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(1)

HISTOIRE

DE

,

E

DES ORIGINES A L'ANNÉE 1691

PAR

JEAN-ANTOINE GAUTIER

,TOME SECOl'\D

De l'année

l S0I

il l'année 1537

GENÈVE

R }1, Y ET MAL A ! A LLO N lM P R 1 MEU R S 1896

(2)
(3)

HISTOIRE DE GENÈVE

TOME SECOND

(4)

Le présent volume a été publié

par les soins de

MM. ALFRED CARTlER et JAQUES MAYOR

(5)

HISTOIRE

DE

G EN E - VE

DES ORIGINES A L'ANNÉE 1691

PAR

JEAN-ANTOINE GAUTIER

SECRÉTAIRE D'ÉTAT

TOME SECOND

De l'année 1501 à l'année 1537

GENÈVE

REY ET MALAVALLON IMPRIMEURS 1896

b W

(6)
(7)

LIVRE TROISIÈME

1501-1519

~,' ~:,,<,~, "", ~ 'Al fini le livre précédent avec l'année 1/198. Les

?~ ~~ t;)~Jtt d d . , , d . , 1

'-~~ ~, c

.eux

~rnI~r~s a~nee~

e ce Siec e

n~ ~on~enanl

!. '~,' , . '. .,~,

rIen qUI nlente d aVOIr place" dans 1 hIstoIre de

,"",:r,p, (/"':S:îf ~"~

Genève, je commence ce troisième livre par la

,:( ",

'b~~~~ preluière du siècle suivant, siècle dont les événe- Ineus étant pour la plupart tous singuliers, tous intéressans et Inarquant d'une lllanière bien particulière les soins de la Provi- dence pour la conservation de Genève, vont rendre désormais notre histoire beaucoup plus attachante et plus curieuse qu'elle ne l'{-t été jusqu'ici.

Nous verrons, dès le comrnencement de ce siècle, les ducs de Savoie mettre tout en usage pour se rendre souverains de Genève"

et le peuple, en luême temps, seul et sans le secours des évêques,

résister à ces princes, pendant plusieurs années, avec une fermeté

Jnerveilleuse. Nous verrons ce peuple, bien loin de plier et de se

laisser ébranler par les menaces et par les injustices de ses enne-

luis, prendre tous les jours et plus de courage et plus d'amour

pour la liberté. Nous ] ui verrons jeter les fondemens de sa

sûret'~

(8)

2 GENÈVE ET LE BATARD RENÉ DE SAVOIE. [501

pour les siècles à venir, par les alliances qu'il contracta avec les cantons de Fribourg' et de Berné et, peu de temps après, penser à épurer la religion des superstitions qui la défiguraient et se déli- vrer, en même temps, d'un joug insupportable et pour le temporel et pour le spirituel.

Nous verrons ensuite la lllaison de Savoie dépouillée de ses états pendant plus de trente ans pour avoir voulu usurper sur la ville de Genève un droit qui ne lui appartenait pas, et hors d'état par là de lui nuire. Cette ville au contraire, durant ce temps-là, délivrée de ses craint.es et de ses agitations précédentes, sera dans la situation la plus propre à affermir solidenlent sa liberté et sa souveraineté, tant au dedans qu'au dehors. Enfin, si l'on voit dans la suite la maison de Savoie rentrée dans la possession de la plus grande partie de ce qui lui avait été pris et à portee, par consè- quent, de former de nouveaux projets contre la liberté de Genève, cette ville, soutenue par des puissances qui s'intéressent à sa conservation, bien loin de succomber sous son ancien ennemi, lui résistera non seulement partout avec SUCC{\s et fera échouer de la manière la plus B'lorieuse ses entreprises les nlieux concertées, mais on lui verra même faire des conquAtes sur les tSlats du dlle de Savoie situés dàns son voisinag-e.

Telle sera la situation de Genève p~ndant le ~X,Tle si(\cle .. T' t'n rapporterai le détail, dans ce livre et dans les sui vans, avec Ioule l'exactitude et toute la fidélité nécessaires pour donner une

j

usl e idée d'aussi grands et d'aussi inlportans événelnens.

Le bâtard René de Savoie continuait à donner diverses attein- tes à la juridiction ct aux libertés de la Vi11e, en m(~me temps qu'il se vengeait de ceux qu'il prétendait lui avoir fait quelque déplaisir.

Bonivard raconte 1 que pour tirer vengeance de quelques gen- tilshomrnes qui, pendant la vie au duc Philippe son père, avaient le plus de pHrt au gouvernernent, lesquels n'avaient pas voulu fournir

à

ses dépenses avec autant de profusion qu'il l'aurait souhaité, il fut assez llléchant pour faire croire au duc Philibert que ces sei-

1 Ch1'Oniques de Genève~ éd. Revilliod, liv. II, chap. 14 (t. l, p. 287).

(9)

1 1

AFFAIRE Dl' .MEDECI~ PIK~lO~TAIS.

g'neurs avaient entrepris de les enlpoisonn(~r tous deux par

le

uloyeu de deux pouunes de senteur qu'on leur fprait parv(~llir et assaisonnées avee un poison si subtil qu'aussitôt qu'ils It~s auraient approehées du nez, ils tOlnberaient dans des convulsions luoJ'telles.

Il ajouta qu'ils s'étaient servis, pour préparer ces pOlllllHlS, d'un rnédeeiu piénlontais, <Jui denleurait il Lyon, dont il ne serait pas difficile de se saisir. Et afin que le due ne doutàt point

de

la vérité du fait, il lui produisit deux faux téuIoins qui disaient avoir elltenou tout le conlplot.

~\ussitôt il y eut heaueoup

de

bruit à

la

eOllr dp (~e prince par' l'ordre de qui l'ou nât eu prison plusieurs perSOJUIPS

de

qualité, soupçonnées d'y avoir trenlpl~. IJn g'cntilholllllle IlOlllllu'~ Eyria, qui était ]'Ull des plus nlar(lués et contre IC(luel le hâtard conservait

le

plus de resselltÏIneut., fut envo'yl~ en prison il Chillon, d'où il eut h~

honheur de se sauver. Les autres, pal'

le

crédit de leurs arnis, firent rell,'oyel' leur jug'enlent, et apr('s la disgTâee du bâtard, dont nous parlerons hicntot et (lui était. leur véritahJ(~ partie, ils

Il' eurent pas de peine à ohlcllir leur èlarg'Ïsselueut.

Il n'en fut pas de llH1Ule du lualheureux lnédecin; on avait

r~solu de se saisir de lui par adresse. Pour en venir à bout, ou envoya à ~Iontluel, pelite ville de Bressc à trois heures de Lyou et qui était alors de la dépendance du duc de Savoie, le prévôt

d'hôtel

de ce prince qui, sous prétexte de quelque 'indisposition, lui écrivit de le venir voir 1. Le luédeciu, (lui ne se seutait coupable d'aueull erÎlllc, se rendit iucessauuuellt de Lyon à ~Iollliuel, luais au lieu

d'y

trouver un lllalade, il fut fort surpris d'y rencontrer un prévôt (lui

le

saisit et le niena ~'arotté à G-el1(~ve, où il fut ulÏs en prisou dans

le

château

de

l'Ile. Ensuite, le prévot lui-ulêlne lui fit son procès et le eondauina à 11lOIt aprt~s lui avoir fait avouer, par les tOUl'lllCnS de la torture, ce qu'il voulut. Les syndics, aussitôt, se plaig'uireut de ce jug'cilleut connue d'uu attentat sig'nalé à leurs droits les plus essentiels, et le peuplc en IllUrlllUra beaucoup, nlais toutes ces plaintes produisirent peu d'efl'et; le bâtard, si l'on eu doit croire Bonivard, se rendant aux instances des syndics,

1 Spou, Histoire, de Genève, éd. de f 730, t. 1, p. f03.

(10)

4

BALE ET SCHAFFHOFSE DEVIEX~ENT CANTONS SCTSSES.

consentit à la vérité, qu'ils jugeassent de nouveau le Iuédecin, mais ensuite, se moquant de leurs sentences,

il

fit exécuter la sienne. Le luédecin eut la tête tranchée par ses ordres, au Molard;

après quoi, son corps fut lnis en quartiers qui furent exposés aux limites de la ville.

