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Submitted on 1 Jan 1900
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Sur les sources de lumière monochromatiques
Charles Fabry, A. Pérot
To cite this version:
Charles Fabry, A. Pérot. Sur les sources de lumière monochromatiques. J. Phys. Theor. Appl., 1900,
9 (1), pp.369-382. �10.1051/jphystap:019000090036900�. �jpa-00240454�
369
SUR LES SOURCES DE LUMIÈRE MONOCHROMATIQUES ;
Par MM. CHARLES FABRY et A. PÉROT.
Dans un grand nombre d’expériences d’optique, il est nécessaire d’employer une source de lumière monochromatique ; cette source
doit souvent être intense, ou plutôt même avoir un éclat intrinsèque
élevé, condition toujours avantageuse, et particulièrement util,-~’-ins
.
bien des cas, lorsque l’on veut, par exemple, éclairer vivement une
fente sans que le faisceau à la sortie soit trop divergent. Bien des expériences ne sont possibles qu’avec des sources de cette nature ; jusqu’à présent, on a surtout employé la lumière jaune du sodium
dans la.flamme d’un brûleur ou du chalumeau oxhydrique. La lumière
de cette source étant très complexe, car les deux principales raies spectrales qu’elle donne sont très voisines et souvent renversées, il a fallu, quand on a voulu produire des interférences à grandes diffé-
rences de marche, employer d’autres sources ; c’est ainsi que 1l~IM. ~ Michelson et Morley ont fait usage de la vapeur de cadmiun ou
de mercure, rendue incandescente par la décharge électrique. Ces
sources sont précieuses, mais leur éclat intrinsèque n’est pas très
grand ; nous avons été amenés à étudier quelques sources, et ce sont les résultats de cette étude que nous voulons indiquer.
Dans les calculs de l’optique, on considère toujours une vibration rigoureusement pendulaire existant indéfiniment. Un pareil mouve-
ment ne peut être réalisé et les sources réelles donnent toujours un
=ébranlement limité plus ou moins complexe, qui peut être regardé
comme la superposition d’une série de perturbations pendulaires
dont les périodes sont comprises dans un certain intervalle. Plus cet intervalle est resserré, plus la lumière s’approche d’être théorique-
ment monochromatique ; le spectre sera constitué par une bande de
largeur finie, d’autant plus étroite que la lumière s’approchera plus
d’être simple.
L’appareil qui permet de juger du degré de simplicité d’une
lumière et de la largeur d’une raie est le spectroscope. Il faut en
tous cas que le pouvoir de définition de l’instrument soit supérieur à
la largeur de la raie ; de plus, cette largeur ne suffit pas à définir la nature du mouvement : il faut connaître la répartition de la lumière
en fonction de la longueur d’onde. Dans bien des cas une radiation
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019000090036900
370
est accompagnée de composantes ou satellites, dont le nombre et la
disposition n’ont rien de commun d’une raie à l’aittre, et don t les
éclats relatifs dépendent pour une même raie spectrale de la mamèrc dont l’illumination est produite. Enfin la largeur de chacune de ces
composantes peut varier.
l.’emploi d’une source donnant une lumière monochromatique a
encore un grand intérêt lorsqu’il s’agit de mesures de long ueur ;
mais alors il ne suffit plus que la raie soit f111C, il faut que la longueur
d’onde soit invariable, et qu’on puisse la reproduire toujours iden- tique à elle-même, avec le même éclat relatif des C01l1posantes; sa:1S . quoi si l’on opère avec des appareils ne séparant pas ces dernières,
le centre de gravité de la raie, qui importe seul ponr ces appareils,
variera d’une expérience à l’autre. Les conditions requises sout donc :
finesse et invariabilité de l’éclat des composantes.
