ALIMENTATION DES VACHES LAITIÈRES
AVEC DES RATIONS A PROPORTION VARIABLE D’ALIMENTS CONCENTRÉS : PRODUCTION
ET COMPOSITION DU LAIT,
ET DIGESTION DANS LE RUMEN
B. RÉMOND
Jeanne FLÉCHET, A. OLLIER Louise TOULLEC Station de Recherches sur
l’Élevage
des RuminantsCentre de Recherches de Clermont-Ferrand, I. N. R. A., ., Saint Genès Champanelle
63110 Beaumont
RÉSUMÉ
Dix vaches normales et deux vaches porteuses d’une large fistule du rumen, toutes en lacta- tion, ont reçu au cours de 5 ou 6 périodes expérimentales successives des régimes distribués en
quantités fixées dont la proportion d’aliment concentré est passée de 50ou 40 p. 100à 90p. 100, par augmentation de io p. 100 à chaque période. Après la dernière période expérimentale, les
animaux ont été ramenés en 2 jours à un régime comportant 50 p. 100 de foin dans la ration
(période post-expérimentale).
Les animaux ont toujours ingéré presque toute la ration qui leur était offerte dans les 2heures
qui suivaient la distribution des aliments (tabl. 2et 4). La quantité de lait à 4 p. 100de matières grasses produite a diminué légèrement plus rapidement que l’équivalent en lait de l’apport d’énergie nette (o,q8 kg contre o,4fkg par semaine, fig. i). Le taux butyreux a diminué de façon
linéaire (de 1,5 g p. i ooo par période), mais il est redevenu presque normal au cours de la 2esemaine de la période post-expérimentale. Le poids vif a suivi une évolution semblable à celle du taux butyreux. Le bilan énergétique des animaux a toujours été positif, de 1,1UF en moyenne
au cours des différentes périodes expérimentales et la teneur du plasma en acides gras libres a été plutôt faible (tabl. 3). La proportion de l’acide acétique dans le mélange des acides gras volatils
a diminué quand la proportion de l’aliment concentré dans la ration a augmenté, et celle de l’acide
propionique a augmenté, mais ces modifications ont été relativement limitées (tabl. 6).
D’une façon générale, les modifications de la digestion dans le rumen et de la production et
de la composition du lait ont été beaucoup plus faibles que celles observées au cours des 2 essais
précédents (RÉMONDet JOVRNFT, 1971 et 1972).
INTRODUCTION
Dans deux essais
précédents (RÉ MOND
etJ OURN ET,
1971 etI g7 2 ),
l’alimentation de vaches laitières avec du foin et un aliment concentré tous deux distribués à volonté avaitprovoqué
une diminutionrapide
de laquantité
de laitproduite
et du tauxbuty-
reux du
lait,
et unengraissement important
desanimaux ;
il en était résulté unefaible efficacité de
l’énergie
pour laproduction
laitière. Nous nous sommes demandés si ces modifications étaient dues aupourcentage
élevé de l’aliment concentré dans la ration(environ 8 5
p.ioo)
ou au fait que les vaches recevaient cet aliment à volonté et eningéraient
desquantités
élevées.L’efficacité d’utilisation des aliments pour la
production
de lait estgénéralement exprimée
par lerapport
de laquantité d’énergie ingérée (totale
ouct--ponible
pour laproduction)
à laquantité
de lait de référenceproduite,
ou par lerapport
inverse.Dans le
système
del’énergie digestible (BLOOM et al.,
1955 ; ELUOTT et I,oosr,I,1959)
ou métabolisable
(C OPPOCK et at., I g6q),
la distribution enquantité
limitée de rationsà
proportion
croissante d’aliment concentré a entraîné uneaugmentation
de l’effi-cacité d’utilisation de
l’énergie
sauf dans un essai réalisé parS WANSON ,
HINTONet MILES
( 19 6 7 ) pendant
toute une lactation. Aucontraire,
la distribution à volonté d’aliment concentré(comparée
