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Génie créateur face à genius loci : les artistes polonais et leurs promenades à travers la France au tournant du XXe siècle

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Academic year: 2021

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Muse´e d’Art ame´ricain Giverny

GE

´NIE CRE

´ATEUR FACE A` GENIUS LOCI :

LES ARTISTES POLONAIS

ET LEURS PROMENADES A

` TRAVERS

LA FRANCE AU TOURNANT DU XXe SIE

`CLE

La notion du Genius loci ou de l’esprit du lieu a sa place le´gitime dans le discours sur l’histoire de l’art du XIXe sie`cle, celui-ci e´tant marque´ par le renouveau de la peinture de paysage. Les conse´quences de cette pre´occupation des artistes sont nombreuses : l’observation de plus en plus rapproche´e de la nature ne´cessitant le travail en plein air, « sur motif », un motif re´el, existant, d’ou` l’importance des endroits inte´ressants, attrayants et pittoresques. Les artistes ne s’inte´ressent pas uniquement a` la beaute´ du paysage campagnard, mais aussi a` ses habitants et a` leurs occupations. L’ide´e seme´e par les romantiques, adopte´e par les positivistes, impose la recherche de l’authenticite´ dans le peuple, sa culture et son art. La fatigue entraıˆne´e par l’urbanisation du mode de vie des classes moyennes, dont les cre´ateurs sont issus pour la plupart, leur fait quitter la ville, surtout a` la belle saison et chercher du repos a` la campagne, ou` ils peuvent se regrouper, travailler ensemble, e´changer des ide´es.

Les crite`res de choix des endroits pour travailler sont multiples. La beaute´ du paysage est certainement le facteur de´terminant, mais l’hospitalite´ des populations locales, le couˆt de la vie, l’e´loignement des grands centres urbains, notamment de Paris, les modes de transport disponibles (ce n’est pas un hasard que les premie`res destinations des voyages artistiques aient e´te´ relativement loin de Paris et facilement accessibles par le train) e´taient aussi pris en compte. Enfin, la re´putation « artistique » de l’endroit jouait un roˆle important et pouvait se transformer par le « bouche a` oreille » en phe´nome`ne de mode. Les condi-tions pour que le Genius loci puisse ope´rer e´taient nombreuses et complexes. Cependant, plusieurs endroits en France les ont re´unies.

La foreˆt de Fontainebleau attire des artistes de`s le XVIIIe sie`cle, mais c’est dans les anne´es 1830-1880 que des peintres, dont The´odore Rousseau, Jean-Franc¸ois Millet, Camille Corot ou Narcisse Diaz de la Pena y travaillent sur la

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nouvelle conception de la repre´sentation du paysage. Ils e´taient suivis par de nombreux e´trangers : belges, roumains, suisses, italiens, allemands, hongrois, ame´ricains ou hollandais1. L’e´cole de Barbizon commence a` perdre sa force d’attraction dans les anne´es 1870. Les impressionnistes s’y rendent encore, mais ils vont chercher leur Genius loci ailleurs. Ils se dirigent vers l’ouest de Paris et explorent les environs de la capitale, comme Asnie`res, Argenteuil ou Auvers-sur-Oise. La Seine les ame`ne vers le village de Giverny ou` Claude Monet (1940-1926) s’installe en 1883 et une colonie artistique internationale se forme. D’autres endroits en Normandie ont e´galement plu aux artistes, en particulier les boucles de la Seine, Rouen et sa vieille ville, enfin la coˆte et ses villes et villages. De`s les anne´es 1830, la Bretagne est fre´quente´e par des intellectuels et des artistes, en particulier par les Britanniques et les Ame´ricains. Paul Gauguin (1848-1903) et ses e´le`ves formant l’Ecole de Pont-Aven a` la fin du sie`cle rendent cette re´gion incontournable pour les cre´ateurs. En Provence, une e´cole de paysage existe bien avant Paul Ce´zanne (1839-1906), mais c’est lui qui a introduit dans la me´moire collective des peintres (et du public) la montagne Sainte-Victoire, le Jas de Bouffan ou le Chaˆteau noir. La de´couverte de Saint-Tropez en 1892, meˆme si plusieurs artistes y ont travaille´ auparavant, est due a` Paul Signac (1863-1935), un navigateur passionne´ qui y a trouve´ un havre suˆr pour son bateau l’Olympia. La personnalite´ et la renomme´e de l’artiste y attirent d’autres cre´ateurs, notamment du mouvement ne´o-impressionniste, comme Maximilien Luce (1858-1941), The´o van Rysselberghe (1862-1926), puis en 1904, Henri Matisse (1869-1954), enfin Pierre Bonnard (1867-1947). Au Sud-Ouest, le petit port de Collioure, dans le Roussillon doit sa renomme´e a` Henri Matisse, tandis que le village de Ce´ret dans les Pyre´ne´es est fre´quente´ par les cubistes. Meˆme Murols2, un village perdu d’Auvergne, attire des artistes, par rapport auxquels la notion d’« e´cole » commence a` eˆtre utilise´e aujourd’hui.