Les registres publics manquant depuis le comlnencement de février 1496 jusqu'au mois de décembre

1501,

je n'ai pas pu éclaircir, par leur luoyen, les faits que j'ai rapportés qui appartien- nent à cet intervalle de temps. Cependant, connue ce temps-là n'était pas éloigné de celui auquel Bonivard et Roset vivaient, et qu'il n'était pas difficile à ces auteurs d'avoir des nlémoires de ce qui s'était passé alors, l'on peut cOlupter assez sur ce qu'ils racon- tent. Je ne serai plus dans la lnêlne peine pour la suite, les regis- tres étant continués sans interruption, et j'aurai, par leur secours, tous les moyens nécessaires pOUl' éclairer l'histoire de Genève de tous les temps, autant qu'elle le peut être.

Le Corps helvétique, qui dans ce len1ps-Ià n'était conlposé que de dix cantons, fut aug'Inenté de ceux de Bêlle et de Schafl:"

house qui entrèrent, cette année

150 l,

dans l'alliance générale des Suisses. La première de ces villes, depuis prps de deux cents ans, avait contracté des alliances particuliè,'es, tantôt avec quel- ques cantons, tantôt avec d'autres, par Je Inoyen desquelles eHe s'était soutenue contre ses ennenlÎs. Elle avait aussi en toutes les occasions qui s'étaient présentées, fait paraître heaucoup de zèle pour la défense de la Suisse en envoyant du seeours aux villes qui étaient en guerre, de sorte que cette ville, qui d'ailleurs était considérable par sa gTandeur, par son antiquité et par son univer- sité, fut incorporée aux autres cantons avec Lout J'agrélnent qu'elle aurait pu souhaiter ..

La ville de SchaH"house, qui avait ét.é sournise pendant long-

temps à la 1l1aison

cl'

Autriche, s'étant néanlnoins

rt~servée

de

grands privilèges, en secoua Je joug environ l'année 1454, parce

que cette maison les lui voulait ôter et fit une aHianee de quelques

années seulement, pour se souteuir contre elle, avec les principaux

cantons. Les cantons s'en étant bien trouvés, Schaffhouse étant

dans une sitt,lation avantag'euse pour garantir la Suisse et pour la

(11)

MARIAGE Dl' DCC PHILIBERT.

5 couvrir du coté du Rhin, en firent une nouvelle pour vingt-cinq ans, l'année 1479, Enfin ceux de Schaffhouse, ayant secouru les Suisses avec tout le zèle et la fidélité possibles dans les g'uerres qu'ils soutinrent ensuite, et en particulier dans celle que leur fit l'empereur Maximilien, cette ville fut reçue d'un COIllmun con- sentement dans le nombre des cantons, peu de Illois après et dans la rnème année que celle de Bâle. Mais revenons aux affaires de Genève.

Le duc Philibert s'était Inarié à Bruxelles, le 26 septernbre de cette année 1501, avec Marguerite, fille de l'elupereur Maximi- lien et sœur de Philippe, archiduc d' .Autriche, qui fut depuis roi d'Espag'ne et père de Charles-Quint

1.

Cette princesse, après avoir été renvoyée par. le roi de France, Charles VIII, COlnme nous l'avons dit ci-devant, fut rnariée

à

Jean, prince de Castille, qui la laissa veuve sur la fin de l'année

1 4~)8.

Deux ans auparavant, Phi- libert avait épousé Yolande-Louise de Savoie, fille de Charles 1

er,

duc de Savoie, son cousin germain, qui était morte quatre ans après,

à

l'âge de treize ans, de sorte que le mariage ne fut pas consommé. Spon t, après l'auteur des .A.nnales manuscrites, se trornpe quand il rapporte le mariage

à

l'an

1500,

et je ne sais s'ils disent la vérité quand ils soutiennent que cette princesse fut enter- rée

à

Genève, aux Cordeliers de Rive, dans une belle chapelle.

Peut-être n'y fut-elle que mise en dépôt, s'il est vrai, comme le dit Guichcnon 3, que son tornbeau soit à Hautecombe.

Quoi

(lU

'il en soit, Philibert fit son entrée dans Genève avec sa nouvelle épouse Marguerite d'Autriche, le 8 décembre

1501.

La réception qu'on leur fit fut Inagnifique ; les jeux, les danses, les mascarades ne furent pas éparg'nées, amuselnens qui, ne déplai- sant pas aux peuples, étaient tout propres

à

faire souhaiter aux Genevois que les ducs de Savoie fissent leur séjour dans la ville et

à

les rendre moins attentifs

à

la conservation de leurs libertés et de leur indépendance.

Le bâtard ne discontinua point d'enfreindre la juridiction des

1 GuichenoDJ Histoire généalog'ique de la maison de Savoye, éd, de Lyon, 1660, p.613,

t Ouvr. cité, t. l, p. i02.

lS Ouvr. cité, p,583.

(12)

6

PROCÈS DE THOMAS CAST ALLIE.

syndics. Sur la fin de cette anupe, un UOllllllé Thon1as CastaIlie, que Bonivard i appelle de Chastillon, dOluestique du protonotaire de Savoie, ayant eOllllllis un Jneurtre sur un de ses canlarades et ayant été eluprisoJluè dans le chàLeau de l'Ile, les officiers du duc voulurent lui faire SOIl proci:~s.

Les syndics aussitùt s'y opposèrent et deluaIHlèrent que le prévenu leur fùt renlis ~ on ne voulut pas les écouter, ce qui les eng'agea à ('Il porter leurs plaintes à .Jean Orioli, (~vè(lue de Niee et gouverneur du jeune èvpque. Ils prièreIlt ce prèlat de prendTe cette affaire à soi, et de ne pas peI'lueHre qUf' l'on donnât une aussi grande atteinte il leurs droits!. Il le leur prolllÎt, lIlais il leur refusa, en nH~nle telups,

Jp

seul lTloyen de faire réussir la chose, qui èf.ai1.

de

parler au b<hard. Les syndics rC"inrent à la charg'e, Orioli les paya de que]qlH's bonnt's paroJes et cependant ne fit rien pour eux, de sorte que les syndics virent qu'il n'y avait pas d'autre parti à prendre qU{\ d'alh\r ellx-nH~mes pour la justice de leur cause. Ils se l'f\ndirent donc avec les docteurs en droit qu'ils avaient accoutunH~

de

consulter dans les affaires dif- ficiles et qui, très souvent, sil-~'eaienf dans Je Conseil pour don- ner leur avis sur-Ie-chanlP sur les qupstions (~pineuses qui pou- vaient être Inises sur le tapis, sans y avoir pourtant aucune voix délibérative. Ils se rendirent, dis-je, avec ces docteurs, au logis du duc de Savoie où ils attendirent lon~teHlps Je hihard, sans pou- voir lui pader.

lJ

les

fit

à la

fj

n ,·enir·, les {~eouta et lf's rf'nvoya au Conseil du duc, où ayant l~tl~ adulis quelques joul's apri~s,

,"ineent,

l'un des docteursde la 'Tillf',

fil

s(~nfir que Je crilIle dont iJ s'ag'Îssait, ayant étè COIUlllis dans (i-eni~v(~, la ('onnaissanc(l en Cl pparfenait aux syndics, connne officiers de ],év(~que ; Bourdin, procureur fiscal du duc, fit voir, au contrairf', que les syndics n'étaÎf'nt point ju~'es naturels de ce crinJinel, paJY~e qu'il avait (~h~ pris par le Inaître d'hôtel du duc son rnaître, à quoi il ajouta, sans détour, que ce prince étant le souverain, il n'était point ohlig'é

de

relnettre à des juges inférieurs un prisonnier qu'il avait en sa puissance et que, d'ailleurs, le duc pouvait exercer la juridiction sur ceux

de

sa

1 Liv. II, chap. i4, (1. l, p. 288). 2 H. C., vol. t5, fos 4 vo et suiv.

(13)

PROTESTATIO~S DES SYNDICS.

