HAL Id: tel-00011915
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00011915
Submitted on 10 Mar 2006
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Réduction du bruit et tomographie quantique d’un
faisceau laser interagissant avec des atomes froids :
théorie et expériences
Thomas Coudreau
To cite this version:
Thomas Coudreau. Réduction du bruit et tomographie quantique d’un faisceau laser interagissant avec des atomes froids : théorie et expériences. Physique Atomique [physics.atom-ph]. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 1997. Français. �tel-00011915�
KASTLER BROSSEL
Thèse
de doctorat de
l’Université Paris 6
Spécialité :
Lasers
etMatière
présentée
parThomas
Coudreau
Pour obtenir le
grade
deDOCTEUR
del’UNIVERSITE
PARIS6
Sujet :
Réduction du
bruit
et
tomographie
quantique
d’un
faisceau
laser
interagissant
avecdes
atomes
froids:
théorie
et
expériences.
Soutenue le 17 décembre 1997 devant le
jury
composé
de :M. C. FABRE Président
Mme. E. GIACOBINO Directeur de thèse M. P. GRANGIER
Rapporteur
M. A. LEVENSONM. L. LUGIATO
A
mesgrands-pères,
de conditions de recherche
exceptionnelle.
Je tiens à remercierJacques
Bauchegrâce
àqui
j’ai
pubénéficier
d’une allocation de recherche du Ministère del’Enseignement Supérieur
etde la Recherche. Je veux
également
remercier MM. Gouédard et BenKelfat
de m’avoirpermis
d’effectuer
des vacations durant cette thèse.Enfin, je
suis très reconnaissant àJacqueline
Gouzerh
qui
m’apermis
d’obtenir un poste d’A.T.E.R. à l’Universitéparis
VII etainsi de terminer cette thèse dans de bonnes conditions.
Elisabeth Giacobino a encadré ce travail. Je la remercie de la
confiance qu’elle
m’aaccordée ainsi que de ses nombreux conseils et encouragements au cours de cette thèse. Je la remercie
également
de l’attentionqu’elle
aportée
à la correction de ce mémoire.A mon arrivée au
Laboratoire, j’ai
eu leplaisir
de travailler avec Astrid Lambrecht etAephraim Steinberg.
Je remercie Astrid Lambrecht dem’avoir fait profiter
de sagrande
connaissance de
l’expérience.
Je suiségalement
reconnaissant àAephraim
Steinberg
d’avoirguidé
mespremiers
pas surl’expérience
et de m’avoir aidé àm’y
retrouver sur une table demanip’ bien
encombrée.J’ai eu la
grande
chance et legrand plaisir
de travaillerpendant
un an et demi avecAntonio
Zelaquett-Khoury
enséjour
post-doctoral.
Je le remercie car ce travail lui doitbeaucoup.
Paulo
Nussenzveig
apassé
un mois surl’expérience
et abeaucoup
contribué à lastabilisation du
système.
Je tiens à le remercier de son aideprécieuse.
Gerd Breitenbach de l’Université de Constance a
passé
une semaine au laboratoire pour nous aider à réaliser lespremières
mesures detomographie,
il nous aaussi fourni
sonprogramme de calcul de la
fonction
deWigner
et de la matrice densité. Je le remercie pour sadisponibilité
autant lors de sonséjour
que par courrierélectronique
interposé.
Merciégalement
à M.Raymer
et A. Faridani de l’Universitéd’Oregon
de nousavoir fourni
leprogramme initial pour le calcul de la
fonction
deWigner
partransformée
de Radon inverseet à A. Zucchetti et W.
Vogel
de l’Université de Rostock pour le calcul de la matrice densité dans la base de Fock àpartir
de nos donnéesexpérimentales.
Laurent Vernac a commencé sa thèse sur cette
expérience.
J’ai eubeaucoup
deplaisir
àtravailler avec lui
et je
tiens à le remercier pour ses lectures nombreuses et attentives de cemémoire.
Je voudrais
également
remercier ici toutes les personnesqui
m’ont aidé au cours de cettethèse et
qui
n’ont jamais
hésité àrépondre
à mesquestions
même durant les moments lesmoins opportuns
(qui
sonttoujours
les moments où lesproblèmes
seposent) :
Antoine Heidmann pour m’avoir aidé à résoudre de nombreux
problèmes
dephysique
mais aussi
d’informatique
etd’électronique qui
se sontposés
au cours de ce travail. Il atoujours
montré une bonne humeur et unedisponibilité qui
ne sesont jamais
démenties.Michel Pinard pour m’avoir
expliqué
lesmystères
du pompageoptique
et pour avoirrépondu
dans le détail à toutes lesquestions
que j’ai
pu lui poser,François
Biraben etFrançois
Nezqui
ontpassé
delongs
moments àm’expliquer
parl’exemple
lefonctionnement
du laserTitane:Saphir
et dont lapatience
et le savoir mefurent
précieux,
Jean-Michel
Courty
pour m’avoirexpliqué
les nombreuxpoints
dephysique atomique qui
m’échappaient
ainsi que pour les momentsqu’il
apassé
à m’aider àrégler
le laserCatherine Schwob et Yassine
Hadjar
pour les nombreuses discussions que nous avons euet toutes les
pièces
etappareils qu’ils
m’ontprêtés
au cours de cettethèse,
Francesca Grassia pour ses encouragements constants tout au
long
de cettethèse,
Agnès
Maitre pour sesprécieux
conseils pour mes diversesprésentations
orales et nosnombreuses
discussions,
tous les
thésards,
stagiaires
et visiteurs, CédricBégon,
NicolasBorghini,
Alberto Bramati,Hichem
Eleuch,
Jean-PierreHermier,
Valéry
Jost,
Katsuyuki
Kasai, Gaétan Messin etMatthias
Vaupel qui font
du bureau danslequel
nous travaillons un endroit vivant, convivialet stimulant même
quand
on n’aime pasle football,
Pierre-François
Cohadon pour sa relecture dumanuscrit,
Benoît Grémaud pour sa
patience
àm’expliquer
LaTeX etPostScript,
tous ceux que
je
n’ai pas remerciéjusqu’ici
etqui font
de ce laboratoire un lieu de travailparticulièrement agréable.
