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L’X dévoile ses ambitions africaines

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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n Doubles diplômes, recherche, refonte de formations, environne- ment…

n Plus de 300 étu- diants marocains accueillis depuis 2000 n Entretien exclusif avec son président, Eric Labaye

Supplément de L’Economiste N°6017

Pages IV & V

n Le parcours du combattant des carrières au féminin: à découvrir dans votre nouvelle rubrique «Les Tendances du Management»

Pages VI & VII

n L’ISCAE évalue les effets des politiques publiques

Page II

n Big data et machine learning: beau- coup de bruit pour rien?

Page VIII Ph. Drone Press

Page III

L’X dévoile ses

ambitions africaines

(Ph. F.Alnasser)

Stérilisation hospitalière à l’ère Covid

Hausse

des risques?

(2)

A ctu

II

D

ES chercheurs talentueux, il y en a au Maroc! Preuve en est, le ranking américain «AD Scientific Index» qui a classé deux chercheuses marocaines parmi les 50 meilleurs au Monde en 2021 dans le domaine des sciences naturelles. Il s’agit de Rajaa Cherkaoui El Moursli et Farida Fassi.

Les deux professeurs de l’Université Mohammed V de Rabat sont ainsi classées premières en Afrique et dans la région MENA.

Spécialiste en physique nucléaire, Rajaâ Cherkaoui El Moursli fait

Les 3 et 4 juin prochains, l’IS- CAE Rabat organise son 11e Sym- posium international autour du Ma- nagement public, dédié à l’impact des réformes administratives enga- gées depuis 1976 sur la gouvernance des organisations de l’État. Un évé- nement auquel prennent part des partenaires nationaux et interna- tionaux de renom, tels que l’ENAP Québec et le Policy Center for the New South. Sponsorisé par Bank Of Africa, le programme s’étale sur 1 journée et demi avec 15 ateliers de recherche et 4 tables rondes. «L’en- semble de ces travaux donneront lieu à la publication de guides blancs sur la réforme de l’administration publique», promet Tarik El Malki, DG de l’ISCAE Rabat.

- L’Economiste: Vous avez choi- si de vous intéresser aux réformes administratives pour votre Sympo- sium. Pourquoi cette thématique?

- Tarik El Malki: Le groupe IS- CAE, qui fête ses 50 ans cette année, a depuis sa création été à l’avant-garde de la réflexion académique relative au management des organisations, privées ou publiques. L’ISCAE Rabat, pour sa part, est en train de se doter d’une identité spécifique, en se position- nant de manière volontariste sur des sujets qui nous paraissent revêtir une importance capitale pour l’avenir du pays. La réforme de l’administration publique nous semble être un chantier d’avenir. L’Édition 2020-2021 de ce symposium international sera consa- crée aux «Effets des réformes admi- nistratives engagées depuis 1976 sur la gouvernance des organisations de l’État». Une centaine de chercheurs

partie des pionnières marocaines officielles lors de la collaboration internationale Atlas au CERN à Ge- spécialisés en management public et de conférenciers de renom, marocains et étrangers, y seront réunis. L’ensemble des travaux donnera lieu à la publica- tion de guides blancs.

- Quelles ont été les plus impor- tantes réformes de l’administration publique ces dernières années?

nève en 1996, dont les recherches ont prouvé l’existence du boson de Higgs, ou ce que certains appellent

«la particule de Dieu». En 2013, elle devient vice-présidente pour la recherche, la coopération et le par- tenariat de l’université Mohammed V-Agdal. En 2015, elle reçoit le prix L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science pour sa contribution à la preuve de l’existence du boson de Higgs. Elle est la première femme marocaine à recevoir ce prix pres- tigieux.

- Tout d’abord, il est important de rappeler que le Maroc a mis en place, depuis 20 ans, d’importantes réformes structurelles dans lesquelles l’adminis- tration publique a toujours été partie prenante. La construction des infras- tructures a été le fer de lance d’une nouvelle politique d’investissement public. En outre, un grand nombre de

Farida Fassi (voir L’Economiste N°5962 du 8 mars 2021), qui occupe la 40ᵉ place, a également pris part à la découverte scientifique majeure de notre siècle. Professeure de phy- sique à l’Université Mohammed V de Rabat, elle a été membre des colla- borations Atlas et CMS. Fassi a aussi contribué aux recherches concernant la Grille de calcul Worldwide Large Hadron Collider (LHC), qui vise à résoudre le problème du stockage des données pour le LHC. o

T.E.G.

réformes ont été adoptées pour rendre opérationnel le cadre constitutionnel de 2011. Il convient également de rappeler la Charte nationale des services publics adoptée en 2019. Cependant, malgré ces avancées notables, l’ambition du Maroc en termes de développement soutenu, pérenne, résilient et inclusif ne peut être atteinte à travers le modèle de développement actuel qui a atteint ses limites. La refonte de notre modèle est donc tributaire d’une réforme de notre administration publique, et de l’Etat de manière générale.

- Quels sont les réajustements ou nouvelles réformes que vous préco- nisez pour une gouvernance opti- male?

- Les défis qui se posent peuvent être abordés à travers trois séries de ré- formes transversales. Primo, la réponse à des besoins sociaux grandissants à travers notamment le chantier de l’ex- tension de la couverture médicale, des filets de protection sociale pour les plus démunis ou encore la prise en charge de la vieillesse et l’amélioration du système d’éducation. Secundo, l’ac- compagnement de l’accélération de la croissance économique à travers la rationalisation des dépenses de l’Etat et la refonte de la fiscalité. Tertio, la pro- blématique de l’efficacité de l’admi- nistration doit être traitée à travers les transformations juridiques et statutaires de l’administration dans les territoires.

A ce titre, les chantiers de la régionali- sation avancée, de la déconcentration et les opportunités qu’offrent les nou- velles technologies doivent être des catalyseurs du changement.o

Propos recueillis par Tilila EL GHOUARI

«La réforme de l’administration publique, un chantier d’avenir»

Reprise Restons vigilants!

«L’administration publique est confron- tée à un certain nombre de dilemmes.

