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L attachement, de la dépendance à l autonomie

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L’attachement, de la dépendance

à l’autonomie

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ONT COLLABORÉ À CET OUVRAGE: Frédéric Atger

Bénédicte Boyer-Vidal Liliane Daumas Ève Leleu-Galland Martine de Maximy Adeline Provoost Catherine Rabouam

Anne Tardy Susana Tereno

Anne Véron Lissa Claudia Yajima Dupuis

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Sous la direction de

Odile Faure-Fillastre

Anne-Sophie Barbey-Mintz Romain Dugravier

L’attachement, de la dépendance à l’autonomie

Illustrations pratiques

Petite collection

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Conception de la couverture : Anne Hébert

Version PDF © Éditions érès 2016 CF - ISBN PDF : 978-2-7492-5434-0 Première édition © Éditions érès 2016 33, avenue Marcel-Dassault, 31500 Toulouse, France

www.editions-eres.com

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Table des matières

Introduction

Odile Faure-Fillastre, Anne-Sophie Barbey-Mintz,

Romain Dugravier... 7

GRANDIR, SE SÉPARER,

UN CHEMIN VERS LAUTONOMIE Origines et concepts de la théorie de l’attachement

Romain Dugravier, Anne-Sophie Barbey-Mintz... 17 L’école maternelle, une école pour apprendre à grandir

Ève Leleu-Galland... 31 L’attachement à l’école primaire

Anne-Sophie Barbey-Mintz... 47 Attachement, psychopathologie et traitement des adolescents

Frédéric Atger... 65 SÉPARATIONS,

QUAND LES LIENS DOIVENT ÉVOLUER Divorce et attachement

Catherine Rabouam... 81

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Les liens d’attachement et le rôle du juge des enfants Entretien croisé

Anne Tardy

Entretien mené par Martine de Maximy et Romain Dugravier... 105 Familles d’accueil, des figures d’attachement en protection

de l’enfance

Liliane Daumas... 117 QUAND LATTACHEMENT ACCOMPAGNE

LES PRATIQUES PROFESSIONNELLES

La notion de caregiverdans le cadre de placements d’adolescents en Maison d’enfants à caractère social (MECS)

Bénédicte Boyer-Vidal, Susana Tereno... 131 Comment intervenir quand les modalités d’attachement

des parents entravent celles des enfants ? Exemples de l’Action éducative petite enfance

Adeline Provoost... 147 Comment être un caregiversensible lors de l’accueil d’une famille en hôpital de jour ?

Anne Véron... 165 Le travail institutionnel au regard de la théorie de l’attachement L’institution a-t-elle vocation à être une figure d’attachement pour les soignants ?

Lissa Claudia Yajima Dupuis... 179

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Odile Faure-Fillastre, inspectrice de l’Éducation nationale en charge de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés (ASH).

Anne-Sophie Barbey-Mintz, pédopsychiatre, praticien hospitalier, CMP, 2eintersecteur de psychiatrie infanto-juvénile, institut mutualiste Montsouris, Paris.

Romain Dugravier, pédopsychiatre, centre de psychopathologie périnatale Boulevard-Brune, institut Paris-Brune, centre hospitalier Sainte-Anne.

Odile Faure-Fillastre Anne-Sophie Barbey-Mintz

Romain Dugravier

Introduction

Psychanalyste anglais, John Bowlby a développé, à partir de ses travaux auprès des enfants séparés de leurs parents, un nouveau paradigme de compréhension du développement précoce avec la théorie de l’attachement. Il avait à cœur de développer sa théorie dans une approche psychodynamique en intégrant les décou- vertes de ses contemporains dans des domaines aussi vastes que l’éthologie ou la cybernétique tout en gardant toujours une démarche scientifique. Si le premier article qu’il a signé utilisant le terme d’attachement date de 1958, cette théorie n’a été

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reconnue que bien plus tard en France malgré les travaux com- muns entrepris après la guerre de 1939-1945 avec Jenny Aubry, Myriam David et Geneviève Appell.

Nicole et Antoine Guédeney, tous deux pédopsychiatres à Paris ont grandement contribué à faire connaître les apports de cette théorie en France en initiant le premier diplôme universitaire sur l’attachement à l’université Diderot-Paris 7 à partir de 2003 et en coordonnant l’ouvrage de référence sur cette théorie publié chez Masson, plusieurs fois mis à jour.

