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30 mai au 12 juin - numéro 3 ACTUALUTTE

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Academic year: 2022

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Eveil Espagnol - Ophélia a terrassé DSK : Gloire aux femmes de ménage ! - D’une jouissance par

ailleurs, masquée - Printemps Arabe, le dossier - Retour en révolution Tunisienne - Toma la calle !

les indig nés

font leu r printem ps

ACTUALUTTE

l’information insoumise et révoltée ! http://actualutte.info/

30 mai au 12 juin - numéro 3

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Sommaire

- E N U N E

4 - Yes we camp !

6 - Une indignation mondialisée

7 - Democracia real ya : ce n’est pas tout de le dire

- F R A N C E

10 - Ophélia a terrassé DSK . Gloire aux femmes de ménage !

11 - Une jouissance par ailleurs masquée

- M O N D E

15 - Printemps Arabe, le dossier

19 - Retour en révolution Tunisienne

- CULTURE

24 - Ruez vous vers la rue !

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ACTUALUTTE

Edité par :

Médialutte (statut en attente) Directeur de publication : Raphaël Rezvanpour Rédacteur en chef : Jean Michel Moriset Rédacteur en chef web : Florent Boisbleau

Dessinateur : Gaby Jacob

N°ISSN : (en attente) Dépôt légal : (en attente) Contact :

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A venir !

Editorial

Black out médiatique sur le printemps des indignés !

Au moment ou partout dans le monde, des peuples se lèvent pour réclamer une réelle démocratie, les médias de masse tentent de freiner la propagationen imposant un black out médiatique sur les évènements en cours.

Barcelone : vendredi 27 mai. Au petit matin, des dizaines de crs réveillent les indignés endormis dans leur campement, place de Catalogne. Ceux ci ont reçu ordre d’évacuer le campement pour laisser place.. aux supporters de l’équipe de foot de Barcelone pour qu’il puissent fêter leur équipe en cas de victoire. C’est un bel exemple de ce qu’est aujourd’hui devenue la démocratie. On peut se rassembler pour faire la fête mais surtout pas pour parler démocratie. En début de matinée donc, les crs interviennent brutalement pour déloger les indignés Barcelonais, ceux ci vont tout faire pour résister dans la non violence malgré les coups de matraque qui pleu- vent, ils sont rapidemment rejoint par des milliers de Barce- lonnais alertés par l’ordre d’évacuation. La pression des manifestants viendra à bout des forces du capital mais pas sans mal, on comptera plus de 121 blessés..

J’ai voulu voir si les médias qui nous parlent tant du méchant Kadhafi et des aspirations démocratiques du peuple Libyen allaient nous parler des crs qui ont tabassé tout prêt de chez nous des indignés non violent qui ne rêvent que d’un meilleur monde. J’allume France 2. Hélas, mon espoir est de courte durée, le premier titre est.. DSK est allé chez le médecin.

C’est quand même ahurissant, depuis plusieurs semaines DSK est le centre du monde ! Je ne serais pas malheureux quand il sera seul au monde dans sa cellule s’il est coupable.

Au final pas un mot sur Barcelone.

Ne nous y trompons pas, la France est bonne à imposer la démocratie dans les autres pays mais quand il s’agit du notre ou de l’Europe, tout va bien merci.

Raphaël Rezvanpour

Actualutte p.3

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EVEIL ESPAGNOL

Yes we camp !

Des dizaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, prennent, depuis le 15 mai dernier, les places de villes d’Espagne afin d’y installer des campements dont le but est d’organiser un rassemblement permanent qui mobilise le plus grand nombre autour de la revendication centrale : « une vraie démocratie, tout de suite ». Le mouvement, qui a connu une ampleur sans précédent grâce à la vitesse et à la capacité de diffusion qu’offrent les réseaux sur le Web, prend tout le monde de court : les politiciens ne savent plus comment aborder le phé- nomène, les sociologues se contredisent et les journa- listes passent des comparaisons avec les révolutions arabes de l’hiver à de petits encarts très prudents qui reprennent simplement des dépêches d’agence aussi courtes que froides. Tout le monde semble rester sur la réserve, dans une attente de ce qui pourrait advenir d’un mouvement qui, par ailleurs, demande depuis jeudi 19 à s’étendre au niveau international, notamment par des slogans comme : « Peuple d’Europe, debout! ». Que de- viendra, en effet, ce mouvement dit « spontané », une fois que les élections de ce dimanche seront terminées?

Quel futur pour ces rassemblements dont les organi- sateurs veillent au maintien du caractère « assembléaire

» des prises de décision, sur le côté non récupération possible de la part des partis politiques, l’importance de

la non-violence et de la solidarité et qui, depuis quelques jours, se retrouve pris dans un débat autour de la ques- tion de savoir s’il faut favoriser l’abstention généralisée, voter pour des partis hors des deux grands (qu’ils rejet- tent en même temps que l’idée même de bipartisme avec des slogans comme « Vous ne nous représentez pas ») ou se constituer, eux-mêmes, en plate-forme politique…

Le fait est que, depuis dimanche 15 mai dernier, le nom- bre de participants (malgré les conditions climatiques contraires) ne cesse d’augmenter, comme ne cessent de croître les villes participantes –de toutes les régions d’Espagne qui, tout à coup, forment un bloc hors les ré- gionalismes et séparatismes dont les médias officiels sont si friands; en même temps que les personnes de plus de trente ans prennent le pas, chaque soir, sur les jeunes qui surveillent les campements de fortune. L’or- ganisation est impeccable, la solidarité sans faille, les tournantes permettent à chacun de se reposer, de veiller à son hygiène et de rapporter des vivres (que des voisins et des sympathisants ramènent chaque matin aussi), tout en maintenant l’occupation des places à un niveau tel qu’on n’y remarque pas les absences. Les organismes judiciaires responsables des élections ont interdit les rassemblements dans toutes les régions –sauf ceux de Valence; à quoi les manifestants ont répondu par des pancartes affirmant que « dans ce pays, on peut voir des milliers de personnes se rassembler pour attendre Justin Biber ou une équipe de football, mais pas pour faire entendre des revendications légitimes, de manière

Par José Camarena et Raphaël Rezvanpour

p. 4 Actualutte

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pacifique. » Jusqu’à présent, la police, omniprésente aux abords des places –en dehors des incidents de di- manche- se tient à distance raisonnable et n’intervient pas. Il faut dire que les organisateurs ne laissent aucun doute qui postent sur youtube des vidéos avec leurs exi- gences vis-à-vis des participants aux rassemblements : pas de violence, pas de casseurs ni de provocation, sous peine d’enregistrement immédiat via téléphone mobile et présentation à qui de droit; pas de dégradation de l’environnement et, donc, équipes matinales de ramas- sage et de nettoyage qui remettent lesdites places dans un état impeccable jusqu’à la tombée du soir. Ces mêmes organisateurs ont également insisté, depuis le début, sur le fait qu’ils ne voulaient pas de boissons al- coolisées pendant les protestas et que « le rassemble- ment n’est pas un botellon » (botellon étant ces assemblées de jeunes qui, les fin de semaine, se réunis- sent un peu partout dans les rues et les places d’Es- pagne, avec leurs bouteilles de bière et d’alcools).

Fait nouveau et d’importance : le mouvement, commu- nément connu comme la #spanishrevolution, s’étend dans les grandes villes d’Europe et d’Amérique Latine, avec des rassemblements attendus ou déjà en place dans de nombreux pays –y compris quelques pays de l’ancien bloc de l’Est- et de nombreuses villes de Grande- Bretagne, France, Italie, Belgique, Allemagne, Mexique, etc. Des messages de sympathie des leaders de Tahrir commencent aussi à affluer, en même temps que les slogans, à Madrid, notamment, se font plus internatio- naux (tel ce « People of Europe, wake up, stand up », déjà cité plus haut).