D’une part, une meil- leure efficacité et effi- cience dans un pays où les besoins sociaux ne cessent d’augmen- ter, et d’autre part, une meilleure rationa- lisation des dépenses publiques dans un contexte de crise économique sévère», relève Tarik El Malki, DG ISCAE Rabat

(Ph. L’Economiste)

L’

ADMINISTRATION souffre de plusieurs maux, selon Tarik El Malki, dont la lourdeur de la bureaucratie, le manque de rendement et la faible qualité des services dans certains territoires, la mauvaise gou- vernance, le gaspillage des deniers publics, mais aussi des situations de rente et de népotisme. «Tous ces maux ont installé une certaine dé- fiance des citoyens», soulève-t-il. Pour pallier cela, le DG de l’ISCAE propose un modèle de développement basé sur un contrat social enga- geant l’ensemble des parties prenantes, à travers une Charte énonçant des droits et des devoirs. «Ce qui implique la reddition de comptes, et donc, le renforcement des mécanismes de contrôle et de sanctions.

C’est le prix à payer pour construire une société saine, moderne et démocratique, et surtout, basée sur la confiance. Les exemples sont légion», précise El Malki. o

Un Contrat social pour rétablir la confiance

Ph. L’Economiste

Deux scientifiques marocaines dans le top 50 mondial

Pr. Farida Fassi Rajaâ Cherkaoui El Moursli

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s’inquiéter ni à s’adapter à la Covid-19.

Il est par contre clair que la pandémie nous oblige à être plus vigilants quant aux établissements ne pratiquant pas de stérilisation de manière efficiente.

Donc, s’il y a une mesure à retenir, c’est mettre en place des normes et standards à respecter, et adopter des pratiques de stérilisation hospitalière aux exigences internationales dans tous les hôpitaux et cliniques du Royaume.

- Comment la pandémie a-t-elle impacté l’activité du CMS au Ma- roc?- Depuis sa création, le Centre Marocain de Stérilisation a adopté les normes internationales afin de parti- ciper activement à la protection du patient contre les infections liées aux soins. Nous n’avons donc pas été impactés d’un point de vue process dans la pratique quotidienne de notre métier. L’impact a été surtout observé au niveau du volume de nos activi- tés, qui a beaucoup décru, car toutes les interventions chirurgicales ont été reportées pour soulager les hôpitaux et les cliniques du pays. Au sein du Centre, nous avons mis toutes nos res- sources au service de nos clients pour les aider en temps de crise. Aussi, nous avons continué à faire de la formation en stérilisation en faveur de nos colla- borateurs, de façon à répondre à toutes leurs interrogations.

Dès le début de la pandémie d’ail- leurs, nous avons mis en place un co- mité de suivi afin de leur fournir toute l’assistance nécessaire. Et quand le marché a connu une grande pression sur certains consommables médicaux (gants, masques, produits désinfec- tants, ...), nous n’avons pas hésité à partager notre stock avec tous ceux qui en avaient besoin. o

Propos recueillis par Ahlam NAZIH

Salles d’accueil, salles d’examen TDM (Scanner), ambulances… «Auparavant, la désinfection n’était pas systématique après chaque usage», confie Derraji.

Pour préserver les matériels lourds, il a fallu aussi adapter les produits. «Tou- tefois, l’incidence de l’environnement dans le transfert des contaminations reste minime, contrairement aux mains et aux émanations respiratoires», pré- cise le fondateur de la SMS. o

- Il n’y a donc pas eu d’adapta- tion?

- Le contexte de pandémie a dé- montré l’importance de l’hygiène et de la stérilisation hospitalière pour

nérable dans l’environnement. Juste avec de l’eau de javel diluée à un cin-

préserver la santé des citoyens et des professionnels de santé. Ainsi, les établissements hospitaliers qui possé- daient déjà des protocoles conformes aux recommandations n’ont pas eu à

quième ou un dixième, ou de l’alcool à 70% sur les mains, il est détruit. Il l’est aussi avec des produits de désinfection ordinaires. Nos protocoles de stérili- sation des dispositifs médicaux et de désinfection de l’environnement, nous les utilisons toujours, avec ou sans Covid», poursuit-il. Pas de change- ment donc dans les protocoles. Néan- moins, avec le Covid, il a fallu élargir la désinfection à différentes surfaces.

E ntrEtiEn dE la sEmainE

Stérilisation hospitalière et Coronavirus

Tout va bien… pour les bons élèves!

Un virus vulnérable

Pour les structures hospitalières engagées dans des procédures de stérilisation verrouillées, le coro- navirus n’a pas entraîné de chan- gements majeurs dans les usages.

C’est notamment le Cas de l’hôpital d’application de l’Université Mo- hammed VI des sciences de la santé, dont le processus de stérilisation de dispositifs médicaux est assuré par le Centre marocain de stérilisation (filiale du groupe Servizi Italia).

Sauf que tous les établissements ne sont pas au même niveau, sachant qu’il n’existe pas de texte réglemen- taire édictant les responsabilités des opérateurs. La pandémie vient rappeler l’urgence de ce chantier.

Pour Hicham Khairi, pharmacien responsable du CMS, «Agir de ma- nière proactive et mettre en place un cadre légal permettraient de mieux être préparé à faire face aux défis à venir».

- L’Economiste: La pandémie Covid-19 a-t-elle imposé de nou- veaux protocoles en matière de sté- rilisation hospitalière?

- Hicham Khairi: Du point de vue de la stérilisation, le SARS-Cov2 est un virus parmi d’autres. Différents comités scientifiques se sont penchés sur le sujet et ont conclu qu’il n’y avait pas besoin de traiter spécifiquement ce virus. A titre d’exemple, la Société Française des Sciences de la stérilisa- tion, face aux interrogations de cer- tains agents de stérilisation sur une possible exposition au Covid-19 par le biais d’instruments chirurgicaux, a répondu par la négative au risque de contamination. Bien sûr, lorsque les procédures et bonnes pratiques sont respectées. En clair, quand la stérili- sation est bien menée et que les bons produits sont utilisés, le virus est éli- miné.

«L

E Coronavirus, nous lui di- sons crève ou crève!», relève Soufiane Derraji, responsable du service de stéri- lisation de l’hôpital militaire de Rabat, l’un des plus avancés dans le domaine au Maroc. Derraji est également fonda- teur de la Société marocaine de stérili- sation (SMS) et professeur de pharma- cie clinique. «Quel que soit la nature du microorganisme, virale, bactérienne, mycosique ou parasitaire, il reste vul-

Mardi 25 Mai 2021

III

Reprise

Restons vigilants!