7

famille en tous lieux. A.près quoi, il y eut bien des répliques de part et d'autre. Le docteur Vincent continua de soutenir que la juridiction appartenait toute à l'évèque qui était le prince de la Ville, que l'officier de son ... ~ltesse qui s'était saisi de Thonlas Cas- tallie l'avait bien reconnu, puisqu'il l'avait relnis entre les lnains du syndic Dunant pour en faire justice, lequel syndic l'avait lnené prisonnier au château de l'Ile. Et pour faire voir, d'une lllanière convaincante, que les syndics étaient jug'es de tous les criminels, sans en excepter même les domestiques du duc de Savoie, il pro- duisit deux procès par lesquels il paraissait que les syndics étaient en possession de j ug'er les gens qui étaient Inêllle à la suite de ce prince lorsqu'il était dans Genève avec toute sa cour, sans que jamais il y eût eu, de sa part ou de celle de ses officiers, aucune opposi- tion à une pratique si bien établie. Les gens du duc ajoutèrent que, puisque leur maître avait territoire dans Genève, il pouvait y juger ses domestiques prévenus de crÎlnes. Les syndics leur repartirent que c'était par la pure faveur des évêques et de leur concession que le duc pouvait exercer la justice sur ceux de sa suite, ce qu'ils prouvèrent par quantité d'actes et anciens et lllodernes, et que cette juridiction ne s'étendait qu'aux affaires civiles; après quoi ils dirent qu'ils feraient rapport de tout ce qui s'était passé au Conseil.

Sur leur rapport, le Conseil ordinaire revint encore à la charge; il envoya au Conseil du duc le syndic de Versonnex faire de nouvelles instances sur Je mêlne sujet, mais il ne fut pas écouté.

Tout ce que Je Conseil ducal relâcha fut que la sentence qu'il avait rendue contre Thomas Castallie ne serait pas exécutée dans Genève, Inais qu'il serait relllis au prévôt des maréchaux qui le ferait exécuter au delà du pont d'ATve, sur Je domaine et territoire de son ..::\ltesse et ce, attendu qu'il était dOlllestique du protonotaire de Savoie, lequel était du sang du sérénissime duc. Après que la résolution du Conseil ducal eut été prononcée de la manière que je viens de le dire, le bâtard de Savoie, président de ce Conseil, demanda au syndic de Versonnex s'il en était content; le syndic répondit que non, qu'il n'y consentait point et qu'il rapporterait le tout au vicaire et au Conseil de la Ville. Sur son rapport, le

(14)

J502

Conseil ordonua que les syndics iraient se plaindre vivenlent au vicaire ()rioli

d'UIH'

infraction au1ant sig'nalèe

ù

la juridiction épis- copale, ce qu'ils firent. Apd's quoi, ils firent dresser des lettres testillloniales de tout

Cf~

qui

s'(~tait pass(~

dans cette affaire, afin qu'il parù1

ù

]a posl/'l'ilé que, s'ils

Jl'avai(~nt

pas pu eUlpêcher que ]' on

dOllluît

('('Ue atteinte aux droit s de l'Ég'lise, ils a vaieut cepen- dant fait tout ce qu'il avai1 dépendu d'eux pour cela.

Le Conseil du due n'avait pas fait une délnarcJw de cette nature pour en deulcurer là. Peu de jours

apl'(~s,

les officiers de ce prince

viol(~rent

encore la juridiction ('piseopale eu faisant enlpri- sonner, dans le chciteau de l'Ile, deux crinlÏnels auxquels ils vou- laient fail'p lp procès

1. ~\ cette

fois, Jean Ol'ioli, vicaire et gouver- neur de 1'év{\(ple, eut quelqu('s ('g'ar<ls aux reluontrances qui lui furenf faites de la part du Conseil de la 'Tille. Il s'en alla, accom- pagné -de plusieurs chanoines et des syndics, vers le duc de Savoie, qu'il trouva avec la duchesse, le bàtard René et plusieurs de ses conseillers. 11 représenta avec beaucoup de force l'injustice qui venait d' ('\tre faite pal' les officiers de el'. prince et soutint, par plusieurs raisons convaincantes, les droits et la souveraineté de

l'évf-~que

son pupille. Le hàtard, là-dessus, ayant pris la parole, dit qu'il n'y avait point d'autre prince souvprain de Geni've que le duc de Savoie, don1 la juridiction, qu'il avait toujours exercée dans le chàteau de l'Ile qui lui apparlt'Ilait, ètait une preuve certaine. Les syndics n'eurent pas de peine

il

détruire ce que soutenait le hàtard, employant pour cela une foule de raisons toutes convaincantes qu'il n'est pas nécessaire

d(~

rapporfer ici, puisque nous en avons parlé en plusieurs endroits de ceUe histoire, et ils finirent en priant ce prince de désavouer tout cc qui avait été fait jusqu'alors au pré- judice de la juridiction ('piscopale et des franchises de la Ville et d'en maintenir le gouverneulellt tel qu'il avait été étahli depuis si longternps, COHIIlle avaient fait ses glorieux prédécesseurs. Sur ces représentations, le Conseil du due ne répondit. rien de positif, mais seulernent qu'il serait

à

propos de nonuner des personnes, de part et d'autre, devant lesquelles Je Conseil du duc produirait les droits

1 R. C., vol. Hi, fo 9.

(15)

1

IDO.2 RETA.BLISSEMENT Dl: CO~SEIL DES CI~<2l~A~TE.

de ce prince, et l'pvêque avec la Ville, les leurs. Cette réponse ne plut guère aux syndics qui, cependant, nOIIlluèrent des docteurs pour soutenir les droits de l'évt

1

que et de la Ville, ce ({ui fut fait dans plusieurs conférences où il ne fut rien conclu.

Il est aisé de voir, par tout ce que nous venons de dire, COlll- bien étaient délicates et. dangereuses les circonstances où la Ville se rencontrait alors. Dans une situation de cette nature, les syndics comprirent qu'il y avait quelque chang'elneut à apporter

à

la nature du gouvernernent. Ils voyaient, d'un côté, qu'ils n'avaient pas avec le Conseil ordinaire assez d'autorité

pOUl'

prendre les Illesu-

l'CS

qu'il fallait, ct ils craig'naient de se rendre responsables des événernens. Un corps peu nonlbreux

(~st

naturel1eulcnt plus timide et uloins en état, par

cons~quent,

de prendre des résolutions salu- taires, les particuliers (lui le COlllposent. craig'nant de s'attirer, par leur fel'lueté, la disgTâce de ceux aux intért\ts desquels ils sont contraires, surtout lorsque ces intérêts sont ceux de quelque puis- sant prince, tel qu'était alors le duc de Savoie. D'un autre côté, les syndics, qui auraient pu donner à leurs résolutions la force dont el1es avaient besoin en les cOIlllnUni(Iuant et les faisant approuver au Conseil (iénrral (selon que ce nu

1

rlle Conseil avait déternliné en l'année

1 4~)11

(IU'il devait traiter les affaires de gTande impor- tance), voyant des incon véniens insurmontables

à

le faire, une assenlblée autant nOlubreuse et cOlnposée de tant de personnes peu éclairées et sans expérience étant absolunlent incapable de gérer des affaires autant délicates avec la dextérité, la prudence et le secret nécessaires, les syndics, dis-je, furent portés, par ces rai- sons,

à

proposer au peuple le rétablissement du Conseil des Cinquante dans le Conseil Général qui fut tenu cette année, le (l février, pour ]a création des syndics. Il ne sera pas inutile de rapporter la InanÎère dont ils s'y prirent. 11s dirent donc, par la bouche du prenlier syndic, Pierre de Versonnex, qu'ils estimaient que la république serait gouvernée avec plus d'honneur et de bienséance et que ce serait une chose digne de louange, au cas que cela agréât

à

toute la communauté, que le Conseil ordinaire

1 Voy. plus haut, t. l, liv. Il.

(16)

