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Synthèse de cosmologie

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Academic year: 2022

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SYNTHESE DE COSMOLOGIE

par le Docteur Adolphe Sierro, Sion

Conférence donnée à la Muriithienne le 10 novembre 1965

Depuis quelques années, nous avons exposé à la Murithienne, so- ciété de personnes que passionnent les grands problèmes de la nature et de la vie, puis publié dans nos « Problèmes de Cosmologie » les pers- pectives récentes de la physique et de la biologie, pour en tirer des conclusions humaines et philosophiques.

J'ai le privilège aujourd'hui de présenter devant une assemblée avertie un résumé de ces problèmes.

Mon plan est simple: je suivrai les grandes lignes de mes conférences, en insistant sur certains points, en passant plus rapidement sur d'autres plus connus ou par trop techniques. Du reste ce choix nécessaire ne manque pas d'intérêt. Tout en résumant on peut compléter, car en science aujourd'hui tout va si vite qu'aux avants-gardes arrêt devient retard. Soulignées, les idées principales se dessinent mieux et les pro- blèmes de cosmologie synthétisés nous donnent une image plus solide et plus simple de l'univers.

Partant des forces physiques fondamentales nous remonterons aux origines des mondes; puis nous nous émerveillerons des morphologies des vies minérales, végétales et animales; enfin après avoir retracé les étapes d'une évolution passionnante nous arriverons à l'esprit qui anime l'homo sapiens et nous permet ces considérations.

Je vous convie donc à un admirable voyage. Partons ensemble, en wagon, en avion, en fusée, en fusée ionique, en lampe volante, mieux encore: en pensée !

Notre point de départ: l'homme lui-même, nous-mêmes. Nous nous croyons au centre de l'univers, bien que notre soleil se trouve placé très latéralement dans notre galaxie. Nous nous croyons au centre d'un monde et nous avons parfaitement raison, car c'est bien ici, quelque part dans nos 1600 cm3 de boîte crânienne que se trouve pour nous le poste central d'observation où nous recevons les renseignements exté- rieurs et d'où jaillit insatiable notre élan vers l'infiniment grand et l'infiniment petit. C'est de notre petit moi, que notre esprit pénètre dans le macrosome ou se penche SUT le microsome.

Voyageons avec lui ! De notre observatoire terrestre parcourons rapidement les distances terre-lune-soleil-étoiles jusqu'aux nébuleuses

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infiniment lointaines, à des milliards d'années de lumière. Inverse- ment plongeons-nous dans les abysses de l'infime: des microbes aux virus, des molécules aux atomes et aux particules élémentaires.

Dans cet infiniment grand et infiniment petit nos sens ne nous ren- seignent plus directement; notre imagination est dépassée et nous n'avons plus que des lois ou des idées. Bien plus, entre ces deux infinis aux limites toujours repoussées, l'esprit va jusqu'à modifier les mesures et la relativité vient transformer et l'espace et le temps. Les lois sont bien établies; on les vérifie; on les généralise, mais leurs interprétations changent encore. Ainsi des domaines nouveaux, des étendues et des formes illimitées s'offrent encore à notre esprit insatiable. Il est permis de faire des hypothèses et d'essayer de mieux comprendre. C'est un besoin de notre esprit. En coordonnant les lois physiques que l'expé- rience nous a fait connaître, on construit une théorie, qui enchaînant des connaissances isolées devient une synthèse des lois qu'elle explique, permettant de concevoir entre les phénomènes des rapports jusque- là inaperçus.

Dans des hypothèses physiques de base, nous avons considéré la masse, variant avec la vitesse, comme une opposition à la grande force, cause de la gravitation, cette grande force réapparaissant dans nos me- sures lors de la disparition de la masse, faisant rentrer ainsi les lois de la gravitation universelle de Newton, qui peuvent se synthétiser en une seule, dans cette conception fondamentale et ramenant toutes les éner- gies connues, y compris les forces de désintégrations atomiques à cette notion première.

Nous comparons cette opposition créant la masse à un bateau remon- tant un fleuve, la résistance augmentant avec la vitesse du vaisseau.

Les comparaisons, nous le savons, sont incomplètes, ne donnent que des analogies et ne sont jamais parfaites. Nous pourrions employer ici d'au- tres comparaisons: celle d'un ressort tendu, ou pour être plus moderne la déformation du continuum espace-temps, ou celle d'un éther en évolution et en extension.

L'opposition au courant de la grande force se fait quelle que soit la direction du mouvement dans nos trois dimensions habituelles, que ce soit de haut en bas, de droite à gauche, en dilatation ou en contrac- tion. C'est pourquoi nous supposons qu'elle se fait dans une quatrième dimension.

La masse serait donc une opposition à la grande force cause de la gravitation (tout est mouvement disait déjà Mitagoras, le philosophe de Crète) la somme des oppositions déterminant la masse. La vitesse

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augmente cette opposition. La disparition de ce supplément de vitesse donc d'opposition libère la grande force proportionnellement à la dimi- nution de la masse et produit les forces vives. Inversement les forces nécessaires pour vaincre l'inertie créent les suppléments de masse qui redonnent les forces cinétiques en disparaissant.

Dans cette conception, en rapprochant la formule d'Einstein e = m c!e t celle de la force cinétique = ^1 on peut déduire que la masse double à la vitesse de la lumière (avec la formule simplifiée).

