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Bilan par régions

Dans le document l'omble chevalier (Page 41-48)

4. IMPORTANCE TRADITIONNELLE ET EXPLOITATION DE L'OMBLE CHEVALIER AU NUNAVIK

5.1. Bilan par régions

5.1.1. Killiniq

Cette région ne compte plus aujourd'hui de communauté permanente, les habi-tants de Killiniq ayant été relocalisés dans d'autres communautés. Quelques bâ-timents vacants subsistent sur le site de l'ancien village.

Ce secteur compterait une quinzaine de systèmes à omble chevalier, dont qua-tre au Labrador, abritant des populations dont la taille d'effectifs est qualifiée de moyenne ou petite. Le potentiel de récolte se situerait entre 2000 et 5000 pois-sons annuellement, pour l'ensemble des systèmes. L'exploitation semble spora-dique car les sites de pêche sont éloignés de toute communauté ; le village le plus rapproché est Kangiqsualujjuaq. Il pourrait s'agir de la seule région du Nu-navik apte à subir un accroissement de la pression de pêche. Cette opinion de-manderait cependant à être confirmée par une prise de données biologiques sur le terrain.

Des données recueillies dans un système de cette région démontrent que les ombles peuvent y croître rapidement.

5.1.2. Kanoiosualufluaq

Cette région détient la plus forte production naturelle d'omble chevalier et la plus forte récolte de tout le Nunavik. Elle compte deux rivières (Kangiqsualujjuaq et Kurujjuaq) très productives en ombles, qui fournissent ensemble plus de 5000 captures annuellement à la pêche d'alimentation (Boivin 1994). Le problème le plus important semble être la concentration de la pêche de subsistance sur les systèmes les plus rapprochés du village. La récolte tirée de ces plans d'eau pa-raît avoir atteint son maximum et on risque de surexploiter leurs populations.

Des systèmes plus éloignés pourraient fournir une part accrue des captures, soulageant ainsi les stocks soumis à une forte pression.

La communauté de Kangiqsualujjuaq est pleinement consciente de la valeur de l'omble et des risques que comporte une exploitation excessive. Elle se montre très intéressée à la mise en valeur de cette ressource et à son allocation entre les différents types d'utilisateurs. C'est d'ailleurs à son initiative que l'exploitation commerciale a été remise sur pied en 1987. Les systèmes produc-teurs d'omble de cette région et la récolte qu'on en tire sont parmi les mieux connus du Nunavik.

Les avis scientifiques émis au cours des dernières années sur certains systè-mes de cette région, dont la rivière Kurujjuaq, seraient, à peu de choses près, encore valables aujourd'hui. Cependant, l'opinion des pêcheurs Inuit attribue à certains plans d'eau des effectifs d'ombles supérieurs à ceux que leur accordent les biologistes.

Une partie indéterminée des captures de subsistance irait vers d'autres villages du Nunavik.

31 5.1.3. Kuuiivaq

Le village de Kuujjuaq compterait environ 15 à 20% des Inuit du Nunavik, mais la frange côtière à laquelle ses habitants ont accès pour pêcher ne produirait que 2 ou 3% des ombles. On ne trouve dans ce secteur que trois systèmes pro-ducteurs : un de taille moyenne et deux petits. Cette disproportion entre la dis-ponibilité d'ombles et les besoins alimentaires (ou entre l'offre et la demande) fait de cette région la plus importante importatrice d'ombles, en termes d'échanges intercommunautaires.

Dans le plus grand cours d'eau, la rivière Kuujjuaq (Koksoak), le salmonidé mi-grateur prédominant est le saumon atlantique. Mais l'omble chevalier aurait aus-si fréquenté l'estuaire de cette rivière en grands nombres dans le passé ; les aî-nés du village rapportent que la pêche était fructueuse aux environs des îles Koksoak, un secteur que le Grand Brochet semble avoir colonisé depuis.

