Membres du jury
Monsieur le Professeur ROY Pierre-Marie | Président Madame le Docteur SOULIE-CHAVIGNON Caroline | Directrice
Madame le Professeur PENALOZA Andrea | Membre Monsieur le Professeur CONNAN Laurent | Membre Madame le Docteur FRIOU Emilie | Membre
2018-2019
THÈSE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE GÉNÉRALE
Evaluation de la probabilité clinique pré-test de l’embolie pulmonaire dans les services d’urgences :
Comparaison de la probabilité clinique implicite guidée, du score de Genève révisé et de la probabilité clinique implicite.
Pre-test clinical probability assessment of pulmonary embolism in emergency departments:
Comparison of the guided implicit clinical probability, the revised Geneva score and the implicit clinical probability.
CAILLAUD Adeline
Née le 07 mars 1992 à CHATELLERAULT (86)
Sous la direction de Mme le Docteur SOULIE-CHAVIGNON Caroline
ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT
Je, soussignée Adeline CAILLAUD
déclare être pleinement conscient(e) que le plagiat de documents ou d’une partie d’un document publiée sur toutes formes de support, y compris l’internet, constitue une violation des droits d’auteur ainsi qu’une fraude caractérisée.
En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources que j’ai utilisées pour écrire ce rapport ou mémoire.
signé par l'étudiant(e) le 25/06/2019
LISTE DES ENSEIGNANTS DE L’UFR SANTÉ D’ANGERS
Directeur de l'UFR : Pr Nicolas Lerolle
Directeur adjoint de l'UFR et directeur du département de pharmacie : Pr Frédéric Lagarce Directeur du département de médecine :
PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS
ABRAHAM Pierre Physiologie Médecine
ANNWEILER Cédric Gériatrie et biologie du vieillissement Médecine
ASFAR Pierre Réanimation Médecine
AUBE Christophe Radiologie et imagerie médicale Médecine
AUGUSTO Jean-François Néphrologie Médecine
AZZOUZI Abdel Rahmène Urologie Médecine
BARON-HAURY Céline Médecine générale Médecine
BAUFRETON Christophe Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Médecine
BENOIT Jean-Pierre Pharmacotechnie Pharmacie
BEYDON Laurent Anesthésiologie-réanimation Médecine
BIGOT Pierre Urologie Médecine
BONNEAU Dominique Génétique Médecine
BOUCHARA Jean-Philippe Parasitologie et mycologie Médecine
BOUVARD Béatrice Rhumatologie Médecine
BOURSIER Jérôme Gastroentérologie ; hépatologie Médecine
BRIET Marie Pharmacologie Médecine
CAILLIEZ Eric Médecine générale Médecine
CALES Paul Gastroentérologue ; hépatologie Médecine
CAMPONE Mario Cancérologie ; radiothérapie Médecine
CAROLI-BOSC François-xavier Gastroentérologie ; hépatologie Médecine CHAPPARD Daniel Cytologie, embryologie et cytogénétique Médecine
CONNAN Laurent Médecine générale Médecine
COUTANT Régis Pédiatrie Médecine
COUTURIER Olivier Biophysique et médecine nucléaire Médecine
CUSTAUD Marc-Antoine Physiologie Médecine
DE BRUX Jean-Louis Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Médecine
DESCAMPS Philippe Gynécologie-obstétrique Médecine
DINOMAIS Mickaël Médecine physique et de réadaptation Médecine
DIQUET Bertrand Pharmacologie Médecine
DUCANCELLE Alexandra Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine
DUVAL Olivier Chimie thérapeutique Pharmacie
DUVERGER Philippe Pédopsychiatrie Médecine
EVEILLARD Mathieu Bactériologie-virologie Pharmacie
FANELLO Serge Épidémiologie ; économie de la santé et prévention
Médecine
FAURE Sébastien Pharmacologie physiologie Pharmacie
FOURNIER Henri-Dominique Anatomie Médecine
FURBER Alain Cardiologie Médecine
GAGNADOUX Frédéric Pneumologie Médecine
JEANNIN Pascale Immunologie Médecine KEMPF Marie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine
LACCOURREYE Laurent Oto-rhino-laryngologie Médecine
LAGARCE Frédéric Biopharmacie Pharmacie
LARCHER Gérald Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
LASOCKI Sigismond Anesthésiologie-réanimation Médecine
LEGRAND Erick Rhumatologie Médecine
LERMITE Emilie Chirurgie générale Médecine
LEROLLE Nicolas Réanimation Médecine
LUNEL-FABIANI Françoise Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine
MARCHAIS Véronique Bactériologie-virologie Pharmacie
MARTIN Ludovic Dermato-vénéréologie Médecine
MENEI Philippe Neurochirurgie Médecine
MERCAT Alain Réanimation Médecine
MERCIER Philippe Anatomie Médecine
PAPON Nicolas Parasitologie mycologie Pharmacie
PASSIRANI Catherine Chimie générale Pharmacie
PELLIER Isabelle Pédiatrie Médecine
PICQUET Jean Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire Médecine
PODEVIN Guillaume Chirurgie infantile Médecine
PROCACCIO Vincent Génétique Médecine
PRUNIER Fabrice Cardiologie Médecine
REYNIER Pascal Biochimie et biologie moléculaire Médecine RICHARD Isabelle Médecine physique et de réadaptation Médecine