à une distribution selon desrecommandations)
oude rations
broyées
etagglomérées
danslesquelles
laproportion
d’aliment concentréaugmentait,
aprovoqué
une diminution de l’efficacité de l’utilisation del’énergie
pour la
production
de lait(P UTNAM
et LoosLI, 1959 ;RoNNING, 19 6 0 ;
BROwN etal., 1962 ;
BISHOPZtG Ct., 19 6 3 ;
!TG!N etal., 19 65 ; Oi,soN,
HINNERS etBE R NETT, 1966) ; cependant, B ELL ,
HORTON et STAI,I,cuP( 19 6 3 )
n’ont pas observé de différence. Dans lesystème
del’énergie
nette, l’efficacité de l’utilisation del’énergie
de la ration pour laproduction
laitièren’a,
engénéral,
pas varié avec laproportion
d’aliment concentréquand
lesquantités
de ration ou d’aliment concentré étaient distribuées enquantité
limitée(MA R T IN ,
STODDARD etA LLEN ,
1954 ; BLOOM etal.,
Ig55 ; EujOTT etLoosu,
IgSg ; HiNDERS etO W E N , 19 6 3 ;
z!RIàMST!I etG Lt., 19 65) ; cependant !’TORRIS,
GAINERet DAVIS
( 195 8)
ont observé une diminution d’efficacité. Aucontraire, quand
la rationou l’aliment concentré étaient offerts à
volonté,
l’efficacité d’utilisation del’énergie
nette a diminué
(R ONNING , I g6o ;
HOOVEN et PI,owMAN,1963).
1 /
effet sur le taux
butyreux
du niveau de distribution derégimes
decomposition
déterminée a été peu étudié. NoRD!!r,DT et RUUDVERE( 19 6 3 )
n’ont pas observé de modification du tauxbutyreux quand
ils distribuaient à 3 niveaux( 0 , 3 ,
0,4 et 0,5 UF parkg
de lait à 4 p. 100 de matièresgrasses)
4 rations dont lesrapports :
UFapportées
par lefourrage/UF apportées
par l’aliment concentré étaient70/30 , 55/45, 40/60
et25/75.
Il semble donc que
l’augmentation
de laproportion
de l’aliment concentré dans une ration distribuée enquantité
limitée modifie peu l’efficacité alimentaire de la ration(dans
lesystème
del’énergie nette)
et modifie moins lacomposition
du laitet
probablement
lesphénomènes
de ladigestion
dans le rumen que dans le cas d’une distribution ad LiLitum. C’est ce que nous avons voulu vérifier dans cet essai.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Nous avons réalisé 2 essais : un essai d’alimentation avec 10 vaches normales et un essai de digestion avec 2vaches porteuses d’une large fistule du rumen.
Essai d’alimentation
Dispositif expérimental et alimentation.
Les 10 vaches utilisées (9 Holstein et i Pie Rouge) étaient en moyenne à leur zoejour de
lactation au début de l’essai qui s’est déroulé entre le 12 février et le juillet 1968 ; 8 d’entre elles étaient en première lactation et deux en seconde.
Après une période pré-expérimentale de ç semaines dont la dernière était une semaine de transition, les animaux ont reçu au cours de 5 périodes expérimentales successives de 3 semaines chacune (appelées période 1, 2, 3, 4et 5 dans la suite de l’exposé) des régimes dont le pourcentage d’aliment concentré dans la matière sèche est passé de 50 à 90 p. 100, par une augmentation
de 10p. 100 d’une période à la suivante (ils sont appelés régimes C 50, C 60, C 70, C 80 et C 90 dans la suite de l’exposé). Après la dernière période expérimentale, les animaux ont été ramenés
en z jours, au début de la semaine de transition à un régime contenant 50 p. 10 d’ali-
ment concentré et y ont été maintenus au cours des 2 semaines suivantes qui ont constitué la
période post-expérimentale.
Pendant la période pré-expérimentale, les animaux recevaient une ration composée de foin, d’ensilage de maïs et d’aliment concentré dont la quantité distribuée était ajustée à leurs besoins.
