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Plan tactique pour la mise en valeur de

l'omble chevalier (Salvelinus salvelinus) anadrome au Nunavik

Comité du plan tactique Mai 1997

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l'omble chevalier (Salvelinus salvelinus) anadrome au Nunavik. Document conjoint du Ministère de l'Environnement et de la Faune, de la Société Makivik, du Gouvernement régional Kativik et du Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. 73 p.

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AVANT-PROPOS

Ce plan tactique répond à un besoin perçu depuis quelques années par les principales organisations impliquées dans la gestion de l'omble chevalier au Nunavik. Il est basé sur des versions antérieures produites en 1993, puis en 1995.

Les grandes orientations qui y sont dégagées émanent d'un consensus entre les membres d'un comité ad hoc, composé de représentants de la Société Makivik, du gouvernement régional Kativik, du Ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF), et du Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPA).

Avant d'être mis en vigueur, il devra au préalable être approuvé par le Comité conjoint pêche, chasse et piégeage. Il sera ensuite proposé aux corporations foncières qui pourront désigner un responsable de sa mise en application dans leur communauté.

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Au cours des dernières décennies, l'omble chevalier anadrome, un poisson de première importance pour l'alimentation des Inuit du Nunavik, est devenu de moins en moins abondant à proximité des villages.

Un comité constitué de représentants des organismes impliqués dans la mise en valeur de cette ressource a été constitué pour faire le point sur la situation, examiner les possibilités d'intervention et établir par consensus une ligne de conduite pour intervenir de façon coordonnée et efficace.

Un bilan sommaire, par région, des connaissances sur les populations d'omble et leur exploitation a été dressé; il en ressort, en première analyse, que les bais- ses d'abondance semblent avoir été le plus souvent causées par une intensifi- cation des pêches d'alimentation près des agglomérations. Dans certains cas, l'utilisation communautaire des captures d'alimentation et les échanges entre villages pourraient avoir accentué l'exploitation et contribué à en étendre les ef- fets vers des communautés qui disposaient auparavant de surplus.

Pour corriger la situation, le comité recommande que les corporations foncières des villages mettent sur pied un programme de suivi des pêches (d'alimentation, commerciale et sportive), qu'elles posent elles-mêmes un diagnostic sur l'état des stocks et leur exploitation et qu'elles préparent et mettent en vigueur des plans de gestion, de façon à optimiser l'usage de cette ressource.

Le Ministère de l'Environnement et de la Faune agirait comme conseiller pour certains aspects du processus et réaliserait si nécessaire les études biologiques ad hoc, en collaboration avec divers partenaires, selon la nature des études et

les champs d'expertise requis (Kativik, Makivik, MAPA, universités ou autres).

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vi

Il est possible que certains aménagements favorisant un meilleur accès vers l'eau douce contribuent à une augmentation de la production, mais le comité es- time que les gains escomptés ont toutes les chances d'être modestes. Il recom- mande que les répercussions de ces travaux en rivière sur la disponibilité de l'omble soient mesurées.

Enfin, des interventions directes sur les populations pour soutenir artificiellement leur production pourraient être possibles. Cependant, les techniques disponibles devraient faire l'objet d'une évaluation adéquate sur des populations d'omble chevalier anadrome au Nunavik, dans le cadre de projets pilotes, avant qu'on ne généralise leur application.

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TABLE DES MATIÈRES

Page

AVANT-PROPOS iii

RÉSUMÉ

TABLE DES MATIÈRES vii

LISTE DES TABLEAUX xi

LISTE DES FIGURES xiii

1. INTRODUCTION 1

2. OBJECTIF ET BUTS 3

3. APERÇU DE LA BIOLOGIE ET DE L'ÉCOLOGIE DE L'OMBLE CHEVALIER 5

3.1. DISTRIBUTION 5

3.2. CYCLE VITAL ET HABITAT 7

3.2.1. Stades juvéniles dulcicoles 7

3.2.2. Stades migratoires 8

3.2.3. Maturation et reproduction 10

3.3. CARACTÉRISTIQUES DES POPULATIONS D'OMBLE CHEVALIER DU NUNAVIK 12

3.3.1. Nombre et taille des populations 12

3.3.2. Croissance 14

3.3.3. Relations intra et inter-spécifiques 16

3.3.4. Dynamique des populations et facteurs limitant l'abondance 17 4. IMPORTANCE TRADITIONNELLE ET EXPLOITATION DE L'OMBLE CHEVALIER

AU NUNAVIK 19

4.1. PÊCHE D'ALIMENTATION ET UTILISATION COMMUNAUTAIRE 19

4.2. PÊCHE SPORTIVE 24

4.3. PÊCHE COMMERCIALE 25

4.4. AUTRES TYPES DE PRÉLÈVEMENT 28

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VIII

5. SITUATION ACTUELLE 29

5.1. BILAN PAR RÉGIONS 29

5.1.1. Killiniq 29

5.1.2. Kangiqsualujjuaq 30

5.1.3. Kuujjuaq 31

5.1.4. Tasiujaq 32

5.1.5. Aupaluk 32

5.1.6. Kangirsuq 32

5.1.7. Quaqtaq 33

5.1.8. Kangiqsujuaq 33

5.1.9. Salluit 33

5.1.10. Ivujivik 34

5.1.11. Akulivik 34

5.1.12. Puvirnituq 35

5.1.13. Inukjuak 35

5.1.14. Umiujaq 36

5.1.15. Kuujjuaraapik 36

5.2. PROBLÈMES LES PLUS FRÉQUENTS 36

6. POSSIBILITÉS D'INTERVENTION 39

6.1. INTERVENTIONS DIRECTES SUR LES HABITATS OU LES POPULATIONS 39

6.2. UTILISATION OPTIMALE DES POPULATIONS PAR LA GESTION DES PÊCHES 43

6.2.1. Principes sous:iacents à la gestion des pêches 44

6.2.2. Gestion de la pêche à l'omble chevalier du Nunavik 46

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7. INTERVENTIONS RETENUES, PRIORITÉS ET RESPONSABILITÉS 53

7.1. SUIVI ET GESTION DE LA PÊCHE 53

7.2. CONSEILS ET ÉTUDES BIOLOGIQUES 55

7.2.1. Conseils aux communautés pour la gestion 56

7.2.1.1. Standardisation des données sur l'exploitation 56

7.2.1.2. Indices de l'intensité d'exploitation 57

7.2.1.3. Assistance dans la conception de plans de gestion des pêches 57

7.2.2. Études biologiques ad hoc 58

7.3. INTERVENTIONS DIRECTES SUR LES POPULATIONS ET LES HABITATS 59

7.3.1. Amélioration de l'accès 59

7.3.2. Soutien artificiel de la production 60

8. CONCLUSION 63

9. REMERCIEMENTS 64

10. LISTE DES RÉFÉRENCES 65

11. ANNEXE 73

11.1. COMITÉ DU PLAN TACTIQUE SUR L'OMBLE CHEVALIER 73

11.1.1. Membres 73

11.1.2. Analyste et rédacteur 73

(9)

xi

LISTE DES TABLEAUX

Page

Tableau 1. Répartition des systèmes à omble chevalier du Nunavik selon une appréciation sommaire de l'importance de leurs popula-

tions 13

Tableau 2. Population Inuit du Nunavik et estimation des prises annuel- les d'omble chevalier par certaines communautés entre 1976

et 1980 22

Tableau 3. Captures d'ombles chevaliers selon le type d'exploitation dans le secteur de Kangiqsualujjuaq (George River), de 1988

à 1990 23

Tableau 4. Provenance des captures d'ombles chevaliers destinées à l'alimentation dans la région de Kangiqsualujjuaq, de 1988 à

