• Aucun résultat trouvé

PRÉSENCE DE LUCAIN DANS LES COMMENTAIRES DE SERVIUS : LES CITATIONS DU BELLUM CIVILE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "PRÉSENCE DE LUCAIN DANS LES COMMENTAIRES DE SERVIUS : LES CITATIONS DU BELLUM CIVILE"

Copied!
21
0
0

Texte intégral

(1)

Présence de Lucain dans les commentaires de Servius : les citations du Bellumciuile.

Étudier la présence de Lucain dans les commentaires aux œuvres de Virgile par Servius peut, au premier abord, sembler surprenant : tout d'abord parce que l'on présente volontiers Lucain comme un poète anti-virgilien, on peut s'étonner de le retrouver cité par un commentateur de Virgile. En outre, lorsque Servius rédige son commentaire, l'œuvre de Lucain semble être presque absente des travaux des grammairiens (on n'en trouve par exemple qu'une unique mention dans le commentaire de Donat à l'Eunuque de Térence, v. 348). Néanmoins, cette absence ne signifie pas que Lucain a été oublié : un célèbre passage de l'AduersusRufinumde Jérôme rappelle que, dans l'école de Donat, on faisait des lectures de Lucain (puto quod puer legerisAspri in VergiliumacSallustiumcommentarios, Vulcatii in orationesCiceronis, Victorini in dialogoseius, et in TerentiicomoediaspraeceptorismeiDonati, aeque in Vergilium, et aliorum in alios, Plautumuidelicet, Lucretium, Flaccum, PersiumatqueLucanum)1. La réception de l'œuvre de Lucain entre le Ier et le IVème siècle est sujette à un large débat que nous n'évoquerons pas ici2. Il suffit, pour notre étude, de souligner que Servius a joué un rôle important dans le renouveau de l'intérêt pour le Bellumciuile, comme le souligne A. Pellizzari : « furono proprio i Commentariiserviani a ufficializzare il loroingresso fra le auctoritates linguistico-letterarie e a pareggiarli ai veterescomomodelli di un latino corretto »3.Et, en effet, dans le texte de Servius, les références à Lucain sont nombreuses. Des études récentes4 se sont intéressées aux commentaires de Servius pour s'apercevoir qu'ils sont peut-être à l'origine de la tradition critique de Lucain et notamment des deux corpus de gloses, les Commenta Bernensiaet les Adnotationes super Lucanum.Pour cette même raison, les citations de Virgile sont omniprésentes dans les recueils de gloses consacrées au Bellumciuile5.L'intérêt de la confrontation entre Virgile et Lucain est donc manifeste dans la tradition critique des deux poètes. Cependant, l'étude des citations de Lucain en elle- même n'a pas encore été véritablement menée : il faut tout de même souligner le travail de P. Esposito (« Lucanonelcommento di Servio al I libro dell'Eneidedi Virgilio » dans le volumeGliscolii a Lucanoedaltrascoliasticalatina) qui, en se concentrant sur les citations de Lucain dans les commentaires au livre I de l'Enéide, a dessiné les diverses pistes que nous nous proposons d'explorer.

Nous donnerons ainsi, dans un premier temps, un bref aperçu statistique afin de présenter le corpus des citations de Lucain dans les commentaires de Servius. Ensuite, nous chercherons à affiner la typologie

1Hier, Ruf., 1, 16 : « je pense que, enfant, tu as lu les commentaires de Asper sur Virgile et Salluste, ceux de Vulcatius sur les discours de Cicéron, ceux de Victorinus sur ses dialogues, ceux de mon précepteur sur les comédies de Térence et également sur Virgile, ainsi que ceux d'autres commentateurs sur d'autres auteurs, Plaute évidemment, Lucrèce, Flaccus, Perse et Lucain

»

2 Pour illustrer ce débat, cf. Thomson 1928 auquel s'oppose Wessner 1929.

3 « Ce furent précisément les Commentarii de Servius qui ont contribué à officialiser leur entrée [de Stace et de Lucain] parmi les auctoritates linguistico-littéraires et à les placer sur un pied d’égalité avec les ueteres en tant que modèles d’un latin correct. » Pellizzari. 2003. p. 241.

4 cf. notamment Esposito 2005 p. 314 à nuancer par Barbara 2011.

5 Selon Lanzarone 2004, p. 127-131 : Virgile est l'auteur le plus cité dans le SupplementumAdnotationum super Lucanum

(2)

des citations esquissée par P. Esposito pour tenter de comprendre le rôle joué par le propos de Lucain au sein des commentaires serviens. Enfin, nous reviendrons brièvement sur l'affirmation de P. Esposito selon laquelle le texte de Lucain que connaissait Servius est identique à celui des meilleurs manuscrits du Bellumciuileque nous possédons.

Dans l'ensemble des commentaires de Servius6, le nom de Lucain est mentionné à 158 reprises. Ce nombre fait de Lucain le troisième auteur de poésie le plus cité par le grammairien après Horace (264 mentions de son nom) et Térence (dont le nom apparaît à 198 reprises). À titre de comparaison, Plaute est cité 112 fois, Ennius 101, Juvénal 91, Stace 76, Lucrèce 63, Perse 33 et Ovide seulement 25. Néanmoins, toutes les mentions du nom de Lucain ne correspondent pas nécessairement à une reprise des vers du Bellum civile : parfois, Servius nomme le poète sans citer véritablement son œuvre. C'est le cas en En., 3, 92 : locus underoraculumdatur. Diciturautemcortina, uel quod ApollinistriposcorioPythonistectus est, [...] uel, quod est uerius, quia cor illicuatistenetur : namcauernaquaedam in temploApollinis fuit, ad quamPhoebasraptauaticinabatur, ut Lucanusostendit7.Servius fait bien référence à Lucain, comme le montre la subordonnée, ut Lucanusostendit. Il fait ainsi allusion à un passage du livre V de l’épopée qui est le suivant : tandem conterritouirgo| confugit ad tripodasuastisqueadductacauernis| haesit8. La mention de Lucain ne s'accompagne donc pas nécessairement d'une citation. On compte ainsi 140 citations de la Pharsale précédées du nom de Lucain. En outre, il faut ajouter à ce relevé le cas de citations du Bellumciuilequi ne sont pas accompagnéesdu nom de l'auteur : on en compte cinq dans l'ensemble des commentaires de Servius9. Enfin, il existe deux citations de Lucain qui sont attribuées à d'autres auteurs de façon erronée10. En prenant en compte ces cas particuliers, le corpus des citations de la Pharsale se compose de 147 citations du Bellumciuile. Il convient enfin de souligner que certains passages du Bellumciuilesont employés à plusieurs reprises dans les commentaires de Servius : ainsi, Lucain II, 273 est cité deux fois par le grammairien, en En., 1, 58 et en En., 8, 454. Dans la totalité des commentaires aux œuvres de Virgile, on trouve donc 134 passages différents du Bellumciuilecité par Servius.

6 Sauf mention contraire, dans cet aperçu statistique, le nom de Servius recouvre les commentaires de Servius et de Servius danielis à l'Enéide, aux Géorgiques et aux Bucoliques.

