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Academic year: 2022

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G U I D E S E C R E T

DE

VERSAILLES

PAR OLIVIER MIGNON

PREMIÈRE ÉDITION

R E N N E S

EDITIONS OUEST-FRANCE

RUE DU BREIL, 13

2 0 1 5

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HISTOIRE

DU CHÂTEAU DE LA VILLE ET

C H A P I T R E P R E M I E R

VERSAILLES AU

VAL DE GALIE – « UN CHÂTEAU POUR N’Y PLUS

COUCHER SUR LA PAILLE 

» – LE

CHÂTEAU DE MON PÈRE – UN

CHÂTEAU UN PEU ENVELOPPÉ OU L’ ART DE COUDRE LE BON ET LE

VILAIN ENSEMBLE – VILLENEUVE SAINT-LOUIS – UN « MONSTRE

EN BÂTIMENTS 

» – UN

VILLAGE DISPARAÎT – VERSAILLES

ABANDONNÉ ? – V ERSAILLES APRÈS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE –

RECONSTRUIRE VERSAILLES – VERSAILLES DANS LA TOURMENTE

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Lieu cité

Aile du Midi et aile du Nord

Grand commun

Quartier du Parc-aux-cerfs

Pavillon Dufour

Hôtel de la Préfecture

Village de Versailles

Château de Louis XIII

Communs de Louis Le Vau

L’Enveloppe de Louis Le Vau

Place d’Armes

Quartier Notre-Dame 1

2 3 4

7 8 9 10 5

6

11 6

5

9 1

8 7

7

11 10

4 2 3

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

« Un château

pour n’y plus coucher sur la paille »

Où l’on découvre comment le roi Louis XIII tomba amoureux d’un « château de cartes » !

C’est à Versailles que Louis XIII, âgé de presque 6 ans, participe à l’une de ses premières chasses. Adulte, le roi cherche une retraite loin des in- trigues de la Cour où il pourra chas- ser à son aise. Après s’être intéressé aux châteaux d’Issy et de Madrid au bois de Boulogne, il se prend pro- gressivement de passion pour le val de Galie et ses terres giboyeuses.

En 1623, le roi décide d’y faire construire un pavillon de chasse. La légende, entretenue par le duc de Saint-Simon, veut que Louis XIII l’ait fait construire pour éviter de coucher dans un méchant cabaret à rouliers

ou dans un moulin à vent. Le mar- ché est signé le 15 septembre avec le maître maçon parisien Nicolas Huau.

Le château de Versailles érigé par Philibert Le Roy représenté dans le plan de Paris de Jacques Gomboust, ingénieur du roi (1652).

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H I S T O I R E D U C H Â T E A U E T D E L A V I L L E

Il est chargé d’exécuter les plans réalisés par le roi. Le 9 mars 1624, Louis XIII, impatient d’y passer la nuit, fait venir son lit de Paris ! Les salles ne seront véritablement aménagées qu’à la fi n du mois de juillet.

Volontairement modeste, le château comprend un appartement pour le roi et des pièces pour ses compagnons de chasse. L’ensemble, construit en moel- lons crépis couverts d’ardoises sur une plate-forme entourée de fossés secs, forme un U composé d’un corps de logis et de deux ailes plus basses des- sinant une petite cour fermée par un portail. Des éléments de l’avant-cour

flanquée de tours rondes et des vestiges du jeu de courte paume de Louis XIII, construit en 1630 à l’empla- cement aujourd’hui occupé par la cour du Grand Commun, ont été exhumés en 2006-2007.

En 1631, le roi manifeste son désir d’agrandir sa résidence et d’en faire un château à la fois plus élégant et plus confortable. Ce second chantier est confi é au maître maçon Philibert Le Roy. Le 8 avril 1632, Louis XIII achète la seigneurie de Versailles au val de Galie et son vieux château à l’archevêque de Paris Jean-François de Gondi pour la somme de 66 000 livres.

Façade sur le jardin du second château de Louis XIII érigé par Philibert Le Roy et représenté par Israël Sylvestre vers 1662.

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Un « monstre en bâtiments »

Aménagé pour accueillir la Cour,

le château de Versailles obtint ses dimensions défi nitives qui fi rent de lui un palais démesuré.

En 1678, la France remporte la guerre de Hollande. Louis XIV signe la paix de Nimègue avec les Provinces- Unies et l’Espagne. C’est l’apogée du règne. Les dix années de paix qui vont suivre sont employées pour faire de Versailles l’éblouissante résidence du plus puissant souverain d’Europe.

