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Septoriose : allier efficacité et limitation des résistances

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Academic year: 2022

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Décembre 2018 - N°461 PERSPECTIVES AGRICOLES

48

LE DOSSIER MALADIES DES CÉRÉALES À PAILLE

« septoriose » a été plus élevée au sud qu’au nord de la France : beaucoup de pluies et des températures fraîches au printemps dans le sud, des températures très chaudes et un début de sécheresse qui s’accen- tue pendant l’été dans la moitié nord.

Des T1 avec ou sans triazole

Lors de la campagne 2017-2018, des tests de pro- duits fongicides ont été mis en place par Arvalis dans les départements 18, 24, 27, 41, 56. Ils sont réalisés, en programme, dans un contexte par- ticulièrement favorable au développement de la maladie ciblée, sur la base d’un même coût par hectare : autour de 30 € pour les produits utilisés au premier traitement (T1) et autour de 50 € au deuxième (T2).

E

n 2018, la pression parasitaire sur le blé tendre a été moyenne : 16,5 q/ ha de réponse aux traitements fon- gicides (mesurée dans le réseau Performance), une valeur supérieure à celle observée en 2017 (12,4 q/ha) et légèrement inférieure à la moyenne des quinze dernières années (17,8 q/ha).

L’effet des maladies foliaires, principalement de la septoriose mais également de la rouille brune tar- dive, a été nettement plus fort en 2018 qu’en 2017, année où les maladies avaient occasionné des dégâts plutôt faibles. En 2018, la nuisibilité des maladies fut importante en Aquitaine et en Bretagne, plus modé- rée en Normandie et dans les Hauts-de-France.

Contrairement au scénario habituel, la pression

S EPTORIOSE

ALLIER EFFICACITÉ

et limitation des résistances

En 2019, la lutte contre la septoriose du blé tendre se fera à l’aide de l’éventail classique des moyens de protection, en veillant à limiter la progression des résistances. De nouveaux produits sont à l’étude et devraient élargir les solu- tions de lutte à court ou moyen terme.

Diversifi er les modes d’action et les substances actives est un des moyens les plus sûrs de ralentir la pression de sélection des résistances aux fongicides.

© N. Cornec - ARVALIS-Institut du végétal

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• Une formulation innovante, pour une assimilation plus rapide, moins de lessivage

• Une efficacité élevée à une dose réduite (-30%) de trinexapac-ethyl par hectare

• La référence contre la verse sur blé tendre et orge d’hiver

La performance avec 30% de matière active

en moins

Trimaxx® : AMM 2140082 ; 175 g/l trinéxapac-éthyl ; Attention - H315 Provoque une irritation cutanée, H317 Peut provoquer une allergie cutanée, H319 Provoque une sévère irritation des yeux, H412 Nocif pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme -Nufarm SAS - 28 bd Camélinat 92230 Gennevilliers - tel: 01 40 85 50 50 - fax: 01 47 92 25 45. www.nufarm.com - Distributeur de produits phytopharmaceutiques pour utilisateurs professionnels. Avant toute utilisation, assurez-vous que celle-ci est indispensable. Privilégiez chaque fois que possible les méthodes alternatives et les produits présentant le risque le plus faible pour la santé humaine et animale et pour l’environnement, conformément aux principes de la protection intégrée, consultez http://agriculture.gouv.fr/ecophyto - Pour les usages autorisés, doses, conditions et restrictions d’emploi se référer à l’étiquette du produit et / ou www.phytodata.com - création : www.pimento.pub / novembre 2018ffff

PRODUITS POUR LES PROFESSIONNELS : UTILISEZ LES PRODUITS PHYTOPHARMACEUTIQUES AVEC PRÉCAUTION. AVANT TOUTE UTILISATION, LISEZ L’ÉTIQUETTE ET LES INFORMATIONS CONCERNANT LE PRODUIT.

