A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
M ARC L ICHNEROWICZ
Un modèle d’échange économique (Économie et thermodynamique)
Annales de l’I. H. P., section B, tome 6, n
o2 (1970), p. 159-200
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1970__6_2_159_0>
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159
Un modèle d’échange économique
(Économie et thermodynamique)
Marc LICHNEROWICZ
Vol. VI, n° 2, 1970, p. -200. Calcul des Probabilités et Statistique.
INTRODUCTION
La
présentation
moderne de lathermodynamique (par exemple
Cara-theodory,
H. B. Callen[3],
L. Tisza[4])
met en évidence uneaxiomatique d’échanges
entresystèmes physiques
d’un caractère extrêmementgénéral.
La distinction entre variables « extensives » et variables « intensives », par
exemple, paraît adaptée
à tout processusd’échange, quel
que soit le domaine concret oùs’opère
un teléchange.
Nous nous sommes
proposés
dedévelopper
ici un modèled’échange économique
dont lesprincipes
soient «analogues »
à ceux de la thermo-dynamique
ouinspirés
par ceux-ci. Si notreexposé
n’use volontairement que dulangage économique,
ilapparaît
comme aisé à tout connaisseur de lathermodynamique
dedistinguer
les identifications faites.Dans les
§ 1, 2, 3,
nous introduisons les notions de celluleséconomiques (simples
oucomposites)
et de réservoirs extérieurs et nousexplicitons
lesprincipes régissant
la recherche des « étatsd’équilibre
». Dans cesprincipes
intervient une fonction de satisfaction S
qui joue
un rôleidentique
à celuide
l’entropie.
Uneinterprétation
desprix
comme variables intensives s’en déduit.Le §
4 est consacré à l’étude de la stabilité del’équilibre
d’une ouplusieurs cellules, l’analyse
de la stabilitéintrinsèque
d’une cellule met en évidence d’une manièreinattendue,
la liaison entre les variations desquantités
delien détenues et celles des
prix,
voir(4-21 )
et(4-22)
parexemple.
Ils’agit
làde l’une des
conséquences
lesplus
intéressantes du modèle.Les § 5, 6,
7 sont relatifs àl’analyse mathématique
d’un processusdyna-
mique
caractérisantl’ajustement
desquantités
de bien détenues par une cel- lulelorsque
lesprix
sontimposés
par un réservoir extérieur(ou
uneagence).
Sous des
hypothèses générales
deconcavité,
il y a convergence du processusvers un « état
d’équilibre »
solution du programme mis en évidence au§
1.Le §
8procède
à uneanalyse analogue
en cequi
concerne leséchanges
debiens entre deux cellules. L’étude se
généraliserait
sans difficulté à unsystème
de n cellules.Le modèle «
thermodynamique » d’échanges économiques,
dont nousavons dessiné ses
grandes lignes,
nousparaît
mériter une étude ultérieureplus approfondie.
1 CELLULE
ÉCONOMIQUE
SIMPLEa)
Nousappelons
celluleéconomique simple ~,
un élémentéconomique
de taille
quelconque (individu, agent économique, région,
pays,etc.)
quenous considérons
uniquement
d’unpoint
de vueglobal,
c’est-à-dire sousle seul
aspect
de ses relations avecl’extérieur,
sans nouspréoccuper
de cequi peut
se passer en son sein.A toute cellule
simple
nous associons unefonction
desatisfaction
Squi
décritcomplètement
sa structure, etqui dépend
desparamètres
exten-sifs suivants :
U =
quantité globale
du bien 0appelé monnaie,
détenue dans E.Xi
=quantité globale
du bien i(i
=1, 2,
...,n)
détenue dans E.Ces
paramètres
nepeuvent
évidemment êtrenégatifs.
On nes’occupe
pas de la manière dont sont
réparties
lesquantités
de monnaie et de biensà l’intérieur de la cellule. Ainsi nous pouvons écrire la relation :
que nous
appelons
relationfondamentale
associée à la cellulesimple
E.Nous faisons sur S les
hypothèses
suivantes :(H)
S est unefonction
strictementcroissante,
de classeC2, homogène
de
degré
1 desparamètres
U etX~.
(C)
S est unefonction
concave desparamètres
U etXi, (N) S >_ 0,
et S = 0si,
et seulement si U =X~
= 0.La troisième
hypothèse exprime
que la satisfaction associée à une cellulesimple
nepeut
êtrenégative,
etqu’elle
est nulle si et seulement si la cellulene contient rien. Nous
justifierons
les deuxpremières hypothèses
par lasuite.
b)
Nous allons mettre la cellulesimple L
en rapport avec unmarché,
où les
prix
lui sontimposés.