Réglementation: Le chantier avance lentement

C

ÔTÉ réglementation de la stérilisation hospitalière, le Maroc accuse du retard. Il n’existe pas encore de texte détaillant les obligations des établis- sements en la matière, ni de référentiel spécifique de bonnes pratiques. Les usages sont ainsi multiples, inspirés de standards puisés à l’international.

Le degré de sensibilisation à la question et d’investissement des opérateurs dans des process de qualité diffère aussi d’un établissement à l’autre. Si certains hôpitaux et cliniques sont très en avance dans ce domaine, d’autres s’adonnent à du bricolage (voir notre dossier dans L’Economiste N°5492 du 10 avril 2019). Le ministère de la Santé avait confié à L’Economiste il y a deux ans que trois de ses directions travaillaient sur des projets de textes réglementaires, normes et référentiels relatifs à la stérilisation hospitalière.

«L’aboutissement d’un tel travail représenterait une avancée certaine de la qualité des soins au Maroc, et profiterait en premier lieu au patient», souligne Hicham Khairi. Un projet de système d’information spécifique permettant d’assurer la traçabilité des opérations, ainsi qu’un deuxième relatif à un référentiel technique harmonisé des structures de stérilisation hospitalière étaient également en cours. Depuis, aucune annonce sur le sujet.

Nous avons contacté le ministère pour le suivi de ces chantiers. Il n’a donné aucune suite à notre demande, malgré de multiples relances.o

Hicham Khairi, pharmacien responsable du Centre Marocain de Stérilisation: «Cette pandémie nous a appris que nous ne sommes pas à l’abri de catastrophes sanitaires.

L’hygiène hospitalière et la stérilisation étant des maillons essentiels dans la chaîne des soins et la santé du patient, nous nous devons d’en faire une priorité» (Ph. CMS)

Ph. F. Alnasser

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Mardi 25 Mai 2021

L’X de demain, tournée e-learning et innovation pédagogique

On ne change pas une recette qui marche. La célèbre X, Ecole Polytechnique, connue pour être une fabrique à hauts cadres et grands patrons, continuera à miser sur la formation d’ingénieurs gé- néralistes. Des profils à même «de croiser des expertises» et «d’ap- porter des solutions aux grandes problématiques mondiales», selon son président, Eric Labaye. Néan- moins, l’école prévoit d’intégrer de nouveaux modèles d’enseignement, misant sur le e-learning et l’innova- tion pédagogique. Un engagement accéléré par la crise Covid. Avec l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris), dont elle est membre depuis 2019 avec 4 autres grandes écoles d’ingénieurs françaises (EN- STA Paris, ENSAE Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis), l’X compte renforcer ses partenariats au Maroc et en Afrique subsaha- rienne.

- L’Economiste: Ces derniers mois, l’X a fait part de sa volonté de renforcer sa coopération avec l’Afrique. Quels sont vos projets au Maroc?

- Éric Labaye: L’École polytech- nique est engagée aux côtés de ses partenaires africains. Depuis 1948, l’année d’arrivée de son premier étudiant marocain (ndlr: l’ancien mi- nistre M’hamed Douiri), l’X entre- tient des liens étroits avec les établis- sements d’enseignement supérieur et de recherche marocains les plus pres- tigieux, et les élèves polytechniciens de nationalité marocaine comptent parmi les étudiants internationaux les plus représentés à l’X. Avec l’Univer-

sité Mohammed VI Polytechnique (UM6P), l’Ecole poursuit sa coopéra- tion académique et scientifique autour des énergies renouvelables, la transi- tion énergétique et le développement durable. Les deux établissements, avec le soutien du groupe OCP et de la Fondation de l’X, continuent leur collaboration via la chaire internatio- nale «Data science & processus in- dustriels». À travers cette chaire, nous préparons des étudiants à devenir des acteurs innovants de l’industrie, et à développer les processus industriels du futur.

- Une implantation sur le conti- nent est-elle envisageable?

- L’X déploie une politique parte- nariale de double-diplôme et de di-

plômes délocalisés plutôt que d’ouvrir de nouveaux campus. L’École met au centre de ses priorités le partage de connaissances, l’accroissement des mobilités des talents et le renforce- ment des compétences en Afrique subsaharienne.

Au Maroc, nous sommes engagés dans plusieurs partenariats actifs qui nous lient avec des acteurs de premier plan. En 2015, l’École a signé des accords de coopération avec l’Uni- versité Euromed de Fès et l’Institut de Recherche en Energie Solaire et Ener- gies Nouvelles (IRESEN). En 2018, dans le cadre du Master of Science &

Technology (MSc&T) Energy Envi- ronment: Science Technology and Management (STEEM), 4 accords de double-diplôme ont été lancés avec

l’EHTP, l’EMI, l’ENSEM et Mines- Rabat. Le Master STEEM de l’X, entièrement enseigné en anglais, est conçu pour les futurs leaders de la transition énergétique, les principaux fabricants, les start-up innovantes et les organisations publiques.

- Quels sont pour vous les prin- cipaux domaines de collaboration?

- Nous avons identifié des axes prioritaires: En recherche, le déve- loppement durable, la transition énergétique et les énergies vertes qui constituent un atout majeur du Maroc.

En formation, favoriser la détection et l’attraction de talents, et contribuer à renforcer l’offre locale de forma- tion pour faire émerger des experts capables d’adresser les nouveaux en- jeux scientifiques et technologiques.

Depuis 2000, l’X a accueilli plus de 300 étudiants marocains, dont la plu- part sont issus de la filière des classes préparatoires aux grandes écoles et de trois grands lycées d’excellence (Lycées Moulay Youssef au Maroc, Sainte Geneviève à Versailles et Louis-le-Grand à Paris). Depuis 2015, afin d’aider les jeunes marocains à se préparer au concours, l’École colla- bore avec le Lycée d’excellence de Benguérir (Lydex) et 17 élèves du Lydex ont intégré l’X en 2020.

L’X a multiplié les accords de partenariat favorisant la mobilité étu- diante, notamment pour former les futurs leaders sur les énergies renou- velables et l’environnement.