Deux forces de sens contraire peuvent paraître annuler leurs effets, vues de notre point d'observation, mais elles peuvent augmenter toutes deux la masse par opposition à la grande force. Les vitesses mesurées dépendent de l'observateur et sont donc relatives; un corps peu nous paraître immobile, mais pour autant qu'il s'oppose à la grande force il a une masse; il est donc en mouvement contre celle-ci proportionnel- lement à sa masse. La masse devient alors dans le monde en évolution, le dénominateur commun, le point de comparaison, le niveau fondamental sur lesquels on peut établir l'étalon de base de toute vitesse dans notre système d'univers. Nous voyons dans la masse: cette opposition à la grande force, la mesure fondamentale où tout mouvement, quelle que soit sa direction, vient s'inscrire.

Nous avons exposé ces hypothèses physiques dès 1959 à la Muri- thienne. Grâce à elles nous pouvons unifier toutes les énergies connues.

Les deux lois de Newton peuvent être exprimées en une seule. Galilée n'aurait pas eu besoin de laisser tomber ses galets ou ses sphères du haut de la tour de Pise. Nous expliquons la masse et son augmentation avec la vitesse, ainsi que son augmentation avec la température: ther- momètre nouveau pour mesurer la fièvre des étoiles. Nous expliquons ce que deviennent les forces luttant contre l'inertie et l'origine des forces cinétiques. Nous trouvons un étalon de base à toutes nos mesures.

De plus, précédant l'architecture de l'atome, nous avons entrevu la nature constante de la grande force et sa vitesse l'apparentant à la lumière. Nous avons, par la disposition des particules élémentaires de tous les corps existant dans l'univers, perçu les directions de cette grande force fondamentale. Les constantes irréductibles: c la vitesse de la lumière; lo la dimension la plus petite; h la constante de Planck s'expliquent par la nature de cette grande force.

On comprend mieux, en considérant les corpuscules élémentaires non comme des matières spéciales, mais comme des forces, des mou- vements en direction opposée ou symétrique d'un même élément, que l'on découvre presque chaque année, pour chaque particule un an ta-

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goniste de force inverse (électron négatif et positif; proton et antiproton;

pion positif et pion négatif; lambda zéro et anti-lambda zéro, etc.).

La découverte du neutrinos est récente. Bien qu'émis par le soleil, on en reçoit presqu'autant la nuit que le jour, car cette particule peut traverser toute la terre sans être interceptée. On a même calculé qu'il pouvait traverser du plomb en une épaisseur astronomique (distance terre-soleil). Cette particule nouvelle a-t-elle une charge électrique positive ou négative ? Non, car elle serait alors ou repoussée ou attirée.

D'après notre hypothèse doit-elle s'opposer à la grande force ? Non, car elle serait alors rapidement neutralisée. Sa masse doit donc être extrêmement faible. On vient de le confirmer en 1964 !

Nous pouvons semblablement supposer l'existence de particules qui ne s'opposent en rien à la grande force, sans masse et inapparentes.

Nous pouvons concevoir, bien plus, d'autres rythmes, d'autres grandes forces immenses contre lesquels nos forces physiques ne s'opposent pas et qui restent inexistants pour nous, hors de notre univers. Si dans cer- taines circonstances une interférence réussit, brusquement comme dans une création, doit apparaître dans notre univers une particule nouvelle, venant de rien de mesurable jusque-là (vraie création physique mais non philosophique, puisqu'à l'effet nous voulons une cause même ina- perçue). Ainsi d'après Hoyle apparaîtraient dans notre univers des particules nouvelles d'hydrogène tandis qu'inversement au-delà de notre univers en expansion tomberaient dans l'inconnu et l'indescriptible les particules atteignant ou dépassant la vitesse de la lumière. Chaque seconde disparaîtrait ainsi une somme de matière égale à celle qui appa- raîtrait dans les espaces intergalactiques. Le déséquilibre produit dans notre univers perceptible par les départs au-delà de la vitesse de la lumière ne serait-il pas, comme dans des vases communicants, la cause de l'apparition de nouvelles particules ? Pour que cet équilibre permanent puisse s'établir nous devons supposer une étape intermédiaire inatten- due, dans un cycle combien plus étendu, à travers des univers invisibles (serait-ce le champ C de Hoyle ?) du grand cercle de Pascal où les extrémités se touchent à force d'être éloignées !

Avec ces conceptions nous sommes de plus en plus plongés dans l'illimité. L'imagination ne peut nous suivre, elle qui ne sait même pas entasser en progression géométrique les grains de blé sur les 64 cases de l'échiquier. Toutes les mesures cosmiques la dépassent, seules les com- paraisons nous situent dans les invraisemblables échafaudages des chif- fres cumulés. Nous voilà devant les forces inimaginables obtenues par quelques grammes de matière, où une masse d'un gramme en ne s'oppo-

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sant plus à la grande force peut libérer 21 500 milliards de calories.

Pensez dès lors à la somme d'énergie que représente l'univers avec ses mondes stellaires, avec ses nébuleuses aux dimensions sans mesure, pouvant céder la place à des forces incalculables qui pourtant ne sont qu'une parcelle de la grande force qui nous façonne et nous entoure comme un océan entoure une bulle d'air: notre univers. Point de vue grandiose, amplificateur et nous nous sentons emporter par le souffle de cette force incommensurable, cependant que notre esprit continue à ne pas accepter de limites. Il parcourt et traverse ces mondes; il sort des dimensions perçues; les No dimensions ne l'effraient point; il invente, il calcule, il juge. Il reconnaît sa petitesse, mais aussi sa grandeur. On ne peut mettre un océan dans un dé à coudre, mais un dé de liquide permet l'analyse de tout un océan !