A la fin du XIXe sie`cle, Paris devient le centre artistique du monde qui accueille des cre´ateurs de diverses nationalite´s, dont une importante commu-naute´ polonaise. Ses membres habitent3, se forment, travaillent et exposent dans

1 Parmi les Belges : Xavier (1818-1896) et Ce´sar (1823-1904) de Cock, Hippolyte Boulenger (1837-1874), fondateur de l’e´cole de Tervu¨ren, parmi les Roumains : Ioan Andreescu (1850-1882), Nicolae Grigorescu (1838-1907), parmi les Suisses : Karl Bodmer (1809-1893), Men, Sutter, parmi les Allemands : Max Liebermann (1847-1935), parmi les Hongrois : Mihaly Munkacsy (1844-1900), parmi les Ame´ricains : William Morris Hunt (1824-1879) ou Theodore Robinson (1852-1896).

2 Aujourd’hui Murol. 3

L’analyse des adresses des artistes polonais de´montre qu’ils habitaient rarement en dehors de Paris, en banlieue, en re´gion parisienne ou en province. Jusqu’a` la fin des anne´es 1920, les absences de la capitale n’e´taient que temporaires, comme celle de Jan (Jean) Peske´ (1870-1949) pour des raisons de sante´ ou celle de Moı¨se Kisling en 1913, lors de son se´jour a` Ce´ret, pour des raisons

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la capitale. La question est de savoir si Paris e´tait l’unique destination de ces cre´ateurs une fois installe´s en France. Etaient-ils enclins a` explorer la province ? Que faisaient-ils de leurs vacances, rentraient-ils au pays natal ou bien suivaient-ils l’exemple de leurs colle`gues franc¸ais et e´trangers pour de´couvrir des re´gions franc¸aises ? Autrement dit, se laissaient-ils se´duire par le Genius loci local ?

La re´ponse a` toutes ces questions n’est pas aise´e. Meˆme si les recherches concernant la communaute´ artistique polonaise en France progressent, leurs de´buts sont relativement re´cents4. Ces recherches sont encore a` leur stade initial, celui de « la recherche fondamentale », consistant dans le repe´rage et la constitution d’un corpus d’artistes et d’un corpus d’œuvres qui serviront ensuite de base a` l’interpre´tation. Domine´ pendant longtemps par une approche monographique, ne´cessaire dans cette phase, ce sujet ne connaıˆt des tentatives d’une approche collective, transversale que depuis une dizaine d’anne´es.

L’e´tape de recherche fondamentale et l’e´tendue du champ d’investigation5 ont focalise´ l’inte´reˆt des chercheurs sur l’aspect parisien de l’activite´ de la colonie polonaise. L’importance accorde´e a` Paris, le centre politique et administratif de la France, dote´ d’une sce`ne artistique anime´e et riche en diffe´rents types d’expositions, d’un marche´ en pleine croissance, des structures d’enseignement artistique adapte´es aux besoins de diffe´rentes cate´gories d’adeptes et ge´ne´rant de nouvelles tendances dans l’art nous paraıˆt justifie´e. La beaute´ de la capitale inspire les cre´ateurs. Ils sont tre`s nombreux a` la repre´senter, en commenc¸ant par les nocturnes de Aleksander Gierymski (1850-1901), comme L’Ope´ra de Paris la nuit, Le Louvre la nuit ou Le soir au bord de la Seine6 ou ceux de Ludwik de Laveaux (1868-1894), dont Le cafe´ parisien la nuit ou Le Moulin

artistiques. Nous ne savons pas pourquoi Celina Sunderland (1887-1956), peintre et graveur, e´le`ve de l’Acade´mie Julian a` Paris, habitait a` Cannes en 1914, ni pourquoi Kazimierz Zieleniewski (1906-1988) vivait a` Saint-Jean-de-Luz en 19223. Il faut noter que meˆme Władysław Ślewinski (1854-1918), dont nous savons qu’il e´tait e´tabli a` Doe¨lan en Bretagne, indiquait dans les catalogues des salons une adresse parisienne. Faisait-il ainsi seulement dans le souci de ne pas de´courager des acheteurs potentiels ou bien ne voulait-il pas paraıˆtre « artistiquement » provincial ?

4 La recherche sur la colonie artistique en France, entreprise dans les anne´es 1950, a` une e´poque peu favorable, pour des raisons politiques, au travail sur la diaspora artistique a` l’Occident, a e´te´ domine´e pendant une longue pe´riode par l’approche monographique. Un tournant dans ce domaine s’ope`re apre`s les changements politiques en Pologne de la fin des anne´es 1980 et les quinze dernie`res anne´es ont apporte´ de nombreuses expositions et ouvrages.