Cecisignifie
que le marché estbeaucoup plus
«
important »
que la cellule et que celle-ci ne peut leperturber.
Nous revien- drons là-dessus à propos des « réservoirs extérieurs ». Si lesquantités Uo
et
Xio
de monnaie et de biens sont détenues initialement à l’intérieur de lacellule,
nous pouvons lui associer unefortune
Fqui
est un nombreexprimé
en unitésmonétaires,
etqui
vautoù les
prix pi
sont ceux du marché. En achetant et vendant des biens sur ce marché la cellule va essayerd’augmenter
sa satisfaction. Nouspostu-
lonsqu’en
l’absence de contraintes sur lesparamètres
U etX,
la cellule cherche à maximiser sasatisfaction
àfortune donnée,
cequi correspond
à un état
d’équilibre
de la cellule par rapport au marché extérieur. Elle doit donc résoudre le programme suivant où lesprix pi,
et la fortune F sont donnés :Ici intervient
l’hypothèse (C). Puisque
S est concave, les conditionsd’opti-
malité
qui
sontnécessaires,
sont aussi suffisantes. Il est doncéquivalent
de résoudre ce programme, ou le
système :
.Les relations
(1-1), (1-2), (1-3), (1-4),
combinées avec l’identitéd’Euler,
impliquent qu’à l’équilibre
on a : .On en déduit
d’après l’hypothèse (N)
que, sauf si la solution(U, X~)
estnulle, ~,
> 0. Deplus
onpeut interpréter
àl’équilibre
S comme la valeurréelle de la cellule par
opposition
à sa valeur nominaleF,
lemultiplicateur
Àétant le facteur
qui permet
de passer de l’une à l’autre.Nous supposons à
partir
demaintenant,
pour la clarté del’exposé,
que toute cellule
possède
de lamonnaie,
c’est-à-dire que U ne peut être nul.Du
système (D)
on déduit que la solution(U, XJ
estoptimale
pour leprogramme
si,
et seulementsi,
pour lesquantités
effectivementpossédées
par la
cellule,
c’est-à-dire pour U >0,
et pour ceux desXi
strictementpositifs,
on a :as
/i
A =
=
= utilitémarginale
de la monnaie(1-5)
. =
quotient
de l’utilitémarginale
du bien par celle(1-5)
P’ = -2014 ==
quotient
de l’utilitémarginale
du bien par celle Aax.
de la monnaieet pour les biens non détenus
(X~
=0) :
On
peut simplement
dire des biens nonpossédés
par la cellulequ’ils
sont«
trop
chers ».c)
Enparticulier,
considérons maintenant une cellulesimple,
àlaquelle
est associée une fonction de satisfaction
S,
etqui possède
desquantités
de monnaie et de biens U > 0 et
X~.
Comme nous l’étudieronsplus
loincette cellule
peut
leséchanger
avec d’autres cellules. A cetefïet,
nous pos- tulonsqu’elle
va d’abord se choisir unsystème
deprix,
et par suite unefor-
tune, telle que sa
satisfaction
S =S(U, X~)
soit maximale pour cettefortune.
L’hypothèse (C)
assurequ’il
est nécessaire et suffisant deprendre
desprix
vérifiant(1-5)
et(1-6). Puisque
U >0,
sont déterminés de manièreunique
, ,
- 1 3S
et les
prix
des biens effectivementpossédés (Xi
>0) qui
valent . 20142014.~
~X~
Les
prix
des autres biens(X~
=0)
sont seulement astreints à vérifier l’iné-galité :
Ainsi,
à toute cellulesimple
détenant desquantités
données U etX;
de monnaie et de
biens,
nous pouvons de cettefaçon
associer un ensemblede
prix indépendants
de tout marché extérieur que nousappellerons prix d’équilibre
admissibles pour lacellule,
tels que(U, X~)
soit solution du programme(n).
Nousappellerons prix limite,
leplus petit
desprix d’équi-
libre admissibles. Il est clair que ce
prix
limite estunique,
etqu’il
vérifie :On notera que, toutes choses étant
égales ailleurs,
leprix
limiteP‘
d’unbien i est le seul
prix
au-dessusduquel
la cellule n’achètera pas, et au-dessousduquel
elle ne vendra pas du bien i.Vérifions-le dans le cas d’une cellule
E,
enrapport
avec un marché où leprix pi
du bien i estsupérieur
auprix
limitepi,
pour cebien,
de la cellule.Si la cellule réalise un achat sur ce marché
portant
sur unequantité
du bien
i,
à l’exclusion de tout autrebien,
la variation de satisfaction engen- dréepeut
s’écrire :avec, si est
compté positivement :
.