Arvalis a testé en 2018 des nouveautés fongicides qui devraient être commercialisées en 2020. Ainsi, une association de mefentrifl uconazole (ou Revysol) et d’un SDHI, le fl uxapyroxad, employée à pleine dose (1,5 l/ha)

a été signifi cativement supérieure à Librax 1 l/ha, avec une effi cacité de 77 % contre 64 %. À 1 l/ha, cette association garde une très bonne effi cacité (73 %) face à Librax.

Le fenpicoxamid (50 g/l) associé au prothioconazole (100 g/l) a également été testé. Vis-à-vis de la septorise les résultats de ce produit, à pleine dose (1,5 l/ha), sont du même niveau que les références Kardix 0,9 l/ha et Librax 1 l/ha. Un nouveau SDHI, le pydifl umetofen, a été évalué dans deux projets qui arrivent en tête de classement, tant sur le plan des effi cacités que des rendements. Il s’agit, d’une part, d’un produit composé de 62,5 g/l de pydifl umetofen (ou Adepydin) et de 75 g/l de prothioconazole et, d’autre part, de pydifl umetofen solo associé au metconazole (Arioste 90).

De nouvelles solutions prometteuses

Au T1, l’effi cacité des produits a été mesurée sur la base d’une seule application vers le stade « deux nœuds » (première quinzaine d’avril). Une pro- tection de couverture (T2) a été réalisée au stade

« dernière feuille » avec 2 l/ha d’Abacus SP. Cette seconde protection est volontairement assez faible sur septoriose afi n de différencier les modalités étudiées au T1. Kantik 1,4 l/ha a été utilisé comme référence de comparaison, Cherokee étant appelé à disparaître du fait du retrait du propiconazole.

Parmi les associations les plus performantes avec du metconazole, se trouve le soufre (Microthiol Sp), le chlorothalonil et le prochloraze (figure 1). La spé- cialité Djembe 0,8 l/ha (bromuconazole + tébucona- zole) a été associée au Cloril 0,8 l/ha ou au Microthiol Spécial liquide 6 l/ha. Les résultats de ces deux modalités sont très comparables et eux-mêmes proches de l’association chlorothalonil + soufre (Bravo 1 l/ha + Microthiol Spécial liquide 3 l/ ha).

Le produit Unicorn DF (soufre + tébuconazole) à 5 kg/ ha est en retrait de manière signifi cative au niveau de l’effi cacité et, en tendance, pour le rendement.

Ces résultats 2018 confi rment qu’un premier trai- tement T1 sans triazole exclusivement basé sur du chlorothalonil (750 g/ha), ou avec une association chlorothalonil (500 g) + soufre (2 400 g), est techni- quement possible en l’absence de risque de rouille jaune (option à considérer uniquement avec des variétés résistantes). Plus généralement, le soufre peut être associé, au T1, à une dose réduite d’un pro- duit conventionnel, toutes situations agronomiques confondues.

Un printemps défavorable aux maladies

Au T2, les produits, pour la plupart à base de SDHI, ont été comparés sur la base d’une seule

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LE DOSSIER MALADIES DES CÉRÉALES À PAILLE

43 59 43

61 59 58 50

51 47 39

0 20 40 60

83,7 86,0 85,7 85,3

87,1 85,7 85,5 84,8

85,2 83,5

70 90

BRAVO 1,5l / T2 KANTIK 1,4l / T2 JUVENTUS 0,7l / T2 JUVENTUS 0,7l + BRAVO 0,7l / T2 JUVENTUS 0,7l + JUBILE 2,7kg / T2 JUVENTUS 0,7l + PYROS EW 0,7l / T2 BRAVO 1l + MICROTHIOL SPECIAL Liq. 3l / T2 DJEMBE 0,8l + CLORIL 0,8l / T2 DJEMBE 0,8l + MICROTHIOL SPECIAL Liq. 6l / T2 UNICORN DF 5kg / T2

Rendements (q/ha) Efficacités (%)

bc abc abc abc ab ab a abc ab abc

EFFICACITÉ AU T1 : associés à un autre produit, le soufre et le chlorothalonil font jeu égal

Figure 1 : Effi cacités en pourcentage de différentes associations sur septoriose du blé appliquées au stade « deux nœuds ». Cinq essais Arvalis (départements 18, 24, 27, 41, 56), 2018.

