssÈ'uÀs DE L'ECoLE

D'ANTHRoPoLoGIE

DE

^PARIS

TXT RA IT

oSSEMENTS ^tttlc tsÉs DE LA pÉnIoun NÉolttHteun

(NOTE PRÉTIITINAIB[)

Par E.

PITTÀRD.

LTEIRATR-rE n Ér-rx ALcaN

108, oour.uvÀRD sÀINT-GERMAIN, PARIS

Ossements incisés de la' période néolithique

(Note préliminaire) Par Eugène PITTARD

Depuis plusieurs

années,'

j'étudie, en collaboration

avec

M.

Louis Reverdin,

les

ossements

d'animaux

de

la station

lacustie de

Treytel.

I,a palafitte de

Treytel,

au

bord du

lac de Neuchâtel,

appartient

au bel âge de la pieme polie ^1. Cette station, qui fut considérable, et probablement très peuplée,

a

été fouillée dès 1867. Malheureusement, les lecherches

n'ont

jamais été entreprises systématiquement.

Et

cela est extr'êmement regret- table, car

la partie de la station qui est

exondée

peut être

considérée comme à peu près vidée des documents archéologiques qu'elle renfermait et certains

faits,

de grande

importance

pour

ljhistqire

des Lacustres, sont ainsi complètement perdus. ,

Grâce à I'extrême amabilité de Mme Alphonse

de

Coulon,

qui

possède

la

propriété de Chauvigny sur

laquelle

se trouve

la partie

exondée de la station

dite

de

Treytel

(elle

aurait

dû êtie bapl,isée : station de Chauvigny)'

j'ai

pu entreprendre quelques fouilles et

faire

quelques observations inté- ressantes.

Jè

réserve les

résultats de

mes lecherches

pour plus

tard.

Aujourd'hui je

voudrais simplemen[ al,l,irer

I'attention sur une

observa-

tion

^que

j'ai

déjà relevée

il

y plusieurs années et

qui

me paraît de nature à intéresser tous ceux qui s'occripent d'ethnographie préhistorique.

I'

Dans

les

nombreux débris de squelettes que

j'ai

examinés,

j'ai

mis à part une.615ss2:gqande quantité d'osserhents qui portent des incisions, des coups .de silex

plus

ou moins profonds, plus ou moins nombreux ^et plus ou moins localisés en certains points de l'os.

Il ^{faut constater} en premier lieu que des incisions peuvent

se

rencontrer sur

^presque

tous les os du

squelette, aussi bien

sur les

os

longs des membres antérieurs et-postérieurs, que sur les mâchoires, sur

les

côtes,

sur ^les

^os

du tatse

ou

du

carpe. Mais ces

incisions sont

^de

l.

Art. et ùI. Borel, Nolices

sn'

les stations lacustres de Beuait, musée Neucha- telols, 1886; Ph. Rollier,

lY

Jahresbericht der Schw. Gesells.

fiir

-Urgeschichte, 19i2. Voir aussi le voiume de C.

fi.

du XIlh Congrès intern' d'Antht'op. et d'Ar- chéol, préhist., Genèr'e, {912 (paru en 19l3).

159 -II-E+UE. ANTHRÛPOLOCIOUE

natures diverses, Je réunis les os de ces diverses parties

du

squelette en séries systérnatiques

pour les

él,udier à

loisir,

les unes apr'ès

les

aul,res.

Àujourd'hui,

et pour des ;:aisons spéciales,

je voudrais

sirnplement dire quelques ^-mots cles incisinns d'une certaine nature pratiquéos sur dcs côtes d'animaux.

Cette partie du squelette est celle qui'me parait avoir é1,é

laplus

utilisée

pour le travail

énigmatique que

je

veux

indiquer ici. ^peut-ètle

est-ce à

cause des sprfaces planes

que

possèdent

les

côtes,

et qui se

prêtent mieux que d'autres parties du squelette à certains travaux?

Il

^{faut encore remarquer}

^qo" l"s

Néôlithiques de Treytel ne paraissent pas avoir

fait un

choix parmi les eSpèces animales qui se trouvaient _dans

leurs

par.ages.

Les os incisés (je parle ici.cles incisions en

général) appartiennent aussi bien.à des squelettes

de'cerf ou

d'autres

luininants qu'à

des squelettôs de calnassiers ou de castors.

Les coups de silex qui ont irnprimé

leur

trace sur les oôtes, et aussi sur les apophyses épineuses, sont.à distinguer très nettement cle ceux qui ont pu être pratiqués sur.cerfaines parties de diaphyses, oir même de côtes, pour découper, dans ces os,

la

mal,ière destinée à

fabriqupr

des objets clivers (aiguilles, harmeçons, amulettes, etc.).

I ^faut

également Ies clistinguer cleS

incisions

qui

avàient pour

but

des désarticulations, comme on en a trouvé sur les os des stations moustériennes

et

comme

j'en ai

souvent observé sur des ossements

néolithiqtes,

.Dernièrement

le pririce Poutiatinel

a publié

une

courte

note sur

cles os incisés, trouvés.dans une station lacustre

de'la

Russie,

et

il,a- repré- senté, dans

le

corps de cette note, quelques figures de ces os2. Dans ces dessins, nous retrouvons des incisions semblables à celles que nous avons

fréquemment

rêlevées

sur lês

ossements:provenant

de la station

de Treytel, mais

rien qui

rappelle les nombreux _tr.aits, plus ou moins paral-

lèles,

pratiqués

sur un

des bords,

ou

sur les cleux bords, des côtes ou

autres os plals, donl, nouà pallons ici.