7 « Lieu d’où l’oracle est donné. Or, on l’appelle cortina soit parce que le trépied d’Apollon est recouvert par la peau de Python, [...] soit, ce qui est plus vraisemblable, parce que c’est là qu’est renfermé le cœur du devin : en effet, il y avait une caverne dans le temple d’Apollon, vers laquelle la Phébade était amenée pour prophétiser, comme le montre Lucain. »

8 « Alors, la vierge en proie à la terreur s’enfuit près du trépied et, conduite dans les vastes antres, elle s’arrêta. » Lucain, BC, V, 161-163.

9 Il s’agit des citations des passages suivants de la Pharsale (nous mettons entre parenthèses la correspondance dans les notes de Servius) : II, 371 (Énéide, 4, 45) ; IV, 785-786 (Énéide , 7, 464) ; VI, 692 (Énéide, 5, 694) ; X, 409 (Énéide, 4, 82 et 5, 801).

10 Il s'agit des citations de Lucain IV, 108 attribuée à Héraclite (En., 6, 265) et III, 658 attribuée à Lucrèce (G., 1, 139).

(3)

Les citations de Lucain sont réparties inégalement dans les commentaires de Servius. C’est logiquement qu’on en retrouve le plus grand nombre dans les notes sur l’Énéide qui sont les plus longues : Servius, en effet, cite Lucain pas moins de 115 fois dans ce commentaire. Ensuite, viennent les Géorgiques dans lesquelles les vers du poète néronien apparaissent à 29 reprises. Enfin, dans les Bucoliques, le texte du Bellum civile n’est cité que 3 fois. Il est tout à fait possible d’expliquer cette disproportion dans la répartition des citations de Lucain : outre le fait que le poème épique de Virgile est une œuvre plus longue que les deux autres, il est naturel que l’Énéide appelle plus aisément les vers de la Pharsale, puisque ces œuvres sont toutes deux des épopées et répondent donc aux mêmes codes génériques (invocation aux Muses, scènes de batailles…). En outre, les centres d’intérêt communs pour un lettré du IVème siècle sont nombreux : Virgile et Lucain abordent tous deux la question de la romanité avec sa fondation par Énée et sa ruine par la guerre civile de César et Pompée.Enfin, dans la mesure où Servius considère parfois Lucain comme un historien, il a recours à son œuvre pour expliquer certains aspects de l’Italie archaïque à l’époque de l’arrivée d’Énée. Pour toutes ces raisons, il est facilement explicable que les commentaires à l’Énéide comportent le plus de citations de Lucain. A l’opposé, la quasi-absence des vers de la Pharsale dans les notes aux Bucoliques est, là encore, assez attendue : s’il était aisé de rapprocher les deux épopées, il est beaucoup plus ardu de trouver un point de rapprochement entre l’univers bucolique et le monde guerrier et chaotique de la guerre civile. De fait, les citations dans les Bucoliques abordent des thèmes éloignés des thèmes principaux du Bellum civile : la divinisation des empereurs11, les ouilia du champ de Mars12 et la géographie13. Enfin, en ce qui concerne le commentaire aux Géorgiques, si les œuvres ont deux genres différents, il est toutefois possible de trouver des thèmes communs qui nécessitent les citations de Lucain. C’est notamment le cas des prodiges évoqués dans les vers 463 à 488 du premier chant des Géorgiques auxquels font écho les monstra de la fin du chant I de la Pharsale (vers 522 et suivants). Néanmoins, la rareté des points communs entre les deux œuvres explique que le commentaire aux Géorgiquesne comporte que 29 citations du Bellumciuile.

Il peut également se révéler intéressant de regarder quels passages sont les plus fréquemment cités chez Lucain. Le chant le plus utilisé par Servius est le chant I auquel il est fait allusion vingt six fois. Il n’y a rien de surprenant à ce que le premier livre de la Pharsale soit convoqué avec le plus de fréquence : en effet, outre le fait que c’est là que se situent certains passages topiques qui permettent la comparaison avec Virgile, comme l’invocation aux muses ou l’éloge de l’empereur, dans ce chant apparaissent déjà de nombreuses remarques sur la religion romaine et étrusque ainsi que des éléments historiques susceptibles d’intéresser Servius14. L’autre chant le plus cité est le sixième, ce qui, là encore, peut facilement être expliqué : c’est ici que se situe un des passages qui a le plus intrigué les

11Buc, 1, 7.

12Buc, 1, 33.

13Buc, 3, 89.

14On peut faire le même constat pour les citations de Lucain chez Lactance Placide, cf. Ariemma 2004, p. 173.

(4)

contemporains de Lucain ainsi que les lecteurs postérieurs, à savoir la scène de nécromancie avec la magicienne, scène que Servius cite volontiers. Si l’on cherche à voir, à l’inverse, si un passage du texte de Virgile appelle davantage les citations du Bellum civile, on s’aperçoit là encore que la répartition est assez inégale15. C’est manifestement le livre 6 de l’Énéide qui sollicite le plus le texte de Lucain : en effet, la descente aux enfers d’Énée justifie les parallèles avec la Pharsale. On assiste à une scène de prophétie comme celles que l’on peut voir à la fin du livre I de l’épopée de Lucain et surtout le héros troyen aperçoit, parmi les générations futures, Jules César et Pompée, les deux protagonistes de la guerre civile. Ce simple aperçu statistique sur les citations qui a souligné l’importance accordée à certains passages plus qu’à d’autres ainsi que la fréquence de la référence au Bellum civilepeut servir à appuyer des analyses sur la réception de cette œuvre chez Servius.

En effet, comme nous l'avons déjà souligné, l'étude des citations de Lucain chez Servius et notamment de leur localisation dans les commentaires engage déjà dans un questionnement sur la réception de la Pharsale. Il s'agit d'une des pistes dessinées par P. Esposito dans son article sur la présence de Lucain dans le commentaire au livre I de l'Enéide : celui-ci avance, en effet, que, à de rares exceptions près, Servius convoque toujours Lucain comme « possibileauctoritas di tipostorico- antiquario o semantico-linguistico »16. Cette remarque naît du célèbre jugement du grammairien sur l'auteur de la Pharsale (En., 1, 382) : Lucanusnamqueideo in numeropoetarum esse non meruit, quiauideturhistoriamcomposuisse, non poema17. Lucain est considéré comme un historien et non comme un poète notamment en raison de la recherche de vraisemblance dans son épopée et de son faible emploi de la mythologie18. C'est pour cette raison que P. Esposito estime que les citations de la Pharsale sont limitées au simple rôle d'auctoritas. Cette affirmation mérite d'être nuancée et ce, tout d'abord, en définissant avec davantage de précision les divers emplois « sémantico-linguistiques » et « historico-antiquaires »du texte de Lucain dans les commentaires aux œuvres de Virgile. L'usage « sémantico-linguistique » du texte de Lucain fait référence à toutes les citations employées par Servius afin de faire un excursus grammatical qui peut toucher à un point de métrique19, de sémantique20 ou de morphologie21. Ces citations sont au nombre de 22 dans l'ensemble de l'œuvre de Servius22.Au sein de

15 Au sein des commentaires à l'Enéide, il convient de souligner que, contrairement à ce qu'avance P. Esposito, les citations de Lucain sont loin d'être massivement concentrée dans le commentaire au livre I (Esposito 2004, p. 133). Dans le commentaire au livre I de l'Enéide, on ne trouve que 14 des 115 citations de Lucain qui apparaissent dans l'ensemble de l'œuvre.