5 Mes recherches ont permis de recenser pre`s de 700 artistes polonais ayant effectue´ un se´jour en France sur une pe´riode de 30 ans, de 1890 a` 1918, cf. Ewa Bobrowska-Jakubowski, Le milieu

des artistes polonais en France 1890-1918. Communaute´s et individualite´s, the`se de doctorat

en histoire de l’art, dir. Franc¸oise Levaillant, Universite´ Paris I Panthe´on-Sorbonne, 2001. 6 Aleksander Gierymski, L’Ope´ra de Paris la nuit, 1891, Muse´e national de Varsovie ;

Le Louvre la nuit, 1892, Muse´e national de Poznań ; Le soir au bord de la Seine, 1893, Muse´e

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Rouge la nuit7. Les deux peintres sont e´blouis par la vie nocturne de la ville, l’effet des lumie`res artificielles, les contrastes des zones claires et sombres. Si Gierymski est sensible a` la beaute´ architecturale des monuments parisiens, de Laveaux veut plutoˆt pe´ne´trer l’atmosphe`re de la ville, rendre compte de la joie de vivre et des plaisirs qu’elle offre (meˆme si sa situation mate´rielle ne lui permet pas d’en profiter lui-meˆme), en e´voquant par exemple le Moulin Rouge, un nouveau lieu a` la mode, ouvert a` peine trois ans avant que l’artiste ne l’ait fixe´ dans sa peinture. De Laveaux est captive´ par le progre`s qui marque la ville : la tour Eiffel construite en 1889 apparaıˆt dans son œuvre de´ja` en 18908. Józef Pankiewicz est aussi un grand admirateur de Paris de`s sa premie`re visite en 1889/1890 couronne´e d’une œeuvre Le Marche´ aux fleurs devant la Madeleine9, repeinte sous l’influence de l’impressionnisme. L’artiste choisit des motifs pittoresques, par exemple les ponts sur la Seine et les pre´sente aussi bien en pein-ture qu’en gravure. Un autre graveur de renom, Konstanty Brandel (1880-1970) donne une vision tre`s personnelle des monuments de la capitale, en particulier de la cathe´drale Notre-Dame10, mais aussi de l’Arc du Triomphe ou du Sacre´ Cœur. Dans ses fantaisies, Brandel se sert des fragments des plus beaux e´difices en les interpre´tant a` sa manie`re. Certains motifs sont plus affectionne´s que les autres, comme le Sacre´ Cœur11, la Seine12et ses ponts13, le Jardin et le Palais de Luxembourg repre´sente´s entre autres par Stanisław Wyspiański (1869-1907), Jan Rubczak (1884-1942), Bolesław Buyko (1876-1940)14. Meˆme ceux qui ne s’inte´ressent pas au paysage, comme Olga Boznańska (1865-1940)15, tombent sous le charme de la ville et la repre´sentent.

Il serait tout de meˆme errone´ de limiter l’activite´ des artistes polonais a` la seule ville de Paris. Pour sonder leur activite´ en dehors de la capitale, beaucoup

7 Ludwik de Laveaux, Le cafe´ parisien la nuit, apre`s 1890, Muse´e national de Varsovie ;

Le Moulin Rouge la nuit, 1892, Muse´e national de Poznań.

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Ludwik de Laveaux, Vue de Paris avec la tour Eiffel, 1890, Muse´e national de Cracovie. 9 Józef Pankiewicz, Le Marche´ aux fleurs devant la Madeleine, 1890, Muse´e national de Poznań.

10 Konstanty Brandel, Nef noire, 1915, Nef claire, 1915 ; Notre-Dame de Paris, 1916. 11 Bolesław Buyko, Rue Laffitte (Vue sur Montmartre), vers 1904, lieu de conservation actuel inconnu.

12 Odo Dobrowolski, La neige sur les bords de la Seine, 1911.

13 Henryk Epstein (1891 ou 1892-1944), Vue de Paris, vers 1915 ; Bolesław Buyko, Pont

Royal et Pont Saint-Michel expose´s au Salon des Inde´pendants en 1908.

14 Bolesław Buyko, Au jardin du Luxembourg, expose´ au Salon des Inde´pendants en 1909, Artur Markowicz, Au Luxembourg, pastel expose´ au Salon d’Automne de 1903, Zenobiusz Cerkiewicz, L’Alle´e au jardin du Luxembourg, expose´ au Salon des Inde´pendants en 1911.

15 Olga Boznańska, Eglise de Saint-Louis des Invalides, 1898, coll. particulie`re ou Motif de

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moins connue, nous avons effectue´ une analyse, en nous basant sur les e´tudes monographiques disponibles, dont le nombre n’est toujours pas satisfaisant pour un corpus d’environ 700 artistes, ainsi que sur les catalogues d’expositions et de salons fournissant des titres d’œuvres expose´es a` partir desquels il est possible de de´duire les de´placements de leurs auteurs a` travers la France.

