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Recherche spectroscopique d’un isotope de l’hélium de
masse 5 dans les gaz extraits du béryl
Maurice Dodé, Pierre Jacquinot
To cite this version:
RECHERCHE
SPECTROSCOPIQUE
D’UN ISOTOPE DEL’HÉLIUM
DE MASSE 5 DANS LES GAZ EXTRAITS DUBÉRYL
Par MAURICE DODÉ et PIERRE
JACQUINOT.
Sommaire. 2014 Des
expériences de M. Joliot ont conduit à penser que l’isotope de masse 5 de l’hélium était stable. Cependant, aucune preuve directe, en particulier spectroscopique, de l’existence de cet
isotope n’a été donnée jusqu’à présent; on n’a, d’ailleurs, pas de raison de penser que cet isotope puisse exister en quantité suffisante dans l’hélium atmosphérique pour qu’il soit possible de le mettre
en évidence. Par contre, certains minéraux, tel le béryl, contiennent des quantités très notables
d’hélium : parmi les hypothèses invoquées pour expliquer la formation de ce gaz dans le béryl, figure
celle d’une désintégration du béryllium sous l’action des rayons 03B3, réaction donnant naissance à une
certaine proportion de 5He.
Nous avons donc examiné spectroscopiquement de l’hélium extrait du béryl. La position des raies de 5He a été calculée et la recherche de ces raies a été effectuée avec une sensibilité telle qu’une teneur
de 10-4 en 5He aurait pu être décelée. Étant donné que les raies de 5He sont extrêmement voisines de celles de 4He (0,2 Å pour la raie bleue 4471 Å), une telle sensibilité n’a pu être obtenue que grâce
aux qualités particulières du grand spectrographe à prisme liquide de Bellevue, et grâce à l’emploi simultané d’une méthode optique nouvelle pour augmenter la pureté des spectres obtenus et de tubes dans lesquels l’effet d’auto-absorption renforce les raies faibles relativement aux raies fortes.
La présence de 5He n’a pas pu être décelée, ni dans l’hélium atmosphérique, ni dans le gaz extrait du béryl : on peut conclure que la proportion des 5He présente dans ces gaz est certainement infé-rieure à 3. 10-4 et
probablement
inférieure à 5.10-5.PREMIÈRE PARTIE.
1. Le
problème
del’origine
de l’hélium dubéryl.
-- Laprésence
d’hélium dans lebéryl
paraît
avoir étésignalée
pour lapremière
fois par LordRay-leigh
en1 g08
]
et, en1933,
ce même auteur amontré que cet hélium ne
pouvait
provenir
que dela
désintégration
radioactive d’un élément delongue
période.
En
effet,
bien que laquantité
d’Heprésente
dans des minéraux de mêmeâge
puisse
varier dans de trèslarges
limites,
cetteproportion
est, engénéral,
beaucoup plus
élevée dans les minéraux archéens que d’lns les minéraux tertiaires, et l’on nepeut
guère
douter que l’He desbéryls s’y
soit accumuléau cours des
temps
géologiques.
Voici,
eneffet,
les valeurs moyennes des teneurs en He desbéryls
examinés par LordRayleigh :
Or,
lesquantités
d’He extraites desbéryls
sonttoujours
debeaucoup
supérieures
à cellesqui
sontsusceptibles
deprovenir
de ladésintégration
des éléments radioactifs connusprésents
dans le minéral. Pour certains des échantillons examinés par LordRayleigh,
parexemple,
l’He recueillicorrespondrait
à une durée d’accumulationsupérieure
à ans, alors quel’âge
des terrains lesplus
anciens nedépasse
pas 2. 1 o9 années.2.
Hypothèse
d’une radioactivité propre aubéryllium.
- Devant cesfaits,
l’hypothèse
del’existence d’une radioactivité propre au Be a tout
naturellement été
émise,
et certains auteurs ont crula vérifier
[~].
Mais les radioactivités mises en évidence dans le Be ou dans sescomposés
proviennent
en réalité
d’impuretés
radioactives :I ~ L’acétate de
Be,
purifié
par cristallisation dans lechloroforme,
neprésente
aucune activité(E.
Fried-lander
[3]);
demême,
iln’y
a aucune émissionspontanée
de neutrons(F.
Joliot);
2~ Paneth
[4~, qui,
on lesait,
a mis aupoint
unappareillage
permettant
de déceler l0-1° cm3d’He,
a montré récemment que le Be métal convenablement
purifié
nedégage
pas d’He(ou
tout au moins que sapériode
estsupérieure
à io’3ans);
30
Enfin,
la masse du"Be,
maintenant assezbien connue,
9,0150
-E- 0,0002, montre que ladésin-tégration
seraitendoénergétique.
L’hypothèse
enquestion
paraît
donc définiti-vementrejetée.
3.
Hypothèse
de M.Lepape.