À la faveur de cette nouvelle cam- pagne de construction, un jeune architecte de 32 ans fait son entrée au château : il se nomme Jules Hardouin-Mansart. Les travaux qu’il dirige sont les plus ambitieux jamais lancés à Versailles. Ils donnent au château sa physionomie défi nitive.

plus puissant souverain d’Europe. château sa physionomie défi nitive.

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H I S T O I R E D U C H Â T E A U E T D E L A V I L L E

Côté jardin, l’architecte condamne la terrasse comprise au premier étage entre les Appartements du Roi et de la Reine. À sa place, il aménage la Grande Galerie fl anquée par les salons de la Guerre et de la Paix.

Côté cour, les quatre pavillons des Secrétaires d’État sont assemblés deux à deux pour former les ailes des Ministres.

Au sud, dans le prolongement du château, l’aile des Princes est entre- prise. Elle est formée de deux longs bâtiments réunis par de petites ailes transversales. La façade côté jardin reproduit l’élévation du corps princi- pal du palais. La solution de dévelop- per le château en longueur plutôt que de le surélever suscite une fois encore la colère de Colbert : « Tout homme qui aura du goût de l’architecture, et à présent et à l’avenir, trouvera que ce château ressemblera à un petit homme qui aurait de grands bras, une grosse tête, c’est-à-dire un monstre en bâtiments. »

En mai 1682, la Cour s’installe défi - nitivement à Versailles qui devient alors la capitale offi cielle du royaume de France. Ceci a pour eff et de pré- cipiter les travaux. Jamais on ne

dépensa autant d’argent au château.

Alors que le château de Louis XIII n’avait coûté que 300 000 livres, celui de Louis XIV, entre 1664 et 1688, engloutit chaque année 1 million de livres sur les 100 millions du budget annuel de l’État. Jamais l’on n’y vit non plus autant d’hommes. En 1684, ils sont 22 000 à travailler au châ- teau, 36 000 l’année suivante. L’aile du Nord, destinée aux courtisans, est à son tour entreprise, portant la longueur du château à 671 mètres. Le dernier grand chantier de Louis XIV fut celui de la chapelle royale, ache- vée en 1710 par Robert de Cotte.

Page de gauche : Vue du chantier de Versailles attribuée à Adam Van der Meulen vers 1680.

Jules Hardouin-Mansart.

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LE CHÂTEAU

C H A P I T R E D E U X

LE

CHEF-D’ŒUVRE OUBLIÉ 

:

L’ESCALIER DES AMBASSADEURS –

L’

ANCIEN APPARTEMENT DES PLANÈTES – LA GRANDE GALERIE

ET LE MOBILIER DISPARU – NOUS NOUS DEVONS TOUT ENTIERS

AU PUBLIC ! – QUE RESTE-T-IL DE L’APPARTEMENT DES BAINS ? –

LA BELLE INDIENNE ET LE ROI-SOLEIL – LEMOYNE SE SUICIDE – QU’ON L’ARRÊTE ET

QU’ON NE LE TUE PAS ! – LE PLUS CÉLÈBRE

MEUBLE DU MONDE – LE SECRET DU ROI – DANS L’INTIMITÉ DES

FAVORITES – UN OPÉRA TANT ATTENDU – LE BAPTÊME DE L’AIR

DE MARIE-ANTOINETTE – LE MUSÉE DE L’HISTOIRE DE FRANCE

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Lieu cité

Salon d’Hercule

Passage entre la cour Royale et le parterre du Nord

Cabinet intérieur du roi

Cabinet des Dépêches ou arrière cabinet

Opéra royal

Cour d’honneur

Galerie des Batailles

Emplacement de l’escalier des Ambassadeurs

Appartement des Planètes

Grande Galerie ou galerie des Glaces

Chambre du roi

Appartement de madame Victoire à l’emplacement de l’appartement des bains 1

5 2 3

7

9 10

4 10

6 8 9

12

10 4

2 3

11 12 8 1er étage

Rez de chaussée

6 1

7 5

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

« Je reviens de Versailles. J’ai vu les beaux appartements ; j’en suis charmée […]

Tout est grand, tout est magnifi que, et la musique et la danse sont dans leur perfection…

Mais ce qui plaît souverainement, c’est de vivre quatre heures entières avec le souverain, être dans ses plaisirs et lui dans les nôtres ; c’est assez pour contenter tout un royaume qui aime passionnément à voir son maître. »