10 RÉTABLISSEME~T DU CO~SEIL DES CI~QLJA~TE. 1~02

élût cinquante ou soixante hommes de bien, dig'nes de la con- fiance du peuple et reconllnandables par leurs vertus et par leur experience,

à

savoir un, deux, trois ou quatre de chaque dizaine, pour traiter alors, et quand l'occasion s'en présenterait, des affaires inlportantes de la\Tille, lesquels jureraient auparavant sur les saintes écritures de g'arder Je secret du Conseil ordi- naire et de conseiller fidèlelnent, dans tous les cas qui sc présen- teraient, afin que, par le conseil de g'ens d'expérience, la Ville et les habitans fussent g'arantis de tout 11lal; n'y ayant rien, ajouta-t-il, de plus louable ni dl' plus honorable, si nous nous proposons de bien et

hl'ureUSelIH:~nt

vi vre, que de travailler pour le bien de la république, en suivant. les traces de nos prédéces- seurs. Que ces cin(luarlte ou soixante eussent le pouvoir de conduire, régler et tenlliner tontes les afl'aires de la Vïlle, selon qu'il leur senlhlerait

(\tl'(\

juste et raisonnahle, qu'ils fussent.

oblig'és de venir en Conseil toutes les fois qu'ils y seraient appe- lés par le Conseil ordinaire,

Jais~'mllt.

en

;uTii'J'p

toutes leurs pro- pres aflaires, et que, pour cela, Jp Conseil

C~élll'I'al leur

dOlluàt un plein et entier pouvoir

~ SUI'

quoi, il

s'a~'issait,

dirent-ils, de savoir que] serait le sentirllent de chacun' .

Le peuple qui g'élllissait

d(~

la triste situation où

t~tait

aJors la Ville! et qui s('ntail. hien que le 1l1oyen

<JlH\

proposait'Ilt les syndics était Je seul que l'on pouvait PIIlPlo)'t'r pour y

J't~Jnl'dier,

dOJlna unallimelIlent les lnains

à

cette proposition; l'assclnhlèe

agT(~a,

ajout.e le reg'istre, ce qui avait

été

proposé pal' }('s nohles syndics, disant qu'il le fallait faire ainsi et que tous eonsclltaif'ut que pour l'honneur et l'utilité de la répuhlique,

rOll

éltît cinquanfe ou soixante

hornnl{~s

auxquels, joints au Conseil ordinaire, ils don- naient plein pouvoir de traiter et

t.eJ'JHirH~r

toutes les aU'ai .. es de quelque nature (pl'r.fles fussent, en sorte que cc qui serait.

conclu

par ces cinquante ou soixante, joints au Conseil ordinaire, aurait autant de force

(llH~

si le Conseil Gl'uéraJ

]ui-IIH1IIH~

J'avait arn

1

té, etc.,

etc.

Tels sont, selon la traduction de 1\'1. le conseiller

Lf~

Clere, les

1 R. C., vol. fi>, fo fa vo. 1 Bonivard, liv. Il, chap. fft" (t. 1, p. 289).

(17)

DISGRACE Dl) BATARD DE SAVOIE. 1 1

termes mêmes qu'emploie le registre qui est écrit dans le latin barbare dans lequel étaient couchés tous les actes publiés dans ce temps-là. Par où

il

paraît que le pouvoir que le Conseil Général donnait à celui des Cinquante était sans réserve, de sorte que ce Conseil devait ètre considéré connne représentant le Conseil G-éné- raI et ayant entre ses lllains tout l'exercice du pouvoir f}u'avait la communauté. -..\ussi fut-il reg'ardé, dans la plupart des années sui- vantes,

SUI'

ce pied-là et, pendant quatre ans entiers, le peuple ne fut point assemblé, sinon pour J'élection des syndics et pour l'éta- blissenlent de la vente du vin .

.. Ainsi fut relnis sur pied le Conseil des Cinquante. Nous ver- rons dans la suite quel fut son sort et conlInent enfin, étant devenu peu

à

peu plus nonlbreux, il fut chang'é en celui des Deux Cents qui subsiste encore aujourd'hui

1.

Ce Conseil des Cinquante se trouva cornposè de cinquante- deux personnes, ontreJes syndics et Conseil ordinaire, parce que la ville était partagée en vingt-six dizaines et (}u'on en prit deux de chacune. _A_ussitôt (lue le Petit Conseil en eut choisi les lnembres, il les fit asselllhler et leur fit à tous pr(1ter le sernlerlt de garder le secret et ensuite il les inforIua des diverses infractions que la nlai- son de Savoie avait faites à la juridiction épiscopale, desquelles nous avons parlé.

Le hâtard René tOlnha dans la disgrâce du duc son frère, environ dans ce tenlPs-là; le registre n'en parle qu'en passant, rnais les -..\nnales lnanuscrites, d'où Spon a tiré ce qu'il en dit, en font une alllple lnention. COllulle l'auteur de ces ... :\nnales a tiré tout le récit qu'il en fait de Bonivard, c'est chez ce dernier que nous puiserons ce (}ue nous dirons sur cet événenlent. Il attribue la cause de la disgTâce de ce favori

à

Marguerite d' .Autriche, en quoi il s'accorde avec Guichenon

2.

La naïveté et le sel

d~ style de cet

auteur nl'invitent

il

rapporter ses propres paroles:

1 C'est là une erreur de Gautier; le Conseil des Cinquante qui apparaît pour la première fois en f~57, et fut rétabli en Ui02: devint plus tard celui des Soixante et subsista jusqu'aux derniers temps de l'an-

cieune république. Le Conseil des Deux Cents fut créé en f526, à l'exemple de Berne et de Fribourg. (Note des éditeurs.)

t Ouvr. eité, p. f099.

(18)

12 DISGRACE OC BATARD DE SAVOIE. ID02

« COlnn1{~

nous avons dessus dict, le duc ne se soucioit guè- res de ses affaires devant qui] fust

lllari(~,

et avoit le hastardt le prouffit et honneur ducal, et (collllne scavez que ou est le Iniel volent tousiours les Inouches) quant ils alloient et venoient, la plus grande cOIIlpagnie suivoit le hastardt, llleSlnelnent ceulx qui cherchoient leur prouffit; ceulx (lui plaisir, connue le duc faisoit, le sui voient tant seul1eIIlent. Mais quand yI fut Inarié, yI faillut Inectre de leaue au vin. La danle JarresLa ung' petit, car le lien du lnariag'e arresle bien des hestes plus leg'ieres : puis le sollicitoit iournellellient

à

penser en ses aff"aires, et lueSlneUlent (c0l11IIle se faiet ordinairellient en touttes cours) Inadanle Envie ne cessoit de hrig'uer et rapporter

à

la duchesse les exc('s et. rapines que le bastardt avoit cOlllInis et connuecloit tous les iours, ct en parloit on desia tout

il

plain parllly la court, en

fa~on

que ung cor- dellier pied deschaulx, nOlllnlt' l'l'ere

~1nlet,

prcschant pubIi(lue- Illent devant le duc, en ousa hien a \'anccr une silnilitudc non II10ins propre que ioyeuse, disant au duc assistant

à

son sern10n avec toute sa court:

«

Vous Ine rpselllbIez,

~lonseign('ur,

diet il, a unc grande bourse vuide, qui a autour d'elle tout plain de petitz boursons tous reIllpliz iusques

à

)a

~'Orgc. ~ilais

que fanlt 'yI faire pour rculplir la paollvrc grande hourse ainsi

'"uide~! YI

t'ault BIcetre la Inain dedans iusques au fond et la rCIl verser, et lors les petLtz boursons pleins qui estoient dehors se trou\'eronl dedans

(~t

l'eulplirontz . . Ainsi vous fault yI faire,

~lonsei~'lleur,

vous esles la grandi bourse vuide

ef

avez Ull tas de petitz larroJllleaulx autour

de

vous qui

SClll-

plissent de ce que vous doibt advenir: prf'llez touUes leurz hourses et les renversez dedans la vostre,

(lt elle

se rernplira.