Pendant les périodes expérimentales et la période post-expérimentale ils ont reçu des quantités
fixées à l’avance d’un aliment concentré et de 2 foins de telle sorte que le rapport quantité de foin/quantité d’aliment concentré fût celui qu’on s’était fixé, et que les apports énergétiques
couvrissent environ Ils p. 100 des besoins théoriques d’entretien et de production laitière des animaux.
Les besoins théoriques des animaux ont été calculés à partir : W) de leur poids vif à la fin de la période pré-expérimentale, en utilisant la recommandation suivante : UF pour l’en- tretien = 1,5 -!- poids vif en centaines de kg/2, et 2°) de leur production laitière théorique (cal-
culée en supposant une diminution de la quantité de lait produite de o,q kg par semaine si elle était supérieure à 20kg et de 0,3 kg dans le cas contraire), en utilisant la recommandation sui- vante : 0,38 UF par kg de lait à q p. ioo de matières grasses.
Les vaches étaient en permanence en stabulation entravée sur une litière de copeaux de bois et recevaient un foin et la moitié de l’aliment concentré le matin à 7 45, l’autre foin et l’autre moitié de l’aliment concentré l’après-midi à 15 h 15. Les refus étaient enlevés 2fois par
jour.
Les 2foins de ray-grass, l’un de jeune semis, l’autre de 2ecoupe, étaient distribués sous forme normale et l’aliment concentré sous forme broyée ; ce dernier avait la composition suivante :
orge = 50 p. 100, avoine = 22p. 100, tourteau de colza = 15 p. 100, tourteau d’arachide = 8 p. ioo,
composé minéral (65 p. 100de phosphate bicalcique et 35 p. 100 de sel marin) = 5 p. 100. La
composition chimique des aliments et leur valeur énergétique sont données dans le tableau i.
La valeur énergétique des foins a été estimée par la formule de BREIREM (1954) à partir de la digestibilité de leur matière organique, mesurée avec 1 moutons ; celle de l’aliment concentré
a été calculée à partir de la valeur énergétique de chacun de ses constituants donnée par les tables de Leroy.
1VIesures.
Les quantités d’aliments ingérées (exprimées en poids de matière sèche) ont été obtenues par pesée des aliments distribués et refusés et détermination deux fois par semaine de leur teneur
en matière sèche. La quantité de lait produite a été pesée à chaque traite. Le taux butyreux du
lait a été mesuré chaque jour par la méthode GErzsEit sur un échantillon moyen du lait des 2traites, et sa teneur en protéines une fois par semaine par la méthode au Noir Amido sur un échantillon moyen du lait de 4 traites consécutives. Les animaux ont été pesés une fois par semaine.
Nous avons mesuré la teneur du sang en corps cétoniques (PROCOS, 1961) et celle du plasma
en acides gras libres (DOLE et MEINERTZ, 1960) et en glucose (HucGErT et NIXON, x95!), sur 6 des
10vaches. Les prises de sang ont été effectuées au niveau de la veine jugulaire, 3 heures après
la distribution des aliments du matin. Elles ont eu lieu pendant la période expérimentale, une fois
au cours de chaque période, et pendant la période post-expérimentale, 2fois au cours de la semaine
de transition et une fois au cours des 2semaines suivantes.
Essais de digestion Dispositif expérimental et atisnentation.
Les 2 vaches fistulées utilisées (3165et 5516) étaient de race F. F. P. N. et toutes deux à leur 69! jour de lactation au début de l’essai qui s’est déroulé entre le 22 janvier et le 9juin 1968 ; elles ont reçu au cours de 6 périodes expérimentales successives de 3 semaines chacune des régimes
dont le pourcentage d’aliment concentré est passé de 40 à 90p. 100par augmentation de 10p. 100 d’une période à la suivante. Elles ont été alimentées à 100 p. 100 de leurs besoins théoriques (calculés de la même façon que dans l’essai d’alimentation) jusqu’au milieu de la période 3 (60 C)
et ji5 p. ioo ultérieurement. Ce rajustement a été effectué au vu de la perte de poids vif des
animaux pendant les 2 premières périodes expérimentales.
Les aliments étaient les mêmes que ceux de l’essai d’alimentation.