62 62 61 55

61 62 64

30 50 70 90

89,4 89,8 88,3 88,3 88,2 89,2 89,3

70 90

T1 / KARDIX 0,9l T1 / KARDIX 0,8l + BRAVO 0,8l T1 / ELATUS ERA 0,7l T1 / ELATUS ERA 0,6l + BRAVO 0,6l T1 / ELATUS PLUS 0,6l + ARIOSTE 90 0,6l T1 / PRIAXOR EC 0,65l + RELMER PRO 0,65l

T1 / LIBRAX 1l bc

c c c c bc bc cd

cd cd d cd cd cd

Rendements (q/ha) Efficacités (%)

EFFICACITÉ AU T2 : peu de différences

entre les spécialités IDM+SDHI aux doses testées

Figure 2 : Effi cacités en pourcentage de différentes associations sur septoriose du blé appliquées au stade « dernière feuille étalée ». Cinq essais Arvalis (départements 18, 24, 27, 41, 56), 2018.

application autour du stade « dernière feuille éta- lée ». Auparavant, une protection généralisée a été réalisée au stade « deux nœuds » avec 1 l/ ha de Bravo. En 2018, les applications ont plutôt été pré- ventives après une période sèche durant la mon- taison, défavorable aux contaminations.

Vis-à-vis de la septoriose, les spécialités commerciales prêtes à l’emploi les plus uti- lisées au T2 (Kardix, Librax et Elatus Era) aboutissent à des résultats très proches aux doses étudiées (figure 2). L’ajout de chlorothalonil en T2, en réduisant légère- ment la dose de Kardix ou d’Elatus Era, est neutre sur les efficacités et les rendements.

En fonction des années et selon le produit asso- cié, l’apport de chlorothalonil peut être positif ou,

à l’inverse, négatif lorsque le traitement a été positionné curativement sur la dernière feuille.

Par ailleurs, les mélanges « triazole + SDHI + chlo- rothalonil » ont démontré leur intérêt en conditions préventives de traitement(1). En situations cura- tives, le bénéfi ce d’une telle association dépend des produits associés au chlorothalonil.

La résistance progresse encore et toujours

Le réseau Performance, qui regroupe 35 parte- naires (chambres d’agriculture, CETA, coopé- ratives, industriels…), étudie chaque année les souches de Z. tritici. En 2018, 239 échantillons pro- venant de toutes les régions céréalières françaises ont été analysés.

Au plan de la structure générale de la population (figure 3), les souches les plus sensibles (TriLR), déjà marginales en 2017, ont quasiment disparu en 2018. Les souches TriMR (résistance faible à moyenne) régressent fortement au profi t des TriMR « évoluées »(2) qui sont désormais domi- nantes. Elles représentent 48 % de la population, contre 34 % en 2017 et 29 % en 2016. Ces souches TriMR « évoluées » combinent jusqu’à neuf muta- tions et résistent spécifi quement aux IDM, avec des niveaux de résistance moyens à forts selon les molécules.

Les souches les plus résistantes, encore minori- taires en 2016 progressent de façon inquiétante sur les parcelles traitées, en particulier les phénotypes MDR(3). Ils représentent 16 % de la population,

Le chlorothalonil présente l’avantage de contrôler tous les types de souches. Il participe au ralen- tissement de la progression des résistances.

© J-Y. Maufras - ARVALIS-Institut du végétal

% des souches responsables de la septoriose du blé tendre en France sont moyennement ou fortement résistantes aux triazoles.