Déplaçons-nous maintenant surtout dans le temps. La durée des temps géologiques dépasse immensément les durées les plus lointaines de l'histoire de l'humanité. L'évolution de la vie sur la terre, de nom- breuses théories nous le font supposer, durerait depuis deux milliards d'années. Des poussières en s'accumulant, à raison d'un millimètre par an, formeraient après une telle durée une couche de 2 000 km, d'épais- seur, de quoi enterrer mille fois de hautes montagnes ! Tandis que l'univers matériel serait bien plus ancien encore. Gamow dans son livre

« La création de l'univers » étudie les propriétés du gaz primitif appelé hylem qui il y a quelques milliards d'années serait à l'origine de notre univers actuellement en expansion rapide. L'abbé Lemaître, en effet, en mesurant le déplacement des galaxies dont les raies spectrales tendent vers le rouge déduit de cet effet Doppler-Fizeau qu'elles sont aujour- d'hui en expansion et plus les galaxies sont distantes plus vite elles s'éloignent. Ce gaz primitif résulterait d'un effondrement ayant eu lieu à une époque plus ancienne, l'expansion actuelle étant un rebon- dissement élastique ayant commencé dès que fut atteinte la densité correspondant au maximum de compression possible. La grande loi d'entropie de Rodolphe Claudius entraînerait finalement les galaxies effondrées, uniquement constituées d'étoiles éteintes, vers la mort ther- mique terminale où tous les corps seraient à la même température et où toute vie aurait cessé.

Cette notion ne nous satisfait pas, car l'équilibre n'est pas le néant.

L'équilibre de forces dans un plan entraîne un déséquilibre dans un autre, la force neutralisée ici n'étant plus disponible ailleurs. Cette

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e n t r o p i e d ' u n e p a r t , ou inversement la désintégration t o t a l e : t o u t le cosmos s'évanouissant u n j o u r dans le r a y o n n e m e n t c o m m e p r é t e n d e n t certains, n e r e p r é s e n t a n t q u ' u n t e m p s où l'évolution q u i arrive à son zéro p e u t r e p a r t i r dans u n e nouvelle évolution. Nous pensons dès lors q u ' u n e o n d e positive succède à u n e onde négative, u n e contraction à l'expansion, u n e systole à la diastole !

Généralisant ces lois plus loin q u e nos observations, n o t r e esprit le p e r m e t , nous p é n é t r o n s bien a v a n t le d é b u t de n o t r e univers dans les t e m p s pré-augustiniens. Dépassant les origines des t e m p s actuels et la p é r i o d e des n e u t r o n s libres dans l ' h y l e m concentré, nous concevons des u n i v e r s illimités dans le t e m p s . N o t r e conception va e x t r ê m e m e n t loin, car toutes nos galaxies en expansion depuis des m i l l i a r d s d'années n ' a p p a r a i s s e n t alors que c o m m e u n e simple o n d u l a t i o n d'une l u m i è r e originelle fantastique. Comme nous trouvons dans la lumière qui im- pressionne notre rétine un mouvement vibratoire aux millions d'oscilla- tions à la seconde, notre esprit perçoit ici une lumière primitive illi- mitée, vibrant dans Vinjini, où la longueur (Tonde aux dimensions d'univers à une période de milliards d'années !

L'esprit a t t e i n t ainsi, au m a x i m u m , des conceptions sans m e s u r e dans la g r a n d e u r , dans la puissance et dans la b e a u t é , i m m e n s é m e n t !

Dans nos p r e m i è r e s conférences nous avons considéré la masse, c o m m e u n e opposition à la g r a n d e force cause de la gravitation et

r a m e n é toutes les énergies c o n n u e s à cette n o t i o n p r e m i è r e . P o u r q u o i donc, m e demanderez-vous, vouloir unifier toutes ces énergies p h y s i q u e s ? N ' y a-t-il pas des h i é r a r c h i e s dans ces forces? Ne sont-elles pas de n a t u r e s différentes? Le physicien c e p e n d a n t trouve e n t r e elles de c o m m u n e s me- sures. I l faut p a r e x e m p l e u n e force m é c a n i q u e de 4,18 joules p o u r don- n e r u n e calorie. On p e u t m e s u r e r , m e direz-vous, avec le m ê m e étalon des objets très différents: o n p e u t m e s u r e r u n e m o n t a g n e , u n a r b r e , u n hom- m e avec le m ê m e m è t r e , sans p r é t e n d r e qu'ils soient de m ê m e n a t u r e . Certes, m a i s le physicien va p l u s loin, p u i s q u ' i l t r a n s f o r m e u n e énergie en u n e a u t r e : l'électricité en c h a l e u r , la masse en énergie. Il est dès lors nécessaire de r e c h e r c h e r u n e t h é o r i e u n i q u e q u i e n r o b e tous ces faits et e x p l i q u e l'unité de ces énergies m u l t i p l e s . N o t r e t e n t a t i v e de syn- thèse est ainsi justifiée.

Nous trouverons p a r c o n t r e des h i é r a r c h i e s n o n dans les forces elles- m ê m e s q u i sont u n e s , mais dans l e u r organisation q u i p a r t a n t des forces élémentaires les façonne à travers les vies m i n é r a l e s , végétales et ani- males.