Pour ce qui est des revendications et de l’ambiance gé- nérale, on se croirait revenu à l’effervescence du mai 68 parisien, avec des slogans inventifs, parfois ingénieux, toujours intelligents et des discussions enflammées, tout azimut, toujours sur des bases égalitaires, respectueuses et ouvertes. A lire leurs site, leur page sur les réseaux sociaux et le tweet postés, l’on se rend très vite compte que les organisateurs portent un mouvement –apparem- ment surgi du la lecture du livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous », très rapidement traduit en Espagne et très rapidement un succès de ventes- qui est tout sauf apolitique, qu’il possède des racines bien implantées sur du solide (contrairement à ce que laisseraient penser certains médias ou certains dirigeants). Ainsi, même s’ils n’appuient aucun parti politique, affirmant qu’ils ne les

« représentent pas », on les voit appuyer ATTAC, le Forum Social, les mouvements de lutte contre la pauvreté et la défense des cultures indigènes, tous les groupes anti-discrimination… De fait, l’on remarque, les soirs d’occupation maximale, un grand nombre d’étrangers, de travailleurs immigrés, de comités de chômeurs, d’Okupas (Squatters), de Défense des sans-abris, de re- présentants des minorités et des organisations de gays et de lesbiennes d’Espagne, de défense de la Terre, des animaux et contre la corrida, etc. Voici donc, pour plus de clarté, le texte qu’ils mettent en exergue sur Facebook et qui ne laisse aucun doute sur un mouvement qui, bien que ne se reconnaissant pas dans les politiques actuelles

« la violence des puissants et des banquiers », n’en est pas moins idéologiquement teinté : » Nous exigeons la démocratie réelle, maintenant.

Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers. Nous accusons les pouvoirs politiques et économiques de la situation de précarité dans laquelle nous vivons et exigeons un changement de cap. Nous convoquons chacune et chacun, en sa qualité de citoyen et de citoyenne, à sortir et occuper la rue le 15 mai, dès 18h, sous le mot d’ordre Démocratie Réelle MAINTENANT. Nous ne sommes pas des mar- chandises aux mains des politiques et des banquiers.

Nous t’invitons à te joindre au mouvement sans symboles politiques excluant, afin que l’on ne fasse entendre qu’une seule voix, unique. Unis, nous pouvons y arriver.

»

Les autorités politiques ont donc décidé que ce vendredi, veille de week-end électoral, tous les rassemblements seraient interdits et dispersés par les forces de l’ordre.

Les organisateurs proposent déjà diverses techniques de résistance non-violente afin de continuer le campe- ment, ainsi, depuis Barcelone, surgit l’idée de venir avec des œillets jaunes que les participants pourraient offrir aux policiers en cas de charge. Enfin, un site Internet re- prend l’ensemble des « campements » et des rassem- blements en Espagne et dans le monde où défilent, en temps réel, les événements qui s’y déroulent : yeswe- camp.net

Bien sûr le mouvement n’a pas d’organisation au sens traditionnel du terme; bien sûr, le contenu programma- tique –le projet de société- est vague ou inexistant (avec des pans entiers qui ne sont pas encore abordés lors des assemblées, comme la Monarchie ou le rôle de l’Eglise dans a société, pour ne citer que les deux les plus actuelles dans l’Espagne et le monde d’aujourd’hui).

S’agit-il, pour autant, de mouvements dont il faudrait se

« méfier » car facilement récupérables ou profitant aux

« ennemis » de la démocratie parlementaire? S’agit-il, pour autant, d’un mouvement sans lendemain et qui n’aura été, pour l’histoire, qu’une semaine d’ébullition et d’effervescence juvénile –une espèce de crise d’adoles- cence collective d’une société par ailleurs bien plus so- lide et mûre au niveau des ses institutions que ne pouvaient l’être celles des pays du Maghreb et du Ma- krech?

Pour ce qui est de l’organisation, elle existe, bel et bien, même si sans hiérarchie établie une fois pour toutes. Il s’agit d’une organisation horizontale où les décisions se prennent en fonction des événements et toujours de ma- nière collective. Apparemment, ce mode de fonctionne- ment « fonctionne » et, même si l’on peut avancer l’argument qu’il s’agit, ici, d’organiser quelques milliers de personnes autour de thèmes qui ne sont pas ceux de la vie réelle de qui veut gérer la Cité, on ne peut passer sous silence la question fondamentale que cela pose aux partis politiques en général : les partis politiques ac- tuels et leur mode d’organisation, leur manière de com- munication et de représentation de la société, ne correspondent plus ni aux temps qui courent, ni à ce que les populations attendent –d’abord et avant tout en leurs couches les plus jeunes! Il faudra en tirer les leçons et, dans ce sens, le mouvement, quoi qu’il arrive, n’aura pas été vain. Pour ce qui touche au contenu programma- tique, à l’idéologie et au projet de société, il n’en va pas

Actualutte p.5

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autrement : même s’il n’est pas rédigé, même si les termes ne font pas programme ni thèses de gouverne- ment, le contenu se trouve, de manière implicite, dans les mots d’ordre et les slogans : la société actuelle crée de l’injustice et des inégalités, des crises et de la violence (« la violence, c’est aussi 600 euros par mois ») et, donc, la #spanishrevolution veut autre chose –notamment d’autres politiques qui abordent les « vrais » problèmes de société comme un toit et un emploi pour tous, plus de justice et de solidarité, plus de démocratie, moins de pouvoir à l’argent, aux banquiers et aux spéculateurs, plus de pouvoir au peuple. C’est pourquoi leurs slogans sont clairs : « nous ne sommes pas des marchandises

», « nous ne sommes plus des moutons », « notre force, nos mains », « politiciens, vous ne nous représentez pas

», etc. Les idéaux sont clairs, les objectifs tracés à grands traits (comme autant de balises à des débats fu- turs), les limites clairement posées : il s’agit bien d’une véritable révolution. Toute la question est de savoir si tous les mécontentements se rejoignent dans ces mots d’ordre et si, d’aventure le changement se produisait, ils seraient susceptibles de s’entendre sur des objectifs même à minima…

Le grand mérite, en dehors de réveiller les consciences et de redonner au citoyen, aux sujets, la place centrale qu’il semblait devoir perdre dans le fonctionnement de la Cité, constitue bel et bien celui d’avoir su donner forme au mécontentement que les pouvoirs tentaient de taire à grand coups de télé-poubelle, de football milliardaire, de fêtes nocturnes, d’alcool et de drogues de synthèse (dont le marché ne cessait de grossir malgré les affir- mations de lutte contre les différents cartels); c’est pour- quoi ces slogans, à la Puerta del Sol : « éteignez les télés, allumez vos cerveaux », « plus d’emploi, moins de soirées arrosées (botellon) », etc. En quelque sorte, ces

Le mouvement des indignés venu d’Espagne a dès le 20 mai passé un cap mondial. Ce mouvement surprend par sa spontannéité et sa rapidité de propagation puisque 5 jours après son lancement en Espagne et malgré un total black out médiatique, c’est l’ensemble du globe qui était concerné par la vague des indignés. De l’Espagne à la Scandinavie, de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud, en Asie et en Océanie, les occupations de places se sont rapidement multipliées pour atteindre le chiffre de 413 au vendredi 20 mai. (voir la carte ci contre).