Ce travail a aussi été rendu
possible
par lepersonnel
des ateliers du laboratoire. Pourcela,
mes remerciements vont donc àFrancis Tréhin
qui
ne fut jamais
à court d’idée pour résoudre les diversproblèmes
rencontrés
pendant
cettethèse,
Bernard
Rodriguez qui
atoujours accepté
avecphilosophie
et bonne humeur mesmodifications après
coup sur lespièces mécanique
qu’il
m’avait fabriqué,
Alexis Poizat
qui
a denombreuses fois accepté
avec de traiter despièces
en urgence,Sylvain
Pledel pour sonefficacité
et sarapidité
aumagasin
demécanique
de ParisVI,
Jean-Claude Bernard
qui
a conçu de nombreux montagesélectroniques qui
ont été réaliséspar
Philippe
Pace et Jean-PierreOkpisz,
Jean-Pierre Plaut pour son aide pour résoudre les nombreux
problèmes informatiques,
Karine Gautier et Blandine Moutiers pour m’avoir aidé pour les
différentes
démarchesnécessaires au bon déroulement d’une thèse.
Je remercie tout
particulièrement
Claude Fabre pour avoiraccepté
deprésider
cejury
mais aussi pour ses
explications patientes
etrépétées
des diversproblèmes d’optique
quantique qui
m’ont troublé durant cette thèse. Je tienségalement
à remercierPhilippe
Grangier
et Pierre Pillet d’avoiraccepté
d’être les rapporteurs de cette thèsemalgré
lescourts délais que nous leur avons laissé. Je suis
également
reconnaissant à Ariel Levenson etLuigi Lugiato
pour l’intérêtqu’ils
ontmanifesté
pour ce travail en acceptantde faire
partie
du jury.
Enfin, je
veux remercier mes amis etma famille
pour leurs encouragements au cours de cette thèse. Un immense merci pour terminer àSylvie
sansqui
ce travail n’auraitTable des
matières
1 Introduction 5
2 Introduction au bruit
quantique -
Réduction du bruit par effet Kerr 92.1 Introduction ... 9
2.2
Quantification
duchamp
électromagnétique
... 92.2.1
Composantes
dequadrature
... 122.2.2
Représentation
dansl’espace
desphases
... 142.2.3 Choix d’un ordre ... 15
2.2.4
Statistique
durayonnement
... 162.3
Représentation
des états duchamp
... 222.3.1 Introduction ... 22
2.3.2
Représentation
P ... 222.3.3
Représentation
deWigner
... 232.4 Réalisation
expérimentale
d’étatscomprimés
durayonnement...
242.4.1 Introduction ... 24
2.4.2 Réduction du bruit dans un milieu
~
(2)
... 252.4.3 Réduction du bruit par effet Kerr ... 26
3 Présentation du
montage expérimental
31 3.1 Introduction ... 313.2 Les sources lasers ... 31
3.2.1 La diode laser de repompage ... 31
3.2.2 Le laser
Titane:Saphir
... 333.3 Le
piège magnéto-optique
... 373.3.1
Principe
... 373.3.2 Mise en oeuvre
expérimentale
... 383.4 La cavité d’interaction ... 40
3.4.1
Montage expérimental
... 403.5 La détection
homodyne
... 423.5.1
Principe
de la détectionhomodyne
... 423.5.2 Détection des fluctuations
quantiques
... 423.5.3
Représentation
dansl’espace
desphases
... 453.5.4 Influence de la
dépendance
spatiale
des modes ... 453.6 Améliorations du
montage ...
473.6.1 Amélioration du
montage
de la cavité d’interaction ... 473.6.2 Amélioration de la détection ... 49
4 Etude
théorique
de la réduction de bruit avec des atomes froids. 55 4.1 Introduction ... 554.2 Méthode des forces de
Langevin ...
562
4.2.2 Méthodes des forces de
Langevin
enoptique quantique ...
574.3 Calcul des
spectres
de bruit ... 594.3.1 Présentation du modèle ... 59
4.3.2 Article "A three level
approach
tosqueezing
with cold atoms" .. 614.4 Prédictions
théoriques -
conclusions ... 864.4.1 Allure de la courbe de transmission de la cavité ... 86
4.4.2 Etude du
spectre
de la réduction de bruit ... 874.4.3
Balayage
de lalongueur
de la cavité ... 874.4.4 Etude en fonction de la
puissance
des faisceauxpièges ...
884.4.5 Etude en fonction de la
puissance
du repompeur ... 884.4.6 Etude en fonction de la
puissance
de la sonde ... 894.4.7 Conclusions ... 91
5 Mesure de la réduction de bruit 93 5.1 Introduction ... 93 5.2 Conditions
expérimentales ...
93 5.2.1 Le faisceau sonde ... 93 5.2.2 Lepiège magnéto-optique
... 95 5.3 Résultatsexpérimentaux ...