Dans les anne´es de plein essor de l’Ecole de Barbizon, la destination favorite des Polonais est plutoˆt Munich et non pas la France. L’un des premiers artistes polonais e´tablis en France e´tait Józef Szermentowski (1833-1876). Arrive´ en 1860, en sa qualite´ de paysagiste, il comprend rapidement l’importance du travail collectif international en train de s’accomplir dans la foreˆt de Fontainebleau et ne tarde pas a` s’y rendre. C’est aussi le cas de Paweł (Paul) Merwart (1855-1902), peintre issu d’une famille franco-polonaise, introduit dans le cercle de l’Ecole de Fontainebleau par Philippe Rousseau (1816-1887) et Henri Joseph Harpignies (1819-1916) vers 1880. Une plaque situe´e au niveau de la caverne d’Angas rappelle aujourd’hui qu’il y peignait souvent. Władysław Ciesielski (1845-1901) se re´fugie en France apre`s l’e´chec de l’insurrection des Polonais en 1863, dite l’Insurrection de janvier. Il fait ses e´tudes a` l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et expose a` partir de 1877. En 1886, il peint Le Chemin a` la solitude a` Fontaine-bleau, aujourd’hui au Muse´e National de Cracovie. Deux ans plus tard, il montre au Salon des Inde´pendants d’autres paysages de la foreˆt de Fontainebleau, dont des endroits les plus appre´cie´s par les artistes, comme Le Nid d’amour et Pre`s de la route des artistes (foreˆt de Fontainebleau). Le tableau Foreˆt de Fontainebleau16, une sorte de portrait rapproche´ de la nature peint dans une gamme brunaˆtre par Anna Bilińska (1857-1893), e´le`ve particulie`rement doue´e de l’Acade´mie Julian, arrive´e a` Paris en 1882, de´montre que son auteur a suivi de pre`s les nouvelles tendances de la peinture de paysage. Jan (Jean) Peske´, en France depuis 1890, de´couvre la re´gion lors de sa convalescence de quelques mois en 1904/1905. Il s’y installe par la suite pour plusieurs anne´es et renoue avec la tradition de la peinture du paysage. La Foreˆt de Fontainebleau reviendra dans de nombreuses œuvres que le peintre exe´cutera sur papier, comme La Mare aux fe´es, ou Rochers en foreˆt de Fontainebleau17, ainsi que dans ses gravures. C’est Anna Bilińska de´ja` cite´e qui a vraisemblablement inaugure´ les se´jours polonais en Normandie dans les anne´es 1880, comme en te´moigne son tableau Les Cliffs a` Pourville-sur-Mer18. La re´gion a e´te´ fre´quente´e aussi par la peintre Caroline Grabowska (1861-1920). Józef Pankiewicz repre´sente Rouen dans ses

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Anna Bilińska, Foreˆt de Fontainebleau, 1890, h/b, coll. Bibliothe`que Polonaise de Paris. 17 Jan (Jean) Peske´, La Mare aux fe´es, vers 1905, encre de Chine et gouache, deux versions ;

Rochers en foreˆt de Fontainebleau, vers 1905, aquarelle, coll. particulie`re.

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eaux-fortes19 de 1904. En 1907, il visite la coˆte normande, dont Honfleur, Saint-Vale´ry-en-Caux et l’Abbaye du Mont Saint-Michel20. En 1912, il passe deux mois d’e´te´ a` Giverny, au sein de la colonie artistique internationale. Ce se´jour s’explique probablement par la proximite´ du peintre franc¸ais Pierre Bonnard, proprie´taire d’une maison a` Vernonnet situe´ a` 3 km a` peine de Giverny, avec lequel Pankiewicz e´tait lie´ d’amitie´. D’ailleurs, a` la diffe´rence des œuvres de nombreux peintres ame´ricains travaillant a` Giverny, proches de l’impression-nisme de Monet, les tableaux que Pankiewicz exe´cute alors, dont Une rivie`re en Normandie, Le paysage de Giverny, et Meules − Paysage de Normandie (Peupliers)21, renvoient plutoˆt a` l’approche postimpressionniste de Bonnard. La Normandie fut aussi visite´e par Jan Rubczak, comme en te´moignent sa gravure La grande horloge Louis XV a` Rouen de 1908 et un dessin Paysage de Normandie22. Rubczak serait aussi l’un des rares, si ce n’est pas le seul, parmi les artistes polonais a` avoir travaille´ a` Auvers-sur-Oise23, une petite ville rendue ce´le`bre par le peintre Charles-Franc¸ois Daubigny (1817-1878), puis par les impressionnistes rec¸us par le docteur Gachet, ce´le`bre amateur et collectionneur, et enfin par Vincent van Gogh (1853-1890).