En France, le mouvement est initié par des expatriés et étudiants espagnol dès ce 20 mai. Une dizaine de ville est alors concernée parmi lesquelles Paris, Grenoble, Toulouse, Nice, Montpellier, Rennes, Nancy. On compte alors 300 personnes à Paris, 150 à Grenoble et 150 à Toulouse, les chiffres des autres villes ne sont pas connus. Les 3 rassemblements sont reconduits comme dans la plupart des autres villes mondiales. Dans les jours qui vont suivre, la vague de protestation va pro-

rassemblements, qu’ils s’éteignent en tant que campe- ments ou pas, continueront d’influencer, longtemps en- core la politique Espagnole et Européenne : plus jamais ne sera comme avant car, effectivement, le « virus de Tahrir » a franchi la grande bleue et des jeunes ont réussi à donner forme à une révolte contenue, à élever au niveau politique ce qui n’étaient que frustrations et colères individuelles ou de clans. Ce simple fait est déjà révolutionnaire. Parce qu’en plus, ici, comme dans les révoltes de l’hiver, le véritable enjeu c’est l’indépendance et la démocratie, au sens noble du terme, qu’il s’agit de (re)prendre à bras-le-corps. Parce que, pour une fois de- puis très longtemps, les citoyens font l’actualité, la rue fait la Une et les jeunes sont acteurs de leur propre pré- sent –au-delà du virtuel et des impératifs imposés par ceux qui nous dirigent et enfoncent dans la misère, la récession, l’absence de solidarités, la violence, l’indivi- dualisme et la médiocrité, soi-disant en leur nom et pour le bien de tous! Le reste : Monarchie ou République, rôle de l’Eglise, Régionalismes, deviennent ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : des points à l’agenda d’un futur différent dont il faudra discuter autrement pour décider collectivement et trouver des issues qui, quelles qu’elles soient, par pur effet de logique, seront bien différentes –opposées ou autres… Les corrompus, les pervers, les tout-puissants, les exploiteurs et les abuseurs auront des compte à rendre ou se souviendront de cette semaine du mois de mai 2011. Ce retour de manivelle, dans des sociétés où seuls les puissants avaient droit au chapitre et demandaient des comptes (où beaucoup semblaient perdre espoir et s’abandonnaient à la résignation des répétitions les plus noires de l’histoire), ce retour de ma- nivelle qui est aussi retour à la mémoire collective d’un peuple, est, en soi, déjà, véritablement révolutionnaire.

José Camarena

p. 6 Actualutte

Une indignation mondialisée !

carte des occupations au 20 mai 2011

gressivement s’étendre à une vingtaine, puis une tren- taine de ville en France au dimanche 29 mai. Au sein des rassemblements, davantage de français eux aussi indignés par le manque de démocratie. Le nombre d’in- dignés présents dans les assemblées restent toutefois stable dans la plupart des villes; de quelques dizaines à quelques centaines de personnes. Les assemblées se dotent de commissions chacune spécialisé dans une tache. On trouve ainsi des commissions action pour

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organiser divers évènements, des commissions commu- nication qui gèrent l’aspect visuel et informatif du mou- vement, des commissions internationales pour se mettre en lien avec les assemblées des autres pays et bien d’au- tres encore.

La Grèce, pays très durement touché par la crise n’est touchée par le mouvement qu’en toute dernière semaine de mai. Le mouvement là aussi spontanné est organisé via les réseaux sociaux comme facebook et twitter. La place concernée et située devant le parlement Grec ras- semble rapidemment des milliers de personnes. Au di- manche 29 mai, la foule atteint 30 000 à 100 000 personnes. Un record depuis le début de la crise éco- nomique !

En Italie, Allemagne, Portugal, Grèce, France.. un peu partout le mouvement s’installe dans le temps. La mon- dialisation de l’information en direct grâce à internet à permi à l’indignation de se mondialiser elle aussi.

« Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des banquiers et des politiques », dit la pancarte prin- cipale de la #spanishrevolution. Certes, mais ce n’est pas tout de le dire ! Ce n’est pas tout de prôner la non- violence absolue en se réclamant de Gandhi et en ou- bliant que ce dernier avait pris les coloniaux Britanniques par la bourse en demandant à son peuple de boycotter le sel et, même de manière violente et tragique en cer- tains moments. Ni la révolution espagnole ni les arabes et musulmanes (que l’on voit d’ores et déjà, comme prévu, récupérées ou édulcorées) ne parviendront à leur

Ce sont finalement les mêmes mécanismes qui sont à l’oeuvre que pendant la propagation du printemps Arabe.

Le 20 mai, des dizaines, des centaines de pages d’indi- gnés ont fleuri sur facebook. “Democracia Real Ya” en Espagne (380 000 abonnés), “Réelle Démocratie Main- tenant” en France (8000 abonnés), “Democrazia reale ora” en Italie (23 000 abonnés) etc. Sur twitter, certains mots clés informent du mouvement; #spanichrevolution ou #frenchrevolution par exemple. Face au black out médiatique, le mouvement s’est organisé et a créé son propre système de diffusion de l’information. A ce pro- pos, ajoutons qu’un site a été créé en France pour cen- traliser l’ensemble des informations, il s’agit de

“http://reelledemocratie.fr/”

Vers une amplification du mouvement ? En France, c’est Paris qui a connu ce di- manche un rebond dans le nombre d’in- dignés. Un rassemblement prévu une semaine à l’avance à été organisé di- manche 29 mai à 14h place de la Bastille.

L’assemblée Parisienne qui jusqu’alors ne rassemblait pas plus de 300 à 500 per- sonnes a alors été mutlipliée par 7 ou 8 ! En effet, ce ne sont pas moins de 2300 personnes qui étaient rassemblées au plus fort de l’après midi. En soirée, les indignés ont voulu organisé un campement mais les CRS sont intervenu par la force pour les déloger. On a compté quelques bles- sés légers et plusieurs interpellations.

Cette intervention nous rappelle que le système en place ne se laissera pas si fa- cilement contesté. Toutefois, comme à Barcelone, la ré- pression, et ils n’ont pas l’air de l’avoir compris n’aura qu’une conséquence, renforcer les indignés dans leur conviction et amplifier le mouvement !

Raphaël Rezvanpour

fin sans toucher la bête (ici appelée banquiers et politi- ciens) à l’endroit où cela lui fait le plus mal : l’indépen- dance !

Au risque de me répéter, on ne se façonne pas une ré- volution pacifique si celle-ci n’est pas supportée par l’im- mense majorité du peuple et donc, si les revendications ne sont pas susceptibles d’être acceptées comme pro- pres par cette immense majorité. Tant que les « acam- pados » ne s’allieront pas, d’une manière ou d’une autre, les travailleurs, les petits indépendants et les paysans les plus pauvres autour d’un programme minimal mais

Actualutte p.7 Rassemblement des indignés Grècs, le 27 mai 2011

Democracia Real Ya :

ce n’est pas tout de le dire !

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crédible et porteur, le mouvement est condamné à dis- paraître plus ou moins rapidement.

Or, qu’est-ce qui fait mal aux politiciens et aux banquiers

? C’est que les premiers n’ont plus aucun pouvoir sur les seconds et que les seconds ont besoin du bras armé des premiers pour continuer leur accumulation. S’atta- quer au dieu Marché et à ses contradictions réelles et concrètes ! Bien sûr, l’Espagne n’est pas l’Islande, mais justement, et là-bas, c’est ce qu’ils ont fait : refuser de rembourser la dette, ne plus répondre aux banquiers, etc.

C’est à démonter cet engrenage que les assemblées et le mouvement tout entier doit s’atteler ; à en faire un mot d’ordre général qui fasse prendre la mèche, réelle- ment, objectivement, dans l’ensemble du pays et, en de- hors, dans l’ensemble de l’Europe en crise. Je ne sais ce qui va sortir des assemblées qui ont lieu en ce moment même –je sais que l’épisode enthousiasmant de la Bas- tille, a été stoppé net, par une charge musclée de CRS sans état d’âme- mais, j’espère que les résultats n’en resteront pas à de vagues déclarations sur la méthode et la forme plus que sur le fond de revendications qui, quoi qu’on y fasse, sont des revendications politiques.

S’attaquer aux politiciens véreux, critiquer la démocratie formelle et combattre les privilèges, ne peut, en aucune façon, vouloir dire renier la politique, se battre pour plus de démocratie et mettre en place des manières, une ma- nière, de vie en commun qui soit autre, certes, mais ail- leurs que dans les places occupées : dans les usines, les villages, les régions, le pays tout entier, les facultés, etc.

Loin de moi l’idée de vouloir faire plaisir à tout le monde –que du contraire. Il me semble qu’un des pièges de mes amis de Sol et d’ailleurs (qui savent très bien ce que je suis en train d’écrire puisque le mouvement s’appelle Démocratie REELLE, tout de suite) réside, précisément, dans un vouloir contenter tout le monde qui, en bout de course, ne contentera personne si ce n’est le pouvoir en place qui verra comment l’illusion s’effrite et le danger, par eux ressenti, s’éloigne ou disparaît. Me propos pour- raient sembler contradictoires : d’un côté chercher à ras- sembler l’immense majorité autour d’un ou deux thèmes d’un programme capable de rassembler le plus grand nombre et, de l’autre, l’appel à ne pas chercher à conten- ter tout le monde. La contradiction disparaît, dès lors que l’on touche à la politisation obligée du mouvement –il ne peut en aucun cas en rester à l’état de mouvement spontanné. Politiser la lutte, faire pression, s’organiser et organiser des contre-pouvoirs réels, des actions d’en- vergure qui visent le centre nerveux de ce qu’il faut bien nommer par son nom : le système capitaliste, pour qu’il flanche et qu’à terme il menace de « révolutionner ».