16Esposito 2004, p. 137. « une possible auctoritasde type historico-antiquaire ou sémantico-linguistique »

17 « C'est pourquoi Lucain n'a pas mérité d'être au nombre des poètes, parce qu'il semble avoir composé un ouvrage historique et non un poème. »

18 A ce sujet, cf. Lazzarini 1984, p. 130-135 et Bureau 2010, p. 77-78.

19 cf. par exemple En., 6, 10 ou En., 7, 717.

20 cf. par exemple G., 2, 274 ou En., 1, 35.

21 cf. par exemple G., 1, 139 ou En., 1, 203.

22 Voici la liste complète de l’emplacement de ces citations dans l’œuvre de Servius : G., 1, 139 ; G., 2, 50 ; G., 2, 116 ; G., 2, 121 ; G., 2, 274 ; G., 2, 288 ; En., 1, 35 ; En., 1, 203 ; En., 1, 417 ; En., 3, 22 ; En., 3, 326 ; En., 3, 539 ; En., 4, 72 ; En., 4, 462 ; En., 5, 694 ; En., 6, 10 ; En., 7, 605 ; En., 7, 717 ; En., 10, 166 ; En., 11, 590 ; En., 12, 365 ; En., 12, 519.

(5)

ces citations, on peut opérer une distinction entre deux groupes23 : le premier, qui comprend le plus de citations, est constitué des cas où les extraits de la Pharsale sont présentés comme étant la norme grammaticale24. Dans le second, le Bellum civile fournit des exceptions aux règles édictées par le grammairien25. L’existence de ces deux ensembles nous interdit de penser que Servius utilise systématiquement la Pharsale dans la même optique pour ses développements grammaticaux : Lucain lui sert donc tantôt à soutenir la règle, tantôt à fournir des exceptions. En outre, on s’aperçoit que l’auteur de la Pharsale n’est qu’une source d’exemples parmi d’autres, en ce qui concerne la grammaire. C’est ainsi que, en G., 2, 288, on lit « scrobes»masculinisunt generis : nam et Cicero in Oeconomicis sic dicit, et Plautus ait « sexagenosscrobes» [Amp., 6]. Minorautem est Lucani et Gracchiauctoritas : namLucanus ait « exiguaposuitscrobe» [VIII, 756], Gracchus « abundefossascrobis est » [GLK, 6, 354, 985], quod exemplum in Terentiano est26.Lucain est ici inclus au sein d’une liste de différentes références grammaticales que Servius convoque, parmi lesquels notamment Cicéron et Plaute, deux des auteurs du « programme scolaire » antique. Face à eux, l’autorité du poète victime de Néron est moins importante, comme le précise explicitement le grammairien. Il ne faut donc sans doute pas chercher une quelconque spécificité de Lucain dans les usages grammaticaux de ses vers dans les commentaires aux œuvres de Virgile. Il apparaît comme n’étant qu’une source d’exemple possible, source de moindre valeur que certains écrivains canoniques.

La seconde catégorie de citations définie par P. Esposito désigne celles dont Servius fait un usage « historico-antiquaire » : il s'agit là d'une catégorie plus vaste qu'il appartient d'étudier en détail.

En effet, l'examen du contexte des diverses citations de Lucain permet de faire apparaître que le texte du Bellumciuileillustre des propos aux thèmes très divers : Servius évoque parfois des questions historiques(et géographiques), religieuses et même scientifiques. Tout d'abord, il convient de souligner que, même si Lucain a choisi un sujet historique pour son épopée et que la postérité semble l'avoir un certain temps considéré comme un historien, le nombre de citations illustrant un propos traitant d'une question historique est très faible : on ne compte que 6 références au Bellumciuiledans un tel contexte27. Parmi celles-ci, il n'y en a que trois qui font allusion au temps ou aux protagonistes de la guerre civile28 : par exemple, Servius, en G., 4, 127, écrit per transitumtangithistoriammemoratamaSuetonio. PompeiusenimuictispiratisCilicibuspartim ibidem in graecia, partim in Calabria agros dedit : undeLucanus « an melius fient piratae, Magne, coloni »[I,

23 Voir dans les annexes le « Tableau des citations grammaticales ».

24 Il s'agit des citations présentes dans les commentaires de Servius à G., 1, 139 ; G., 2, 116 ; G., 2, 274 ; En., 1, 35 ; En., 1, 203 ; En., 1, 417 ; En., 3, 539 ; En., 4, 72 ; En., 4, 462 ; En., 5, 694 ; En., 7, 605 ; En., 11, 590 ; En., 12, 519

25 Il s'agit des citations présentes dans les commentaires de Servius à G., 2, 50 ; En., 3, 22 ; En., 3, 326 ; En., 6, 10 ; En., 10, 166 ; En., 12, 365.

26 « "scrobes" est du genre masculin : en effet, Cicéron dit ainsi dans l’Économique, ainsi que Plaute qui dit

“sexagenosscrobes”. L’autorité de Lucain et de Gracchus est moindre : en effet Lucain dit “exiguaposuitscrobe”, et Gracchus

“abundefossascrobis est”, exemple qui est chez Terentianus. »

27 Il s'agit des citations présentes dans les commentaires de Servius en G., 4, 127 ; En., 1, 601 ; En., 6, 621 ; En., 7, 206 ; En., 7, 711 ; En., 12, 359.

28G., 4, 127 ; En., 6, 621 et En., 12, 359.

(6)

346]29. Il y a là un véritable paradoxe chez Servius : il considère Lucain comme un historien et le cite fréquemment, mais c'est uniquement de manière exceptionnelle qu'il le fait pour évoquer la guerre civile. Cette étrangeté est expliquée par A. Pellizzari qui suggère que Servius est partisan de la perspective historiographique virgiliano-augustéenne sur les guerres civiles et qu'il ne veut donc pas faire écho au texte de Lucain dont l'idéologie s'oppose à celle de Virgile30. Néanmoins, Lucain joue tout de même un rôle d'autorité historique dans les commentaires de Servius notamment grâce aux nombreuses citations du Bellumciuileemployées pour illustrer un propos évoquant une question géographique ou ayant trait à la religion romaine. Les citations à thème géographique sont en effet plus nombreuses que celles évoquant l'histoire au sens strict du terme : on en compte 12 dans l'ensemble des commentaires aux œuvres de Virgile31. Le plus souvent ces citations ont pour simple rôle d'attester le nom d'une ville, d'un fleuve ou d'un massif montagneux. Ainsi, en En., 7, 286, Servius écrit non enimuna est Argos. Fuit enim et in Italia, quamDiomedescondidit, quae primo Argi, post Argyrippa, post Arpi dicta est. Fuit et in Thessalia : Lucanus « ubinobilequondam nunc super Argos arant » [VI, 355-356]. Fuit et haud longe ab Athenis, quod a siti Argos dipsiondictum est32.De façon plus rare, la citation peut permettre de décrire ou de donner les caractéristiques du lieu évoqué par Servius : ainsi, en G., 1, 482, on lit Padumdicit. « fluuiorum» autem« rex» per Italiam, autcerte per totumorbem, secundum quod dicitLucanus, qui ait cum de istoflumineloqueretur« non minor hic Nilo, nisi quod per plana iacentisAegyptiLibycasNilusstagnaretharenas : non minor hic Histro, nisi quod dumpermeatorbem, Hister casuros in quaelibetaequora fontes accipit et Scythicas exit non solus in undas»[II, 416-420]33. Enfin, l'usage historique des citations de Lucain par Servius apparaît dans le grand nombre de commentaires utilisant le texte du Bellumciuileafin d'illustrer un propos sur les pratiques ou les croyances liées à la religion antique. Il s'agit d'un des thèmes les plus largement abordés à l'aide du poème de Lucain puisque l'on trouve 24 citations touchant au fait religieux34. Cette abondance de citations de Lucain ne doit pas étonner : en effet, la Pharsale présente de nombreuses scènes évoquant des rites ou des pratiques précises qui ont pu intéresser Servius. C'est ainsi que l'on constate que, sur l'ensemble des citations ayant trait à la religion, cinq sont issues de la fin du chant I, lorsque Lucain évoque les différents prodiges annonciateurs de la guerre civile, prodiges que le Sénat

29 « Au passage, il touche à l'histoire rappelée par Suétone. En effet, Pompée, après avoir vaincu les pirates ciliciens, fit don en même temps des terre, en partie en Grèce, en partie en Calabre : d'où Lucain "serait-il meilleur, Magnus, que des pirates deviennent colons ?" »

30Pellizzari 2003, p. 109-110.