»

«

Les parolles dessus dietes pon]sarelü IIlOlIlt le due Phili- bert, qui estoit desia cn poinet pour chocq uer sus le hastardt, si quil ne queroit fors occasion de Iuy ouvrir

le

propos de Iuy donner congé

1. )

Pour ne pas ennuyer le lecteur, je continuerai la suite de ce récit en un langage plus moderne. Comme le crédit du bâtard

1 Liv. II, chap. Hi, (t. l, pp. !91-9!).

(19)

EXIL DG BATARD DE SAvotE.

baissait tous les jours et qu'il sentait bien que le duc et la duchesse ne lui faisaient plus le Int1rne accueil qu'ils avaient accoutunlé, que même ils lui donnaient de telnps en temps des niarques de nlépi'is, il comprit qu'il n'avait d'autre parti

à

prendre que de se retirer de la cour et qu'il y aurait plus d'honneur pour lui de prévenir le duc en lui demandant son congé que d'attendre que ce prince le lui donnât. Dans cette pensée, il prit son temps pour dire au duc que remarquant que ses services ne lui agréaient pas, non plus qu'à la duchesse son épouse, quoique il n'eût pourtant aucun reproche à se faire sur sa conduite, il le priait de lui perrnettre de se retirer chez lui. Philibert le prit d'abqrd au Inot et, de plus, lui ordonna de sortir de ses états dans trois jours, sous peine de confiscation de corps et de biens. Le bâtard ne s'attendait pas

à

recevoir un semblable ordre. Il s'était imaginé que se retirant en sa terre qui n'était pas éloignée, il serait

à

portée d'être rappelé facile- ment, et que la cour, qu'il croyait ne pouvoir point se passer de lui

à

cause de la gTande connaissance qu'il avait des affaires, se verrait contrainte de recourir

à

lui, ce qui lui donnerait un crédit et un relief tout autre que celui qu'il avait eu auparavant. Mortifié donc et confus, il quitta le duc en pleurant, après quoi il mit inces- samment ordre

à

ses affaires, emportant avec lui tout ce qu'il put des richesses qu'il avait amassées. Et quoiqu'il en eût très mal usé avec (ienpve, cependant le Conseil de cette ville ne laissa pas de lui députer un syndic pour lui faire un compliment et offres de services

1. Il

partit le 4 lllars de Genève et se re'tÏra auprès du roi Louis XII, au service duquel et de son successeur François 1

er,

il fut toujours attaché jusqu'à sa Illort. qui arriva l'an 1524, ayant été tué

à

la bataille de Pavie.

Il n'est pas inutile de relever de teInps en temps les faussetés de Leti, auteur auquel les suppositions les plus grossières ne coû- tent rien.

Il

dit donc

li

que la disgTâce du bâtard ne vint d'autre cause que de l'avis qu'eut le duc Philibert, que René avait le dessein de dépouiller son maître de la souveraineté de Genève pour s'en emparer lui-mêlue, qu'il s'était fait quantité d'amis

1 R. C., vol. Hl, fo 19. 2 Histor'ta genevrina~ part. II, liv. ~, p. 3~7.

(20)

VEXATI()~S DES OFFICIERS Dl7CAl;X A (iEN~=VE. rGo2

et de partisans dans eeUe ville par ses caresses, et qu'il avait déjà les c(}~urs des citoyens t.el1eulcnt ct lui qu'il avait

fait

créer les syndics de cette année à son gTé, et pour preuve, ajoute-t-il, que ces syndics lui étaient ahsohllnent dévoués, c,' est qu'ils lui étaient allés télIloig'ner

Je

chagl'ill qu'ils avaient de sa disgTâce et de son départ; que ceLLe eOllduitc irrita PX1T('\IlH~lneuf, le duc qui déclara au Conseil de ]aViJle, sous peine de ]a pprf,e de ses privi- lèg'es,

qn

'il "oulait

qn

'OB dèpoSêtt illcessa Hllllcnt les quatre syndics, ol'dre auqueJ Je Const,iJ ayant d(·férl~ SlIl'-]tl-challlp, l'ou élut ct J 'ordinaire pour syndics, A \illd' \Tig'if'I', j)f'uis Surray, .:\.Ilsehue de Porta et l\tlare de Bannes. A pd~s q 11(' ('.(~S quatre nou veaux syndics eurent l'e~:,u leurs bêlIons, ils s't'Il aJ]i'I'(~ut au palais

du

due rf'lnf'U.J'{-, aux luains de ce

prill(,('

('('Hp lllarqup dt' di~'llitè pour lHoutrer qu'ils la tenai('llt

de lui,

)('(1'1(') ]('s 1('ul'

rendit

Încoll- t input.

Cett(l fahle l'si dl\IlH~lll.i(' par IOHI,(~ la sllih' d('s J'e~'ist.r'es

publics. Lps 1l0111S q HP Lpi i dOlllH' a llX sylld ifS q Il 'il pr/'I f'Bd avoir été déposés, sont tous StlPPOSt'·s. Les syndics (',l'('·(·s 1(' L, f(~Yrier 1502 et

(lui

exercèr(\nt

eet.le

chal'~'t' pendant loul

1(·

COlU'S <If' (',('ltp

année, et dOllt l'un d'(~llx fuI dèput(~ au

IHHal'd

de ]a parI du Conseil

au

COlIlIUenCe1l1cnt

du

Illois d(~ Blaf'S, étai('Jll,

Claude

(ia ,'il, Pierre Levrier, Pel'C(lvaJ P(~.vroliel' l't,

,J

ea Il

.J

aUllilJ. Les HOI us dt' ces

syn-

dics se voient (~crits dalls

Jf'

l'pg'isIJ'f', Ù la I.f~l.t\

df' ehaqtH'

SéaIl('(~,

pendant tout. l(~ J't'stf'

df'

l'aull/'e. ~\iIlSi IH'ol,-oJl n)it' tllH' iJllpostHl'P plus gTossière q ue et~I1e

de

LeI

i"!

Ct' q Il'

il

dit t.ouchanl la reluist' des bâtons syndieaux au dur n'('st pas 1l10illS faux; Ct' fait, d'ail- leurs, étant une suite

du

prf'lllif~l',

('plui-ci

tOlllhallt,

il

Ill' saul'ait subsister.

Quoique Relll·

de Sa

voiE' Ilf' l'til,

pl

us fl. la ('OUI'

du

duc son fri~re et qu'il selnhhlt par là qlJf~ la yjJJe d(~ (i('llf've <lù!. ef~SSf~I' d'M,I'P inquiét~e, eependant la ehose Il' aJ'I'i va point ainsi 1 •

Les officiers ducaux

qui

s'ètaiellf ac,eoutlllllés à enlplo)r('I' des

1 (( Ceste mauvayse beste de hastardt estant perdue, si ne se perdit Je venin quit avoit espandu eu eourt confr'e Ge-

neve. » Bonivard, liv. IL chap. !6 (t. 1.

p.296),

(21)

LE DUC PHILIBERT QUITTE GENÈVE.

voies violentes et inj ustes contre les citoyens eL à donner mille atteintes à la juridiction des syndics, continuèrent à en user de la même manière. Les Genevois, privés de tout secours, se voyaient tous les jours dans le plus grand danger de perdre leur liberté. Le gouverneur de l'év~que et le Conseil épiscopal n'osaient. ni ne vou- laient résister au duc. L'on faisait, à la vérité, des présens à divers seigneurs de la cour

de

ce prince pour s'en faire des an1Îs, mais ces présens n'aboutissaient à rien: les seigneurs, avides d'arg'ent, les recevant, faisaient de grands remerciemens aCCOIll- pagnés de hel1es paroles Inais qui n'étaient suivies d'aucun

efre1

a vantageux pour les intérêts de la -Vi11e i .

Un nOIIllné Ravaz, accusé de quelque crirne, qui s'était sauvé dans le couvent des Cordeliers de Rive pour lui servir d'asiJe, en fut tiré par force par les officiers ducaux qui le IIlirent en prison au château de l'Ile et lui firent ensuite son procès, rnalgTé toutes les instances et les prières que firent les syndics auprès du Conseil ducal, que ce prisonnier leur fùt renlis pour le jug'er. On leur parla rnêrne avec une telle hauteur, lorsqu'ils voulurent repré~enter leurs droits, qu'ils n'osèrent pas seulement prendre des lettres testirno- niaIes de l'injustice qui leur était faite.