Les procédés employés pour se procurer un faisceau de lumière
monochromatique se réduisent actuellement à deux :
.
i 0 Simplifier un faisceau de lumière blanclie :
L’emploi de milieux absorbants ne peut donner que des résultats
grossiers, parfois cependant très utiles ; on peut encore projeter un spectre sur une fente; théoriquement le degré de simplicité du
faisceau obtenu n’est limité que par la largeur de la fente et par le
pouvoir de définition de l’instrument employé. Mais il est à ren1ar-
quer que l’éclat intrinsèque de la source ainsi constituée sera
,d’autant plus faible que la perfection requise dans la simplicité sera
’
plus grande. Même avec la lumière solaire il est difficile de se pro-
.
curer un faisceau quelque peu intense. En tous cas, l’installation est
toujours assez compliquée, comprenant un appareil dispersif de grande puissance et nécessitant l’immobilité absolue de l’ensemble,
si la longueur d’onde de la source ainsi constituée doit rester absolument invariable pendant toute la durée de l’expérience ; de plus,
sauf dans le cas où l’on emploie la lumière solaire, il n’y a point de repères relatifs à la longueur d’onde dont on fait usage ; ceci peut
être une gêne s’il s’agit d’expériences dans lesquelles la longueur
d’onde est une donnée fondamentale. C’est, en définitive, ce procédé
que l’on utilise dans les expériences de spectres cannelés, mais alors
on étudie un phénomène en fonction de la longueur d’onde.
2° Emploi de la lumière émise par un gaz :
Les gaz rendus lumineux émettent en général, sauf à pression
élevée, une lumière dont le spcctrc est composé d’iln certain nombre
371 de raies brillantes ; cette lumière est, par suite, la superposition d’un
certain nombre de lumières monochromatiques que l’on peut isoler
plus ou moins facilement l’une de l’autre, suivant que ces radiations sont plus ou moins voisines dans le spectre. Dans le cas oi1 elles
sont assez distantes, des milieux absorbants pourront suffire ; en général il faudra faire usage de systèmes dispersifs qui pourront, la
plupart du temps, être assez rudimentaires, sauf s’il s’agit de raies
très voisines ; certaines méthodes spéciales peuvent alors être employées, telle celle basée sur la biréfringence du quartz qui a été indiquée par 1~T. Mascart, et qui convient bien pour la séparation des
deux raies D, qu’il est difficile de réaliser autrement.
Un gaz peut être rendu lumineux cle plusieurs manières : il est de toute nécessité d’élever la température de la vapeur, mais la méthode directe par échauffement de l’enceinte qui la contient n’est jamais utilisée, car elle donnerait des sources d’éclat intrinsèque trop faible,
la température n’étant pas assez élevée. Tout am plus, ce procédé
convient pour observer certains phénomènes, par exemple le renver-
sement de raies de basse température, telles que les raies I).
Les autres procédés d’illumination peuvent être ainsi classée introduction de la vapeur dans la llamme, illumination par une
décharge électrique sous forme d’efunve, d’étincelle ou d’arc.
Les propriétés de la lumière émise par un même gaz varient beac- coup avec le procédé d’illunination employé, à tel point que les
spectres de certains métaux sont méconnaissables quand on puasse d’un procédé à un autre; il n’est pas possible de parler du spectre, d’un corps sans spécifier les conditions de production. Il s’en faut de
beaucoup que l’on ait déterminé Finiluence des divers facteurs : on
peut cependant énoncer certains résultats généraux.
Tout accroissement de pression du milieu dans lequel a lieu
l’émission se traduit par une petite variation dans la longueur d’onde
des radiations émises ; chaque raie se déplace légèrement vers le
rouge à mesure que la pression augmente ; cet effet est toutefois très petit.
L’éclat relatif des diverses radiations varie beaucoup suivant le
mode d’illumination, à tel point que telle raie, prépondérante dans=
un cas, est absente dans un autre. La température paraît jouer le principal rôle dans ces variations d’éclat, les diverses raies se com-
portant d’ailleurs de façons très diverses à ce point de vue. Soit une
vapeur qui, dans des conditions déterminées, a un pouvoir absorbant
372
a et nn pouvoir émissif e. La loi de Kirchkoff donne la relation :
r étant une fonction qui est la même pour tous les corps; cette fonction croît avec t, et elle est sensiblement nulle au-dessous de 400° à 500", pour toutes les valeurs de À qui correspondent au spectre visible.