1992 23

Tableau 5. Aménagements des accès de systèmes à omble chevalier 42 Tableau 6. Sommaire des interventions et des responsabilités pour la

mise en valeur de l'omble chevalier du Nunavik 61

(10)
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LISTE DES FIGURES

Page

Figure 1. Limites approximatives de la portion côtière du Nunavik que l'on sait fréquentée par l'omble chevalier anadrome et locali-

sation des villages Inuit 6

Figure 2. Stades du cycle vital de l'omble chevalier et milieux fréquen-

tés 11

Figure 3. Longueur à la fourche en fonction de l'âge, selon le modèle de von Bertalanffy, chez des ombles chevaliers appartenant à diverses populations de la région de Kangiqsualujjuaq 15 Figure 4. Contingent et récolte commerciale d'ombles chevaliers, in-

cluant les rejets et les surplus, pour la région de Kangiqsua-

lujjuaq 28

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1

1. INTRODUCTION

Jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, l'exploitation de l'omble chevalier (Salveli- nus salvelinus) par les habitants du Nunavik était pratiquée de façon tradition- nelle. La faible densité des populations Inuit, leur mode de vie nomade et les techniques dont elles disposaient pour capturer Figaluppik ont vraisemblable- ment fait en sorte que cette ressource soit constamment disponible. Lorsque l'abondance de ce poisson déclinait dans un cours d'eau, les pêcheurs et les familles déménageaient leur campement vers un autre site. Cette rotation dans l'exploitation donnait, semble-t-il, aux populations d'omble réduites par la pêche un répit de quelques années pendant lequel elles pouvaient reconstruire leurs effectifs.

Cependant, bien des choses ont changé au Nunavik au cours du vingtième siè- cle. À la faveur des échanges avec les populations du sud, les Inuit se sont sé- dentarisés dans des villages ; leurs nombres se sont accrus et, par conséquent, les besoins alimentaires aussi. L'immensité du territoire donne l'impression que ses ressources sont infinies. Toutefois, des moyens de transport tels que les embarcations à moteur, la motoneige ou l'avion facilitent désormais les dépla- cements. Les pêcheurs emploient maintenant des engins de pêche plus effica- ces ; ils sont aussi en mesure de conserver facilement les prises en surplus de leurs besoins immédiats de subsistance pour les échanger avec d'autres Inuit.

À cet accroissement de la demande locale pour l'omble chevalier se superpo- sent des tentatives visant à faire de l'espèce un atout dans le développement économique du Nunavik. On a par exemple établi une pêche sportive pour ce poisson, surtout en pourvoirie, et mené quelques essais pour en faire l'exploitation commerciale.

Tous ces facteurs semblent avoir contribué à accroître les prélèvements sur les populations d'omble chevalier dans une partie du territoire, si bien que la cou-

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turne d'exploiter les petits systèmes à tour de rôle n'est plus applicable. Les pé- riodes de repos sont devenues trop courtes, voire inexistantes pour plusieurs stocks, ce qui les prive du temps nécessaire à la reconstruction de leurs effectifs (Gillis et al. 1982).

Déjà, on a identifié quelques cas de surexploitation et il semble nécessaire d'intervenir si on veut éviter que la tendance ne se généralise. Le plan tactique pour la mise en valeur de l'omble chevalier traduit une volonté des autorités lo- cales de prendre en charge la gestion de cette ressource, pour le bien des communautés.

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3 2. OBJECTIF ET BUTS

La nécessité de coordonner les actions concernant l'omble chevalier émane d'une prise de conscience, autant chez les pêcheurs que chez les gestionnaires, de l'existence de certains problèmes (manque de données biologiques sur cer- taines populations, peu d'outils de diagnostic, manque de suivi de certains types d'exploitation, ou autres lacunes) qui nuisent à une utilisation optimale de la ressource.

Si l'on perçoit l'existence de ces difficultés, on estime également que celles-ci ne sont pas insolubles. Des mesures correctrices paraissent possibles, mais elles requièrent, pour être mises en oeuvre, une concertation des organismes impli- qués dans l'exploitation de l'omble. Il est essentiel que tous participent à cet exercice commun consistant à bien cerner la problématique, à identifier des so- lutions et à départager les responsabilités selon les mandats et les affinités de chaque organisation.

L'objectif de ce plan tactique est d'établir une vision commune de la situation de l'omble chevalier au Nunavik et d'élargir les bases d'une action concer- tée pour sa mise en valeur. On vise ainsi à consolider la coordination de toutes les organisations impliquées, dans un souci d'efficacité et de cohérence, à dé- velopper une expertise commune et à définir des orientations qui puissent per- sister dans le temps parce qu'elles reposent sur un consensus, plutôt que sur des choix individuels.

De façon plus immédiate, on a déjà identifié certains buts dont la concertation faciliterait l'atteinte :

• Améliorer les connaissances sur la biologie et l'exploitation des popula- tions d'omble chevalier du Nunavik et développer des techniques d'aménagement adaptées à l'espèce, au contexte régional et aux condi- tions locales. Ceci implique que l'on devra faire le point sur l'information

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que possède chaque organisme, identifier les lacunes à combler et plani- fier des travaux à cette fin ;

• Établir la priorité des actions retenues ;

• Préciser les rôles et les responsabilités des organisations ;

• Faciliter la prise en charge locale de l'exploitation et son contrôle, en en- courageant notamment l'élaboration de plans de gestion locaux.

Le plan tactique concerne exclusivement les populations anadromes d'omble chevalier des régions côtières du Nunavik.

Puisque les connaissances sur ces populations sont encore limitées, il est par- fois nécessaire de faire appel à des renseignements obtenus en dehors de cette aire d'étude.

(17)

5

3. APERÇU DE LA BIOLOGIE ET DE L'ÉCOLOGIE DE L'OMBLE CHEVALIER

Plusieurs publications décrivent la biologie de l'omble chevalier (Scott et Crossman 1974 ; Johnson 1980 ; Gillis et al. 1982 ; Power et al. 1989 ; Scott et Scott 1988). La section qui suit ne cherche pas à reprendre en détail ces infor- mations, mais les résume plutôt à seule fin de faciliter la compréhension de l'ensemble du document.

3.1. Distribution

L'omble chevalier est le plus septentrional de tous les salmonidés (Scott et Crossman 1974). Aux latitudes les plus élevées sous lesquelles on le retrouve, il arrive souvent qu'il soit le seul poisson présent en eau douce (Johnson 1980).

Sa distribution circumpolaire comprend la frange nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie, à la périphérie de l'océan Arctique. Il existe aussi, plus au sud, quelques populations dulcicoles isolées qui ont subsisté depuis le dernier retrait des glaciers ; les plus connues sont en Grande-Bretagne, dans les Alpes, dans le sud du Québec et dans les provinces Maritimes (Scott et Crossman 1974).

Au Québec, les populations anadromes d'omble chevalier se retrouvent pour la plupart au Nunavik, à partir de la région de Chisasibi (baie d'Hudson) tout autour de la côte septentrionale du Québec, jusqu'à la frontière du Labrador (figure 1).

L'espèce est aussi présente le long de la côte du Labrador, au-delà de Killiniq, mais ce territoire se trouve hors de la zone couverte par le présent document.

(18)

Quelques populations de rivières situéés à l'extérieur du territoire québécois (Labrador ou îles des Territoires du Nord-Ouest) sont exploitées par les commu- nautés Inuit du Nunavik ou l'ont été dans un passé récent.

