ÉVALUATION QUANTITATIVE, A L’AIDE DE SA
TENEUR EN ACIDES NUCLÉIQUES, DE LA POPULATION
MICROBIENNE DU TUBE DIGESTIF DES RUMINANTS
I. — MÉTHODE ET APPLICATION AUX CONTENUS DE RUMEN
DE BOVINS RECEVANT DIFFÉRENTS RÉGIMES
B. GAUSSERES, G. FAUCONNEAU
Éliane PKNOT Madeleine FORIGNOX.
Laboratoire d’Étude des Métabolismes
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Jasas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Nous avons cherché une méthode
d’analyse
des acidesnucléiques
pouvants’appliquer
à lafois aux aliments, aux
microorganismes
et aux contenus du tubedigestif
des ruminants. Cette méthodequi
permet de déterminer, dans les contenusdigestifs,
la part d’azoteprotéique
revenantaux
microorganismes
a été utilisée d’unefaçon systématique
pour étudier des contenus de rumenprovenant d’animaux soumis à différents
régimes.
INTRODUCTION
Il est maintenant bien établi que la ration est
profondément remaniée,
tant dupoint
de vuechimique
quephysique,
durant sonséjour
dans le rumen. Unepart importante
des matières azotéesingérées
y est transformée en chaînescarbonées,
ammoniac etprotéines
microbiennes. Pour suivre laproduction
et l’évolution deces différentes
fractions,
il fautdisposer
de méthodes dedosage spécifiques.
L’évaluation
de laquantité
demicroorganismes présents
dans le rumen a retenul’attention de très nombreux auteurs. On
peut
classer les méthodespréconisées
endeux
grands
groupes:- des méthodes d’estimation
directe,
lesplus
courantes, utilisant lecomptage
sous
microscope (B AKER
etH ARRISS ,
1947 ; GALL etal.,
1949; Me NAUGHT et al.i95o ! Morx et
S OMERS ,
1957, ou lacentrifugation
différentielle(H E A LD ,
ig5r ; §FAUCONNEAU et
G AUSSERES , 10 6 1 ).
Ces méthodes ont l’inconvénient de ne pas tenircompte
desmicroorganismes
fixés sur, oudans,
lesparticules
alimentaires(bactéries cellulolytiques
enparticulier)
et denégliger parfois
aussi certainsprotozoaires
trèssensibles aux traitements
auxquels
sont soumis les échantillons.- des méthodes d’estimation indirecte. L’une de ces
méthodes, proposée
par Me DOXALD(ig 54 ),
utilise lapropriété
desprotéines
demicroorganismes
d’être richesen
lysine ( 7
à 9 p.100 ) comparées
auxprotéines
de certains aliments tels que les céréales( 3
p. 100environ).
Cettetechnique
n’est malheureusementpossible
que si l’on utilise des rations artificielles très différentes des rationsclassiques. W!t,r,>~R,
GRAY et PWGmM( 195 8)
dosent l’acide 0(-<;diaminopimélique,
acide aminéspéci- fique
desenveloppes
bactériennes.Or,
l’acide 0(-<;diaminopimélique
n’entre fina- lement que pour moins de i p. 100 dans laprotéine
bactérienne cequi
en rend ledosage
difficile etimprécis ;
deplus
il est absent dans lesprotozoaires.
Comme les bactéries et les
protozoaires
sontparticulièrement
riches en acidesnucléiques,
parcomparaison
aux aliments habituels duruminant,
nous avonspensé
que l’on
pourrait
utiliser cettecaractéristique
pour évaluer laquantité
de microor-ganismes présents
dans les contenusdigestifs.
MATÉRIEL EXPÉRIMENTAI,
ETMÉTHODES
Les aliments frais sont fixés dans l’éthanol à g5°
(― 2 o°C)
et conservés en chambre froide à -I5 °C jusqu’au
moment où ils sont soumis àl’analyse.
Les aliments secs sont généralementtraités
rapidement après l’échantillonnage
et lebroyage,
cequi
nejustifie
pas deprécautions parti-
culières pour la conservation.