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PERSPECTIVES AGRICOLESN°461 - Décembre 2018

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PERSPECTIVES AGRICOLES

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LE DOSSIER

MALADIES DES CÉRÉALES À PAILLE

2013 2014 2015 2016 2017 2018 TriLR TriR6 TriR7-R8 TriMR évoluées MDR 0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

SOUCHES RÉSISTANTES : forte progression des souches TriMR

« évoluées » en 2018

Figure 3 : Évolution des populations de Z. tritici entre 2008 et 2018 sur les témoins non traités en fi n de saison. Les souches TriMR « évoluées » représentent 48 % des souches prélevées dans les témoins non traités en fi n de saison. Source : réseau Performance.

0,9 0,0 0,6 0,6 0,6

36,6

25,0 27,8 33,4 33,8

54,7

48,8

58,3 47,2 53,3

7,8

26,3

13,3 18,8 12,3

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

TNT Tr + chloro / SDHIs+Tr

Tr + chloro / SDHIs+Tr + chloro

Tr + SO / SDHIs+Tr+SO

SO / SDHIs + tr + Chloro

MDR TriMR évoluées TriMR TriLR

INCIDENCE DES TRAITEMENTS : les structures des populations varient sensiblement

Figure 4 : Effet de différentes modalités de traitement du réseau Performance sur la sensibilité des populations de Z. tritici aux IDM. 16 essais 2017-2018.

TNT : témoin non traité ; Tr : triazole ; chloro : chlorothalonil ; SO : soufre.

contre 13 % l’année dernière. Cette progression concerne presque toutes les régions mais est plus marquée dans le nord de la France (20 % de MDR dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie ; près de 25 % dans le Centre).

Plusieurs génotypes résistants aux SDHI ont été détectés en France, en Angleterre ou en Irlande depuis 2012, mais toujours à de faibles fréquences.

Un travail complémentaire est en cours pour iso- ler les populations résistantes et les génotyper afi n de vérifi er leur éventuelle résistance spécifi que.

De plus, il est important de confirmer l’inci- dence des SDHI sur la sélection de souches multirésistantes.

Le soufre semblerait apte à contenir la progression des résistances

Le réseau Performance évalue également les effi - cacités de différents programmes fongicides. Les essais sont accompagnés par des analyses de résis- tance. En comparant le soufre et le chlorothalonil, tous deux multisites, appliqués associés au T1 et au T2, les populations résiduelles de champignons présentent des profils sensiblement différents (figure 4). Après traitement avec le chlorothalonil, la proportion de souches de type MDR (13 %) est proche de celle observée après traitement avec du soufre (18 %) ; cette différence est non signifi cative.

Toutefois, la proportion de souches MDR est signi- fi cativement inférieure par rapport à la référence sans application d’un multisite au T2. Ces observa- tions soulignent l’intérêt du programme avec soufre au T1 et au T2 (voir article « Remplacer le T1 par

du biocontrôle » de ce même dossier). La modalité avec soufre et sans triazole au T1, puis chlorotha- lonil au T2, limite également la progression de la résistance des souches MDR. Cette tendance, qui reste à confi rmer, invite à poursuivre les investiga- tions dans ce sens.

(1) : Voir Perspectives Agricoles n° 450, décembre 2017, p. 40.

(2) : Les souches TriMR « évoluées » présentent de forts niveaux de résistance à un ou plusieurs triazoles.

(3) : Les souches MultiDrug Résistant résistent à tous les IDM et, dans une moindre mesure, aux autres modes d’action.

Jean-Yves Maufras - jy.maufras@arvalis.fr Gilles Couleaud - g.couleaud@arvalis.fr

ARVALIS - Institut du végétal Associer systématiquement les SDHI à d’autres modes d’action (triazole, multisite…) et limiter l’utilisation des SDHI à un seul passage par saison.

© N. Cornec - ARVALIS-Institut du végétal

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