Figure 1. Limites approximatives de la portion côtière du Nunavik que l'on sait fréquentée par l'omble chevalier anadrome et localisation des villa- ges Inuit. Le village de Killiniq (en gris) n'est plus habité.

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7 3.2. Cycle vital et habitat

Souvent comparé au saumon atlantique (Salmo salar) pour sa forme, sa taille ou ses migrations entre la mer et l'eau douce, l'omble chevalier s'en distingue à plusieurs égards. Il ne passe pas un an ou plus en mer comme le saumon, mais rentre plutôt en eau douce à chaque automne pour y hiverner sous la glace.

Il ne partage pas non plus la capacité de saut spectaculaire qui a valu au sau- mon son nom de sauteur (salar). Pour l'omble chevalier, un obstacle de 1,5 m environ met habituellementl fin à toute possibilité de remonter une rivière (Hun- ter 1976). Cette capacité limitée de franchissement a des répercussions directes sur les aires disponibles pour la production d'ombles juvéniles, chez les popula- tions anadromes.

Les ombles anadromes remontent rarement les cours d'eau à plus de 75 km de la côte marine. Dans les mêmes régions, le saumon, lorsqu'il est présent, fran- chit en général de plus longues distances en rivière.

Dans certains habitats d'eau douce aujourd'hui inaccessibles à partir de la mer, on retrouve parfois des populations dulcicoles d'omble chevalier (nutillik).

3.2.1. Stades juvéniles dulcicoles

Déposés et fécondés à l'automne, les oeufs d'omble chevalier se développent pendant l'hiver. L'incubation dure environ 180 jours à 1 ; une élévation de température au-delà de 7,8 °C pendant cette période entraîne une forte mortalité (Hunter 1966). L'éclosion aurait lieu en mars ou avril (Stenzel 1987), mais

1 À l'occasion, la configuration des lieux peut permettre à l'omble de franchir des obstacles at- teignant 2 m de dénivellation.

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l'alevin, qui mesure alors environ 25 mm, n'émerge du gravier qu'après la débâ- cle, c'est-à-dire entre la mi-juin et la mi-juillet, selon la région.

Il se déplace ensuite du site de fraie vers la zone riveraine, en lac ou parfois en rivière. Entre les blocs et les galets du fond, il complétera la phase dulcicole de sa vie, qui dure en général 2 à 4 ans. Sa livrée caractéristique, avec 11 à 13 bandes verticales sur les flancs, lui vaut l'appellation de tacon (ou parr), par analogie au stade correspondant chez le saumon.

Pendant leur vie en eau douce, les ombles chevaliers juvéniles s'alimentent surtout d'insectes. Ils supportent une densité de population élevée, contraire- ment aux tacons de saumon, qui eux forment des territoires où chaque individu s'assure l'exclusivité des ressources alimentaires.

3.2.2. Stades migratoires

Au terme de ses premières années en lac ou en rivière, l'omble chevalier amorce une phase migratoire pendant laquelle il passe à plusieurs reprises de l'eau douce à la mer, milieu plus propice à son alimentation et à sa croissance (Johnson 1980). Le déclenchement de ce changement majeur dans le mode de vie du poisson semble dépendre davantage de sa taille que de son âge ; on ob- serve en effet, dans une région donnée, plus d'homogénéité dans la taille des juvéniles à leur première descente en mer que dans leur distribution d'âge (Grainger 1953 ; Glova et McCart 1978 ; Johnson 1980).

À partir de la première descente, les migrations entre la mer et l'eau douce ont habituellement lieu à chaque année, sauf pour les individus qui doivent partici- per sous peu à la fraie.

Tous les individus d'une population passent l'hiver en eau douce, mais la chro- nologie de migration de certains d'entre eux vers la mer semble dépendre de leur stade de développement. La descente s'amorce dès le départ des glaces de

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9

l'émissaire. Les premiers migrateurs sont les plus gros individus (immatures ou géniteurs en période de repos sexuel), suivis par ceux de taille moyenne et, en- fin, par les plus petits (Gyselman 1984 ; Boivin 1994).

Le séjour en estuaire ou en mer correspond à une période d'alimentation inten- sive et de croissance accélérée (Grainger 1953 ; Andrews et Lear 1956 ; Moore 1975b). Les ombles pourchassent les invertébrés et les poissons qui abondent dans l'estuaire de leur rivière ou dans son voisinage. En règle générale, ils ne semblent pas s'éloigner de la côte, bien que certains gros individus puissent se déplacer le long de celle-ci jusqu'à des distances dépassant 100 km (Moore 1975a ; Hunter 1976 ; Gyselman 1984).

Le séjour annuel en mer est relativement bref ; il dure quelques semaines, sans toutefois dépasser trois mois. La remontée en rivière peut débuter dès le mois d'août. Elle se concentre d'ordinaire entre la mi-août et la mi-septembre. La sé- quence d'apparition des divers groupes dans la remontée est moins nette que dans la descente (Gyselman 1984). Les grandes femelles tendent à passer en premier, suivies par un ensemble d'individus de tailles variées ; la remontée se termine par le passage des plus petits spécimens, des grands mâles et des gé- niteurs de l'année précédente (T. Boivin, comm. pers.). Au Nunavik, la migration vers l'eau douce semble complétée vers la troisième semaine de septembre (Boivin 1994).

En général, un individu ferait de 3 à 5 séjours en mer pendant sa vie (Johnson 1980) ; le nombre maximum de migrations au Nunavik serait de 7 (G. Ouellette, données non publiées).

Les ombles remontent ordinairement leur rivière d'origine pour hiverner ; on a cependant observé des individus qui s'engageaient dans des cours d'eau voi- sins (Johnson 1980), ce qui suggère la possibilité d'échanges et de mélanges entre populations.

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3.2.3. Maturation et reproduction

La maturité sexuelle survient chez l'omble chevalier à un âge et à une taille qui dépendent du sexe de l'individu et de la population à laquelle il appartient (Scott et Crossman 1974 ; Scott et Scott 1988).

Chez cette espèce, les femelles peuvent se reproduire plus hâtivement (4 à 8 ans) que les mâles (6 à 12 ans) ; elles produisent de 3 000 à 5 000 oeufs, selon leur taille. Au Nunavik, il semble peu fréquent qu'une femelle atteigne la maturité tant que sa taille demeure inférieure à 45 ou 50 cm (Boivin 1994).

Dans les Territoires du Nord-Ouest, les individus qui se préparent à frayer à l'automne ne migrent pas en mer au cours de l'été précédent (Johnson 1980).

On ignore dans quelle mesure ce patron de migration s'applique aux populations du Nunavik ; chez certaines des populations qu'on y a étudié, les géniteurs semblent aller en mer l'été précédant la fraie. Les individus en maturation mon- trent d'ordinaire une accentuation de leur coloration ; leurs flancs deviennent rouge vif. Certains individus des deux sexes développent un kype, c'est-à-dire un crochet sur la mandibule.

La fraie, qui a lieu vers la fin de septembre ou le début d'octobre (Cunjak et al.

1986), paraît être déclenchée par un changement de la température de l'eau.

L'espèce semble opportuniste dans sa sélection des sites de fraie, car ceux-ci présentent une grande variété entre les populations. Le type de frayère le plus fréquent, constitué de graviers, est situé en bordure d'un lac ou d'une rivière.

La fraie a lieu le jour. La femelle creuse d'abord un nid dans le gravier avec sa queue, de la façon typique des salmonidés. Stimulée par un ou plusieurs mâles, elle libère ses ovules, aussitôt fertilisés par ses partenaires. De couleur ambrée, les oeufs fécondés gonflent et durcissent à un diamètre de 5 mm environ. Logés dans les interstices du gravier, ils s'y développent au cours de l'hiver.