Les échantillons de contenus de rumen sont obtenus de la même façon, que les animaux soient munis de fistules ou abattus :
après vidange
du rumen ethomogénéisation
à la main, uneportion représentative
du contenu est fixée immédiatement dans environ quatre fois son volume d’éthanol à 95° (― 2ooC) et conservée en chambre froide à - I5°C.Les bactéries et
protozoaires
sont extraits par fermentation, sédimentation etcentrifugation
fractionnée selon une méthode mise au
point
au laboratoire etprécédemment
décrite(G.
FAUCON-NEAU et B. GAUSSERES ,I 96I). Les
microorganismes
séchés parlyophilisatiou
sont conservés à -!- 2°c’ Les régimes alimentaires utilisés étant assez nombreux et différents, nous donnerons leurscaractéristiques
dans le paragraphe consacré aux résultats (tabl. 4et 7). l,es mesures de digestibi-lité sur moutons et les analyses
correspondantes
ont été effectuées par la Station de Recherchessur
l’I;levage
des Ruminants. En effet, tous les animauxappartenaient
à cette Station et étaientutilisés
parallèlement
à d’autres finsexpérimentales.
. 9
rzalyses
chimiques
L’azote a été déterminé par la méthode de
Kjeldahl.
Nons avons cherché une méthode
d’analyse
des acidesnucléiques
pouvants’appliquer
à la foisaux aliments, aux
microorganismes
et aux contenus de rumen. Dans unpremier
temps, on élimine lescomposés
solubles(schéma
I) successivement dans l’éthanol, l’acidetrichloracétique (A.T.C.)
et le méthanol chloroforme ;
puis
par une doublehydrolyse (schéma
11) onsépare
les constituants de l’ARN(hydrolyse sodique)
de ceux de l’AD’:!(hydrolyse perchlorique).
Cette double
hydrolyse
dans des conditions un peu différentes avait déjà été utilisée par SCHMIDT et TiIAN--!,IIAUSER(1945).
L’ensemble des traitements résumés dans le schéma 1 s’effectuent a une
tempéreture
voisinede o°C.
Le
produit
brut(aliments
ou contenus de rumendéjà
conservés dansl’éthanol),
ou finementbroyé
(aliments secs).est soumis à trois extractions successives, chacune par quatre àcinq
fois sonvolume d’éthanol à 80 p. 100 (v/v), par passage au broyeur Turmix (trois périodes d’une minute pour
chaque
extraction). On filtre sur Büchner et on traite le résidu immédiatement par l’acidetrichloracétique
la p. 100(v/v) qui
élimine enparticulier
les estersphosphoriques
libres. Onopère
pour cette extraction en milieu acide comme pour l’extraction
alcoolique, excepté qu’après chaque
passage dans le
broyeur
oncentrifuge
yminutes à 25oo g(centrifugeuse Jouan
G 57Rrefroidie).
On recueille le surnageant sur filtre
plissé
Durieu (n° 4B). Pour éviter unehydrolyse prématurée
des acides
nucléiques,
on neutralise immédiatement le culot par une solution de méthanol-acétate de sodium àpH
7(68 0
g d’acétate de sodium RP pour1
1 de méthanol pur ;quelques
gouttes d’ammo-niaque
permettant d’amener le pH à 7). Onhomogénéise
le culot pendant 3o secondes dans unbroyeur
Turmix avec
cinq
fois environ son volume de méthanol-acétate. Oncentrifuge
puis on décante.On
dégraisse
alors le culot par io volumes d’unmélange
méthanol-chloroforme(r v/2
v)ajusté
à
pH 7
à l’aide dequelques
gouttesd’ammoniaque.
I mise ensuspension
s’effectue commeprécé-
demment. On
agite pendant
une heure, oncentrifuge
et on décante, on remet ensuspension
et onagite pendant
r5 heures. On remet alors le culot ensuspension (broyeur
Turmix) dans l’alcool absolu,on filtre sur Büchner et on lave
quelques
minutes à l’alcool absolupuis
à l’éther(Biti.nUT 6!°B).
Le résidu de cette série d’extractions, séché et
broyé
aubroyeur
à billesDangoumau
est conservéà -!- 4°C. Il contient essentiellement les acides
nucléiques
et lesprotéines.
Dosage
de l’!.lR-1L’hydrolyse sodi<lue
transforme l’!1RB en munonucléotides acido-solubles. L’ADNplus
stablereste
polymérisé
et estprécipité
par l’acidetrichloracétique
froid. On agite 2g environ de résidu de l’extractionprécédente
(dans le cas où l’on traite un contenu de rumen) dans 5o ml de soude o,! N au bain-marie à37 °C pendant
20heures. On neutralise par l’acidechlorhydrique.