Je

ne

crois pas que des os pareillement incisés

aient

été,

jusqu'à

_pré- sent, signalés dans les

stations

lacusires de 1:l Suisse;

le prince

^poutia- tine indique, dans l'ouvrage classique cle Gross3 sur les objets des stations lacustrés,

des

reproèluctions.photographiques d'instruments.

en os

sur lesquels

il

existe des incisions. Mais ees incisions

..-

_{dont Gross lui-mêmc}

ne parle pas

-- ^nlontrien

^à

^voir

avèc,celles que nous signalons.dans cette, note

préliminaile.

{.

Prince Poutiatine, Os incisés trouvés dans une station lacustre en Russie (its'agit _{du lac} Bologoie),

Bull.

8oc,1tr:éhist, cle llrance, ^t1.910.,

2. Yoir au,ssi z Con11rès pt,éhistorique de France, session de Chambéry,

3._ Yictor ^Gross, /,es Protoheluètes, Paris, 1888;. Poutiatine signale.lej figures $

et 8 de la Pl.

lII.

E. PITTARD. _

OSSE|IIENTS INCISÉS D8 LÀ-PÉRIODE NÉOLITHIOUE 157

Les

traits

de silex que les

Néolithiqtes

de

Treytel ont

pratiqués longi- tudinalement sur les os longs qu'ils avaient

àleur

disposition, revêtent des allules diverses, cotrrme s'ils corresponclen[ à des raisons différentes' _Quel- quefois ces traits sont d'une remarquable linesse, d'autres fois, ils

eirtamelt

I'os profondérnent, jusqu'à ^sa partie spongicuse. Quelquefois, les incisions sorrl clisposées, pûr&llèlcmcnt, tvcc régularité, cornmo

si l'individu

qui lcs

ayait faits s'était

appliqué

à ne

pas

faire

^dévier'sa

main;

cl'autres fois, au contraire, elles se coupent en plusieurs points'

Les os

ainsi

nrarqués peuYent

polter leurs

incisions sur

une

seule face ou

ltien

sur les deux faces.

Ils

peuvetlt n'en

plisenter

que

sul

une face eI

sur url seul

côté,

et

elles peqvent être exactement pal'allèles

aubord

cle

I'os

ou obliques

par rapport à

ce

bord'

^Les

iucisions

peuvent

avoir

été Saites

sur les ^deux

^faces

et

^sur'.les

^deux

^côtés, ou',bien encore

sur

les cleux.faces, mais sur

un

seul côté. J:ai sous les

yeux un fragnent

de côte

Fig. 1. - ^Ossements néolibhiques incisés proveneht ale la station ile'Trcytcl (lac de Neuchilel) -(43 ^{grencl. nat.)'}

dont l'une des faces

polte

iles incisions légèr'es, et parallèles, sut'Ies deux

côtés;tandisque l'autle

face est parcourue,

sul

les deux côtés,

par

cles

incisions profondes et qui se coupent.

Je figure

ici, aux

deux

tiers

(ûg.

4), deux

spécirnens de ces os]incisés,

'158 _".

nuvuc ANrnnopoloclouo

l'un

sut

un

seul des côtés

plats, l'autre sur

les

deux

côtés.

L'autre faie du premier de

ces os

ne porte

aucune

entaille,

tandis que

Ia

face du second en possède presque autant que

la

face photographiée.

En

outre, celte dernière face présente _des entailles tranversales que

j'attribuelais

plutôt à des chocs blusques qU'à des incisions.

Ily a,une très

grande différence entre ced deux procédés.

pour

_pra-

l,iquer les incisions,

il

a

fatlu tenil

en main

un

instrument _aiguisé qu'on

a

^passé, en appuyant fortement, sur la matière osseuse.

Il

n,y a jamais _eu un coup violent porté sur I'os.

Pour'I'explicaiion qui pourra être donnée de ces incisions,

il

est néces-

saire d'insister,

comme

nous I'avons fait

ci-dessus,

sur leur

variété tl'expression et sur Ies places diverses qu'elles occupent,

Une telle variation.dans le procédé semble

éliminer

d'emblée I'iclée que les Néolithiques de Treytel, en incisant ainsi les os des animaux, désiraiànt obtenir

un

résultat toujours

le

même. Mais quels résultats désiraient-ils obtenir? Les ent,ailles portées par les diaphyses, apophys<is

et

phalanges découvertes dans les stations paléolithiques _du moustérien _évolué

ont

eté I'objet de nombreuses suppdsitions.

II

est probable que diverses suppo- sitions seront exprimées pour les ossements incisés néolithiques

porlint

des rnarques

de silex

semblables à celles

que nous

indiquons.

Il

^faut

ajouter

que

le travail de

ces préhistoriques

a

été

pratiqué sur

des os privés, probablement depuis longtemps, de

la chair qui

les recouvrait.

.

_{Encore une fois}

_je

_{ne donne}

_ici

_{que des} indiçations

préliminailes

con:

cernant

un

seul

fait,

observé

parmi

beaucoup d'autres. Je

reviendrai

en détail sur, toutes les questions que peuvent soulever la présence des traits

- ^je

pa.lè maintenant de tous les traits -_ inoisés sur les diverses parties des squelettes d'animaux rencontrés dans

les

stations lacustres, notam-

ment

dans

la

station

néolithique

de

Treytel;

comme

je reviendrai

éga_

lement sur I'utilisation

des dents d'animaux

et de

certaines parties

âu

squelette, pour

la

confection d'instruments

qui

ne

rentlent

pas dans les catégories d'outillages actuellement _décrites.