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Stade 1Printemps1 I Eté Automne I I Hiver CEuf

Alevin, tacon Smolt Migrateur immature Reproducteur de l'année Géniteur en repos sexuel

Eau douce Eau salée Descente en mer Remontée en eau douce Fraie

Daru certaines popublicns, les repocluoteurs vont en mer rée précédant la fraie.

D R F

Type de milieu fréquenté selon la saison et le stade du cycle vital

Légende 11

Après la fraie, les géniteurs peuvent survivre et hiverner comme le reste de la population, en attendant de pouvoir se reconditionner au cours de l'été suivant.

Le même individu peut frayer aux deux ou aux trois ans, mais il semble que l'intervalle entre les fraies s'accroisse avec l'âge (Dutil 1986).

La figure 2 résume schématiquement la fréquentation de deux types de milieux (eau douce et salée) par l'omble chevalier, selon la saison et le stade de déve- loppement du poisson.

Figure 2. Stades du cycle vital de l'omble chevalier et milieux fréquentés.

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3.3. Caractéristiques des populations d'omble chevalier du Nunavik

Pratiquement inexistantes il y a trente ans à peine, les connaissances sur la biologie, l'écologie et l'exploitation de l'omble chevalier au Nunavik se sont sur- tout développées depuis le début des années 1980 ; l'effort de recherche1 dé- ployé découlait alors principalement d'une volonté de rétablir une exploitation commerciale, tout en évitant la surexploitation et ses inconvénients pour les principaux utilisateurs, les pêcheurs de subsistance.

La majorité de ces études ont été réalisées dans le secteur est de la baie d'Ungava, en particulier dans la région de Kangiqsualujjuaq (George River), où la production naturelle d'omble et l'exploitation semblent être les plus élevées de tout le Nunavik. Tant qu'une meilleure couverture géographique des relevés ne permettra pas de valider dans la majorité des systèmes les résultats obtenus jusqu'ici, il faudra faire preuve de prudence avant de les transposer à tout le ter- ritoire, compte tenu de la plasticité que montre ce poisson.

3.3.1. Nombre et taille des populations

On estime qu'au moins 173 systèmes hydrographiques, ou parties de systèmes, sont susceptibles d'abriter des populations d'omble chevalier exploitées par les communautés du Nunavik2 (ELUMP, données non publiées) ; ce nombre com- prend 158 systèmes au Québec, 3 au Labrador et 11 sur des îles des Territoires

Puisque ces études étaient surtout motivées par un souci de gérer adéquatement la pêche, une description sommaire en est faite à la section Gestion de la pêche à l'omble chevalier du Nunavik.

2 La liste de ces systèmes a d'abord été dressée, dans le cadre du projet ELUMP (Ecological and Land Use Mapping Project) par un groupe de travail de la Société Makivik, formé de per- sonnes ayant une bonne connaissance des populations d'omble chevalier. Elle a été ensuite validée et complétée avec des informations recueillies lors d'entrevues avec des pêcheurs Inuit par le personnel de Makivik ou celui du MEF. Cette compilation ne couvre pas la région de Puvirnituq, où des entrevues n'ont pu être réalisées.

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du Nord-Ouest. Il s'agit là, selon toute vraisemblance, d'un nombre minimum de populations distinctes, car certains grands systèmes pourraient bien en compter plus d'une.

Même si on ne dispose pas d'estimation des effectifs pour la plupart de ces po- pulations, on convient qu'il existe une grande variété de tailles parmi celles-ci.

On peut supposer, en effet, que certains stocks sont importants du seul fait qu'ils aient pu soutenir pendant de longues périodes des prélèvements annuels de plusieurs milliers d'individus sans montrer de signe de fléchissement. À l'opposé, certaines populations sont tellement petites que leur existence même ne fait pas l'unanimité des pêcheurs Inuit consultés.

Selon une appréciation sommaire et encore incomplète de la taille des popula- tions (tableau 1), la zone de production d'omble chevalier la plus importante se trouverait le long de la côte est de la baie d'Ungava (régions de Killiniq et Kan- giqsualujjuaq). Cette portion de territoire contiendrait, à elle seule, le tiers des

Tableau 1. Répartition des systèmes à omble chevalier du Nunavik selon une appréciation sommaire de l'importance de leurs populations.

Communauté utilisatrice

Populations d'omble par classe de taille Total Grande Moyenne Petite Marginale Indéf.

1. Killiniq 0 5 8 0 3 16

2. Kangiqsualujjuaq 2 4 7 1 6 20

3. Kuujjuaq 0 1 2 0 3 6

4. Tasiujaq 1 0 1 1 5 8

5. Aupaluk 0 1 2 1 3 7

6. Kangirsuq 1 0 2 1 4 8

7. Quaqtaq 0 0 1 2 6 9

8. Kangiqsujuaq 0 1 1 1 13 16

9. Salluit 2 0 0 0 5 7

10. lvujivik 1 1 2 2 8 14

11. Akulivik 1 0 3 2 9 15

12. Puvirnituq 1 2 2 2 6 13

13. lnukjuak 0 0 0 2 28 30

14. Umiujaq 0 0 1 0 1 2

15. Kuujjuaraapik 0 0 0 2 0 2

Total 9 15 32 17 100 173

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rivières productrices connues.

La zone de plus faible production serait la partie sud-est de la baie d'Hudson ; il ne s'y trouverait que quatre rivières à omble chevalier, dont la plus méridionale serait Nassiit Kuunga (rivière au Phoque, 54° 32' de latitude nord), à l'extrémité nord-est de la baie James. Il semble y avoir peu de rivières abritant des popula- tions substantielles d'omble anadrome au sud du 58e degré de latitude.

On dispose d'estimations ou de dénombrements des effectifs d'individus migra- teurs pour quelques rivières ; les effectifs vont de quelques dizaines d'individus sur la rivière lqaluppiit, dans la région de Kuujjuaraapik, à plus de 30 000 sur la rivière Payne, près de Kangirsuq (Bouillon 1985 ; Gillis 1988).

3.3.2. Croissance

Paramètre important de la productivité des populations, la croissance présente, chez l'omble chevalier, un gamme étendue de possibilités. Elle varie en fonction de la latitude, car la saison de croissance, la nourriture disponible et les possibi- lités de migration en mer sont affectées par cette variable. Mais, on peut aussi observer des différences dans les taux de croissance entre des populations vi- vant dans le même réseau hydrographique, voire dans le même lac.

La croissance pendant la vie en eau douce est plus lente que pendant la phase migratoire du cycle vital. L'alevin qui ne mesure que 25 mm à l'éclosion aura à peine doublé sa longueur après un an (Coady 1974). Lors de sa première des- cente en mer, à 3 ou 4 ans, le poisson mesure entre 80 et 150 mm, selon la ré- gion. Mais à partir du moment où il a accès aux abondantes ressources des eaux côtières, l'omble gagne plus rapidement en longueur à l'occasion de cha- que séjour en mer (figure 3). Enfin, la croissance ralentit avec le début de la vie reproductive.

(27)

15

Longueur à la fourche (cm)

90 80 70

ICI

60 50

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0 5 10 15 20 25

Age (ans)

Figure 3. Longueur à la fourche en fonction de l'âge, selon le modèle de von Bertalanffy, chez des ombles chevaliers appartenant à diverses populations de la région de Kangiqsualujjuaq (Boivin 1994).

Le long de la côte du Labrador, la longueur des ombles plafonne aux environs de 71 cm, quand les poissons ont une vingtaine d'années (Coady 1974). Au Nu- navik, les valeurs observées semblent être du même ordre, bien qu'elles varient d'un système à l'autre (Boivin 1994).