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Cette morphologie commence très tôt. La pluie d'atomes crochus de Lucrèce a déjà une organisation. Ces atomes tombent: ils ont donc une direction. Ils sont crochus: ils ont donc une géométrie.

Même la masse, puisque nous la concevons comme une opposition à la grande force, a une direction, des proportions morphologiques, sans parler de la constitution supposée des forces initiales en présence qui ont peut-être les propriétés de la lumière et sa propagation ondu- latoire.

Cette organisation des forces initiales a pour nous une extrême im- portance. Les lois du hasard ne suffisent plus ici; le hasard est immen- sément dépassé et la morphologie est un anti-hasard ! Plus une cons- truction est multiple et savante, plus un plan est nécessaire et les forces morphologiques lancées vers le finalisme, modelées, sélectionnées par l'évolution, le déterminisme ayant sa part, sans ignorer la liberté, sont d'autant plus merveilleuses qu'on atteint des hiérarchies supérieures dans l'organisation et la complexité ! Pour concevoir notre univers il ne suffit plus dès lors de constater son étendue, son intensité et sa durée, car l'organisation doit être mise en abscisse ou en ordonnée aussi bien que l'espace, la force ou le temps: la morphologie est une dimension nouvelle nécessaire !

Nous avons vu les forces initiales se modeler dans des harmonies mathématiques en des ensembles supérieurs tels que nous les trouvons dans la cristallographie, dans la chimie inorganique puis organique où des formules expressives nous indiquent la place des atomes dans des molécules de plus en plus complexes dont l'armature est fixée par des lois physico-chimiques.

L'édifice s'agrandit encore et les forces morphologiques se trouvent devant l'énigme de la vie. Le passage entre la matière inerte et le monde vivant n'est pas encore démontré ni réalisé; le décalage subsiste, entre autres l'organisation cellulaire que l'on trouve chez les végétaux et les animaux, mais non dans les minéraux. Ce que l'on peut cependant affirmer c'est que cette discontinuité apparente, avec les découvertes récentes et notre état d'esprit, tend à diminuer. Les différences, que ce soit par les mouvements ou par les dimensions, sont plus apparentes que réelles. Rien n'est aussi mouvant, contrairement à son aspect, que la roche la plus figée et les plus grosses molécules de la chimie ont des grandeurs se rapprochant de celles des virus. L'étude des transi- tions entre le vivant et l'inanimé est en rapide développement. Nous ne pouvons nous y attarder ici, ni nous complaire à décrire les mer- veilles de la vie de partout accumulées. Chaque brin d'herbe est un

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monde où des êtres microscopiques vivent et meurent avec tous leurs essais, (leurs échecs et réussites. Que de Fabre il faudrait pour noter toutes ces merveilles !

Dans les problèmes de la vie nous soulignerons cependant un fait qui nous paraît primordial: ce n'est pas l'intensité des forces en jeu, mais leurs structures qui jouent le premier rôle ! Un de mes amis, peut- être un peu obèse, pèse 94 kg. J'ai calculé que cette masse représentait une énergie de 2 milliards de milliards de calories! Il en était très fier!

Nous touchons ici du doigt l'illimité des forces atomiques qui nous en- tourent! Un homme utilise normalement pour toute son activité, trois milles calories par jour, qu'il trouve principalement dans son alimen- tation. De ces calories nécessaires à notre métabolisme, une bien faible partie est utilisée pour notre activité psychique, indiscernables étant les différences de forces requises pour penser juste ou pour penser faux, pour vouloir le bien ou vouloir le mal. Avec la puissance que repré- sente une masse de cinquante kilos on obtient ces 3000 calories quo- tidiennes pendant... un milliard de millénaires ! Qu'utilisons-nous donc des invraisemblables énergies accumulées dans notre corps ? A peine une fraction infime que la chimie ordinaire et que les échanges très périphériques des atomes peuvent expliquer. Cette masse qu'on croit posséder (mon corps est à moi) n'est qu'empruntée. Elle entre et sort de notre métabolisme. Elle est absorbée, se transforme, se remplace, puis hors de nous et sans nous continue son destin, n'ayant fait que passer dans notre morphologie pour rentrer dans le magma universel.

Dans l'union de l'esprit et du corps, si étroitement dépendants, qui forme notre personnalité, la quantité, le volume, la masse jouent peu de rôle: ils ne sont qu'emprunts ! A travers les millénaires une part excessivement minime des énergies peu à peu s'est aTchitecturée, dans la vie minérale d'abord, puis plus subtilement encore dans les vies végétales et animales où se façonnent les complexités. Ce qui compte maintenant ce n'est donc pas l'infini des forces en jeu, mais leur nature et leur structure; c'est l'étendue du territoire modelé dépendant de l'activité vitale !

Mais où sont alors les frontières ? Ne s'étendent-eiles pas à tout l'univers perceptible ? Nous pouvons décrire chez l'homme des zones d'activité d'ordres très divers qu'on croit pouvoir localiser: la force, la sexualité, l'amour, l'intelligence, mais toutes dépendent les unes des autres, sont inextriquablement intriquées et sont toutes en contact avec l'ensemble du monde extérieur. Pourquoi penser que notre corps est limité par l'ectoderme ? Nous communions avec tout ce qui nous

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e n t o u r e et que l'on p e r ç o i t : voici le p a i n , voici le vin, voici la fleur et l'étoile e x t r ê m e m e n t l o i n t a i n e et voici la s p l e n d e u r des m o n d e s ! P l u s on a d ' a n t e n n e s , plus on accède aux h a r m o n i e s de l'univers !