Ainsi,
onobtient, puisque À
> 0 :et la cellule réaliserait une
opération,
où elle «perdrait
de lasatisfaction »,
ce
qui
n’est paspossible.
Le
prix
limite d’unecellule,
associé à desquantités
U etXi données,
estdonc le seul
prix qui
autorise deséchanges
avec l’extérieur dans les deux sens.C’est le
prix
«équitable »
pour la cellule.d) Remarques.
1)
Nous allonsjustifier l’hypothèse
duparagraphe (1. c) qui peut paraître
un peu arbitraire. Nous venons de considérer au
(h)
duparagraphe
1 unecellule
simple
que nousdésignerons
parL2,
en contact avec un marchéextérieur que nous
appellerons ~1, qui
lui fixe unsystème
deprix.
Nouspouvons supposer que le
système économique
formé de la cellulesimple
et de ce marché est isolé de
l’extérieur,
c’est-à-dire que lesquantités glo-
ANN. INST. POINCARÉ, B-VI-2 12
bales U =
Ui
1 +U 2
demonnaie,
etXi
=X,i
+Xi2
de biens détenus dansce
système
sont constantes._
Le processus suivant
peut
alorss’engager :
LI prend
l’initiative de fixer desprix P~,
...,P’~,
ets’engage
à acheteret à vendre à ces
prix. E2
neprend
aucuneinitiative,
etprofite uniquement
de la situation créée par
E2
réalise donc les biensqu’elle possédait
au
début,
cequi
lui procure une fortuneF,
et utilise au mieux cette fortuneen maximisant sa satisfaction
S2,
sous la contrainte defortune,
cequi
déter-mine les
quantités U2
etXi2’
Parcontrecoup,
lesquantités Ui
1 etX~ 1
se trouvent
également déterminées,
à cause de l’isolement dusystème
cellule-marché :
Si nous attribuons à ce marché une fonction de satisfaction
Si,
il se trouveobtenir la satisfaction
Si(Ui, qui dépend
desprix qu’il
aadoptés.
Il choisira donc les
prix P ~, P2,
..., P" de manière à maximiser sa satis-faction
Si.
Nous
appellerons M11
le maximum deSi quand ~ 1 prend
l’initiative.MZI
sera la valeur deS~ quand LI prend
l’initiative.Si
E2 prend l’initiative,
c’est-à-dire si on inverse les rôles deLI
etLz
on obtient des satisfactions
qui prennent
les valeurs etM22.
Il
peut
s’ensuivre une lutte entreE 1
etE2
pourprendre
l’initiative.Nous excluons dans cette étude un tel
processus
de choix desprix à
causede
l’obligation pour 1
d’acheter et de vendre à unprix qui
peut ne pas êtreson
prix limite,
cequi
entraînerait une baisse desatisfaction.
Nous supposons au
(c)
duparagraphe
1qu’une
cellulesimple possédant
des
quantités
données de monnaie et debiens,
choisit desprix
en fonctionde ses besoins intérieurs sans souci de ce
qui peut
se passer ailleurs : onpeut
penser que lesystème
deprix adopté
enFrance,
est d’abord celuiqui
procure certains
avantages
auxFrançais,
et non celuiqui permet
les meil- leurséchanges
avecl’Allemagne.
Ilpeut
ne pas y avoirincompatibilité,
mais c’est ensuite que ces
prix
choisis « de l’intérieur »peuvent
se trouver éventuellement modifiés par desrapports
avec l’extérieur. C’est ce que nous étudierons auparagraphe
suivant.2)
Sur la variété des étatsd’équilibre
d’une cellulesimple
nous avons vuque :
d’où :
D’autre
part,
onpeut
aussi écrire sur la variété des étatsd’équilibre :
Comparant
ces deuxexpressions
dedS,
il vient :Or, on a :
On
en
déduit :c’est-à-dire que sur la variété des états
d’équilibre
d’une cellulesimple log 03BB dépend
depi,
p, Parsuite,
onpeut
écrire :3)
Si on suppose(hypothèse (H))
Shomogène
dedegré
1 parrapport
aux variables U et
X;,
on voitque
pour leprix limite,
sont des
fonctions homogènes
dedegré
0 des variables U etXi,
On retrouveainsi une
propriété importante
desprix d’équilibre classiques.