La lutte sera longue, on le savait ; il ne faut pas qu’elle s’arrête avant d’avoir été menée, avant d’avoir été au- delà des prémisses de l’espoir et du courage intelligent qui rassemble au départ du concret. Il faut tenir dans la distance et les politiques le savent qui, tous, de la gauche institutionnalisée aux écolos bon teint, en passant par les idéologues sectaires, les sociaux-démocrates et les libéraux, se tiennent en retrait. Je n’ai lu ni entendu aucun appui convaincu et fort, aucun geste fort qui ap- puie les revendications ni le mouvement de la part de cette clique ! Aucun renoncement à la pension à vie en tant que parlementaire, aucune proposition de projet de loi contre les privilèges basiques repris dans le manifeste de la plate-forme : rien !

Certains se méfient du spontané, d’autres pensent à leur

propre jeunesse soixante-huitarde et replongent dans des dilemmes d’avant la chute du mur, d’autres, enfin, craignent pour leur carrière, leurs privilèges, leur for- tune… On n’a pas besoin d’eux : ils ont besoin de nous

; mais, de « nous » qui veut dire le peuple et non pas dix mille, même cent mille personnes, même un million : le peuple ! Et, pour le moment, le peuple continue, comme si de rien –même si les élections italiennes confirment la tendance de l’Espagne, la semaine der- nière, l’abstention continue de croître jusqu’à des som- mets difficilement soutenables, même en démocratie formelle : terreau pour l’extrême-droite. D’ailleurs, à noter que, pour la première fois depuis des décennies, un partie xénophobe et allié de le Pen, a émergé en Ca- talogne dimanche dernier… Il en va et en ira de même dans toute l’Europe si personne n’est capable de redon- ner sens au désespoir, de mettre des mots sur des dou- leurs et des maux, de redonner ses lettres de noblesse à la politique et à l’Utopie.

Je sais et je suis certain que c’est cela qui sortira des débats épuisants menés dans le plus grand respect de la parole de tous et avec des manières de faire, tellement organisées, qu’il était impossible qu’un petit (ou un grand) leader apparût. Déjà Barcelone a décidé de pren- dre deux jours de plus afin de « se structurer et pouvoir dé » centraliser le mouvement vers la périphérie » ; Ma- drid, Séville et Valence viennent, à l’instant (minuit) de décider la même chose. Après, il s’agira d’unifier tous ces petits laboratoires, de les relier autrement que par le Net et les réseaux sociaux. Ces laboratoires portent le germe d’un autre possible, d’une véritable révolution (la première) qui met en avant et l’internationalisme et le pacifisme et la protection de la Nature ! L’Utopie vaut la peine et les gens y adhèrent pour peu qu’elle se montre de face, sans chichis. Le grand écrivain Galeano, disait l’autre jour, sur une chaîne catalane, alors qu’il était in- terrogé sur ce qu’il venait de voir à Madrid, à peu près ceci que je cite de mémoire : « Un ami cinéaste et moi étions en Colombie, devant un parterre d’étudiants et tout se passait bien jusqu’à ce que quelqu’un nous de- mande ce qu’est l’Utopie. Je regarde, perdu, mon ami et lui passe la parole en me disant « le pauvre » et, à ma grande surprise, il répond tranquillement cette phrase merveilleuse : l’Utopie, c’est comme l’horizon, toujours visible et toujours inaccessible, tu avances de dix pas et il recule de dix pas, mais tu avances ; l’Utopie, c’est cela, ce qui te permet et qui te fait avancer. »

Sans cela, le risque est grand de tomber dans ce qui, malheureusement, est devenu l’alternatives du Maghreb et du Makrech : démocratie réelle, réformisme mou ou recul et répression. Aucune révolution – et encore moins en ces temps où le pouvoir est tout aussi globalisé que les oppositions et aussi rapidement interconnecté - ne peut se faire sans l’appui des classes populaires et des intellectuels – je l’ai déjà dit - mais sans celui, également, de la petite bourgeoisie et des indépendants, eux aus- sivictimes du système. En fin de compte, les bénéficiaires du capitalisme sont très peu nombreux, alors pourquoi ses sbires tiennent-ils les rênes si fortement qu’on dirait des laisses invisibles au cou des citoyens avachis, abru- tis, manipulés, aliénés ? C’est une des questions aux- quelles il faudra répondre et qui n’est pas la plus difficile, afin de mettre en place des contre-pouvoirs efficaces (qui touchent et éveillent la conscience des peuples, au- delà de l’indignation) . Pour les pays de l’hiver jasmin, sur la rive méridionale de la Grande Bleue, se défaire des multinationales et des puissances « alliées » encore à la tête des politiques et des militaires aujourd’hui

p. 8 Actualutte

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démocrates, afin d’en terminer avec une réelle démo-

cratisation, une réelle indépendance économique et po- litique, une réelle négociation avec Israël d’égal à égal et se sortir des bourbiers Syrien, Libyen, Yéménite, du Bahreïn, etc. Pour l’Espagne, se défaire du poids des restes du franquisme, récupérer la mémoire historique, et se trouver des alliances autres que celles des poli- tiques aux ordres des agences de notation et de l’empire du marché des armes et de la drogue (le tourisme, pour ne citer que lui, repose sur le grand banditisme et la cor- ruption généralisée, sur la péninsule). Pour tous, viser le FMI, la BM, le G8 et le G20… Parenthèse : Galeano disait aussi, dans la même interview que DSK, avant de violer l’employée de l’hôtel, avait violé impunément des pays et des continents entiers –ce qui peut donner une cer- taine idée de toute-puissance et il devrait être jugé pour les deux types de viols commis. Fin de la parenthèse.

Je ne vais pas revenir sur mes articles précédents concernant le mouvement Democracia Real Ya (DRY).

J’y crois, je veux y croire et nous devrions, nous tous qui sommes pour un monde autre, être solidaires et y croire.

La #spanishrevolution a les pieds bien sur terre et a fait preuve d’indépendance, de courage, de ténacité, de lu- cidité et d’énergies vitales qui la rendent capable non seulement de durer, mais d’aller jusqu’au bout. Il lui faut, à présent, avancer : l’horizon !

La graine semée a d’ores et déjà pris, il s’agit d’en récol- ter les fruits, en prenant soin, auparavant, et cela durera le temps que cela doit durer, de veiller jalousement à la santé des pousses ! Plus rien ne sera jamais plus comme avant (au Sud de la Méditerranée non plus) : cela a déjà touché le cœur ou l’estomac des partis de la gauche, quoi qu’ils disent, parce que les revendications sont réa- listes et que l’analyse de départ est sans failles et inat- taquable –raison pour laquelle l’effort doit porter sur l’enracinement de celles-ci parmi les couches les plus larges et de la manière la plus fertile possibles.