Nous touchons ici, vous 'le voyez, au p r o b l è m e de la vie. M o r p h o - logies soi-disant initiales q u i se réalisent dans l'opposition à la g r a n d e force f o n d a m e n t a l e , puis cl an 1 s les a r c h i t e c t u r e s a t o m i q u e s et c h i m i q u e s . Merveilles de la vie a p p a r a i s s a n t après u n e longue évolution e t s'en- f e r m a n t dans les mystères d e la cellule où l'acide r i b o n u c l é i n i q u e peut- être, c o m m e u n e clef o u v r e u n e p o r t e , i m p r i m e des caractères héré- ditaires dans des p r o t o p l a s m e s i n f i n i m e n t complexes. Force de l'instinct q u i o r i e n t e n t nos actes à tra vers les a p p o r t s de nos sens. G r a n d e s forces spirituelles qui nous p e r m e t t e n t d ' é c h a p p e r p a r n o t r e volonté au déter- m i n i s m e absolu et p a r n o t r e intelligence de dépasser la relativité des observations p o u r a t t e i n d r e les vérités f o n d a m e n t a l e s et l'essence des choses. A tous degrés la vie n o u s a p p a r a î t c o m m e u n e force supérieure- m e n t organisée. Ce n'est p a s l'intensité de la force m o d e l é e qui i m p o r t e , mais son m o u v e m e n t et sa direction. Or des complexités de l'organisa- tion quelle qu'elle soit nous r e m o n t o n s aux forces organisatrices et de la n a t u r e des forces observées nous d é t e r m i n o n s nécessairement les p r o p r i é t é s phj'siques o u spirituelles des causes.

La vie nous paraît une oeuvre d'art: c'est pourquoi il nous faut un artiste !

U n des p r o b l è m e s les p l u s passionnants de l a cosmologie est celui de l'Evolution. Celle-ci existe déjà d a n s la genèse des atomes et des étoiles. Les êtres vivants, végétaux et a n i m a u x surtout, vont évoluer à travers les m i l l é n a i r e s d a n s u n sens d e c o m p l e x i t é et d ' i n d é p e n d a n c e . Ce qui se passe dans la s e m e n c e d e v e n a n t p l a n t e a d u l t e , l ' e m b r y o l o g i e é t a n t peut-être le r é s u m é de l'évolution a n t é r i e u r e , se r e t r o u v e dans l'ensemble des êtres q u i existent. La m o r p h o l o g i e , cet anti-hasard, cette dimension n o u v e l l e , est ici nécessaire. Voyez l a convergence mer- veilleuse q u i p e r m e t , p a r t a n t de tissus aux origines très différentes, la f o r m a t i o n e m b r y o l o g i q u e d e l ' œ i l . Si on la t r o u b l e , p a r e x e m p l e chez le t r i t o n en enlevant l e cristallin, celui-ci n e se r é g é n è r e p a s à p a r t i r des cellules é p i d e r m i q u e s c o m m e dans le d é v e l o p p e m e n t h a b i t u e l , m a i s à p a r t i r de l'iris, d o n c d ' u n tissu e n t i è r e m e n t distinct dès les p r e m i e r s stades. N'est-ce pas là u n e p r e u v e d'existence d'une force q u i a u n sens, d ' u n e force directrice, poussée i n t e r n e ou influence du m i l i e u q u i sait a t t e i n d r e son b u t m ê m e dans des situations toutes nouvelles et inatten-

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dues ? Versez u n l i q u i d e coloré dans u n cratère de cristal aux formes c o m p l e x e s : les fluides molécules en r o u l a n t e m p l i r o n t le vase. M ê m e s'il est t r a n s p a r e n t , m ê m e s'il est invisible, de la forme du contenu on d é d u i r a celle du récipient. Ainsi p o u r les forces m o r p h o l o g i q u e s : on conçoit l e u r existence en constatant l e u r s effets.

Nous avons r é s u m é dans n o t r e l i v r e les grandes théories de l'évo- l u t i o n : l e fixisme, l ' a d a p t a t i o n , la sélection, les m u t a t i o n s , etc. et en conclusion, nous n'étions ni p o u r l ' u n e , ni p o u r l ' a u t r e de ces théories, mais p o u r toutes à la fois, les preuves valables p o u r c h a c u n e d'elles é t a n t assez n o m b r e u s e s . Toutes ces théories n ' é t a n t que les mécanismes variés q u e la g r a n d e forée m o r p h o l o g i q u e d e l'évolution e m p l o i e dans l ' o r d o n n a n c e des forces initiales. L'évolution, disions-nous, en nous i n s p i r a n t de L e c o m t e de Noiiy, est s e m b l a b l e à de l'eau q u i du h a u t