La seule e´tude plus syste´matique qui a e´te´ entreprise jusqu’alors sur la pre´sence artistique polonaise en France en dehors de Paris concerne la Bretagne. Cette re´gion a de´ja` suscite´ l’inte´reˆt de Władysława Jaworska a` l’occasion de ses recherches sur les peintres Władysław Ślewiński et Tade´ Makowski (1882-1932)24. De´passant l’inte´reˆt national, la chercheuse a couronne´ ses investigations

19 Cf. Catalogue de peinture, dessin, sculpture, gravure, architecture et arts de´coratifs :

expose´s au Grand Palais des Champs-Elyse´es du 15 oct. au 15 nov. 1904 / Socie´te´ du Salon

d’automne, Evreux, C. Herissey, 1904 : No1928− Le Portrait de Saint-Maclou. Rouen ; no1929

− Le Pont Corneille. Rouen ; no

1930− Le Cours-la-Reine. Rouen.

20 Cf. Catalogue des ouvrages de peinture, sculpture, dessin, gravure, architecture et art

de´coratif : expose´s au Grand Palais des Champs-E´ lyse´es du 1er au 22 oct. 1907 / Socie´te´ du Salon

d’automne, Paris, Compagnie franc¸aise des papiers-monnaie, 1907 : No

1370.− Le Clocher Sainte

Catherine a` Honfleur, eau-forte ; No1372.− La Coˆte de Graˆce a` Honfleur, eau-forte ; No1373

− L’Abbaye du Mont-Saint-Michel, eau-forte.

21 Józef Pankiewicz, Une rivie`re en Normandie, 1912, h/t, Muse´e de Mazovie, Płock ; Le

pay-sage de Giverny, 1912, h/t, Muse´e national, Cracovie ; Meules− Paysage de Normandie (Peupliers),

vers 1912, h/t, Muse´e national de Kielce.

22 Catalogue des ouvrages de peinture, sculpture, dessin, gravure, architecture et art de´coratif :

expose´s au Grand Palais des Champs-E´ lyse´es du 1er oct. au 8 nov. 1912 / Socie´te´ du Salon

d’automne, Paris, Impr. Kugelmann, 1912.

23 Catalogue de la 29e exposition, 1913 : [du 19 mars au 18 mai] / Socie´te´ des artistes inde´pendants, Paris, L’Emancipatrice, 1913 : Jan Rubczak, Paysage a` Auvers-sur-Oise.

24 Władysława Jaworska, Tadeusz Makowski, polski malarz w Paryżu (Tadeusz Makowski, un peintre polonais a` Paris), Wrocław, Varsovie, Cracovie, Gdańsk, Zakład Narodowy imienia Ossolińskich, 1976 ; Władysława Jaworska, Władysław Ślewiński, Varsovie, KAW, 1984 et autres.

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par des e´tudes sur l’Ecole de Pont-Aven25. Plus tard, la pre´sence polonaise dans la re´gion a e´te´ de´crite dans un article de « repe´rage » de Xavier Deryng « Artistes polonais en Bretagne 1890-1927 »26. Une importante exposition pre´sente´e au Muse´e de´partemental breton de Quimper en 2004 a repris des e´le´ments de´ja` e´tablis, les a enrichis et a permis un regard plus synthe´tique27. Ainsi, il a e´te´ constate´ que les Polonais e´taient nombreux, environ une centaine, a` effectuer un se´jour en Bretagne. Selon Barbara Brus-Malinowska, les voyages des artistes polonais en Bretagne ont e´te´ initie´s par trois jeunes e´tudiantes de l’Acade´mie Julian a` Paris, Zofia Stankiewicz (1862-1948), Maria Dulęba (1861-1919) et Anna Bilińska28, mais la mode a e´te´ ve´ritablement lance´e par Władysław Ślewiński. La rencontre de Ślewiński avec Paul Gauguin et Paul Se´rusier (1864-1927), ainsi que son premier voyage a` Pont-Aven en 1889 furent de´cisifs. Ślewiński adopte le synthe´tisme de Gauguin et se rend re´gulie`rement au Pouldu dans les anne´es 1890-1896. Il s’y fixe de 1896 a` 1905. Apre`s un se´jour en Pologne de 1905 a` 1910, il s’e´tablit a` Doe¨lan et son manoir devient un lieu d’accueil des artistes polonais. Son œuvre te´moigne d’une fascination non seulement pour le paysage de la coˆte bretonne, dont il a fait de tre`s nombreuses vues29, mais e´galement pour le folklore local30. Ślewiński n’est pas le seul parmi les artistes polonais a` habiter d’une fac¸on permanente en Bretagne. Samuel Hirszenberg (1865-1908) vit a` Perros-Guirec et Janina Bobińska-Brzezińska a` Tre´boul. En 1912, un groupe de Polonais, dont Tade´ Makowski, Leopold Gottlieb (1879-1934), Mela Muter (1876-1967) et Moı¨se Kisling travaillent ensemble durant l’e´te´ a` Audierne et rendent visite a` Ślewinski a` Doe¨lan, tout proche. Au de´but de la 1e`reguerre mondiale, Tade´ Makowski et Mela Muter, contraints de quitter la capitale franc¸aise, trouvent refuge en Bretagne. Jusqu’en 1912, nous reconnaissons dans les œuvres des jeunes Polonais l’empreinte du synthe´tisme de Gauguin − de larges taches de couleur sans modele´, des formes cerne´es d’un contour line´aire sombre − transmis par Ślewiński. La Coˆte en Bretagne,