On refroidit aux envi-rons de o°C et on
précipite
1’-XDX par l’acidetrichloracétique
ii 40p. ioo (v/v)ajouté
enquantités
suffi-santes pour atteindre une concentration finale de io p. 100. On laisse en contact à o°-2°C
pendant
30minutes
puis
oncentrifuge
15 minutes à 2900T/Ill(centrifugeuse
3ISÈrefroidie).
On filtre surfiltre
plissé
Durieu (n° 1B). On lave le culot deux fois par l’acidetrichloracétique
la p. ioo froid en remettant ensuspension
et encentrifugeant.
()n lave le culot par l’acideperchlorique
0,5 N à o°C pour entraîner le T.C.I1. Oncentrifuge.
Des trois surnageantsprécédents, mélangés,
on extrait l’acide par de l’éther froid (-- 20°C)jusqu’à
obtention d’unpH
voisin de 3. On filtre sur filtreplissé
Durieu.On mesure
l’absorption
d’une dilutionadéquate
auspectrophotometre Jobin
et Yvon à z6o-z65-z9o-310 iii!L dans des cuves en quartz de i cm
d’épaissur.
La densitéoptique pondérée
à 260 mp permet de calculer la quantité de solution à passer sur une colonne d’un type donné. Nous utilisons des colonnescylindriques
se terminant par unepartie conique
immédiatement avant le robinet. Leur hauteur utile est de 2;-3o cm et leur diamètre intérieur 16 mm (volume utile 50-55 ml). Une tellecolonne permet de fractionner une
quantité
de substancescorrespondant
à environ 2 ooo de densitéoptique pondérée,
à 260 niy, avec une résine Duwex i x 8,200-400mesch sous forme formiate de sodium. L’élution se fait par deuxsystèmes
degradients exponentiels
donnés par le tableau ci- dessous :Les éluats sont recueillis par fractions de la ml et le
développement
des nucléotides est suivi parspectrophotométrie
dans l’ultraviolet. Les coefficients d’extinction molaireadoptés
sont les suivants :Dosage
de l’AD B’Le culot
après hydrolyse
de l’ARN esthydrolysé
au bain-marie bouillantpendant
75 minutesavec 50 ml d’acide
perchlorique
o,5 N. Seules les basespuriques (adénine
etguanine)
sont libérées.L’ADN sera évalué par cette somme adénine +
guanine. L’hydrolyse
estbloquée
à froid. On centri-fuge
la minutes à 3ooo g(centrifugeuse
MSErefroidie)
et on lave deux fois le culot avec environ 30ml d’acideperchlorique
0,5 N. Les surnageants sont rassemblés dans une fiolejaugée
et onajuste
leur volume.
Le fractionnement des bases se fait sur résine échangeur de cations Amberlite IR 120 sous forme H
+
. Les colonnes
cylindriques
sont de hauteur utile 30 cm ; diamètre intérieur 9à 10 mm(volume
utile z5
ml).
L’élution se fait par ungradient
linéaire d’acidechlorhydrique ( 0 , 75
N - 6N).
L’éluatest recueilli par fractions de la ml. On mesure
l’absorption
des éluats en lumière ultraviolette à250 - 2 6o-275- 290 -
320
mu.. Les coefficients d’extinction moléculairesadoptés
sont m,o5 à 250 mu.pour la
guanine
dansHCl z, 5
N et r i,7 à 260 inu pour l’adénine dansHC1 3 , 7
N.RÉSULTATS
L’ensemble
de nos résultats sontexprimés
en micromoles de base par gramme de résidu secdégraissé (résultat
des extractions du schémaI).
Les basespuriques
sontseules
analysées
dans l’ADN. Dans certains cas le nombre de micromoles ainsi ex-primé
a été ramené à la teneur en azote de ce même résidu.Le tableau i fait état de l’influence de la durée de
l’hydrolyse perchlorique
surla libération des bases
puriques.
Les deux valeurs ARN mentionnées viennent du fait que les échantillons ont été traités en double. Nous avons finalementadopté
un
temps d’hydrolyse
de i h 15,temps
au-delàduquel
laquantité
de substances interférant au moment de la lecture en lumière ultravioletteaugmente,
diminuant laprécision.