C

omme le souligne la marquise de Sévigné à l’occasion de son séjour à Versailles au début de l’année 1683, la vie du roi se déroulait en public. Chacun pouvait approcher le souverain dans la Grande Galerie ou bien l’apercevoir lors des levers, des couchers, ou des repas au Petit ou au Grand Couvert qui rythmaient sa journée conformément au rituel de l’étiquette. Le caractère public de la vie des monarques et de leur famille donna lieu à des scènes tout à fait étonnantes comme lors de la naissance de Madame Royale relatée par madame Campan, le 19 décembre 1778 : « L’étiquette de laisser entrer indistinctement tout ce qui se présentait au moment de l’accouchement des reines fut observée avec une telle exagération, qu’à l’instant où l’accoucheur Vermond dit à haute voix : ‘‘La reine va accoucher’’, les fl ots de curieux furent si nombreux et si tumultueux, que ce mouvement pensa faire périr la reine […] Il ne fut plus possible de remuer dans la chambre qui se trouva remplie d’une foule si mélangée qu’on pouvait se croire sur une place publique. Deux Savoyards montèrent sur des meubles pour voir plus à leur aise la reine placée en face de la cheminée, sur un lit dressé pour le moment de ses couches. »

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L E C H Â T E A U

Les espaces qui servaient de cadre à la vie publique du roi et de ses proches ont parfois connu de profonds changements. L’ordre des salons composant l’appartement des Planètes a été modifi é lors de la réalisation de la Grande Galerie malheureusement privée d’une partie de son décor au moment de la fonte du mobilier d’argent en 1689. Le splendide escalier des Ambassadeurs qui menait à l’appartement des Planètes a été détruit sous le règne de Louis XV.

Mais des espaces plus intimes sont toujours visibles comme, par exemple, dans les appartements intérieurs où le cabinet de la Pendule et le Cabinet intérieur du Roi abritent deux des plus célèbres meubles du monde. Non loin de là, le cabinet des Dépêches était au cœur des services secrets de Louis XV.

À l’étage supérieur, résident les appartements de madame de Pompadour et de madame du Barry, lesquels côtoient encore sous les combles quelques misérables réduits réservés à la domesticité des favorites du roi.

Lors des soirées d’appartement qui avaient lieu trois fois par semaine, Louis XIV recevait la Cour venue se divertir durant quelques heures dans l’appartement des Planètes. Le roi se livre ici à une partie de billard avec Monsieur, son frère.

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Lemoyne se suicide

Dans la soirée du 4 juin 1737, le premier peintre du roi s’empale

sur son épée.

Le premier grand chantier de Louis XV à Versailles fut la pour- suite des travaux du salon d’Hercule commencé sous Louis XIV à l’em- placement de l’ancienne chapelle. La création de ce magnifi que salon est un hommage rendu au goût du Roi- Soleil. Il refl ète fi dèlement le décor du grand appartement des Planètes qui s’ouvre à ses côtés : pilastres jumelés et placages de marbre polychromes sur les murs, cheminée monumen- tale ornée de bronzes d’une excep- tionnelle qualité, toiles de Véronèse dont l’immense Repas chez Simon off ert par la république de Venise.

Le plafond peint du salon est à la fois l’un des plus vastes du monde et, sans nul doute, l’un des plus beaux.

Le cardinal de Fleury était persuadé

que « ce morceau gâterait toutes les peintures de Versailles ». François Lemoyne consacra trois années de sa vie à la réalisation de cette magistrale composition collée sur la surface d’une voûte de bois et de plâtre. On avait tout d’abord pensé à peindre la Gloire de la monarchie française éta- blie et soutenue par les belles actions de nos plus grands rois. Finalement, le duc d’Antin, surintendant des Bâtiments, préféra renouer avec la mythologie, source d’inspiration des Grands Appartements de Versailles.

Il commanda donc au peintre une apothéose d’Hercule conduit vers l’Olympe. Là, Jupiter et Junon dans une lumière dorée de fi n de jour- née lui off rent la main de Hébé, sa future épouse, couronnée de fl eurs.

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L E C H Â T E A U

et épuisé par la tâche, François Lemoyne mit fi n à ses jours quelques mois après son achèvement. Le salon fut inauguré par un bal paré donné en 1739 à l’occasion des noces de la fi lle aînée du roi.

Les nombreux personnages réunis autour d’eux assistent à la scène, fl ot- tant dans un fascinant ciel en trompe l’œil. Le plafond du salon d’Hercule fut le chant du cygne de l’artiste.