C’est maintenant un outil conceptuel dont s’emparent les pro- fessionnels de l’enfance car il se révèle particulièrement pertinent pour comprendre les enjeux des relations interpersonnelles et la place des adultes dans le développement de l’enfant.

L’expérience éprouvée par l’enfant de la disponibilité d’une figure d’attachement (le ou les parents le plus souvent) et de la réponse qui lui est donnée lorsqu’il est en détresse contribue à lui permettre de se rassurer en retrouvant un sentiment de sécurité interne. Selon la qualité de ces expériences interper- sonnelles précoces, il intègre des modes de relations plus ou moins sécures que Mary Ainsworth (1978) a décrit avec la situa- tion étrange. Le style d’attachement de l’enfant, reflet de l’inté- riorisation de ces expériences relationnelles (sécure ou insécure) déjà évaluable à 12 mois, contribue alors au dévelop- pement de représentations de soi et d’autrui de plus en plus éla- borées avec l’âge, ce sont les modèles internes opérants. Mais ces représentations, si elles sont finalement assez stables au cours de la vie, peuvent aussi évoluer en fonction d’événements de vie et de nouvelles rencontres.

Après une présentation des concepts-clés de la théorie et de son historique, nous évoquerons la façon dont, à chaque période du développement de l’enfant, la question de l’attachement est sol- licitée et se réaménage. Nous aborderons également la façon

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INTRODUCTION 9

dont le sujet va investir les différents environnements dans les- quels il évolue en fonction de ses représentations d’attachement à tous les âges de la vie.

Anne-Sophie Barbey-Mintz et Romain Dugravier, pédopsy- chiatres, présentent la théorie de l’attachement développée par John Bowlby (1969) qui modélise la dynamique des relations interpersonnelles. Bowlby considérait que l’attachement est un système motivationnel parmi d’autres, comme le sont aussi le système exploratoire et le système de caregiving. Le jeune enfant dispose de comportements innés d’attachement qui doi- vent lui permettre d’obtenir la proximité avec sa figure d’attache- ment lorsqu’il est en état d’alarme ou de détresse. Ces expériences interpersonnelles répétées de réponse par sa figure d’attachement principale et ses figures d’attachement alterna- tives à ses demandes de réconfort lui permettent d’élaborer son modèle interne opérant en construisant ses représentations de soi et des autres. Ces patternssont importants en clinique car les styles d’attachement sécures ou insécures constituent des facteurs de risque ou de protection psychologiques face aux défis du développement et parfois à l’adversité.

Un des premiers univers sociaux que va investir l’enfant est celui de l’école maternelle. En France, l’école maternelle a la fonction de séparer le jeune enfant de sa famille pour lui permettre d’ac- céder aux savoirs scolaires. Ève Leleu-Galland, inspectrice de l’Éducation nationale, mettra en perspective ce moment d’auto- nomisation de l’enfant qui ne peut se faire sans des liens et des échanges concrets avec les parents. Il doit être mis en œuvre par les enseignants avec un certain nombre de stratégies qui permettront à l’enfant de vivre en toute sécurité ce moment d’ac- cession à son statut d’élève. Cette première expérience de sco- larisation conditionne un parcours scolaire de qualité pour l’enfant.

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Anne-Sophie Barbey-Mintz, pédopsychiatre, propose une approche de la vie scolaire à l’école élémentaire comme activant le système d’attachement des enfants. Ces derniers expriment alors leurs besoins d’attachement et les adultes doivent les comprendre et y répondre pour permettre à l’enfant d’explorer l’univers scolaire en toute sécurité (émotionnelle). En ce sens, on considérera que l’en- seignant constitue une figure d’attachement alternative investie donc en fonction des premières expériences d’attachement de l’enfant.C’est ainsi que l’attachement s’invite à l’école et influence l’adaptation des enfants à ce milieu de vie.

Frédéric Atger, pédopsychiatre, aborde la période de l’adoles- cence qui se caractérise par des transformations corporelles et relationnelles (dont l’autonomisation progressive) non dénuées d’enjeu du point de vue de l’attachement. Un attachement insé- cure, s’il ne représente pas un trouble psychopathologique en soi, peut constituer un facteur de vulnérabilité qui va favoriser le développement de troubles à cet âge. Les liens entre psychopa- thologie et attachement insécure à l’adolescence sont évoqués à partir d’une situation clinique, ainsi que des réflexions sur les implications thérapeutiques.