Il n’est pas inutile de le rappeler : le mouvement est contre le système, mais pas apolitique, il vise à un chan- gement de système, clairement progressiste –même s’ils n’aiment pas qu’on les compare à ce qui existe car ils veulent autre chose de complètement nouveau. Ils ont raison, raison pour laquelle c’est révolutionnaire. Ce contre quoi je les mets en garde c’est précisément cela : des demandes si réalistes au départ d’analyses si évi- dentes peuvent, si le processus n’est pas huilé et très bien structuré, aboutir à l’inverse de l’effet escompté : renforcer la social-démocratie dont les thèses pourraient se voir enrichies par le travail effectué tout au long de ces semaines par les jeunes et les moins jeunes « acam- pados ». Car, comme le souligne un politicien de Bar- celone : « tout cela met en évidence, le manque de politique au niveau Européen susceptible de donner des réponses aux problèmes de la Société » (repris par le journal publico.es du 29/5)

En fait, le politique que l’on croyait mort, les idéologies et l’histoire finis, reviennent en force –et de quelle ma- nière- sur le devant de la scène, avec des citoyens pro- tagonistes, anxieux de redevenir sujets de leur destin et solidaires des affaires du monde. Jusqu’ici, la révolution cherche à se définir comme révolution sociale : repré- sentation réellement démocratique, lutte contre la cor- ruption et les privilèges, séparation effective et réelle des pouvoirs, contrôle citoyen sur les responsables et les responsabilités des politiques. Un des porte-parole de Sol a pu même déclarer que toutes ces revendications

« a minima » se trouvaient déjà dans les textes de Loi et la Constitution, mais sans être respectées ni appli- quées. En somme, une évolution plus qu’une révolution au sens classique du terme. Une évolution qui, sans s’en rendre vraiment compte, de se mettre en place, pousse- rait le système à s’embourber dans ses contradictions car, en l’état actuel du fonctionnement des affaires du monde, pouvoir et corruption, manipulation et men- songe, non respect des Constitutions et inégalités, main- tien des privilèges et politiciens aux ordres du fantôme tout-puissant surnommé « communauté internationale

» sont tout bonnement indispensables à sa survie ! Je terminerai cet article par les paroles de Natalia Muñoz, une des instigatrices du mouvement DRY : « il est logique que certaines choses que nous disons ne soit pas suf- fisamment rigoureuses car elles ne sont que l’expression d’un mal-être. C’est pour cette raison que nous avons besoin de l’appui de spécialistes et l’aide de tous ceux qui s’y connaissent dans chacun des points abordés. » (in publico.es, idem supra) en somme une espèce de deuxième transition –véritablement consensuelle et par- tie du peuple, cette fois- contrairement à celle, peureuse, qui suivit la mort du dictateur, l’instauration de la Mo- narchie et la rédaction d’une Constitution à la Belge, sous la pression des pouvoirs factieux encore en place, le souvenir des horreurs et, en même temps leur déni de fait, de la mémoire historique, le début des années de crise qui annonçaient les Thatcher-Reagan dont on connaît les méthodes, les objectifs et les limites impo- sées en des temps dits de Guerre Froide. Aujourd’hui, la rue redevient Agora, et l’on ne se contente plus d’abattre des murs, mais on emploie toute son énergie à construire des ponts. La Parole retrouvée –une Parole vraie tant au sens marxien qu’au sens lacanien du terme : quelle, belle et grande, révolution en ces temps d’uniformité et de re- plis frileux !

José Camarena

Actualutte p.9

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France

l’actualité en France

Ophélia a terrassé DSK.

Gloire aux femmes de ménage !

Ce que sait instinctivement chaque prolétaire, en bas de de l'échelle sociale, retentit jusqu'aux étoiles.

Grâce à ce fait divers, la crapulerie d'un directeur d'une entreprise criminelle, le Fond monétaire international, est mise en lumière. L'image en est catastrophique pour nos gouvernants. L'argent n'est plus simplement as- socié, dans l'imaginaire, au sang des pauvres mais au viol des femmes sans distinction. La dépravation sexuelle du directeur du FMI montre qu'au faîte du pou- voir, le grand argentier ne se contente pas d'acheter les âmes mais en arrive, flatté par l'entourage, à violer tous les corps...

"Un complot fomenté par les hormones"

Les amours ancillaires sont une métaphore de la lutte des classes qui tournent en général au profit du sei- gneur et maître. Le consentement ou le silence de la servante violée est acheté, après coup, avec des billets de banque. C'est le type de salariat auquel veulent nous réduire les puissances financières ; nous serions là pour éponger, au sens propre comme au figuré, leurs dettes et leurs spermes ! Pour un sale type comme DSK, il n'y a pas de différence entre la ménagère qui passe l'aspirateur, dans sa suite royale, et la prostituée qui arpente les trottoirs. Les deux peuvent être raisonna- blement acheté. C'est du reste la défense finalement adoptée par notre honteux « sanglier national » devant l'attorney de New York. Tout peut et doit être dominé par l'argent - même le crime sexuel ! Or, la scène a lieu aux Etats-Unis d'Amérique, un pays aux pulsions de Justice incontrôlables...

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Rejoins les indignés ! Tous les jours, consultes la liste des rendez vous sur le site http://reelledemocratie.fr/

Actualutte p.10

Capable de lancer un mandat d'arrêt, trente ans après le viol d'une jeune fille de 13 ans, contre le dieu vivant du ci- néma, Roman Polanski... A cette époque, la bourgeoisie eu- ropéenne et un ministre de la Culture interlope s'étaient opposés à l'extradition ; et avaient protégé le pédophile. On peut voir, dans l'affaire DSK, une revanche de la Justice US laquelle placerait symboliquement, un instant, son glaive au- dessus de la banque mondiale. Mais la théorie du complot s'arrête là. Car, dans le cas de notre énergumène, la CIA ou le FBI n'ont pas besoin d'élaborer de pièges savants. Il suffit de placer une poupée gonflable devant DSK pour lui faire perdre tous les moyens. Les prolétaires qui suivent l'actualité en rigolant parlent, entre eux, d'un "complot fomenté par les hormones"... Le Surmâle que des flagorneurs qualifient de

"séducteur" est, en fait, un porc sans éducation qui, avant de sodomiser une jeune femme de l'hôtel Sofitel, le 13 mai 2011, l'a presque étouffée en lui mettant son engin, dans la bouche.

Gageons que les camarades du pénitencier, ses nouveaux amis, lui feront perdre ces mauvaises manières..

HIMAL0VE

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D’une jouissance,

par ailleurs, masquée

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p.11 Actu alu tte

J’avais commencé un article sur la sexualité des per- sonnes handicapées. Article que je me suis senti obligé de rédiger, en partie poussé par la pression extérieure de tous ceux et de toutes celles que le sujet intriguait autant qu’intéressait, en partie par cette autre pression –intérieure celle-là, qui exigeait que j’éclaircisse une po- sition claire et définitive sur un sujet qui, par ailleurs, me semblait évident. Or, j’ai très vite compris combien l’évi- dence est aussi trompeuse et dangereuse que l’empres- sement et comment on peut arriver à des lieues de l’objectif que l’on s’était assigné. N’empêche, cette er- rance, tout à fait volontaire –même si inconsciemment encore à déchiffrer- m’a permis d’apprendre des choses sur moi et sur la manière d’envisager la problématique, en même temps que l’évidence s’en est allée. Raison ul- time pour laquelle j’ai effacé le propos et m’attèle, ici, à la tâche, difficile, de le restructurer dans son entièreté.

Premier fait d’évidence : la sexualité des personnes han- dicapées constitue une réalité; deuxième point, tout aussi évident : cette sexualité, pour particulière qu’elle puisse être, ne peut s’entendre qu’incluse dans l’ensem- ble plus vaste de la sexualité humaine en général. Troi- sième évidence –quoiqu’un peu moins évidente pour certains : n’en déplaise aux professions qui en font le fondement de leur pratique, la sexualité ne peut se ré- duire ni au biologique, ni à la tuyauterie du manuel du bon fonctionnement de l’acte sexuel et de la mécanique orgasmique. Voilà pour les évidences.

Les autres présupposés par rapport à ce qui va suivre seraient ceux-ci :

a) parler de sexualité c’est parler de ce qui fonde l’être humain dans une de ses dimensions essentielles, puisque l’Homme (celui que l’on prend avec une grande H), en dehors d’être cet animal poussé par des instincts et des besoins –notamment sexuels et de reproduction- reste d’abord et avant tout, un être de culture, de parole et de relations. Par quoi il serait vain d’aborder la pro- blématique sans toucher cet aspect de culture, tout le côté symbolique et la question, première, du désir.

