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ÉCONOMIE POLITIQUE POUR LES ARABES

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A N N A L E S D E L A F A C U L T É D E D R O I T ET DES SCIENCES ÉCONOMIQUES DE BEYROUTH

ERNEST TEILHAC

ÉCONOMIE POLITIQUE P O U R LES ARABES

"The really fundamental problems of economic development are non-economic."

A u g u s t H E C K S C H E R

Director of Twentieth Century Fund

P A R I S

LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE DROIT ET DE JURISPRUDENCE

R. PICHON ET R. DURAND-AUZIAS

20, Rue Soufflot, 20 1960

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« Economie Politique pour les Arabes, titre a justifier dans ses deux termes.

« Pour les Arabes », d'abord. Sans doute, comme on se plaît à le faire valoir en Israël, le Moyen-Orient ne compte-t-il que 54 millions d'Arabes, contre 76 millions de non-Arabes. Mais les Arabes sont non seulement le cœur matériel dans le cadre du pourtour chypriote, turc, afghan, iranien, israélien; ils sont, surtout, le cœur spirituel. « Nous sommes tous, spirituellement, des Sémites », a pu dire un grand Pape. Et les Israéliens, eux-mêmes, ne le sont pas que spirituellement; ils le sont aussi matériellement.

Que, maintenant, les autres, et nous-mêmes avec eux, au-delà du Moyen-Orient, le soyons spirituellement, voilà qui justifie, alors, le premier terme de ce titre: « Economie Politique ». Economie politique pour les Arabes, où se retrouve le thème de notre « Economie Politique pour les Français »: ce heurt occidental, encore superficiel, d'une liberté libérale et d'une liberté démocratique, sous lequel nous devions atteindre, au plus profond, le heurt séculaire de Rome et d'Athènes, qu'apaise, dans les siècles des siècles, et demain comme hier, la lumière orientale d'une liberté tierce, la vérité d'une liberté éternelle.

Ainsi se pour suit une méditation, la méditation d'une vie, tour à tour distendue vers l' Occident et vers l' Orient, une méditation partie de France, menée dans les glaces de la « Charles River », a Boston, et Jusqu'aux eaux tièdes du Pacifique sous les « sequoias » géants de Seattle, enfin ramenée aux cimes lumineuses du Liban.

Car « Economie Politique », elle-même, se décompose en deux termes.

A appuyer, ici, sur le premier terme, le terme « Economie », c est dire, semble-t-il, sous-développement, sous-développement matériel.

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Mais il y a le second terme, le terme « Politique ». Et n'est-ce point, alors, dire sur-développement, sur-développement moral, comme si à quelque Point Quatre occidental pour le développement matériel de l' Orient corres- pondait quelque Point Quatre oriental pour le développement moral de l' Occident.

Et, cependant, tout est beaucoup plus complexe. Pas plus que le sous- développement matériel n'est d'un seul côté, du côté de l' Orient, le sous- développement moral n' est pas de l'autre côté seul, du côté de l' Occident.

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I

L'ÉCONOMIQUE

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L'on dit, communément, de l'économie du Moyen-Orient qu'elle est une économie agraire. Et, sans doute, est-ce exact. Il est exact que le bloc moyen-oriental se présente, dans sa masse, comme une économie agraire, c'est-à-dire: une économie encore largement pré-capitaliste, où l'agriculture prédomine sur l'in- dustrie.

Si nous prenons, entre autres, l'Égypte, nous constatons qu'en 1953 l'agriculture a contribué au revenu national égyptien dans la proportion de 273 millions de livres égyptiennes, et que l'industrie n'y a contribué que dans la proportion de 74 millions.

Si nous prenons, maintenant, la Turquie, nous constatons qu'en 1954 l'agriculture a contribué au revenu national turc dans la proportion de 5.944 millions de livres turques, et que l'industrie n'y a contribué que dans la proportion de 2.032 millions de livres turques.

Si nous prenons le Liban lui-même, nous constatons qu'en 1954 encore l'agriculture a contribué au revenu national libanais dans la proportion de 226 millions de livres libanaises, et que l'in- dustrie n'y a contribué que dans la proportion de 141 millions de livres libanaises.

Et nous pourrions prendre, ainsi, l'un après l'autre, tous les pays du Moyen-Orient, si nous en avions les moyens, c'est-à-dire:

si ces pays nous offraient une documentation statistique analogue à celle de l'Égypte, de la Turquie, ou du Liban. Nous constaterions la même chose, la même prédominance de l'agriculture sur l'in- dustrie, le même caractère d'économie agraire, le même pré- capitalisme. Nous pouvons en être d'autant plus sûrs, après avoir

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enregistré ce caractère en Égypte, en Turquie et au Liban, dont le développement même de la documentation statistique n'est que le reflet de leur développement économique général. Si ce carac- tère d'économie agraire s'enregistre dans les pays du Moyen- Orient économiquement le plus développés, a fortiori, pouvons- nous penser, dans la plupart des autres pays le moins développés, et du fait que ces pays ne nous mettent même pas en mesure de le vérifier statistiquement.

Tous les pays du Moyen-Orient, sauf un pays, il est vrai, un pays qui est Israël. Et cela nous met sur la voie de la double touche complémentaire qu'il faut apporter à notre tableau.

Nous disons bien: double touche. Car ce bloc moyen-oriental pré-capitaliste se trouve, en quelque sorte, mordu à ses deux extré- mités, Ouest et Est, par le capitalisme, par un capitalisme extérieur:

non seulement, à l'Ouest, sur la Méditerranée, en Palestine, le capitalisme israélien, mais aussi, à l'Est, sur le Golfe Persique, le capitalisme pétrolier.