RICHOMME Pascal Pharmacognosie Pharmacie
RODIEN Patrice Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques
Médecine ROHMER Vincent Endocrinologie, diabète et maladies
métaboliques
Médecine
ROQUELAURE Yves Médecine et santé au travail Médecine
ROUGE-MAILLART Clotilde Médecine légale et droit de la santé Médecine ROUSSEAU Audrey Anatomie et cytologie pathologiques Médecine ROUSSEAU Pascal Chirurgie plastique, reconstructrice et
esthétique
Médecine ROUSSELET Marie-Christine Anatomie et cytologie pathologiques Médecine
ROY Pierre-Marie Thérapeutique Médecine
SAINT-ANDRE Jean-Paul Anatomie et cytologie pathologiques Médecine SAULNIER Patrick Biophysique pharmaceutique et
biostatistique
Pharmacie
SERAPHIN Denis Chimie organique Pharmacie
SUBRA Jean-François Néphrologie Médecine
UGO Valérie Hématologie ; transfusion Médecine
URBAN Thierry Pneumologie Médecine
VAN BOGAERT Patrick Pédiatrie Médecine
VENIER Marie-Claire Pharmacotechnie Pharmacie
VERNY Christophe Neurologie Médecine
WILLOTEAUX Serge Radiologie et imagerie médicale Médecine
MAÎTRES DE CONFÉRENCES
ANGOULVANT Cécile Médecine Générale Médecine
ANNAIX Véronique Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
BAGLIN Isabelle Pharmaco-chimie Pharmacie
BASTIAT Guillaume Biophysique et biostatistique Pharmacie
BEAUVILLAIN Céline Immunologie Médecine
BELIZNA Cristina Médecine interne Médecine
BELLANGER William Médecine générale Médecine
BELONCLE François Réanimation Médecine
BENOIT Jacqueline Pharmacologie et pharmacocinétique Pharmacie
BIERE Loïc Cardiologie Médecine
BLANCHET Odile Hématologie ; transfusion Médecine
BOISARD Séverine Chimie analytique Pharmacie
CAPITAIN Olivier Cancérologie ; radiothérapie Médecine
CASSEREAU Julien Neurologie Médecine
CHEVAILLER Alain Immunologie Médecine
CHEVALIER Sylvie Biologie cellulaire Médecine
CLERE Nicolas Pharmacologie Pharmacie
COLIN Estelle Génétique Médecine
DE CASABIANCA Catherine Médecine générale Médecine
DERBRE Séverine Pharmacognosie Pharmacie
DESHAYES Caroline Bactériologie virologie Pharmacie
FERRE Marc Biologie moléculaire Médecine
FLEURY Maxime Immunologie Pharmacie
FORTRAT Jacques-Olivier Physiologie Médecine
HAMEL Jean-François Biostatistiques, informatique médicale Médicale
HELESBEUX Jean-Jacques Chimie organique Pharmacie
HINDRE François Biophysique Médecine
JOUSSET-THULLIER Nathalie Médecine légale et droit de la santé Médecine LACOEUILLE Franck Biophysique et médecine nucléaire Médecine
LANDREAU Anne Botanique et Mycologie Pharmacie
LEGEAY Samuel Pharmacologie Pharmacie
LE RAY-RICHOMME Anne-Marie Valorisation des substances naturelles Pharmacie LEPELTIER Elise Chimie générale Nanovectorisation Pharmacie
LETOURNEL Franck Biologie cellulaire Médecine
LIBOUBAN Hélène Histologie Médecine
MABILLEAU Guillaume Histologie, embryologie et cytogénétique Médecine MALLET Sabine Chimie Analytique et bromatologie Pharmacie MAROT Agnès Parasitologie et mycologie médicale Pharmacie MAY-PANLOUP Pascale Biologie et médecine du développement et de
la reproduction
Médecine
MESLIER Nicole Physiologie Médecine
MOUILLIE Jean-Marc Philosophie Médecine
NAIL BILLAUD Sandrine Immunologie Pharmacie
PAPON Xavier Anatomie Médecine
PASCO-PAPON Anne Radiologie et imagerie médicale Médecine
PECH Brigitte Pharmacotechnie Pharmacie
AUTRES ENSEIGNANTS
AUTRET Erwan Anglais Médecine
BARBEROUSSE Michel Informatique Médecine
BRUNOIS-DEBU Isabelle Anglais Pharmacie
CHIKH Yamina Économie-Gestion Médecine
FISBACH Martine Anglais Médecine
O’SULLIVAN Kayleigh Anglais Médecine
PAST
CAVAILLON Pascal Pharmacie Industrielle Pharmacie
LAFFILHE Jean-Louis Officine Pharmacie
MOAL Frédéric Physiologie Pharmacie
ATER
FOUDI Nabil (M) Physiologie et communication cellulaire Pharmacie
HARDONNIERE Kévin Pharmacologie – Toxicologie Pharmacie
WAKIM Jamal (Mme) Biochimie et biomoléculaire Médecine
AHU
BRIS Céline Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
LEROUX Gaël Toxico Pharmacie
BRIOT Thomas Pharmacie Galénique Pharmacie
CHAPPE Marion Pharmacotechnie Pharmacie
CONTRACTUEL
VIAULT Guillaume Chimie Pharmacie
R E M E R C I E M E N T S
A Monsieur le Professeur Pierre-Marie ROY,Vous me faites l’honneur de présider ce jury et de juger mon travail. Merci pour vos enseignements et vos précieux conseils. Soyez assuré de mon profond respect.
A Madame le Docteur Caroline SOULIE-CHAVIGNON,
Je vous remercie de votre bienveillance, de votre soutien et de vos encouragements.
Je suis très heureuse d’avoir réalisé ce travail avec vous. Veuillez recevoir l’expression de ma profonde gratitude.
A Madame le Professeur Andrea PENALOZA,
Je suis très reconnaissante et honorée que vous participiez à ce jury. Veuillez trouver ici l’expression de ma grande considération et de tout mon respect.