Dans ce sens, une erreur que la plupart commettent, consiste à faire l’impasse sur l’un des deux plans et donc à confondre besoin et désir, appétit et relation. Si l’on peut baliser, contrôler, légiférer, quantifier les premiers, il n’en va pas de même pour les seconds.

b) aborder la sexualité –celle des personnes handica- pées, qui plus est- implique, d’entrée de jeu, la question du corps, de l’image personnelle et sociale de celui-ci, du narcissisme et de l’image spéculaire à la norme cul- turelle et sociale qui fondent le rapport de chacun et de tous à celui-ci.

A ce propos, deux remarques s’imposent. Tout d’abord, faire l’impasse sur le corps et ce qu’il engage amputerait l’analyse. Cela étant dit, limiter la problématique sexuelle à la seule question du corps et de son image, équivau- drait –pour ce qui est des personnes handicapées cela semble plus clair- à penser la personne de manière or- ganique, orthopédique et non comme Sujet de désir.

Ainsi, la personne handicapée se verrait réduite à un ou des organes malades, manquants, défaillants ou frappés du sceau de la différence. Enfin, dans ce sens, parler de personne handicapée et non pas de personne porteuse de handicap (ou en situation de handicap) c’est, de facto, réduire la personne au handicap et donc, lorsque l’on en viendra à parler de la sexualité des personnes handica- pées, ce ne sera pas autre chose que parler d’un corps malade ou dysfonctionnant; autrement dit, d’une abs- traction, pire, d’une projection tout empreinte des valeurs et croyances véhiculées –à « notre corps défendant »- par le discours culturel dominant qui se répète et se re- produit… C’est d’ailleurs à ce type de reproductions, de projections, de répétitions qu’il nous faudra être parti- culièrement attentifs, notamment pour éviter ce que Bourdieu appelle la reproduction sociale des comporte- ments –une reproduction sociale qui fait, notamment, que la libération sexuelle des femmes, bien qu’apparem- ment réelle, ne se soit pas traduite par un changement fondamental de la place de ces dernières dans nos so- ciétés et que leurs revendications restent, en quelque sorte, fondamentalement les mêmes qu’il y a quarante ou cinquante ans.

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c) Nous entrons, par ce biais, dans le troisième présup- posé et qui n’est pas autre chose que la recherche et l’approfondissement de la notion d’égalité, laquelle, pour évidente qu’elle puisse paraître, n’en demeure pas moins problématique, en ce sens que ce qui semble évident reste, bel et bien, le fait que cette égalité pose problème, ne va pas de soi et se trouve questionnée, au premier chef, dès que l’on aborde le sujet de la sexualité des per- sonnes en situation de handicap –comme lorsqu’il s’agit de traiter, plus généralement, des personnes porteuses de handicap et de leur place dans la société en général.

Par rapport à ce qui précède, il serait légitime de se ques- tionner sur le fait de savoir si une telle égalité est possible –en dehors des considérations politiques, juridiques ou morales- et si elle serait désirable, analyse faite des contenus du concept. Car, d’évidence, la sexualité ne peut être la même pour personne –et de fait, chacun s’en arrange comme il le peut-; cela étant, le droit à son ex- pression comme à sa jouissance peuvent et doivent, quant à eux, être le socle en dehors duquel tout débat se transforme en exigence, en combat.

d) Ce qui nous porte vers le quatrième présupposé : le regard que l’on porte sur le handicap induit celui porté sur la sexualité des personnes qui en sont porteuses.

Car il serait plus que temps que nos sociétés, nos cul- tures, posent un regard sur la personne plutôt que sur le handicap, les choses deviendraient plus claires et plus simples. Quelle place pour les personnes en situation de handicap? Répondre à cette question donne une grande partie de réponse à cet autre question qui nous préoccupe ici : quelle sexualité des/pour les personnes, par ailleurs, porteuses de handicap?

Pour ce qui est de ce présupposé, une conclusion qui s’impose d’emblée réside en ceci que rien ne sera dit de définitif sur le sujet qui ne soit dit et porté par les per- sonnes concernées; rien ne pourra être mis en place – en dehors de la question plus politique, juridique et sociale de l’égalité- sans que cela n’émane des per- sonnes dites handicapées elles-mêmes. Le reste, pourra être discuté, amendé, amélioré, remis en question, sup- primé, faire l’objet de joutes politiques, éthiques ou phi- losophiques, oui, mais après! Ainsi en est-il de la question des « assistants » ou « aidants » sexuels. On ne pourra assez le répéter : une fois l’égalité en place, chacun s’ar- range comme il le peut avec son désir et s’organise comme il le peut aussi dans la satisfaction de ses be- soins. Or, si handicap il y a, c’est là qu’il se trouve : dans la satisfaction des besoins sexuels de grand nombre de personnes porteuses de handicap, les obstacles phy- siques, culturels, moraux, psychosociologiques et juri- diques sont, le plus souvent, infranchissables… Ainsi, la misère sexuelle devient-elle, par la force des choses, la sexualité de la misère.

Qu’est-ce qui fait qu’au XXIème siècle et malgré les Ma- nifestes, les Constitutions et les Chartes, l’égalité ne soit pas encore, dans les faits, acquise pour cette frange de la population? De même, qu’est-ce qui effraie tellement chez ces personnes qu’on en vienne au déni de leur sexualité et à les maintenir, non seulement à la marge, mais dans une infantilisation telle qu’elle ne s’envisage pas autrement qu’a-sexuée?

Je n’approfondirai pas ici –par manque d’espace, de temps et de connaissances- les aspects psychologiques, inconscients, de la question, pas plus que l’anthropolo- gie, la sociologie ou l’histoire. Il est un fait évident que de la Nef des Fous aux chambres à gaz Nazies, en pas- sant par l’eugénisme et la castration (notamment en Suède), la problématique n’est pas neuve. L’aspect ex- ceptionnel renvoyant toujours, d’entrée de jeu, ces per- sonnes à la marge –même à une marge dite « positive

», comme celle des cultures où l’exceptionnalité offrirait une place d’exception mais tout aussi « intouchable ».

On ne se mélange ni ne se reproduit, semble être le mot d’ordre et le leitmotiv à travers l’histoire et les cultures.

On voit poindre le bout du nez de la contagion; je ne l’aborderai pas non plus, comme je n’aborderai pas le fait que chez-nous, dans l’Occident développé en dehors de « belles » initiatives –souvent isolées, très souvent imposées-, les personnes en situation de handicap n’ont pas de place du tout, sauf à être mises à l’écart, loin, institutionnalisées ou isolées et à l’abri des regards. Je laisse ces questions ouvertes pour plus érudit et plus passionné que moi.

Aussi, la variété des sentiments exprimés à l’égard des personnes handicapées et, donc, de leur sexualité ou non-sexualité, oscillera-t-elle entre le déni, la pitié, la peur et le rejet ; le tout évalué à l’aune des images qui traînent dans les magazines sur papier glacé et qui pro- gramment nos désirs. C’est ainsi que le corps de la per- sonne porteuse de handicap viendra questionner non seulement son rapport au corps propre, à l’autre, à la faute, au désir en somme, mais viendra questionner aussi celui de l’autre qui s’y trouve confronté(e). Voilà ce que vous dira tout clinicien au départ de son cabinet et de ce qui lui revient du divan ; qu’il se lève et ouvre la fenêtre et il verra, en plus, tout le reste et, notamment, le rapport au corps et à la relation (donc au handicap et à la sexua- lité) comme exposant essentiel de l’aliénation produite par un système de production et des rapports de pro- duction propres à, une société donnée (ici, le capita- lisme). Oui, la misère sexuelle renvoie aussi à la misère tout court. C’est pourquoi les femmes porteuses de han- dicap sont-elles, selon notre thèse, doublement « étranges » au système et doublement « handicapées

»… Mais, qu’elles soient issues de la classe des dominés et ce « handicap » sera multiplié par trois et non par deux (cf. l’image infantilisée, dévalorisée, presque dés- humanisée, des femmes handicapées dans les faubourgs des villes du Brésil, nation par ailleurs véritablement obnubilée par le culte des Miss et du corps à la plastique idéale, parfaite.