Le plus gros spécimen enregistré au Nunavik a été capturé à Finger Lake ; il mesurait 856 mm et pesait 9,1 kg. Par comparaison, le record de poids est de 12,7 kg au Labrador (Coady 1974), de 13,46 kg dans le Territoires du Nord- Ouest (Anonyme 1984) et de 16 kg en Nouvelle-Zemble (Yessipov 1935, cité dans Scott et Scott 1988).

On a rapporté ailleurs au Canada la capture de spécimens censément vieux de 40 ans (Hunter 1976), mais on n'a jamais trouvé au Nunavik d'omble de plus de

(28)

30 ans. Les individus très vieux (plus de 20 ans) sont aujourd'hui extrêmement rares (Boivin et al. 1991).

Dans les populations les mieux connues du Nunavik, celles de la région de Kangiqsualujjuaq, la plus grande partie de la biomasse se trouve concentrée dans les groupes d'âge de 8 à 15 ans (Boivin 1994).

3.3.3. Relations intra et inter-spécifiques

On possède peu d'informations sur la compétition et la prédation d'autres espè- ces à l'endroit de l'omble chevalier. Certains oiseaux, tels que les huarts et les sternes, s'en nourrissent mais on n'a pas encore mesuré l'importance des prélè- vements par ces prédateurs ni leurs effets sur les populations touchées.

Certains indices donnent à penser que la présence d'autres poissons limite l'abondance de l'omble chevalier. Dans la partie nord de son aire de répartition, par exemple sur certaines îles de l'Arctique, l'omble chevalier est pratiquement le seul poisson présent en eau douce. Par contre, la partie sud de son aire de distribution, qui chevauche celle d'autres espèces, est aussi celle où l'omble est moins abondant.

Dans le Nunavik, on rencontre tout l'éventail de ces conditions. On peut trouver l'omble chevalier seul dans les bassins les plus septentrionaux, puis à mesure que l'on progresse vers le sud, de plus en plus souvent en sympatrie avec des espèces d'eau douce (touladi, ménomini rond, omble de fontaine, grand coré- gone, grand brochet, meunier rouge et meunier noir) ou anadromes (omble de fontaine ou saumon atlantique).

Dans les pays scandinaves, on a mis en évidence l'existence d'interactions en- tre l'omble chevalier et la truite brune ou le grand corégone. Au Québec, la seule étude publiée sur ce sujet suggère que l'utilisation des ressources ali- mentaires du milieu varie chez l'omble chevalier selon que l'espèce vive seule

(29)

17

dans un plan d'eau ou en contact avec le touladi ou l'omble de fontaine (Fraser et Power 1981).

Selon les pêcheurs Inuit, l'invasion du bassin supérieur du Koksoak par le grand brochet ne serait pas étrangère au déclin de l'omble chevalier dans ce cours d'eau. On a aussi suggéré que la présence dans ce fleuve d'un sous-groupe de saumons à croissance estuarienne, dont le patron de migration rappelle celui de l'omble chevalier, pouvait avoir contribué à cette baisse (Robitaille et al. 1986).

3.3.4. Dynamique des populations et facteurs limitant l'abondance

Les renseignements disponibles sur la dynamique des populations d'omble che- valier sont plutôt fragmentaires. Les seules estimations disponibles du taux ins- tantané de mortalité naturelle (M)1 ont été établies à partir de courbes de captu- res portant sur quelques groupes d'âge consécutifs de spécimens adultes (Boi- vin 1994). Les valeurs ainsi calculées sont basses2 mais on doute qu'elles puis- sent être représentatives de la situation chez les premiers stades du cycle vital (oeuf, alevin, tacon). Chez ceux-ci, on possède des indications à l'effet que la prédation par d'autres espèces ou le cannibalisme puissent avoir des effets suf- fisamment marqués pour limiter la production.

Aux fins de gestion, on utilise une valeur approximative du taux instantané de mortalité naturelle égale à 0,20 (taux réel, v : 15,6% par an) dans le Nunavik, à

Selon la terminologie en usage dans le domaine des pêcheries, le taux instantané de mortalité naturelle (M) est défini comme M = 411(1— y), où ln est le logarithme naturel et y repré- sente le taux réel de mortalité naturelle, c'est-à-dire la fraction de la population qui disparaît au cours d'une année pour des raisons autres que la pêche (Ricker 1980).

2 Les estimations disponibles de M (taux instantané de mortalité naturelle) se situent entre 0,10 et 0,24, valeurs qui correspondent à des taux réels de mortalité naturelle de 9,5% à 21,3% par an, respectivement.

(30)

0,17 (y : 18,9% par an) dans le centre de l'Arctique (Kristofferson et al. 1982) et entre 0,17 et 0,20 au Labrador (Dempson 1978, 1981).

(31)

19

4. IMPORTANCE TRADITIONNELLE ET EXPLOITATION DE L'OMBLE CHEVALIER AU NUNAVIK

L'omble chevalier est sans contredit une espèce primordiale dans la culture Inuit. Sa distribution couvre la plus grande partie du territoire occupé par les Inuit et, dans certaines régions, c'est l'un des poissons les plus accessibles aux pêcheurs. On apprécie sa chair délicate et les traditions qui entourent sa pêche remontent à la nuit des temps.

4.1. Pêche d'alimentation et utilisation communautaire

À l'origine, la capture de l'omble chevalier engendrait des déplacements saison- niers de groupes d'Inuit et l'établissement de campements près des sites les plus propices à cette activité.

La pêche était pratiquée surtout en rivière. On édifiait en eau peu profonde une fascine de pierres (saputiit) guidant le poisson jusqu'à un endroit où on le har- ponnait avec le kakkivak.

Aujourd'hui, les engins de pêche et les moyens de transport ont changé, mais l'activité demande toujours qu'on y consacre du temps et des déplacements.

Plusieurs pêcheurs d'omble doivent encore établir un campement saisonnier.

La pêche est surtout pratiquée dans les estuaires et le long des côtes, à l'aide de filets maillants. On estime qu'environ la moitié des prises d'omble chevalier au Nunavik se font aujourd'hui à la pêche côtière. Si l'on se fie à la répartition des campements d'été, il reste probablement peu de segments du littoral qui ne subissent pas d'effort de pêche.

(32)

L'omble chevalier est aussi pêché l'hiver en lac, entre novembre et juin. Les en- gins utilisés sont alors le filet maillant, que l'on tend sous la glace au début de l'hiver, ou le kakkivak (harpon)1 et le grappin, que l'on emploie plutôt au prin- temps. Enfin, on exerce aussi un effort de capture au filet ou au nitsik (perche munie d'un crochet) dans certains cours d'eau pendant la remontée des ombles à la fin de l'été.

Les ombles capturés à la pêche d'alimentation peuvent faire l'objet d'échanges entre les communautés ou entre leur membres. Le principe du partage de la ré- colte, ou utilisation communautaire, a été reconnu dans le cadre de la Conven- tion de la baie James et du Nord québécois. En vertu du Programme d'aide aux chasseurs (Hunter Support Program) la communauté peut acheter des ombles, tout comme d'autres poissons et gibiers, auprès des chasseurs ou des pê- cheurs ; elle peut aussi engager ceux-ci pour chasser et pêcher à son compte.

Les membres de la communauté peuvent ensuite se procurer cette nourriture à même la réserve ainsi constituée.