99 5.3.1 Procédure de mesure ... 995.3.2 Courbes de réduction de bruit ... 100
5.4
Comparaison théorie-expérience
... 1015.4.1 Introduction ... 101
5.4.2 Cas des faisceaux
pièges
peu intenses ... 1035.4.3 Cas des faisceaux
pièges
intenses ... 1035.5 Conclusions ... 105
6
Tomographie Quantique : Principes
et mise en oeuvreexpérimentale107
6.1 Introduction ... 1076.2
Tomographie
médicale ... 1086.2.1 Introduction ... 108
6.2.2
Tomographie
de transmission:principes
... 1086.2.3
Rétroprojection
simple
... 1096.2.4 Reconstruction bidimensionnelle de Fourier ... 111
6.2.5
Filtrage
de Fourier - Transformée de Radon inverse ... 1136.2.6 Mise en 0153uvre
expérimentale
... 1146.3
Tomographie
quantique
... 1146.3.1 Bases de la
tomographie
quantique
... 1146.3.2
Filtrage
de Fourier ... 1166.3.3 Calcul par
régularisation quadratique
... 1166.3.4 Reconstruction directe de la matrice densité ... 117
6.4 Résultats
expérimentaux ...
1216.4.1 Procédure de mesure ... 121
6.4.3
Représentation
de la matrice densité dans la base de Fock .... 1266.5 Conclusion ... 129
Conclusions 131
Appendice
1335
1
Introduction
L’étude des fluctuations
quantiques
duchamp
électromagnétique
a commencé à sedévelopper
de manièrespectaculaire
àpartir
des années 1960 mais il fallu attendre la fin des années 1970 pourqu’apparaissent
lespremières propositions
visant à contournerla "limite
quantique
standard" venant desinégalités d’Heisenberg.
Eneffet,
l’inégalité
d’Heisenberg n’impose
une condition que pour leproduit
des variances des deuxob-servables
conjuguées
qui
décrivent lechamp
électromagnétique
quantifié.
Un état duchamp possédant
des fluctuations sur unecomposante
au-dessous du bruitquantique
standard est dit
comprimé.
L’intérêt d’utiliser un étatcomprimé apparaît
dans les mesures de trèsgrande
précision.
Les mesures d’intensité ou dephase
sont limitées de manière ultime par le bruitquantique
standard duchamp.
Il est donc intéressant d’obtenirexpérimentalement
des états dont les fluctuations soientcomprimées
enam-plitude
ou enphase.
Dans le cas d’une mesure despectroscopie
parabsorption,
onpourra utiliser avec
profit
des étatscomprimés
enamplitude
pouraugmenter
lasen-sibilité. De
même,
dans le cas de mesuresinterférométriques
comme celles visant àdétecter des ondes
gravitationnelles,
il sera intéressant d’utiliser des étatscomprimés
enphase
pour améliorer lerapport
signal
à bruit de la mesure.Depuis
une dizaine d’années de nombreuses méthodes ont été mises aupoint
pourcréer et étudier ces états
comprimés.
Onpeut
classer ces méthodes en deuxtypes.
Lepremier
type
de méthode consiste àappliquer
unprincipe
dit de"pompe
régulière"
dans un laser[Golubev
84].
Selon ceprincipe,
lastatistique
de la pompe estreproduite
surla
statistique
de la lumière émise par le laser. Cette méthode a été utilisée de manièretrès convaincante dans le cas des diodes lasers où des
compressions
des fluctuationsjusqu’à
70%
ont été obtenues pour des faisceaux utilisables[Kilper 96].
L’autretype
de méthode est basée sur une interaction entre un faisceau laser et un milieunon-linéaire. De nombreuses études
théoriques
ont été menées pour identifier les milieux favorables à la réduction du bruit. Ces non-linéarités sonttypiquement
~
(2)
ou~
(3)
.
La
première
expérience
a été réalisée en 1985 en utilisant une interaction avec unmilieu
atomique présentant
une non-linéarité~
(3)
[Slusher 85].
L’effet non linéaire étaitaugmenté
par laproximité
d’une résonanceatomique.
On a par la suite cherché à utiliserdes non-linéarités
paramétriques
pourlesquelles
les sources de bruit sont faibles(a
priori
elles ne sont pas liées à la non-linéarité mais à des effetsparasites).
Ces interactionsparamétriques
ont étéprincipalement
réalisées dans des cristauxprésentant
unegénération paramétrique
ou lagénération
desecond-harmonique.
Cesexpériences
ontconduit à de fortes réductions de bruit
pouvant
allerjusqu’à
90%[Mertz 91].
Les milieux
présentant
une non-linéarité detype
Kerr(~
(3)
)
sont eux aussi debons candidats pour la réduction de bruit. Il est bien connu que ce
type
de milieu està
l’origine
d’unphénomène
de bistabilitéoptique
[Gibbs
76]:
la courbe de résonanceen
présence
d’un milieu Kerr n’estplus
une fonctiond’Airy
maispeut
posséder,
pour une valeur donnée de lalongueur
de lacavité,
troispoints
de fonctionnements dontdeux seulement sont stables. De nombreux travaux
théoriques
ont montré que cet effetpurement
classique
est à même de réduire le bruit pour unecomposante
duchamp
[Reynaud
89].
Deuxtypes
de milieu~
(3)
ont été utilisés avec succès pour réduire lesfluctuations
quantiques
durayonnement,
les fibresoptiques
[Shelby 86][Shirasaki 90]
et les milieux
atomiques. L’expérience
étudiée au cours de ce travail utilise un milieuatomique.
Enpremière approximation,
onpeut
interpréter
la non-linéarité comme unevariation de l’indice
optique
avec lapuissance
cequi
estéquivalent
à une non-linéaritéde
type
Kerr. Nous allons voir maintenant les conditions nécessaires à la réduction de bruit dans un milieuatomique.
