ASPECTS QUANTITATIFS
DE LA PRODUCTION LAITIÈRE DES BREBIS
VIII. - VARIATION DES PARAMÈTRES
GÉNÉTIQUES
AVEC LE NIVEAU DE PRODUCTION DU TROUPEAU ET L’AGI(
J. ROMER J.-J.
COLLEAU,J.-C.
FLAMANTStation de Génétique quantitative et appliquée,
Centre national de Recherches zootechniques, I.N.R.A., 7
8-] ouy-en- ] osas
RÉSUMÉ
On a analysé l’effet de l’âge (1 an, 3 ans, 4 ans) et du niveau de production du troupeau (3 niveaux) sur l’héritabilité des productions laitières de brebis de race Lacaune dans la région de Roquefort (production laitière totale à la traite YL, production au contrôle maxi-
muni C. Max). L’analyse a porté au total sur 8 926 couples de lactations mère-fille.
Les deux variables PL et C. Max ont fourni des résultats similaires :
- - aucune variation sensible de l’héritabilité avec l’âge,
- décroissance de l’héritabilité quand le niveau augmente,
- interaction importante des facteurs « âge * et o niveau » sur la valeur de l’héritabilité.
Ces résultats sont comparés à ceux qu’on connaît chez les bovins laitiers.
I. - INTRODUCTION
Les niveaux de
production
des brebis laitières de race Lacaune dans larégion
de
Roquefort
varient considérablement selon lesélevages :
ROMER,FLAMANT
etPouTous
(ig6g)
évaluent en effet à 2o p. 100 lapart
de la variance totale desproductions
laitières à la traitequi provient
de différences entretroupeaux.
Un tel résultat n’est pas étonnant car on constate non seulement des différences(i) Adressc actuelle : Instytut Zootechniki - Krakow (Pologne).
dans le niveau
technique
des éleveurs(valeur
desfourrages, complémentation
dela ration de
base,
étatsanitaire,
utilisation de la machine à traire etqualité
dela
traite)
mais aussi des différencesimportantes
dans la richesse du sol(zones granitiques
et zonescalcaires).
Cette
hétérogéneité
des milieux deproduction
soulève deuxtypes
deproblèmes
pour l’établissement de
plans
rationnels de sélection pour laproduction
laitière.Le
premier
est celui des variations de l’héritabilité suivant le milieu : si elles sontimportantes
ilpeut
être intéressant d’utiliser depréférence
lestroupeaux
où l’héritabilité est élevée pour y tester lesjeunes
béliers ou encore pour y choisir les brebis mères dereproducteurs
mâles. Si les considérations de HAMMOND( 1947 ) s’appliquent
aux brebis Lacaune deRoquefort,
ils’agirait
destroupeaux
dont le niveau deproduction
est leplus
élevé. Le secondproblème posé
est celui de lapossibilité
de fluctuations dans le classement des béliers suivant le milieu deproduction
de leurs filles : il serait très intéressant d’obtenir des éléments deréponse
car l’insémination artificielle se
développe
actuellement dans la zone deRoque-
fort. Si l’on en croit I,USa
( 1945 ),
lesphénomènes
d’interactiongénotype-milieu
sont si
probables qu’il
vaut mieuxjuger
lesreproducteurs
dans le milieu même où ils seront utilisés.Transposées
à la zone deRoquefort,
les vues de LUSHcondui-raient par
exemple
à améliorer lestroupeaux
de bas niveau avec des béliers testés dans ceniveau;
celles de HAMMONDamèneraient,
aucontraire,
à utiliser des béliers testés dans lestroupeaux
de haut niveau. Sur la based’expériences
de sélectionsur la croissance de la souris
après
sevrage,(F ALC O N E R
etI,ATYSZ!wsKI,
Ig52;F
ALCONER
, ig6o), F ALCONER
propose une solutiongénérale
tenantcompte
desdeux
aspects qui
nouspréoccupent :
sélectionner dans le milieu leplus
défavo-rable à
l’expression
du caractère. Eneffet,
dans cemilieu,
l’héritabilité seraitplus
forte et leprogrès génétique accompli
seraittransposable
en milieu favorable,l’inverse n’étant pas vérifié.