L'existence de cette pratique de l'utilisation communautaire semble avoir occa- sionné de la confusion dans quelques villages. Dans certains cas, des ombles destinés à la réserve commune ont été acheminés à des ateliers de transforma- tion, qui ne devaient en principe traiter que les prises commerciales. Il est aussi arrivé que des résidents des villages qui n'étaient pas Inuit ont pu acheter des ombles emmagasinés pour leurs communautés.

À toutes fins pratiques, cet élargissement accordé à la pêche d'alimentation en a fait une exploitation quasi commerciale, qui a vraisemblablement contribué à maintenir une forte pression sur la ressource.

1 Selon une enquête menée en 1989-90, ce sont surtout des pêcheurs de Kangirsuq qui utilisent le kakkivak (Bernier 1992).

(33)

21

Il s'avère difficile de mesurer adéquatement l'effort de pêche exercé pour l'alimentation et la récolte d'ombles qui en résulte. Selon une étude réalisée au sein de six communauté& entre 1988 et 1990, les données recueillies au moyen d'entrevues avec les pêcheurs (effort de pêche, dates, lieux, captures) restent souvent difficiles à valider et leur qualité peut varier d'une personne à l'autre ; les compilations et les projections qu'on en tire peuvent comporter un biais im- possible à corriger lorsqu'on ne dispose d'aucune information complémentaire pour faire des recoupements. Par ailleurs, l'intérêt et la collaboration pour ces enquêtes varie selon les communautés et les personnes interviewées (Bernier 1992).

Malgré les lacunes dans les données de ce type, il est évident que la pêche d'alimentation constitue, de loin, le plus important prélèvement dans les stocks d'omble chevalier au Nunavik, lorsqu'on la compare à la pêche sportive ou commerciale. Au total, les captures de subsistance, y compris la portion desti- née à l'utilisation communautaire, auraient représenté environ 92% de la récolte totale d'omble chevalier au Nunavik au début des années 1990 (Boivin 1994).

Entre 1976 et 1980, les prises par treize des communautés Inuit du Nunavik au- raient été en moyenne de 200 t de chair comestible annuellement, soit près de 100 000 poissons (tableau 2). L'omble représentait alors 18% de la biomasse animale prélevée par la chasse et la pêche2 pour l'alimentation des Inuit, au se- cond rang derrière le caribou (CRRA 1989).

Tasiujaq, Kangirsuq, Salluit, Ivujivik, Akulivik et Puvirnituq.

2 Les autres espèces de poissons pêchées pour l'alimentation sont, par ordre d'importance, le touladi, le grand corégone, l'omble de fontaine et le saumon atlantique (CRRA 1989).

(34)

Tableau 2. Population Inuit du Nunavik et estimation des prises annuelles d'omble chevalier par certaines communautés entre 1976 et 1980 (Comité de recherche sur la récolte autochtone de la baie James et de Nord québécois (CRRA) 1989).

Communauté Population inuite (1976)

% du total

Prises d'ombles

% du total

Prises d'omble per capita

1. Killiniq 56 1,6% 292 0,3% 5,214

2. Kangiqsualujjuaq 286 8,3% 19014 19,5% 66,483

3. Kuujjuaq 687 20,0% 6317 6,5% 9,195

4. Tasiujaq 94 2,7% 6317 6,5% 67,202

5. Aupaluk 47 1,4% 2353 2,4% 50,064

6. Kangirsuq 263 7,7% 9731 10,0% 37,000

7. Quaqtaq 116 3,4% 1732 1,8% 14,931

8. Kangiqsujuaq 241 7,0% 10106 10,3% 41,934

9. Salluit 377 11,0% 13054 13,4% 34,626

10. Ivujivik

11. Akulivik 140 4,1% 13597 13,9% 97,121

12. Puvimituq

13. Inukjuak 530 15,4% 14251 14,6% 26,889

14. Umiujaq

15. Kuujjuaraapik 558 16,2% 866 0,9% 1,552

Mailasi (Chisasibi) 42 1,2% 15 0,0% 0,357

Total 3437 100,0% 97645 100,0% 28,410

À Kangiqsualujjuaq, on a pu mettre en évidence jusqu'à quel point cette exploi- tation pouvait être tout à la fois intense, mais diffuse et difficile à cerner (Boivin 1987). De 1988 à 1990, cette petite communauté de 400 personnes aurait cap- turé près de 34 000 ombles (tableau 3) ; de ce nombre, environ 25 000 poissons (ou 73% des captures) auraient été destinés à l'alimentation, ce qui représente- rait une consommation d'environ 46 kg per capita annuellement'. L'essentiel de la pêche de subsistance s'exerce sur trois systèmes proches du village : la ri- vière Kangiqsualujjuaq (George), la rivière Kurujjuaq (Koroc) et le lac Tasikallak (tableau 4).

1 Le poids moyen des ombles destinés à l'alimentation était de 2,2 kg (Boivin 1994).

(35)

23

Tableau 3. Captures d'ombles chevaliers selon le type d'exploitation dans le secteur de Kangiqsualujjuaq (George River), de 1988 à 1990 (Boivin et al.

1991).

Type de pêche 1988 1989 1990 Moyenne %

Alimentation 7515 8932 8475 8307 73%

Commerciale 2135 3287 1284 2235 20%

Sportive 750 1000 605 785 7%

Total 10400 13219 10364 11328 100%

Tableau 4. Provenance des captures d'ombles chevaliers destinées à l'alimentation dans la région de Kangiqsualujjuaq, de 1988 à 1992 (Boivin 1994).

Site de capture 1988 1989 1990 1991 1992 Moyenne % Kangiqsualujjuaq (George) 3323 2696 2135 1604 971 2146 32%

Kurujjuaq (Koroc) 2692 4693 4059 2583 628 2931 44%

Lac Tassikallak 673 952 1430 1167 1109 1066 16%

Autres plans d'eau 432 515 283 920 479 526 8%

Total 7120 8856 7907 6274 3187 6669 100%

Toutes les communautés Inuit n'ont cependant pas la bonne fortune de voisiner des plans d'eau productifs en ombles. Il semble que les besoins pour l'utilisation communautaire ne soient pas entièrement comblés dans certains villages (Kuuj- juaq, Quaqtaq, Umiujaq et Kuujjuaraapik) et que cela occasionne des échanges intercommunautaires dont l'envergure est inconnue.

Le poisson présente plusieurs avantages pour l'alimentation humaine non seu- lement au plan énergétique, mais aussi au point de vue diététique. C'est une ex- cellente source de protéines, de vitamines et de sels minéraux. Il aide à prévenir les maladies cardio-vasculaires et fournit aux femmes enceintes des acides gras polyinsaturés et des nutriments essentiels au développement du système ner- veux du foetus. L'omble chevalier est souvent le poisson le plus accessible aux pêcheurs Inuit et il est disponible à peu de frais ; son rôle clef dans l'alimentation contribue à accentuer son importance pour les communautés.

(36)

4.2. Pêche sportive

Au Nunavik, la pêche sportive de l'omble chevalier est pratiquée surtout par des gens qui n'ont pas le statut de bénéficiaires de la Convention de la baie James et du Nord québécois.

Cette activité est offerte dans des pourvoiries, qui se sont implantées dans le Nord québécois à partir des années 1950, mais se sont développées surtout à partir de 1989, sous l'égide du Ministère de l'Environnement et de la Faune, à la faveur d'un engouement pour la chasse au caribou. Les 46 pourvoyeurs actuels possèdent 82 camps à partir desquels on pratique surtout la chasse de ce cervi- dé. Présentement, seulement neuf d'entre eux offrent la pêche à l'omble cheva- lier, dont deux qui en font leur principal produit. Il semble donc exister un poten- tiel de développement pour cette activité.

