Ses paupières étaient lourdes. Après quelques battements, elles s’ouvrirent enfin. Le léger voile qui se tenait devant ses yeux s’évapora et Thomas découvrit enfin
l’endroit où il était. Sa première vision fut celle du baldaquin. Les voilages satinés étaient de la même couleur que les draps en soie qui enveloppaient son corps nu.
Un blanc immaculé totalement en contraste avec la noirceur des taies d’oreiller. Le jeune homme s’appuya sur ses coudes pour se relever. Une lame d’acier à la
froideur cadavérique traversa ses tempes. Des étoiles se mirent à danser devant ses pupilles. Sa nuque lui faisait terriblement mal. La sensation d’avoir un sac de ciment posé sur ses épaules se faisait de plus en plus nette. Il refit une tentative et cette fois, ce fut la bonne. Une rotation de son bassin sur sa droite lui permit de poser ses jambes à terre. De sa main droite, il ouvrit le rideau. L’énorme bibliothèque qui lui faisait face devait contenir plus de livres qu’il n’en avait jamais vu de toute sa vie.
Elle se tenait sur tout le pan de mur. Six ou sept mètres de long sur quatre mètres de haut. Il tenta de se mettre debout et à sa grande surprise, y parvint. Ses affaires étaient délicatement posées sur un voltaire de la même couleur que la table de nuit.
Il enfila son caleçon et son tee-shirt. C’est à ce moment qu’il remarqua la porte au centre de l’édifice littéraire. Thomas se dirigea vers l’ouverture lorsqu’il sentit un courant d’air léger s’envelopper autour de sa nuque. Une sensation étrange l’envahit.
Lentement, il tourna le dos à sa destination. Ses tempes battaient à tout rompre. Sur le mur opposé à la bibliothèque, se trouvaient deux fenêtres. Toutes deux, fermées.
Il se retourna.
Elle était là !
A une dizaine de mètres de lui ! Devant la porte !
Une petite fille !
De longs cheveux blonds, presque blanc, tombaient sur ses épaules décharnées. Il ferma les yeux. Puis les rouvrit.
Face à lui !
Un mètre tout au plus.
Il remarqua ses yeux vitreux.
Il voulut s’enfuir.
Mais ses jambes refusèrent de lui obéir.
Elle se jeta sur lui !
Sa bouche n’était qu’une porte vers l’enfer. Ses canines s’enfoncèrent dans la jugulaire. Thomas sombra dans les ténèbres.
Ses paupières étaient lourdes.
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