Éprouvé par la mort de son épouse

L’apothéose d’Hercule réalisée entre 1733 et 1736 par le peintre François Lemoyne (détail).

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Un palais

pour des orangers

Servant d’assise à l’extrémité du parterre du Midi, l’Orangerie de Jules Hardouin-Mansart est l’une des pièces maîtresses de l’architecture du château.

La première orangerie établie par Louis Le Vau abritait, en hiver, les arbres favoris du roi qui possédait la plus belle collection d’Europe. Certains de ces arbres très rares, comme le Connétable, remontaient à l’époque

des guerres d’Italie. La réalisation de l’aile du Midi entraîne son déplacement et sa reconstruction à une plus grande échelle par Jules Hardouin-Mansart. Le nouvel édifi ce entièrement réalisé en belle pierre de taille est achevé en 1686.

Vue du bâtiment et du parterre de l’Orangerie.

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J A R D I N S E T P A R C D U C H Â T E A U

Il est composé d’une galerie principale fl anquée de deux galeries latérales en retour d’équerre situées sous les ma- jestueux escaliers des Cent Marches.

Chaque galerie coiff ée d’une voûte en berceau est éclairée par de grandes portes-fenêtres cintrées ouvertes sur le parterre de l’Orangerie. Avec ses 156 mètres de long, ce bâtiment hors du commun possède des dimensions dignes d’un palais. Le premier ambas- sadeur du roi de Siam Phra Narai venu le 1er septembre 1686 ne s’y est pas trompé. Il déclara lors de sa visite que

« la magnifi cence du roi était grande d’avoir fait un si superbe bâtiment pour servir de maison à des orangers ».

Une petite orangerie la complétait au pied de l’aile Sud du château. Outre la cuve de marbre de l’appartement des Bains et la statue équestre du Cavalier Bernin, on peut admirer dans la gale- rie principale de l’Orangerie une sta- tue de Louis XIV en pied représenté en empereur romain signée Martin Desjardins. En hiver, mille trois cents arbustes en caisse, orangers, citron- niers, grenadiers, lauriers-roses mais aussi palmiers, sont toujours réunis aujourd’hui sous sa monumentale voûte de pierre blonde. Les jardiniers qui en ont la charge les sortent au milieu du mois de mai et les rentrent à la mi-octobre.

Le parterre de l’Orangerie et la pièce d’eau des Suisses vus du parterre du Midi.

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Sous le règne de Louis XIII, le village de Versailles comptait approximativement trois cents habitants.

Aubergistes, marchands ou artisans, ils résidaient dans des chaumières établies sur la pente méridionale du plateau servant

de fondation au château.

D

ésireux de développer une véritable ville au pied de la butte, Louis XIV décide le 22 mai 1671 d’offrir les terrains à ceux qui voudraient s’installer à proximité du château à condition d’y construire. C’est l’acte de naissance de la ville de Versailles qui commence tout d’abord à se développer au nord, entre la place d’Armes et l’étang de Clagny, finalement asséché en 1736, à l’ombre de la paroisse Notre-Dame érigée par Jules Hardouin-Mansart. Louis XIV procède ensuite à l’expropriation des habitants de l’ancien village médiéval afin de raser leurs masures et de les remplacer par un autre quartier symétrique au quartier Notre-Dame.

Connu sous le nom de quartier Saint-Louis, cette partie de la ville, moins bien desservie, connut un développement moins rapide que le quartier établi au nord-est du château. Aujourd’hui encore, les anciens quartiers de Versailles recèlent une multitude de bâtiments qu’il faut prendre le temps de découvrir. Certains comme l’hôtel de la Chancellerie ou le pavillon des Sources montrent l’esthétique en usage dans les premières années de la ville royale. D’autres édifices à l’image du pavillon des Filtres, du réservoir Pluyette ou des étangs Gobert rappellent les efforts déployés pour apporter de l’eau bonne à boire aux Versaillais. La ville recèle rue de l’Indépendance- Américaine quelques-uns de ses bâtiments officiels les plus importants :

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L A V I L L E D E V E R S A I L L E S

le Grand Commun, l’hôtel de la Guerre, à l’épreuve des flammes, ou encore l’hôtel des Affaires étrangères qui abrite l’une des plus riches galeries de la ville. Les églises Notre-Dame et Saint-Louis offrent avec les chapelles de l’hôpital Richaud et du lycée Hoche un résumé de l’histoire de l’architecture religieuse des XVIIe et XVIIIe siècles. Enfin, après avoir visité des domaines plus intimes comme le très bel ensemble de Madame Élisabeth, il ne faut sous aucun prétexte manquer la visite de l’hôtel des Menus-Plaisirs, aujourd’hui Centre de musique baroque de Versailles, et du Jeu de Paume. Ces deux hauts lieux de l’histoire nationale rappellent le rôle joué par Versailles dans la Révolution française.