Pour l'ensemble du Nunavik, on estime que la pêche sportive aurait compté pour environ 2% des captures totales d'ombles à la fin des années 1970 (Boivin et al.

1991). Au début des années 1990, le niveau de récolte ne semblait pas s'être accru de façon notable ; les prises d'omble chevalier anadrome déclarées par les pourvoiries du Nunavik se sont élevées à 1412 et 1794 respectivement pour les années 1992 et 1993 (Données du MEF).

Dans la région de Kangiqsualujjuaq (George River), il y aurait eu, en moyenne, 785 captures sportives d'ombles par an, de 1988 à 1990 (tableau 3), soit une quantité correspondant à 9,5% des prises de subsistance (8307 ombles) pen- dant ces trois années ; les sites de pêche sportive se trouvent dans l'estuaire des rivières Kangiqsualujjuaq (George), Kurujjuaq (Koroc), Tunnulialuk, ljjurit- tuuq et Allurillik et près de l'émissaire du lac Qaarlik.

(37)

25

Les retombées économiques de la pêche sportive1, par omble capturé, sont su- périeures à celles de la pêche commerciale. Cependant, les décisions prises par les communautés indiquent que celles-ci accordent la priorité à la pêche d'alimentation. À Kangiqsualujjuaq, la Corporation foncière et le Conseil munici- pal ont décidé de réduire à 5 poissons la limite de possession dans les pourvoi- ries de leur territoire (Boivin 1994). Partout ailleurs au Nunavik, la limite applica- ble est celle fixée par le Règlement de pêche sportive du Québec, soit 10 om- bles jusqu'en 1996 et 5 par la suite.

Les pêcheurs sportifs recherchent surtout des ombles de grande taille (plus de 58 cm).

4.3. Pêche commerciale

Au Nunavik, la distinction entre pêche commerciale et pêche d'alimentation n'est pas toujours aussi nette qu'on pourrait le croire de prime abord. D'une part, la première émane de la seconde, car du troc et des échanges d'aliments ont tou- jours eu lieu au sein des communautés Inuit ; d'autre part, une catégorie inter- médiaire, à savoir la pêche d'alimentation pour l'utilisation communautaire, s'intercale entre les deux précédentes. Pour la suite de ce document, on entend par pêche commerciale la capture de poissons destinés à la vente auprès de personnes qui ne sont pas membres des communautés Inuit. La majeure partie de la récolte commerciale est exportée hors du Nunavik. Cette pêche a connu des fluctuations importantes, passant par trois épisodes de plus grande intensi- té.

1 Le prix d'un forfait comprenant l'hébergement pendant une semaine dans une pourvoirie est

d'environ $150 par jour, excluant les pourboires et les frais de transport vers les sites de pê- che. Le coût total d'une excursion d'une semaine serait d'environ $3500, en moyenne (M. Pa- rent, MEF, comm. pers.).

(38)

On a d'abord tenté de mettre sur pied cette activité dans l'unique but d'approvisionner les marchés extérieurs, en particulier l'Angleterre. L'omble chevalier et le saumon atlantique étaient pêchés par les employés de la Compa- gnie de la Baie d'Hudson ou achetés des Inuit à douze postes de traite (Power 1976). Ce premier épisode, qui s'est étendu de 1880 à 1941, a cessé lorsque la seconde guerre mondiale a rendu risquée la traversée de l'Atlantique par les navires de la compagnie. On possède peu d'informations sur cette pêche, mais tout laisse croire qu'après quelques années de fortes récoltes, les populations d'omble ont été décimées (Gillis 1988).

La deuxième tentative d'instaurer une pêche commerciale a eu lieu dans les an- nées 1960, à l'instigation de ministères qui y voyaient une façon de susciter une activité économique et

le

création d'emplois dans les communautés nordiques (Le Jeune 1967 ; Paré 1971). On octroya alors à sept rivières à omble chevalier, dont cinq dans la baie d'Ungava, un contingent fixé à 30 000 lb sur la base d'estimations des effectifs 1 obtenues par marquage et recapture, sans tenir compte du prélèvement de la pêche d'alimentation (Gillis et al. 1982).

On semble avoir fondé degrands espoirs sur cette activité car des installations ont alors été construites pour éviscérer les prises, les congeler et les emballer pour expédition hors du Nunavik. Malheureusement, dans cinq des sept systè- mes exploités, on a très tôt observé des signes de surexploitation, en particulier une baisse rapide de la récolte, ce qui a suscité l'abandon des activités en moins de dix ans (op. cit.).

À certains endroits, comme à Kangirsuq, on a mesuré une baisse des captures par unité d'effort et une réduction de la taille moyenne des prises, phénomènes

1 En rétrospective, on considère aujourd'hui que les effectifs ont été nettement surestimés (Boi- vin 1994).

(39)

27

qui ont persisté plusieurs années après la cessation de l'exploitation commer- ciale (op. cit.). Si des bénéfices économiques ont pu être engendrés par cette activité, ils ont été annulés par le coût de remplacement de l'omble, aliment tra- ditionnel et facile à se procurer, avec de la nourriture importée du sud (op. cit.).

Un troisième essai de pêche commerciale a été tenté à plus petite échelle à partir de 1987, à la demande même de la communauté de Kangiqsualujjuaq.

Puisque les deux épisodes précédents avaient mis en évidence les difficultés qu'il y avait à détecter les premiers signes de surexploitation pour intervenir à temps, ce dernier essai a été mené à petite échelle, sur une base expérimen- tale ; il a fait l'objet d'un suivi serré et plusieurs études ont été réalisées à cette occasion (voir la section Gestion de la pêche à l'omble chevalier du Nunavik).

Contrairement aux deux premières tentatives, pendant lesquelles la récolte commerciale était prélevée l'été sur des stocks mélangés, ce troisième essai a porté sur des populations bien identifiées afin de pouvoir en mesurer les réper- cussions : la pêche était effectuée lors de la remontée automnale ou pendant l'hiver, en lac.

Puisque l'effort de pêche commerciale n'a pas été exercé à un niveau constant au cours des dernières décennies, la proportion de la récolte totale qui lui est attribuable a varié considérablement au fil du temps, contrairement à la situation qui prévaut pour les autres types d'exploitation (d'alimentation et sportive). Au cours de la période 1988-1992, les prises commerciales auraient compté, au maximum, pour 25% des ombles capturés dans la région de Kangiqsualujjuaq (George River) en 1989 ; cette part a décliné par la suite (figure 4).

(40)

Figure 4. Contingent et récolte commerciale d'ombles chevaliers, incluant les rejets et les surplus, pour la région de Kangicisualujjuaq (George River), de 1988 à 1992 (Boivin 1994).

4.4. Autres types de prélèvement

L'immensité du territoire rend difficile la répression du braconnage et du marché noir. Bien qu'on possède peu de données sur le sujet, certains indices permet- tent de confirmer que des pertes de ce type surviennent. Par exemple, on a saisi en 1990, dans le port de Québec, 700 ombles sur un navire de la Garde côtière de retour d'un voyage au Nunavik.

Les pertes de cette nature pourraient être de l'ordre de 1000 poissons par an.

(41)

29 5. SITUATION ACTUELLE

Pour que les orientations émanant du plan tactique puissent s'appliquer à l'ensemble du territoire du Nunavik, les membres du comité, qui ont tous une expérience pratique de l'omble chevalier et du territoire, se sont livrés à un exercice de mise en commun de leurs connaissances.

Pour chacune des quinze communautés Inuit, la portion de territoire fréquentée pour la pêche de l'omble a fait l'objet d'un diagnostic sommaire quant à l'importance des populations d'omble présentes, à la récolte qu'on pouvait en ti- rer et à la satisfaction des besoins des communautés pour l'alimentation. Les aspects particuliers de la problématique de chaque secteur étaient également soulignés.