Ce même tableau montre l’influence duséchage,
au four à circulation d’air à70 0 C,
sur larécupération
ultérieure des acidesnucléiques.
Dans tous les casle
séchage
provoque une diminution de l’ARN due sans doute à l’action des ribonu- cléasesqui présentent
une résistanceremarquable
à la chaleur(D.!mDSOrr, ig6o)
et continuent donc à
agir
au cours duséchage.
Sur l’un des échantillons de contenu de rumen on constateégalement
une diminution de l’ADN( 50
p.100 ) après
dessic-cation. Il est
probable qu’il
seproduit
une sédimentation dans leplateau
deséchage.
Les
particules
lesplus
fines(noyaux
libresnotamment)
collent au fond et il est diffi-cile de
récupérer quantitativement
l’échantillon sec. L’ensemble de ces résultatsnous a conduit à éviter la dessiccation et à choisir l’éthanol froid comme
agent
de fixation.Le tableau 2 rassemble
quelques
résultats de teneurs en acidesnucléiques
dequelques aliments,
de bactéries et deprotozoaires.
On constate les différencesimpor-
tantes
puisqu’on
a pour les aliments des valeurs de l’ordre de 7,5à 10(exprimées
enmicromoles de bases par g de résidu ramenées à la teneur en azote de ce même
résidu)
pour les aliments
frais,
r,5 pour les aliments concentrés à base decéréales,
2à 3pour lesensilages ;
alors que pour les bactéries etprotozoaires
les valeurs se situent entre20 et 30. Les bactéries semblent
plus
riches en ADN que lesprotozoaires
avec2 8,5
de moyenne contre 23,5 de moyenne. Il semble
également qu’il
y ait delégères
diffé-rences entre
régimes,
mais nosanalyses
ne sont pas assez nombreuses pour que ces différencespuissent
êtreprises
en considération.Si l’on compare les résultats du tableau 2à ceux du tableau 3, on remarque leur
grande
variabilité pour les contenus de rumen avec différentsrégimes,
contrairement à ce que l’on a survégétaux
etmicroorganismes.
Deux éléments semblentimportants
dans le déterminisme du
développement
desmicroorganismes :
la teneur en azotedu
fourrage
et lepourcentage
de concentré dans la ration. Eneffet, le Ray-grass
fraiset le foin de Luzerne ont des
rapports (A
+G)/N
assez voisins(respectivement z6, 5 - 1
8,6
et 15,7 enmoyenne)
alorsqu’un
aliment riche en aliment concentré( 35
p.100 )
a un
rapport
de 12,5. D’autrepart,
lesquatre
alimentsbroyés agglomérés qui pré-
sentent des taux azotés et des
pourcentages
d’aliment concentrévariables,
montrentune chute du
rapport (A
-!-G)IN quand
la teneur en azote diminue(sauf
si l’oncompare les deux
régimes
à 35 p. 100 d’alimentconcentré)
etquand
laproportion
d’aliment concentréaugmente.
Lacinétique
effectuéeaprès
un repas de ray-grass frais ne donne pas de variations trèssignificatives.
Il semble toutefoisqu’il
y ait unelégère
diminutionaprès
le repas, due sans doute à un effet dedilution,
suivie d’unelégère augmentation.
On retrouve le mêmephénomène
pour les teneurs en azoteprotéique
du contenu. Lescaractéristiques
des aliments etrégimes
distribués corres-pondant
auxanalyses
du tableau 3sont rassemblés dans le tableau 4.A la suite de ces
premiers résultats,
nous avonsessayé
desuivre,
par la mêmeméthode,
les variations des taux demicroorganismes
dans des contenus de rumende vaches fistulées recevant : pour
l’une, uniquement
de la Luzerne fraîchependant
trois
cycles
devégétation ;
pourl’autre, uniquement
de laFétuque
fraîchependant
le
premier cycle
devégétation.
Avec la Luzerne(tabl. 5 )
on a des moyennes durapport (A
-!--G)/N,
dey ,8
au début dupremier cycle,
r2,3 à la fin dupremier cycle,
y ,
2 au deuxième
cycle
et 14,3 au troisièmecycle.