Dans certains cas, a est sensiblement_ indépendant de t ; toutes les
radiations prennent une intensité croissante à mesure que 1 augmente;
c’est ce qui a lieu pour les corps noirs a ---_ 1. Pour les gaz, il en est tout autrement : t ayant une valeur déterminée, a est une fonction de À
qui présente des maxima très accusés, et qui est sensiblement nulle
en dehors de ces valeurs ; c’est ce qui caractérise un spectre de lignes.
Si, au voisinage d’un de ces maxima, la fonction a est indépendante
de t, on aura une raie stable, qui se produira à toute température supérieure à 400 ou ~00°, avec une intensité croissante avec t.
Mais le peu que l’on sait sur les propriétés optiques des vapeurs per- met d’affirmer qu’il n’en est pas toujours ainsi. Cela résulte : 1° d’expériences directes sur l’absorption ; certains spectres d’absorp-
tion se modifient radicalement lorsque la température s’élève, celui
de la vapeur d’iode par exemple, ce gaz devenant incolore au rouge blanc; ~° de l’étude de l’émission qui montre que ces spectres se
modifient lorsque la température varie.
Dans le cas où a ne varie pas ou varie peu avec t, on aura une raie
qui sera stable à toutes les températures : ce sont les raies spontané-
ment renversables (Cornu), ou les raies longues (Lockyer) . Très fré-
quemment un certain maximum de a n’apparaît qu’à température
élevée : on aura une raie de température élevée, raie courte; de pareilles raies ne seront pas observables dans les flammes en général.
Enfin il peut arriver qu’un maximum disparaisse à température éle- vée, alors on aura une raie de température modérée.
C’est probablement aux considérations précédentes qu’il faut rat-
tacher les différences considérables que présentent selon les cas les spectres d’un même métal; en particulier, celles qui existent entre les spectres de flammes, d’arc et d’étincelles ; ou encore les spectres de décharge dans les gaz rarëfiës suivant qu’il y a ou qu’il n’y a pas de condensateur. Ces différences peuvent être assez accusées pour
produire un changement complet, un même gaz pouvant donner
deux spectres sans aucune raie commune (argon).
373 De plus, la constitution d’une raie donnée n’est pas la même sui- vant la source employée : la nature et l’intensité des composantes
varient comme nous l’indiquerons plus loin, de sorte que la longueur
d’onde moyenne doit varier d’une source à l’autre. Il est à remar-
quer d’ailleurs que cet effet n’a d’importance que dans les recherches de haute précision là oû une variation de quelques millionièmes est sensible. Dans les recherches courantes on peut considérer toutes les sources qui donnent la raie 520,9 de l’argent, par exemple,
comme la donnant avec la même longueur d’onde.
Enfin, à éclat total égal c’est l’éclat intrinsèque qui fait la valeur d’une source, l’éclat total qui dépend de l’étendue de la source n’a souvent qu’un intérêt secondaire; l’avantage appartient nettement
ici aux sources électriques.
Pour l’étude de ces sources, seuls les appareils interférentiels, supérieurs aux meilleurs spectroscopes et aux réseaux, conviennent.
Les expériences dont nous allons parler ont été faites avec nos
méthodes de spectroscopie basées sur l’emploi des franges des lames argentées, qui permettent de voir et d’étudier directement les com-
posantes au point de vue de leur longueur d’onde et de leur éclat.
A. Flammes. - Nous ne dirons que quelques mots des flammes,
presque seules employées autrefois, et qui constituent une source
extrêmement médiocre ; le nombre des métaux qui peuvent être uti-
lisés est très restreint. La lumière est très instable, généralement faible, la source très étendue, de sorte que l’éclat intrinsèque est
peu élevé. Le sodium si usité autrefois est en particulier un mauvais étalon ; le fait que les raies D sont difficiles à séparer et sont faci-
lement renversables est un grand inconvénient dans bien des cas.