• d ' u n e m o n t a g n e descend dans l a p l a i n e . La force d ' a t t r a c t i o n est la m ê m e , m a i s les c h e m i n s m u l t i p l e s . Ici l'eau suit u n p a r c o u r s parfaite- m e n t régulier e t l o n g t e m p s d e m e u r e à u n n i v e a u p r e s q u e le m ê m e : la crête de la vague à peine esquissée laisse prévoir u n creux léger qui sera suivi d ' u n e a u t r e crête égale à n o u v e a u r e f o r m é e . Ainsi se présente le fixisme de Cuvier : t o u t e cellule d ' u n e cellule semblable, t o u t e se- m e n c e d ' u n e semence p a r e i l l e . P l u s loin le c o u r s d'eau r e n c o n t r e de n o m b r e u x obstacles: arbres, pierres, ravins, qui d é c i d e r o n t d e sa confi- g u r a t i o n . Son t r a c é est modifié, il dévie, suit les ressauts du t e r r a i n , t o u r n e les difficultés, c o m m e l e fait l ' a d a p t a t i o n des espèces décrites p a r L a m a r c k . Ou b i e n , il s'élance, mais b i e n t ô t doit s'arrêter t a n d i s q u e dans u n e a u t r e direction la voie est plus facile. Ici il s e r p e n t e dans u n t e r r a i n a r i d e et d i s p a r a î t peu à p e u ; là, il b o n d i t et progresse r a p i d e - m e n t . I l y a sélection d a n s son évolution c o m m e le p r é t e n d D a r w i n . Mais voici q u ' a p r è s u n t r a j e t régulier, s u b i t e m e n t l e cours d'eau c h a n g e d ' a l l u r e et r e b o n d i t en cascades, d e saut en saut, tout c o m m e les m u t a - tions de de Vries, b r u s q u e m e n t , m o d i f i e n t l e cours t r a n q u i l l e des lentes évolutions. Ainsi ces différents p a r c o u r s , ces différentes théories n e sont q u e les voies ou q u e les t e c h n i q u e s différentes d ' u n e m ê m e évo- l u t i o n .

Ces c h e m i n s variés conduisent souvent à p l u s de complexité, quel-

^quefois à des simplifications et façonnés dans u n e h a r m o n i e d e forces dirigées et de synthèses, e n t r a î n e n t les êtres vers u n e réalisation loin- t a i n e et s u p é r i e u r e . Certaines étapes p e u v e n t a b o u t i r à des malfor- m a t i o n s , certains essais à des échecs. Peut-on encore rester optimiste et p a r l e r d'ascension de l ' h u m a n i t é l o r s q u e des centaines d'années de civilisation n ' o n t pas e m p ê c h é les atrocités de n o t r e X X e siècle ? T o u t

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n'est certes pas une réussite. Pour expliquer le déséquilibre, la douleui, le mal, il nous faut une vue supérieure et dominer les ondulations passa- gères de l'histoire. Une pierre de l'édifice écrasée dans les fondations collabore à la solidité de l'ensemble. Une note isolée paraissant sans signification, participe à la symphonie fondamentale avec le chant des étoiles et le poème des mondes ! En regardant le grand déroulement de la vie sur la terre, nous avons tout de même fait quelques progrès depuis l'époque du zinjanthrope ou du sinanthrope ! Ayons donc foi aux possibilités de développement de l'humanité et en la destinée de Vhomme !

L'évolution suivant les grandes lois générales, se développe souvent de façons analogues et simultanées. Que de fois les mêmes morphologies structurent des évolutions pareilles. En science par exemple, les obser- vations accumulées laissent jaillir à un moment donné, simultanément et indépendamment des découvertes et des théories semblables. Voyez, partant de la semence, dans une multiplication cellulaire dirigée, cette tige végétale s'élevant dans la lumière. Les mystérieuses trans- formations préparent les bourgeons, pour permettre, comme dans une apothéose, l'éclosion de la fleur délicate et merveilleuse où tout con- verge, dans des mécanismes savants, pour le renouvellement de la vie.

La fleur dans sa corolle parfumée réalise le rêve de l'arbre; mais à côté d'elle combien d'autres ont suivi une même évolution: comme de grands bouquets, tous les pommiers ne dressent-ils leurs fleurs dans le printemps, jusqu'aux extrémités du verger ?

Nous pouvons dès lors nous demander, sortant des limites de notre terre, si des évolutions pareilles ne se retrouvent pas ailleurs ? La vie spécialement existe-t-elle sur d'autres planètes ?

Nous savons que l'origine des mondes, où la condensation des atomes, en des phases successives, aboutit à la naissance des étoiles et de leurs satellites, est partout la même. La lumière qui nous en parvient, analysée par le spectroscope, nous montre que le tableau de Mendéleev est valable pour les astres ! Puisque nous constatons les mêmes énergies, les mêmes lois morphologiques initiales créant les mêmes éléments chimiques, il est logique de supposer des évolutions analogues, pour autant que les conditions extérieures se retrouvent favorables et sem- blables. Or notre voie lactée contient 200 milliards de soleils et l'on connaît d'innombrables nébuleuses semblables (peut-être dix milliards).

Avec probabilité les conditions pouvant permettre l'éclosion de la vie doivent donc se retrouver dans d'autres planètes.

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On aurait perçu ces derniers mois, provenant de CTA 102, des radio- sources modulées qu'on a prétendu être des signaux d'êtres intelligents.

Or ces ondes exigent des forces ayant des puissances extraordinaires, vraiment cosmiques; d'autre part, elles nous viennent de quasars dis- tants de millions d'années de lumière et sauf court-cicuit inconnu digne de la science-fiction, séparés de nous par d'immenses durées. De plus il n'est pas encore prouvé que ces être lointains et intelligents connais- sent l'alphabet morse et parlent le russe ou l'anglais !

Quittant la biosphère, entrons maintenant dans la noosphère d'im- portance primordiale pour l'homo sapiens.