Jusqu’au XIXème siècle –autrement dit, jusqu’à l’avène- ment du capitalisme industriel triomphant –, le corps était réservé au religieux. L’avènement de l’isolement capita- liste et de la production parcellaire où l’ouvrier n’avait plus accès à l’objet complet mais à une seule partie de celui-ci (dont l’apogée surgira avec la chaîne de mon- tage), le corps s’est, lui aussi, parcellisé et individualisé et, tout naturellement, est tombé dans le domaine de la science, du biologique et du médical ; du corps collectif, pécheur en quête de sainteté, on est passé au corps à disséquer, aux anomalies, à la quantification et la clas- sification des anormalités ou normalités basées sur la statistique et la recherche du sain.

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Actualutte p.12

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De la surveillance ecclésiastique et de la rédemp- tion d’un corps à cacher, frappé du sceau du Mal, où l’âme prenait la première place, on est passé au contrôle de la norme sociale, à celui de la norme orthopédique, à la standardisation et la rééduca- tion asilaire ou Barnums… En somme, du modèle inaccessible au modèle standard –évacuant, de la sorte, dans les deux cas, l’aspect unique et irrem- plaçable de chaque être humain en butte avec son désir, tout entier dans sa condition.

Dans cette optique, l’image du corps constitue un facteur socioculturel d’importance pour compren- dre les comportements et les croyances eu égard au handicap. Le handicap, jusque-là perçu comme

« punition » ou « épreuve » divine, devenait sy- nonyme d’anormalité, de laideur, de non standar- disation. Dans cette véritable obsession du corps parfait, « orthopédique », du corps sain et non plus saint, dans ce véritable impérialisme de la beauté

« normale » (qui allait s’exporter aux quatre coins du monde avec comme étalon l’homme blanc sain), le corps porteur de handicap devient corps handi- capé, invalide : invalide parce qu’improductif, inca- pable de vendre sa force de travail tout comme incapable d’une production matérielle quelconque qui ne ressorte de l’ésotérisme, le bizarre, l’anima- lité, le cirque dans le pire des cas et de l’art dans le meilleur (chez les nobles et les bourgeois). Dans cette optique industrielle et industrieuse, de type

« paternaliste », la personne porteuse de handicap demeure dans un statut d’enfant –donc asexuée- ou se montre comme possesseur d’une sexualité bestiale, incontrôlable et hors-norme qu’il s’agit de tenir à l’écart, donc de « châtrer » d’a-sexuer, en quelque sorte… D’où cette équation qui allait s’im- poser et s’étendre tout au long du XXème siècle : handicap=infantilisation et handicapé=enfant, le tout limité à l’organe invalide que l’on isole au point d’en faire l’axe central définissant l’identité de la personne handicapée tout entière.

C’est l’incontrôlé qui fait peur et lorsque cet incon- trôlé arrive enceint de l’inclassable, alors il devient insupportable. Parce que, d’une part, cela renvoie à toutes les peurs ancestrales et inconscientes (celles que l’on retrouve dans tous les estropiés des mythes, des légendes, des cosmogonies pleins d’Œdipe, de centaures, de minotaures, de Cyclopes, d’elfes, de gnomes, de Priapes, de Quasimodos, etc.) et, d’autre part, renforce l’angoisse sociale de ce qui ne peut être standardisé et renvoie vers un autre anticipé comme dangereux parce que relevant du domaine de la non-civilisation, l’animalité, l’in- fantile… Il est ainsi compréhensible que le handicap soit insupportable et qu’il faille –Charte des Droits de l’Homme et années d’avancées sociales pro- gressistes obligent- le maintenir dans l’infantile.

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p.13 Actualutte

Les nazis, quant à eux, au faîte de la folie d’une production rationnelle et scientifique, n’ont pas hésité à viser l’élimination physique pure et simple de cette partie de la population, prototype du sous-homme. Ce n’est pas un hasard si, dans la majorité des textes traitant de la sexualité des personnes handicapées, le handicap mental ap- paraît comme l’exemple à prendre par excellence

; en effet, il réunit tous les ingrédients cités plus haut : invalidité, improductivité, infantilisme, in- contrôlabilité, étrangeté, etc.Mais l’incontrôlable, c’est aussi l’étranger, le fou, l’autre étrange et dif- férent, l’alien s’affichant dans sa radicalité diffé- rente. La question devient, de ce fait –au-delà du handicap- celle de savoir la place que nos socié- tés accordent à la différence qui s’affiche.

On l’a vu, la sexualité, parle de la norme et du rap- port aux normes, aux limites (de classe, sociales, de croyances, légales) du tolérable, du franchis- sable, de l’acceptable et de l’inacceptable, du ci- vilisé et du sauvage, de l’humain et de l’animalité;

on contrôle la société comme on contrôle son corps et on traite le corps de l’autre en fonction (danger, contagion, reflet dénié, jalousie para- noïaque, agressivité, envie), étant entendu que l’image du miroir renvoie une image idéale de soi à un sujet décentré qui, toute sa vie durant, va devoir s’arranger avec ces décentrements ou res- ter bloqué dans la vaine recherche d’un idéal, de toutes manières, inaccessible. Les chirurgiens plastiques et leurs patient(e)s en connaissent un bout sur le sujet…

Mais, la sexualité (en dehors du schéma corporel), nous l’avons abordé, par ailleurs, c’est aussi tout le poids de la culture –dans les rapports de pro- duction qui la fondent- qui passe, d’abord et avant tout, au travers du regard : c’est un miroir qui ré- fléchit nos manques comme nos limites : notre aliénation. On peut voir comment le culte du corps sculpté –aussi bien chez l’homme que chez la femme- tout comme celui de la mode des pin-up apparue dès les années trente et poussée par le cinéma et la presse, dans les années cinquante, concerne surtout les personnes issues des classes les plus populaires qui, grâce à ces calendriers et autres gadgets érotiques, pouvaient « rêver », en même temps que reproduire une répartition des rôles et de la place des genres de type machiste : femmes soumises, séductrices, rendues à l’homme et objets de grande consommation. Hommes en bras de chemise ou en bleu de travail, au volant, le corps tatoué… A l’ère de la standardisation triomphante, ces machines à fantasmes « démo- cratisées » (portées par la pub et notamment Hollywood) sont apparues en même temps que se développait le taylorisme et le fordisme avec une

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aliénation de plus en plus grande des masses dont, par ailleurs, le niveau de vie croissait; en même temps que la mondialisation des jeans, des ham- burgers, du coca-cola, etc.

Le corps étant devenu une marchandise comme une autre, que l’on peut évaluer, chiffrer, échanger, remplacer, susceptible de produire de la plus-value, de créer du profit ; les relations humaines rentrant dans une espèce de grand marché des sentiments dans cette marchandisation des corps et de rap- ports, la personne porteuse de handicap fait plutôt office d’objet à mettre au rebut, d’invendable, de marchandise défectueuse qui ne peut donc, sous aucun prétexte, se voir reproduite, se reproduire – pas plus que se trouver à l’étalage ou dans le ca- talogue général. C’est pourquoi, les réponses allemandes, hollandaises ou suisses qui prônent l’institutionnalisation –ô combien pragmatique- des aides sexuelles ou assistants sexuels pour les per- sonnes porteuses de handicap, même si elles ré- pondent à une demande réelle et peuvent s’avérer indispensable à bon nombre de personnes, par ail- leurs, en grande détresse, ne me paraît pas devoir être généralisée et constituer le point final du débat sur la problématique. Car, je le répète, au-delà de l’apport parfois indispensable et que, de ce fait, il faudra bien maintenir, ces réponses restent limitées

au biologique, au corps dépendant, infantilisé en quelque sorte, sans remettre sur le tapis la ques- tion, essentielle, de la place sociale accordée à la personne au-delà du handicap, la question de la personne porteuse de handicap comme être de désir aux demandes légitimes d’amour, de recon- naissance et de place dans la sexualité générale- ment générale…

En ces temps de production et de consommation à outrance, quelle place pour les non-productifs?