La Ville, réduite de cette rnanière à de gTandes extrémités, ordonna diverses messes et processions dans les églises el les cou- vens, pour prier Dieu de vouloir conserver les droits des citoyens et la juridiction épiscopale. Pour marquer qu'eUe se sentait dépourvue de tout secours du côté des hommes, l'on chantait.

dans les litanies, ces mots:

Quonialn non est qui pugnet pro nobis, nisi tu Deus noster,

paroles d'où fut tirée, dans la suite, la devise de la Illonnaie que l'on battit l'année 1535 :

Deus noster pugnat pro nobis

2.

Le duc Philibert ne tarda pas longtemps à partir de Genève avec ~oute sa cour, après qu'il eut disgracié le bâtard. Il quitta

1 « Pourquoy ny s~avoient trouver aultre remede que de prier Dieu et faire grandtz presentz a cestuy et a laultre qui estoient auprez du duc, leur recommandantz leu!' affaire: mais cela ne leur servoit de

rien, car les pl'esentz se prelloient et nen recepvoient al1Itre pl'ouffit que des remer- cialions et belles paroles. » Bonivard, ubi supra.

2 Voy. plus ha:;, p. 471.

(22)

AFFAIRE DE COTTON DE NANTUA. 1502"

cette ville, le 4 mars, et s'en alla

à Cha~lbéry.

Je ne sais par quelle raison 'et par quelle politique le Conseil ne trouva pas à propos d'aller faire aucun compliment

à

ce prince avant son départ. La chose est d'autant plus surprenante que les syndics étaient allés eux-mêmes faire honnêteté au bâtard René avant qu'il partît. .Aussi, la Ville eut-elle sujet de se repentir d'avoir manqué à une civilité si indispensable. Le duc ne fut pas plutôt arrivé

à

Chambéry, qu'il envoya une citation aux syndics et aux conseil- lers de l'année précédente, pour corn paraître devant sa personne et y répondre d'un excès qui avait .été comrnis par leur ordre sur un nomIné Cotton de Nantua, prisonnier pour vol dans le château de l'Ile. Voici le fait:

Ce prévenu était convaincu par plusieurs indices d'avoir corn-

Inis le crime dont il était accusé. Cependant, cornUle c'était la

coutunle d'avoir la confession d'un criminel avant que de le

condarrlner , l'on Init tout en usage pour la tirer de celui-ci, mais

il

fut ferme à ne rien avouer tant qu'on ne l'appliqua qu'à la

question ordinaire. Finalement, un Piélnontais ayant conseillé aux

syndics de se servir d'une autre Inanière de donner la torture, qui

était en usag'e en quelques endroits et que l'on appelait la serviette,

ils furent assez inlprudens pour suivre ce conseil. Cette torture

consistait à mettre une serviette avec de l'eau dans le gosier du

patient, le plus avant que l'on pouvait, ensuite on la retirait tout

J'un coup.

~iais

le criminel en rnourut sur-le-champ, ce qui cons-

terna beaucoup les syndics et le Conseil, dans la crainte que cette

aventure, qui fit beaucoup de bruit, ne leur donnât dans la suite du

chagrin. Efrectiveruent, le bâtard H.ené, peu de telnps après qu'eHe

fut arrivée, leur en avait fait de grands reproches et leur avait

soutenu qu'ils étaient, par là, déchus du droit de juger des affaires

criminelles, mais cette affaire avait été GomIne assoupie et eHe fut

réveillée, ainsi que nous avons dit, à l'occasion apparelnment du

peu d'honnêteté qu'on avait eu pour le duc, Jors de son départ. Le

Conseil donna aussitôt avis de cette aft'aire au vicaire Orioli qui

nornma, de son côté, un député - ce fut Alnblard Goyet official-

et la Ville, un de sa part, qui fut le syndic Pierre Levrier, hOlnme

adroit, d'un esprit délié et beau parleur, s'il en faut croire

(23)

NÉGOCIATIONS DU SYNDIC LEVIUER A CHA~IBI~HY.

17 Bonivard \ pour aller représenter au duc que son

Cons(~il

u'avait aucun droit de citer les syndics devant lui. C ... s

dépuh~s fil'(~111

heaucoup de présents dans la cour dp Savoir- pour .Y avoir

df~

la faveur; ils représentèrent les droits de

l'év.~que

et

d(~

la \ïllp avec toute la force qui leur fut possible, dp sort e qu'ils ohtiuJ'(\nt

<J llP

la citation qui avait été faite fût suspendue jusqu'ù

CP

que le duc revînt à Genève.

Les syndics avaient été réduits

à

cette

cxtrérnitt'~

au COlllIl1f'Jl- celuent de cette année, que de voir les droits et la sou

vprain('t.~

de l'Église "de

Geni~ve

luis, en quelque

lnanii~re,

cn cOlupronlis par J'acceptation qu'ils se virent contraints de fairf'

(lf~

la conunissioJl dont nous avons parlé ci-devant. L'on n'avait rien eonclu dans les conférences qui avaipnt été tenues là-dessus, COIlllllC nous )'a\'OIlS aussi relnarqué. Finalelnent, le syndic Levrier revint de

Ch(unbf~l'y

avec eette réponse de la part du duc:

«

Que cc prince ('·tait content de renvoyer la décision de la question sur la

souveraiJlct.~

dp

(;cni~ve

au tClnps que l'èvèque serait parvenu

à

sa Iuajol'ité.

» IJ

est ajouté dans le rcg'istre de cette année

2

que ce fut

à

l'instante pl'ii·re de la duchesse de Savoie, Marguerite d'A.ntriche, que Je

due,

son époux, accorda ce renvoi. Cette princesse, si l'on

CIl

doit croire: Spon

3

qui parle

apr(~s

les A.nnales nlanuscrites, avait nu la

curiosit~

de s'inforlner des droits de l'év(1que et de la souve-

l'ain('V~

de Geni\ve, et elle avait appris par le président de Divonne ct A.lublard Goyet, députés de la Ville, que le due n'y avait aucune juridiction, ce qui l'avait détournée d'y faire bâtir un couvent, connne ellr en avait eu d'abord la pensée, et J'avait

port(~e ù

le faire eonstruire

à

Brou,

prt~s

de Bourg en Bresse.

Ce fait peut

.~tre

très véritable, quoique le reg-istre n'en fasse pas de luention, nlais l'auteur des Annales se trompe quand il dit que le président de Divonne était un des députés de la Ville, car il paraît par le reg'istre qu'il était président du Conseil ducal.

Il

pourrait bien être que ce seigneur avait servi utileluent les Gene- vois auprps de la duchesse, puisque le registre porte qu'on lui fit un présent de vingt écus pour gagner sa faveur

4.

1 Liv. II, chap. 16 (t. l, p. 299).

2 H. C., vol. i5, [032 vo.

:1 Ouvr. cité, t. l, p. fOf),

4, R. C., vol. fa, fo 227.

(24)

succÈs DE LA MISSION DE LEVRIER A CHAMHèRY.

Le Conseil fut fort content de la gestion du syndic Levrier, et toute la ville téInoig'na une grande joie de ce que J'État qui, depuis quelque telnps, paraissait ne pouvoir pas échapper au duc de Savoie (car les citoyens n'étaient soutenus d'aucun côté), se tirait pourtant encore d'affaire. ....tu reste, pour donner

à

ce syndic des marques de la satisfaction qu'il avait de sa conduite, le Conseil lui fit une honnptctè de cent florins pour les peines qu'il avait prises pour la ville, SOUlIne assez considérable dans ce tenlPs-lù

1.