La non-linéarité dans ces milieux
provient
de laproximité
d’une résonance. Cetterésonance est à
l’origine
d’un excès de bruit à cause del’absorption
et de l’émissionspontanée
dans le mode pourlequel
estprédite
la réduction de bruit. Afin d’évitercet excès de
bruit,
ons’éloigne
de la résonance. L’effetDoppler
est alors un obstacleà la
compression
des fluctuationspuisqu’il élargit
les résonances. Desexpériences
ontété réalisées dans une vapeur
atomique
mais ont donné des résultats très inférieurs àdes
prédictions théoriques
neprenant
pas encompte
l’effetDoppler
[Maeda 87].
Lapremière
solution retenue pour éliminer l’effetDoppler
est lejet atomique.
Pour unjet
bien
collimaté,
l’effetDoppler
estnégligeable
dans la direction transverse. Des effets de réduction de bruit ont été observés dans ces conditions[Orozco 87][Hope 92].
Cepen-dant,
les résultats obtenus étaienttoujours
inférieurs auxprédictions
théoriques.
Afinde mieux contrôler les conditions
expérimentales,
il est intéressant d’utiliser les atomesrefroidis et
piégés
par laser comme milieu non-linéaire. Uneexpérience
a commencéedans ce sens dans notre laboratoire en 1989. Les
premières
observations de bistabilitéont été faites par L. Hilico au cours de sa thèse
[Hilico 92a].
Dans les mesures debruit effectuées par la
suite,
l’effetperturbateur
des faisceauxpièges
s’est révélé trèsimportant.
Enparticulier,
avec les faisceauxpièges
à leurpleine puissance,
il estpossi-ble d’observer un
phénomène
d’émission laser[Hilico
92c].
Ce laser a des fluctuationspropres
qui
détruisent la réduction de bruit. Il est donc nécessaire de s’affranchir desfaisceaux
pièges.
Lapremière
solutiondéveloppée
par A. Lambrecht a été d’éteindreles faisceaux
pièges
[Lambrecht 96a].
Quelques
millisecondesaprès
la coupure, il resteencore suffisament d’atomes pour avoir une non-linéarité
importante
et la mesure debruit est affranchie de l’effet des faisceaux
pièges.
La réduction de bruit observée dansces conditions est de l’ordre de
40%.
Cette réduction de bruit n’est que transitoire(quelques
millisecondes).
Afind’augmenter
letemps
pendant lequel
elle estobservée,
on
peut
mesurer la modification des fluctuationsquantiques
sur une transition nonperturbée
par les faisceauxpièges.
Ceci a été réalisé dansl’équipe
de P.Grangier
à7
Orsay
dans le cadre de mesuresquantiques
non-destructrices[Roch 97],
[Sinatra 98]
pour
lesquelles
deux faisceaux sontnécessaires,
un faisceausignal
intense et un faisceau mesure faible. Cette solution n’est pasenvisageable
dans une mesure de réduction debruit où on ne
dispose
que d’un faisceau. Dans ce cas, onpeut
utiliser des faisceauxpièges
atténués.Cependant,
dans cesconditions,
un modèleatomique
à deux niveauxn’est
plus
valable.Jusqu’alors,
un modèlethéorique
d’atomes à deux niveaux étaitsat-isfaisant
puisque
les faisceauxpièges
étaient absents lors de la mesure de la réductionde bruit. La validité de cette
approche
était confirmée par le fait que lesprédictions
théoriques
étaient en bon accord avec les mesuresexpérimentales.
Enprésence
des fais-ceauxpièges,
ce modèle n’estplus
valable et doitprendre
encompte
les autres niveaux intervenant dans le mécanisme depiégeage.
Nous avonsdéveloppé
un modèle basé sur un ensemble d’atomes à trois niveaux. Pourcela,
nous avons résoluanalytiquement
les
équations
d’Heisenberg-Langevin
qui
régissent
l’évolution dusystème composé
du faisceau lasersonde,
des faisceauxpièges,
de repompage et des atomessupposés
im-mobiles. Nous avons alors pu calculer
analytiquement
lesexpressions
des fonctions decorrélation pour le
champ
mesuréesexpérimentalement.
Nous avonscomparé
lespré-dictions
théoriques
aux résultatsexpérimentaux
dansplusieurs
régimes
deparamètres
différents et obtenu un excellent accord.
L’expérience
seraprésentée
dans le secondchapitre
tandis que les calculsthéoriques
ferontl’objet
de notre troisièmechapitre.
Enfin,
lequatrième chapitre
sera consacré à lacomparaison
desprédictions
théoriques
et des résultats
expérimentaux.
Indépendamment,
nous avonsappliqué
la méthode dite detomographie
quantique
du
champ
électromagnétique.
Leschamps
électromagnétiques
sont souventreprésentés
par leur matrice densité. Cette matrice densitédéveloppée
dans une basequelconque
peut
être mesuréeexpérimentalement :
on mesure parexemple
la fonction deWigner
qui
est une distribution dequasiprobabilités
qu’on
peut
relier à la matrice densité[Wigner 32].
L’intérêt de ces mesures est de donner accès non seulement à la valeurmoyenne et à la variance du
champ
mais aussi à toute sastatistique.
Nous avons ainsiobtenu les
premières
mesures de la fonction deWigner
d’un état pourlequel
lesfluc-tuations
prédites
théoriquement
sont non minimales. Nous avons ainsi pu vérifier quela
statistique
de ces états obéit à une loigaussienne.