Enréalité,
comme nous allons le
voir, l’hypothèse (H)
est uneconséquence
du faitque nous voulons
pouvoir
«ajouter
les satisfactions ». Cette remarquejustifie
encore notrepostulat
duparagraphe (1-c)
sur le choix desprix.
2. CELLULES
ÉCONOMIQUES
COMPOSITESa)
Une celluleéconomique £
est ditecomposite,
si elle est la réunion deplusieurs
cellulessimples. Soit,
parexemple,
une cellule Lcomposée
de deux cellules
simples
E =(£1, L2)’
Pour lesparamètres
extensifsdéjà introduits,
on aura :où
Ui, Xi ~
etU2, Xi2
sont desparamètres
extensifsrespectivement
descellules
E 1
etE2.
Il est clair que U etXi
ne forment pas unsystème
deparamètres
extensifscomplet
pour décrire E. Si nous faisonsl’hypothèse
que la
variable
S est elle-même extensive :-- - 1 , - 1 , - _-~1/ . - z , - L,~ _-~4/
où S
apparaît
commedépendant
des variables U 1,U 2’
Ces variablessont donc les
paramètres extensifs
décrivant ~.b)
Nous allons maintenant définir et étudierl’équilibre
d’une telle cellulecomposite.
A ceteffet, explicitons
lespostulats
suivantsqui englo-
bent les
hypothèses
formuléesjusqu’à présent,
si nous considéronsqu’une
cellule
simple
est une formeparticulière
de cellulecomposite.
POSTULAT 1. Il existe des états
particuliers (appelés
étatsd’équilibre~
des cellules
composites qui
sontcomplètement
déterminés par les valeurs desparamètres extensifs
décrivant la cellule.La cellule est libre de choisir un
quelconque
de ses états. Dans toute cette étude nous raisonneronsuniquement
sur la variété de ces étatsd’équi-
libre «
potentiels
». Il existe évidemment d’autres sortes d’étatsqui
ne sontpas des états
d’équilibre.
On peutimaginer
parexemple
entre les cellulessimples
formant une cellulecomposite,
un flux incessant de monnaie et debiens,
c’est-à-dire un processusdynamique.
C’est ce que nous écartons ici.POSTULAT II. Il existe une
fonction
S concave, strictement croissante,et de classe
C2 (appelée fonction
desatisfaction )
desparamètres extensifs
de toute cellule
composite E, définie
sur les étatsd’équilibre,
et extensive,c’est-à-dire que si 03A3 est
formée
de deux cellulessimples 03A31
et03A32,
on a :De
plus
S ne peut êtrenégative,
et elle est nulle si et seulement si la cellulene contient rien.
On remarquera que l’extensivité de S
implique l’homogénéité
dedegré
1de S par rapport à l’ensemble des variables
U 1, U 2’ Xi 1, Xi2~
POSTULAT III.
- 1)
Enprésence
des seules contraintes d’isolement d’une cellulecomposite
par rapport àl’extérieur,
les valeurssupposées prises
parses
paramètres extensifs
sont cellesqui
maximisent sasatisfaction
sur lavariété des états
d’équilibre.
2)
En l’absence de contraintes portant sur eux, les valeurssupposées prises
àl’équilibre
pour lesparamètres extensifs
d’une cellulesimple
en rapportavec
l’extérieur,
sont cellesqui
maximisent lasatisfaction
de la cellule àfortune donnée,
celle-ci étantdéfinie
par lesprix
de l’extérieur.En
définitive,
pour une cellulesimple échangeant
avec l’extérieur des biens et de lamonnaie,
deux caspeuvent
seprésenter :
ou il y a des contraintes sur les
quantités
quepeut acquérir
la celluleet on devra en tenir
compte
pour maximiserS ;
ou l’extérieur est suffisamment vaste pour
qu’il n’y
ait pas de limi- tation sur lesquantités
quepeut acquérir
la cellule. Dans ce cas nous montrerons que lesprix
lui sontimposés,
la cellule alôrs est limitée parsa fortune.
Signalons
que nous montrerons auparagraphe
3 que la deuxièmepartie
du
postulat
IIIpeut
être tenue comme découlant de lapremière.
Nousl’explicitons
icicependant
dans un but de clarté.c)
Considérons une cellulecomposite ~, composée
de deux cellulessimples ~ 1
etE2.
On suppose que la cellule £ estisolée, c’est-à-;fire
sansrapport
avec l’extérieur.D’après
lespostulats
II etIII,
l’étatd’équilibre
de la
cellule 03A3 correspond
à lamaximisation,
sous lescontraintes
d’isole-ment, de la satisfaction S =
SI
+S2.