Dans la même région, le système Qasigiarsiuvik (Diana) était autrefois reconnu comme productif, mais l'abondance de l'omble semble aujourd'hui y être deve-nue très variable, d'une année à l'autre (A. Gordon, Makivik, comm. pers.).

La rivière Kuujuarusiq présente un intérêt particulier pour l'aménagement d'une passe migratoire (Chum 1996). L'accès est bloqué, dès le premier kilomètre à partir de la mer, par une chute infranchissable ; au-delà de cet obstacle se pré-sente une chaîne de lacs qui semblent propices aux stades dulcicoles de l'omble.

Pour capturer l'omble, des gens de Kuujjuaq se rendent dans le secteur côtier voisinant l'embouchure de la rivière Tunulliq, entre Kuujjuaq et Kangiqsualujjuaq (George River). On trouve aussi à cet endroit une pourvoirie où les sportifs pê-chent l'omble en eau salée.

5.1.4. Tasiuiaq

Le plus gros système producteur de cette région est celui du lac Niulutuujaq (Finger Lake). Plusieurs populations fréquentent pendant l'été la baie aux Feuilles (Leaf Bay), où elles sont conjointement exploitées par les pêcheurs cô-tiers.

Compte tenu de la faible population Inuit de Tasiujaq, les besoins en ombles pour l'alimentation sont largement satisfaits. Une partie des prises hivernales semble être acheminée vers Kuujjuaq. Le taux d'exploitation actuel voisinerait le maximum possible.

5.1.5. Aupaluk

Cette région compte peu de systèmes producteurs (un système moyen, trois ou quatre petits), mais la population humaine étant faible, il ne semble pas y avoir de pénurie marquée quant à l'approvisionnement en ombles.

Deux sites pourraient se prêter à des aménagements.

5.1.6. Kangirsuq

La petite communauté de Kangirsuq a accès à un nombre limité de systèmes.

Un complexe de populations, dont la plus importante semble être celle de la ri-vière Arnaud, fréquente la baie Payne.

La rivière Arnaud a été surexploitée pendant la décennie de 1960 (Gillis et al.

1982) et il ne semble pas opportun d'entrevoir un développement de l'exploitation dans ce secteur.

Une pourvoirie sur ce territoire a fait de l'omble chevalier sa spécialité.

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Un des systèmes de cette région, celui de Tasirjuakuluk (Robert's Lake), pour-rait se prêter à un aménagement ; cependant le site de pêche concerné est éloi-gné du village.

5.1.7. Quaqtaq

Le secteur de Quaqtaq ne compte que quelques petits systèmes.

Les besoins en alimentation n'étant pas comblés localement, le village doit s'approvisionner auprès d'autres communautés.

Quelques essais d'aménagement ont eu lieu sur la rivière lqaluppilik.

5.1.8. Kandiasuivaq

Quelques systèmes abritant des populations moyennes ou petites d'ombles semblent fournir un approvisionnement suffisant à la communauté. Les sites de pêche sont souvent éloignés du village, ce qui complique l'exploitation.

On a inspecté les accès de quelques rivières de ce secteur et réalisé des tra-vaux d'aménagement sur certaines d'entre elles, au cours des dernières années (voir la liste à la section 6.1.1 plus loin).

5.1.9. Salluit

La communauté de Salluit bénéficie de la présence de deux grandes popula-tions d'omble chevalier : celle de Pangaliriaq (Françoys-Malherbe) et celle d'Iqalulik Natsajuaq Aatamialuk (Déception). Les habitats d'eau douce fréquen-tés par ces populations anadromes se trouvent dans les lacs Duquet, Françoys-Malherbe et Watts (Roche 1992).

À Déception, près du cours d'eau du même nom, se trouve une exploitation mi-nière. L'entreprise qui en est propriétaire a l'obligation de réaliser un suivi de la '

population d'omble, afin de percevoir tout changement résultant d'éventuelles perturbations d'habitat.