2013 Parailleurs,
l’origine
de l’He desbéryls
a étél’objet
d’une très intéressantehypothèse
de M.Lepape [5], hypothèse
qui,
malheureusement,
n’a pas encore été vérifiée.Au cours de ses nombreuses
analyses
de gazspontanés
de sourceshydrominérales,
1B1.Lepape
aconstaté que les sources minéralisées au contact de terrains
primaires
outriasiques,
sont d’autantplus
riches en He que leur teneur en lithium est,elle-même,
plus grande;
les sources pauvres en Li sonttoujours
pauvres en He, même si elles contiennentbeaucoup
deNaCI;
deplus,
dans les sourcesexceptionnellement
riches en
He,
Li esttoujours accompagné
de Rb et de Cs enproportion importante;
enfin,
il n’existeaucune relation entre la teneur en He et la
radio-activité de ces eaux, radioactivité le
plus
souventbanale d’ailleurs.
134
Au contraire, les sources issues de terrains tertiaires sont
toujours
pauvres enHe,
mêmelorsqu’elles
sont riches enLi,
et il existe alors une relation très nette entre leur radioactivité et leur teneur en He.Ces faits conduisent M.
Lepape
à supposer que l’He desdépôts lagunaires
où ces sources trouvent leurminéralisation,
provient
de ladésintégration
de l’élément87
et de sesdescendants,
lapériode
du87
étant relativement courte et telle que cet élément aurait
pratiquement
achevé dedisparaître
au début du tertiaire.En
effet,
de par sesanalogies
chimiques,
l’élé-ment
87
a dû suivreLi,
Rb et Cs au cours dessépa-rations
chimiques
naturelles et, enparticulier,
il adû se concentrer dans les tissus des
plantes
houillères et dans lesproduits
del’évaporation lagunaire
deseaux fluviales et
marines;
cettehypothèse explique
donc,
en mêmetemps,
comment il se fait que certainsgrisous
degisements
houillersd’origine
marine,
de même que les gaz depétrole d’origine primaire,
sont très riches en He alors que les gaz depétrole
ter-tiaires en sonttoujours dépourvus.
Demême,
si l’onse souvient que les
béryls
contiennenttoujours
des métauxalcalins,
certains d’entre euxayant
jus-qu’à
5 pour 10o deCs,
onvoit,
commel’indique
M.
Lepape,
que la variation de la teneur en He desbéryls s’explique
fort bien parl’hypothèse
de l’exis-tenced’un
élément87
depériode
relativement courte. Bienentendu,
laprésence
d’He dans les gaz des mines de Stassfurt et dans les tourmalinespourrait
aussis’expliquer
de la même manière.Comme on le
voit,
l’hypothèse
de M.Lepape
rendcompte
d’un trèsgrand
nombre de faits et mérite de retenir l’attention.Malheureusement,
en cequi
concerne lesbéryls,
si l’He que l’on y rencontreprovient
de ladésintégration
de l’élément87,
ondevrait trouver, dans ces
minéraux,
les autres descendants stables de cetélément,
et rien n’a encoreété
signalé
à cesujet.
Peut-être aucune recherchen’a-t-elle été
entreprise; peut-être
aussi leproblème
est-ilplus compliqué qu’on
nepourrait
le supposer aupremier
abord : la recherche d’élémentslourds,
voisins du
87,
serait sans doute assez facilementabordable;
par contre, si~’un
des descendants du87
explose
spontanément
en donnant des élémentsbeaucoup
plus
légers,
comme le faitparfois
l’uraniumsous l’action des neutrons, le
problème
devient extrêmement ardu.Quoi
qu’il
ensoit,
laquestion
n’est pas encore résolue.4.
Hypothèse
d’unedésintégration
de Be sousl’influence des rayons y. - Il existe enfin une
troisième manière
d’expliquer
laprésence
d’He
dans lesbéryls.
Onsait,
eneffet,
que les rayons y des corps radioactifsprovoquent
ladésintégration
des noyaux debérylium
suivant la réaction-
2~He-~/~
(1 )réaction couramment utilisée au laboratoire pour
produire
des neutrons de faibleénergie.
Il est évidentqu’une
telle réactionpeùt
fort bien avoir lieu dans la naturegrâce
auxrayonnements y
des corpsradioactifs
présents
dans les rochescontiguës
auxbéryls.
Dans ce cas, la formation de l’He nes’accom-pagnerait
de celle d’aucun autreélément,
et ilapparaît
difficile depouvoir
vérifier cettehypothèse
qui,
parailleurs,
rendraitcompte
de l’accumulation de l’He avec letemps,
de même que des variations considérables quepeut
présenter
la teneur en He de minerais de mêmeâge (de
o,055
à77,6
mm3/g
pour lesbéryls
archéens).
La mise en évidence de la stabilité d’un
isotope
de l’He de masse 5, par MM. Joliot et
Zlotowsky
[6]
apporte,
à ceproblème,
une donnée nouvelle(1).
En admettant pour la masse de
ce ~ He
la valeur5,0106 ± 0,0005
(5,oii
I assure la stabilitéde ~Be),
on trouve, eneffet,
que l’action sur le Be de rayons yd’énergie
dequelques
dizaines de milliersd’électron-volts
pourrait
donner lieu à la forma-tionde 5 .2 He-.
4 9Be
+ y -+2 "He
+2He.