Celui-ci fait certainement partie de l'évolution biologique; cepen- dant au début du quaternaire nous arrivons à une phase cruciale, à un carrefour entre le monde matériel et spirituel où dans le monde organique a soufflé l'esprit. Esprit qui ne s'arrête pas aux réalités con- crètes mais atteint les réalités abstraites objets de sa connaissance.

Avec les philosophes spiritualistes: Platon, Aristote, Thomas d'Aquin, Bergson... nous voyons que la pensée a pour objet formel « les natures abstraites des conditions matérielles, en sorte que leur caratère spécial d'éternité et de nécessité, d'indépendance du temps et du lieu les op- pose aux réalités concrètes du monde sensible et matériel. L'objet de l'intelligence: l'être en tant qu'être se manifeste comme absolument spirituel, rien dans ce qu'il exprime n'exige ni limite, ni imperfection.

Dès lors que le groupe le plus élevé des opérations de l'âme humaine est pleinement dégagé de toute condition matérielle, il suit nécessaire- ment que leur principe substantiel est aussi immatériel ou spirituel ».

Notre esprit demande le respect absolu de principes fondamen- taux: que l'évolution, par exemple, toute créatrice qu'elle soit dans l'ordre d'apparition des événements, nécessite aux effets obtenus une cause proportionnée; que le contingent fasse remonter absolument à la cause nécessaire... Ce sont les lois de base de notre esprit dans les- quelles nous voyons sa supériorité, sa spiritualité et son immortalité.

De plus notre sentiment fondamental de liberté, d'où découle notre responsabilité, permet seul d'échapper au déterminisme absolu et fatal des forces implacables contre lequel notre esprit s'inscrit en faux. Ces constatations, critère de moralité et de civilisation, sont tout aussi per- tinentes que d'autres observations scientifiques.

Certes toutes les notions qui nous parviennent par les sens sont spatio-temporelles. C'est l'esprit qui de ces renseignements concrets

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déduit les lois, les p r i n c i p e s i n d é p e n d a n t s de l'espace et du t e m p s , géné- ralisant les notions q u ' i l reçoit et des p h é n o m è n e s a p p a r e n t s a t t e i g n a n t l'essence m ê m e des choses.

Le cerveau « fragile d e m e u r e de l'âme » est c e r t a i n e m e n t l'aboutis- sant d ' u n e longue évolution au cours des m i l l é n a i r e s et l ' e n c é p h a l e des a n i m a u x s u p é r i e u r s fonctionne de façon assez semblable.

N o t r e esprit est e x t r ê m e m e n t d é p e n d a n t de l ' a n a t o m i e cérébrale et p l u s encore de l'histologie nerveuse. L'activité spirituelle p e u t être r a l e n t i e , exagérée, faussée, s u p p r i m é e suivant le sommeil, les excitations, les intoxications, les m o d i f i c a t i o n s et lésions c é r é b r a l e s : les m a l a d i e s m e n t a l e s le d é m o n t r e n t . Corps et esprit ensemble forment u n tel t o u t q u e l'éternel p r o b l è m e de l e u r identification est toujours posé. Cepen- d a n t n o t r e intelligence exige que des p r o p r i é t é s et de la n a t u r e des effets constatés on r e m o n t e à u n e cause p r o p o r t i o n n é e , le m o m e n t et la m a n i è - r e d o n t l'esprit e n t r e dans le m o n d e n ' é t a n t p a s questions essentielles.

Si l'organe intact est nécessaire au f o n c t i o n n e m e n t intellectuel n o r m a l , il n ' e n est donc pas p o u r a u t a n t la cause, car celle-ci doit avoir toutes les possibilités de l'effet !

P h y s i o l o g i q u e m e n t on entrevoit m i e u x a u j o u r d ' h u i les mécanis- mes i n t i m e s de la c o n d u c t i o n nerveuse et du t r a v a i l des centres n e r v e u x , mais ici encore nous voulons q u ' a u x p r o p r i é t é s d e l'intelligence soit trouvée u n e cause de m ê m e o r d r e .

Les c o u r a n t s n e r v e u x q u e l ' é l e c t r o e n c é p h a l o g r a m m e enregistre, les réflexes m o b i l i s a n t les voies sensitives p u i s se réfléchissant dans les voies motrices, les réflexes conditionnés p l u s subtils, établis p a r h é r é d i t é

à travers les siècles, certains j o u a n t u n rôle très i m p o r t a n t dans le cons- cient et le subconscient et q u e la psychanalyse é t u d i e , tous nous mon- t r e n t l ' i n t e r d é p e n d a n c e du corps et de l'esprit. T o u t ceci n e doit pour- t a n t p a s nous faire confondre la cause, dont les p r o p r i é t é s p e u v e n t ê t r e définies, avec les courants, les voies préformées et les c h e m i n e m e n t s facilités p a r lesquels elle réalise ses effets.

La c i b e r n é t i q u e , encore d a n s ses p r e m i e r s pas, m ê m e avec u n langage b i n a i r e très simple, obtient dans ses calculs des résultats p r o d i g i e u x ! La m é m o i r e des m a c h i n e s électroniques aux capacités p r e s q u e illimitées présente des analogies avec le cerveau, considéré c o m m e u n a p p a r e i l de codification et de signalisation, et ses dix m i l l i a r d s de cellules inter- connectées p a r de faibles courants électriques dans u n e m i n i a t u r i s a t i o n merveilleuse. Les procédés m é c a n i q u e s d e m é m o i r e vont de l a s i m p l e feuille de c a h i e r où le m a t h é m a t i c i e n inscrit des o p é r a t i o n s , a u x magné- t o p h o n e s , a u x disques, cylindres et t a m b o u r s m a g n é t i q u e s , j u s q u ' a u x

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tores en ferrite, m a t i è r e m a g n é t i s a b l e q u i travaille au m i l l i o n i è m e de seconde !