Vue aérienne de Versailles vers 1935.

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Le sérail de Louis XV

Sous le règne du « Bien-Aimé », l’ancien Parc-aux-cerfs de Louis XIII devint

une réserve de chasse un peu particulière.

Après les dernières années du règne de Louis XIV marquées par une grande austérité, Versailles se relâche. Le journal de Matthieu Marais s’en fait l’écho qui rappelle dans les premières années du règne de Louis XV les exploits de certains courtisans comme la duchesse de Retz.

Le chroniqueur déclare à son sujet :

« La duchesse de Luxembourg, sa mère, se donnait à tout le monde. Sa fi lle vou- lut faire de même. » Mettant son projet à exécution, l’insatiable duchesse fut bientôt surnommée « Madame Fiche- le-moi ». Marais écrivit encore : « On vit en débauche ouverte à Versailles […] on y voit régner tous les vices sous un roi mineur qui n’a point encore d’autorité […] Il y a débauche aussi des jeunes seigneurs entre eux et ils ne s’en cachent point. » Parvenu à sa majo- rité, Louis XV eut un grand nombre de maîtresses. Après avoir été sa favorite, madame de Pompadour aurait orga- nisé, avec la complicité de Dominique Guillaume Lebel, des rencontres entre le roi et de toutes jeunes femmes. Ces dernières étaient connues sous le nom de petites maîtresses car elles n’étaient Louis XV

par Maurice Quentin de La Tour.

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121 pas offi ciellement présentées à la Cour.

Lebel, premier valet de chambre du roi, partait « en reconnaissance à Paris pour y marchander un nouveau pucelage » comme le rappelle le marquis d’Argen- son. Les rencontres avaient ensuite lieu dans le quartier du Parc aux Cerfs, an- cienne réserve de chasse de Louis XIII.

Elles étaient assez fréquentes si l’on en croit le marquis surpris que le roi « dis- paraisse chaque jour quelques heures sans que l’on sache ce que devient le monarque ». Une petite maison sise au 4 de la rue Saint-Médéric passe pour avoir accueilli les amours du roi

avec les jouvencelles. L’une d’elles, Marie-Louise O’Murphy, est passée à la postérité immortalisée par le peintre Boucher dans le plus simple appareil et dans une pose particulièrement sugges- tive. Mais la simplicité de la maison, détruite en 1771, ne correspond pas avec les descriptions laissées par les contemporains. Au contraire, l’hôtel Collin, propriété d’un proche de la mar- quise de Pompadour, établie à l’angle de la rue Royale et de la rue Saint-Louis, pourrait, derrière ses hauts murs, avoir off ert le confort et la discrétion recher- chés par le roi.

Marie-Louise O’Murphy par François Boucher.

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Que reste-t-il des Menus-Plaisirs ?

En traversant la première cour du Centre de musique baroque, établi au 22, avenue de Paris, on se retrouve

à l’emplacement de l’hémicycle où quelques-unes des pages les plus importantes de la Révolution

ont été écrites.

L’aide apportée par la France à l’insurrection américaine, estimée à un milliard de livres, rendit la situa- tion fi nancière du royaume, déjà très mauvaise, absolument critique. Au printemps 1789, l’État est au bord de la faillite. Louis XVI est dans l’obli- gation de réunir les États généraux pour tenter de trouver une solution à la crise. Convoqués le matin du 4 mai 1789 à la paroisse Notre-Dame, les députés de la noblesse, du clergé et du tiers état, 1 139 personnes en habit de cérémonie, participent à la procession du Saint-Sacrement

Ouverture de la réunion des États généraux le 5 mai 1789 à l’hôtel

des Menus-Plaisirs.

jusqu’à l’église Saint-Louis où une messe est célébrée. Le lendemain,

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L A V I L L E D E V E R S A I L L E S

(23 août), de la presse (24 août) et de proclamer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (26 août).

