HAL Id: jpa-00231245
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Submitted on 1 Jan 1976
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Remarques à propos d’une analogie entre dislocations de translation dans les smectiques et lignes de courant
M. Kléman
To cite this version:
M. Kléman. Remarques à propos d’une analogie entre dislocations de translation dans les smec- tiques et lignes de courant. Journal de Physique Lettres, Edp sciences, 1976, 37 (4), pp.93-96.
�10.1051/jphyslet:0197600370409300�. �jpa-00231245�
REMARQUES A PROPOS D’UNE ANALOGIE
ENTRE DISLOCATIONS DE TRANSLATION DANS LES SMECTIQUES
ET LIGNES DE COURANT
M.
KLÉMAN
Laboratoire de
Physique
desSolides,
Bâtiment510,
UniversitéParis-Sud,
91405Orsay,
France(Re_Vu
le5fgvrier
1976,accepte
le13 fevrier 1976)
Résumé. 2014 On étend au cas des smectiques déformés selon de
grandes
courbures (élasticité cova-riante non linéaire)
l’analogie
entrelignes
de courant et dislocations de translationproposée
parPershan. On obtient une
expression
de la force de Peach et Koehler s’exerçant sur uneligne
et onmet
l’énergie
d’uneligne
etl’énergie
d’interaction entrelignes
sous la formed’intégrales
de surface.On discute de la validité de ces expressions en élasticité non linéaire.
Abstract. 2014 The analogy
proposed by
Pershan between dislocation lines and electric current lines is extended to the case ofstrongly
curvedlayers
(non-linear covariantelasticity).
A simpleexpression
is obtained for the Peach and Koehlerconfigurational
force ; theself-energy
of a lineand the energy of interaction between lines are
given
as surfaceintegrals.
Thevalidity
of theses expres- sions is discussed with respect to the non-linear character of the theory.Classification Physics Abstracts
7.130
L’élasticité des
smectiques
est bien etablie dans lecas ou l’on ne s’interesse
qu’aux petites
deformationsau
voisinage
de la structure en coucheplanaire [1],
et en
particulier
on connaitbien,
dans cetteapproxi- mation,
leschamps
de distorsions et de contraintes dus a une boucle de dislocation[2] :
le caractere lineaire de la theoriepermet
d’ailleurs d’introduiresans difficultés des
concepts
bien connus dans le cas des dislocations dans lessolides,
comme les notions de contraintesinternes,
de forces deconfiguration (force
de Peach etKoelher), d’energie
deligne, d’énergie
d’interaction entrelignes,
etc... et ceci de maniere tresanalogue
au cas des solides[2].
Plutot que de chercher a comparer dislocations dans les solides et dans les
smectiques,
onpeut
etablir la theorie linéaire des dislocations dans lessmectiques
en se fondant sur les
rapports
etroitsqui
existententre
lignes
de courantélectrique
et dislocations d’unepart,
inductionmagnetique
et contraintes de I’autre[3]. Rappelons qu’une
telleanalogie
a souventete
evoquee
dans Fetudc des dislocations dans les solides(cf.
parexemple,
de Wit[4]).
Ellepresente cependant
dans ce cas une certainedifficult6,
car elledemande d’identifier le vecteur de
Burgers b, grandeur vectorielle,
au courantI, grandeur
scalaire. Maisdans le cas des
smectiques
le vecteur deBurgers
estessentiellement un
scalaire, puisqu’il
nepresente
decomposante
non nulle que selon la normale auxcouches.
Ainsi,
dans lesmectique
fortement déformé ou les couches prennent des formesproches
de cellesde
cyclides
deDupin [5],
la definition raisonnable de lagrandeur caracteristique
d’uneligne
de dislo-cation est en termes de la
phase
qJ descouches ;
T est constant sur
chaque couche,
et tel queoit d est
1’epaisseur
de la couched6form6e, do
sonépaisseur
dans la situationd’equilibre planaire
dusmectique [6].
De6nissons le nombre deBurgers
parFintegrale
suivanteprise
sur un circuit(y)
entourantla
ligne :
.
ou
n(r)
est la normale unitaire a lacouche, prise
dansla même direction que
O~p
parconvention,
et dll’élé-ment d’arc selon
(y).