Les .A.nnales Inanuscrites racontent cette afl'aire d'une lnanif're un peu différente, elles disent que le duc voulut bien que la ques- tion dont il s'agissait fùt décidée par des arbitres nOlllIllés

(h~

part et d'autre, que les parties produisirent leurs titres devant ces arbi- tres, et qu'après un exanlen exact de ces titres,

l{~s

arbitres convin- rent unaniuleUlent que le due n'avait aucullt' souvcraillntl' dans la ville de Genève; que ce prince ayant ensuite appris le

selltill)(~nl

des arbitres, il y avait acquiescé agréahleUlent cl qu'il dit avec franchise qu'on lui avait donné une toute

autr(~ id(~e dt,

la chose, rnais que, puisque la souveraineté de

(ienf~ve

ne lui apparf,puait point, il faisait un vœu solennel à Dieu et

à

saint Pierre de ne plus donner

à

cette viI1e d'inquiétude là-dessus. Et que, pour

CP

qui regardait la citation qui avait été faite aux syndics de

l'(ulnl·(~

prl'- cèdente, il reconnaissait aussi (lue ses offici(lfs

Jlfl

1'avai(lIlf point dû faire et que la connaissance de cet eXCf"S appartpuait

ù 1'1'Yf~­

que son frère, auquel i11a renvoyait pour en

fair(~

ce qu'il voudrait quand

il

serait parvenu à sa

lnajoritl~;

df' sorte qtH', de

CCH(l

manière, tout fut pacifié.

Aylnon de l\'lontfaucon, évêque de Lausanne ct adrninistrateur en chef de l'évêché de

(ieni~ve,

étant

arriv'~

en cette viJJe au IllOis de juin de cette année, les syndics l'informi'rent

exactcnH~nt

de

CP

qui s'était passé et le

prif~rent

de soutenir,

cornnl(~

il y l,tait oh1ig'(\

l{~s

droits de

l'év(~que

et de la Ville. Ce prélat, qui ne fit jalllais de long's séjours à

Gerû~ve,

en repartit peu de jours

apr(~s.

Sur la fin du ulois ùe juillet, un particulier de Genève, qui revenait de Chanlbéry,

1 R. C., vol. {5, fo 3fa.. - Le registre porte 80 florins. (Note des éditeurs.)

(25)

LE MIRACLE DES CORDELIERS DE RIVE.

rapporta que les lettres qu'Amblard Goyet et Je syndic Levricl' avaient obtenues, avaient été révoquées et qu'il avait vu d'autres lettres du duc par lesquelles ce prince déclarait que la sou v('rai- neté de Genève et des faubourgs lui appartenait et qu'il avait, dans le château de l'Ile, mère et mixte elnpire et toute juridiction. Ces nouvelles donnèrent de nouveau de l'inquiétude

il

la Ville. Les syndics en firent part au vicaire Orioli avec lequel ils convinrent que, si les officiers du duc faisaient quelque entreprise contre la juridiction, le Conseil de la Ville, de concert avec le Conseil épiscopal, s'y opposerait virilement et en appellerait au

u}('~tro­

politain et au pape. Bonivard

1

dit que cette nouvelle

Ile

fut pas confirmée et, effectivement, la suite du registre ])' cn fait aucune mention, ce qui s'accorde asséz avec ce que j'ai

rapport(~

ci-dessus, tire des Annales lnanuscrites.

La peste, qui se fit sentir cette année-là (_

1

502 J

à Genf~ve,

sur la fin de l'été, en fit partir

l'év(~que

accornpagné du vicaire Orioli, son gouverneur, et de toute sa cour, qui se rendit à Chalnhéry

aupr(~s

du duc. Cette fâcheuse maladie se ralentit un peu pendan1 l'hiver lnais elle reconlmença au printernps de l'année suivante.

Pour comble de disgrâce, ce fléau fut suivi de celui de la falnine qui fit surtout de gTands ravages à la campag'ne, de sorte que les paysans se virent contraints de vivre d'herbes et de racines.

J)ans ce temps-là, la superstition et le dérèglement des mœurs régnaient à

Gen(~ve,

comme partout ailleurs, d'une

Inani(~re

bien honteuse au christianisllle, et l'année 1503 en fournit quelques exeulples qu'il ne sera pas inutile de rapporter ici. Les Cor- deliers de Rive, pour donner de la réputation à leur couvent et pour s'attirer quelques offrandes, avaient fait peindre en huile un l)ieu de pitié dont le rouge, qui représentait ses plaies, était fait d'une composition que la chaleur pouvait facilement faire fondre.

L'été, qui cette année fut assez chaud, ne' manqua pas de produire cet effet S'ur cette peinture et les Cordeliers publièrent aussitôt que le Dien, irrité contre le peuple de Genève, suait des gouttes de sang, et crièrent au miracle. Chacun

y

accourut et le peuple se

1 Liv. II, chap, i6 (t. l, p. 299).

(26)

.20 DÉSORDRES DES MOINES •

prévint si fort en faveur

de

cette

irnag'c

que

le

peintre, qui eut quelque reproche d'avoir donné lieu à une supf'rstition si ridicule, eut beaucoup de peine à le désabuser en déclarant la cause natu- relle de cette sueur nlÏraculeuse 1 •

Ces nlêmes rnoines n'étaient pas seulenH~nt fourbes et avares, ils etaient, de plus, plongés dans la plus infànle déhanche. Le jeu, la luxure et les vices qui en dépendent ré~'naicllt parrni eux avec la dernière licence. Le vicaire Orioli, qui était alors à Thonon avec l'évêque, inforlnè de leur conduite, résolut d'apporter quelque réfornle à ce couvent

2,

nIais les llloines furent soutenus par les syndics et le Conseil qui envoyèrent UIH~ d(~pulatio]} au prélat pour le prier de les laisser vivre à leur rrlani(~rc.

Je n'ai pas appris quel fut Je sucei~s

de

eeU c helJc d(~p111 at ion, luais on sera luoins surpris du peu

de

d{,Jicatesse du Ma~istrat

dt,

ee tcuips-là, quand on apprendra que les fill(~s d(~hatldd'(~s l,tai('ot non seulernent tolérées dans la ville, qu'elles y avaient une Illaisoll qui leur était assignl'c et que J'on appelait ]a Inaisoll du Bordel, nIais qu'on leur étahlissait

cl ..

plus, chaque anl}(~e, une ('spi-ce

df'

supérieure, laquelle on appelait la reiJU'. de Cf' lif'u inf(luu'. c(~u('

année,

l'

~lection s'en fit au IllOis de Blars pal' If' Conspil ordinaire,

apri~s cn avoir obtenu la pprnlissioll

du

vicaire ()rioli, (,t 1'011 voit par

le

registre3 que celle qui parvint à cet illdi~'n(' Plllploi, qui fut une nOlnmèe Louise Chavanne, d(~ la BonJl(~viIJp, 1'1'('\ta entre l('s Inains du Conseil le SCrInnnt qU(' ces sor1 cs

de

erf"a lu ,'(\S a "a if~I1t coutulnf~ de faire cn de sCIllblablps occasions.

L'année suivante 1 rJo4~" au nlois di' jaIlvi(~r, Je haron J(~ l\1(\n-

1 « Celle annee Ion avoit painet de fraiz auls Corùelliers de Biye, ung Djeu de pitié a (huile. A cause de la grande chal- leur que regnoit, les gouttes de vermillon que Ion avoit paindes au tour de ses- playes fondoient, pourquoy le monde cui- dant quil suast le sang, commence à crier miracle, misericorde, misel'Ïcorde jusques a ce que le painetre vint qui declara Je mistere . ." Bonivard, liv. Il, chap. t7 (t.

l, p. 30!).

2 « Le 20 de iuillg, les sinùiques ~t

Conseil furent si sages quilz envoyarent une ambassaùe a JEvesfJue de Nice, ad- ministrateur de !evesehep de Gene\'e, qui vou/oit faire reformer !es cOl'delif'l's, quil Iny plenst les laisser ajnsi qnilz pSloient, ioneurz, ribhlenrs, paillardtz et enrichiz de semblables nohles conditions, et fut cela a Thonon ou pour lors se tenoit la court de. levesque. » Ibid. - Cf. H. C., vol. fa, fo 76' vo.

S R. C., vol. i5, [0 6i va.