B. Gaz ou vapeurs illuminés électriquement. - Ce mode d’illumi- nation est déjà ancien : c’est celui des tubes de Geissler.; I~11V1.11~1ichel-.
son et Morley ont reconnu les remarquables propriétés de la lumière
émise par ces tubes, qui, lorsqu’ils contiennent des vapeurs métal-
liques, émettent un nombre relativement faible de radiations très
fines, donnant des interférences avec des différences de marche très considérables.
,Ces tubes à gaz présentent des particularités intéressantes; un
même tube peut fournir des spectres très différents suivant les con-
ditions d’alimentation électrique. Ces variations sont sans doute liées
374
à des différences de température du gaz illuminé; la température doit
être beaucoup plus élevée dans le cas de décharges durant très peu que dans celui de décharges relativement lentes ; c’est ainsi que
l’interposition d’un condensateur avec une distance explosive diminue
la finesse des raies, tandis que l’alimentation par courant alternatif ou
mème par courant continu donne des radiations d’une finesse remar-
quable. Lorsque la décharge se fait sans être disruptive, on a seule-
ment les raies de basse température. Avec un condensateur et une
distance explosive, le spectre se rapproche de celui que donne l’étin- celle d’induction éclatant dans l’air ; il est rationnel de penser que la
température est alors bien plus élevée, la dépense d’énergie se fai-
sant dans un temps beaucoup plus court; les raies sont alors moins fines.
L’addition d’un condensateur faisant apparaître un certain nombre
de raies nouvelles, nous nous sommes demandés si le mode d’exci- tation n’aurait pas une influence sur celles des raies qui subsistent
dans tous les cas. Les points à examiner étaient les suivants : quelle
est l’influence du mode d’alimentation du tube sur la longueur d’onde,
la finesse des raies, la constitution de celles qui se présentent comme composées. de plusieurs radiations et en particulier sur l’éclat relatif des composantes.
Nous n’avons jamais observé de véritable variation de longueur
d’onde tant sur la c;omposante principale que sur les secondaires.
Par contre, dans les raies complexes, comme la raie verte du mercure,
nous avons constaté des variations sensibles dans les intensités rela- tives des diverses composantes : ce résultat peut avoir une certaine
importance, car la longueur d’onde d’une radiation multiple, observée
au moyen d’un appareil qui n’en sépare pas les diverses composantes
est une longueur d’onde moyenne qui n’est constante qu’autant que la position et l’éclat relatif des composantes sont fixes.
’
Enfin la finesse des raies est sujette il de grandes variations avec le
procédé d’alimentation électrique du tube. Cette étude nous a conduit à des progrès sensibles au point de vue de la finesse des raies et, par
suite, de la production des interférences à grande différence de marche.
1° Bobine avec condensateur en dérivation sui le secondaire. - ~ous
ne reviendrons pas sur les résultats obtenus en actionnant le tube par la bobine ~.c~~?c ; ils ont été décrits à maintes reprises et notam-
ment par ~1..Jlich~l ’Son.
375 Si l’on place en dérivation sur le tube un condensateur, avec une
distance explosive de quelques millimètres sur l’un des fils de com-
munication, on substitue la décharge du condensateur à celle de la bobine. On fait ainsi apparaître une série de raies nouvelles : un tube à cadmium donne toutes les raies de la lampe à cadmium de i~1. Hamy ;
celles des raies qui existaient déjà sont fortement élargies, et leun
lumière ne peut produire d’interférences à grandes différences de marche. Enfin dans le cas de raies multiples l’éclat des composantes secondaires est accru, ce qui peut produire une altération de la loii- gueur d’onde moyenne.
Des résultats de cette nature peuvent expliquer le désaccord qui
existe entre le nombre trouvé par M. Ilamy pour le rapport des lon-
gueurs d’onde des raies rouge et verte du cadmium, et celui qu’indique M. Michelson, et que nous avons toujours trouvé exact.