En avril 2020, un autre accord de coopération a été signé entre le Labo- ratoire de Météorologie Dynamique (LMD) de l’École polytechnique et l’UM6P. Il a pour objectif la mise

IV

Z oom

Éric Labaye, président de l’École polytechnique et de l’Institut Polytechnique de Paris:

«Avec l’IP Paris, nous développons en France un institut capable de rivaliser avec les plus grandes universités internationales. Nous allons continuer à augmenter le nombre d’ingénieurs formés par nos écoles, passant de 4.500 à 5.500 étudiants ingénieurs dans les années à venir, dont plus de 30% d’internationaux» (Ph. École polytechnique - J.Barande)

L’Afrique, une priorité pour les années à venir

E

N termes de stratégie à l’in- ternational, l’IP Paris a fait de l’Afrique l’une de ses priorités pour les années à venir. Des partena- riats ciblés couvrant le recrutement d’étudiants, la modernisation des systèmes d’enseignement locaux et la recherche, notamment en numé- rique, énergie et environnement, seront développés.

En 2021, l’X souhaite accélé- rer ses capacités de formation en Afrique subsaharienne, et plus parti- culièrement avec ses partenaires his- toriques en Côte d’Ivoire. «La colla- boration avec le pays connaîtra cette

année un renforcement important avec l’ouverture d’un Mastère Spé- cialisé en partenariat avec l’Institut National Polytechnique Félix Hou- phouët-Boigny (INP-HB), soutenu par le gouvernement ivoirien», an- nonce Eric Labaye. L’école compte, en outre, poursuivre son programme de Master Data Science aux côtés de l’ENSEA d’Abidjan et l’INP- HB, destiné à répondre aux besoins grandissants en professionnels for- més à l’intelligence artificielle. Elle apportera, enfin, son expertise pour la structuration des classes prépas ivoiriennes.o

EHTP

4 doubles diplômes au Maroc

EMI

Plusieurs accords avec l’UM6P

• Coopération académique

• Programme délocalisé «Data science & processus industriels»

• Accord de recherche avec le Laboratoire de météorologie dynamique de l’X (LMD)

Source: Ecole polytechnique

A l’international, l’X privilégie les doubles-diplômes et programmes délocalisés. Au Maroc, l’école compte des collaborations avec plusieurs grandes écoles et universités

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Alliance (lancée officiellement cette année), l’École polytechnique aura l’opportunité de mettre en place de nouveaux modèles d’enseignement

qui intégreront des formations en hy- bride, et la mobilité virtuelle entre les établissements partenaires.

- A quoi devraient ressembler les lauréats de l’X de demain?

- La résolution des grands sujets sociétaux repose sur la rencontre entre disciplines et domaines de recherche, exigeant que les ingénieurs et scien- tifiques soient capables d’adopter une approche transdisciplinaire et de croiser les expertises. Par conséquent, nous allons continuer à aller dans ce sens et former des ingénieurs généra-

La communauté marocaine à l’X

143 étudiants

11 dans le programme Bachelor of Science

111 dans le cycle Ingénieur Polytechnicien

13 dans les programmes MSc&T

8 Doctorants

Info Communauté marocaine à l’X ANa-F Said/Montage

Mardi 25 Mai 2021

L’X de demain, tournée e-learning et innovation pédagogique

V

en place d’un modèle climatique régional, pour appui à la gestion et à l’adaptation des ressources en eau et de l’agriculture au Maroc et en Afrique du Nord.

- La crise Covid a-t-elle poussé l’École à revoir ses priorités?

- 2020 a été une année inédite, intense, bouleversante et nous avons traversé différentes phases pour as- surer la continuité pédagogique des enseignements aux côtés des profes- seurs et des étudiants. La première priorité de l’École a toujours été la protection de la santé de ses élèves et de ses personnels. Les équipes pédagogiques et administratives de l’X ont assuré un suivi individuel des étudiants en France et à l’international afin de les informer, de les accompa- gner et de les soutenir au quotidien.

Les formations ont su s’adapter très rapidement et il y a eu une remar- quable mobilisation de toute l’École pour lutter contre la pandémie. En mars 2020, en une semaine 100%

des cours ont basculé en e-learning, et différents outils numériques ont été utilisés pour enseigner et garder une bonne interaction avec les étu- diants où qu’ils soient, en s’adaptant aux différents fuseaux horaires. Nous sommes actuellement dans une phase d’analyse et de mutualisation de ces expériences pour en tirer parti, avec pour objectif de continuer de dévelop- per activement le e-learning et l’inno- vation pédagogique.

- Cette crise a-t-elle eu un im- pact sur l’affluence des étudiants internationaux?

- Cette crise sanitaire a été à la fois soudaine et brutale, et a bien sûr eu un impact sur la façon de remplir nos missions. Sans remettre en cause notre modèle, elle a eu un effet im- portant sur la mobilité des étudiants, des chercheurs, et comme toutes nos universités partenaires dans le monde entier, nous a amenés à revoir le fonctionnement de nos différents programmes de mobilité (l’accueil des étudiants internationaux, les programmes d’échange, les stages à l’étranger). L’École a su s’adapter ra- pidement pour accompagner ses étu- diants dans leurs recherches de stages, en s’appuyant pour cela sur son solide réseau d’entreprises, ou encore grâce au soutien de notre formidable réseau d’anciens. Nous avons également mis en place une commission «Solidarité

listes à même d’analyser et apporter des solutions aux grandes probléma- tiques mondiales. À l’École poly- technique, le socle de connaissances scientifiques fondées sur l’excellence en mathématiques, en physique ainsi qu’une formation multidisciplinaire ouverte sur les sciences humaines est dans l’ADN des ingénieurs que nous formons, les aidant à mieux répondre aux défis sociétaux et industriels du futur. Entrainer des équipes est aussi une compétence critique pour les in- génieurs de demain, que la formation humaine et militaire de l’X permet de développer.

- Le déficit en ingénieurs, égale- ment nombreux à s’expatrier, est un véritable défi pour de nombreux pays. Comment y faire face à votre avis?