Les 2vaches étaient en permanence en stabulation entravée sur des stalles revêtues de plaques
en caoutchouc. Contrairement aux vaches normales, les vaches fistulées recevaient le foin une
fois que l’aliment concentré avait été presque totalement ingéré. Ce dernier était distribué le matin à 8 h 30et le soir à 18 h 30.
Mesures.
Les quantités ingérées, les quantités de lait produites, la composition du lait, et le poids vif
ont été mesurés de la même façon et avec la même fréquence que pour les vaches normales.
Les prélèvements de sang destinés à la détermination des teneurs en corps cétoniques et en
acides gras libres ont eu lieu avant la distribution des aliments du matin et 3 heures après, 2jours
consécutifs au cours de la dernière semaine de chaque période expérimentale et 2 jours au cours
de chacune des 3 semaines de la période post-expérimentale.
De plus, on a mesuré le pH du jus de rumen avant la distribution des aliments du matin et 3h, 7 h et 10h après. Sur le jus de rumen prélevé avant la distribution des aliments et 3 heures
après on a aussi mesuré la concentration et la composition du mélange des acides gras volatils
(AGV), par la méthode de RIGAUD et JouxmET (1970). Ces prélèvements avaient lieu 3 jours
consécutifs pendant la dernière semaine de chaque période expérimentale, et pendant la période post-expérimentale chaque jour de la semaine de transition et 2 jours au cours de chacune des
2semaines suivantes. L’emploi du temps des animaux a été enregistré pendant au moins 4jours
consécutifs au cours de chaque période expérimentale par la méthode de RucKEBuscH (1963).
RÉSULTATS
Essai d’alimentation
Quantités
d’alimentsingérées.
Les
quantités
de foin et d’aliment concentréingérées
ont été presqueégales
auxquantités distribuées,
lesquantités
refuséesayant toujours
été faibles(tabl. 2 ).
Entreles
périodes
i et 5, lesquantités
de foiningérées
sontpassées
de 7,ykg
à 1,22kg
et les
quantités
d’aliment concentré de 7,04kg
à g,27kg.
Les aliments refusés étaient essentiellement constitués de foin avec lesrégimes
C 50et C 60et d’aliment concentréavec les
régimes
C 70, C 80et C go.La
quantité d’énergie
netteingérée
a diminué en moyenne de o,y UF parsemaine entre la
première
semaineexpérimentale
et la dernière alors quel’objectif
était une diminution moyenne de 0,13 UF.
Au fur et à mesure que le
pourcentage
de foin dans la rationdiminuait,
les vachesingéraient plus
de copeaux, cequi peut
être dû à la diminution de laquantité
totaled’aliment
ingérée (de
q.,o4kg
entre lespériodes
i et5)
et ou à la diminution de fibrosité de la ration.Production et
composition
du lait.La
persistance
de laproduction
laitière a été en moyenne de go p. 100 entre lespériodes
i et 5, mais a étéplus
élevéependant
lespériodes
i et 2 quependant
lespériodes
3, 4 et 5 ; le tauxbutyreux
a diminué defaçon
linéaire : d’environ 1,5 g p. i ooo pour uneaugmentation
de laproportion
de l’aliment concentré dans la ration de 10 p. 100(fig. z).
Pendant lapériode post-expérimentale,
laquantité
de lait pro- duite aaugmenté
deplus
de ikg
à cause del’augmentation
del’apport énergétique
aux
animaux ;
le tauxbutyreux
n’a pas variépendant
la semaine de transition parrapport
à cequ’il
était avec lerégime
C 90( 2 8, 7
g p. iooo).
Il est revenu à un niveaupresque normal
( 33 , 1
g p. iooo)
au cours de la semainesuivante ;
il étaitcependant
encore inférieur à celui
enregistré pendant
lapériode
i.La teneur en
protéines
du lait alégèrement augmenté ( 0 , 9
g p. iooo)
entreles
régimes
C 50 et C go, et a diminué de la même valeur en revenant sur lerégime
C 5o
pendant
lapériode post-expérimentale.