25 Władysława Jaworska, W kręgu Gauguina. Malarze Szkoły Pont-Aven (Dans le cercle de

Gauguin. Les peintres de l’Ecole de Pont-Aven), Varsovie, 1969; Władysława Jaworska, Gauguin et l’E´ cole de Pont-Aven, Neuchaˆtel, Ides et Calendes, 1971; Władysława Jaworska, Gauguin and the Pont-Aven School, London, Thames and Hudson 1972, New York, New York Graphic Society,

1972.

26 Xavier Deryng, « Artistes polonais en Bretagne 1890-1927 », dans Artistes e´trangers a`

Pont-Aven, Concarneau et autres lieux de Bretagne, Rennes, 1989.

27 Peintres polonais en Bretagne (1890-1939), Editions Palantine, Muse´e de´partemental breton, Quimper, 2004.

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Barbara Brus-Malinowska, « La Bretagne et les artistes polonais », dans Peintres polonais

en Bretagne (1890-1939), Editions Palantine, Muse´e de´partemental breton, Quimper, 2004, p. 15.

29 Władysław Ślewiński, La plage rouge, 1903, Muse´e des Beaux-Arts, Rennes. 30

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1906 de Gustaw Gwozdecki (1880-1935), Le Pouldu, 1909 de Henri Hayden (1883-1970) ou Vue d’un endroit en Bretagne a` contre-jour, 1912 de Jan Rubczak en sont de bons exemples. Puis, leur regard change en fonction de la direction plastique qu’ils prennent. Hayden cite´ ci-dessus montre dans son Paysage de Bretagne de 1914 un inte´reˆt pour la peinture de Ce´zanne et des cubistes. La vision de Louis Marcoussis (1878-1941), arrive´ en Bretagne seulement en 1927, sera aussi cubiste31.

Les raisons de l’attirance des Polonais par la Bretagne ont e´te´ multiples : la nature majestueuse et diversifie´e, la fascination pour la puissance de la mer, l’e´le´ment souvent mal connu des Polonais venant des provinces prive´es de coˆtes, mais aussi le passe´ celte, entoure´ des le´gendes. Ils s’inte´ressaient e´galement au peuple breton, a` sa vie rude, marque´e par le danger et le drame venant de la mer, comme le de´montre la se´rie de peˆcheuses bretonnes32de Władysław Wankie (1860-1925), tre`s proche de la se´rie du peintre ame´ricain John Singer Sargent (1856-1925) ou de nombreux portraits de ses voisins bretons qu’on doit a` Władysław Ślewiński. D’autres sont attire´s par la beaute´ et l’exotisme des costumes traditionnels, en particulier par les coiffes et les dentelles porte´es par les femmes33. Certains, comme Mela Muter, allaient jusqu’a` les porter. A la meˆme e´poque, on observe d’ailleurs la meˆme fascination des artistes polonais pour les costumes populaires de Pologne, par exemple ceux des Huculs chez Kazimierz Sichulski (1879-1942) ou des Cracoviens chez Stanisław Wyspiański ou Włodzimierz Tetmajer (1861-1923).

Si, contrairement a` ce qu’affirme Denise Delouche34, l’un des attraits importants de la Bretagne pour les Polonais a e´te´ le folklore, le Midi et ses villes et villages les attiraient par l’exotisme du paysage, sa luminosite´ et ses couleurs. Jan (Jean) Peske´ s’y est rendu vraisemblablement le premier, incite´ a` venir a` Saint-Tropez en 1895 par Paul Signac. Le tableau que le Polonais peint alors, Saint-Tropez vu du phare vert35, est proche du style du maıˆtre

31 Louis Marcoussis, La Gare de Ke´rity, 1927 ; Le Port de Ke´rity, 1927, Muse´e des Beaux-Arts de Rennes, de´poˆt du Muse´e national d’art moderne, Paris.

32 Władysław Wankie (1860-1925), Peˆcheuse bretonne, 1893-1894.

33 Cf. par exemple Bolesław Szańkowski, Bretonne, 1902 ; Moı¨se Kisling, Bretonne, 1927 ; Tamara Lempicka, Bretonne, 1934.

Notons aussi que le tableau de Olga Boznańska, La Bretonne, expose´ au Salon de la Socie´te´ nationale des Beaux-Arts de 1900 n’est probablement pas celui repre´sentant une jeune femme assise dans l’embrasure de la feneˆtre, un village avec une tour d’une e´glise au fond, comme le conside`rent certains auteurs polonais, mais le portrait d’une femme en costume noir traditionnel avec une coiffe blanche, conserve´ actuellement dans une collection prive´e aux Etats-Unis.