Pour laFétuque (tabl. 6),
lesvaleurs des
rapports
sont très faibles oscillant entre 4,et g,i.
Le tableau 7donne ladigestibilité
et lacomposition chimique
de la Luzerne et de laFétuque
aux datescorrespondant
auxprélèvements.
DISCUSSION
Le tableau i fait état des teneurs en ARN de certains
échantillons ;
teneurs quenous n’avons
plus
mentionnées par la suite. Nous avons montré eneffet,
l’influence des traitements des échantillons sur leurs teneurs en ARN.Or,
pour les foins en par-titulier,
il est difficile de savoir exactement àquel
moment ont eu lieu lespertes
et si elles ont étéhomogènes
pour le lot utilisé. D’autrepart,
les teneurs en ARN sontsusceptibles
d’assezgrandes
variations en fonction de l’étatmétabolique
des cellules.Pour l’ensemble de ces
raisons,
nous avons décidé de ne retenir que l’ADN commeélément de référence.
Les
rapports Adénine/Guanine
constatés dans nosanalyses
varient entre 1,24 et 1,52 pour les bactéries. Ces chiffres sontcomparables
à ceux cités par DamDSOr( 19 6 0
)
pour des cellules vivantes de diversesorigines (sperme
de Bovins 1,29 ; germe de blé i,2o ; levure1 ,6 7 ).
Par contre, pour lesprotozoaires,
cerapport
atteint des valeurs très élevées situées entre 2,i3 et 3,5.Nous avons
signalé
dans les résultats la constance des valeurs(A
-!-G)/N
dansles
végétaux frais ;
dumoins, semble-t-il,
pour ceux(Graminées
ouLégumineuses) qui
sont cultivés commefourrages.
Il estpossible
que dans certains cas, desvégétaux
à structure
particulière puissent présenter
unrapport
très différent. Nous avons eneffet trouvé pour des
plantes
adventices d’uneluzernière,
une valeur durapport (A -!- G)/N
de 3,2. Il faut toutefoissignaler
que nous avonstrié,
avantanalyse,
les
espèces
constitutives de laprairie,
lesplantes
adventices nonfourragères
et lesdébris divers
(plantes parasitées
enparticulier).
L’ensemble desplantes
adventiceset débris sont classés en « débris » que nous
analysons séparément.
Il est donc pos- sible que cette faible valeur de 3,2 soitpartiellement
due à laprésence
de débrisparasités.
Y. N!K.!o et K. OGATA( 19 6 2 - 19 63)
ont en effet montréqu’un
certainnombre de
champignons
et demicroorganismes possèdent
des enzymescapables
d’hydrolyser
les acidesnucléiques.
Si l’on se
reporte
au tableau i, on constate que si l’onexprime
l’ADN par le double de la somme adénine -f-guanine (DAVIDSON 19 6 0 )
lerapport ARN/ADN présente
pour les bactéries et lesprotozoaires
Les valeurs moyennes suivantes :avec un
régime
de foinplus
alimentconcentré, respectivement
1,9 et 2,0 et avecun
régime
deChoux, respectivement 2 ,6
et 2,5. Cet écart entre lesdeux régimes peut
être dû à la
présence
depopulations
différentes ou a une différence dans l’état méta-bolique
despopulations
en cause. En effet VENDRELY( 194 6)
a trouvé pour différentessouches d’Escherichia coli des valeurs du
rapport ARN/ADN
allant de1 , 9 8
à2 ,6 7
et BOIVIN
( 1947 )
a constaté pour une culture de ColibacilleS,
desrapports
de 2,5après
5 heures de culture et 2,oaprès
20heures de culture. Il estprobable
que dans le casqui
nouspréoccupe,
leschangements
depopulation
soientresponsables
de cesvariations ;
d’autant que lesmicroorganismes
que nous avonsanalysés
ont été extraits à destemps
variablesaprès
le repas etmélangés
ensuite.Sur les résidus dont nous avons extrait un certain nombre de
produits
solubles(schéma I)
nous avons déterminé une teneur en azotequi
est essentiellement de l’azoteprotéique.
Si l’on admet une valeur moyenne de 25,7 durapport (A -!- G)/N
pour l’ensemble des bactéries etprotozoaires,
onpeut
calculer lepourcentage
d’azoteprotéique provenant
desmicroorganismes,
connaissant les valeursrespectives
dece même
rapport
pour l’aliment et le contenu de rumencorrespondant.