La
quantité
de laità
q p. 100de matières grassesproduite
a diminué en moyenne deo,q.8 kg
par semaine entre lespériodes
i et 5, cequi correspond
à un coefficient depersistance
de8 7 , 2
p. 100 par mois. Cetteimportante
diminution est presquecomplètement expliquée
par la diminution hebdomadaire de laquantité d’énergie ingérée, équivalente
à o,44kg
de lait. Lalégère
différencepourrait provenir
du faitque la
quantité d’énergie ingérée
par les animaux n’a pas diminuérégulièrement,
mais a
augmenté
entre lespériodes
i et 2, avant de diminuer defaçon
accéléréejusqu’à
lapériode
5.Poids
vif.
I,e
poids
vif des animaux arégulièrement
diminuépendant
lespériodes expéri- mentales,
en moyenne de2 ,6 kg
par semaine(fig. z). Puis,
entre la dernière semaine de lapériode
5 et la troisième semaine de lapériode post-expérimentale (soit
en3
semaines)
il aaugmenté
de 34kg
et a atteint une valeursupérieure
de 7kg
à cellede la
période
i alors que laproportion
de l’aliment concentré était la même et que lesquantités ingérées
étaient inférieures de 1,3kg.
Il est donc vraisemblable que la diminution dupoids
vif au cours despériodes expérimentales
était essentiellement due à une diminution dupoids
des contenusdigestifs.
Bilan
énergétique et efficacité
des rations.On a calculé le bilan
énergétique
des animaux en estimant d’unepart
lesapports énergétiques
et d’autrepart
les besoins des animaux àpartir
de laquantité
de laità q p. 100de matières grasses
produite
et de leurpoids vif ;
on aadopté
des besoins d’entretien constants, considérant que la variation depoids
vif était due à une varia- tion dupoids
des contenusdigestifs. Excepté pendant
une semaine de lapériode pré- expérimentale,
le bilanénergétique
atoujours
étépositif
de 1,1 UF en moyenne.Par UF
ingérée
au-dessus des besoinsd’entretien,
les vaches ontproduit 2 , 3 6 ;
2,15 ;
2,i6 ;
2,13 ; 2,ig et 2,15kg
de lait à 4p. 100 de matières grassesquand
ellesrecevaient les
régimes
50C,
60C,
70C,
80C,
go C et lerégime post-expérimental,
respectivement.
I,a valeurplus
élevéeenregistrée
avec lerégime
50 Cpourrait
s’ex-pliquer
par la diminutionimportante ( 1 , 1 6 UF)
de laquantité d’énergie ingérée
entre la semaine de transition
pré-expérimentale
et lapremière
semaine de distri- bution durégime
50 C.Cependant,
l’ensemble des valeurs a été relativement faiblepuisque
la valeurthéorique
est de2 ,6 kg
de lait à 4 p. 100 de matières grasses.Teneur du sang en certains constituants.
La teneur du
plasma
englucose
a été en moyenne de 552mg/1 pendant
lespériodes expérimentales,
et n’a pas varié defaçon significative
d’unrégime
à l’autre(tabl. 3 ).
Elle a
augmenté pendant
la semaine de transition et diminué ensuite. La teneur duplasma
en acides gras libres a été relativement faible en moyenne( 219 !-éq./l) pendant
lespériodes expérimentales
et n’a pas varié. La teneur du sang en corpscétoniques
totaux aaugmenté
entre lesrégimes
C 50 et C6 0 , puis
a diminuéjusqu’à
la semaine de
transition ;
elle a remontépendant
la semaine suivante.Essai de
digestion
Seule la vache
31 6 5
a reçu tous lesrégimes (de
C 40 à C90 ).
La vache55 1 6
adû être retirée
d’expérience
pour troublesdigestifs
alorsqu’elle
recevait lerégime
C 80.Comportement
alimentaire.Les
périodes d’ingestion
onttoujours
étégroupées après
chacune des deux dis- tributionsd’aliments,
enparticulier
chez la vache31 6 5 qui,
sauf avec lerégime
C 50,a
toujours ingéré
sa ration dans les 2 heuresqui
suivaient la distribution des ali- ments.Les durées
journalières d’ingestion
et de rumination(exprimées
en p. 100 dutemps total)
ont commencé par diminuerquand
lepourcentage
d’aliment concentrédans la ration a
augmenté.