(2)
Enconséquence,
si l’He desbéryls
provient
de ladésintégration
des noyaux debérylium
par les rayons y de faibleénergie,
onpeut
s’attendre à ceque cet He soit constitué par un
mélange
desiso-topes
’He
et’He.
Si la réaction
(2)
avait, seule, lieu,
l’He dubéryl
contiendrait 5c pour 100 de’He;
mais c’est là unmaximum
qui
ne saurait être atteint et, comme l’onignore
comment varie la section efficace du Be avecl’énergie
des rayons y de très faibleénergie,
etqu’en
particulier
on ne connaît même pas l’ordre degrandeur
de cette section efficace pourles y
de faibleénergie
[réaction
(2)],
il n’est paspossible
d’avoir,
à
priori,
la moindre idée sur la teneur en5He
del’hélium extrait des
béryls.
En outre, lesphénomènes
de diffusion viennent encorecompliquer
laquestion;
en
effet,
c’est l’He voisin de la surface extérieure des cristauxqui s’échappe
leplus
facilement,
et c’estprécisément
celuiqui
doit être leplus
richeen ~ He.
Quoi
qu’il
ensoit,
onpouvait
avoir un certainespoir
d’éclaircir cette
question
del’origine
de l’He dubéryl
enrecherchant,
dans cetHe,
laprésence
éventuelle d’unisotope
de masse 5.5. Vérifications antérieures. -- Cette
hypo-thèse de l’existence
possible
d’~He
dubéryl
avaitdéjà
été émise parLangle
et Raitt en1933
[ 2],
mais elle
reposait
alors sur des données inexactes.On se
souvient,
eneffet,
que ces auteurs avaient crumettre en évidence une radioactivité a propre
(1) M. Joliot nous a signalé un travail récent effectué par
P. Jensen au Laboratoire du professeur Bothe, et dont les résultats semblent en désaccord avec ceux obtenus par
Zlotowsky et lui-même. De nouvelles expériences doivent être entreprises dans des conditions différentes pour élucider
au Be et ils avaient
envisagé
lapossibilité
de la réactionspontanée
?Be
--~5He-+-4He
qui,
enréalité,
estendoénergétique.
Bien que ce mémoire de
Langle
et Raitt ait conduit Tate et Smith[7]
à examiner auspectro-graphe
de masse de l’He extrait d’unbéryl
pré-cambrien et que ces auteurs aient conclu à l’absence de 5He(moins
de cettequestion
de l’exis-tencepossible
de 5He dans He dubéryl
nepouvait
cependant
pas être considérée comme définitivementrésolue. En
effet,
lesexpériences
deLangle
et Raittayant
été reconnues inexactes, le travail de Tate et Smith n’ajamais
étérepris;
en outre, on a tout lieu de supposer que ces auteurs s’attendaient à trouver,dans l’He du
béryl,
une forteproportion
del’isotope
de masse 5, et que, vu leurs
premiers
résultats, ils n’aient pas cherché àapprofondir
laquestion.
Onsait, en
effet,
quel’emploi
duspectrographe
demasse pour la recherche d’un
isotope
n’existantqu’en petite proportion
est uneopération
trèsdélicate,
du faitqu’il
fauttoujours distinguer
entrel’isotope
vrai et les autres ions gazeux de mêmem .
Aussi,
M. Joliot nous a-t-il demandé dereprendre
cette étude en nous
adressant,
pour la mise enévi-dence de
5He,
aux effetsisotopiques
dans sonspectre
optique
d’émission.6. Extraction de l’ He du
béryl.
- Pour nousprocurer l’He nécessaire à cette
recherche,
noussommes
partis
d’unbéryl
deMadagascar
gracieu-sement mis à notre
disposition
par laCompagnie
Alais,
Froge
etCamargue;
le minéral avait étébroyé
par les soins de cettecompagnie,
qui
avaitpris
lesprécautions
nécessaires pourqu’aucune
partie
n’en soitrejetée,
et ilpassait
entièrement autamis 200. Nous
prions
laCompagnie
Alais,
Froge
etCamargue,
ainsi que sonagent
deSaint-Jean-de-Maurienne, M.
Gadeau,
de trouver icil’expression
de nos sincères remerciements.Le minéral en
question
contenait,
comme laplupart
desbéryls,
une forteproportion
d’hydrogène
( z 2
à 13cm3 / g),
et il était d’une teneur moyenne en He(o,55 mm3,/g);
il nous a, parsuite,
fallu entraiter 20
kg
pour obtenir l’He nécessaire à nosessais. L’extraction des gaz a été effectuée suivant
une méthode
calquée
sur celle de LordRayleigh.