Les deux
questions évoquées
ci-dessus ont été abordées àplusieurs reprises
sur les bovins laitiers. Le milieu a été défini le
plus
souvent par le niveau deproduc-
tion laitière
(lait,
matièregrasse)
soit dutroupeau,
soit d’individus(mères
oufilles dans le cas
d’analyse mère-fille)
et aussi par d’autres facteurs comme letype
de stabulation(B URDI C K ,
et MACGII,I,IARD, 1963;
MAO etB URN SI D E, ig6g),
la durée de tarissement
(B URDI C K
et MacG ILLI A RD , 19 6 3 ),
larégion (L Y TT ON
etL EGATES
,
I g66),
le niveautechnique
de l’éleveurjugé
par le taux d’utilisation de taureaux d’insémination artificielle et le niveau de concentré dans la ration(M A o
et
B URNSIDE , 19 6 9 ). Jusqu’à présent,
les études faisant intervenir le niveau deproduction
ont été lesplus
nombreuses parcequ’elles s’appuient
sur les données dusimple
contrôle laitier. Les variations d’héritabilité ont été étudiées sur descouples
mère-fille et surtout sur les descendances de taureaux(Jo II ANSSON,
Ig53;K ORKMAN
,
1953; MASON et ROBERTSON,195 6; G R A V E R T, 195 8;
POI,Y etV IS S A C,
1959; ROBERTSON et
O’C ONN O R , 19 6 0 ;
MITCHELL etCORLEY, 1 9 61;
LEGATES,I
g6z;
VANVLECK,I g6 3 ;
VANVLECK etB RAD F ORD , I g6 4 ; S YRS T AD , 19 66; G ÔNU L,
Vos et
P OLITIEK , 19 66;
BURNSIDE et RENNIE,19 68). L’interaction génotype-
milieu a été testée soit sous forme de variance d’interaction entre taureaux et
troupeaux (A LL A IR E
etGA UN T, 19 65;
BURDICK et MacGI LLI A RD , 19 63;
FAIR-C H
ILD et
al., I966; GAUNT,
BARTLETT etCOMSTOCK, Ig64;
HARVILLE etHENDERSON, 19
67;
HENDERSON etCARTER, 1957;
HICKMAN etHENDERSON,
I9SS;LEGATES,
VERLIND E
N et
KE NDRI C K , 195 6)
soit sous forme de corrélationsgénétiques
entreproductions
obtenues à des niveaux différents(M ASON
et ROBERTSON,195 6;
R OB E R T
SON et
O’C ONNOR , 19 6 0 ;
VANV L EC K , I9 6 3 ; S YR STA D , 19 66;
MAC DANIELet
C ORL E Y , I9 67;
BURNSIDE et RENNIE,I9 68).
Cesstatistiques
ont pu être obtenuesgrâce
à l’extension de l’insémination artificielle chez les bovins laitiers.Dans le cas des
troupeaux
de brebis Lacaune contrôlés dans la zone deRoque- fort,
le seul élément caractérisant le milieu et surlequel
il soitpossible d’analyser
les
problèmes posés plus haut,
est actuellement le niveau deproduction
laitièredes
troupeaux.
Parailleurs,
la situation de montenaturelle,
de cettepopulation,
nous conduit à estimer les
paramètres génétiques
essentiellementd’après
les liai-sons mère-fille.
II. -
MATÉRIEL
ETMETHODES
l
, - Définition des niveaux de production et échantillonnage
Les 58 troupeaux considérés dans cette analyse ont été contrôlés pendant au moins 7 années consécutives (1960-1966). Sur ce matériel, RoMEx, FLAMANT et PouTOUS (1969) ont déjà montré qu’il existe une importante interaction année-troupeau pour les caractéristiques de production (environ 7 p. 100 de la variance). De ce fait, classer les troupeaux suivant leur production moyenne dans la période 1960-1966, n’aurait pas grande efficacité pour déterminer des niveaux réels de
production : aussi ces derniers ont-ils été établis à partir des moyennes annuelles (moyennes de troupeau-année).
Les 487 moyennes de troupeau-année ainsi obtenues ont été divisées en 3 classes, chaque classe constituant un niveau de production. Le niveau moyen regroupe 50 p. 100 des moyennes, les niveaux haut et bas, chacun 25 p. 100. Le tableau 1 montre que la variabilité de la produc-
tion laitière est très importante dans le niveau haut : cela est lié à la distribution dissymétrique
des moyennes de troupeau-année. Les effectifs moyens de brebis par troupeau-année diffèrent d’un niveau à l’autre : le niveau bas regroupe des troupeaux à peu près deux fois plus importants qu’en niveau haut, et traits en majorité à la machine.