- Une solution est d’augmenter les offres de formation localement. De notre côté, nous travaillons active- ment à créer un environnement épa- nouissant et cultivant l’excellence, afin d’améliorer de façon continue la formation de nos ingénieurs. Avec l’IP Paris, l’École polytechnique et ses partenaires développent un institut d’enseignement, de recherche et d’in- novation en France capable de rivali- ser avec les plus grandes universités internationales. Nous allons continuer à augmenter le nombre d’ingénieurs formés par nos écoles, passant de 4.500 à 5.500 étudiants ingénieurs dans les années à venir, incluant plus de 30% d’internationaux.

Sur un autre volet, il est essen- tiel de continuer à collaborer entre pays, ce que nous faisons à travers nos alliances internationales dans des domaines clés (développement du- rable, IA, santé, bioingénierie...), ou à travers des partenariats communs comme ceux noués avec nos parte- naires marocains. Nous ne relèverons les nouveaux défis scientifiques, tech- nologiques, et de formation de nos talents qu’en coopérant et en déve- loppant la mobilité entre universités, pour que nos étudiants gagnent en expérience et acquièrent de nouvelles compétences. Ces interactions sont aussi cruciales pour pouvoir partager nos savoir-faire, nos connaissances et nos atouts, et ainsi établir des envi- ronnements attirants et dynamiques, dans lesquels nos actuels et futurs in- génieurs pourront produire des solu- tions innovantes.o

Propos recueillis par Ahlam NAZIH

Z oom

Reprise Restons vigilants!

X» afin d’étudier la situation des étu- diants en difficulté, suite à la suspen- sion des stages en mars 2020, et de les aider financièrement. Enfin, mal- gré les difficultés de circulation, nous avons pu tenir les écrits et oraux du concours au Maroc à l’été 2020, avec l’aide logistique des anciens et du gouvernement, que je tiens à saluer.

- Les cours ont-ils été suivis à distance?

- A la rentrée 2020, les pro- grammes de formation de l’X (le Bachelor of Science, le Cycle Ingé- nieur polytechnicien et les Masters of Science & Technology) ont été suivis par plus de 300 nouveaux étudiants internationaux, dont 43 Marocains.

Ceux qui ne pouvaient pas se rendre sur le campus et dans les salles de classe dès la rentrée ont bénéficié d’une méthodologie d’enseigne- ment adaptative avec la possibilité de suivre leurs cours à distance, jusqu’à ce qu’ils puissent arriver sur place.

Les cours pouvaient être suivis en di- rect, mais ont également été enregis- trés afin de respecter les différences de fuseaux horaires si besoin.

- Le modèle d’enseignement de l’X est-il appelé à changer?

- La force de notre modèle d’ensei- gnement est de reposer sur des bases fondatrices extrêmement solides, et aussi de savoir évoluer, comme nous l’avons montré en proposant de nou- velles formations très attractives au niveau international. Concernant les changements dus à la crise sanitaire, nous devons analyser voire «digé- rer» la dose de distanciel qui a fait irruption de manière instantanée dans la vie de chacun depuis mars 2020.

Le retour à une vie de campus plus animée demeure un objectif partagé par toute la communauté polytech- nicienne. Cette crise a changé nos rapports les uns aux autres et nous a montré tout l’intérêt du digital, mais également le besoin d’interactions, d’échanges, de vie en collectivité.

Notre objectif est de continuer de développer le e-learning et l’innova- tion pédagogique à l’X et trouver un format hybride équilibré, mêlant pré- sentiel et des temps à distance tutorés.

Dans le cadre de l’EuroTeQ Engi- neering University, un réseau d’uni- versités européennes de sciences et technologies dont l’X est partenaire à travers la EuroTech Universities

A l’Ecole polytechnique, où 102 natio- nalités se côtoient, 41% des étudiants sont internationaux. Les Marocains y représentent la deuxième communauté après les Chinois. L’X a formé 3 prési- dents français et 4 Prix Nobel. Plusieurs ministres marocains en sont diplômés (M’hamed Douiri, Mohamed Kabbaj, Driss Benhima, Mohamed Hassad, Mamoun Bouhdoud...). Avec l’IP Paris, l’X représente 8.000 étudiants, 1.000 enseignants-chercheurs, 1.000 docto- rants et 30 laboratoires.

(6)

D

EPUIS une décennie, le Maroc porte un intérêt certain pour l’égalité femme/homme dans la sphère économique. Les entreprises n’hésitent plus à mettre en place des politiques en faveur de la promo- tion des femmes, et la question de la femme au sein de l’entreprise revêt un intérêt indéniable. Les volontés de part et d’autre (monde politique, économique, associatif) pour la pro- motion des femmes sont de plus en plus présentes, mais les résultats ne sont toujours pas au rendez-vous.

Les chiffres en la matière démontrent que le Maroc est très mauvais élève quant au taux d’activité des femmes.

Les femmes intègrent faiblement la sphère économique et quand elles l’intègrent elles l’abandonnent ra- pidement. Le Maroc fait face à un paradoxe que les grilles de lectures classiques ne peuvent déchiffrer.

Une nouvelle grille de lecture qui émerge dans le champ des re- cherches féministes, à savoir la théo- rie de l’intersectionnalité, donne un nouvel éclairage qui peut contribuer VI

La Revue Management & Innova- tion (RM&I) est une revue scientifique internationale qui a pour objectif de publier sous forme électronique et papier des articles scientifiques de recherche en sciences de gestion avec des approches épistémologiques et méthodologiques innovantes.

Le comité Scientifique est assuré par Chafik Bentaleb (Rédacteur en Chef de la Revue), professeur à l’Uni- versité de Marrakech, directeur du Laboratoire Larego, et Samir Salek (Directeur de la publication) avec le soutien en tant que conseiller scien- tifique de Jacques Igalens, professeur émérite à l’Université de Toulouse Capitole et chercheur TSM Research, CNRS.

Le comité de rédaction et d’éva- luation est composé d’éminentes personnalités du monde académique (voir liste ci-contre).

RM&I fonctionne selon les cri- tères désormais bien établis des revues scientifiques internationales:

lecture préalable des soumissions par les deux rédacteurs, si la soumission entre bien dans les exigences de la re- vue, évaluation en double aveugle par des pairs choisis au sein d’un comité scientifique par le comité de rédaction et d’évaluation.