Les divorces sont fréquents dans notre société contemporaine et ce, avec des enfants de plus en plus jeunes. Nombre d’entre ces parents consultent un psychologue afin d’aider leurs enfants à vivre au mieux leur séparation. Catherine Rabouam, psycho- logue, rappelle que ces situations suscitent toujours des émotions fortes chez chacun des protagonistes, professionnels compris.

La théorie de l’attachement donne un éclairage intéressant pour aider à la compréhension de ce qui se joue et favoriser la prise en charge lors de ces situations de vie difficiles pour les familles.

Dans un entretien avec Anne Tardy, juge des enfants, Martine de Maximy et Romain Dugravier, la question des aides éducatives (AED, AEMO) et des placements est examinée avec la grille de

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INTRODUCTION 11

lecture des styles d’attachements au regard des besoins spéci- fiques des enfants et adolescents à des moments particuliers de leur vie ainsi que de celle de leur famille.

Liliane Daumas, chef du service Mode d’accueil familial au Conseil général du Vaucluse, présente la théorie de l’attache- ment comme un cadre utile pour réfléchir à la pratique du travail en accueil familial. Par la définition des dimensions d’un « care- giving »thérapeutique et des effets des systèmes de représen- tations de l’attachement chez l’adulte, elle postule que cela permet d’affiner ce qui doit être recherché lors du recrutement des familles d’accueil. Elle aborde également les déclinaisons d’un accompagnement professionnel des assistants familiaux, informé par cette théorie, autour d’une formation et d’un soutien ciblés. Enfin les modalités d’intervention des équipes ont été interrogées en intégrant l’idée qu’une partie de leurs missions est d’offrir une base de sécurité aux familles d’accueil.

Bénédicte Boyer-Vidal et Susana Tereno, psychologues, postu- lent que la théorie de l’attachement offre un cadre théorique pour orienter les pratiques des acteurs de la protection de l’enfance.

Elles illustrent cette perspective en s’appuyant sur l’expérience professionnelle de l’une d’elles en Maison d’enfants à caractère social. Le rôle de chaque professionnel est ici conçu comme celui d’un caregiverqui offre une nouvelle expérience de rela- tions d’attachement qui serait plus sécure. Pour cela, les éduca- teurs doivent pouvoir identifier les modalités d’un caregivingde bonne qualité, définies par M. Ainsworth, ainsi que ce qui se joue au niveau de leur propre système d’attachement. Ainsi ils pour- ront adapter leur posture et personnaliser les prises en charge au bénéfice de chaque jeune.

Un des domaines qui interroge de façon préférentielle la théorie de l’attachement est celui de la protection de l’enfance. Adeline Provoost, psychologue ayant longtemps travaillé à l’ASE, témoigne

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que dans les familles dysfonctionnelles, les modalités d’attache- ment sont souvent problématiques – au point que la question d’une séparation d’avec le milieu familial se pose. Pour les pro- fessionnels confrontés à ce type de situation, les décisions ne sont jamais faciles à prendre. Sachant l’importance de la conti- nuité relationnelle dans le développement de l’enfant, il leur faut naviguer entre ces deux interrogations : doivent-ils tout tenter pour soutenir les parents dans leurs difficultés ou au contraire donner une chance à l’enfant de se construire dans un environ- nement plus adéquat ? Quand le placement devient-il une nécessité qui ne doit pas être évitée ? De telles questions se posent avec d’autant plus d’acuité que l’enfant est petit. Il ne peut y avoir de réponse systématique. La théorie de l’attache- ment contribue alors à enrichir la grille de lecture de ces situa- tions extrêmes.

Comment être un caregiver sensible lors de l’accueil d’une famille en hôpital de jour ? Anne Véron, éducatrice spécialisée, se questionne sur son propre type d’attachement, qui condi- tionne sa capacité à nouer une relation de plus ou moins bonne qualité avec les parents. Pour faciliter le soin en hôpital de jour des enfants, l’alliance thérapeutique entre les parents et les soi- gnants est indispensable. Ce texte, par son témoignage, donne une illustration pratique de certains aspects de la théorie de l’at- tachement. Les difficultés à « prendre soin de ceux qui prennent soin » incitent à interroger les apports de cette théorie dans la compréhension des comportements d’attachement : que ce soient ceux des parents envers leurs enfants, envers la structure soignante, mais aussi ceux des soignants eux-mêmes en retour.