Les moyennes de troupeau-année considérées ne tiennent pas compte des variations d’âge
moyen d’un troupeau à l’autre, car les productions individuelles ne sont pas corrigées pour ce facteur. La taille des troupeaux de brebis permet en théorie d’estimer des niveaux de production par catégorie d’âge, ce qui présente un intérêt car il n’est pas certain que les éleveurs traitent de la même façon agnelles et brebis adultes. En fait, cette classification des troupeaux par âge des
brebis n’a pas été effectuée car les brebis d’une même classe d’âge dans un troupeau appartiennent
très souvent à la descendance d’un nombre restreint de béliers (tabl. 2).
On a considéré uniquement les brebis de 1,3 et 4 ans. L’âge de 2 ans n’a pas été retenu parce que dans les conditions de Roquefort, il correspond soit à une première, soit à une seconde lac- tation. En conséquence, à 3 ans et 4 ans également, le numéro de lactation n’est pas fixé mais
on a estimé que les erreurs ainsi introduites étaient peu importantes, l’effet de l’âge sur la pro- duction laitière étant limité au cours de cette période où la femelle a atteint sa production d’adulte.
La production laitière des brebis a été estimée par la quantité de lait obtenue entre le sevrage des agneaux (à 35 jours en moyenne) et le tarissement. Cette production est notée PL. On a étudié
également la production le jour du contrôle maximum, notée C. Mlax.
Les performances des filles ont été classées par combinaison âge-niveau de production.
Pour chacune de ces combinaisons, elles ont été décomposées selon le modèle hiérarchique sui-
vant :
-- .
Yilk ! performance de la ke fille du ;’* bélier dans le il troupeau-année;
T i
= ettet aléatoire du i troupeau-année;
B z ,
= effet aléatoire du je bélier dans le ietroupeau-année, de variance dite e bélier-intra- troupeau &dquo;;
Cijl’ = effet aléatoire résiduel, de variance dite « intrabélier ».
Les performances des mères au même âge que celui des filles ont été associées aux perfor-
mances des filles sur le même support matériel (carte perforée). Les performances des mères étaient suivies de la classe de production du troupeau-année ce qui a permis d’effectuer des subdivisions pour une combinaison donnée âge niveau de production chez les filles. Le modèle (1) a été aussi appliqué aux performances des mères pour permettre le calcul de différentes covariances mère- fille, cependant les productions des mères ont été classées sur le troupeau-année correspondant à la lactation de leurs filles et non à la leur, sur le bélier père de leurs filles et non sur le leur. En consé- quence, l’effet année intra-troupeau chez les mères est confondu avec la variable a résiduelle ».
De plus, les mères accouplées à un même bélier sont d’âge différent et de ce fait, ont plusieurs pères, étant donné le renouvellement quasi annuel des béliers à Roquefort : les différences entre mères provenant de leurs pères sont alors confondues avec la variable résiduelle. Finalement, la variance « intrabélier » pour les mères est surestimée (d’environ 15 p. 100).
q. - Estimation des coefficients d’héritabilité intvatvoupeau a) A partir de couples mère-fille situés dans un même niveau de pvoduction.
La variance génétique (s2g) a été estimée en doublant la covariance mère-fille intrabélier.
La variance intrabélier ou « résiduelle » a été calculée pour les mères (s’RM), les filles (s2RF).
A partir des composantes de variance et covariance on a obtenu 2 estimées de l’héritabilité
intratroupeau soit en doublant la régression fille /mère intrabélier, soit en doublant la corréla- tion entre mère et fille intrabélier. La transformation de cette dernière selon la méthode de F
ISHER a permis de comparer les héritabilités entre elles et de leur attribuer des intervalles de confiance.
b) A partir des variances entre béliers.
Les brebis étant classées par groupes de demi-soeurs paternelles, indépendamment du niveau
de production de la mère, une autre estimée de l’héritabilité est égale à 4 fois la corrélation intra- classe.