Laprésentation
de latomogra-phie quantique
et les mesures que nous avons faites sont détaillées dans lecinquième
2
Introduction
au
bruit
quantique
-Réduction
du
bruit
par
effet
Kerr
2.1
Introduction
Comme nous l’avons mentionné dans l’introduction de ce
mémoire,
il estpos-sible de réduire les fluctuations
quantiques
duchamp
électromagnétique
au-dessous d’une certaine valeurappelée
limitequantique
standard. L’existence de fluctuations duchamp électromagnétique
découle de sa naturequantique,
naturequi
a été mise en évidence lors de l’étude despropriétés
statistiques
de la lumière. Nous allons doncrappeler
brièvement les méthodes utilisées pour décrire lechamp
électromagnétique
quantifié
ainsi que lespropriétés statistiques qui
s’en déduisent. Lapremière partie
sera consacrée à un
rappel
despropriétés
duchamp quantifié
puis
la deuxièmepar-tie détaillera les différentes
représentations
utilisées pour le décrire.Finalement,
nousmontrerons comment un milieu dont l’indice
optique dépend
de l’intensité incidente(milieu Kerr)
estsusceptible
de modifier les fluctuationsquantiques
durayonnement
etnous décrirons dans
quels
conditions onpeut
considérerqu’un
nuage d’atomes refroidispar laser est un milieu Kerr favorable à la réduction du bruit.
2.2
Quantification
du
champ électromagnétique
La
quantification
duchamp électromagnétique
est apparue nécessaire dès le début du siècle : lespectre
derayonnement
du corps noir nepeut
êtreinterprété qu’en
consid-érant une
description quantifiée
duchamp.
Cettequantification implique
quel’énergie
du
champ
électromagnétique
n’estplus
continue comme on lecroyait jusqu’alors
maiscomposée
dequanta
(individuels)
d’énergie :
lesphotons.
Lespropriétés statistiques
d’un faisceau lumineux sont étroitement liées à ceconcept.
Si onconsidère,
parex-emple,
un faisceau laser danslequel
onnéglige
toutes les sources de bruits extérieuresarrivant sur un détecteur
parfait,
onpeut
montrer(voir
2.2.4.2)
que lestemps
d’arrivéedes
photons
sur le détecteur sontrépartis
selon unestatistique
particulière :
unestatis-tique poissonienne.
Pour étudier cespropriétés statistiques,
nous allons d’abord10
Pour
quantifier
lechamp électromagnétique,
on utilise uneanalogie
entre leséquations classiques qui
lient les différentescomposantes
duchamp électromagnétique
et les
équations quantiques
d’évolution d’un oscillateurharmonique.
Dans une boîte dedimensions L x L x
L,
onpeut
décomposer
lechamp
en modes caractérisés par unefréquence
03C9i, un vecteur d’ondek
i
, 203C0 L)
z
, 203C0 L, n
y
203C0 L, n
xi
(n
et unepolarisation
03B5
i
.
Onpeut
montrer
qu’un
mode est entièrement caractérisé par un vecteur03B1
i
(k
i
,
t)
donné par la relation(Cohen-Tannoudji 87] :
où 03B5
i
(k, t) et
B
i
(k
i
, t)
désignent
les transformées de Fourierspatiales
duchamp
élec-trique
etdu
champ
magnétique.
Pour unchamp
quelconque,
l’énergie
duchamp
peut
s’écrire en utilisant la
décomposition
en modes :De
plus,
l’évolution dea
i
(k, t)
peut
se déduire deséquations
de Maxwell et onobtient pour un
champ
sepropageant
dans le vide :Les
équations
2.2 et 2.3 sontidentiques
à cellesqui
gouvernent
l’évolution d’un oscillateurharmonique.
Laquantification
d’un oscillateurharmonique
étant biencon-nue, il est
possible
dequantifier
lechamp
électromagnétique
d’unefaçon
similaire.Par
analogie,
on associe auxgrandeurs
classiques
03B1 et 03B1* lesopérateurs
bien connusde création et d’annihilation d’un
quantum
d’énergie
dans un modei,
â
i
etâ
~
i
.
Cesopérateurs
sonthermitiques
conjugués. L’énergie
duchamp
s’écrira alors :On a des relations de commutation
générales
entre lesopérateurs
création etoù
03B4
i,j
représente
lesymbole
de Kronecker.En
représentation
deSchrödinger,
lesopérateurs champs
s’écrivent en fonction desopérateurs
création et annihilation :avec
B
03C9i
=
1 cE
03C9i
.
E
03C9i
correspond
auchamp
d’un seulphoton.
Dans le
point
de vue deSchrödinger,
on utilise desopérateurs
qui
agissent
sur desvecteurs d’états
dépendant
dutemps,
|03C8
S (t)).
Enoptique quantique,
on utiliseplus
fréquemment
lepoint
de vued’Heisenberg.
Cettereprésentation
consiste àappliquer
à|03C8
S
(t)>
une transformationunitaire, U,
de telle sorte que U|03C8
S
(t))
soitindépendant
du
temps.
On a donc :Cette relation
permet
d’introduire le vecteur d’état enreprésentation
d’Heisenberg :
Afin de conserver les
prédictions
de lamécanique quantique,
il est nécessaired’appliquer
auxopérateurs
dépendant
dutemps
une transformation similaire. Dans lareprésentation
d’Heisenberg,
unopérateur
s’écrit alors :12
L’expression
deschamps
électromagnétiques
enreprésentation
d’Heisenberg
est :L’intérêt de la
représentation
d’Heisenberg
est de conduire à deséquations
d’évolutionanalogues
à celles obtenues dans la théorieclassique
danslesquelles
onremplace
lesgrandeurs
classiques
par desopérateurs.
Onpeut
aussi calculer des moyennes à deuxtemps
dutype
<03C8
|F(t)G(t’)|03C8>.
Ces moyennes à deuxtemps
interviennent,
parex-emple,
dans le calcul des corrélations entre lestemps
d’arrivée desphotons.
Il estintéressant de noter que dans le cas d’un
champ libre,
i
â
(t)
etâ
~
i
(t)
sontindépendants
du
temps :
toute ladépendance
temporelle
estregroupée
dans le termee
±i03C9
i
t
.