31 Il s’agit des commentaires suivants : G., 1, 482 ; G., 2, 479 ; G., 4, 278 ; En., 1, 1 ; En., 6, 60 ; En., 6, 154 ; En., 6, 795 ; En., 7, 286 ; En., 8, 328 ; En., 11, 247 ; En., 11, 262 ; En., 12, 702.

32 « de fait, il n’y a pas une seule Argos. En effet, il y en avait une aussi en Italie, fondée par Diomède, appelée d’abord Argi, puis Agyrippa, puis Arpi. Il y en avait une aussi en Thessalie : Lucain “Argos, célèbre jadis et sur les ruines de laquelle passe la charrue aujourd'hui”. Il y en avait une non loin d’Athènes, qui était appelée Argos Dipsion d’après la soif. »

33 Il parle du Pô. Il est le « roi des fleuves » dans toute l’étendue de l’Italie, ou sans doute dans toute celle du monde, d’après ce que dit Lucain qui dit, alors qu’il parle de ce fleuve, « il ne serait pas inférieur au Nil, si celui-ci ne s'étendait pas sur les sables libyens de l'Egypte à travers les plaines ; pas inférieur à l'Hister, mais celui-ci, pendant qu'il parcourt le globe, reçoit des sources prêtes à se déverser dans n'importe quelles eaux et ne débouche pas seul dans les ondes scythiques ».

34 Il s’agit des commentaires suivants : G., 1, 39 ; G., 1, 243 ; G., 2 395 ; G., 4, 400 ; En., 1, 346 ; En., 2, 166 ; En., 2, 171 ; En., 2, 469 ; En., 2, 781 ; En., 3, 92 ; En., 4, 45 ; En., 5, 735 ; En., 6, 78 ; En., 6, 118 ; En., 6, 127 ; En., 6, 149 ; En., 6, 152 ; En., 6, 247 ; En., 6, 532 ; En., 6, 640 ; En., 6, 662 ; En., 9, 624 ; En., 10, 220 ; En., 11, 197.

(7)

tente d'interpréter grâce à l'intervention du devin étrusque Arruns (v. 584 à 638) et de l'astrologue P.

NigidiusFigulus (v. 639-672). A l'inverse, dans les œuvres de Virgile, le chant 6 de l'Enéide suscite un grand nombre de commentaires ayant trait à la religion, pour lesquels Lucain est convoqué : la visite à la Sibylle de Cumes, la descente aux enfers et les prophéties d'Anchise sont autant de scènes qui trouvent en quelque sorte un parallèle chez Lucain. Servius rapproche ainsi la scène de la Sibylle et les paroles prophétiques d'Anchise de la consultation de la Pythie à Delphes au chant 5 du Bellumciuile, tandis que la catabase et l'évocation des morts suscitent des références à la nécromancie du chant 6 de la Pharsale. Il convient de souligner que le texte de Lucain sert à illustrer des propos sur des pratiques religieuses très diverses : seules 6 citations sont des allusions directes au ritusromanus35. Servius convoque Lucain dans deux notes sur la Pythie de Delphes36 tandis que la nécromancie est évoquée à trois reprises37. Ainsi peut-on lire, en En., 6, 149, duo autemhorumsacrorumgenera fuisse dicuntur : unum necromantiae, quod Lucanusexsequitur, et aliudsciomantiae, quod in Homero, quem Vergiliussequitur, lectum est. Sed secundumLucanum in necromantia ad leuandumcadauersanguis est necessarius, ut « pectoratuncprimumferuenti sanguine supplet »[VI, 667], in sciomantiauero, quiaumbraetantum est euocatio, sufficit solusinteritus : undeMisenus in fluctibusoccisus esse inducitur38. Dans ce commentaire, la citation de Lucain permet à Servius de faire la distinction entre deux pratiques rares, la nécromancie et la sciomancie. La Pharsale, grâce au personnage d'Erictho, la sorcière du chant VI, est une source de choix pour le grammairien. Dans l'ensemble, on peut véritablement considérer qu'un grand nombre de citations de Lucain jouent le rôle de celles d'un historien antique au sein des commentaires aux œuvres de Virgile : elles permettent d'aborder des sujets touchant à l'histoire, à la géographie et aux pratiques religieuses.

Néanmoins, le rôle « historico-antiquaire » des citations du Bellumciuilene se limite pas aux trois emplois précédemment évoqués : Servius utilise souvent le texte de Lucain pour aborder également des questions scientifiques, touchant à des domaines aussi variés que la zoologie, la botanique, la physique et la cosmologie. Ce rôle peut tout à fait s'inscrire dans la catégorie des citations « historico-antiquaires » puisqu'elles donnent des informations sur la pensée des anciens sur une question donnée. L'ensemble des citations illustrant un sujet scientifique constitue un corpus de 16 commentaires serviens39. Dans cinq de ces commentaires40, les citations de Lucain sont également accompagnées de citations d'autres auteurs : à l'exception d'Ovide (En., 7, 412),les trois autres sources

35 Il s'agit des citations présentes dans les commentaires suivants : G., 2, 395 ; En., 1, 346 ; En., 2, 166 ; En., 2, 469 ; En., 4, 45 et En., 9, 624.

36En., 3, 92 et En., 6, 662.

37En., 6, 149 ; En., 6, 152 et En., 6, 247.

38 « On dit qu'il y avait deux types de rituels : l'un est la nécromancie, que Lucain évoque, l'autre, la sciomancie, que l'on lit chez Homère, que Virgile suit. Mais, selon Lucain, dans la nécromancie, le sang est nécessaire pour réveiller le cadavre, comme "alors, elle remplit d'abord la poitrine d'un sang bouillant", mais, dans la sciomancie, parce qu'il s'agit seulement de l'évocation de l'ombre, seule la mort est nécessaire : c'est pourquoi on dit que Misène a été tué dans les flots. »

39 Il s’agit des commentaires suivants : B., 3, 89 ; G., 1, 364 ; G., 2, 479 ; G., 3, 12 ; G., 3, 416 ; G., 3, 426 ; En., 1, 58 ; En., 1, 398 ; En., 1, 607 ; En., 3, 73 ; En., 5, 2 (Servius Danielis) ; En., 6, 265 ; En., 7, 142 ; En., 7, 412 ; En., 7, 753 ; En., 8, 454.