Le minéral
pulvérisé
estattaqué
dans une cornuede pyrex par
cinq
fois sonpoids
depotasse
enpastilles;
on introduit lebéryl
et lapotasse
par couchessuccessives,
puis
on soude la cornue à uncondenseur destiné à retenir la
majorité
de l’eauqui
distille lors de la fusion et aussi à recueillir éventuellement la mousse extrêmement abondantequi
prend
toujours
naissance lors dudépart
des gaz.L’appareil
est réuni à une rampe detrompes
àmercure à gros
débit,
cequi permet
d’extraire lesgaz de la cornue au fur et à mesure de leur formation
et de les réunir dans un
récipient
unique
d’où on les envoie immédiatement sur del’oxyde
de cuivre chauffé vers 250°, où ils se débarrassent de lamajeure partie
del’hydrogène qu’ils
contiennent. Un robinet,placé
entre la cornue et lestrompes,
permet
d’arrêter l’extraction des gaz à volonté et,facilite
beaucoup
la conduite del’opération :
lorsque
le contenu du ballon tend àdéborder,
la fermeture de ce robinet provoque uneaugmentation
rapide
de la
pression
dans la cornue, et la mousse retombe aussitôt.Enfin,
une autretrompe
à mercure, branchéesur le tube à
oxyde
decuivre,
permet
d’extrairefinalement de
l’appareil
unmélange
d’azote et de gaz rares ne contenantplus qu’une petite proportion
d’hydrogène.
Chaque
opération
est effectuée dans une cornue de z5oo à 3ooocm3;
celle-ci une fois soudée àl’appa-reil,
on fait le vide à l’aide d’une pompe, defaçon
à abaisser la
pression jusqu’à
I mm deHg;
il est nécessaire d’effectuer cetteopération
rapidement,
afin d’éviter ledépart
de gaz du minéral. Le ballon est alors chaufféprogressivement
sur un fourneau à gaz, le ballonreposant
simplement
sur une toilemétallique;
c’est là lafaçon
laplus
commoded’opérer :
onpeut
ainsi arrêterbrusquement
lechauffage lorsque
la mousse devienttrop
abondante. >Bien que
l’emploi
d’une cornue de 3000 cm3 nepermette
pasd’attaquer
plus
de 25o à 3oo g debéryl
à lafois,
cequi oblige
à effectuer denom-breuses
extractions,
il estpréférable
de ne pasopérer
sur deplus
gros volumes : la fusion totale de la masse serait difficile àobtenir,
et laparoi
de lacornue
risquerait
de ne pas résister suffisammentlongtemps
àl’attaque
par lapotasse.
Insistons,
enpassant,
sur la nécessité deprendre
une nouvelle cornue àchaque
opération,
faute dequoi
l’onrisque
de voir le fond de la cornue céderbrusquement
sousla
pression
extérieure;
il seproduit
alors un telsoubresaut que des
quantités importantes
depotasse
fondue sontprojetées
àplusieurs
mètres de distance.Finalement,
on réunit ensemble lesmélanges
d’azote et de gaz rares recueillis au cours dediffé-rentes
opérations; lorsque
le volume obtenu est de i à 2l,
on fait passer les gaz sur du calcium chauffé vers4ooo,
puis
sur del’oxyde
decuivre,
de
façon
à éliminer l’azote et le reste del’hydro-gène.
Les différentsmélanges
gazeux ainsi obtenus sont enfin réunis à leur tour et traités d’un bloc pour l’extraction de l’hélmm.Cette
purification
finale est effectuée dans unappareil
à circulationcomportant
différentscircuits,
de
façon
àpouvoir
faire passer les gaz soit sur del’oxyde
decuivre,
soit sur ducalcium,
soit sur du charbon refroidi. On arrive ainsi fort bien à se débarrasser de la totalité de l’azote et del’argon.
Les dernières tracesd’hydrogène
sont enfin éliminéesen introduisant une
petite proportion
d’oxygène
136
platine
chauffée;
on condense enfinl’oxygène
surle
charbon,
dans l’airliquide.
L’hélium que nousavons ainsi obtenu n’était souillé que par des traces de
néon;
en raison despertes
importantes
en hélium que cela eûtprovoqué,
nous n’avons pasjugé
néces-saire de l’en débarrasser.
DEUXIÈME PARTIE.
1. Calcul de l’effet
isotopique.
Choix des raies. -- Onpeut
s’adresser,
pour la mise en évidenced’un
isotope,
soit auspectre atomique,
soit auspectre
moléculaire. Bien que, dans le cas del’hélium,
les
déplacements isotopiques
soientbeaucoup
plus
petits
sur les raiesatomiques
que sur lesbandes,
nous avons choisi le
spectre
atomique.
Lespectre
de bandes del’hélium
est, en effet, très difficile à obtenir avec assez d’intensité : il faut des tubes trèslarges
et despressions
élevées,
donc d’assezgrandes quantités
de gaz, etmalgré
cela l’intensiténe serait pas suffisante pour obtenir des clichés
10 ooo fois
surexposés
avec unedispersion
suffisante,
même avec un
spectrographe
très lumineux.Les raies
atomiques,
aucontraire,
peuvent
être obtenues avec une trèsgrande
intensité;
mais lesdéplacements
isotopiques
sont très faibles et il est nécessaired’employer
unspectrographe
de trèsgrand pouvoir séparateur.
Si l’on veutpouvoir
déceler une
proportion
enisotope
de l’ordre de il est nécessaire que lespectrographe
soitégalement
très lumineux et surtoutqu’il
ne donne aucune raieni fond continu
parasite.