On notera que le nombre deBurgers depend
de I’orientationn(r)
donnee auxcouches,
etchange
designe lorsque
nchange
designe.
Quant
a I’orientation de(y),
elle estliee,
comme pour les dislocations dans les solidescristallins,
a l’orien-tation
(qui
restearbitraire)
de laligne
de dislocation.11 y a donc deux arbitraires sur le
signe
de n, alorsqu’il n’y
en aqu’un
sur lesigne
deI,
mais il est clairque
1’analogie
est iciplus profonde
que dans le casdes dislocations dans les solides.
Le nombre de
Burgers
est bien1’analogue
du cou-rant
I,
si l’on convient d’identifier avec Pershan[3]
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphyslet:0197600370409300
L-94 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
le vecteur
m(r) = -~ au champ magnetique
H cree
par la
ligne,
et le vecteur rot m a la densite de courant2013J(r),
Cqui
q obeit a1’equation
q de Maxwellrot m est donc essentiellement une densite de dislo- cations. On a en effet
ou ~ est une surface
quelconque
limitee par y, la composante ai = £~~k mk,j de rot m est donc le nombre de defautsqui
percentperpendiculairement
un ele-ment de surface
perpendiculaire
a la direction0~.
En
pratique,
il seraplus
interessant de connaitre les composantes de rot mparallèles
a n(dislocations vis)
et
perpendiculaires
a n(dislocations coin),
n rot m = CXv densite de dislocations vis
P rot m = ac densite
(2 composantes)
de disloca- tions coin.ou
Pij
=~ 2013
ni nj estl’opérateur
deprojection
surla couche.
Généralement,
en raison deFeq. (1),
rot m est nulpresque partout, sauf le
long
delignes
desingularites.
On sera donc amene a poser
ofj n est le nombre de
Burgers
de laligne
de tangente unitaire tpassant
par ro.Pershan,
se limitant auvoisinage
de la structureen couches
planaires,
identifie les troiscomposantes
non nulles du tenseur des contraintes
a 1’induction
1
4 7CB, l’équation d’équilibre
q qetant bien
l’analogue
de1’equation
de Maxwellet de
plus
m et Q~3,i, comme B etH,
etant desgrandeurs thermodynamiquement conjuguees, puisqu’on peut
ecrire que dans une variation infinimentpetite
dusysteme 1’energie
libre varie d’unequantite
6F donneepar
equation analogue
aLa force de
configuration qui
s’exerce sur uneligne
est de meme
1’analogue
de la force de Lorentzqu’exerce
l’induction sur le courant
électrique,
et on a :En
fait,
iln’y
a pas de difficult6s a etendrc au casgeneral
de l’élasticité covariante[6]
cette interessanteanalogie proposee
par Pershan. Montronsqu’il
convient alors d’identifier a 2013
41n
47CB le vecteur Sintroduit par Kléman et Parodi
[6],
de6ni par1’equa-
tion :
et
qui
obeit al’equation
pf
etant la densited’energie libre, exprimée
en fonc-tion des derivees de la
phase T
et descomposantes
et des
gradients
de n. Enfait, O~p
et n étant lies(n
=VqJ/1 VqJ I),
on peutexprimer pf uniquement
enfonction de T et de ses derivees. 11 est alors aise de montrer que dans une variation
petite
deV~
lavariation
d’energie
libre s’ecrit :les vj
etant les cosinus directeurs de la normale a la frontière du vojume V.On notera que dans la derivation de
(11),
les varia-tions virtuelles
6T
de laphase,
seule variable duprobleme,
entrainent des variations correlatives~ = 2013 6Tni
dufluide. T
ne doit donc pas etreinterpretee
ici comme une variable depermeation [6],
dont les variations
pourraient
se faire a fluide invariable.La formule
(11)
montre que S estthermodynami- quement conjugue
deO~p.
On derive donc immédia- tement unegeneralisation
de la formule de Peach et Koehler dans le cas non linéairesoit,
pour la force deconfiguration s’exerçant
surune dislocation isolée de nombre de
Burgers n
et de tangente unitaire tou S est le
champ
de contraintes(vectoriel)
existanta
1’emplacement
de laligne.
Mais ici on ne peut engeneral distinguer
dans S les contributions venant de contraintesappliquees,
de laligne elle-meme,
ou desautres
lignes.