40G., 2, 479 ; En., 1, 398 ; En., 5, 2 (Servius Danielis) ; En., 6, 265 et En., 7, 412.

(8)

convoquées par le grammairien sont connues pour avoir écrit un ouvrage scientifique. Il s’agit de Lucrèce, l’auteur du De rerumnatura (G., 2, 479), d’Héraclite, philosophe présocratique à qui l’on attribue un Sur la nature, traité de cosmologie (En., 6, 265) ainsi que de Pline l’Ancien, qui a consigné, dans sa Naturalis historia, l’essentiel des savoirs de son époque dans le domaine des sciences naturelles (En., 1, 398 ; En., 5, 2). Le domaine pour lequel Servius fait le plus appel à Lucain est celui de la zoologie dans six commentaires41. On comprend aisément cette présence importante de Lucain dans l’étude des animaux : le passage du livre IX sur les serpents que rencontre l’armée de Caton dans le désert est resté célèbre dans l’antiquité pour la grande variété de reptiles qui y étaient évoqués. De fait, parmi les six reprises du poète sur un sujet zoologique, trois concernent des serpents, et deux d’entre elles sont extraites du chant IX du Bellum civile42. Ainsi peut-on lire par exemple un développement sur la vipère dans le commentaire à G., 3, 416, au sujet du lemme autmalatactu : quae et tactanocet, et est perniciosadumtangit. Viperaautemspeciesserpentis est, quae vi parit ; namcorrosiseiuslateribusexeuntpulli cum matrisinteritu ; Lucanus : « vipereicoeunt abrupto corporenodi » [VI, 490]43. Le recours à Lucain est ici attendu, puisqu’il est question de serpents.

Toutefois, la citation n’est pas extraite du chant IX : il s’agit, en effet, du vers 490 du chant VI du Bellum civile. L’évocation de la vipère prend place au sein de l’énumération des pouvoirs des sorcières thessaliennes avant la visite de Sextus Pompée chez la sorcière Erictho. Cet exemple souligne l’excellente connaissance de la Pharsale chez Servius: il puise des citations dans tous ses passages et non pas seulement dans ceux que l’on pourrait attendre. Enfin, le deuxième domaine scientifique le plus important pour lequel le texte de Lucain est employé par Servius est celui de la descriptions des phénomènes naturels, parfois considérés comme des prodiges par les anciens (foudre, tremblements de terre etc.) Cet ensemble est composé de 5 commentaires44: on peut, par exemple, lire deux gloses serviennes tentant d’élucider la question de l’origine de la foudre (Énéide, 7, 142 et Énéide, 8, 454).

Nous ne prendrons ici que le premier de ces deux exemples : Servius écrit ainsi, au sujet du lemme ardentemnubem,aliifulmennubemardentemdicunt, ut Lucanus«atqueardensaere solo »[X, 503], quos hoc loco secutus est. Aliifulmendicuntaerisscissioneardentemrimam, quos alibi sequiturdicens « ignea rima micanspercurritluminenimbos »[En., 8, 392]45. Dans cette explication, Servius présente deux hypothèses sur la nature de l’éclair, toutes deux présentes chez Virgile. Il utilise le vers 503 du chant X de la Pharsale pour illustrer à nouveau la première théorie, celle qui est déjà présente dans le lemme.

Lucain apparaît ici comme une autorité pour les questions touchant aux doctrines scientifiques des anciens. Les citations du Bellumciuile chez Servius remplissent donc bien la fonction « historico-

41 Il s’agit des commentaires suivants : G., 1, 364 ; G., 3, 416 ; G., 3, 426 ; En., 1, 398 ; En., 7, 412 ; En., 7, 753.

42 Le vers 721 du chant IX de la Pharsale est repris en G., 3, 426 et le vers 725 du chant IX est cité en En., 7, 753.

43 « qui, à la fois, est nuisible quand elle est touchée et est dangereuse quand elle touche. La vipère est une espèce de serpent qui enfante par la violence : en effet, après avoir rongé ses flancs, ses petits sortent en provoquant la mort de leur mère : Lucain “les nœuds de la vipère se rejoignent quand le corps est coupé”. »

44 Il s’agit des commentaires suivants : G., 2, 479 ; En., 3, 73 ; En., 5, 2 (Servius Danielis) ; En., 7, 142 ; En., 8, 454.

45 « Les uns disent que la foudre est un nuage enflammé, comme Lucain “et ne brûlant que grâce à l'air”, personnes que Virgile suit à cet endroit. D’autres disent que la foudre est une faille brulante, née de la scission de l’air, personnes que Virgile suit ailleurs en disant “ignea rima micanspercurritluminenimbos”. » En., 7, 142.

(9)

antiquaire » évoquée par P. Esposito et ce, en illustrant des commentaires touchant à l'histoire, à la géographie, à la religion et aux sciences.

Néanmoins, l'étude de l'ensemble des citations de Lucain montre qu'il existe une partie du corpus qui ne semble pas pouvoir être intégrée dans la typologie établie par P. Esposito : certaines citations n'ont ni un intérêt historique ni un intérêt grammatical ou strictement sémantique et doivent donc être traitées comme une nouvelle catégorie, qui reflète un nouvel emploi du texte de Lucain par Servius. Il s'agit de comparaisons entre les scènes topiques ou les images poétiques chez Virgile et chez Lucain afin de donner un éclairage sur le sens du texte virgilien mais aussi de montrer une possible imitation de Virgile dans la Pharsale.On peut compter une vingtaine de passage des commentaires qui confrontent les deux auteurs à ce sujet46. Ces notes sont le plus souvent très courtes et se contentent de juxtaposer la citation au lemme virgilien.On peut prendre notamment comme exemple de ce phénomène le commentaire à En., 12, 8 : au sujet du lemme inpauidusfrangittelum47, le grammairien n’écrit que Lucanus«perferrumtantisecurusuulneris exit »48 [I, 212]. Servius confronte ici de façon abrupte deux mises en scène des combattants identiques : en effet, dans ces deux passages, le soldat – Turnus dans l’Énéide, César dans la Pharsale – est comparé à un lion qui avance sans cesse pour attaquer sans se soucier des blessures qu’on lui inflige. Il s’agit ici d’un simple rapprochement permettant au lecteur de comprendre l’aspect topique de l’image et de souligner, par sa répétition, la force expressive de la comparaison. De même, certains commentaires de nature sémantique quittent ce simple rôle à l'aide d'une citation de Lucain pour devenir un commentaire stylistique comparant le traitement d'un terme chez plusieurs auteurs : ainsi, en B., 1, 33, Servius écrit au sujet du lemme exiretuictimasaeptis : saeptapropriesuntloca in campo Martioinclusatabulatis, in quibusstanspopulusRomanussuffragia ferre consueuerat. Sed quoniamhaecsaeptasimiliasuntouilibus, duo haecinvicem pro se ponuntur. Ut hoc loco saepta pro ouilibusposuit, item Lucanusecontra « et miseraemaculavitouiliaRomae »[II, 197], Iuvenalis « antiquoquaeproxima surgit ouili »[6, 529]49. Le commentaire vise au départ simplement à expliquer le sens du terme saeptisdans le texte de Virgile.