La carrière au féminin: Une

L es T endances du M anageMenT

Doha Sahraoui est professeure à l’Uni- versité Cadi Ayyad de Marrakech (Ph. DS)

elles. Le système arrive à saturation rapidement car les autres catégories sont exclues. Les pratiques dites pa- ritaires ne peuvent être pertinentes que pour des profils adaptés au stan- dard de la femme tel qu’il a été perçu par la société de manière générale et par l’entreprise en particulier. Or, ce standard prédéfini cache des réalités multiples.

A travers une analyse explora- toire de différentes données, nous relevons qu’au Maroc les femmes qui intègrent les entreprises et qui y réussissent présentent des profils très homogènes et non représentatifs de la société marocaine. A contrario, les autres femmes subissent différents périls les excluant de toutes pratiques en faveur de la promotion des car- rières féminines. La finalité est de promouvoir la femme. Or, certaines femmes subissent des périls diffé- rents des autres. Ces périls dépendent de plusieurs vecteurs qui peuvent être des vecteurs d’inclusion, d’ex- clusion ou de paradoxe en fonction des caractéristiques de la catégorie étudiée. Nous pouvons avancer que selon nos analyses basées sur des données secondaires, nous avons pu relever trois types de vecteurs à prendre en considération pour com- prendre l’activité des femmes maro- caines:

• Les vecteurs d’exclusion propres aux catégories qui ne pourront pas

entamer une trajectoire profession- nelle, les périls subis par ces femmes les excluent en amont.

• Les vecteurs de paradoxe pour une catégorie où les interactions entre vecteurs mènent à des résul- tats opposés (mener une trajectoire vs l’abandonner). Pour celles qui mèneront ces trajectoires, le type et le cheminement de cette trajectoire

dépendra de l’interaction entre ces mêmes vecteurs dans une seconde dynamique.

• Les vecteurs d’inclusion qui se vérifient au sein de la catégorie ayant mené une trajectoire professionnelle réussie au regard des standards du succès, à savoir atteindre le sommet de la hiérarchie.

n Vecteurs d’exclusion: l’ur- bain vs le rural

Selon les différentes statistiques et études menées au Maroc, notam- ment par le HCP(2), la dichotomie entre les femmes issues du milieu rural et celles du milieu urbain est importante. Cette origine se révèle comme un point d’intersection dans les trajectoires professionnelles.

En effet, si de manière générale 72% des femmes n’ont aucun di- plôme, cette moyenne cache des dis- parités importantes. En zone rurale, ce taux atteint 92,7% contre 38,2%

en zone urbaine. Selon le rapport du HCP datant de 2018, les femmes

«Pour les femmes urbaines qui arrivent à atteindre les bancs de l’université et qui sont les plus susceptibles de faire carrière, la situation est tout aussi paradoxale et complexe à sai- sir. Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, les effectifs des étudiants sont de plus en plus féminisés. Les écoles de commerce comptent 60% d’effectifs féminins dans leur rang. Des étudiantes destinées à intégrer le marché du travail et devenir des femmes cadres» (Ph. Pixabay)

Votre rendez-vous Compétences

& Innovation s’enrichit d’une nou- velle rubrique «Les Tendances du Management». L’idée est de per- mettre à nos lecteurs de s’appro- prier les concepts nouveaux ou émergents en sciences de gestion, et particulièrement ceux à fortes im- plications managériales. À cette oc- casion, L’Economiste vous propose- ra une fois par mois une adaptation résumée d’un article scientifique publiée par la Revue Management

& Innovation (RM&I), 1re revue marocaine en sciences de gestion indexée sur la base de données bi- bliométriques Cairn

Par la Pr. Doha SAHRAOUI

à expliquer ce paradoxe. La théo- rie de l’intersectionnalité avance un postulat de base: les femmes ne sont pas une catégorie homogène et leurs trajectoires professionnelles ne devraient pas l’être non plus et ce, à aucun niveau. Si les politiques et vo- lontés sont conçues de manière stan- dard, ces politiques ne seraient effec- tives que pour une catégorie d’entre

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L es T endances du M anageMenT

Ces vecteurs sont des vecteurs de paradoxe: ce ne sont pas les vecteurs en eux-mêmes qui conduisent à une situation, mais l’interaction entre ces vecteurs. La scolarisation conjuguée à l’éducation et à la pression de l’en- tourage peuvent mener à des trajec- toires complètement différentes.

n Vecteurs d’inclusion: Une standardisation pour la réussite

Certaines femmes réussissent à intégrer le marché de l’emploi et à réussir leurs carrières au sein des en- treprises. Nous nous intéressons dans cette dernière section aux femmes cadres et femmes membres des conseils d’administration au Maroc.

Pour ces catégories (minoritaires), la trajectoire de réussite est incontes-

table et les vecteurs de cette réussite sont uniques et standardisées.

Elles ne représentent que 7% des administrateurs des plus grandes entreprises publiques et seulement 11% des administrateurs des sociétés cotées. Plus de la moitié de ces entre- prises ne compte aucune femme dans ses organes de gouvernance.

Une étude menée en 2017(3), qui a porté sur un échantillon de 500 femmes cadres, révèle que 94% des femmes mariées de l’échantillon (plus de la moitié de l’échantillon) sont mariées à des conjoints avec une profession de cadre, fonctionnaire ou profession libérale.

Les pères de 94% des femmes de l’échantillon sont eux-mêmes cadres, fonctionnaires, ou occupent des pro-

fessions libérales. Les mères de ces femmes cadres sont, par ailleurs, pour plus de 40% d’entre elles des femmes actives ou anciennement ac- tives, un taux deux fois supérieur au taux d’activité national des femmes au Maroc.

Pour les femmes administratrices, le profil est encore plus saisissant.

Une étude menée par le ministère de la Gouvernance en collaboration avec l’ONU Femmes , indique dans la partie qualitative de l’étude (sur la base de 26 femmes administratrices), qu’une majorité de ces femmes(4) est issue d’un établissement scolaire d’enseignement français au Maroc (la mission française), de Casablan- ca, avec un profil scientifique, un diplôme de 3e cycle (équivalent mas- ter et plus) et des études supérieures effectuées en France.

Le profil de ces femmes qui réussissent est considéré comme le standard de réussite à dupliquer, or ce standard ne peut être reproduit qu’à l’intérieur de la même catégorie.