5
. - Estimation des corrélations phénotypiques et génétiques
Le calcul des corrélations phénotypiques entre la production laitière totale à la traite et le contrôle maximum a été effectué intrabélier. Les corrélations génétiques ont été calculées à partir
des covariances mère-fille intrabélier suivant la formule de HAZEL
Les corrélations génétiques concernent la production laitière et la production au contrôle maximum, pour un même niveau de production, ou encore la production totale ou maximale à des niveaux différents. En effet, ce dernier calcul permet en théorie d’analyser les phénomènes
(i) car un nombre relativement élevé de brebis mères était issu de pères inconnus. ’ &dquo;
d’interaction génotype-milieu, selon les conceptions de FALCONER (1952). L’écart type d’une
estimée;;
;
de corrélation génétique établie sur n couples mère-fille, a été évalué suivant la formulede R EE V E (1955)
III. -
RÉSULTATS
1
. -
Comparaison
des mères et desfilles :
moyennes
(tabl. 4 )
et variancesintratroupeau (tabl. 5 )
Les
productions
laitières des mères sont en moyennelégèrement supérieures
à celles des filles pour la
production
laitière et laproduction
au contrôle maximum.Cependant
la différence varie avecl’âge
et le niveau deproduction.
A I et 3 ans, les filles sont nettement inférieures auxmères, à 4
ans elles lesdépassent.
Enniveau
haut,
la moyennegénérale
des filleségale pratiquement
celle desmères,
contrairement aux autres niveaux où les filles sont nettement inférieures.Les variances
intratroupeau-année
diffèrent peu entre mères etfilles,
pom les niveaux moyen et bas.Cependant
en niveauhaut,
lesproductions
des fillesprésentent
une variancesupérieure
à celle desmères, particulièrement
à 3et
4 ans.Cela ne semble pas traduire une
hétérogénéité génétique supérieure
car les cal-culs intrabélier ne
changent
pas cet état de choses(tabl. 6).
2
. - Variances
génétiques et
intrabétiev suivantl’âge
et le niveauI,es résultats obtenus par
analyse
descouples
mère-fillefigurent
au tableau 7 pour laproduction
totale delait,
au tableau 8 pour laproduction
au contrôlemaximum;
ceux concernantl’analyse
des groupes de demi-soeursfigurent
autableau 9. Pour chacune des deux
variables,
les estimées des variancesintrabélier,
obtenues sur des effectifsdifférents,
sont très similaires(exception
faitedes produc-
tions à 4
ans).
Cetteconstatation, jointe
à celle du faible nombre dedegrés
deliberté entre béliers
disponibles
dansl’analyse
desdemi-soeurs,
nous a conduit à étudier l’effet del’âge
et du niveau sur lesvariances,
en nous limitantuniquement
aux résultats obtenus sur
couples
mère-fille.a)
Variances intrabélier.On observe
généralement
uneaugmentation
sensibledes
variances entre i et 3 ans,beaucoup plus
faible entre 3 et q. ans. L’effet du niveau sur les variances est du même ordre degrandeur
que celui del’âge.
Pour laquantité
delait,
on observeune
augmentation progressive
des variances du niveau bas vers le niveau haut.Pour la
production
au contrôlemaximum,
on observeégalement
une varianceplus
élevée en niveauhaut, cependant
les valeurs obtenues en niveau moyen et bas ne diffèrentpratiquement
pas.b)
Variancesgénétiques
La variance
génétique
de laproduction laitière,
tend àaugmenter
avecl’âge.
Cette évolution est surtout sensible en niveau bas. Pour la
production
au contrôlemaximum,
la variancegénétique augmente
avecl’âge
seulement en niveaubas;
elle est relativement constante en niveau moyen, et a tendance à diminuer avec
l’âge
en niveau haut.I,’influence
du niveau deproduction
est différente selonl’âge
considéré.En
passant
du niveau bas au niveauhaut,
pourl’âge
de i an, la variancegéné- tique augmente
d’environ 50 p. 100 à 100 p. 100 suivant lecaractère;
pourl’âge de
4
ans cette variance diminue au contraire de 10à 5o p. 100suivant le caractère.A 3 ans, il
n’y
a pas de tendance bien nette sinon que la variancegénétique
estla
plus
forte dans le niveau bas.3. - Héritabilités
a)
Méthode descouples mère-fille
En
théorie,
larégression fille /mère
fournit la meilleure estimée du coefficient d’héritabilité.Cependant,
pourpouvoir
tester des différences entre coefficients derégression
suivantl’âge
ou le niveau deproduction,
il est nécessaire que les variances des écarts aux différentes droites derégression
soient constantes avecl’âge
et leniveau,
cequi
n’est pas le cas. Pour cetteraison,
lescomparaisons
d’héri-tabilité ont été effectuées
uniquement
àpartir
des coefficients de corrélation mère-fille.Effet
del’âge.
- Sur l’ensemble des niveaux deproduction
les héritabilitésne varient pas
significativement
avecl’âge.