Cependant, les citations de Lucain et de Juvénal n'ont pas véritablement un usage sémantique : elles montrent que certains auteurs emploient le même procédé que Virgile avec une substitution de termes (saeptaet ouilia), mais en inversant les termes par rapport au texte des Bucoliques. Le commentaire de Servius devient ainsi stylistique. Il est donc important de souligner que l'usage des citations de Lucain dans les commentaires aux œuvres de Virgile ne se limite pas strictement à la double fonction définie par P. Esposito : il existe un corpus non-négligeable de citations qui interviennent dans le commentaire

46 En voici la liste complète : B., 1, 7 ; B., 1, 33 ; G., 1, 489 ; G., 3, 102 ; G., 3, 524 ; En., 2, 446 ; En., 3, 517 ; En., 5, 739 ; En., 6, 47 ; En., 6, 320 ; En., 8, 33 ; En., 8, 246 ; En., 9, 641b ; En., 9, 805 ; En., 10, 207 ; En., 10, 432 ; En., 10, 744 ; En., 11, 472 ; En., 12, 8 ; En., 12, 750.

47 « sans peur, il brise le trait »

48 « Lucain : "sans se préoccuper d'une si grande blessure, il se fraie un chemin à travers le fer" »

49 « Les enclos sont au sens propre des lieux sur le champ de Mars fermés par des barrières, dans lesquels le peuple Romain avait l’habitude de siéger pour voter. Mais, parce que ces enclos sont semblables à des étables, ces deux mots s’utilisent tour à tour l’un pour l’autre. De même que Virgile a mis à cet endroit des "enclos" (saepta) à la place des "bergeries" (ouilia), de même Lucain fait l’inverse “et il souilla les parcs de la malheureuse Rome”, Juvénal “qui est près du vieil enclos”. »

(10)

afin de montrer le traitement d'un thème ou l'emploi d'un procédé stylistique chez un autre auteur.

L'étude de l'ensemble de ces citations permet d'avoir un aperçu assez précis de la réception de Lucain chez Servius : si l'auteur du Bellumciuile semble bien considéré comme un historien, cela n'exclut pas le recours à des citations de son épopée pour illustrer des commentaires grammaticaux ou même stylistiques.

Enfin, la présence de citations de Lucain chez Servius amène à considérer également la qualité du texte du Bellumciuileprésent dans les commentaires aux oeuvres de Virgile. Constate-t-on des variantes par rapport au texte transmis dans les manuscrits de la Pharsale et, si tel est le cas, faut-il les considérer pour éditer l'épopée de Lucain. A ce sujet, P. Esposito, dans son étude des citations de Lucain dans le commentaire au livre I de l'Énéide50, formule l'hypothèse que le texte utilisé par le grammairien ne diffère pas de celui que l'on trouve dans les meilleurs manuscrits du Bellumciuile, à l'exception de très rares divergences qui sont dues à des simplifications ou à des erreurs évidentes de lecture ou de mémoire. Or, s'il semble que l'on puisse expliquer la plupart des variantes à l'aide des trois causes évoquées par P. Esposito, il apparaît que certaines variantes résistent à cette explication.

Ainsi, sur les 49 commentaires comportant une citation présentant une ou plusieurs variantes par rapport au texte traditionnellement édité à l'aide des manuscrits du Bellumciuile51¸ il semble intéressant d'étudier un exemple précis dont les variantes ne peuvent être expliquées par une simple erreur involontaire de Servius: la citation de II, 269-273 en En., 8, 454 (ainsi qu'en En., 1, 58 où seul le vers 273 est cité). La citation complète comporte trois variantes mais nous concentrerons ici notre analyse à la variante principale, c'est-à-dire l'omission des vers 270-272 dans le texte donné par Servius. Cette omission apparaît de façon évidente en En., 8, 454 puisqu'on peut lire : quia in Lemnuminsulam, ut diximus, cecidit, a Iouepraecipitatusuela Iunonepropterdeformitatemdeiectus, quamaerem esse constat, ex quo fulmina procreantur. IdeoautemVulcanus de femoreIunonisfingiturnatus, quod fulmina de imoaerenascuntur : quod etiamLucanusdicit « fulminibusterraepropiorsuccendituraer, pacemsummatenent » [II, 269 et II, 273].52 Dans ce commentaire, on s’aperçoit aisément de l’omission

50Esposito 2004, p. 148-149.

51 Les passages de Lucain concernés sont les suivants (la référence chez Servius est mentionnée entre parenthèses) : I, 63-64 (En., 1, 8) ; I, 212 (En., 12, 8) ; I, 412-417 (G., 2, 479) ; I, 566-567 (En., 10, 220) ; II, 54-55 (En., 7, 605) ; II, 269-273 (En., 8, 454 et 1, 58) ; II, 397-398 (En., 12, 702) ; II, 416-420 (G., 1, 482) ; III, 7 (En., 3, 522) ; III, 423-425 (G., 4, 400) ; III, 460- 461 (G., 2, 479) ; III, 537 (En., 10, 207) ; III, 549-550 (En., 5, 2 Servius Danielis) ; III, 658 (G., 1, 139) ; IV, 14 (En., 8, 328)

; IV, 133 (En., 4, 72) ; IV, 438 (En., 12, 750) ; IV, 780-781 (En., 10, 432) ; IV, 785-786 (En., 7, 464) ; V, 158-159 (En., 6, 662) ; V, 176-178 (En., 3, 379) ; V, 226-227 (En., 11, 268) ; V, 374 (En., 11, 445) ; V, 553-554 (G., 1, 364 et En., 7, 412) ; V, 716 (En., 1, 398) ; VI, 232 (En., 10, 744) ; VI, 355-356 (En., 7, 286) ; VI, 506 (En., 4, 513 Servius Danielis) ; VI, 600-601 (En., 11, 197) ; VI, 688-693 (En., 6, 247) ; VI, 692 (En., 5, 694) ; VI, 700 (En., 6, 118) ; VI, 739-740 (G., 1, 39) ; VI, 744 (En., 5, 739) ; VI, 755-757 (En., 4, 253) ; VII, 633 (En., 7, 711) ; VIII, 616-617 (En., 11, 418) ; VIII, 756 (G., 2, 50 ; G., 2, 288) ; IX, 11-12 (En., 6, 640) ; IX, 43-44 (En., 1, 601) ; IX, 721 (G., 3, 426) ; IX, 807 (En., 8, 517) ; X, 120-121 (G. 2, 463) ; X, 168 (B., 3, 89) ; X, 323 (En., 6, 154) ; X, 509-511 (En., 11, 262).