C’est ce quenous avons
essayé
de faire pour l’ensemble desrégimes
que nous avonsexpérimentés (tabl. 8).
Nous trouvons ainsi pour laplupart
desrégimes
que lespourcentages
moyens d’azote
protéique
sous forme d’azote desmicroorganismes,
varient de 52p. 100
(Ray-grass frais)
à2 6- 33
p. 100(troisième cycle
devégétation
de Luzerne et foinplus
aliment concentrérespectivement). Cependant,
une valeur estparticulièrement
faible
(ig
p.100 )
au milieu dupremier cycle
devégétation
de la Luzerne et d’autresne sont pas calculables avec le
régime
deFétuque.
Dans ce dernier cas, les valeurs durapport (A ! G)/N
sontégales
oulégèrement
inférieures à celles que l’on a dans les aliments frais. Sur leplan analytique,
cephénomène pourrait
être relié à unedépo- lymérisation
de l’ADNqui
ne seraitplus
dosable par la méthode utilisée. Sur leplan nutritionnel,
il est diflicile de dire exactementpourquoi
cephénomène, qui pourrait
avoir une certaine
importance
avec les autresrégimes,
estparticulièrement
accuséavec le
régime Fétuque.
Une observationmicroscopique
effectuée par N. VODOVARsur les contenus de rumen d’une vache recevant du foin de Luzerne, ont montré
qu’a- près
éclatement des cellulesvégétales,
les noyaux sont libérés dans laphase
aqueuse et «physiquement » dégradés.
Il reste àsavoir,
d’unepart quels
sont les facteurs de cettedégradation
et d’autrepart
siparallèlement
à cette évolutionmorphologique,
il y a une évolution
chimique (dépolymérisation plus
ou moinsimportante).
Les tra-vaux de Y. NAKAO et K. OGATA
( I9 6 2 -iQ6 3 ) déjà cités,
lesuggèrent.
Nous pensons donc essayer de mieuxanalyser
cephénomène
in vitro et utiliser une autre méthodechimique qui
nouspermettrait
de doser l’ !Dl! mêmeaprès
sadépolymérisation (thymine) .
Si nous considérons les résultats de l’étude
cinétique
effectuée avec lerégime
de
Ray-grass frais,
nous remarquons l’effet de dilutionproduit
parl’ingestion
durepas ;
phénomène
que nous avonssignalé plus
haut.L’apport
du repas dans le rumenprovoque une diminution
passive
dupourcentage
d’azoteprotéique
se trouvantsous forme de
microorganismes.
Il semble que,parallèlement,
cetapport
alimentaire provoque unemultiplication importante
de la florepuisque
entre 5 h et 9 haprès
le repas, 7o p. 100 environ des
protéines
sont desprotéines
microbiennes. Il est cu-rieux de constater que par la suite le
pourcentage
diminue pour atteindre une valeur moyenne assez constante. Onpeut
penserqu’après
laphase
demultiplication active,
il se
produit
uneautolyse
assezimportante.
Ceciexpliquerait
les remontées des taux d’ammoniac que l’on constate souvent entre 8 h et i3 haprès
le repas. Des repas suffisammentrapprochés (sans
l’êtretrop)
accéléreraient le transit des corps micro- biens au cours de lapériode
demultiplication
et avantl’autolyse.
Cephénomène expliquerait
enpartie
que certaines rations soientplus efficientes,
distribuées en unplus grand
nombre de repas. Laplupart
desprélèvements
de contenus de rumenayant
été effectués 3 haprès
le repas, il estpossible
que ce soit une des raisons pourlesquelles
nous avons, pour de nombreuxrégimes,
desproportions
assez faibles. Enplaçant
ces valeurs dans le cadre decinétiques comparables
à celles effectuées avecle
régime
deRay-grass,
on trouvait des taux de conversion d’azote alimentaire en azote microbienmajorés
d’au moins 5o p. 100.Les valeurs citées dans le tableau 7 sont à
rapprocher
de celles de l!Tc Do!a!,n( 195 6- 1957
) qui
évaluait à go p. 100pour la caséine et à 40 p. 100pour la zéine lapart
transformée au niveau du rumen, et de ceux deWELLER,
GRAY et PILGRIM(
195
8) qui
estiment que 61 p. 100 à 82 p. 100 de l’azotevégétal
est transforméen azote microbien.