Mais cetteévolution,
etprincipalement
cellequi
concernela durée de rumination
(vache 3 r65),
s’est arrêtée etpeut-être
même inversée pourles
régimes comportant
unpourcentage
très élevé d’aliment concentré(tabl. d ).
Les durées unitaires
d’ingestion
et de rumination(durée d’ingestion
et de rumi-nation par
kg
de matière sècheingérée)
ont varié dans le même sens que les duréesjournalières d’ingestion
et de rumination. Pendant lapériode post-expérimentale,
la durée unitaire
d’ingestion
a étébeaucoup plus
courte quependant
lapremière période expérimentale
alors que lesrégimes
avaient la mêmecomposition.
La
comparaison
des résultats de cet essai avec ceux de l’essaiprécédent (RÉ MOND
et
JouRN!’r, 1972 )
danslequel
les animaux recevaient les aliments àvolonté, indique
que la limitation des
quantités
d’aliments distribués a entraîné une diminution du nombre depériodes d’ingestion, qui
estpassé
de 15 à 2environ,
une réduction de moitié de la durée unitaired’ingestion qui
estpassée
de 23 à 12 minutes parkg
dematière sèche totale
ingérée
et une réductionplus
faible de la durée unitaire de rumi- nation.Production laitière.
La diminution de la
quantité
de laitproduite ( 3 , 7 kg)
et du tauxbutyreux (8,
7
g p. iooo)
entre lespériodes
i et 6 a étérégulière
chez la vache3 z6 5 ;
chez lavache
551 6,
laquantité
de laitproduite
a diminué( 2 , 9 kg
en 4semaines)
avec lesrégimes
C 40 et C 50, alors que le tauxbutyreux
aaugmenté (de
1,2 g p. 1ooo) ;
puis
elle a diminué lentement(de o,6 kg
en 6semaines)
et le tauxbutyreux,
fortement(
7
g p.i ooo).
Chez les 2animaux,
la teneur du lait en matières azotées aaugmenté
au cours de l’essai
(de 5,8
g p. i o0o et 3,0 g p. i ooo chez les vaches31 65
et55 1 6 respectivement) ;
le tauxbutyreux
hebdomadaire leplus
faible a été de 3r,7g p. 1 ooo.!)77
dujus
de yumen - Concentration etcomposition
des A GV.Le
pH
dujus
de rumenn’a j jamais
été inférieur à6,oq. quelles que soient la période,
la vache et l’heure du
prélèvement
considérés. LepH
atoujours
été maximal avant la distribution des aliments et minimal 3 ou 7 heuresaprès (tabl. 5 ).
I,a moyennedes
valeurs
des 4prélèvements journaliers
a été relativement élevée et n’a pas évolué defaçon
définie selon lerégime.
La teneur du
jus
de rumen en AGV totaux a étéplutôt
faible(tabl. 6),
surtoutavant la distribution
d’aliments,
cequi explique
que lepH
ait été voisin de la neu-tralité. Elle a été
systématiquement plus
élevée 3 heuresaprès
la distribution des alimentsqu’avant.
La
proportion
de l’acideacétique
a diminuéquand
laproportion
de l’aliment concentré dans la ration aaugmenté,
et cette diminution a étécompensée
par uneaugmentation
de laproportion
de l’acidepropionique
etaussi,
semble-t-il de l’acidebutyrique (vache 55r6 ;
vache31 6 5
avec lerégime
C8 0 ). Cependant,
avec lerégime
C 90, la
proportion
de l’acidebutyrique
a diminué. D’unefaçon systématique,
laproportion
de l’acideacétique
a étéplus
faible avant la distribution d’alimentsqu’après,
et laproportion
de l’acidepropionique
a étéplus élevée ;
celle de l’acidebutyrique
n’a pas varié.Pendant
la
semaine de transition pour la vache31 6 5 ,
lacomposition
dumélange
des AGV est redevenue semblable à celle observée avec le
régime
C 50 dès le 4-5ejour après
le début duchangement
derégime
alimentaire. Ce résultat est en accord avec cequ’ont
observé STORRYet SUTTON(rg6g).