52 « parce que c’est dans l’île de Lemnos, disons-nous, qu’il est tombé, précipité par Jupiter ou rejeté par Junon en raison de sa laideur, Junon dont il est établi qu’elle est l’air à partir duquel les éclairs sont créés. Vulcain semble né de la cuisse de Junon, parce que les éclairs naissent de l’air d’en bas : ce que Lucain aussi dit "l’air proche de la terre est embrasé par les

(11)

puisque le vers 273 fait immédiatement suite au vers 269. En ce qui concerne le commentaire au vers 58 du chant 1 de l’Énéide, c’est le contexte de la citation qui nous permet de comprendre que Servius ignore l’existence des vers 270 à 272. En effet, on peut lire chez le grammairien l’explication suivante :atquiquattuorelementasunt, terra aqua aeraether. Sed hoc loco rite praetermisitaetherem, quiauenti non turbantsuperiora, ut ait Lucanus « pacemsummatenent », sedaut terras aut maria autaerem. Nam caelum hoc loco pro aereposuit, ut Lucretius « in hoc caelo qui dicituraer » [4, 132]53.En effet, dans ce commentaire, Servius explique que les régions supérieures du ciel ne sont pas troublées par les vents. Toutefois, on ne peut donner ce sens au passage de Lucain que si l’on n’a pas connaissance des vers 270 à 272. Le texte donné par les manuscrits du Bellumciuile, sans l’omission, est le suivant :Fulminibuspropiorterraesuccendituraer / imaquetellurisventostractusquecoruscos / flammarumaccipiunt, nubesexcedit Olympus : / lege deum minimas rerumdiscordiaturbat, / pacem magna tenent.54Dans le texte de Lucain, le vers 273 ne s’oppose pas directement au vers 269 comme c’est le cas dans la citation de Servius. Dès lors, il ne faut pas comprendre que summa s’oppose à propiorterrae pour désigner les régions supérieures. Le vers 273 s’oppose à minimas rerum du vers 272 et désigne, d’une manière plus générale, les grands éléments. Par conséquent, le commentaire du grammairien qui emploie le vers 273 pour parler du calme qui règne dans les régions supérieures souligne le fait qu’il ne connaît pas les vers 270 à 272 : en effet, ce sont ces vers précis qui évoquent cette idée. On peut donc dire que la citation présente dans le commentaire au vers 58 du chant 1 de l’Énéide permet également d’attester l’omission des vers 270 à 272 dans la version de la Pharsale que le grammairien a lue. Or, il convient de signaler que cette omission n’est attestée dans aucun des principaux témoins directs du texte du Bellum civile. En effet, la seule attestation de cette omission autre que celles de Servius est dans un passage du troisième Mythographe du Vatican55, qui cite le texte de Lucain exactement comme le grammairien dans le commentaire au vers 454 du chant 8 de l’Énéide. Il ne nous semble d’ailleurs pas raisonnable de penser que les vers 270 à 272 peuvent être interpolés. Ils apparaissent comme authentiques et n’ont rien de simples gloses qu’on aurait insérées dans le texte au fil des copies. En outre, leur présence dans l’ensemble des manuscrits ainsi que la citation de ces vers notamment dans les commentaires de Lactance Placide à la Thébaïde (3, 262) nous poussent à conclure à l’authenticité des vers 270 à 272. Il s’agit donc d’une faute que relaie Servius dans ses citations et que l’on ne connaît pas dans la tradition directe. Or, cette faute, puisqu'elle change véritablement le sens du texte de Lucain en établissant un nouveau parallèle entre propiorterraeet

éclairs, mais les régions supérieures conservent le calme." » Les caractères droits dans le texte latin et italiques dans la traduction signalent que le passage n'est présent que dans le Servius Danielis.

53 « Pourtant il y a quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et l’éther. Mais, à cet endroit, selon l’usage consacré, il oublie l’éther, parce que les vents ne troublent pas les régions supérieures du ciel, comme le dit Lucain “les régions supérieures conservent le calme”, mais soit les terres, soit les mers, soit l’air. En effet, à cet endroit, il a mis le ciel à la place de l’air, comme Lucrèce

“dans ce ciel que l'on appelle l'air”. »

54 « l’air proche de la terre est embrasé par les éclairs, les zones inférieures accueillent les vents et les traînées de flammes étincelantes et l’Olympe dépasse les nuages : selon la loi des dieux, le désordre trouble les plus petits éléments, mais les grands conservent le calme. »

55 Myth. Vat., 3, 10, 4 (224 Bode)

(12)

summa, ne peut être imputée ni à une erreur de lecture ni à un erreur de mémoire56. Cela nous laisse penser qu’il est possible que l’étude des citations de Lucain dans les commentaires aux œuvres de Virgile nous fasse remonter à un état du texte de l’épopée que les manuscrits que nous avons conservés ne nous fournissent pas. Dès lors, il convient d’accorder une grande importance aux variantes serviennes qui, si elles ne sont pas nécessairement les bonnes leçons, peuvent faire état de problèmes anciens dans le texte de Lucain.

Les citations du Bellumciuiledans les commentaires aux œuvres de Virgile par Servius forment donc un corpus particulièrement remarquable : le grand nombre de référence à Lucain permet de faire une étude assez précise de ce que peut-être la réception du poète chez Servius. En effet, au-delà du célèbre jugement du grammairien sur l'auteur de la Pharsale dans lequel il déclare que Lucain est un historien et non un poète, c'est la réalité de l'usage fait des citations du Bellumciuilequi laisse voir la façon dont Servius lit et utilise l'épopée de la guerre civile : Lucain apparaît ainsi comme une auctoritas grammaticale et historique (qu'il s'agisse d'histoire au sens moderne ou de faire état de la pensée religieuse ou scientifique des anciens). Néanmoins, il ne faut pas réduire le poète à ce simple rôle : son texte est également confronté à celui de Virgile pour nourrir un commentaire stylistique dans lequel Servius cherche à montrer certains aspects topiques présents dans les deux épopées de Virgile et de Lucain. Enfin, l'étude des citations de Lucain dans les commentaires aux œuvres de Virgile peut se révéler précieuse pour l'histoire de la transmission du Bellumciuile : Servius semble avoir eu à sa disposition un état du texte de la Pharsale que nous ne retrouvons pas dans les meilleurs manuscrits contenant le texte de Lucain. Il convient, dès lors, d'examiner avec attention les variantes qui apparaissent dans les citations serviennes et notamment celles qui ne sont manifestement pas des simplifications volontaires ou des erreurs de lecture et de mémoire.

Florian Barrière Université Grenoble Alpes

Bibliographie indicative :

Enrico M. Ariemma, « Lucano in LattanzioPlacido : primisondaggi »» in Gliscolii a Lucanoedaltrascoliasticalatina, Pisa : edizioni ETS, 2004. p. 171-191.

56 D'autres citations contiennent des variantes qui étaient sans doute présentes dans le texte cité par Servius puisque, dans la citation, le grammairien s'appuie précisément sur la variante : il s'agit de V, 158-159 (En., 6, 662), V, 176-178 (En., 3, 379), VII, 633 (En., 7, 717 et IX, 807 (En., 8, 517).

(13)

Stéphane Barbara,« Le Commentaire à l’Énéide de Servius et les Adnotationes super Lucanum : regards croisés », inServius et sa réception de l’Antiquité à la Renaissance, PUR, Rennes, 2011, p.

277-308.

Bruno Bureau, « Lucanus [...] uideturhistoriamcomposuisse, non poema. Lucain, l'histoire et la mémoire poétique » in Lucain en débat : rhétorique, poétique et histoire, Bordeaux, 2010. p. 77-87.

Paolo Esposito, « Importanzadellascoliasticanell'esegesi a Lucano » in Lucan im 21. Jahrhunderthrsg.

von Christine Walde,München : Saur, 2005. p. 313-332.

Paolo Esposito, « Lucanonelcommento di Servio al I librodell'Eneidedi Virgilio » in Gliscolii a Lucanoedaltrascoliasticalatina, Pisa : edizioni ETS, 2004. p.133-152.

Rosina Iannone, « Servio e i CommentaBernensia : esempi di interferenze » in Gliscolii a Lucanoedaltrascoliasticalatina, Pisa : edizioni ETS, 2004. p.153-170.

CaterinaLazzarini, « Historia/fabula : formedellacostruzionepoeticavirgiliananelcommento di Servioall'Eneide», MD, 12, 1984. p. 117-144.