A Madame le Docteur Emilie FRIOU,
Je suis très heureuse que vous ayez accepté de participer à ce jury de thèse. Je vous remercie très sincèrement de votre aide et de disponibilité.
A Monsieur le Professeur Laurent CONNAN,
Je vous remercie d’avoir accepté de participer à ce jury de thèse et de juger mon travail en tant que représentant du Département de Médecine Générale. Veuillez trouver ici l’expression de ma gratitude et de mon profond respect.
A Monsieur le Docteur Jérémie RIOU,
Je vous remercie pour votre coup de pouce statistique. Votre aide et votre disponibilité ont été précieuses. Veuillez trouver ici l’expression de ma sincère reconnaissance et de toute ma considération.
R E M E R C I E M E N T S
A Hugo, mon amour, tu as su m’épauler, m’encourager et me comprendre. Tu m’apportes chaque jour un bonheur immense. Je suis fière d’être à tes côtés.A mes parents, Dominique et Dominique, vous avez toujours été là pour moi.
Votre amour et votre abnégation m’ont permis de réaliser mes rêves. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout cela.
A mon petit frère, Baptiste, ta présence et ton soutien sont précieux. Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ta moitié.
A mes grands-parents pour tous vos encouragements.
A ma belle-famille, merci de m’avoir accueillie chaleureusement et soutenue tout au long de ces années.
A Charlotte, mon amie de toujours. Bien que la distance nous sépare, notre complicité reste intacte.
A Jennifer et Orianne, mes co-internes de pédiatrie. Vous êtes des amies fabuleuses.
A Djélika et Pauline, je sais que je peux compter sur vous et c’est réciproque.
Djélika, ta soutenance de thèse approche également. A nous le mémoire !
A Fabienne, merci pour ton soutien, tes petits gâteaux et ton humour au quotidien.
Ton amitié m’est précieuse.
A Aziz, merci d’avoir toujours été présent malgré les frontières.
A Fabien, pour ta « miette » attitude.
A mes amis et collègues Camille et Camille, Julien, Yasmine, Marie, Thomas, Raphaëlle, Blandine, Sébastien.
A mes anciens co-internes du Mans, Charly, Anne, Yoann, François et Timothée. Notre semestre a été magique. Nos déguisements les plus loufoques ne seront jamais égalés !
Aux équipes du service d’Urgences Adultes et du SAMU du CHU d’Angers.
Je vous remercie pour votre accueil chaleureux. Vous me faites progresser chaque jour.
A toutes les personnes que j’ai croisées pendant ces 10 ans d’études et qui m’ont fait grandir.
Liste des abréviations
PCI Probabilité clinique implicite
PCG Probabilité clinique implicite guidée par le score de Genève révisé SGR Score de Genève révisé
EP Embolie pulmonaire
TVP Thrombose veineuse profonde
MTEV Maladie thrombo-embolique veineuse ROC Receiver operating characteristic AUC Aire sous la courbe de ROC IC Intervalle de confiance
PLAN
LISTE DES ABREVIATIONS
RESUME
INTRODUCTION MÉTHODES
Schéma de l'étude Population étudiée Analyse statistique Ethique
RÉSULTATS
Résultat principal Résultats secondaires DISCUSSION
Méthodologie PCG
SGR
Accord entre les méthodes Expérience
Variations de prévalence
Différences de prévalence entre les études européennes et nord américaines
PERC
Composante implicite CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
Evaluation de la probabilité clinique pré-test de l’embolie pulmonaire dans les services d’urgences : comparaison de la probabilité clinique implicite guidée, du score de Genève révisé et de la probabilité clinique implicite.
CAILLAUD Adeline
aSOULIE-CHAVIGNON Caroline
aROY Pierre-Marie
aPENALOZA Andrea
bCONNAN Laurent
cFRIOU Emilie
aa Service des Urgences Adultes/SAMU 49, CHU Angers
b Service des Urgences, Cliniques Universitaires Saint Luc, Bruxelles
c Département de Médecine Générale, UFR Santé, Université d’Angers
Résumé
Introduction. L’évaluation de la probabilité clinique est une étape clé dans la stratégie diagnostique de l’embolie pulmonaire (EP). Elle peut se faire à l’aide de scores établis ou de manière implicite. La probabilité clinique implicite (PCI) a été validée dans plusieurs études mais reste toujours critiquée. Nous évaluons la performance de la probabilité clinique implicite guidée par le score de Genève révisé (PCG).
Méthodes. Nous avons réalisé une analyse rétrospective d’une cohorte observationnelle prospective multicentrique de patients suspects d’EP dans les services d’urgences. Nous avons comparé la performance de la PCG, de la PCI et du score de Genève révisé (SGR) pour l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire. Pour cela, nous avons comparé leur aire sous la courbe de ROC. L’accord entre les trois méthodes a ensuite été déterminé par le test Kappa de Cohen.
Résultats. 1723 patients ont été inclus. Il n’y avait pas de différence significative entre les AUC des trois méthodes. L’AUC était de 0.768 (IC 95% : 0.732-0.803) pour la PCG, de 0.76 (IC 95% : 0.724-0.796) pour la PCI et de 0.74 (IC 95% : 0.705-0.775) pour le SGR.
L’accord Kappa de Cohen entre la PCG et le SGR était de 0.58 (IC 95% : 0.55-0.62). Entre la PCI et le SGR, l’accord était de 0.33 (IC 95% : 0.30-0.37). Entre la PCI et la PCG, l’accord était de 0.60 (IC 95% : 0.57-0.64).
Conclusion. Dans cette étude, l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire n’est pas différente selon que l’on utilise la PCG, la PCI ou le SGR. L’accord entre les trois méthodes semble refléter une homogénéisation des résultats.