Quelle part d’humanité –en ce compris la sexua- lité- reconnaître à ceux et celles hors-circuit, in- contrôlables, d’une manière ou d’une autre, aux étranges? Les temps sont durs pour tout le monde quand il s’agit de se montrer hors les masques et d’avancer vers l’autre, avec tous les risques réels, conscients et inconscients, que ce geste hors- norme peut comporter de prise de conscience, de déceptions, de découverte de limites, les propres comme celle des autres ou de l’autre. La misère de la sexualité des personnes en situation de han- dicap n’est pas autre chose que le reflet d’une sexualité, par ailleurs, généralement misérable et toute discrimination positive (ou discrimination à l’envers) en la matière ne serait qu’une Nième ma- nière de tuer la question dans l’œuf.

José Camarena

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brèves brèves brèves brèves brèves brèves brèves

Maroc : Le mouvement du 20 février une nouvelle fois réprimé.

Dimanche 30 mai, ils étaient plusieurs centaines de jeunes du mouvement du 20 février à s’être ras- semblés dans le centre de Casablanca pour de- mander des réformes politiques ainsi qu’une limitation des pouvoirs du roi.

Avant d’avoir pu débuter leur défilé, les manifes- tants ont été dispersés par la forces avec notam- ment coups de matraques et gaz larymogène. Il y aurait plusieurs dizaines de blessés selon des mi-

litants du mouvement du 20 février. Bahrein : Torturées pour avoir voulu sauver des vies..

Plusieurs femmes médecins arrêtées pour avoir soigné des manifestants ont raconté avoir été tor- turé pour faire de faux aveux.

Menaces de viol, coups, humiliations et mauvais traitements, des officiers du pouvoir ont tout fait pour obtenir de faux aveux des femmes médecins.

Plusieurs d’entres ont toutefois décidé de se confier à la presse sous couvert d’anonymat.

Les autoritées concernées ont démenti tout ce qui leur était accusé.

Syrie : Résistance armée face à l’armée

La Syrie, touchée par un soulèvement similaire à la Tunisie ou l’Egypte depuis plusieurs semaines vient de passer un nouveau cap. Alors que de nom- breuses villes dont la révolte est originaire sont as- siégées par l’armée, des habitants ont apparemment décidé de prendre les armes pour ré- sister. C’est ce qu’ont raconter plusieurs militants Syrien à l’Associated Press.

«L'armée rencontre une résistance armée et ne peut pas entrer dans les deux villes, a raconté un habitant de Homsk L'armée est encore à l'extérieur des villes et on m'a dit que des véhicules de l'ar- mée, dont des véhicules blindés de transport de troupes, avaient été incendiés».

Egypte : Les manifestants reprennent la place Tahrir Vendredi 27 mai au Caire, la place Tahrir a été réoccupée par des milliers voir des dizaines de milliers d’égyptiens qui demandaient à l’armée de mettre en oeuvre les ré- formes démocratiques tant promises. Les manifestants ont exigé à ce que soient renvoyés les responsables de l’ancien régime, la fin de la corruption politique ainsi qu’une hausse du salaire minimum.

Sur des banderoles, on pouvait lire; «la révolution égyp- tienne n'est pas finie». Comme quoi, le processus révo- lutionnaire est nécessairement long et malheureusement semmé d’embuches.

p. 15 Actualutte

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Monde

l’actualité dans le monde

Printemps Arabe,

le dossier

Ce que l'on peut remarquer et qui explique la contagion des soulèvements, c'est la chute du mur de la peur. Cette peur de la répression qui empêchait toute tentative de manifester. Le souvenir aussi de la répression passée.

Ce mur est tombé avec les premiers soulèvements en Al- gérie et Tunisie. La jeunesse a le sentiment de ne plus avoir rien à perdre, ils ne croient plus en leur avenir sous les régimes autoritaires et osent se révolter. On l'a vu, même avec les premiers morts en Égypte, la contestation n'a fait que prendre de l'ampleur, de même au Yémen de- puis maintenant plusieurs mois et beaucoup plus récem- ment en Syrie malgré les centaines de morts.

La Libye est un cas à part puisqu'on a plutôt affaire à une guerre civile, un conflit armée entre une partie de la po- pulation et l'armée et les milice du régime Kadhafi. Malgré tout même en Libye on a pu voir ce mur tomber avec des manifestations très régulières dans les premières se- maines de l'insurrection, au sein même de la capitale Tri- poli parfois et alors même que les manifestants étaient

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Actualutte p.16

Partie 2 -

Tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire que le printemps Arabe a profon- démment boulversé la situation géo- politique du monde Arabe. Il a surpris par sa rapidité et son intensité

Dès lors, comment expliquer de tels évènements ? Notre dossier tentera d’apporter quelques réponses. Celui ci est décomposé en deux parties. La première étant traitée dans le précé- dent numéro, et la seconde dans celui ci.

II. Les mouv ements

A) La chute du “mur de la p eur”

victimes de tirs à balles. Le même scénario se répète au- jourd'hui en Syrie ou les manifestations ne cessent de s'étendre malgré la répression sanglante dont ils sont victimes.

Les exemples Tunisien et Egyptien donnent d'autant plus d'espoir aux populations qui se soulèvent qui n'ont main- tenant plus le sentiment d'être face à des régimes im- possible à renverser.

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A) Déroulement des manifestations

Le déroulement des protestations avec une montée en puissance est aussi similaire au sein des différents pays. On remarque dans un premier temps la présence de beaucoup de jeunes qui sont souvent à l'origine des soulèvements. Au Yémen, le 16 janvier 2011, 1000 étudiants manifestaient à Sanaa en ap- pelant les peuples Arabes à se soulever, à la

« révolution contre les dirigeants menteurs et apeurés ». Par d'autres slogans on peut remarquer la liaison entre l'ensemble des mouvements de protestation. « Tunis de la liberté, Sanaa te salue mille fois », avaient scandés les étudiants. 15 jours après, 100 000 manifestants réclamaient la chute du ré- gime à Sanaa.. Ces jeunes comme on l'a vu plutôt n'ont connu que la dictature et rêvent de la liberté des pays Occidentaux. Ils sont massivement connectés à internet et ont donc utilisé cet outil pour s'organiser dans un premier temps.

Les manifestations ont le plus souvent débu- tées par des revendications sociales (pour la baisse des produits de nécessité, pour du travail, des logements etc) puis progressive- ment les revendications ont pris une tournure politique. Rapidement, une fois que le régime commence à réprimer les mouvements, les manifestants demandent la chute du régime et les slogans que l'on connait

bien; « Ben Ali dégage ! », « Moubarak dé- gage ! », « Kadhafi dégage ! » etc.

Ces manifestations sont organisées le plus souvent le vendredi, jour de prière après la prière. Les manifestants cherchent alors à obtenir le soutien des militaires, moins liés

au pouvoir que les policiers, chose qu'ils ont réussi en Tunisie et Egypte, plus partielle- ment en Libye et au Yémen. Il faut évidem- ment garder à l'esprit que ces militaire prennent le parti du peuple pour défendre leurs propres intérêts.

Une autre chose à retenir, c'est un besoin de symbole. La plupart des soulèvements ont eu besoin d'un symbole pour durer, que ce soit une place (Bahrein, Egypte, Algérie, Yémen) ou une avenue (Tunisie). En Egypte les mani- festants ont ainsi décider de faire de la place Tahrir (place de la liberté) le lieu symbole de leur mouvement, une place qu'ils ont occupé des semaines entières et que le régime à chercher à faire évacuer.

On peut voir ci dessus l'emplacement de la place Tahrir, laquelle était occupée par un campement de manifestants en son centre.

Toutes les rues menant à son accès étaient contrôlées par des barrages de manifestants pour empêcher l'incursion de pro-Moubarak.

C'est sur cette place que les manifestants se réunissaient, parfois à plus d'un million de personnes.

Au Bahrein, c'est la place de la Perle qui a été occupée avec en son centre un monument symbole visible sur la photo ci contre. Le 18 mars 2011, les autorités bahreïnies ont fait détruire le monument qui se trouve sur la place de la Perle dans le centre de Manama, devenu un symbole de la contestation dès le 19 février. 9 jours avant, les forces de sécu- rité bahreïnies avaient lancé un assaut contre la place et forcé à la fuite les manifestants, faisant au moins trois tués et plusieurs di- zaines de blessés.

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