Cela amène à expliciter les modifications de certaines postures professionnelles. Il est original de pointer le type d’attachement des parents en pédopsychiatrie, plutôt que celui de l’enfant, ce qui conduit l’équipe accompagnante à mieux s’identifier aux parents.

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INTRODUCTION 13

Les institutions sont des structures sociales dotées d’une stabi- lité dans le temps et orientées vers une finalité. Celle de l’institu- tion hospitalière est de soulager la souffrance des malades.

Pourtant, ceux qui soignent sont rendus eux-mêmes vulnérables à la souffrance psychique par l’exposition prolongée à la douleur de l’autre et au stress professionnel. Ils peuvent avoir besoin d’une source de soutien et de réconfort. À la lumière de la théo- rie de l’attachement et à partir d’une situation clinique, Lissa Claudia Yajima Dupuis, interne en psychiatrie, réfléchit à l’insti- tution hospitalière en tant que figure d’attachement pour les soi- gnants. Les dysfonctionnements institutionnels pourraient, dans cette perspective, être appréhendés comme un défaut de satis- faction d’un besoin fondamental de protection. Seraient ainsi remises au centre des valeurs profondément humaines que sont la considération et l’engagement. L’attention commune dirigée vers le patient s’en trouverait dès lors renforcée.

Ce bref panorama de situations cliniques plus ou moins complexes et sévères permet d’entrevoir ce que nous a apporté la théorie de l’attachement pour une meilleure compréhension des enfants et de leurs besoins de sécurité émotionnelle dans les relations qu’ils engagent avec les adultes. Chaque période de la vie est faite de rencontres et d’expériences collectives ; certaines sont particulièrement complexes et douloureuses et la théorie de l’at- tachement peut contribuer à améliorer l’accompagnement proposé à l’enfant ou à l’adolescent.

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G RANDIR , SE SÉPARER ,

UN CHEMIN VERS L AUTONOMIE

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Romain Dugravier, pédopsychiatre, centre de psychopathologie périnatale Boulevard-Brune, institut Paris-Brune, centre hospitalier Sainte-Anne.

Anne-Sophie Barbey-Mintz, pédopsychiatre, praticien hospitalier, CMP, 2eintersecteur de psychiatrie infanto-juvénile, institut mutualiste Montsouris, Paris.

Romain Dugravier Anne-Sophie Barbey-Mintz

Origines et concepts de la théorie de l’attachement

O

RIGINES DE LA THÉORIE

John Bowlby, fondateur de la théorie de l’attachement, s’est très tôt intéressé aux conséquences des séparations précoces des enfants d’avec leurs parents.

Il travaille, comme Winnicott, auprès d’enfants placés à la cam- pagne durant la Seconde Guerre mondiale. En 1944, il publie son étude sur « 44 jeunes voleurs, leur personnalité et leur vie de famille » dont il retrace l’anamnèse soulignant les séparations pro- longées et répétées de ces adolescents d’avec leur mère dans la petite enfance. En 1951, il publie un rapport, Maternal Care and Mental Health,pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les conditions d’accueil des jeunes enfants en pouponnières. Il

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visite alors la Fondation parent de Rosan dirigée par Jenny Aubry.

L’équipe anglaise, dont John Robertson recruté en 1946, et l’équipe française incarnée par Myriam David et Geneviève Appell développent une recherche commune sur les effets de la sépara- tion précoce prolongée chez les jeunes enfants.

John Bowlby qui restera membre de la Société britannique de psychanalyse jusqu’à sa mort s’est néanmoins insurgé très tôt contre certains aspects de la théorie psychanalytique de son époque. Il considère ainsi que les relations entre l’enfant et son environnement sont trop peu prises en compte et, à la suite de ses travaux sur la séparation, il en vient à critiquer la théorie de l’étayage selon laquelle l’attachement de l’enfant à sa mère serait une résultante de la nourriture qu’elle lui prodigue. Et en 1958, il écrit un article « La nature du lien de l’enfant avec sa mère » dans lequel il critique la théorie des pulsions, en s’ap- puyant sur les découvertes de l’éthologie. Le terme d’« attache- ment » y apparaît pour la première fois.

Homme de science, il se montre en effet curieux des travaux de ses contemporains. Il s’inspire ainsi de recherches menées par des éthologues comme Konrad Lorenz qui a développé le concept d’empreinte (« Le compagnon dans le monde de l’oi- seau », 1935), montrant qu’un oisillon, lors de l’éclosion de l’œuf,

« s’attache » au premier individu sur lequel il pose son regard.