Après la Révolution, l’hôtel accueillit le régiment de Flandres et servit de magasin de vivres pour l’armée avant d’être vendu en 1800 au sieur Dubusc qui fi t malencontreusement détruire la salle des États-Généraux. L’hôtel des Menus-Plaisirs abrite aujourd’hui le Centre de musique baroque de Versailles. On peut toujours voir au sol l’emplacement de la fosse de l’hémicycle témoin des principales étapes de la Révolution.

les participants gagnent l’hôtel des Menus-Plaisirs aménagé pour la cir- constance. Ce bâtiment, conçu vers 1739, est organisé autour de deux cours intérieures, l’une donnant sur l’avenue de Paris, l’autre sur la rue aujourd’hui connue sous le nom de rue des États-Généraux. Il était à l’origine prévu pour réaliser et entre- poser le matériel (boiseries, décors, costumes, instruments de musique, accessoires de sport) employé lors des fêtes données au château. C’est dans la cour supérieure que fut jus- tement remontée la salle de bal en planches, récemment utilisée lors du carnaval organisé par la reine, pour accueillir les assemblées plénières entre les députés. Les trois corps étaient alors installés sur des gradins établis en fer à cheval autour de la tribune royale placée au fond de la salle. Le 17 juin, c’est dans cette salle que les députés du tiers, considérant qu’ils représentaient « les quatre- vingt-seize centièmes au moins de la nation », se constituent en Assemblée nationale. Le 4 août, les députés y votaient l’abolition des pri- vilèges avant de se prononcer pour la liberté des opinions religieuses

Le portail de l’ancien hôtel des Menus-Plaisirs sur l’avenue de Paris.

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

! !! !! ! ! !! !!

t a b l e d e s m a t i è r e s

Introduction ! page 4

Chapitre 1

Histoire du château et de la ville

page 8

Versailles au val de Galie ! page 12

« Un château pour n’y plus coucher sur la paille » ! page 14 Le château de mon père ! page 18

Un château un peu enveloppé ou l’art de coudre le bon et le vilain ensemble ! page 20 Villeneuve Saint-Louis ! page 22

Un « monstre en bâtiments » ! page 24 Un village disparaît ! page 26 Versailles abandonné ? ! page 28 Versailles après la Révolution française ! page 30

Reconstruire Versailles ! page 32 Versailles dans la tourmente ! page 34

Chapitre 2

Le château

page 36

Le chef-d’œuvre oublié : l’escalier des Ambassadeurs! page 40 L’ancien appartement des Planètes! page 42 La Grande Galerie et le mobilier disparu! page 44 Nous nous devons tout entiers au public !! page 46

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Que reste-t-il de l’appartement des Bains ?! page 48 La Belle Indienne et le Roi-Soleil! page 50

Lemoyne se suicide! page 52 Qu’on l’arrête et qu’on ne le tue pas !! page 54

Le plus célèbre meuble du monde! page 56 Le Secret du Roi! page 58 Dans l’intimité des favorites! page 60

Un opéra tant attendu! page 62 Le baptême de l’air de Marie-Antoinette! page 64

Le musée de l’Histoire de France! page 66

Chapitre 3

Jardins et parc du château

page 68 Un guide royal ! page 72 Les bosquets disparus ! page 74

Apollon et Th étis ! page 76 Un palais pour des orangers ! page 78 La lente mue de l’« étang puant » ! page 80

Versailles, port de mer ! ! page 82 Une escadre sur le Grand Canal ! page 85

Où l’on rencontre un dromadaire alcoolique et un rhinocéros meurtrier ! page 87 Le premier Trianon ! page 89

Sire, Marly ? ! page 91

C’est dans ce goût-là qu’il faut bâtir ! ! page 93 Marie-Antoinette à Trianon ! page 95

Les fantômes du Trianon ! page 99

T A B L E D E S M A T I È R E S

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G U I D E S E C R E T D E V E R S A I L L E S

Chapitre 4

La ville de Versailles

page 100

Un hôtel très particulier ! page 104 Le génie de La Quintinie ! page 106 Avez-vous bouche à la Cour ? ! page 108

Les Chevaux du Soleil ! page 110 La cité des eaux ! page 112 Marché, geôle et bailliage ! page 113 Le temple de l’Abondance ! page 115 Un hôtel à l’épreuve du feu ! page 117

« Washington, nous voilà ! » ! page 119 Le sérail de Louis XV ! page 120 Un voyage dans le temps ! page 122 Le théâtre de madame Brunet ! page 124

Rome à Versailles ! page 126 Les frères de la rue Bailly ! page 128

L’un des derniers domaines princiers de Versailles ! page 129 Voyager dans mon jardin ! page 131

Que reste-t-il des Menus-Plaisirs ? ! page 132 Un court de « tenez » historique ! ! page 134

Requiescat In Pace ! page 136

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