N e p e r d o n s c e p e n d a n t pas le sens des valeurs et faisons la différence essentielle e n t r e l a page du livre où est i m p r i m é le p o è m e et l ' œ u v r e de l ' a r t i s t e ; e n t r e l ' i n s t r u m e n t le p l u s p e r f e c t i o n n é q u e l'on réalise et l'esprit q u i a su le .concevoir !

Dans une synthèse cosmologique, établissons un modèle simplifié de l'univers illimité.

Les forces élémentaires par leurs oppositions créant les masses, lais- sent apparaître dans leurs remous les particules et antiparticules où les nuclides stables dessinent par leurs localisations limitées la morphologie des forces initiales, tandis que les grandes lois unifiées de Newton se réalisent de l'atome à Vétoile. Les forces morphologiques, dans des as- semblages primitifs structurent les atomes aux électrons tournant sur des orbites privilégiées aux couches successives; puis les constructions moléculaires s'assemblent selon des règles mathématiques dans les architectures de plus en plus compliquées de la chimie inorganique et organique. Déjà apparaît la complexité de la vie avec ses cellules et ses tissus qui suivent des lois presque sociales. Bientôt l'instinct, bous- sole moins émoussée chez nos frères les animaux, nous oriente dans les poussées originelles de la vie. Plus loin, l'homme dans les limites de ses possibilités, par sa volonté librement choisit son cheminement (s'il choisit un endroit sans oxygène, il s'asphyxiera fatalement) et peut ou non se diriger dans les grandes lignes du vrai et du bien. Il converge ou diverge, à droite ou à gauche, brebis ou bouc, tandis que la stabilité de son individualité et de sa race est déterminée par les forces précises du plan universel où l'immense évolution réalise ses morphologies.

Toutes les possibilités peuvent être, même librement, tentées mais seules persistent, sélectionnées, les combinaisons stables qui se trouvent dans les lignes des forces fondamentales, axées suivant les forces originelles qui les poussent dans la genèse cosmique et les dirigent vers un point oméga supérieur: il est permis de le concevoir. A notre intelligence de connaître cet ordre et d'exprimer en langage les archétypes fondamen- taux; à notre libre volonté de suivre ces grandes voies préformées !

N o u s n'avons pas séparé dans n o t r e é t u d e les observations p u r e m e n t scientifiques des considérations p h i l o s o p h i q u e s . Au c o n t r a i r e nous croyons q u e l ' h o m m e est le t r a i t d'union nécessaire e n t r e les sciences

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et les p h i l o s o p h i e s qui t r o p souvent veulent rester éloignées et agir en vase clos. Le physicien dans ses observations est l i m i t é dans l'espace et le t e m p s ; p a r contre lorsque p a r t a n t de ses mesures concrètes, il éta- blit des théories, d ' a b o r d p h y s i q u e s et m a t h é m a t i q u e s , p u i s grâce à son e s p r i t q u i sait a b s t r a i r e , des théories q u i p r é t e n d e n t a t t e i n d r e le f o n d e m e n t m ê m e des choses, c o m m e l o r s q u ' i l déclare q u e m a t i è r e égale énergie, il e n t r e dans le d o m a i n e p h i l o s o p h i q u e a u x affirmations nouvelles et p h i l o s o p h i q u e m e n t discutables.

L'agnosticisme n e nous satisfait pas et nous voulons, a p r è s avoir a c c u m u l é les observations et les mesures, en d é d u i r e des lois et les clas- ser dans des théories, grâce à l'esprit q u i sait percevoir les dimensions nouvelles et les univers i n c o n n u s , dépasser le t e m p s et l'espace p o u r at- t e i n d r e l'abstrait et l'essence des choses, q u i de l'effet r e m o n t e a u x causes et fait de l ' h o m m e u n ê t r e « c a p a b l e n o n seulement d e réfléchir sur l e m o u v e m e n t de l a vie, mais d'en c o n n a î t r e l ' a u t e u r ».

C o m m e p o i n t final à n o t r e voyage 'cosmologique q u i n o u s a c o n d u i t s des forces p h y s i q u e s au m o n d e a s t r o n o m i q u e , p u i s de la b i o s p h è r e au d o m a i n e de l'esprit, si nous voulons préciser l a position de l ' h o m m e dans cet u n i v e r s i m m e n s e e t e n évolution, nous r e d i r o n s , c o m m e dans n o t r e livre, en p a r a p h r a s a n t Pascal et ce sera la conclusion de n o t r e e x p o s é :

« L ' h o m m e est u n roseau, le p l u s faible de tous, mais u n roseau p e n s a n t » , l ' h o m m e est u n roseau, l e p l u s faible des roseaux pensants.

B I B L I O G R A P H I E

Dr Adolphe Sierro: «Problèmes de Cosmologie», Editions du Scorpion, Paris, 1963.

Dr Adolphe Sierro : « D'une nouvelle théorie par le Dr Galewaert au rôle de l'hom- me dans l'évolution », Bulletin de la Murithienne, 1963.

Dr Adolphe Sierro : « L'univers illimité mais fini », Bulletin de la Murithienne, 1964.

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