Seull’appareil
àprisme
liquide
de Bellevuepouvait remplir
ces conditions. C’estgrâce
à ceremarquable
instrument,
dont la construction est due à M. A. Couder[8],
que nous avons pu faire la recherche del’isotope
dans lespectre
atomique.
Les
déplacements isotopiques
des raiesatomiques
qui
sont facilement calculables pourl’hydrogène,
peuvent
encore être calculés pour les atomes à deuxet à trois électrons
[9].
Comme dans le cas del’hydro-gène,
tous les niveaux d’un atome de massenucléaire M se trouvent
déplacés
d’unequan-tité Al.11-
àpartir
de laposition qu’ils
occupe-raient si la masse du noyau était infinimentgrande.
En outre, et pour les niveaux P seulement, à ce
déplacement
vient s’enajouter
un autre :dans le cas de deux électrons, le
signe
- doit êtrechoisi pour les niveaux de
triplets
et lesigne
+ pour les niveaux desingulets.
Dans cetteformule,
les notations ont leurssignifications
habituelies;
Zl et Z2
sont les
charges
effectives pour les orbites consi dérées. Cetteexpression
s’est trouvée en accordavec les mesures dans les deux cas où elle a été
appliquée,
celui des raies584~
À de Li I I[10]
et celui dequelques
raies de Li 1[ I I ].
Nous avonsappliqué
cette formule aux niveaux 2 s 2 p 3,1 P et 2 s 3
p ’P
de I,’hélium. Lescharges
effectives pour les orbites 2s et 2 p ont été calculées par Eckart[àj]
et sont respec-tivementet
pour le niveau 31P nous avons admis
Z,
=== 2 etZ2 = ~ .
Nous avons ainsi calculé les
déplacements
isoto-piques
pour les raies lesplus
intenses de l’hélium-Cesdéplacements
sont donnés en  dans la troi-sièmeligne
du tableausuivant;
dans laquatrième
ligne,
lesdéplacements
9 x sontexprimés
en unités depouvoir
de résolutionthéorique
duspectrographe,
en tenantcompte
de la loi dedispersion
del’appareil.
(On
apris
quatre
traversées duprisme
pour toutes lesraies,
sauf pour la raie4026
pourlaquelle
seule-ment deux traversées sontpossibles
à cause del’absorption
duliquide
dans cetterégion.)
On
voit,
d’après
cetableau,
que c’est pourla raie
4471
que lesdéplacements
mesurés doivent être lesplus
grands.
La raieG À 7 I
est, enréalité,
un doubletcomposé
des deuxraies 4471.69
et 4471.48
(23Pl-2
-- d’intensitésrespectives
y8
et i : à chacune de ces deux raies doit
correspondre
une raie de -5He
déplacée
de0,19 Á
vers les faibleslongueurs
d’onde.Seule,
une de ces deux raies - laplus
intense heureusement -pourra être vue, l’autre coïncidant exactement avec la raie
GQj I,Q8.
2. Conditions
expérimentales. -
a.Dispositif
optique.
- Il est facile des’apercevoir,
dès lespremiers
essais,
que s’il y a des raiesisotopiques,
elles ont une intensité relative extrêmement faible
méthodes habituelles. Il y a donc à résoudre un
problème
particulier qui
est de mettre en évidenceune raie très voisine d’une autre, et dont l’intensité relative
puisse
être aussi faible quepossible.
Ceproblème
présente
de très nombreusesdifficulté,
et, pour cette
raison,
a été très rarement abordéjusqu’à
présent.
Une desprincipales
difficultés est le manque depureté
desspectres
donnés par lesappareils
àgrand
pouvoir
de résolution.Si,
avec ungrand
réseau de Rowland parexemple,
onsurexpose 1000 fois une raie
parfaitement
isolée dans lespectre,
on trouve, autour del’image
obtenue, toute une série de raies(en plus
desghosts
de Rowland, etbeaucoup
moins intenses que cesderniers),
et un fond continudégradé occupant
un domaine d’une dizained’angstrÕms
(pour
unpouvoir
séparateur
correspondant
à 0.02À)
autour de la raie : dans tout ce domaine il estimpossible
de déceler des raies normalementexposées.
Avec lesappareils
interférentielségalement,
les différents ordres d’interférence sont réunis entre eux par unfond continu pour des
surexpositions
de cet ordre. Avec leprisme
deBellevue,
aucontraire,
et avecun
égal pouvoir
séparateur,
onpeut
surexposerI o0o fois une telle raie sans voir
apparaître
d’autrelumière que celle
qui
est due à la diffraction. Cettelumière,
due à ladiffraction,
occupe d’ailleurs autour de la raie un domaine assez étendu delongueur
d’ondespouvant
allerjusqu’à
go unités depouvoir
séparateur.
Là encore, on se trouve limité par cette lumière. Mais onpeut
gagner considérablement en utilisant une fente de hauteur très courte(point)
et en
disposant
surl’objectif
undiaphragme
carréayant
unediagonale
parallèle
à l’arête duprisme :
laplus
grande partie
de la lumière due à la diffraction se trouve alorsrejetée
en dehors de laligne
où viennent se former les raies(qui
sont alors despoints).