Eneffet,
pour lesâges
de i an, 3ans, 4 ans, les estiméesrespectives
sont de o,3r; o,2g; 0,29 pour laproduction
laitièretotale et de
o,28;
0,23; 0,24 pour laproduction
au contrôle maximum.Effet
du niveau deproduction.
- Dans les niveauxbas,
moyen ethaut,
l’hérita- bilité de laproduction
laitière estrespectivement
de o,4i; 0,22; 0,30. Les diffé-rences sont
significatives,
mais iln’y
a pas de tendance continue. Pour laproduc-
tion au contrôlemaximum,
les valeurs d’héritabilitécorrespondantes
sont de0 , 32
;
0 , 2 6;
o,y : cettefois,
il semble y avoir une décroissance de l’héritabilitéquand
le niveau s’élève mais elle n’est passignificative.
L’analyse
par classed’âge
ne montre en aucun cas de variationssignificatives
des héritabilités de la
production
au contrôle maximum suivant les niveaux deproduction.
Dans le cas de laproduction
laitièretotale,
on ne trouve pas de diffé-rences
significatives
entre estimées obtenues à différentsniveaux,
à Iet 4
ansquoique
l’élévation du niveau semble entraîner uneaugmentation
de l’héritabilité à i an et une diminution à 4 ans. Mais àl’âge
de 3 ans, les différences sontsigni-
ficatives : comme pour la
production
au contrôle maximum à cetâge,
c’est en niveaubas
qu’on
obtient l’héritabilité laplus
élevéecependant qu’en
niveau moyen, la valeur de l’héritabilité est minimale.b)
Corrélation entre demi-soeurspaternelles
Les calculs ont été seulement réalisés pour les combinaisons
âge-niveau
oùle nombre de
degrés
de liberté entre béliers étaitsupérieur
à 20. Les valeurs d’hérita- bilité obtenues pour laproduction
au contrôle maximum sont icisupérieures
àcelles
correspondant
à laproduction
totale contrairement aux résultatsprécédents.
Effet
del’âge.
- Pour laproduction
laitièretotale,
les valeurs obtenues à i et 3 ans sont tout à faitcomparables.
Pour laproduction
au contrôlemaximum,
l’héritabilité diminue assez fortement de I à 3 ans.
Effet
du niveau. -L’évolution
de l’héritabilité suivant le niveau est différente pour les deux caractères étudiés. Pour laproduction
au contrôlemaximum,
l’héri-tabilité tend à
augmenter quand
le niveau deproduction
s’élève alors que c’est le contraire dans le cas de laproduction
laitière totale.4
. - Corrélations
Phénotypiques
etgénétiques
a)
CorrélationsPhénotypiques
intrabélier entre lesproductions
laitières totale et maximaleCes corrélations ont été calculées pour l’ensemble des brebis
(mères
oufilles)
pour
chaque
combinaisonâge-niveau
deproduction.
Les valeurs obtenues autableau 10 sont élevées et de l’ordre de 0,7-
0 ,8.
Les valeurs sont
plus
élevées pour les brebis de i an, maisquoiqu’elle
soitsignificative,
cette différence est peuimportante.
On constateégalement
desdifférences
significatives
suivant le niveauconsidéré,
les coefficients de corrélation étant en effet maxima en niveaubas,
mais là encore la différence n’est pas trèsimportante.
b)
Corrélationsgé72étiques
entreproductions
laitières totale et maximaleLes résultats du tableau m montrent
qu’elles
sont très élevées. Comme pour les corrélationsphénotypiques,
les valeurs observées en niveau bas sont lesplus
élevées. Ces coefficients de corrélation
génétique
ne semblent pas, parailleurs,
varier
systématiquement
avecl’âge.
La
question
de l’éventualité d’une interactiongénotype-niveau
deproduction
a été
traitée,
en estimant la valeur de la corrélationgénétique
entreproductions
obtenues à des niveaux différents
(méthode
deF ALCONER ).
Une interaction existe alors si la valeur de cette corrélation estsignificativement
différente de i.On n’a effectué le calcul que pour des niveaux
adjacents.
Iln’y
avait en effetpas de
couples
dont l’un des membres était en niveaubas,
l’autre en niveau haut.I,e tableau 12 montre que les valeurs obtenues
dépassent fréquemment
i, cequi pourrait indiquer
l’absence d’interactiongénotype-niveau.