(27)

,

PROCLAMATION AU NOM DE L EMPERECH. 2J

thon, commissaire de l'empereur et du duc de Savoie, étant venu ù Gen(~ve et ayant fait savoir qu'il avait certaines publications à faire de la part de ces deux princes, l'on avertit le peuple à cri public, par les carre.fours, de se trouver sous la halle de la lnaison de ville, à une heure marquée, pour entendre ce que le conllnissaire de 1'elnpereur avait à dire. Les quatre syndics s'y rencontr(\rent avec Jeurs bâtons syndicaux, lesquels appréhendant que les choses qu'il a vait à représenter fussent contre les droits et la juridiction de l' ('v(1que et de la 'Ville, protestèrent, avant qu'il padât, contre tout ce qu'il pourrait dire qui y fùt contraire, déclarant qu'ils ('~taipllt

dans la disposition de défendre de toutes leurs forces, conune jls .Y ètaient oblig'és, les droits de l'évêque qui (~tait seul le prince sou- verain de Genève. Les registres publics ne rnarquent point ce que publia le baron de Menthon; il Y est dit seulement que ce seigneur répondit aux syndics que son intention n'était pas de rien faire au préj udice de l'évAque 1 •

Quelques mois après, deux larrons ayant été condarnnés il MTe pendus, quelques personnes qui avaient dessein de les sauver ohtinrent du bourreau de leur nlettre des cordes dont les filets intl'rieurs avaient été coupés, de sorte qu'elles ronipirent. Aussitôt cns crÎllline1s delnandèrent gTâce, et les auteurs de la supercherie criant de tous côtés lniracle, le peuple les arracha des lnains du hourreau qui voulait les attacher au g'ibet une seconde fois. Ces Inalheureux dirent ensuite que ce prétendu nliracle était l'efI'et des

pri(~res qu'ils avaient faites à Notre-Dalne-de-Grâce et du vœu de prendre l'habit de ses religieux. A.près ces discours, le peuple,

rllal~Té la justice, les niena dans l'église de Notre-Dame-de-Grâce, où le pricur, qui s'appelait frère A.ymon Pottier, les revêtit publi- qlWlllCllt de l'habit de l'ordre. Il fit peindre ensuite ce faux miracle dans unc chapelle, Iuais les syndics ayant fait infornler le vicaire de la fourbe, la peinture fut efl·acée. Le prieur, cependant, ayant appris les déInarches des syndics auprès du vicaire, fît saùver ces crÎlnillels de son couvent" lesquels ne portèrent pas loin la peine

1 R. C., vol. f5, fO f02 vo•

(28)

22 HISTOIHE DU MORTEL.

1504

à

laquelle ils avaient (Schappé, car ils furent pendus peu de telnps après en Bourgogne

1 •

Bonivard \ Il.ose''

3

et les .Annales 111anuscrites s'accordent

à

raconter les actions surpreuantes d'un

cé](~bre

larron qlli vivait daus ce temps-là

il Gen(~ve

et que l'on appelait le Mortel; je les rappor- terai en deux Inots

apr(~s

eux. Cet homlue avait, dit-on, le secret d'ouvrir les Iuaisons et les boutiques, quelque bien fernlées qu'elles fussent, et il savait si bien fasciner les yeux de ceux qui étaient dedans, qu'encore qu'on le vît dérober, on ne s'avisait ni de l'en eInp('\cher, ni d'appeler du secours.

Il faisait plus, il allait tirer

du vin à la cav("\, se nleUait

Ù

table et 111allgeait devant ceux de )a Illaison, sans (lue personne osât lui dire le Illoindre rrlOt.

Il

avait d'ailleurs assez de force pour résister aux tourlnents de la torture, et quoiqu'on lui eùt donné huit ou dix traits de corde de suite pour lui faire avouer un crinlc <Iu 'il était convaincu d'avoir cOIlllnis, il était autant obstiné à nier et d'aussi gTand sallg'-froid à la fin qu'au commenceluent; il s'exposait IUPIne, sans Inarqucr aucune répu- gnance,

à

être de nouveau torturé, ct il souffrait avec ceLLe constance, parce que, dans ce teulps-Ià, J'on n'avait pas

accoutuUl('~

de faire Inourir un crinlillel, quoique couvaineu le plus clairelnellt de son crÏIne, qu'on n'eùt auparavant son aveu, de sorte que la justice ne put jarnais le punir COlume

il le luéritait. )1ais sa propre Illi~re,

dans la crainte que le Iuagistrat, lassé de ses rrilnes, ne passât sur les règles ordinaires et ne le fît périr d'une

Jnalli(~rc

honteuse,

pr{~­

vint le coup et délivra la ville de ce sel·ll·rat. Dans une Inaladie qui le surprit (Spon 4, après les .Annales, dit que ce fut la peste),

{~tant

tombé en défaillance, sa In('re qui le servait fit croire ()u'il était nlort de cette maladie contagieuse, le fit Inettre dans la bière et enterrer tout vif.

Ce fait ne saurait

{~tre

vrai dans toutes ses circonstances ct nous ne somInes plus dans un sii'cle

à

croire les effets surprenans des enchanternens.

Il y a apparence que Je Mortel était un larron

1 Bonivard, 1. II, ch. t9 (t. l, p. :J04).

2 Ibid. (t. J, p. ;105).

li Chroniques, Genève, i894, p. 59.

• Ouvre cité, 1. l, p. {OH.

(29)

1504

MORT DU DUC PHILIBERT. - AVÈNEMENT DE CHARLES III.

2:1

adroit et subtil, peut-être entendait-il quel<!ues tours de passe- passe, ce qui a donné lieu à en dire toutes ces IllcrvciIJes.

Leti 1 traiLe cette affaire de fable et je ne lui en ferai pas de procès, tuais l'on ne saurait ètre assez indig'né de la rnalignill' de cet auteur qui, pour donner quel<pH~ couleur de vraisclublance à ses irnpostures, fait dire à M. Jean Dupan, premier syndic, qu'il croit qu'on peut meUre cette histoire avec les autres bulles du

()itadin.

Le r(~g'ne et la vie de Philihert

II,

duc de Sa voie, furent

de

peu de durée. Ce prince l~tant allé au Pont-d' .. liB eH Bug'ey, pour se donner le plaisir de la chasse, s'y échauffa, ce qui lui causa une lualadie dont il mO{lrut peu de jours apr(~s, le dixièllle de sep- tcnlhre, dans la chambre mêrne du château de Pont-d'.Ain où il avait pris naissance 2. Philibert n'avait que vingt-quatre ans quand il mourut; il ne laissa point d'enfants. Marguerite d' .. .\utriche, son épouse, se retira après sa nlori en .AJlelnagne, auprès de l'ernpe-

l'CUI' MaxÏlnilien son père. Elle fut, dans la suite, gouvernante des Pays-Bas ct mourut J'année

1530.

Charles, second fils du duc Philippe et de Claudine de Brosse Bretagne, sa seconde fennlle, succéda à Philibert son frère. Le

r(~~'ne de ce prince fut long' et lnalheureux et, ce qu'il y a de singulier, ses entreprises pour usurper la souveraineté de Gen(~ve

et les persécutions qu'il fit aux Genevois lui attirèrent la plus grande partie de ses disgrâces, cornnle nous le dirons dans la suite.

Charles n'a vait que dix-huit ans quand il succéda à son frère.

Janus de Duyn, seig'neur de la Val d'Is(~re, avait été son gouver- neur et il avait conservé un gTand ascendant sur ]' esprit de ce prince, de sorte qu'il avait beaucoup de crédit à sa cour. Bonivard 3

parle d'uu autre favori de Charles, qu'il appelle .Antoine de Belle- truche, seig'neur de Gerbais, qui était son parent. Le nlêlne auteur ajoute que le duc passait pour un prince sage et modéré dans lequel on ue reIn arquait point de bouillons de jeunesse tels que

1 Ouvr. cité, part. II, liv. ~, p. 3ri6.

J GuichenoIl., OUVf. cité, p. 6H ..

S Liv. II, chap. 20 (t. l, p. 307).

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