INTRODUCTION
L’embolie pulmonaire est une pathologie difficile à diagnostiquer. Les signes fonctionnels et les signes cliniques sont très peu spécifiques (1). Or, l’embolie pulmonaire est associée à une morbidité et à une mortalité significative. Elle est la 3ème pathologie cardio-vasculaire la plus fréquente avec une incidence annuelle de 100 à 200 cas pour 100 000 habitants (2).
De nombreux examens complémentaires à visée diagnostique sont disponibles (d-dimères, échographie cardiaque trans-thoracique, doppler veineux, angio-scanner thoracique et scintigraphie pulmonaire). Ainsi, une stratégie est nécessaire afin d’optimiser l’usage de ces examens complémentaires pour exclure ou confirmer le diagnostic d’embolie pulmonaire (2,3).
L’évaluation de la probabilité clinique est à la base de la stratégie diagnostique de l’embolie pulmonaire (2,4–6). De nombreux scores de prédiction clinique ont été validés pour évaluer la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire. Les principaux sont le score de Genève révisé ainsi que le score de Wells (7–11). Le score de Genève révisé est composé de neuf items cliniques et anamnestiques objectifs. Le score de Wells comprend six critères objectifs et un critère subjectif.
L’évaluation de cette probabilité clinique pré-test peut également se faire de manière implicite par le médecin à partir de son jugement clinique global (antécédents, signes fonctionnels, anamnèse et examen physique). La probabilité clinique implicite (PCI) est également appelée Gestalt. Elle reste critiquée car elle n’est pas standardisée. Cependant, son intérêt a été confirmé dans plusieurs études (4,11–15). Sa performance semble
La reproductibilité de la PCI a été évaluée dans l’étude de Rafaud et al. « Reproductibilité de la probabilité clinique implicite dans la suspicion d’embolie pulmonaire aux urgences »(16).
L’étude comparait l’accord entre les cliniciens dans l’estimation de la probabilité clinique pré- test d’embolie pulmonaire. La probabilité clinique pré-test était évaluée d’abord par la PCI puis par le score de Genève révisé. Les cliniciens réévaluaient ensuite leur probabilité clinique implicite selon le résultat du score de Genève révisé. Chaque patient était évalué indépendamment par un second clinicien. Les résultats montraient un accord kappa de Cohen modéré à 0.43 (IC 95% : 0.31-0.55) pour la PCI. La probabilité clinique implicite guidée par le score de Genève révisé présentait un accord Kappa à 0.50 (IC 95% : 0.38- 0.62). Malgré le manque de puissance de cette étude, la PCI guidée (PCG) semble prometteuse.
Par conséquent, nous nous sommes donc intéressés à comparer la performance de la PCG à celle du score de Genève révisé et de la PCI dans l’évaluation de la probabilité pré-test d’embolie pulmonaire dans les services d’urgences.
MÉTHODES
Schéma de l’étude
Cette étude est réalisée à partir des données de l’étude PERCEPIC (17). Il s’agissait d’une cohorte prospective observationnelle multicentrique (12 centres dont 9 en France et 3 en Belgique). Son objectif était d’évaluer la valeur prédictive négative de l’association du PERC négatif avec une probabilité clinique implicite faible afin d’exclure le diagnostic d’EP.
Selon le protocole établi, les médecins remplissaient un questionnaire normalisé de rapport de cas permettant de recueillir la probabilité clinique d’embolie pulmonaire avant toute investigation. Ce questionnaire comprenait trois étapes horodatées (annexe 1). La première était une estimation de la PCI. La seconde, recherchait les facteurs de risque et les critères du PERC ainsi que ceux du SGR. Enfin, une nouvelle estimation de la PCI était réalisée en tenant compte du résultat du SGR. Cette dernière étape correspondait à la PCG. La PCI et la PCG étaient estimées de manière numérique sur une échelle de 0 à 100 et classées en trois catégories de probabilité (faible, modérée ou élevée).
Lors de la prise en charge aux urgences, l’embolie pulmonaire était suspectée et la démarche diagnostique suivait les recommandations actuelles. En l’absence d’embolie pulmonaire diagnostiquée à l’issue de la prise en charge initiale, un contact téléphonique était réalisé à trois mois avec le patient, ses proches ou le médecin généraliste afin de rechercher un éventuel événement thrombo-embolique.
A partir de ces données, nous avons réalisé une analyse rétrospective. Nous avons utilisé les
Notre objectif principal était de comparer la performance de la PCG, du SGR et de la PCI pour évaluer la probabilité clinique pré-test d’EP.
Notre objectif secondaire était d’évaluer l’accord de ces trois méthodes d’évaluation clinique pré-test dans la catégorisation du risque d’EP.
Population
Les critères d’inclusion étaient des patients consécutifs admis dans les services d’urgences, de plus de 18 ans et présentant les caractéristiques suivantes : suspicion d’embolie pulmonaire quelle qu’en soit la raison, dyspnée et/ou douleur thoracique sans explication formelle après un examen clinique et des examens complémentaires de première ligne (ECG, radiographie thoracique, …).
Les critères d’exclusion étaient un âge inférieur à 18 ans, une hospitalisation de plus de 48 heures au moment de l’accueil, un traitement anticoagulant curatif en cours depuis plus de 48 heures, un diagnostic de maladie thrombo-embolique veineuse documenté avant l’admission aux urgences et un refus ou une impossibilité de suivi à 3 mois.
Les patients dont les données de PCI, PCG ou SGR étaient manquantes ont été exclus.
Analyses statistiques
Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel R. Le calcul des aires sous la courbe de ROC a été effectué selon la méthode de Delong (18). La comparaison des aires sous la courbe de ROC a été effectuée par la méthode de Bonferroni (19). La significativité était exprimée par un p<0.05.