2.2.1
Composantes
dequadrature
On
peut
aussidécomposer
lechamp
encomposantes
dequadrature,
Ê
Pi
etÊ
Qi
:
avec
et
On
peut
déduire de la relation 2.5a une relation de commutation pour les{â
Pi
,â
Qi
} :
Le commutateur de
â
Pi
etâ
Qi
étant unimaginaire
pur nonnul,
les fluctuations de cesgrandeurs
sont liées par uneinégalité
deHeisenberg :
où
0394Â désigne
l’écartquadratique
moyen de  : 0394Â= <Â
2
- <Â>
2
>.
On a aussi :E
2
03C9i
apparaît
ici comme une limiteimposée
par la naturequantique
duchamp.
Elle estappelée
limitequantique
standard. Si on faitplusieurs
mesures deÊ
Pi
,
les résultatsobtenus
présentent
engénéral
unedispersion.
Cettedispersion
est caractérisée par unécart
quadratique
moyen,0394Ê
Pi
,
non nul.L’équation
2.19 montre que leproduit
desdispersions
Pi
0394Ê
et0394Ê
Qi
est borné inférieurement par.
E
03C9i
2
On nepeut
pas mesurersimultanément les deux
composantes
dequadratures
avec uneprécision
infinie.Néan-moins,
il n’existe pas de limite fondamentale à la mesure d’une seule de cesgrandeurs.
Ainsi,
il estenvisageable d’augmenter
laprécision
sur la mesure d’une des deuxcom-posantes
duchamp,
c’est à dire de diminuer sesfluctuations,
auprix
bien entendu d’uneaugmentation
des fluctuations sur lacomposante
conjuguée.
On pourra doncaugmenter
la
précision
d’une mesure, la seule limite étant de naturetechnique.
Des étatsayant
des fluctuations inférieures à la limitequantique
standard sur unequadrature
sont ditscomprimés.
On définit de manière
générale
un état minimal comme un état vérifiantl’égalité :
Enfin,
remarquonsqu’un
terme dephase
dansl’équation
2.13b ne modifie pas lespropriétés
duchamp,
lareprésentation
enquadratures
n’est donc pasunique. Ainsi,
la14
2.2.2
Représentation
dans
l’espace
des
phases
On utilise couramment une illustration
graphique
despropriétés
duchamp :
onreprésente
lechamp
dansl’espace
desphases,
c’est à dire leplan
(Ê
P
,
Ê
Q
).
Dans
l’espace
desphases,
lechamp
électrique classique
estreprésenté
par unvecteur tournant à la
fréquence
03C9. Si on considère lechamp
quantifié,
toute mesure duchamp
est entachée d’un bruit. Onpeut
représenter
ces fluctuations par une surfacecentrée à l’extrémité du
champ
électrique
moyen. Laprojection
de cette surface sur une droite faisant avec l’axeÊ
P
unangle 03B8
correspond
à la variance de laquadrature
considérée
(voir
figure
1).
Fig.
1:Représentation
dans l’espace des phases de la surface des fluctuations.Les fluctuations dans l’axe du
champ
électrique correspondent
aux fluctuationsd’amplitude
alors que les fluctuationsperpendiculaires
correspondent
aux fluctuationsde
phase.
On
peut
montrerqu’un
étatcohérent,
c’est à dire un état propre deâ,
est un étatminimal
qui
nepossède
pas dequadrature
privilégiée.
Sareprésentation
dansl’espace
des
phases
est donc un cerclecorrespondant
à des fluctuationségales
à la limitequan-tique
standard sur toutes lesquadratures.
Dans le cas despetites
fluctuations(c’est
àdire de fluctuations faibles devant la valeur moyenne du
champ),
un étatcomprimé
estFig.
2: Représentation dans l’espace des phases d’un état cohérent et d’un état comprimé.2.2.3
Choix
d’un ordreEn
représentation
d’Heisenberg,
l’évolution d’unsystème
est donnée par unensem-ble
d’équations
pour lesopérateurs dépendants
dutemps.
Afin de résoudre cesystème,
on cherche souvent à passer à unsystème
d’équations
pour des variablescomplexes qui
"correspondent
auxopérateurs".
Il existecependant
une différenceimportante
entreles variables
complexes
et lesopérateurs. L’algèbre
gouvernant
lesopérateurs
est noncommutative alors que les variables
complexes
commutent. Si on considère une fonctionF
(a,
a
~
)
qui
peut
sedévelopper
ensérie,
on a :où p1, p2, ..., sont np des entiers
positifs.
Il esttoujours
possible
d’utiliser les relations decommutation entre â et
â
~
pour lesréarranger
entre eux. Cela va conduire à différentesexpressions
pour F(â, â
~
)
qui
seront touteségales.
16
Ce classement des
opérateurs
avec les â à droite desâ
~
est dit "ordre normal".L’origine
de cettedésignation
de normal réside dans le fait que c’est l’ordrequi
apparaît
lors de laphotodétection
[Glauber 63a].
L’ordre antinormalcorrespond
à arranger Fen classant les â à
gauche
desâ
~
.
On a alors :On
peut
introduire un troisièmeordre,
l’ordre ditsymétrique dqui
fait intervenirtoutes les combinaisons des
produits
d’opérateurs
(voir
[Mandel 95],
p.541).
De manièregénérale,
onf
(A)
rs
~
f
(N)
rs
bienqu’on
ait :Le classement en ordre
normal,
anti-normal ousymétrique
étantunique,
il estpos-sible d’établir une
correspondance
unique
entre les fonctions desopérateurs
F
(N)
(â, â
~
)
et
F
(A)
(â, â
~
)
d’unepart
et les fonctions de la variablecomplexe
03B1,F
(N)
(03B1, 03B1*)
etF
(A)
(03B1,
03B1*)
d’autrepart.