On doit donc résoudre le programme :On suppose évidemment que les
quantités globales
surlesquelles portent
les
échanges
ne sont pas nulles. Les conditionsd’optimalité
de ce programmeimpliquent
alors :Éliminant
lesmultiplicateurs Jli (i
=0, 1,
...,n),
il vient :Nous supposons
U2
> 0 et il vientDe
même,
pour les biens i détenuseffectivement
àl’équilibre
par chacune des cellules~1
etL2 (X;i, Xi2
>0)
on aura :Si par contre un bien k est
uniquement possédé
par une seule des deux cel- lulessimples, soit ~ ~
=Xk, Xk2 = 0),
on a : .Revenons alors aux deux cellules
simples.
Al’équilibre,
chacunepossède
des
quantités (Ui,
et(U 2’ Xi2)
demonnaie
et de biens. Considérant leursprix
limitesrespectifs,
on peut alors écrired’après (2-1) :
De
même, d’après (2-2),
on a :A
l’équilibre,
il y a doncégalité
desprix
des bienspossédés
par les deux cellules.(2-3) implique également :
Si,
àl’équilibre,
un bien k est entièrementpossédé
par une des cellulessimples
soit
Li, E2
n’en détenant pas, sonprix
limite dansLi
estsupérieur
à sonprix
limite dansE2.
On
voit, puisque
leprix
limite associé à une cellulesimple
est leplus petit
desprix d’équilibre
admissibles pour cettecellule, qu’à l’équilibre
de la cellule
E,
les seulsprix d’équilibre
admissibles à la fois pourLI et E2
sont tels que : .
Nous les
appellerons prix d’équilibre
admissibles pour ~. De même nousdéfinirons le
prix
limite associé àE,
comme la borne inférieure desprix d’équilibre
admissibles pour E. Il est clair que ceprix
estunique
etqu’il
vérifie :
d)
Nous avons montré l’existence deprix d’équilibre
admissibles et d’unprix
limiteunique
pour une cellulecomposite
formée de deux cellulessimples.
Ce résultat segénéralise
aisément au cas où la cellulecomposite
Eest la réunion de n cellules
simples.
Prenons le cas d’une cellule
composite
Eisolée,
réunissant trois cellulessimples L2
etL3’
Onpeut envisager quatre façons
de les composer :- ou
bien,
on réunit d’abordLI
etL2,
on aboutit à unéquilibre
entreces deux
cellules, puis
on met enrapport
la cellule(£1, L2)
avecE3.
Parpermutation circulaire,
on obtient deux autres manières deprocéder ;
- ou
bien,
on réunit « en mêmetemps » £1, L2, L3’
Nous allons montrer :
THÉORÈME.
- Étant
donné n cellulessimples formant
une cellule compo- s iteisolée, quelle
que soit la manière dont on met en rapport les cellulessimples
les unes avec les autres, on aboutit à un même ensemble d’étatsd’équilibre
pour la cellulecomposite.
En effet
quelle que
soit lafaçon
dont on compose les cellulessimples,
on doit en dernier lieu résoudre le même programme. Pour n = 3 :
Cette « associativité » des états
d’équilibre
résulte directement de l’exten- sivité de S.De même
qu’au paragraphe (2-c),
on voit que les conditionsd’optima-
lité
impliquent, toujours
dans le cas oùUi, U2, U3
sont strictementpositifs :
Pour les biens i
possédés
par les 3 cellules(Xil, Xi2, Xi3
>0)
on a :Pour les
biens j possédés
par 2 cellulesseulement, soit,
parexemple X i X f2
>0,
=0,
il vientPour les biens k détenus par une seule
cellule,
soit parexemple Xki
>0,
Xk2 = Xk3
=0,
on aura :Revenant alors aux cellules
simples,
et considérant leursprix
limites res-pectifs,
on voit que(2-4), (2-5), (2-6), (2-7)
peuvent s’écrirerespectivement :
Nous définirons exactement de la même manière
qu’au paragraphe
2-cles
prix d’équilibre
admissibles pour E et lesprix
limitesqui
vérifierontégalement :
Remarques.
1)
Nous ne nous sommes pasoccupés jusqu’ici
de l’unicité des étatsd’équilibre
d’une cellulecomposite. Cependant,
si au lieu de supposer que les satisfactions S sont des fonctions concaves de(U, X~),
nous les supposonsquasi
strictement concaves(voir § 7),
l’unicité d’un étatd’équilibre
en résulteaisément.