34 Cf. Denise Delouche, « Les artistes polonais a` la de´couverte de la Bretagne : une vision originale », dans Peintres polonais en Bretagne (1890-1939), op. cit.

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ne´o-impressionniste : de petites touches de couleur pure, une palette claire et chaude. Peske´ revient dans le Midi dans les anne´es 1909-1911. Il peint alors non seulement les paysages, mais aussi la flore et la faune typique de la re´gion : la pine`de, les oliviers, les cheˆnes-lie`ges, les che`vres, ainsi que des me´tiers locaux comme celui de racleur de lie`ge dans une se´rie expose´e en 1909-191036. Peske´ sera suivi par de nombreux artistes : en 1908, Władysław Granzow (1872-apre`s 1932), expose au Salon d’Automne une peinture intitule´e Au bois d’oliviers. La meˆme anne´e Pankiewicz inaugure ses se´jours a` Saint-Tropez, documente´s par de nombreuses vues de la re´gion, dont Le port de Saint-Tropez ou Le chemin a` Saint-Tropez37.

Une autre petite ville de Provence prise´e par les artistes e´tait Sanary-sur-Mer, situe´e entre Marseille et Toulon, de´couverte pour le milieu polonais vraisemblab-lement par la peintre Irena Hassenberg (dite Reno) (1884-1953) en 1909 ou 1910. En te´moignent ses deux tableaux Une rue a` Sanary et une Place a` Sanary expose´s a` la Galerie Devambez et au Salon d’Automne en 1910, puis un autre, Village de Sanary, montre´ au Salon Inde´pendants de 1911. Pankiewicz y travail-lera de`s les anne´es 1920 et laissera de nombreuses vues de cette re´gion, dont La maisonnette au milieu des vignobles, Sanary, 1924. L’artiste qui approche alors la soixantaine ne suit plus, dans ses choix esthe´tiques, les modes du jour, mais revient a` la souplesse des formes et la chaleur du coloris limite´ a` une gamme orange et brune d’un maıˆtre de sa jeunesse, Auguste Renoir. Kisling fre´quentera Sanary a` la meˆme e´poque et y construira une maison en 1926. Il y mourra en 1953. D’autres petites villes coˆtie`res, comme Cassis, Tarascon ou Martigues sont e´galement visite´es par les Polonais.

Le milieu polonais doit la de´couverte de la re´gion des Pyre´ne´es, et notam-ment du petit port de Collioure encore une fois a` Jan (Jean) Peske´. Peske´ s’y rend de`s 1894. Il en laissera de tre`s belles vues, comme celles de la pittoresque e´glise de Collioure (eaux-fortes, datant des premie`res anne´es du XXe sie`cle). Dans les anne´es 1912-1913, Kisling se´journe pendant plusieurs mois dans une petite ville, perdue au milieu de la montagne des Pyre´ne´es, Ce´ret, en compagnie de cubistes, dont Pablo Picasso, Georges Braque et Max Jacob38. Collioure accueillera Pankiewicz en 1914. Rubczak dut certainement passer par les Pyre´ne´es pendant la 1e`reguerre mondiale, puisqu’au Salon d’Automne de 1919 il expose Prats de Mollo. Les remparts39. Mela Muter s’est rendue fre´quemment

36 Cf. Marie-Elisabeth Loiseau (e´d.), Jean Peske´ 1870-1949, catalogue d’exposition, Paris, Somogy, 2002, p.87.

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Józef Pankiewicz, Le port de Saint-Tropez, 1909 ; Le chemin a` Saint-Tropez, 1909. 38 En te´moignent notamment les titres de ses tableaux expose´s au Salon des Inde´pendants de 1913 : Paysage de Pyre´ne´es, Paysage et l’adresse de l’auteur (Ce´ret).

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dans les Pyre´ne´es Orientales, en 1918 a` Vernet-les-Bains, en 1919 a` Trayas40, puis a` partir de 1921, plusieurs anne´es de suite a` Collioure41, pour accompagner une riche Ame´ricaine a` laquelle elle apprenait la peinture et la langue franc¸aise. Elle e´voquait cette petite ville ainsi :

Collioure avec son port de peˆche plein de charme, a` la forme arrondie comme un fruit muˆr, plein de petits bateaux de couleurs diffe´rentes, avec sa tour de guet du XIe sie`cle transforme´e en clocher, avec les imposantes murailles du chaˆteau des Templiers qui longent le bord de mer, avec ses collines rougeaˆtres, jaunaˆtres, violettes, sur lesquelles une main invisible a accroche´ par-ci et par-la` des petits bouquets d’arbres ou de fermes roses, tout cela domine´ par la forteresse de Vauban qui se trouve, comme une couronne, sur la plus haute d’entre elles. /.../ On dirait que la nature s’est particulie`rement soucie´e de rassembler en cet endroit, d’une fac¸on artistique, tous les e´le´ments d’un chef-d’œuvre, et fatigue´e de cet effort, a ne´glige´ d’autres endroits42.