L’accord entre les trois méthodes a été déterminé par le test Kappa de Cohen. Selon Landis et Koch, un accord sera défini comme satisfaisant s’il est strictement supérieur à 0,60 (tableau 1) (20).
Tableau 1. Niveaux d’accord selon le test Kappa de Cohen
Ethique
Les comités d’éthique du Centre Hospitalier Universitaire d’Angers pour les centres français et les Cliniques Universitaires Saint-Luc pour les centres belges ont approuvé l’étude prospective PERCEPIC (17). Le consentement oral des patients a été obtenu en vue d’effectuer le suivi. En Belgique, un consentement écrit était nécessaire.
RÉSULTATS
Résultat principal
La population de PERCEPIC était composée de 1757 patients. Les données de PCI et/ou de PCG étaient manquantes pour 34 d’entre eux (17 PCI et 26 PCG). Les caractéristiques de la population étudiée sont résumées dans le tableau 2.
Nombre total de patients (n = 1723) Age (médiane ; écart-types)
Dont > 65 ans
53 (33-74) 535 (31%)
Sexe : Homme / Femme 719 (42%) / 1004 (58%)
Antécédent de MTEV : personnel /Familial 199 (12%) / 163 (9%) Comorbidités :
- Insuffisance cardiaque - Insuffisance respiratoire - Insuffisance rénale - Cancer
94 (5%) 48 (3%) 50 (3%) 135 (8%)
Traitement par œstrogènes 196 (11%)
Tabagisme actif ou sevré <90 jours Obésité
197 (11%) 94 (5%)
Grossesse en cours / <4 semaine post-partum 16 (0.9%) /10 (0.6%) Voyage récent
Immobilisation au lit > 2 jours chirurgie < 4 semaines
fracture ou immobilisation orthopédique
109 (6%) 170 (10%) 112 (6%) 38 (2%) Symptômes et signes cliniques :
- Douleur thoracique - Dyspnée
- Malaise - Hémoptysie
- Douleur unilatérale de membre inférieur - Besoin d’une oxygénothérapie
- Fréquence cardiaque ≥ 95 /min
- Fréquence cardiaque entre 75 et 95/min
1138 (66%) 969 (56%) 327 (19%) 51 (3%) 181 (10%) 166 (10%) 538 (31%) 689 (40%) Au moins un diagnostic plus probable que l’EP 1228 (71%)
Tableau 2. Caractéristiques de la population étudiée
L’âge médian est de 53 ans avec 31% des patients âgés de plus de 65 ans. Les femmes représentent 58% de l’échantillon. Les comorbidités néoplasiques, cardiaques, respiratoires et rénales sont respectivement à 8%, 6%, 3% et 3%. 12% de la population étudiée présentait des antécédents personnels de maladie thrombo-embolique veineuse. Un tabagisme actif ou sevré depuis moins de 90 jours était retrouvé chez 28% des patients.
Parmi les 1723 patients, 193 ont présenté une embolie pulmonaire, soit une prévalence de 11,2% (IC 95% : 9.8-12.8).
Le tableau 3 présente la répartition des patients en probabilité faible, modérée et élevée selon la méthode utilisée.
Tableau 3. Probabilité et nombre d’EP selon la PCI, le SGR et la PCG.
pulmonaires avec le SGR est de 14% en faible probabilité, 70.5% en probabilité intermédiaire et 15.5% en probabilité élevée. Avec la PCG, 19.2% des EP sont classées en faible probabilité, 55.9% en probabilité intermédiaire et 24.9% en probabilité élevée.
La performance des trois méthodes dans l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire a été déterminée par le calcul des aires sous les courbes de ROC (figure 1). L’AUC du score de Genève est de 0.74 (IC 95% : 0.705-0.775), celle de la PCG est de 0.768 (IC 95% : 0.732-0.803) et celle de la PCI est de 0.76 (IC 95% : 0.724-0.796).
Il n’y avait pas de différence significative entre SGR et PCI (p=0.30), entre SGR et PCI (p=0.92), ni entre PCI et PCG (p=1).
Figure 1. Comparaison des AUC du SGR, de la PCI et de la PCG dans l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire.
Résultats secondaires
Les tableaux 4, 5 et 6 illustrent les tests Kappa de Cohen réalisés.
L’accord entre la PCI et le SGR est faible avec un kappa à 0.33 (IC 95% : 0.30-0.37).
L’accord entre le SGR et la PCG est modéré avec un kappa à 0.58 (IC 95% :0.55-0.62).
Enfin, l’accord entre la PCI et la PCG est également modéré avec un kappa à 0.60 (IC 95% : 0.57-0.64).
Tableau 4. Kappa de Cohen : PCI-PCG
Tableau 6. Kappa de Cohen : PCG-SGR
Les tableaux 7, 8 et 9 montrent la répartition des diagnostics d’embolies pulmonaires en fonction de la catégorie de probabilité clinique utilisée et du niveau d’expérience du clinicien.
Sur les 965 EP suspectées par des internes, 101 ont été diagnostiquées. Sur les 332 EP suspectées par des assistants, 38 ont été diagnostiquées. Parmi les 426 EP suspectées par des médecins confirmés, 54 embolies pulmonaires ont été diagnostiquées. Ainsi, la prévalence d’embolie pulmonaire pour chaque niveau d’expérience est respectivement de 10.5% (IC 95% : 8.7-12.6), 11.4% (IC 95% : 8.5-15.3) et 12.7% (IC 95% : 9.8-16.2).