Cettecorrespondance
estsimplement
faite enremplaçant
dans les
expressions
ordonnées 2.22 et 2.23 â par 03B1 etâ
~
par 03B1*.Dans nos calculs de la réduction du bruit par des
atomes,
nous avons choisi l’ordrenormal. C’est l’ordre le
plus
couramment utilisé par de nombreux auteurs pour les calculsd’optique quantique.
2.2.4
Statistique
du
rayonnement
Nous allons étudier les différents
types
d’étatsqui apparaissent
leplus
courammenten
optique quantique
et voirquelles
sont leurspropriétés
statistiques.
2.2.4.1 Etat de Fock
Comme nous l’avons
déjà
indiqué,
l’hamiltonien duchamp électromagnétique
seest la somme des
â
~
k
â
k
qui
représentent
le nombre dephotons
dans le mode kmultiplié
parl’énergie
d’unphoton, 03C9
k
et d’uneénergie
correspondant
aux fluctuationsdu vide.
Les états propres de cet hamiltonien sont
appelés
états de Fock ou états nombres.On les notera
|n
k
>.
Ces états forment une basecomplète
etorthogonale
del’espace
des états.Ces états
possèdent
un nombre dephotons
parfaitement
déterminé et n’ont doncpas de fluctuations
d’amplitude.
Parcontre,
l’inégalité
deHeisenberg
impose
des fluc-tuations dephases
infinies. Dansl’espace
desphases,
les états de Fock sontreprésentés
par un anneau(figure 3).
Fig.
3: Représentation de Fresnel d’un état de FockCes états sont difficiles à créer
expérimentalement.
Si on sait maintenantproduire
des états contenant un seul
photon
ou deuxphotons
dans deux modesdifférents,
ilest
beaucoup plus
difficile d’obtenirexpérimentalement
des états àplusieurs photons.
Les états àgrands
nombres dephotons
que nous considérerons dans la suite sontgénéralement
dessuperpositions
d’états de Fock.2.2.4.2 Etats cohérents
Les états cohérents sont les états propres de
l’opérateur
â. Ilspeuvent
être obtenus18
où D
(03B1)
=exp
(03B1â
+
-
03B1*â)
et 03B1 est un nombrecomplexe
quelconque.
On montre facilement que le
développement
d’un état cohérent dans la base des états de Fock est de la forme :Cette
statistique
est celle d’événementsindépendants
(comme
l’arrivée desphotons
sur un
détecteur).
Supposons
que laprobabilité
de détecter unphoton
pendant
unintervalle 0394t ne
dépende
que de lalongueur
de cet intervalle(selon
une loilinéaire) :
où 03BA est une constante. On a alors :
A la limite 0394t ~
0,
on a :On introduit alors la fonction
génératrice :
d’où :
Si on suppose
qu’aucun photon
n’est arrivé à t =0,
on a P(0, 0)
= 1 et P(n, 0)
= 0~n ~ 1,
d’oùG (s, 0)
= 1. On en tireCeci montre que la
statistique correspondante
est unestatistique
poissonienne.
Par
ailleurs,
on a :03BAt
correspond
donc au nombre moyen dephotons
détectés durant letemps
t notéN.
On
peut
donc écrire de manièregénérale :
Les états cohérents sont
particulièrement
utiles car ilscorrespondent
dans unebonne
approximation
aurayonnement
émis par un laser très stable fonctionnant trèsau-dessus du seuil.
2.2.4.3 Etats
comprimés
Nous ne
parlerons
ici que des états minimaux c’est à dire ceux pourlesquels
leproduit
desdispersions
estégal
à la valeur minimale :Les états
comprimés
sontgénérés
àpartir
d’unopérateur
unitaire decompression
20
où 03B5 =
re
2i~
.
Si on considère le cas
où ~
=0,
on obtient :où les variances sont évaluées dans l’état
|03B5>
= (03B5)
|0>.
L’état obtenu parl’opérateur
decompression
est un état minimal. La surface d’incertitude a une dimension minimaledans la direction de
Ê
p
(dans
le cas où r estpositif)
et maximale dans la directionorthogonale.
Dans le cas
où ~ ~
0,
on passe dans la base desquadratures
(Ê
P,03B8
,
Ê
Q,03B8
)
définiespar
Ê
P,03B8
+iÊ
Q,03B8
=(Ê
P
+
iÊ
Q
)
e
-i~
.
On a alors:Les variances sont alors:
L’état
produit
dans ce cas est un état minimal dont l’axe decompression
estmaintenant
Ê
P,03B8
(toujours
dans le cas où r estpositif).
2.2.4.4 Etat propre de la base
d’amplitude
duchamp
La base
d’amplitude
duchamp
a été introduite par W.Vogel
et al[Schubert
78][Vogel 90].
Ellecorrespond
à la base définie par les états propres del’opérateur
où
g (r)
décrit la structurespatiale
duchamp :
g(r) = |g(r)|e
i~g
.
Les états propres sont donnés par la relation :Ces états propres sont des états
parfaitement comprimés
sur unequadrature.
Eneffet,
si on pose ~g = 0(ce
qui
esttoujours
possible
enchangeant
lescomposantes
dequadrature),
on a :donc
|E
(r))
est un état propre deÊ
Q
et onpeut
écrire :Si on choisit la base des états de
Fock,
|E (r))
s’écrit :où
H
n
est lepolynôme
d’Hermite d’ordren
1
.
En
fait,
Ê
estl’analogue
pour unchamp
électrique
àl’opérateur
pour unoscil-lateur
harmonique.