Cet individu est identifié par la suite comme source de protec- tion, comme refuge. La constitution d’un lien d’attachement chez les êtres humains est évidemment bien plus complexe et se construit progressivement sur plusieurs mois. Si les bébés nais- sent bien avec une prédisposition innée à s’attacher, c’est par la répétition des moments partagés, des soins prodigués qu’un enfant s’attache à un adulte. Deux indices caractérisent une rela- tion d’attachement pour l’enfant : il recherche auprès de la figure d’attachement, de manière préférentielle, proximité et sécurité et proteste en cas de séparation subie.

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ORIGINES ET CONCEPTS DE LA THÉORIE DE LATTACHEMENT 19

Bowlby insiste bien sur le fait que l’attachement est un besoin primaire qui, dans une perspective darwiniste, est essentiel à la survie de l’espèce.

Nous allons présenter ici les principaux concepts de cette théorie afin d’éclairer les arguments développés dans ce numéro.

L’

ATTACHEMENT

,

UN SYSTÈME MOTIVATIONNEL

Bowlby réfute la théorie des pulsions et propose plutôt un ensemble de systèmes innés de comportements ou systèmes motivationnels favorisant les relations et qui sont corrigés quant au but par la réponse de l’environnement.

Le système d’attachement a pour but de favoriser la proximité de l’enfant avec une ou des figures adultes afin d’obtenir un réconfort lui permettant de retrouver un sentiment de sécurité interne face aux éventuels dangers de l’environnement. Ainsi, toutes les conditions indiquant un danger ou générant du stress pour l’enfant activent ce système que ce soient des facteurs internes, comme la fatigue ou la douleur, ou des facteurs ex- ternes, liés à l’environnement (tout stimulus effrayant, par exemple la présence d’étrangers, la solitude, l’absence de la figure d’attachement).

Finalement ce système semble plutôt constamment activé, cor- rigé en permanence quant à l’objectif à atteindre, comparable au fonctionnement d’un thermostat : sous certaines conditions, le système d’attachement est fortement activé, ce qui conduit l’en- fant à chercher et à n’être satisfait que par le contact ou la proxi- mité avec la figure d’attachement. En revanche, lorsque les conditions sont perçues comme normales, l’enfant est libre de poursuivre d’autres buts et d’autres activités, même si le sys- tème continue de contrôler l’environnement comme possible source de stress. Le système d’attachement est actif tout au long de la vie, plus ou moins stable au sein d’un environnement plus

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ou moins fixe : seuls les comportements spécifiques utilisés changent en fonction du développement (Guédeney, 2009).

Les comportements d’attachement

Pour obtenir cette proximité, le nourrisson use de divers compor- tements innés tels que le sourire, les vocalisations, le fait de s’agripper, les pleurs (ces derniers, vécus par le donneur de soins comme désagréables, l’incitent à tenter d’y mettre fin), et, plus tard, la marche. Ces comportements, bien que présents dès la naissance, ne sont pas encore dirigés vers une figure particu- lière et apparaissent plutôt indifférenciés dans un premier temps.

Mais, très tôt, les cris ou les pleurs de l’enfant sont mieux calmés par la mère que par n’importe quelle autre personne. Vers 4- 5 mois, un enfant dont la mère quitte la pièce va crier ou pleurer, essayant ainsi de la ramener auprès de lui. L’enfant sourit préfé- rentiellement et plus intensément aux personnes qui lui sont familières, et encore plus à sa figure d’attachement principale.

L’enfant babille de plus en plus avec sa figure d’attachement, instaurant de véritables dialogues, et beaucoup moins devant les personnes étrangères ou les objets inanimés.

C’est la répétition des expériences de réconfort en situation de détresse qui permet l’émergence progressive d’une meilleure discrimination par l’enfant de ses figures d’attachement.

Le système exploratoire

Quand le système d’attachement n’est plus activé, que l’enfant est rassuré alors entre en jeu le système exploratoire grâce auquel l’enfant apprend sur son environnement et développe des capacités qui seront importantes pour les stades ultérieurs du développement. Ce système se développe surtout à partir de 7 mois, période qui correspond à la mise en place du système d’attachement et à la constitution de figures d’attachement spé- cifiques. Avec ses progrès moteurs, sa capacité à se déplacer,

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