Legain
depureté
obtenu par ceprocédé
est considérable[I 2].
Il y a lieu de noter que c’est
précisément
en vue de la recherche del’isotope
de masse 5 de l’héliumqu’a
été abordé ceproblème
de la recherche des raies très faibles auvoisinage
des raiesintenses,
et que cette solution a été donnée. C’est
également
au cours d’une étude
préalable
duspectre
del’hélium,
faite avec ce
procédé,
qu’ont
été découvertes un certain nombre de raies nouvelles d’intensités rela-tives extrêmement faibles formant tout unspectre
d’intercombinaison inconnujusqu’alors
etréputé
comme
rigoureusement
interdit dans le cas de l’hélium[13].
b. Mesure des intensités relatives. - Dans le but de faire une estimation des intensités relatives, le
dispositif
précédemment
décrit estcomplété
par une étroite bande opaqueplacée diagonalement
surle
diaphragme,
parallèlement
à la direction de ladispersion.
Dans cesconditions,
chaque
raiesur-exposée
se trouvereprésentée
par unefigure
dediffraction en croix à
laquelle
viennents’ajouter
desfranges disposées
sur un axeperpendiculaire
à l’axe dedispersion.
Lespositions
et les intensités de cesfranges
sont facilement calculables : le calculcomplet
montre que tout se passe à peuprès
commesi,
à lafigure
de diffraction donnée par lediaphragme
carré venaients’ajouter indépendamment
lesfranges
données par une ouvertureayant
précisément
la forme de la bande opaqueajouté
sur lediaphragme.
L’intensité relative d’unefrange
de numéro n(rapport
de son intensité à l’intensité au centre de lafigure
dediffraction)
est donnée par I -p 2 It -I- I )
32 n + l -.2
p étant le
rapport
de la surface de la bande opaque à la surface totale dudiaphragme.
Les valeurs d’intensités ainsi obtenues se sont montrées en bon accord avec les valeurs mesurées avec un coinphotométrique.
Dèslors,
pourapprécier
l’intensité relative d’une raie normalementposée,
rapportée
àune raie
surexposée,
il suffit de chercherquelle
est celle desfranges
accompagnant
la raiesurexposée
qui
a la même densité que la raie enquestion.
(Cette comparaison
se faitvisuellement,
lamicro-photométrie
étant sans aucuneprécision
sur desimages
d’étendue aussipetite
que lespoints qui
représentent
lesraies.)
c. Rôle de
l’e f f et d’autoabsorption
des raies.-Cette estimation ne fournit évidemment que les intensités relatives des différentes
radiations,
tellesqu’elles
sont à la sortie de la source lumineuse.Ces intensités relatives
peuvent
être tout à fait différentes desproportions
des différents atomes dans le gazqui
émet la lumière. Dans le casd’isotopes
d’un même
élément,
les fonctions d’excitations sont les mêmes et lerapport
des intensités des raies desisotopes
données par une source lumineuse diffère durapport
d’abondance desisotopes
uniquement
à causedu
phénomène d’autoabsorption
des raiesspectrales,
les raies lesplus
intenses étant lesplus
fortement absorbées par le gaz excité.L’importance
de cephénomène
augmente
avec l’excitation du gaz etl’épaisseur
observée de la couche de gazlumineux,
etdépend
également
de la nature des raies, étant notable seulement pour lespremières
raies des séries. Laquestion
a été étudiée en détail par l’un de nous[I4]
depuis
que ce travail a été effectué. Il est, engénéral,
impossible
de calculer les intensités relatives vraies(celles
que l’on observerait en l’absenced’auto-absorption)
àpartir
des intensités relativesapparentes.
Cependant,
iln’y
a pas intérêt à seplacer,
pour obtenir directement les intensités relativesvraies,
dans des conditions telles que
l’autoabsorption
soitnégligeable,
car alors onperdrait
le bénéfice du renforcement relatifapparent
de raies faibles dû àl’autoabsorption.
On verra, par la suite, que, dans le casprésent,
le renforcement relatif estégal
à 2avec la source
employée
et pour la raieétudiée,
138
la
proportion
de10-4,
ses raies auraient une intensité non pas104,
mais seulement 5. z o3 foisplus
faible que celles de 4He. Legain
de sensibilité de 2, obtenudans la recherche de
l’isotope,
est assezappré-ciable.
D’autre
part,
les conditions danslesquelles
se manifeste l’effetd’autoabsorption
sontprécisément
celles où il faut seplacer
pour obtenir des sourcestrès lumineuses : tubes assez
longs
vus en bout etassez fortement excités. Il est évident que, dans une recherche telle que celle d’un élément très rare,
l’emploi
d’une source très lumineuse estnéces-saire.