IV. - DISCUSSION
I,a série d’articles sur les «
aspects quantitatifs
de laproduction
laitière desbrebis » a montré
qu’en dépit
de différenceszootechniques
trèsimportantes (pas d’élevage individuel,
durée de lactation déterminée trèsfréquemment
par la ferme- ture deslaiteries),
on trouvejusqu’à présent
pour lesproductions
debrebis,
àpeu
près
les mêmesparamètres
de variabilitégénétique
et nongénétique
quepour celles des vaches laitières. Au cours de la discussion des
résultats,
on se réfè-rera donc aux travaux effectués sur les bovins.
i. - Les
coefficients
d’héritabilitéa)
Considérationsgénérales.
La méthode de calcul des coefficients d’héritabilité que nous avons
adoptée (corrélation mère-fille)
suppose en touterigueur
l’absence desphénomènes
desélection. Cette
hypothèse
n’est certainement pas vérifiée pour lesmères,
car,dans la
pratique
del’élevage
ovin dans la zone deRoquefort,
on ne retientjamais
pour la
reproduction
les femelles issues de brebis de i an, cequi
a éliminé auto-matiquement
de notre échantillon demères,
les antenaises réforméespour produc-
tion insuffisante. Cela se traduit d’ailleurs par une variance «
intra-troupeau-
année u
plus
faible pour lesmères,
bien que cette variance ne soit pas totalementcorrigée
pour l’effettroupeau-année. Cependant
il y a très peu de différence avecl’héritabilité calculée à
partir
de larégression fille /mère.
Nous allons donc discuter de l’effet del’âge
et du niveau deproduction
sur les coefficients d’héritabilité calculés àpartir
des corrélations entre mère et fille.b) Ef l ei de l’âge.
Indépendamment
du niveau deproduction.
- Sur les bovinslaitiers, plusieurs
auteurs
(J OHN S ON
etCORLEY, ig6i;
VAN VLECK et BRADFORD,19 66; SvxsTnD, ig66;
BARKERetR OB E R TS ON , 19 66)
ont observé que la variancegénétique
estiméesoit à
partir
de la variance entrepères
soit de la covariance entre mères etfilles,
a tendance à diminuer avecl’âge
des animaux. Mais sur les mêmesdonnées,
onpeut
remarquer que l’élimination des effets de la
sélection,
obtenue en considérant les mêmes animaux suivispendant plusieurs lactations, permet
de mettre en évi- dence uneaugmentation
effective des variancesgénétiques
avecl’âge,
saufpeut-
être pour la deuxième lactation. Dans notre échantillon de
brebis,
on trouve uneaugmentation
des variancesgénétiques
avecl’âge,
bien que cetteaugmentation
soit
plutôt
sous-estimée par l’effet de la sélection massale. Il semblerait donc que dans le cas de labrebis,
l’effet del’âge
sur les variancesgénétiques
soitplus
consi-dérable que dans celui de la vache laitière. Il faut toutefois remarquer
qu’entre
I et 3 ans
l’augmentation
de laproduction
laitière est de 40-50p. 100 : augmen-tation considérable en
rapport
à celle constatée chez la vache( 20 - 30
p. Ioo entrepremière
et troisièmelactation)
etqui s’explique
sans doute parce que la durée de lactation des brebis de I an estplus
courte d’environ 2 mois.L’augmentation
des variancesintrapère
avecl’âge qui
est observée ici corres-pond
bien aux résultats obtenus sur les bovinslaitiers,
enprésence
ou en l’absencede sélection.
L’augmentation
simultanée avecl’âge
de la variancegénétique
et de lavariance intrabélier conduit dans notre cas, à une variabilité très faible du coef- ficient d’héritabilité de la
production
laitière totale avecl’âge.
En considérant des lactations de brebis Lacaune obtenues sur descouples mère-fille, B OYAZO G I , U ,
POLY et PouTous
( 19 6 5 )
ont trouvé en revanche des différences sensibles avecl’âge :
0,43 à I an eto,26
à 3 ans, mais lescouples
considérés étaientbeaucoup
moins nombreux. En ce
qui
concerne laproduction
au contrôlemaximum,
les héritabilités sontplus
élevées à I an, maisbeaucoup
moins que nel’indiquaient
les auteurs
précédents.
Chez les bovinslaitiers,
il sembleacquis
que lapremière
lactation est
plus
héritable que les autres,particulièrement
la seconde(G RAVERT , 1958;
Revue de MOLINUEVO et I,usH,19 6 4 ;
VAN VLECK et BRADFORD,19 66;
S YR STA D
, I g66;
BARKER etR OB E R T SON , 19 66;
BUTCHER etF R EE MAN , 19 68). Plus précisément, quand
on effectue les calculs par la méthode descouples mère-fille,
la différence entre les coefficients pour la
première
et la secondelactation,
atteintgénéralement
0,05-0,10.D’après
les auteursprécédents,
l’héritabilité en troisième lactation serait inférieure à celle de lapremière
lactation maissupérieure
à cellede la seconde.