On obtient aussi des raies élargies par les décharges à haute fré-
quence, dispositif de 1~I. d’Arsonval. Une machine de Holtz ne donne
qu’une lumière très faible quand on l’emploie seule; avec un conden-
sateur, elle donne le même résultat que la bobine.
Il semble résulter de ce qui précède que, pour obtenir des raies fines et de longueur d’onde bien déterminées, il faut éviter toute disconti- nuité dans la décharge. La bobine même sans condensateur est loin de satisfaire à cette condition. Ces considérations nous ont amenés à essayer d’autres modes d’alimentation.
2° Couran~ aiternatif.
-On obtient déjà de meilleurs résultats par
l’emploi du courant alternatif sinusoïdal de tension suffisamment élevée. Les raies obtenues sont plus fines que dans le cas de décharges
de bobines. En outre, la lumière est très fixe, les tubes durent en
général plus longtemps; et l’on est débarrassé de l’interrupteur tou-
_
jours sujet à mal fonctionner.
_Le courant nécessaire n’est que de quelques millièmes d’ampère,
mats il faut une tension d’environ un millier de volts; l’emploi d’un petit tran sformateur est extrêmement pratique, on peut l’actionner par un petit convertisseur d’égale puissance, l’ensemble constitue alors une installation commode et simple, c’est celle que nous
employons le plus souvent; le fonctionnement du tube est parfaitement régulier et nous en avons toute satisfaction.
,~3° G‘ou~~c~~2t continu.
-Les meilleurs résultats, au point de vue de
la finesse des raies et de la faiblesse des composantes secondaires,
nous ont été fournis par la lumière obtenue en reliant les deux élet-
376
trodes du tube à une source de courant continu, présentant une diffé-
rence de potentiel de 7 à 800 volts au moins. Nous employons une
batterie de 500 petits accumulateurs de 0,4 ampère-heure de capa-
cité, qui peuvent maintenir la décharge pendant très longtemps, puisque le courant nécessaire n’est que de 3 à 4 milli-axnpères. Les
éléments ont été construits au laboratoire et sont rechargés par . groupes due 100.
L’allumage du tube nécessite souvent une différence de potentiel plus élevée que celle qu’il faut pour l’alimentation ; aussi avons-nous intercalé, d’une manière permanente dans le circuit, l’appareil d’induc-
tion connu sous le nom de coup de poing de Breguet, de telle sorte qu’en le faisant fonctionner la force électromotrice produite s’ajoute
à celle de la batterie. Les quelques milliers d’ohms des bobines de
l’appareil traversés par un courant de 3 à 4 milli-ampères ne font perdre qu’un nombre de volts insignifiant. Pour régler le courant,
on intercale, en outre, une résistance constituée par un tube plein
d’eau dans lequel plongent deux fils de cuivre dont on peut régler la longueur immergée.
La lumière obtenue est parfaitement fixe, facile à régler ; les raies
sont extrêmement fines. Les quatre raies du cadmium nous ont permis
de produire des interférences visibles respectivement aux différences de marches suivantes :
Il est à remarquer que, étant donnée la faiblesse de la raie violette et l’éclat de la verte, on peut presque considérer comme identiques
les nombres de longueurs d’onde indiqués ci-dessus.
Avec la raie verte du mercure, nous avons encore observé des interférences pour une différence de marche de 43 centimètres, soit
790.000 longueurs d’onde. Ce résultat conduit à penser que le mou- vement lumineux peut être regardé comme régulier pendant près de
1.000.000 de périodes.
L’extrême finesse des raies que donne le courant continu facilite toutes les observations d’interférences à grande différence de marche ;
c’est ainsi que les coïncidences des raies verte et rouge du cadmium
sont encore o~,~ crvables avec des différences de marche de 18 centi-
377
mètres, ce qui permet de mesurer sans intermédiaire des épaisseurs
de 9 centimètres.
