La pluie tombait inlassablement depuis deux heures. La baie vitrée était recouverte d’un voilage bruineux. Au delà de ces ondes transparentes, l’eau coulait sur les pétales des roses pas encore flétries. Mécanique parfaitement huilée telle une horloge Suisse égrenant les secondes, les pétales égrenaient les perles de pluie.
Sans s’en rendre compte, Nathalie grattait les cordes de sa Gibson au même rythme que ce ballet aquatique. La jeune femme avait le regard perdu dans ses pensées, se demandant comment elle allait lui annoncer la terrible nouvelle. Soudain, elle arrêta le mouvement de va et vient du médiator. Elle reconnut le bruit de la mégane dans l’allée du jardin. Les pas rapide de Pierre sur les gravillons la décida à poser sa guitare. Elle prit une grande bouffée d’oxygène au même moment où la porte d’entrée s’ouvrit.
« Salut chérie ! C’est moi !
- Coucou mon amour. Ca va ? » Elle essaya de sourire. Mais ce dernier était triste.
Pierre se rendit compte très vite que quelque chose n’allait pas. Il posa délicatement ses mains sur les joues de sa compagne.
« Qu’est ce qui se passe ma caille ? »
Elle se mit à pleurer. D’un geste avec son pouce, il essuya une larme.
« J’ai si honte ! Putain, j’ai honte ! Je m’en veux tellement ! - Eh ! De quoi tu parles ? »
Il lui prit la main et l’entraîna dans la cuisine. Il recula une chaise et l’aida à s’asseoir.
« Raconte moi Nat. Qu’est ce qu’il y a ? » Elle prit sa respiration et commença son récit.
« Ce matin, je faisais ma toilette tranquillement. Et...
Elle sanglota de nouveau.
- Prends ton temps ma caille.
Elle leva les yeux vers lui. Pierre n’avait jamais vu un regard aussi triste.
- J’étais assise sur le bidet et tout d’un coup (sanglot) j’ai ressenti une violente douleur dans le ventre.
- Oh merde !
Il commençait à comprendre.
- Et j’ai vu une longue traînée rouge marron qui coulait sur la paroi.
- T’as appelé le toubib ?
- Oui ! J’ai d’abord été voir un forum sur internet. Et vu les témoignages d’autres nanas, j’ai paniqué. Ca ne pouvait qu’être une fausse couche. »
Elle se remit à pleurer. De plus belle cette fois ci.
- Et le toubib ? Qu’est ce qu’il t’a dit ?
- Que c’était sûrement une fausse couche. Que je devais aller le voir de suite.
- Il t’a fait une écho ?
- Oui. Et en fait, c’est un oeuf clair. Et comme il n’est pas totalement parti, ils vont me faire un curtage. Et... et... »
Elle craqua. Pierre se leva et l’a prit dans ses bras.
« T’inquiètes pas mon bébé. Vas y, pleure, ça va te faire du bien ma caille.
Il essayait de la réconforter du mieux qu’il pouvait. Mais Nathalie était inconsolable.
- J’ai si honte si tu savais ! (sanglots) Si honte ! - Tu n’as pas avoir honte. Tu n’y es pour rien bébé. »
Elle essaya de se calmer. Elle n’osait pas le regarder dans les yeux.
« Tu m’en veux ? Dis moi la vérité ! Tu m’aimes encore ?
- Bien sur que je t’aime encore. Et je ne t’en veux absolument pas. »
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Il reposa ses mains sur ses joues et délicatement lui fit comprendre de le regarder dans les yeux.
« Je me doute que c’est pas trop ce que t’as envie d’entendre maintenant, mais tu sais, la nature fait bien les choses. Si ton corps a arrêté le processus, c’est qu’il a du détecter quelque chose de pas normal. Et puis aujourd’hui, c’est courant qu’une première grossesse se termine en fausse couche. Mais sache une chose. Je t’aime, et je t’aimerai toujours. Tu n’as pas à avoir honte ou à t’en vouloir. Ok ? »
Elle l’aimait. Bien que son chagrin était toujours énorme, elle était rassurée de savoir qu’elle pouvait compter sur lui. Elle posa sa tête contre le torse de son bien aimé sans savoir à ce moment là que dans quinze mois, elle donnerait naissance à un beau petit garçon.
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