5.1. Bilan par régions

5.1.1. Killiniq

Cette région ne compte plus aujourd'hui de communauté permanente, les habi- tants de Killiniq ayant été relocalisés dans d'autres communautés. Quelques bâ- timents vacants subsistent sur le site de l'ancien village.

Ce secteur compterait une quinzaine de systèmes à omble chevalier, dont qua- tre au Labrador, abritant des populations dont la taille d'effectifs est qualifiée de moyenne ou petite. Le potentiel de récolte se situerait entre 2000 et 5000 pois- sons annuellement, pour l'ensemble des systèmes. L'exploitation semble spora- dique car les sites de pêche sont éloignés de toute communauté ; le village le plus rapproché est Kangiqsualujjuaq. Il pourrait s'agir de la seule région du Nu- navik apte à subir un accroissement de la pression de pêche. Cette opinion de- manderait cependant à être confirmée par une prise de données biologiques sur le terrain.

(42)

Des données recueillies dans un système de cette région démontrent que les ombles peuvent y croître rapidement.

5.1.2. Kanoiosualufluaq

Cette région détient la plus forte production naturelle d'omble chevalier et la plus forte récolte de tout le Nunavik. Elle compte deux rivières (Kangiqsualujjuaq et Kurujjuaq) très productives en ombles, qui fournissent ensemble plus de 5000 captures annuellement à la pêche d'alimentation (Boivin 1994). Le problème le plus important semble être la concentration de la pêche de subsistance sur les systèmes les plus rapprochés du village. La récolte tirée de ces plans d'eau pa- raît avoir atteint son maximum et on risque de surexploiter leurs populations.

Des systèmes plus éloignés pourraient fournir une part accrue des captures, soulageant ainsi les stocks soumis à une forte pression.

La communauté de Kangiqsualujjuaq est pleinement consciente de la valeur de l'omble et des risques que comporte une exploitation excessive. Elle se montre très intéressée à la mise en valeur de cette ressource et à son allocation entre les différents types d'utilisateurs. C'est d'ailleurs à son initiative que l'exploitation commerciale a été remise sur pied en 1987. Les systèmes produc- teurs d'omble de cette région et la récolte qu'on en tire sont parmi les mieux connus du Nunavik.

Les avis scientifiques émis au cours des dernières années sur certains systè- mes de cette région, dont la rivière Kurujjuaq, seraient, à peu de choses près, encore valables aujourd'hui. Cependant, l'opinion des pêcheurs Inuit attribue à certains plans d'eau des effectifs d'ombles supérieurs à ceux que leur accordent les biologistes.

Une partie indéterminée des captures de subsistance irait vers d'autres villages du Nunavik.

(43)

31 5.1.3. Kuuiivaq

Le village de Kuujjuaq compterait environ 15 à 20% des Inuit du Nunavik, mais la frange côtière à laquelle ses habitants ont accès pour pêcher ne produirait que 2 ou 3% des ombles. On ne trouve dans ce secteur que trois systèmes pro- ducteurs : un de taille moyenne et deux petits. Cette disproportion entre la dis- ponibilité d'ombles et les besoins alimentaires (ou entre l'offre et la demande) fait de cette région la plus importante importatrice d'ombles, en termes d'échanges intercommunautaires.

Dans le plus grand cours d'eau, la rivière Kuujjuaq (Koksoak), le salmonidé mi- grateur prédominant est le saumon atlantique. Mais l'omble chevalier aurait aus- si fréquenté l'estuaire de cette rivière en grands nombres dans le passé ; les aî- nés du village rapportent que la pêche était fructueuse aux environs des îles Koksoak, un secteur que le Grand Brochet semble avoir colonisé depuis.

Dans la même région, le système Qasigiarsiuvik (Diana) était autrefois reconnu comme productif, mais l'abondance de l'omble semble aujourd'hui y être deve- nue très variable, d'une année à l'autre (A. Gordon, Makivik, comm. pers.).

La rivière Kuujuarusiq présente un intérêt particulier pour l'aménagement d'une passe migratoire (Chum 1996). L'accès est bloqué, dès le premier kilomètre à partir de la mer, par une chute infranchissable ; au-delà de cet obstacle se pré- sente une chaîne de lacs qui semblent propices aux stades dulcicoles de l'omble.

Pour capturer l'omble, des gens de Kuujjuaq se rendent dans le secteur côtier voisinant l'embouchure de la rivière Tunulliq, entre Kuujjuaq et Kangiqsualujjuaq (George River). On trouve aussi à cet endroit une pourvoirie où les sportifs pê- chent l'omble en eau salée.

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5.1.4. Tasiuiaq

Le plus gros système producteur de cette région est celui du lac Niulutuujaq (Finger Lake). Plusieurs populations fréquentent pendant l'été la baie aux Feuilles (Leaf Bay), où elles sont conjointement exploitées par les pêcheurs cô- tiers.

Compte tenu de la faible population Inuit de Tasiujaq, les besoins en ombles pour l'alimentation sont largement satisfaits. Une partie des prises hivernales semble être acheminée vers Kuujjuaq. Le taux d'exploitation actuel voisinerait le maximum possible.

5.1.5. Aupaluk

Cette région compte peu de systèmes producteurs (un système moyen, trois ou quatre petits), mais la population humaine étant faible, il ne semble pas y avoir de pénurie marquée quant à l'approvisionnement en ombles.

Deux sites pourraient se prêter à des aménagements.

5.1.6. Kangirsuq

La petite communauté de Kangirsuq a accès à un nombre limité de systèmes.

Un complexe de populations, dont la plus importante semble être celle de la ri- vière Arnaud, fréquente la baie Payne.

La rivière Arnaud a été surexploitée pendant la décennie de 1960 (Gillis et al.

1982) et il ne semble pas opportun d'entrevoir un développement de l'exploitation dans ce secteur.

Une pourvoirie sur ce territoire a fait de l'omble chevalier sa spécialité.

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33

Un des systèmes de cette région, celui de Tasirjuakuluk (Robert's Lake), pour- rait se prêter à un aménagement ; cependant le site de pêche concerné est éloi- gné du village.

5.1.7. Quaqtaq

Le secteur de Quaqtaq ne compte que quelques petits systèmes.

Les besoins en alimentation n'étant pas comblés localement, le village doit s'approvisionner auprès d'autres communautés.

Quelques essais d'aménagement ont eu lieu sur la rivière lqaluppilik.

5.1.8. Kandiasuivaq

Quelques systèmes abritant des populations moyennes ou petites d'ombles semblent fournir un approvisionnement suffisant à la communauté. Les sites de pêche sont souvent éloignés du village, ce qui complique l'exploitation.

On a inspecté les accès de quelques rivières de ce secteur et réalisé des tra- vaux d'aménagement sur certaines d'entre elles, au cours des dernières années (voir la liste à la section 6.1.1 plus loin).

5.1.9. Salluit

La communauté de Salluit bénéficie de la présence de deux grandes popula- tions d'omble chevalier : celle de Pangaliriaq (Françoys-Malherbe) et celle d'Iqalulik Natsajuaq Aatamialuk (Déception). Les habitats d'eau douce fréquen- tés par ces populations anadromes se trouvent dans les lacs Duquet, Françoys- Malherbe et Watts (Roche 1992).

À Déception, près du cours d'eau du même nom, se trouve une exploitation mi- nière. L'entreprise qui en est propriétaire a l'obligation de réaliser un suivi de la '

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