Par ailleurs, plusieurs centaines d'employés de la mine travaillent et résident dans des campements, retournant périodiquement dans le sud en congé.

Comme les gens de cette région ont une tradition d'échange, les autorités loca-les sont préoccupées par loca-les risques de marché noir ou de braconnage.

Le village de Salluit a signé avec ceux d'Ivujivik et d'Akulivik un accord limitant l'exploitation sur la rivière Kuuvik (Kovic), dans la région d'Ivujivik.

5.1.10. Ivuiivik

Le village d'Ivujivik compte sur quelques populations de taille moyenne pour s'approvisionner en omble. La rivière Kuuvik (Kovic), réputée très productive, a vu ses effectifs réduits par la surpêche. Préoccupée par les incursions possibles des gens des communautés voisines sur leur territoire, les autorités d'Ivujivik ont signé avec les villages voisins (Salluit et Akulivik) une entente pour limiter la pê-che sur la rivière Kuuvik.

Depuis quelques années, des gens d'Ivujivik nolisent des avions pour aller pê-cher l'omble chevalier sur l'île Mansel (Territoires du Nord-Ouest).

5.1.11. Akulivik

La région côtière exploitée à partir du village d'Akulivik comprend quelques pe-tits systèmes. Deux ou trois d'entre eux ont vu leurs effectifs d'ombles réduits par la surpêche. Il pourrait exister encore quelques populations faiblement ex-ploitées dans cette région, mais les sites de pêche sont éloignés.

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Les gens d'Akulivik font une pêche côtière importante sur un mélange de stocks pendant l'été. Le site de pêche le plus fréquenté est un récif de Paakittuq, sur l'île Smith (Territoires du Nord-Ouest), en face du village.

Le village est signataire de l'entente visant à limiter l'exploitation sur la rivière Kuuvik (région d'Ivujivik).

Les habitats d'eau douce pourraient limiter la production d'omble dans cette ré-gion. Plusieurs systèmes sont pauvres en lacs ; il existe aussi, dans un des lacs, un problème d'acidité (pH : 4) dû à la nature de l'assise rocheuse.

5.1.12. Puvirnituq

La région de Puvirnituq a la réputation d'avoir été dans le passé productive en ombles. Le système le plus important est la rivière Puvirnituq, sur les rives de laquelle le village est établi ; mais il y aurait quelques autres cours d'eau de moindre importance dans ce secteur.

L'intérêt pour la pêche commerciale est très vif dans ce village, où un fumoir a été construit au début des années 1980. On croit que la présence de cette ins-tallation a occasionné la surexploitation des systèmes les plus accessibles.

5.1.13. Inukivak

Le secteur exploité par les habitants d'Inukjuak,est le plus méridional où l'omble soit encore couramment rencontré. La région compte plusieurs populations, dont on ignore les effectifs, dans la plupart des cas. Les besoins en omble pour l'alimentation semblent comblés avec le fruit des pêches locales.

Certaines rivières qui n'abritent pas d'ombles pourraient être aménagées afin que l'espèce y soit introduite.

5.1.14. Umiuiaq

Cette région, tout comme celle de Kuujjuaraapik, produit peu d'ombles. Elle ne compte que deux petites populations de ce poisson. Mais les habitants d'Umiujaq étant peu nombreux, leurs besoins pour l'alimentation sont bas.

La présence des Cris à Whapmagoostui/Kuujjuaraapik (Grande Baleine), qui sont susceptibles de pêcher eux aussi l'omble pour s'alimenter, a probablement des conséquences sur l'exploitation et le partage de la ressource.

5.1.15. Kuuijuaraaoik

Les habitants de Kuujjuaraapik ont accès à deux petites rivières à omble cheva-lier, dont les populations semblent surexploitées.

La présence des Cris est ici encore plus marquée qu'à Umiujaq.

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