Andrea Pellizzari, Servio. Storia, cultura e instituzioninell’opera di un grammaticotardoantico, Firenze, 2003. 347 p.

Henry John Thomson, « Lucan, Statius and Juvenal in the Early centuries », CQ, 1928. p. 24-28.

Paul Wessner, « Lucan, Statius und Juvenal bei den römischenGrammatikern », PhW, 47, 1929. p.

293-303.

(14)

Index des citations de Servius57 classées selon l’ordre du texte de Lucain58.

Bellum civile, livre I

v 1 Aen. Praef. 5

v 7 Georg, 1, 489

v 19 Georg 2, 121

v 63 Buc 1, 7

v 63-64 Aen 1, 8

v 164-165 Aen, 2, 501

v 175 Aen, 9, 641 b

v 188 Aen, 8, 33

v 212 Aen, 12, 8

v 215-216 Aen, 1, 1

v 288 Aen, 6, 320

v 293-294 Georg 3, 102

v 346 Aen, 12, 359

Georg, 4, 127

v 382 Georg 2, 274

v 387-388 Aen, 12, 258

v 396 Georg 4, 278

Georg 4, 426

v 412-417 Georg 2, 479

v 456-457 Aen, 6, 532

Georg 1, 243

v 566-567 Aen, 10, 220

v 598 Aen, 2, 166

v 636-637 Aen, 2, 781

v 665 Aen, 3, 517

v 675 Aen, 12, 365

Bellum civile, livre II

v 46 Aen, 7, 711

v 54-55 Aen, 7, 605

v 85-86 Aen, 2, 257

v 197 Buc, 1, 33

v 269 Aen, 8, 454

v 273 Aen, 1, 58

Aen, 8, 454

57Le signe * à la suite d’une référence indique que la citation est présente dans le Servius Danielis.

58 Cette liste des citations de Lucain chez Servius vient compléter celle déjà fournie par R. Iannone 2004, p. 165-170.

(15)

v 359 Aen, 2, 469

v 368 Aen, 1, 35

v 371 Aen, 1, 346

Aen, 4, 45

v 388 Aen, 11, 472

v 397-398 Aen, 12, 702

v 416-420 Georg, 1, 482

v 422 Georg, 1, 326

Bellum civile, livre III

v 7 Aen, 3, 522

v 216 Georg 3, 12

v 253-255 Aen, 6, 795

v 337-338 Aen, 10, 528

v 411 Aen, 1, 165

v 423-425 Georg 4, 400

v 460-461 Georg 2, 479

Aen, 3, 73

v 484-486 Aen, 9, 515

v 537 Aen, 10, 207

v 543 Aen, 5, 189

v 549-550 Aen, 5, 2*

v 608 Aen, 10, 392

v 658 Georg, 1, 139

v 674 Aen, 2, 446

Bellum civile, livre IV

v 9-10 Aen, 1, 2

v 14 Aen, 8, 328

v 108 Aen, 6, 265

v 133 Aen, 4, 72

v 438 Aen, 12, 750

v 592 Aen, 7, 206

v 663 Aen, 11, 590

v 776 Aen, 9, 805

v 780-781 Aen, 10, 432

v 785-786 Aen, 7, 464

v 820 Aen, 6, 621

Bellum civile, livre V

v 11 Aen, 3, 539

Aen, 12, 519

v 73-74 Aen, 6, 78

v 158-159 Aen, 6, 662

v 161 sq Aen, 3, 92

v 168-169 Aen, 3, 434

v 176-178 Aen, 3, 379

v 214 Aen, 6, 47

v 226-227 Aen, 11, 268

v 227 Aen, 11, 268*

v 374 Aen, 11, 445

v 380 Aen, 11, 247

(16)

v 396 Aen, 4, 462

v 405 Aen, 10, 166

v 528-529 Georg 2, 499

v 553-554 Aen, 7, 412

Georg 1, 364

v 687 Aen, 4, 311

v 716 Aen, 1, 398

Bellum civile, livre VI

v 97 Georg 3, 524

v 198-199 Aen, 9, 702

v 232 Aen, 10, 744

v 261 Aen, 4, 168

v 355-356 Aen, 7, 286

v 383 Aen, 8, 725

v 391 Aen, 8, 294

v 490 Georg 3, 416

v 506 Aen, 4, 513*

v 600-601 Aen, 11, 197

v 667 Aen, 6, 149

v 676 Aen, 1, 394

v 692 Aen, 5, 694

v 688-693 Aen, 6, 247

v 700 Aen, 6, 118

v 702 Aen, 6, 418

v 712-715 Aen, 6, 152

v 733-734 Aen, 3, 209

Aen, 6, 257

v 739-740 Georg 1, 39

v 744 Aen, 5, 739

Aen, 8, 246

v 748-749 Aen, 6, 135

v 755-757 Aen, 4, 253

Bellum civile, livre VII

v 165-166 Georg, 2, 395

Aen, 9, 624

v 217-219 Aen, 3, 22

v 495 Aen, 10, 432

v 633 Aen, 7, 717

Bellum civile, livre VIII

v 365- 366 Georg 1, 57

v 616-617 Aen, 11, 418

v 756 Georg 2, 50

Georg, 2, 288

Bellum civile, livre IX

v 10-11 Aen, 5, 735

v 11-12 Aen, 6, 640

Aen, 4, 358

(17)

v 13-14 Aen, 6,127

v 43-44 Aen, 1, 601

v 200 Aen, 1, 203

v 227 Aen, 6, 104

v 308 Aen, 6, 60

v 310 Aen, 2, 23

Aen, 4, 8

v 354 Aen, 2, 171

v 580 Georg, 4, 221

v 663 Aen, 7, 732

v 721 Georg, 3, 426

v 725 Aen, 7, 753

v 807 Aen, 8, 517

v 836 Aen, 1, 535

v 945 Georg, 3, 340*

v 979 Aen, 2, 506

Bellum civile, livre X

v 117-118 Georg, 2, 116

v 120-121 Georg, 2, 463

v 164 Aen, 1, 417

v 168 Buc, 3, 89

v 187 Aen, 3, 326

v 260 Aen, 1, 607

v 323 Aen, 6, 154

v 409 Aen, 5, 801

Aen, 4, 82

v 503 Aen, 7, 142

v 509-511 Aen, 11, 262

Références

Documents relatifs

Enfin, la dernière question qu’il convient d’aborder à propos de la représentation des Enfers dans les commentaires de Servius touche à l’emplacement des Champs Elysées, une

Bien plus, l'étude de la physique dans la Pharsale n'a pas seulement été négligée par Due : lorsque l'on s'interroge sur la philosophie de Lucain, ce sont le plus

[r]

 Il  pourra  subsister

Dans l’ensemble, le survol des citations du Bellum ciuile à l’époque carolingienne révèle un fait remarquable : à l’exception des florilèges (et notamment

Et ce sont précisément les autorités inverses de Donat et de Servius qui nous intéressent : alors qu’ils ont pratiqué les deux genres scolaires, le premier s’est imposé dans

1- Claudien n’utilise pas exactement Lucain de la même façon suivant qu’il se trouve dans sa partie « mythologique » (livre 1) ou dans sa partie « historique » (livre 2).

18 Sur les rapports entre Lucain et Homère, voir Lausberg 1985, avec d’intéressants rapprochements entre les figures des héros homériques et ceux de Lucain qui