Tableau 7. Nombre d’EP selon la catégorie de PCI et le niveau d’expérience
Tableau 8. Nombre d’EP selon la catégorie du SGR et le niveau d’expérience
Tableau 9. Nombre d’EP selon la catégorie de PCG et le niveau d’expérience
DISCUSSION
Méthodologie
Notre étude était rétrospective à partir des données d’une cohorte prospective observationnelle. La méthodologie de PERCEPIC ne prévoyait pas cette analyse post-hoc.
Cependant, le protocole l’avait envisagée.
Pour évaluer la performance du jugement clinique implicite, ou d’un score, l’utilisation de l’AUC sous la courbe de ROC est une méthode de référence. Elle a été utilisée à de nombreuses reprises dans l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire (10,21,22). Nous avons choisi de réaliser nos courbes de ROC avec des variables linéaires. En effet, l’utilisation de variables discrètes à trois niveaux (faible, modérée et élevée) aurait diminué la précision des résultats en réalisant d’abord des moyennes de sensibilité et de spécificité.
PCG
Malgré un nombre important de patients, les différences entre les AUC n’étaient pas significatives. PCI et PCG avaient une AUC similaire (0.76, IC 95% : 0.724-0.796 ; 0.768, IC 95% : (0.732-0.803) ; p=1). Le SGR avait une AUC plus faible (0.74, IC 95% : 0.705- 0.775). Dans l’étude de Penaloza et al., « Comparison of the unstructured clinician gestalt, the wells score, and the revised Geneva score to estimate pretest probability for suspected pulmonary embolism » (12), la différence entre les AUC était plus importante. L’AUC de la gestalt était de 0.81 (IC 95% : 0.78-0.84) versus 0.66 (IC 95% : 0.63-0.70) pour le SGR.
Dans de nombreuses études, les scores pondérés par la PCI avaient de meilleurs résultats.
Le travail de Chagnon et al. en 2002 (21) montrait que le SGR pondéré par la PCI permettait d’obtenir une meilleure appréciation de la probabilité clinique pré-test d’EP. En effet, l’AUC correspondante était de 0.82 (IC 95% : 0.76-0.87) contre 0.69 (IC 95% : 0.62-0.76) pour le score de Genève et 0.73 (IC 95% : 0.66-0.80) pour le score de Wells. Righini et al. (23) ont étudié l’effet de l’âge dans l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire par les scores de prédiction en 2004. Ils concluent à la fiabilité de l’association du score de Genève pondéré par la probabilité clinique implicite quelle que soit la catégorie d’âge du patient (AUC 0.78) et encouragent cet exercice notamment chez les patients les plus âgés qui présentent le plus de comorbidités. Perrier et al. (13) ont évalué la stratégie diagnostique de l’embolie pulmonaire en 2004. La probabilité clinique était évaluée par un score de prédiction combiné au jugement implicite sur la base des résultats de Chagnon et al. (21). Ils concluent à un risque résiduel d’EP de 1% ainsi qu’à la précision de la méthode d’évaluation combinée.
Malgré l’absence de significativité de nos résultats, la PCI et la PCG se montrent légèrement plus précises que le SGR. Même si la PCI n’est pas standardisée, ni «standardisable», nous pensons que l’intégration de critères subjectifs améliore l’évaluation de la probabilité clinique d’EP tout comme le suggérait également le travail de Kabrhel et al.(24).
SGR
probabilité clinique intermédiaire que la PCI (669 versus 342 patients). De ce fait, la PCI catégorisait plus de patients en faible et en forte probabilité que le SGR.
Dans la catégorie faible probabilité, nos résultats ne montrent pas de différence entre les trois méthodes en ce qui concerne la prévalence d’embolie pulmonaire.
Dans la catégorie forte probabilité, on observe une différence de prévalence d’embolie pulmonaire entre le SGR et les deux autres méthodes d’évaluation (33.7% avec le SGR versus 42% avec la PCI et 42.5% avec la PCG). Cette différence de prévalence d’EP en cas de forte probabilité était également observée dans l’étude de Penaloza et al.(12). En effet, la prévalence d’EP était de 72.1% avec la PCI et de 68.7% avec le SGR en cas de probabilité élevée.
Dans notre étude, nous avons cherché à connaître la catégorie initialement attribuée aux patients pour qui une embolie pulmonaire a été diagnostiquée. Compte tenu du grand nombre de patients classés en probabilité intermédiaire par le SGR, nous observons que 70.5% des embolies pulmonaires ont été diagnostiquées chez des patients initialement classés en risque intermédiaire.
En somme, le SGR classe un plus grand nombre de patients en catégorie de risque intermédiaire que la PCI et la PCG. Ainsi, certains patients doivent d’abord réaliser un dosage de d-dimères alors qu’un angio-scanner aurait été indiqué d’emblée avec les deux autres méthodes. Il semblerait que les méthodes implicites soient donc plus performantes en termes de stratégie diagnostique.
Accord entre les méthodes
L’accord entre la PCI et la PCG est modéré (κ=0.60 ; IC 95% : 0.57-0.64). Ces méthodes se construisent sur l’appréciation globale de la situation clinique et ne se focalisent pas uniquement des critères objectifs. L’accord entre la PCI et le SGR est faible (κ=0.33 ; IC 95% :0.30-0.37). Ce résultat illustre la différence de fonctionnement entre une méthode complètement objective et une méthode subjective.
L’accord entre PCG et SGR est modéré (κ=0.58 ; IC 95% :0.55-0.62). Ainsi, la PCG semble intermédiaire à la PCI et au SGR. Elle permettrait donc d’homogénéiser la perception de la probabilité clinique implicite en lui associant une base de raisonnement objectif.