2)
Tout étatd’équilibre
d’une cellulecomposite ~ _ (E~, E2)
est unopti-
mum au sens de Pareto. En
effet,
on a àl’équilibre,
en vertu de l’additivité de S :Il est clair
qu’il
n’estpossible d’augmenter
la satisfaction de l’une des cellulessimples,
sans diminuer celle de l’autre.3.
RÉSERVOIRS EXTÉRIEURS
Jusqu’à présent,
nous avons étudié entre les cellules lesrapports d’échange
où s’exercent des contraintes sur les
paramètres
extensifs. Or nous avonspostulé qu’en
l’absence de contraintes sur cesparamètres,
la cellule maxi- misait sa satisfaction à fortune donnée. Ceciimplique
que pour la celluleenvisagée
lesprix
sontimposés,
c’est-à-direqu’elle
nepeut agir
sur eux.C’est ce
qui
seproduit quand
on met enrapport d’échanges
deux cellulesde tailles très différentes. C’est ce que nous allons étudier dans ce
paragraphe.
a)
Poursimplifier
lesnotations,
considérons la monnaie comme le bien 0 et posons U =Xo.
La taille d’une cellule £(simple
oucomposite),
dont la structure est décrite par la fonction S
dépend
du domaineD1:
où les variables
X~ (oc
=0, 1,
...,n) peuvent
varier. Nous sommes ainsi amenés àcompléter
ladescription
d’une cellule E par la donnée deD~.
Il semble raisonnable d’introduire pour décrire la taille de
X,
le nombreNous dirons que deux cellules
E1
etL2
sonta-comparables
si l’on a :où a est un nombre
donné ~
1.Nous dirons que deux cellules
simples E ~
etE2
sonthomothétiques
l’unede l’autre si elles admettent la même fonction de satisfaction et si les domai-
nes
correspondants D1:1
etD1:2
se déduisent l’un de l’autre par homothétie derapport
k. Nous noteronsE2
=k~2.
Nous dironsqu’une
cellule£i
1est
négligeable
devant une cellulesimple E
s’il existe une cellulesimple Eo a-comparable
1 et dontl’homothétique
dans unrapport k
telque a/k
soit
négligeable,
coïncide avec E.Considérons les cellules
Eo
et ~. On saitd’après
la remarque 2 du para-graphe
1que À
est une fonctionhomogène
dedegré
0 parrapport à { X0153 }
~
3l
. h , d , 1
’
et par suite que
20142014
est une fonctionhomogène
dedegre -
1 par rap-port
aux mêmes variables.Si {
ED03A3,
il existeX03B10
ED1:o
tel queX0153
=kX03B10
et l’on a :peut
donc être rendu arbitrairementpetit
pourvuque k
soitsuffisamment
grand.
On est ainsi amené à supposer que si ~ est très
grand
en taille parrapport
aux autres cellules
qu’on peut
mettre enrapport
avecelle,
Apeut
être consi- dérépratiquement
comme ayant une valeur constante,indépendante de
tout état
d’équilibre.
Il en est évidemment de même pour lesP’ (i
=1,
...,n).
Nous sommes ainsi conduits à la définition suivante :
DÉFINITION. On
appelle
réservoir extérieur une cellulesimple
E~idéale)
telle que toute
cellule, simple
oucomposite, qu’on
pourra mettre en rapportavec elle pouvant etre considérée comme
négligeable
devantelle,
À et lesprix
limites de E aient des valeurs constantes,
indépendantes
de tout étatenvisagé.
b)
Considérons un réservoir extérieur Eéchangeant
de la monnaie et des biens avec une cellulesimple }:o.
Al’équilibre,
on doit résoudre le pro- grammeIl est normal de supposer que E détient effectivement les biens sur
lesquels portent l’échange
et la monnaie0, XiE> 0).
On en déduit commeau
paragraphe 2-c,
la monnaie étanttoujours supposée possédée
par~o :
et le seul
prix d’équilibre
admissible par E et par E estAinsi,
àl’équilibre,
leprix
limite de la cellule(Lü, E) s’aligne
sur celui duréservoir extérieur E.
Pour cette cellule
(Lü, E),
on a àl’équilibre
et
avec
soit
Par
suite,
on ad’après
la constancede 03BBE et Pk :
soit
D’autre
part
sur la variété des étatsd’équilibres,
lesprix
limites étant constants, il vient :et
On en déduit :
soit
Nous
pouvons
énoncerTHÉORÈME. - Les valeurs
d’équilibres
desparamètres extensifs
d’unecellule
simple Lü
en rapport avec un réservoir extérieur E maximisent lafonction :
G est une « transformée de
Legendre »
de S.Ainsi une cellule
simple L
enrapport
avec un réservoir extérieur E doit résoudre le programme(7r’) suivant, ou ÀE et pk
sontimposés :
Les conditions
d’optimalité correspondantes
s’écrivent :Soit
(U’
>0, X~~
une solution du programme(n’).