Pour la vache55r6,
elle n’a été mesurée que 2 semainesaprès
lechangement
derégime ;
elle était alors semblable à celle observée avec lerégime
C 50.I,a somme des
proportions
des AGVprécurseurs
des acides gras du lait(C,
-!-C,)
a peu diminué
jusqu’au régime
C 80chez la vache31 65
et C 70 chez la vache55 1 6.
En
revanche,
lerapport C 2/ C a
arapidement
diminué chez les 2 vaches.Pour une
période expérimentale
et une vachedonnées,
la variation d’unjour
à l’autre de la
proportion
desprincipaux
AGV a été faible mêmequand
laproportion
d’aliment concentré dans l’aliment était élevée.
Le taux
butyreux
a été assez étroitement lié à lacomposition
dumélange
desAGV du
jus
de rumen ; les coefficients de corrélation ont été de !-0 ,8 3 ;
-0 ,6 4
et-
!-- 0,67
avec lesproportions
molaires deC 2 , C,
etC 2
-f-C 4 respectivement
pour la vache31 65,
et de !--0 ,8 3 ;
- 0,97 et -f-0 ,88
pour la vache55r6.
Teneur du sang en certains constituants.
Les teneurs du sang ou du
plasma
en acides graslibres,
en corpscétoniques
totaux et en
glucose
ont été semblables chez les 2 animaux et n’ont pas évolué dansun sens défini d’un
régime
àl’autre,
sauf la teneur duplasma
en acides gras libres 3 heuresaprès
le repasqui
a diminué d’unepériode expérimentale
à la suivante(tabl. 7 ).
La teneur en acides gras libres etglucose
a étéplus
élevée avant la distri- bution des aliments que 3 heuresaprès (de respectivement
55 et 3,7 p.100 ),
maiscelle en corps
cétoniques
totaux a étéplus
faible(de
23 p.zoo).
Comparée
à lacomposition
du sang des vachesnormales,
celle du sang des vaches fistulées sedistingue
par une teneurplus
élevée englucose
etplus
faible encorps
cétoniques.
DISCUSSION
Dans l’essai d’alimentation
précédent (RÉ MOND
etJ OURNET , 1971 ),
les vachesrecevaient l’aliment concentré et le
fourrage
à volonté etingéraient
environ85
p. 100 d’alimentconcentré ;
le tauxbutyreux
avait été faible(en
moyenne 23 g p. 1ooo)
et la
quantité
de laitproduite
avait diminué d’unefaçon
anormalementrapide.
Les résultats de l’essai d’alimentation que nous venons de
rapporter
différent de ceux de l’essaiprécédent
par essentiellement 2 faits :1 ° 1
pourune même propor-
tion d’aliment concentré dans la
ration,
le tauxbutyreux
a étéplus élevé ; 20/ la quantité
de laitproduite à
4 p. 100 de matières grasses a diminué à peuprès
de lamême
façon
que laquantité d’énergie ingérée
par les animaux. Commentexpliquer
ces différences ?
Dans cet essai les
quantités
d’aliments distribuées étaient limitées etfaibles ;
les animaux n’étaient pas rassasiés : c’est cequ’indique
legroupement
despériodes d’ingestion après
la distribution desaliments,
et la faible durée unitaired’ingestion.