(Dans
leurexpérience
les animaux recevaient dufoin.)
Il faut noter que nos chiffres ne constituent que des minima
compte
tenu des réserves concernant larécupération
de l’ADN. D’autrepart,
notre méthode d’échan-tillonnage
dans le rumen fait que nousprélevons
en mêmetemps
desparticules
ali-mentaires
ingérées depuis
peu, desparticules indigestibles provenant
des repasprécédents
et desparticules
en voie dedigestion.
Onpeut
penser que la fractionquit-
tant le rumen contient une
proportion
demicroorganismes beaucoup plus
élevée.Cette détermination ne
peut
se faire que sur le contenu sortant du rumen ou éventuelle- ment de la caillette. Eneffet,
laprésence
d’une certainequantité
demicroorganismes
dans le rumen ne
permet
pas d’estimer leur transit ultérieur. Il faut connaître la«
production
» demicroorganismes
et «l’exportation
» de cetteproduction (si
l’on veutdéterminer avec
précision
laquantité
d’azote alimentaire transformé en azote mi-crobien)
et sousquelle
forme cesmicroorganismes
sont utilisés par l’animal.Reçu
pourpublication
en octobre19 6 4 .
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier R.
J ARRIGE
et ses collaborateurs de la Station de Recherches surl’Élevage
des Ruminants,qui
nous ontpermis
de mener à bien cette étude.SUMMARY
QUANTITATIVE EVALUATION OF THE MICROBIAL POPULATION OF THE DIGESTIVE TRACT OF RUMINANTS BY THEIR CONTENT OF NUCLEIC ACIDS
A method is described
by
which the nucleic acid content can be determined in the foods,diges-
tive contents and
digestive microorganisms
of ruminants. Since themicroorganisms
and the normalfoods of the ruminant have very different contents of
deoxyribose
nucleic acid this enables us to evaluate theproportion
ofprotein nitrogen
in thedigestive
contents ascribable to themicroorganisms
Principes of the
method : thesamples,
fresh or dried, aresubjected
to three extractions : a) extraction with 80 p. 100ethanol(v/v
at o°C.)b)
extraction with 10p. 100trichloroacetic acid(v/v) c)
extraction with a methanol-chloroform mixture( l v/ 2 v).
The residue from these three extractions is
hydrolysed
with 0.5 N oda at 37°C which dissolves the RNA in the form of monoribonucleotides. The DNA,precipitated by
10p. 100trichloroacetic acid(v/v)
ishydrolysed by o.!!1 perchloric
acid at 8ooC. Thepurine
bases areseparated
chromato-graphically by
an amberlite IR 120column(elution
withhydrochloric acid).
The DNA is thus esti- matedby
the sum of adenine !-guanine (A
!,--G).
Results.
I
. The use of this method on foodstuffs and the contents do the rumen of animals
subjected
todifferent diets and then
slaughtered
has shown that the ratio(A
+G)/N (N being
thenitrogen
con-tent of the residue of the three extractions a, b and
c)
varies between 1.5(concentrates)
and 10(fresh lucerne)
for the foodstuffs; between 12(diet
of concentrates) and 20(diet
of freshryegrass)
for therumen contents ; and is of the order of 26 for the
microorganisms.
2
.
Using
the same method we followed the evolution of the rumen contents of two cows fitted with fistulas, the onereceiving only
fresh fescueduring
the firstgrowth cycle
and the otherreceiving
fresh lucerne
during
threegrowth cycles.
With the lucerne the mean values of the ratio(A
!-G)/iN
were : 17.8 at the
beginning
of the firstcycle,
12.3at the end of the firstcycle,
17.2in the second and Iq in the third
cycle.
For the fescue, the values varied very little, between 5.5 and 9.1.3
. The results are discussed,
particularly
in relation to the low ratios found with the diets of fescue and of erne. Theplucercentage
ofprotein
nitrogen found in the form ofmicroorganisms
wascalculated for the different diets. These values, which are minimum values, vary between 68 p. 100
(fresh ryegrass) and 30 p. ioo
(fresh
lucerne) at the end of the firstcycle.
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