Pour nous eclairer sur cettedifficult6, qui
vient de lanon-linearite,
il est intéressant de retrouverl’éq. (13)
directement.En utilisant des
integrations
parparties,
et en tenantcompte
deFeq. (10)
onpeut
ecrire 6F sous la forme d’uneintégrale
de surfaceuniquement :
Dans cette
equation
on a donne al’intégrale
deFeq. (11)
la formeprecise qu’elle
alorsqu’on prend :
Supposons
uneligne
de dislocationL,
de surface de coupureEL,
et modifions la forme de laligne
endéplaçant EL
enEL
+dEL.
Ceci demande deuxoperations :
- Une translation relative des couches au voisi- nage de la surface de coupure
AT
= -ndo.
Cettetranslation peut se faire sans faire tourner n. Le travail necessaire a la creation de
d~L
peuts’exprimer
comme une
integrale
sur les levres dedEL,
a 1’aide de la formule(14)
ou on fait8n~
= 0. On ac alors :ou
dI*L
= dl A du est assimile a unrectangle
infi-niment
petit
de dimensions dl(selon
t, vecteur uni- tairetangent
aL)
et du(selon
une direction perpen- diculaire at).
En identifiant 6F al’opposé
du travailde la force de
configuration,
soit .on retrouve bien
Feq. (13).
- Une rotation relative des couches a w = n’ nk si la
ligne
L contient un terme de dislocation de rotation. Nous n’avons pas tenu compte d’une tellepossibilité jusqu’a present.
Si une telle dislocationexiste,
il fautdecomposer
son effetsur dEL
en deuxparties :
- un
deplacement
AoA du,
- une rotation locale Ao des molecules.
Si Ao A du est selon le
plan
descouches,
cequi implique
un choixparticulier
de la surface de cou-pure
EL,
la variation dephase correspondante A~ = 2013 (Ao
Adu) . n
estnulle,
et iln’y
a pas de travail de la force deconfiguration correspondante.
Considerons donc
uniquement
la rotation locale.Posons bn = 5o A n. 11 vient
ce
qui correspond,
en identifiant &D aI1w,
a une forcede
configuration
Cette
quantité
n’a pasd’analogue électromagnétique.
Elle n’est de
plus
pas d’un tresgrand
intérêt dans lecas des
smectiques,
car sa derivation supposeexpli-
citement Aw
petit,
cequi
n’est pas le cas. Elle nous remetcependant
en mémoire ce fait que 1’etat de distorsion autour d’une dislocation de rotationdepend
de sa surface de coupure
( 1 ) .
En
revanche,.
la derivation de(13)
est correcte,car
ndo
peut etrepetit
a 1’echelle de 1’clasticite continue ,utilisée ici. On obtient
quelques
resultatssupplemen-
taires en traitant la dislocation de translation comme
’B un
objet
linéaire(du
typepetite perturbation)
super-pose
a un fond non lineaire(un
domaine confocal ou les couches sont fortementcourbees).
Considerons alors lacreation,
par une suite de processus infinité- simaux reversibles[7],
d’uneligne
L dans un milieufortement distordu de
champ
decontraintes So,
et supposons que l’introduction de Lproduit
un termeperturbatif 6S~.
11 est alors clair que1’energie
de Ls’ecrit
et
comprend
deux termesqui
nedependent
que deL, puisque So
etðSL
sont des vecteurs solenoidaux. Le second est1’analogue
du terme usuel obtenu en theorie lineaire[7].
Nous nommerons lepremier
-energie
d’installation
W~, [8].
11peut
etrenegatif
oupositif
selon le
signe
de n, mais nedepend
pas des arbitraires designe
sur n, en raison de ladependance
lineairede
So
en n... .Plus
precisement,
supposons que laregion
conside-ree soit un domaine confocal. Si nous
negligeons
ladilatation des couches
[6],
on a :S est un vecteur
qui
est dans leplan
des couches et apour composantes, dans le
repere
local deslignes
decourbure
ou
A, B, da, d~
sont les elements de la forme diffé- rentielle fondamentale de la couche(1) Je remercie M. le Pr. Friedel pour de stimulantes discussions a ce sujet.