Mener et réussir une trajectoire pro- fessionnelle n’est possible que quand ces vecteurs sont présents. A défaut, les autres caractéristiques sont des vecteurs d’exclusion qui mèneront

difficilement au même résultat.

En fonction de ces catégories, les différentes politiques publiques et celles des entreprises peuvent être refaçonnées afin de permettre une meilleure compréhension des périls que subissent les femmes. Agir sur l’égalité femme/homme nécessite une compréhension multidimen- sionnelle des catégories de femmes:

Cibler une catégorie c’est exclure les autres et maintenir la baisse du taux d’activité féminin.o

(1) Cet article est une adaptation résumée de l’article scientifique publié dans le numéro de mars 2020 de RM&I.

(2) Le HCP est le Haut-Commissariat au Plan qui est l’organisme chargé de la production, de l’ana- lyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc.

(3) Ces chiffres sont issus de l’étude menée par Decryptis (un cabinet spécialisé dans les études en genre) en collaboration avec L’Economiste. Cette étude a été publiée en cinq numéros spéciaux entre novembre 2017 et mars 2018.

(4) Ces chiffres sont issus de la publica- tion «Synthèse de l’étude gouvernance au féminin»

publiée dans les rapports de l’Institut marocain des administrateurs.

Mardi 25 Mai 2021

VII

loterie avec un seul tirage gagnant! (1)

rurales connaissent un déficit remar- quable en termes de scolarité et de qualifications. Elles sont intégrées très tôt aux activités agricoles, et donc déscolarisées.

Nous relevons de ces premières statistiques, l’exclusion d’une grande partie des rurales à des stades très en amont de la trajectoire profession- nelle. Si cette catégorie ne peut pour- suivre des études, elle ne peut qu’être exclue de toute activité économique rémunératrice ou d’une intégration au sein de l’entreprise.

n Vecteurs de paradoxe: Âge, secteur d’activité, région

Pour celles qui poursuivent leurs études (essentiellement les femmes urbaines), d’autres vecteurs orientent le sens de leur trajectoire. Ils se pré- sentent comme des points d’inflexion qui orientent la trajectoire profes- sionnelle féminine vers des chemi- nements multiples.

Les statistiques permettent de mettre en exergue la région d’origine des femmes en tant que vecteur d’in- tersectionnalité. Certaines régions, qui affichent des taux d’emploi plus faibles que les autres, pourraient constituer des points d’inflexion à la trajectoire professionnelle des femmes. A contrario, les régions où le taux d’emploi féminin est plus éle- vé favoriserait l’entrée des femmes

dans le marché de l’emploi.

La région n’est pas le seul vecteur à retenir. En effet, pour les femmes urbaines qui arrivent à atteindre les bancs de l’université et qui sont les plus susceptibles de faire carrière, la situation est tout aussi paradoxale et complexe à saisir. Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, les effectifs des étudiants sont de plus en plus féminisés. Les écoles de commerce comptent 60%

d’effectifs féminins dans leur rang.

Des étudiantes destinées à intégrer le marché du travail et devenir des femmes cadres. Paradoxalement, les actives les plus touchées par le chômage sont les jeunes citadines âgées de moins de 35 ans possédant un diplôme supérieur, et plus encore parmi celles-ci, les 25-35 ans. Ces jeunes femmes subissent en plus une forte pression de leur entourage pour les activités reproductrices, à savoir le mariage et les enfants. Des activi- tés considérées comme prioritaires à tout autre activité.

Reprise Restons vigilants!

Professeur Institution d’affiliation

ALAMI Fatima Zohra Université de Casablanca

ALLALI Brahim ESCA – Casablanca

BAZIN Yoann Université de Normandie

BENABID Mohamed Rédacteur en chef de L’Economiste

BENNIS BENNANI Yasmina PES, FSJES Casablanca

BENSALEM El Mostafa Université de Marrakech

BERBOU Lahoucine Université de Settat

BESSEYRE DES HORTS Charles-Henri HEC Paris

BONNET Daniel Université de Lyon

BOTTI Laurent Université de Perpignan

BREE Joël Université de Normandie

CHAKOR Université de Rabat

CHERKAOUI Adil Université de Casablanca

DIALLO Mbaye Fall Université de Lille

EL KHAYAT Mustapha Université Mohammedia

FRIMOUSSE Soufyane Université de Corse

HOUSSAINI Abdellah Université de Kenitra

IBENRISSOUL Abdelmajid Université de Casablanca

KHALID Chafik Université de Tanger

KOMAT Abdellatif Université de Casablanca

LEGER-JARNIOU Catherine Université Paris-Dauphine

LOUITRI Abdenbi Université de Marrakech

M’RABET Rachid Groupe ISCAE Casablanca

MEYSSONNIER François Université de Nantes

OUMLIL Rachid Université d’Agadir

PERETTI Jean-Marie ESSEC Business School

PEYPOCH Nicolas Université de Perpignan

PRIME Nathalie ESCP Europe

RIGAR Mohamed Université de Marrakech

SAHIB EDDINE Abdelhak Université d’El Jadida

SAHRAOUI Doha Université de Marrakech

SAID Youssef Université de Casablanca

SAMUEL Karine Université de Grenoble Alpes

SCOUARNEC Aline Université de Normandie

THEVENET Maurice ESSEC Business School

TOUCHELAY Beatrice Université de Lille

Membres du comité de lecture et d’évaluation de RM&I

En partenariat avec

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L a tribune du d igitaL

VIII

S

I vous exercez une responsabi- lité dans une grande entreprise ou une administration, vous avez sûrement entendu un «spécialiste de la data»

vous expliquer qu’il vous faut abso- lument tirer profit des données accu- mulées par votre expérience et celles de vos collaborateurs. Que ces don- nées sont une mine d’or. Qu’il vous faut embaucher au plus vite un «data scientist». Ou mieux, qu’il vous faut confier la tâche délicate de monétiser les données accumulées pendant plu- sieurs années à une boîte d’informa- tique spécialisée dans l’apprentissage automatique: le fameux «machine learning». Vous vous êtes sûrement dit qu’ils devaient avoir raison. Mais quand vous avez vu le prix que cela coûtait, vous avez probablement hé- sité. Un peu comme quand on reçoit un courrier nous informant que nous allons recevoir beaucoup d’argent, mais qu’il faut d’abord envoyer son numéro de carte de crédit.