En résumé, l’emploi du courant continu pour l’obtention de phé-
nomènes d’interférences à très grandes différences de marche est recommandable au point de vue de la finesse des raies et de l’éclat relativement faible des composantes. La simplicité sans doute beau-
coup plus grande des phénomènes de décharge et l’absence de troubles violents dans celle-ci sont sans doute liées à ces propriétés.
Aussi considérons-nous ce mode d’alimentation comme le meilleur
chaque fois que la longueur d’onde devra s’introduire comme étalon
,
de longueur.
C. Etincelle d’induction.
-On peut, en provoquant la décharge
d’une bobine entre des pôles des différents métaux et en mettant en
dérivation un condensateur, obtenir le spectre de presque tous les métaux. La décharge se fait à température très élevée dans ces
conditions, ainsi qu’en témoigne la présence dans le spectre des raies
de l’air. Les raies sont toujours larges et ne sauraient donner d’inter- férences qu’avec des différences de marche petites.
Tout récemment M. Hemsalech a étudié ce qui se passe quand on
introduit dans le circuit de décharge une self-induction ; il a produit
ainsi un allongement de la période de la décharge, toujours oscillante
même quand il n’y a pas de bobine : il en résulte un abaissement de la température, l’énergie transformée en chaleur l’étant dans un
temps plus long. Cet effet se traduit par la disparition des raies de
l’air et des raies de haute température des métaux. La décharge est
moins régulière que dans les tubes, étant disruptive, et les raies
obtenues sont beaucoup moins fines que dans ce cas, tout en l’étant
plus que lorsqu’il n’y a pas de self-induction.
Au point de vue des interférences à grandes différences de marche,
l’étincelle d’induction fournit une source absolument inutilisable,
sans qu’il faille lui dénier de précieuses qualités, facilité d’emploi, possibilité de s’appliquer a tous ies métaux, à l’état métallique, ou
même à l’état combiné, solide ou liquide.
D. Arc électrique.
-Pour obtenir dans la lumière de l’arc élec-
trique les raies d’un métal, il faut que la vapeur qui se trouve dans
l’arc soit celle du métal que l’on veut étudier. Le métal peut être
introduit de deux manières, soit en produisant l’arc entre des mor-
ceaux du métal lui-même, soit en employant des charbons creux dans
l’intérieur desquels on place un morceau du métal, ou un sel aussi
378
réfractaire que possible. Le premier procédé convient pour les métaux peu fusibles, tels que le rer ; le second, pour les corps fusibles
ou volatils.
Les spectroscopistes de l’école américaine font un fréquent usage, de cette source; en France, elle est beaucoup moins répandu et méri-
terait d’être plus employée, quoi qu’elle ne présente pas tous les
caractères de la stabilité. Elle est fort brillante, mais son éclat, sou-
vent fort variable d’un instant, à l’autre, est un obstacle à son usage, surtout si l’on opère par observation directe et non par photographie.
,
Avec certains métaux on a des raies assez fines : l’arc au fer, par
exemple, donne des interférences au-delà de 10 millimètres de diffé-
rence de marche, pour certaines raies tout au moins. Son spectre peut fournir un ensemble de points de rcpère ; nous avons déterminé les longueurs d’onde d’un certain nombre de ces raies ; ces résultats
seront donnés dai;s un mémoire ultérieur.
FIG. 1.
L’arc produit entre un bain de mercure comme électrode positive,
et un crayon de charbon comme électrode négative, nous a donné de
très bons résultats, pour les interférences à petites différences de marche. L’appareil tel qu’il est construit par M. Pellin est représenté
par la figure ci-contre (t(q. 1). La lumière obtenue est très brillante,
se prête bien aux projections en lumière monochromatique, très
stable; grâce à la présence d’une raie violette, on peut opérer par
379
photographie ; il existe même une ou plusieurs raies ultra-violettes dont il est nécessaire de se débarrasser ; on le peut facilement en
interposant sur le trajet du faisceau une cuve contenant une dis-
solution de sulfate de quinine.
L’intensité du courant est de 8 à 10 ampères ; le voltage, d’sine
trentaine de volts.
FtG. 2.
_