I,a
question qui
se pose à propos des résultats concernant les brebis Lacaune est donc de savoirpourquoi
l’héritabilité de laproduction
laitière à 3 et 4 ans est aussi élevéequ’à
I an(première lactation).
Onpeut expliquer
le haut niveau d’héritabilité à 4 ans(ce qui correspond
au moins à la 3elactation)
de 2 manièresdifférentes.
D’abord,
la durée de tarissement estlongue
chez la brebis car elle s’étend dejuillet
àdécembre,
soit 6 mois alorsqu’elle
est de 3 mois seulement chez la vache : cette source de variation(par
action directe ouindirecte,
comme parexemple
la minimisation de l’effet d’une mauvaise alimentation au cours de la lac- tationprécédente)
est donc moinsimportante
dans le cas de labrebis,
faitqui
contribuerait à rendre les lactations adultes
plus
héritables. D’autrepart,
le traitement des brebis en groupe, au moins pourl’alimentation, peut jouer
un rôle.Quand
le traitement estplus individuel,
comme chez lesbovins,
il est tentant de traiter les animaux adultes suivant leursperformances antérieures, pratique qui
contribue à diminuer l’héritabilité des lactations adultes.
E tfet de l’âge
enfonction
du niveau deProduction.
- A notreconnaissance,
les seuls résultats obtenus sur les bovins laitiers et concernant cesujet
sont ceux deS YRS T
AD
( 19 66) :
ce dernier trouve que l’évolution des variances entre taureaux,des variances
intra-taureau,
des coefficients d’héritabilité avecl’âge
nedépend
pas du niveau deproduction
dutroupeau.
Les résultats que nous obtenons ici sont les mêmes en cequi
concerne les variancesgénétiques
etphénotypiques,
maisdifférent en ce
qui
concerne l’héritabilité. Eneffet,
c’est seulement en niveau hautqu’on
trouve la baisse de l’héritabilité avecl’âge, généralement
rencontrée chez les bovins laitiers : en niveau bas la tendance est en effet tout à fait àl’opposé.
I
. En niveau haut. - On
peut
penser que cettedivergence
selon les niveauxprovient
d’un accroissement de l’influence des facteurs nongénétiques
sur lesperfor-
mances des brebis adultes du niveau haut. On
peut souligner
d’abord que 50p. 100 de la durée totale des lactations adultes sont effectués enbergerie
parrapport
à 25 p. 100 seulement pour les lactations
d’agnelles.
Le haut niveau decomplé-
mentation alimentaire et
(ou)
le haut niveau dequalité
desfourrages qu’on peut
supposer dans les
troupeaux
à haut niveau deproduction
ont doncdavantage
d’influence sur les lactations adultes. A cause du traitement en groupe, les
plus
mauvaises brebis adultes ont alors lapossibilité
de consommer autant que les meilleures et d’extérioriser uneproduction plus importante,
cequi
contribue àdiminuer l’estimée de l’héritabilité. Un fait
qui
nous semble confirmer cettehypo-
thèse est que la
production
au contrôlemaximum, pratiquement toujours
obtenueen
bergerie,
est moins héritable que laproduction totale,
en niveauhaut,
à tous lesâges,
alors que ce n’estpratiquement
pas le cas en niveau bas.D’autre
part,
on a pu remarquer au tableau I, que la traite à la main est encoregénéralement pratiquée
dans lestroupeaux
à haut niveau contrairementaux
troupeaux
à basniveau,
ce fait étant lié à lagrande
différence de taille entre lestroupeaux
des deuxcatégories. Compte
tenu de la faibleprogression
annuelle( 1
-<..