On déduit de l’identité d’Euler :et la « fortune » de la cellule E est fournie par
S(U’,
Or nous avons introduit au
paragraphe 1, lorsque
lesprix Pk
sont don-nés,
ainsi que la fortuneF,
le programme :Il est clair que toute solution
(U’
>0, Xn
du programme(n’)
est solutiondu programme pour la fortune F’ =
S(U’,
Inversement toutesolution du programme
(x)
est solution du programme(7r’)
pour À =S(U, XJ/F
et pour lesPÉ imposés.
Ainsi l’étude de l’interaction entre un réservoir extérieur et une cellule
simple just~e
les considérations relatives auxprix
duparagraphe
1 et l’intro-duction a
priori
du programmec)
Si l’on met en contact une cellulecomposite
E avec un réservoirextérieur
E, l’analyse précédente s’applique
à chacune des cellulessimples composant
E.On
pouvait imaginer
d’autrepart
d’introduire des réservoirs extérieurs Equi
au lieu d’être des cellulessimples,
soient des cellulescomposites.
Deuxcas
peuvent
seprésenter
1)
Ou bien E contientparmi
ses cellulescomposantes
une cellulesimple
de
grande
taille parrapport
à toutes les autres cellules considérées etassimilable à un réservoir extérieur au sens
précédent.
3-b
s’applique
alors d’elle-même. Il en est de même si Ecomprend
q cellules de
grande
taillecomparables
à l’une d’elles et parrapport
aux-quelles
les autres cellulesenvisagées
sontnégligeables.
2)
Ou bien E est formé d’ungrand
nombre N de cellulessimples E~
(i
=1, 2,
...,N) comparables
à l’une d’entre ellesE 1.
Nous pouvons alors substituer à E la cellulesimple NE et
l’étude duparagraphe
3-bs’applique
encore.
Il
n’y
a donc intérêtqu’à
considérer des réservoirs extérieursqui
soientidentifiés à des cellules
simples.
4.
STABILITÉ
Nous avons vu que
l’équilibre
d’unecellule, simple
oucomposite,
estdéfini à
partir
de la maximisation de la satisfaction. Il est raisonnable de modifier dans la suite laterminologie
etd’appeler équilibre
cequi
corres-pond
à un extremum de «l’entropie »
et de classer ces « étatsd’équilibre »
du
point
de vue de la stabilité. Poursimplifier,
nous considéronsunique-
ment dans ce
paragraphe
le cas où lesparamètres
extensifsenvisagés
sontstrictement
positifs :
lesprix d’équilibre
se confondent alors avec lesprix
limites et par abus de
langage,
nousparlerons
seulement ici deprix.
A un
déplacement
virtuel(permis)
décrit par(dU, dX;)
autour d’un étatd’une cellule
simple,
onpeut
associer unchangement
virtuel AS de satis-faction.
L’équilibre
est caractérisé par la condition d’extremumqui
doit être vérifiée par toutdéplacement
virtuel infinitésimal.La condition de maximisation se traduit par
Nous sommes conduits
comme
enmécanique
outhermodynamique
auxdéfinitions suivantes :
Un
équilibre
est dit stable siest vérifié pour tout
déplacement
virtuelinfinitésimal
non nul.Un
équilibre
est ditcritique (ou métastable)
si :est vérifié pour tout
déplacement
et s’il existe desdéplacements
non tri-viaux tels que
d2S
= 0.Un
équilibre
est dit instable s’il existe desdéplacements
vérifianta)
Stabilitéintrinsèque
d’une cellulesimple
à un bien matériel.Soit une cellule
simple E’, isolée, comportant
un bien matériel et de la monnaie. Nous allons étudier sa stabilitéintrinsèque,
c’est-à-dire les conditions assurant la stabilité d’unéquilibre
résultant d’un partagefictif
de
1:’,
en deuxparties
dont l’une estnégligeable
devant l’autre.Effectuons par
l’esprit
unepartition
de la cellule L’en deux cellulessimples
E etE,
où 1: estnégligeable
devantE ;
onpeut
écrire pour les para- mètres extensifs de la cellule E’ :En vertu d’un raisonnement
analogue
à celui duparagraphe (2-3-a)
onétablit que les dérivées secondes
2014=y,
,-2
sontnégligeables
vis-à-vis de leurs
homologues
dans la cellule E.Considérons un transfert virtuel de monnaie et de bien entre les cellules E et E. Les contraintes d’isolement
impliquent :
A ce transfert est associé un accroissement virtuel de la satisfaction S’
de la cellule
L’,
soit au troisième ordreprès,
etpuisqu’on peut négliger
lesdérivées secondes de S dans la cellule E :
A
l’équilibre,
on doit avoir :. Soit
d’après (4-6)
et(4-7) :
et cette relation étant vérifiée
quels
que soient dU etdX,
on en déduitd’après
la définition desprix d’équilibre (qui
se confondent ici avec lesprix limites,
lesparamètres
extensifsU, U, X, X
étant toussupposés positifs)
On retrouve ici un résultat
exposé
auparagraphe 3,
à propos des réservoirs extérieurs.De
plus, d’après
lepostulat III,
la satisfaction devant être maximaleon devra avoir :
La forme
quadratique d2S
devra donc être définienégative.