Il faut
donc,
effectivement,
seplacer
dans des conditions où l’effetd’autoabsorption
existe mais il fautposséder
un moyen de convertir les inten-sités relativesapparentes
en intensités relatives vraies.Heureusement,
dans le casqui
nous intéresse,la raie choisie
4471,48
(23P1,2 - C3D) possède
unsatellite
QQ7I,08
(~P~2013/~D)
qui
est l’une des raies nouvellement découvertes dont il a étéquestion
plus
haut. Ce satellite se trouve sufl’lsammentéloigné
de la raie4
4 71.48
pourpouvoir
êtrephotographié
dans des conditions où l’effet
d’autoabsorption
estnégligeable (tube
vu en travers : une pose trèslongue
-
4o
h - est nécessaire, même enn’employant
que deux traversées duprisme,
donnant ainsi moins dedispersion,
maisbeaucoup plus
deluminosité).
Onpeut
ainsi mesurer l’intensité relative vraie(rapportée
à la raieQQ7I,Q8)
de cesatellite;
on trouve 10-4. Si l’on mesure ensuite l’intensité relative du satellitesur les clichés mêmes
qui
servent à la recherche del’isotope,
on trouve 2 . I o-4 : le renforcementapparent
est doncégal
à 2. Pour ce satellite et pour les raies d’intensitécomparable
ouplus
faible,
l’effetd’auto-absorption
est tout à faitnégligeable,
et le renfor-cementapparent
est dûuniquement
à l’affaiblis-sement de la raieintense,
parrapport
àlaquelle
est mesurée l’intensité relative. Le renfor-cement des intensités relativesrapportées
à cette raie est donc le même pour toutes les raies aussi faibles ouplus
faibles que le satellitequi
a servi à le mesurer : la raie del’isotope
cherchée étantplus
faible que lesatellite,
elle doit donc subir unrenfor-cement
apparent
égal
à 2.Les
expériences
relatives à la recherche de 5He ont été faites dejanvier
à août1939.
Le rôle de l’effetd’autoahsorption
et legain
de sensibilitéqu’on pouvait
en attendre n’a étéprécisé
que beau-coupplus
tard,
en1941.
et c’est alorsqu’a
été faite la mesure du renforcementapparent
obtenu. Il est alors apparu que des renforcementsbeaucoup
plus
grands
et, parsuite,
une bienplus grande
sensibilité,
auraient pu être obtenus par l’utilisation de condi-tions
expérimentales
appropriées [i4]’
Malheu-reusement, au cours des événements
qui
sedérou-lèrent entre ces deux dates, le gaz extrait du
béryl
s’est trouvéperdu
et lesexpériences
n’ont pu être recommencées.d. Source lumineuse. ~--- La source lumineuse est un tube de silice de 2 mm de diamètre intérieur et de 10 cm de
long,
excité en hautefréquence
avecélectrodes extérieures. La
pression,
maintenue aussi basse que lepermet
le fonctionnement stable dutube,
est de o,35 mm. Cetteprécaution
estindis-pensable ;
eneffet,
pour despressions plus
élevées les raies sont entourées de «pieds
», dont l’intensitéaugmente
avec lapression
et parlesquels
les raies cherchées seraientmasquées.
Lespectrographe
utilisé est legrand spectrographe
àprisme liquide
deBellevue;
leprisme
est traverséquatre
fois par la lumière et ladispersion
ainsi obtenue est deo, 5 À
par millimètre pour laraie 447i*
Bien que la luminosité soit fortement diminuée par cesquatre
traversées,
grâce
à la brillance de la sourceemployée,
la raie 1est encore normalement
posée
en une seconde. Laphotographie
reproduite
ici a étéposée
4 h,
donnant ainsi une
surexposition
ooo entemps,
ce
qui,
avecle y
de laplaque
utiliséeici,
égal
à o,90,correspond
à unesurexposition
en intensité de 6000. 3. Résultats. - Plusieurs clichés ont été faitssur la raie
4
47
1 avec l’héliumatmosphérique
et avecl’hélium extrait du
béryl.
Il n’a pas étépossible
deFig. 1. ,
trouver une différence entre les clichés obtenus avec
les deux sortes de gaz. Un des clichés est
reproduit
ici(agrandi 7
fois).
Les deux grosses croix noires inclinées sont lesfigures
de diffraction dues respec-tivement aux deuxraies 4471.69
et4471.48,
forte-mentsurexposées.
On voitégalement
lessystèmes
defranges (chapelets
depoints noirs)
produits
par lediaphragme
additionnel et dus à ces mêmes raies :intensités relatives. On voit aussi sur la
gauche
unpoint
noirqui
est la raie « interdite »nouvel-lement trouvée, et
qui
est normalementexposée.
C’est cette raiequi
a servi à mesurer le renforcementapparent.
L’emplacement
où devrait se trouver la raie due à 5He estindiqué
par deux flèches verti-cales enpointillé.
Il se trouveprécisément
que l’on y voit unpetit
renflement à lafigure
centrale à peuprès
à l’endroitindiqué
par les flèches.(On
voitcependant
que laplace
calculée pour la raie de 5He estlégèrement plus
àgauche
que cerenflement.)