p. 100destroupeaux)
de la traite à la machine en niveauhaut, pratiquement
latotalité des
couples
mère-fille de ce niveau a été traite à la main. Onpeut peut-
être penser
qu’avec
cesystème
de traiteplus long
etplus pénible,
la traite de brebis fortesproductrices,
c’est-à-dire engénéral
de brebisadultes,
a pu êtreabrégée,
cequi
a entraîné une réduction des différences entre animaux. Cettehypothèse
n’est nullement exclusive de lapremière,
car onpeut
très bien ima-giner
en niveau haut une surestimation des brebis adultes lesplus
mauvaises etune sous-estimation des
meilleures,
contribuant toutes les deux à rendre moins héritables les lactations adultes.2
. En niveau bas. -
L’augmentation
de l’héritabilité avecl’âge
en niveau basnous
paraît s’expliquer
essentiellement parcequ’en première lactation,
certaines des brebis de ce niveaupeuvent
avoir encore un formatinsuffisant,
avec des réservescorporelles
et une taille de la mammelle réduite : ce facteur de variationdisparaîtrait
à l’état adulte.c) Effet
du niveau.On remarque
qu’à
tous lesâges,
les variancesphénotypiques
s’accroissentquand
le niveau s’améliore. Ce fait a étégénéralement
constaté chez les bovins laitiers(M A S ON
et ROBERTSON,195 6;
ROBERTSONetO’C ONN O R , I 9 6o;
VANV LE C K ,
1963;
VAN VLECK etBRADFORD, 1964; SYRSTA D , 1 9 66;
BURNSIDE etRE NNI E, I
g68).
Ilsuggère
un effet d’échelle. De cefait,
lacomparaison
directe des variancesgénétiques
entre niveaux estpeut-être
biaisée. La seule discussion que nous feronsconcerne les coefficients
d’héritabilité, qui
sont sans doute moins sensibles à cephénomène.
Il est bien évident que les résultats concernant l’effet du niveau suivant
l’âge
ne sont pas du tout
indépendants
de ceux relatifs à l’effet del’âge
suivant le niveau.Nous avons
essayé d’expliquer précédemment pourquoi
l’héritabilité avait telle outelle tendance avec
l’âge
suivant leniveau,
mais lepoint qui
reste à discuter dansce
paragraphe
est la valeur de l’héritabilité à I an, en fonction du niveau. On constatequ’il n’y
apratiquement
pas de différences. Onpeut
penser que cetteégalité
est la résultante deplusieurs phénomènes jouant
en sens contraire. Le format des animaux aprobablement
contribué àaugmenter
l’héritabilité en niveau haut parrapport
au niveaubas, cependant
que le mode de traite a euprobablement
un effet contraire.
Il convient de
signaler
que les résultats concernant l’effet du niveau de pro- duction sur l’héritabilité à I an sont les mêmes que ceux concernant lapremière
lactation chez les bovins laitiers. En
effet,
dans ce cas, on trouvegénéralement
unefaible
augmentation
du coefficient d’héritabilité avec le niveau(tabl. I3 ). D’après
leséléments de discussion que nous avons
indiqués,
ce n’estpeut-être
que pure coïn- cidence. Pour les autres lactations chez les bovinslaitiers,
les données sont moinsnombreuses mais il est peu
probable
que l’héritabilité de ces lactations baissequand
le niveau
augmente (tabl. I3 ).
Nous pensons que les résultats que nous obtenonssur les lactations adultes de
brebis,
sont liés à certainesparticularités
del’élevage
ovin dans la zone de
Roquefort, qui
n’ont pas, ou moinsjoué
chez les bovins : ils’agit
despratiques d’élevage
que nous avons décrites et aussi del’importance
des différences de
production
entre niveaux pour lestroupeaux
ovins(différence
de6
0 p. 100entre niveaux extrêmes par
rapport
à 30 p. 100chez lesbovins,
tabl.I3 ).
d) Comparaison
entre méthode descouples mère-fille
et méthode des demi-soeurspaternelles.
Production laitière totale. - Les héritabilités calculées à
partir
de la corréla- tion entre demi-sceurs sont moins élevées(en général
demoitié).
Sans oublier queces estimées sont ici peu
précises,
en raison dupetit
nombre de béliers utilisés partroupeau
et par campagne, onpeut rappeler qu’une
telledivergence
a été remar-quée
sur desproductions
de vaches laitières(V AN
VLECK et BRADFORD,19 6 4 )
etau moins pour les deux
premières
lactations(VA N
VLECK etB RAD F ORD , 19 66).
Il
paraît
peuprobable
dans notre casqu’une
sélection efficace des béliers sur ascen-dance ait réduit à ce
point
leur variabilitégénétique,
car lespremiers
index deproduction laitière, qui permettent
cettesélection,
n’ont été calculésqu’en 19 66.
De
plus,
laparenté
entre béliers n’estprobablement
pas assez élevée pourexpli-
quer ce résultat. D’autre