L-96 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
et ~ 1 =
1 /R 1,
0’2 =1 /RZ
les courburesprincipales.
On a utilise les relations
div n = -
(o-i
+62) ,
valable sur toute surface~2,x = ~2,~ = 0 sur une
cyclide
deDupin 1’energie
d’installation d’une dislocation coin estdonc
nulle,
al’approximation
faite(so
=0).
De toutemaniere,
on sait que les dislocations coin ont des vecteurs deBurgers
considerables dans les smec-tiques [9, 10] (ce qui
fait d’ailleursqu’elles
sont par nature tres semblables aux domainesconfocaux).
La théorie
quasi
lineaire que nousdeveloppons
neleur est donc pas
applicable.
L’expression (18) s’applique
aux dislocations vis depetits
vecteurs deBurgers.
Onpeut
donc conce- voir que, pour certainssystèmes
de couches solutions de divSo
=0, WL
devientnégatif,
bien que le second terme( ~ nz do2)
soit essentiellementpositif.
Nousn’avons pas etudie ces solutions en detail. Mais on
peut s’attendre a ce que certaines
geometries
a cour-bures
particulieres
Ti + 0’ 2 soient déstabilisées par lapresence
de dislocations vis et que d’autre part, dansune
region
a courbure favorable a leurpresence,
lesdislocations soient essentiellement d’un meme
signe.
D’autre part il est vraisemblable que les situations a
~1 + Q2 = 0
(surfaces minima)
soient de stabilite indifferente a lapresence
de dislocationsvis, WIL
etantnul dans ce cas. Ceci
permettrait d’expliquer pourquoi
les courbures observees
experimentalement
sont, saufcas
exceptionnel, negatives «(J 1,
Q20).
Nous mon-trerons dans un autre article que la relation ici
sugge-
ree entre dislocations vis et surfaces minima est en
fait fondamentale.
Notons finalement que
1’energie
d’interaction entre deuxlignes
peuts’ecrire,
dans la memeapproxima-
tion
quasi
lineaire :- -
Notre derniere remarque portera sur la non-linea- rite : il est en effet interessant de reconnaitre
qu’une
formule comme celle de Peach et
Kohler,
habituelle- ment considérée comme propre a une theorielineaire, appartient fondamentalement,
de par1’analogie
avecles
lignes
de courant, a une theorie non lineaire. Son existence est seulement liee a l’existence d’uneenergie
libre et de variables d’etat. Mais comme nous 1’avons vu, son
interpretation
est alors moins immediate que dans le cas lineaire.Plus
précisément,
notons que la raison essentielle pourlaquelle
il existe une force de Lorentz est que B et H sont des variablesthermodynamiquement conju- guées
et il en est de meme pour rot m et S. Mais la relationprecise (la
loi decomportement) qui
existeentre B et
H,
ou entre p etS,
nejoue
aucun role dansla derivation. C’est la raison pour
laquelle
nous avonspu obtenir les resultats
qui precedent, malgre
lanonrlinearite.
Bibliographie [1] DE GENNES, P. G., Physics of liquid Crystals (Oxford University
Press) 1974.
[2] KLÉMAN, M., J. Physique 35 (1974) 595.
[3] PERSHAN, P. S., J. Appl. Phys. 45 (1974) 1590.
. [4] DE WIT, R., Solid State Phys. 10 (1960) 249.
[5] FRIEDEL, G., Ann. Phys. 18 (1922) 273.
[6] KLÉMAN, M. et PARODI, O., J. Physique 36 (1975) 671.
[7] FRIEDEL, J., Dislocations (Pergamon Press) 1964, chapitre II.
[8] Nous préférons le terme Energie d’installation, à celui d’éner-
gie d’interaction, car rien ne nous permet d’affirmer qu’il
y a égalité des énergies de ce type selon que l’on introduise la ligne L sur du smectique déformé, en domaines focaux,
ou que l’on déforme le smectique après avoir d’abord
créé L. Nous remercions J. P. Poirier pour une intéressante discussion à ce sujet.
[9] WILLIAMS, C. et KLÉMAN, M., J. Physique Colloq. 36 (1975)
C1-389.
[10] KLÉMAN, M., COLLIEX, C. et VEYSSIÉ, M., Adv. chem. Ser.
(1975) à paraître.