Mais ce « renflement » se trouvetrop
à la limite deréso-lution pour que l’on
puisse
affirmer que c’est bien làune véritable raie. Si l’on examine des clichés moins
posés
que celuiqui
estreproduit
ici,
on nepeut
voir nettement sur aucun ce renflement se détacher de latache centrale : à mesure que l’on diminue le
temps
de pose, le renflementdisparaît
mais ne se détache pas. Il sepourrait
donc que ce soit un résidu depieds
de la raie laplus
intense,
et non une raiedistincte : s’il en est ainsi ce
pied
doitdisparaître
par abaissement de la
pression
dans le tube :malheu-reusement, il n’est pas
possible
de baisser lapression
davantage
sans que le fonctionnement du tube cesse d’être stable.Étant
donné que le renflement n’est pasexac-tement à la
place
calculée pour la raie de5He,
onpeut,
ou bien écarterl’hypothèse qu’il
représente
la raieattendue,
non résolue etdéplacée
parrapport
à laposition
calculée,
cequi permettra
de fixer unelimite
supérieure
probable
à laproportion d’isotope
dans le gaz, ou bien accorder à ce renflement le bénéfice dudoute,
cequi
fixera une limitesupérieure
certaine à laproportion
d’isotope.
Dans les deux cas nous avons à évaluer des inten-sités relatives. Dans le
premier
cas, onpeut
direqu’il
n’y
a aucune raie résolue d’intensitésupérieure
à la moitié de celle de la raie interdite!~ 4~ I,oB.
L’inten-sité relativeapparente
de cette raie, mesurée par la méthode desfranges,
son intensitérelative
apparente
est donc deux foisplus
faible, soit 10~. La limitesupérieure
probable
de la teneur enisotope
est donc 5. Io-5. Dans le deuxièmecas, il faut évaluer l’intensité relative du renflement ; i
on trouve, par la même méthode, 5. l0-4 pour l’inten-sité relative
apparente,
donc2,5. 10-4
pour l’inten-sité relative vraie. La limitesupérieure
certaine pour la teneur enisotope,
est donc 3. io-4.Il ne faut
cependant
pas oublier que laposition
de la raie cherchée a été calculée entièrement à
priori
et que le calcul repose sur le travailthéorique
deHughes
et Eckart[g]
dont des vérifications ont été données dans d’autres cas,mais
évidemment pas dans le casprésent.
Il faut donc aussi, en touterigueur,
envisager
le cas, fort peuprobable,
où la raie attendue ne serait pas du tout à l’endroit calculé. Dans ce cas, elleserait,
ou bienplus
éloignée
de la raie de 4He et les estimations faites restent entièrementvalables,
ou’ bien moinséloignée
donc nonrésoluble,
et il n’estplus possible
de rien conclure. Bien que cela soit fortimprobable,
il estindispensable
d’indiquer
que les conclusions que nous tirons ne sont données que sous cette réserve.Conclusions. -- La
quantité
d’àhe
présente
dans l’He extrait du
béryl
étant certainement infé-rieure à 3.,0-4 et vraisemblablement mêmeon
peut
conclure que si la réaction(2)
a lieu dans la nature, son
importance
relative est tout à faitnégligeable.
Tenantcompte
de l’identité de l’Heatmosphérique
et du l’He debéryl,
onpourrait
même admettre
qu’elle
n’a pas lieu du tout. Il faut toutefois segarder
d’en déduire que l’He extrait desbéryls
ne sauraitprovenir
de ladésinté-gration
des noyaux de Be sous l’action des rayons yénergiques.
Il ne faut pas oublier en effet que si la réaction(2)
n’ajamais
été observée aulaboratoire,
la réaction
(1)
est, au
contraire,
une réaction courante. Tant que l’on ne connaîtra pas la valeur de ia section efficace du Be pour les rayons y de faibleénergie,
il seratrès dïfplcile de tirer une conclusion de cette absence de 5He dans les
béryls.
Enparticulier,
onignore
toujours
si 4Heprovient
de ladésintégration,
soit d’un élémentpratiquement
disparu,
soit d’un élément depériode
trèslongue,
ou, aucontraire,
d’une réaction nucléaire
provoquée
par le rayon-nement d’un corps radioactifprésent
dans le minérallui-même,
ou dans les couchesgéologiques
voisines.Manuscrit reçu en octobre
BIBLIOGRAPHIE. [1] Lord RAYLEIGH, Proc. Roy. Soc., 1908, 80, p. 587, et 1910,
84, p. 195.
[2] Par exemple LANGER et RAITT, Phys. Rev., 1933, 43, p. 585.
[3] FRIEDLANDER, C. R. Acad. Sc., 1935, 201, p. 337. [4] PANETH et PETERS, Z. Phys. Chem., 1928, 134, p. 353.
[5] LEPAPE, C. R. Acad. Sc., 1935, 200, p. 336.
[6] JOLIOT et ZLOTOWSKY, J. Phys., 1938, 9, p. 403. [7] TATE et SMITH, Phys. Rev., 1933, 43, p. 672.
[8] COUDER, J. Phys., 1937, 8, p. 995 S.
[9] HUGHES et ECKART. Phys. Rev., 1930, 36, p. 264. [10] HUGHES, Phys. Rev., 1931, 38, p. 857.
[11] ECKART, Phys. Rev., 1930, 36, p. 878.
[12] COUDER et JACQUINOT, C. R. Acad. Sc., 1939, 208,
p. 1639.