Les Polonais s’inspirent e´galement des paysages d’Auvergne, ou` travaillent Irena Luczyńska, Włodzimierz Terlikowski (1883-1951), Roman Kramsztyk et Tade´ Makowski, de la coˆte atlantique, et meˆme de Corse. En revanche, les paysages alpins jouissent aupre`s d’eux d’un succe`s mode´re´43.

Pour conclure, il faut dire que le Genius loci franc¸ais inspirait certainement les artistes polonais. L’analyse des titres des tableaux expose´s aux salons et autres expositions parisiens indique qu’ils pre´sentaient relativement rarement des paysages polonais, a` peine quelques vues de Zakopane, de Cracovie ou de la campagne. Meˆme si ces cre´ateurs sont tre`s attache´s a` la capitale franc¸aise, pour diverses raisons, et meˆme si leur situation financie`re est souvent pre´caire, leurs oeuvres te´moignent de leur impressionnante mobilite´, en particulier en France mais aussi a` l’e´tranger.

En France, ils choisissent des endroits qui jouissent d’une renomme´e certaine dans le milieu artistique international. De la Foreˆt de Fontainebleau, en passant par la Normandie, la Provence, l’Auvergne et les Pyre´ne´es, leurs traces se retrouvent partout. La Bretagne reste cependant leur destination de pre´dilection. Le plus souvent, ils de´couvrent ces endroits graˆce a` leurs confre`res franc¸ais ou e´trangers, familiers du pays. C’est le cas de Saint-Tropez pour Jan (Jean) Peske´,

40 Mela Muter, Paysage de Trayas, Les rochers rouges, 1921, coll. particulie`re, Pologne. 41 Mela Muter, Paysage de Collioure, 1925, Port de Collioure, 1927, coll. particulie`re, Pologne.

42

Mela Muter, cite´ d’apre`s : Kolekcja Bolesława i Liny Nawrockich. Mela Muter (1876-1967), cat. d’exposition, Muse´e national de Varsovie, 1994/1995, p. 36.

43 Leon Szpondrowski, Pont du Diable a` Brianc¸on, expose´ au Salon des Inde´pendants de 1907, Mela Muter, Paysage d’Avellard, Savoie, expose´ au meˆme salon en 1921.

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initie´ par Paul Signac ou de Józef Pankiewicz, initie´ par Pierre Bonnard a` Giverny. C’est aussi le cas de la Bretagne. Meˆme si Anna Bilińska et ses deux camarades de l’Acade´mie Julian sont probablement les premie`res parmi les Polonais a` s’y rendre, c’est Władysław Ślewinski initie´ par Gauguin qui lance la ve´ritable mode au sein de la colonie polonaise. Le fait qu’il y soit e´tabli, que sa maison fuˆt accueillante et que lui-meˆme soit conside´re´ comme un maıˆtre, joue un roˆle de´cisif. Enfin, les Polonais peignent e´galement dans des endroits moins connus au hasard des vacances et d’autres de´placements.

Il est tout de meˆme frappant qu’ils choisissent de pre´fe´rence des lieux, dont le paysage est pour eux peu familier, exotique, comme la Bretagne, la Provence ou les Pyre´ne´es. Le paysage de campagne, rappelant leur pays natal est beaucoup moins appre´cie´. C’est une des explications valables de l’absence des Polonais a` Giverny ou a` Grez-sur-Loing. Cependant, il nous semble que les Polonais choisissent leur destination de voyages selon des crite`res artistiques. Si vers 1890 ils effectuent leurs voyages artistiques plutoˆt a` Paris qu’a` Munich c’est parce que de nouvelles tendances dans l’art les y attirent. L’impressionnisme est alors une tendance de´ja` e´tablie, et la figure de Claude Monet appartient, d’une certaine fac¸on, de´ja` a` l’histoire. En Bretagne, ils recherchent le synthe´tisme de Gauguin ou les inspirations du mouvement Nabi. De meˆme, ils vont voir la Provence pour mieux comprendre Ce´zanne et le ne´o-impressionnisme. Et meˆme si Elżbieta Grabska les qualifie de « l’arrie`re-garde de l’avant-garde »44, ils e´taient toujours a` la recherche des nouveaute´s.

Pour la bibliographie de´taille´e du sujet, voir :

Bobrowska-Jakubowski Ewa, Le milieu des artistes polonais en France 1890-1918.

Communaute´s et individualite´s. The`se de doctorat en histoire de l’art. Dir. Franc¸oise

Levaillant, Universite´ de Paris-I Panthe´on-Sorbonne, 2001.

Bobrowska-Jakubowski Ewa, Artyści polscy we Francji 1890-1918. Wspólnoty i

indywi-dualności, Varsovie, DiG, 2004.

44 Cf. Elżbieta Grabska (e´d.), Autour de Bourdelle. Paris et les artistes polonais 1900-1918, catalogue d’exposition, Paris, Paris Muse´es, 1996.

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