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Vaccination anti-HPV - Le point de vue de l'ORL

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La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 1 - janvier 2017 | 39

DOSSIER

Vaccin contre le papillomavirus

Vaccination anti-HPV

Le point de vue de l’ORL

Otolaryngology head and neck surgery perspective

J. Lacau Saint-Guily*

* Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, AP-HP, hôpital Tenon, Paris ; université Sorbonne-Paris 6, institut universitaire de cancérologie Pierre-et-Marie-Curie.

Rôle du papillomavirus

dans les cancers oropharyngés

Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) restent parmi les plus fréquents chez l’homme ; la France garde un taux d’incidence parmi les plus élevés du monde pour la cavité buccale et le pharynx avec une tendance à l’élévation chez la femme (1, 2).

Si les localisations étroitement liées au tabac comme le larynx semblent diminuer dans notre pays, on assiste dans tout le monde occidental depuis 4 décennies à une augmentation progressive en chiffre absolu des localisations oropharyngées, et parmi celles-ci à une progression régulière de la proportion de tumeurs associées aux papillomavirus (HPV) [1, 3].

La localisation amygdalienne (tonsille) est celle dans laquelle les tumeurs positives à HPV sont les plus fréquentes. Cette proportion ne cesse de s’élever, elle a dépassé 50 % aux États-Unis (3, 4), en Scandinavie et au Japon (5) et constitue au moins un tiers des tumeurs oropharyngées en France où les chiffres évoluent également (6). Les tumeurs HPV– restent plus fréquentes, liées étroitement à la consom mation tabagique et alcoolique.

Parmi les tumeurs HPV+, une particularité notable de la France est qu’une proportion importante (environ 50 %) des patients sont aussi consom- mateurs de tabac, ce qui représente une différence avec les États-Unis ou la Scandinavie où la majorité des patients HPV+ sont non fumeurs. Le fait remar- quable est que des patients non fumeurs stricts, y compris n’ayant jamais fumé, ont des cancers de l’oropharynx, en particulier de l’amygdale (ils sont donc la grande majorité aux États-Unis et en Scandinavie et une forte minorité en France), et que le HPV est leur seul facteur de risque. Ce sont des patients d’âge moyen significativement plus jeune que les patients HPV–. C’est le HPV 16 qui dans toutes les régions du monde est le plus souvent

retrouvé, avec une infection très majoritairement monovirale dans cette localisation.

Ce sont les hommes qui sont toujours majoritaire- ment atteints par ces cancers de l’oropharynx, qu’ils soient HPV+ ou HPV–, mais les femmes sont de plus en plus touchées par ce type de cancer. Les antécé- dents de néoplasie du col constituent un facteur de risque et méritent d’être recherchés systématique- ment chez une patiente ou la conjointe d’un patient.

Les cancers de l’oropharynx HPV+ ont un meil- leur pronostic (4), en termes de survie globale et de survie sans récidive, que ceux HPV–. Le trai- tement fait appel notamment à la chirurgie, à la radiochimiothérapie, aux thérapies ciblées, selon des modalités variées ; un des objectifs des études cliniques est de déterminer de quelle façon une déflation thérapeutique est réalisable chez ces patients, pour réduire les séquelles des traitements sans obérer le pronostic carcinolo- gique (7, 8).

La vaccination contre le HPV

La prévention est un objectif majeur pour ces cancers aux sévères implications vitales et fonctionnelles et qui, de plus, constituent un lourd fardeau pour la société. La diminution de l’alcoolo-tabagisme a une incidence directe sur les cancers liés à ces carcinogènes, dont les car- cinomes des VADS, et en particulier les carcinomes oro pharyngés HPV–.

Pour les carcinomes oropharyngés HPV+, la vaccina- tion est susceptible de réduire drastiquement l’infec- tion précoce par les HPV (16, 18 et autres), acquise le plus souvent au cours des premiers rapports sexuels, facteur carcinogène direct des carcinomes HPV+.

Les hommes comme les femmes sont concernés.

Les uns et les autres doivent pouvoir bénéficier de la prévention primaire de ces cancers apportée par

la vaccination anti-HPV. ■

J. Lacau Saint-Guily déclare avoir des liens d’intérêts avec Pasteur Sanofi MSD (membre du board vaccination HPV).

© La Lettre du Gynécologue 2016;405:32.

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48 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 1 - janvier 2017

DOSSIER

Vaccin contre

le papillomavirus Le point de vue de l’ORL

1. Combes JD, Laversanne M, Franceschi S. Épidémiologie générale des cancers des voies aéro-digestives supé- rieures. In : Lacau Saint-Guily J et Reyt E. Actualités et innovations en cancérologie des voies aéro-digestives supérieures. Rapport de la Société française d’ORL et de chirurgie cervico-faciale. Paris : Elsevier-Masson ; 2015. p. 2-6.

2. Institut national du cancer. Les cancers en France. Édition 2013.

3. Chaturvedi AK, Anderson WF, Lortet-Tieulent J et al. Worldwide trends in incidence rates for oral cavity

and oropharyngeal cancers. J Clin Oncol 2013;31(36):

4550-9.

4. Ang KK, Harris J, Wheeler R et al. Human papillomavirus and survival of patients with oropharyngeal cancer. N Engl J Med 2010;363(1):24-35.

5. Hama T, Tokumaru Y, Fujii M et al. Prevalence of human papillomavirus in oropharyngeal cancer: a multicenter study in Japan. Oncology 2014;87(3):173-82.

6. Lacau St Guily J, Jacquard AC, Pretet JL et al. Human papillomavirus genotype distribution in oropharynx and

oral cavity cancer in France-The EDiTH VI study. J Clin Virol 2011;51(2):100-4.

7. Masterson L, Moualed D, Liu ZW et al. De-escalation treatment protocols for human papillomavirus-associated oropharyngeal squamous cell carcinoma: a systematic review and meta-analysis of current clinical trials. Eur J Cancer 2014;50(15):2636-48.

8. Mirghani H, Amen F, Blanchard P et al. Treatment de-escalation in HPV-positive oropharyngeal carcinoma:

ongoing trials, critical issues and perspectives. Int J Cancer 2015;136(7):1494-503.

Références bibliographiques (suite de la p. 39)

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Références

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