Expérience
En France comme en Belgique, nous avions des praticiens de différents niveaux d’expérience (internes, assistants et médecins expérimentés). L’enseignement de la PCI n’est pas standardisé et son utilisation n’est pas privilégiée par les jeunes cliniciens européens. Ainsi, nous supposons, tout comme dans l’étude PERCEPIC (17), que les médecins se sont principalement fiés au score de Genève révisé qu’ils connaissent bien.
Dans notre étude, il existe une différence de catégorisation selon l’expérience avec la PCI et la PCG. En effet, nous notons une différence significative dans l’appréciation de la probabilité clinique pré-test d’EP entre médecins expérimentés et jeunes praticiens pour les cas classés en faible et en forte probabilité. A l’inverse, il n’y a pas de variation dans la répartition des
Nous ne pouvons éliminer un biais de classification. Cependant, nos résultats suggèrent une amélioration de la performance de l’évaluation clinique pré-test d’embolie pulmonaire avec l’expérience et notamment en cas de forte probabilité. Toutefois, Runyon et al.(14) montrent que la PCI reste correcte indépendamment de la formation avec un accord inter-observateur kappa à 0.60.
Variations de prévalence
Notre prévalence globale n’était que de 11.2%. Cette prévalence est faible comparée aux études européennes précédentes qui retrouvent une prévalence d’embolie pulmonaire autour de 20% (7,10,12,13,23,25,26). Penaloza et al.(25) expliquaient dans « Assessment of pretest probability of pulmonary embolism in the emergency department by physicians in training using the Wells » que leur faible prévalence de 18% pouvait être expliquée par l’approche très précautionneuse des internes et des jeunes médecins ne souhaitant pas occulter un diagnostic d’EP. Cette pratique pourrait expliquer l’inclusion d’un nombre important de patients à faible risque d’embolie pulmonaire. Malgré tout, nos résultats de prévalence d’EP en fonction de la catégorie professionnelle suggèrent que l’expérience n’est pas à l’origine de cette faible prévalence.
Habituellement, la prévalence de l’EP est de 10% en cas de faible probabilité, 30% en cas de probabilité intermédiaire et 65% en cas de probabilité élevée (2). Dans notre étude, la prévalence d’embolie pulmonaire était beaucoup plus faible dans chaque catégorie. De même, nous avions plus de patients classés en faible probabilité et moins de patients classés en forte probabilité avec l’ensemble des méthodes de prédiction clinique.
L’étude PROPER (27) réalisée de façon contemporaine par Freund et al. a étudié 1916 patients et retrouvait une faible prévalence d’EP de 2.7% en cas de faible probabilité. Nous supposons que le caractère prospectif des études PROPER et PERCEPIC a induit une diminution du seuil de suspicion clinique d’embolie pulmonaire.
Différences de prévalence entre les études européennes et nord- américaines
Notre prévalence d’embolie pulmonaire semble se rapprocher de celle des études Nord- américaines. L’étude PIOPED réalisée aux Etats-Unis en 1990 retrouvait une prévalence d’embolie pulmonaire élevée à 33%. Depuis, la prévalence d’EP dans les études nord- américaines a significativement diminué. En effet, Runyon et al. publient en 2005 avec une prévalence d’EP de 5.8% (14), Dachs et al. avec une prévalence de 8.45% en 2010 (28), et Kline et al. avec une prévalence de 2.7% en 2013 (15).
La différence de prévalence d’embolie pulmonaire reste marquée entre l’Europe et les Etats- Unis. « European and American suspected and confirmed pulmonary embolism populations:
comparison and analysis » publié par Penaloza et al. (29) ont réuni trois études (2 françaises et 1 américaine) permettant d’analyser 3174 patients européens et 7940 patients américains. La prévalence européenne était de 26.5% contre 7.6% aux Etats-Unis. Cette différence était retrouvée au sein de chaque catégorie de probabilité. Les patients européens
semblent ainsi initier la stratégie diagnostique d’EP à un seuil de suspicion plus faible qu’en Europe. (30,31). Ce faible seuil de suspicion d’EP pourrait être en lien avec une sensibilisation plus importante et des protocoles plus standardisés qu’en Europe (29,32).
La différence de prévalence entre nos deux continents pourrait aussi être expliquée par l’âge de la population étudiée et le mode de recours aux soins des plus jeunes. En Europe, contrairement aux Etats-Unis, les populations les plus jeunes et avec peu ou pas de comorbidités ont la possibilité de consulter un médecin généraliste en première intention. Les patients consultant aux urgences ont alors une moyenne d’âge plus élevée dans les pays européens (32). L’étude PROPER, avec une moyenne d’âge de 44 ans s’approche des prévalences d’EP des études nord-américaines (27). Notre étude retrouvait quant à elle une médiane d’âge de 53 ans avec une prévalence d’EP supérieure à celle de PROPER.
L’hypothèse selon laquelle la prévalence est liée à l’âge ne se vérifie pas dans les études européennes à forte prévalence. Penaloza et al. à retrouvaient des moyennes d’âges de 64 ans (12) et de 56 ans (25,26). Douma et al. avaient une population avec une moyenne d’âge de 53 ans et Le Gal et al. ont réalisé leur étude avec une moyenne d’âge de 60 ans (7).
PERC
Face à la multiplication des examens complémentaires dans ce contexte de diminution du seuil de suspicion clinique, il semble nécessaire de réadapter la stratégie diagnostique, notamment pour les patients classés en faible risque d’embolie pulmonaire. C’est à cet effet que la règle PERC a été créée (33).
Compte tenu de la prévalence élevée d’EP dans les pays Européens, la règle de PERC n’était pas suffisante pour exclure le diagnostic d’EP de manière sécuritaire, contrairement aux
Etats-Unis. L’étude observationnelle PERCEPIC réalisée en 2017 a permis de sécuriser cette démarche en y associant la PCI. Parallèlement, l’étude PROPER publiée en 2018 a confirmé de manière interventionnelle cette approche. Le risque d’EP résiduel était respectivement de 1.2% et de 0.1%.