Le but ici n’est pas de prendre posi- tion sur ces sujets. Chaque situation est spécifique. L’objectif est d’expliquer ce que ces termes de «big data» et de

«machine learning» veulent vraiment dire. Pour cela, revenons à l’essence même du numérique: les algorithmes.

Et souvenons-nous que les premiers algorithmes étaient destinés à être exé- cutés par des humains.

Considérons l’algorithme simple

celui d’une maison en fonction de sa superficie, sa localisation, la possibi- lité de parking, grâce à la comparai- son avec des produits similaires. La recommandation de produits peut être également effectuée à partir de l’his- torique des achats et des recherches faites en ligne par un internaute. Les géants Netflix et Amazon basent leur stratégie commerciale sur ces algo- rithmes.

Le big data et le machine learning ne sont pas des solutions nouvelles.

Mais les nouvelles possibilités de mise en réseau de processeurs au sein d’architectures parallèles et de machines au sein d’architectures dis- tribuées, en décuplant la puissance des ordinateurs, permettent à ces algorithmes d’apprentissage automa- tique de traiter de grandes quantités de données, et de proposer des résultats très satisfaisants dans de nombreux domaines. Cependant, ce ne sont pas des solutions miracles. Pour les mettre en œuvre, il faut prendre le temps de les comprendre dans le contexte gé- néral du numérique. De nombreux prétendus experts du big data et du machine learning s’avancent un peu trop vite sans forcément maîtriser tous les aspects de leur dite expertise, et en particulier des subtilités des systèmes informatiques sous-jacents. o

Reprise Restons vigilants!

Rachid Guerraoui est professeur d’infor- matique à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) où il dirige le Laboratoire de Calcul Distribué. Il a été élu professeur au Collège de France, ERC (European Research Council) Senior par la Commission européenne et Fellow par l’«Association for Computing Machinery»

(Etats-Unis). Docteur de l’Université de Paris Sud, il a travaillé chez HP à la Silicon Valley et au MIT à Boston. Il fait partie du top 1% des chercheurs les plus influents au monde classés par l’Univer- sité Stanford (Ph. RG)

d’addition. Celui qui consiste à mettre des nombres les uns sur les autres, à additionner les chiffres colonne par colonne en partant de la droite, à rete- nir 1 quand on dépasse 10, et à le ra- jouter à la colonne suivante à gauche.

Dès que nous avons compris cet algo- rithme, nous l’avons exécuté de ma- nière machinale. Depuis notre tendre enfance. On peut l’exécuter une fois, dix fois, mille fois, il ne bouge pas. On peut l’exécuter sur plein de nombres différents. Il ne s’améliore pas avec l’expérience et les données. Ce n’est pas le cas de tous les algorithmes.

Considérons cette fois le cas d’un agent immobilier qui essaye de trouver les arguments lui permettant d’anticiper les désirs d’acheteurs po- tentiels. Doit-il parler de l’ambiance sympathique qu’il y a dans l’im- meuble avec les enfants qui jouent au foot dans la cour, ou vaut-il mieux taire cet aspect pour les clients qui préfèrent le calme? Doit-il mettre en avant le fait que l’appartement donne sur le sud et bénéficie d’un large en- soleillement, ou vaut-il mieux ne pas insister sur cela car la chaleur peut être insupportable en été? Comment savoir à qui dire quoi? Il lui faut développer un algorithme qui essaye de deviner les attentes des uns et des autres, puis qui apprend au fur et à mesure de ses

erreurs pour mieux choisir ses argu- ments la fois suivante. Ce principe est le cœur de nombreux algorithmes à la mode aujourd’hui. On parle d’appren- tissage automatique (machine lear- ning) car l’algorithme apprend seul à travers les données dont il dispose, et plus il en a (big data), plus il est censé s’améliorer.

De nombreuses applications, mais…

Au-delà des jeux, comme le jeu de Go, qui ont vu triompher de tels algo- rithmes d’apprentissage automatique, de nombreux domaines en bénéficient grandement. Citons tout d’abord le diagnostic médical. En se basant sur les données de patients, de nom- breuses crises cardiaques ont pu être évitées et de nombreux cancers de la peau ont pu être décelés à temps. Les spams peuvent être détectés à partir de la composition d’un mail, en prenant en compte le nombre d’occurrences des mots le constituant, comme la dé- tection de fraudes par carte de crédit peut l’être en analysant les compor- tements anormaux. La conduite auto- mobile assistée se base aussi sur ces algorithmes en étudiant le comporte- ment des bons conducteurs. Citons aussi la prédiction des prix, comme Par Rachid GUERRAOUI

Apprendre de ses erreurs: la clé de l’intelligence

E

N 1950, Alan Turing, tou- jours le même, posa la question: une machine peut-elle penser? Peut-elle réussir le «test de l’intelligence» en se faisant passer pour un humain?

Partant de l’observation que l’intel- ligence de l’adulte est supérieure à celle de l’enfant, il en déduit l’im- portance de l’apprentissage. Turing écrit: «Au lieu d’essayer de produire un algorithme pour simuler l’esprit adulte, pourquoi ne pas en produire un qui simule celui de l’enfant? Il faudrait ensuite donner à cet algo- rithme une éducation similaire à celle d’un enfant (ce que l’on appelle aujourd’hui l’apprentissage super- visé) et lui permettre de faire ses propres expériences (apprentissage non supervisé). En 1951, une année avant sa mort, Turing rédigea un ar- ticle intitulé «La théorie hérétique».

Il revient sur le théorème d’incom-

plétude de Godel stipulant qu’un système logique ne peut être à la fois complet et cohérent. Ce qui fait la force de l’humain, écrit-il, c’est sa capacité à faire des erreurs. Les ma- chines seront vraiment intelligentes le jour où elles pourront explorer des stratégies au hasard et apprendre de leurs erreurs. Elles réussiront alors le

test de l’intelligence et nous perdrons le contrôle: l’humain ne sera plus au sommet de la création. Quand on voit qu’aujourd’hui les machines nous demandent (à travers les capt- chas) de prouver que nous sommes vraiment humains, on peut se dire que nous sommes déjà en train de le perdre ce contrôle. o

Big data et machine learning: beaucoup

de bruit pour rien?

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