Enparticulier,
l’expression
de|E
(r))
en fonction de|n>
(2.47)
estidentique
à cellequi
relie|x>,
vecteur proprede
à|~
n
>,
vecteur propre del’opérateur
nombre de l’oscillateurharmonique
[Cohen-Tannoudji 77] :
où
1
22
2.3
Représentation
des états
du
champ
2.3.1
Introduction
Comme nous l’avons
mentionné,
lareprésentation
dans la base de Fock n’est pascommode à
appliquer
auxchamps
que nous considéronspuisque
ceux-ci sontgénérale-ment des
mélanges
d’états cohérents. Afin d’étudier lesmélanges
d’étatscohérents,
onutilise le formalisme de la matrice
densité,
p. On définit de manièregénérale
la fonctionW(03C9,s) :
où C
(~, s)
est la fonctioncaractéristique :
Les différentes
représentations
duchamp
habituellement utilisées sont des caspar-ticuliers de la fonction W
(03B1,
s)
pourlesquelles
on fixe une valeur duparamètre
s. Selonla valeur de s et pour certains états du
champ,
la fonction Wpeut
ne pas être définiepour tout 03B1. Ces
propriétés
sontrappelées
sur lafigure
4.Fig.
4: Propriétés de W(03B1, s)
en fonction de s.Comme nous le verrons par la
suite,
la fonction W(03B1, s)
est reliée à ladistribu-tion de
probabilité
sur unequadrature, P
03B8
(Ê
Q,03B8
)
[Vogel
89].
C’est cettepropriété
fondamentale
qui
sera utilisée pour la mesureexpérimentale
de la matrice densité(voir
chapitre
5).
2.3.2
Représentation
PLa
représentation
Pcorrespond
au cas s = +1.On
peut
par ailleurs montrer que lareprésentation
P estsimplement
leCette base étant
surcomplète,
onpeut
décomposer
la matrice densitéuniquement
surles
projecteurs
diagonaux :
La
représentation
P est commode pour l’évaluation deproduit d’opérateurs
dans l’ordrenormal
2
:
On
peut
ainsiinterpréter
la fonction de corrélation au second ordreg
(2)
(0)
enfonction de P
(03B1) :
où
<|03B1|
2
>
=
P(03B1)
|03B1|
2
d
2
03B1.
L’inconvénient de la
représentation
P vient du fait que la base des états cohérentsest
surcomplète :
deux états cohérents ne sont pasorthogonaux
dans le casgénéral.
Lareprésentation
Ppeut
donc êtresingulière.
Parexemple,
on voit immédiatement quela
représentation
P d’un état cohérent est une fonction de Dirac. On utilise souvent lareprésentation
deWigner
qui
nepossède
pas desingularité.
2.3.3
Représentation
de
Wigner
C’est la
première
des distributions dequasi-probabilités
à avoir été introduite enmécanique quantique
[Wigner 32].
Ellecorrespond
au cas s = 0. Cette fonction esttoujours
définie mais pastoujours positive,
c’estpourquoi
onparle
de distribution dequasi-probabilité.
Cependant,
dans le cas des états cohérents ou dans celui des étatscomprimés monomodes,
la fonction deWigner
esttoujours positive
et bornée par unegaussienne
[Lütkenhaus 95].
Le théorèmed’Hadamard
3
s’applique
alors et la fonction deWigner correspondante
est nécessairement unegaussienne.
Pour un état cohérentminimal,
la fonction deWigner
est unegaussienne
de révolution centrée autour de lavaleur moyenne du
champ.
La fonction deWigner
d’un étatcomprimé
minimal est une2 Cette
propriété est parfois appelée Théorème d’Equivalence Optique
[Mandel 95][Davidovich 96].
3
L’énoncé de ce théorème est le suivant .
Toute fonction
f (z)
analytique sur tout le plan complexe(c’est
à dire développable en sérieentière),
qui n’a aucun zéro et dont le carré du module est borné par la fonction exp
(-|z|
2
)
est nécessairement24
gaussienne
avec deslargeurs
à mi-hauteur différentes suivant les directions ettoujours
centrée autour de la valeur moyenne du
champ.
L’intérêt de la fonction de
Wigner
est de faciliter le calcul des moyennes deproduits
dans l’ordre
symétrique.
La fonction deWigner
est reliéesimplement
à la surface d’incertitude dont nous avonsparlé
précédemment. Ainsi,
on a :avec
<03B1
+03B1*>
=
(03B1’
+03B1’*)
W(03B1’)
d
2
03B1’.
Dans le cas d’un état cohérent ou d’un étatcomprimé minimal, l’équation
2.54b montre que la surface d’incertitudepeut
être vue comme le contour de la fonction deWigner
à1/e.
Parailleurs,
la fonction deWigner
estreliée de manière
simple
aux distributions deprobabilité
descomposantes
dequadra-tures
[Kühn 94] :
où P
03B8
(Ê
Q,03B8
)
désigne
la distribution deprobabilité
de laquadrature
Ê
Q,03B8
et2.4
Réalisation
expérimentale
d’états
comprimés
du
rayonnement.
2.4.1
Introduction
Depuis plus
d’une dizained’années,
de nombreusesexpériences
visant à obtenirexpérimentalement
des étatscomprimés
ont été réalisées. Onpeut
classer ces méthodes enplusieurs
familles:- méthodes basées
sur le pompage
régulier
d’un laser:lorsqu’on
pompe un laser demanière
régulière,
lastatistique
desphotons
émispeut
êtresub-poissonienne
[Golubev
84].
En alimentant une diode laser avec un courantrégulier,
onpeut
donc obtenir unfaisceau
comprimé
[Machida 88].
- méthodes basées
sur une interaction non-linéaire de
type
~
(2)
.
- méthodes basées
sur une interaction non-linéaire de
type
~
(3)
.
Nous mentionnerons brièvement la méthode de réduction de bruit par
interac-tion non-linéaire de