La limitation des
quantités .ingérées explique probablement
engrande partie
que la
composition
dumélange
des AGV semble avoir moins différé d’unecomposi-
tion normale que dans l’essai
précédent (si
onexcepte
lerégime
C90 ) ;
ces résultatsconfirmeraient ceux de BATH et RooK
( 19 6 3 ) qui
ont montré quel’augmentation
du niveau d’alimentation diminuait la
proportion
de l’acideacétique,
surtoutquand
les
régimes
étaient riches en aliment concentré. Laprésentation broyée
de l’alimentconcentré
(au
lieu deagglomérée
dans l’essaiprécédent)
aprobablement
aussi contri- bué au maintien d’unecomposition
normale dumélange
des AGV.En raison des modifications limitées des fermentations dans le rumen, le taux
butyreux
n’a que modérémentdiminué ;
deplus,
à cause du rationnement de l’éner-gie offerte,
lesquantités
absorbées d’acidepropionique
etpeut-être
aussi deglucose
n’ont pas dû être assezimportantes
pour modifier le métabolismelipidique
de l’ani-mal et provoquer un
engraissement important.
Le bilanénergétique positif
et peu variable d’unrégime
àl’autre,
l’efficacité constante de l’utilisationénergétique
desrégimes
et la teneur constante duplasma
en AGI, et englucose
viennent àl’appui
de
l’hypothèse
selonlaquelle
lapart
del’énergie
utilisée pour lasynthèse
du lait apeu varié.
L’efficacité
à peuprès
constante d’utilisation del’énergie
nettequelle
que soit laproportion
d’aliment concentré confirme lamajorité
des résultatsdéja
obtenus(cf. introduction). Cependant
dans notreessai,
la diminutiontrop rapide
de la quan- titéd’énergie
distribuée aux animaux apeut-être empêché
laquantité d’énergie produite
dans le lait de diminuerplus rapidement qu’elle.
Onpeut
donc se demander si nous aurions obtenu les mêmes résultats en diminuant moinsrapidement
la quan- titéd’énergie
offerte aux animaux. La faible efficacité alimentaire des différentsrégimes
que nous avonsmalgré
tout observée est-elle due au fait que les animaux ont utilisé unepartie
del’énergie ingérée
pour leurssynthèses corporelles ? L’augmen-
tation du
poids
vif entre lapériode
i et de la dernière semaine de lapériode post- expérimentale,
et la teneur relativement faible duplasma
enAGI, suggèrent
que lepoids
vif vide des animaux a effectivementaugmenté
et que le bilanénergétique
était
positif. Cependant,
de lafaçon
dont nous l’avonscalculée,
la valeur du bilanénergétique
est entachée d’incertitudeprovenant
de l’évaluation :a)
des besoins desanimaux ;
nous avonsadopté
les recommandations des besoins d’entretien de vaches adultes alors que laplupart
étaient encore en croissance(8
étaient enpremière
lac-tation), b)
desquantités d’énergie ingérées
par les animaux. La valeurénergétique
des aliments a seulement été estimée
(voir paragraphe Dispositif Expérimental)
et a pu varier avec le
régime
à cause de la diminution dedigestibilité
de la cellulose brute dans les rations riches en aliment concentré.A condition que les
quantités
distribuées aux animaux soientlimitées,
il semblepossible
d’alimenter des vaches laitières avec desrégimes
riches en aliment concentrésans que cela entraîne une
modification,
du moinsimportante,
de l’utilisation del’énergie ingérée
et bien que le lait ait un faible tauxbutyreux.
Laportée
de nosrésultats est
cependant
limitée par la courte durée de l’essai que nous avons fait et le niveau deproduction
laitière moyen desanimaux ;
il serait nécessaire de les confirmer avec des vaches de niveau deproduction
élevé et sur despériodes plus longues.
Il est d’ailleurspossible
que ces vachespuissent
être alimentées presque à volontépuisque
GEAY(communication personnelle)
a montré avec des taurillonsen croissance
qu’une
faible diminution desquantités
parrapport
au niveau ad libi- tum améliorait l’utilisationénergétique
de la ration.Reçu pour publication en juin 19%2.
SUMMARY
FEEDING OF DAIRY COWS WITH RATIONS OF VARIED CONCENTRATE LEVELS : MILK PRODUCTION AND COMPOSITION, AND DIGESTION IN THE RUMEN
During 5 or 6 successive experimental periods ten normal cows and two fitted with a large
rumen fistula, all lactating, received previously determined amounts of feed with concentrate levels from 50or 40 to 90 p. ioo (io p. ioo increase at each period). After the last experimental,