Composante implicite
Finalement, la composante implicite dans l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire semble indispensable. Qu’elle soit utilisée avec le SGR ou avec PERC, il est nécessaire qu’elle soit enseignée. Naturellement, la capacité à évaluer correctement la probabilité clinique pré-test semble s’améliorer avec l’expérience du médecin (14,34,35).
L’item subjectif du score de Wells s’en approche et pourrait être un outil d’enseignement de la PCI (24,25).
D’autre part, dans l’étude « Pretest risk assessment in suspected acute pulmonary embolism » de Weiss (36), 72.5% des médecins interrogés préféraient une approche non structurée de l’évaluation de la probabilité clinique pré-test. En effet, c’est une méthode facilement accessible et simple d’utilisation. Les scores de prédiction nécessitent d’être parfaitement connus pour être utilisés correctement.
Pour finir, quelle que soit la méthode utilisée, il est nécessaire d’estimer et de tracer la
CONCLUSION
Notre étude ne permet pas de démontrer une performance significativement plus importante de la PCG face au SGR et à la PCI. Bien que la PCG soit plus facilement reproductible, il semblerait que la PCI soit à privilégier. Il est nécessaire que cette dernière soit enseignée et encouragée afin de rendre plus performante la stratégie diagnostique.
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14.
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABREVIATIONS ... VII
RESUME ... 2
INTRODUCTION ... 3
MÉTHODES ... 5
RÉSULTATS ... 8
DISCUSSION ET CONCLUSION ... 14
BIBLIOGRAPHIE ... 23
TABLE DES MATIERES ... 26 ANNEXES ... I
ANNEXES
CAILLAUD Adeline
Evaluation de la probabilité clinique pré-test de l’embolie pulmonaire dans les services d’urgences : comparaison de la probabilité clinique implicite guidée, du
score de Genève révisé et de la probabilité clinique implicite.
Pre-test clinical probability assessment of pulmonary embolism in emergency departments : Comparison of the guided implicit clinical probability, the
Revides Geneva score and the implicit clinical probability
R É S U M É
Introduction. L’évaluation de la probabilité clinique est une étape clé dans la stratégie diagnostique de l’embolie pulmonaire (EP). Elle peut se faire à l’aide de scores établis ou de manière implicite. La probabilité clinique implicite (PCI) a été validée dans plusieurs études mais reste toujours critiquée. Nous évaluons la performance de la probabilité clinique implicite guidée par le score de Genève révisé (PCG). Méthodes. Nous avons réalisé une analyse rétrospective d’une cohorte observationnelle prospective multicentrique de patients suspects d’EP dans les services d’urgences. Nous avons comparé la performance de la PCG, de la PCI et du score de Genève révisé (SGR) pour l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire.Pour cela, nous avons comparé leur aire sous la courbe de ROC. L’accord entre les trois méthodes a ensuite été déterminé par le test Kappa de Cohen. Résultats. 1723 patients ont été inclus. Il n’y avait pas de différence significative entre les AUC des trois méthodes. L’AUC était de 0.768 (IC 95% : 0.732-0.803) pour la PCG, de 0.76 (IC 95% : 0.724-0.796) pour la PCI et de 0.74 (IC 95% : 0.705-0.775) pour le SGR. L’accord Kappa de Cohen entre la PCG et le SGR était de 0.58 (IC 95% : 0.55-0.62). Entre la PCI et le SGR, l’accord était de 0.33 (IC 95% : 0.30- 0.37). Entre la PCI et la PCG, l’accord était de 0.60 (IC 95% : 0.57-0.64). Conclusion. Dans cette étude, l’évaluation de la probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire n’est pas différente selon que l’on utilise la PCG, la PCI ou le SGR. L’accord entre les trois méthodes semble refléter une homogénéisation des résultats.
Mots-clés : Embolie pulmonaire, probabilité clinique implicite, score de Genève révisé, probabilité clinique implicite guidée par le score de Genève révisé.
A B S T R A C T
Introduction. Clinical probability assessment is a key step in the diagnostic strategy for pulmonary embolism (PE). It can be done using established score or implicitly. The implied clinical probability (PCI) has been validated in several studies but is still criticized. We evaluate the implicit clinical probability performance guided by the revised Geneva score (PCG).Methods. We performed a retrospective analysis of a multicenter prospective observational cohort of patients suspected of pulmonary embolism in emergency departments. We compared the accuracy of the implicit clinical probability guided by the revised Geneva score, the implicit clinical probability and the revised Geneva score (RGS) for the evaluation of the clinical probability of pre-test pulmonary embolism. For this we compared their area under the ROC curve. The agreement between the three methods was then determined by Cohen's Kappa test.
Results. 1723 patients were included. There was no significant difference between the AUCs of the three methods. The AUC was 0.768 (95% CI: 0.732-0.803) for PCG, 0.76 (95% CI: 0.724- 0.796) for PCI, and 0.74 (95% CI: 0.705-0.775) for RGS. Cohen's Kappa agreement between PCG and RGS was 0.58 (95% CI: 0.55-0.62). Between PCI and RGS, the agreement was 0.33 (95% CI: 0.30-0.37). Between PCI and PCG, the agreement was 0.60 (95% CI: 0.57-0.64).
Conclusion. In this study, the evaluation of the pre-test clinical probability of pulmonary embolism is not different according to whether PCG, PCI or RGS is used. The agreement between the three methods seems to reflect a homogenization of results.
Keywords: Pulmonary embolism, implicit clinical probability, revised Geneva score, implicit clinical probability guided by the revised Geneva score.