On va la réduire à la forme
canonique Açî
+ A cet effet remarquons que :On en déduit que :
Évaluons
le coefficient de(dX)2
dans la relationprécédente.
Il vientSoit:
Or
on peut
écrire :et
on en
déduit,
par combinaison de ces deux dernières relations :soit: O O
Par
suite,
le coefficient de(dX)2
dans la formequadratique d2S,
réduiteà la forme
canonique
s’écrit :Il en résulte
qu’on
a :et les conditions nécessaires et
suffisantes
pour qued2S
soit définienéga- tive,
et par suite de stabilitéintrinsèque
pour la cellule ~’ s’écrivent :(4-8) signifie
que si laquantité
X de bien déterminé dans I: estfixée,
unevariation de la
quantité
de monnaiepossédée
dansI:,
entraîne une variationen sens inverse de À.
ANN. INST. POINCARÉ, B-VI-2 13
(4-9) exprime
que si À estdonné,
une variation de laquantité
X du biendétenue dans E entraîne une variation en sens inverse du
prix
de ce bien.On
peut
noter que, pour U >0,
X >0,
la relation( 1-7)
s’écritOn en déduit :
ce
qui,
avec(4-8), implique :
On voit ainsi
apparaître
une condition nécessaire de stabilitéintrinsèque
de la cellule : à
quantité
de bien constante, une variation de laquantité
demonnaie entraîne une variation d~.~ .- ~ le même sens du
prix
du bien.On a vu
(remarque
2 duparagraphe 1)
que P est une fonctionhomogène
de
degré
0 des variables U et X. L’identité d’Euler s’écrit :Les conditions de stabilité
intrinsèque
dusystème impliquent
alors par l’intermédiaire de(4-10)
que :On
peut
donc énoncer demême,
une autre condition nécessaire de sta- bilitéintrinsèque
de la cellule : àquantité
de monnaiedonnée,
une variationde la
quantité
du bien détenue dans la cellule entraîne une variation en sensinverse du
prix
de ce bien.b)
Stabilité mutuelle de deux cellulessimples
à un bien matériel.On considère deux cellules
simples
en contact l’une avec l’autre. Onpeut
sepréoccuper
de la stabilité d’un étatd’équilibre
déterminé par une certainepartition
desquantités
de monnaie et de bien entre les deux cel- lules. Cet étatd’équilibre
est défini par lepostulat
III. Nous montrerons que cet étatd’équilibre
eststable,
si chacune des deux cellules est dans unétat
intrinsèquement
stable. Ainsi lesproblèmes
de stabilité mutuelle peu- vent se ramener à desproblèmes
de stabilitéintrinsèque.
Considérons donc deux cellules
simples E 1
etL2
en contact l’une avecl’autre. La variation de satisfaction
engendrée
par un processus virtuel de transfert de monnaie et de bien entre les deux cellules s’écrit :les termes d’ordre un déterminant l’état
d’équilibre,
et ceux ’ d’ordre deuxla stabilité. Avec les contraintes d’isolement de la cellule
(£1, E2) :
les termes d’ordre deux
prennent
la forme :Ainsi
d2S
est une formequadratique
des variablesdU 1
et et la condi-tion de stabilité mutuelle des cellules
LI’ E2
est que cette forme soit définienégative.
Paranalogie
avec les relations(4-8)
et(4-9)
les conditions de stabilité s’écrivent :Or les conditions de stabilité
intrinsèque
descellules et E2 impliquent :
et