Rien ne le montre mieux que les quelques chiffres que voici:

Investissements Strangers en Moyen-Orient de 1944 a 1953 inclus en millions de dollars

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Ces quelques chiffres sont pleins de sens. Car, si l'on sait que 90% des investissements directs (premier poste de notre tableau) furent le fait des sociétés pétrolières, et le reste: 10%, des investis- sements industriels en Israel, si l'on sait que plus de 90% des investissements de portefeuille (second poste de notre tableau) furent des achats d'obligations israéliennes aux États-Unis, si l'on sait que de l'aide accordée par des États étrangers (troisième poste de notre tableau) Israël a reçu 19%, dépassés seulement par les 45% de la Turquie, si l'on sait que plus de 90% des fonds institu- tionnels (quatrième poste de notre tableau) sont allés encore en Israël, si l'on sait tout cela, on voit, alors, se dessiner la carte de ce capitalisme extérieur dont les deux grands courants viennent battre le Moyen-Orient, l'un sur la côte orientale de la Méditer- ranée, l'autre sur le Golfe Persique.

Avec, il est vrai, un troisième courant plus récent qui sourd de l'intérieur même du Moyen-Orient: le courant de capitaux venus du communisme lui-même. En voici les chiffres:

Prêts du Bloc Soviétique au Moyen-Orient de 1953 a 1958 Égypte 510 millions de dollars

Syrie 280

Afghanistan 145

Yemen 30

T o t a l 965

Chiffres encore bien incomplets, auxquels il faudrait pouvoir ajouter des chiffres irakiens tout neufs. Laissons, cependant, de côté ce capitalisme communiste pour nous en tenir au seul capita- lisme capitaliste.

Que les grandes sociétés pétrolières soient du capitalisme, c'est indéniable. Mais qu'Israël soit aussi du capitalisme ne l'est

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pas moins, pour cette raison qu'Israél était, précisément, jusqu'à ces toutes dernières années, le seul pays du Moyen-Orient ou il y a prédominance, non plus de l'agriculture sur l'industrie, mais de l'industrie sur l'agriculture. En 1954, l'agriculture contribua au revenu national israélien dans la proportion de 203 millions de livres israéliennes, et l'industrie dans la proportion de 322 millions de livres israeliennes.

Et l'on peut bien parler d'une double morsure d'un capita- lisme extérieur, morsure cruelle, morsure saignante: d'un côté, un million de réfugiés arabes, c'est bien une saignée; et, de l'autre côté, l'or noir, après s'être coagulé, hier, en Iran, lors de la crise anglo-iranienne, n'a-t-il pas, plus récemment, saigné des pipe- lines rompus en Syrie?

Cependant, même avec cette double retouche, que nous venons d'y apporter, pouvons-nous nous arrêter à cette vue pre- mière d'un bloc pré-capitaliste mordu, de deux côtés, par le capi- talisme? Non. Car cela laisserait croire que le sous-développement, le pré-capitalisme, est tout d'un côté, du côté du dedans, et que le développement, le capitalisme, est tout de l'autre côté, du côté du dehors.

Or, il n'en est rien. Deux autres retouches doivent encore s'ajouter: de même qu'il y a un sous-développement qui est venu du dehors, de même y a-t-il, déjà, un développement qui vient, bel et bien, du dedans.

Un sous-développement venu du dehors. L'action du capita- lisme extérieur, avant de contribuer au développement du Moyen- Orient, devait commencer par en accentuer le sous-développement.

Au cours de la première moitié du vingtième siècle, l'introduction massive en Moyen-Orient de la médecine, de l'hygiène et de l'édu- cation occidentales devait faire tomber verticalement la mortalité

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traditionnelle, accentuant ainsi le déséquilibre entre une popula- tion rapidement croissante et une production qui restait, elle, retardataire. C'est comme si les médecins avaient devancé de trop loin les ingénieurs. C'est comme si le D.T.T. avait devancé de trop loin le Point IV. C'est comme si l'action de l'Occident sur la pro- duction des hommes avait devancé de trop loin l'action de l'Occi- dent sur la production des choses. Le sous-developpement devait s'en trouver, d'abord, accentué, un sous-développement venu du dehors.

A l'inverse, il est un développement qui devait venir du dedans.

C'est qu'il y a, tout de même, déjà, en Moyen-Orient un capita- lisme intérieur, un capitalisme de parthénogenèse : le capitalisme commercial libanais. Ce qui fait l'importance unique, la spécificité de l'économie libanaise en Moyen-Orient, ce n'est pas seulement le fait que le revenu national libanais par tête, dans son volume, se situe, à mi-chemin, entre le revenu national de tous les autres pays du Moyen-Orient, d'un côté, et le revenu national israélien de l'autre côté, ainsi qu'en témoigne le petit tableau suivant:

Revenus nationaux par tête en dollars

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Ce qui fait la spécificité de l'économie libanaise, c'est, sous ce volume du revenu national, la structure, une structure telle que, si l'agriculture, jusqu'à ces dernières années, prédominait encore sur l'industrie, il n'y a plus là, tout de même, qu'une sorte de fond précapitaliste qui s'efface, un fond sur lequel se détache une carac- téristique prédominance du commerce aussi bien sur l'agriculture que sur l'industrie. Si 19% du revenu national libanais revenaient encore à l'agriculture, contre 12% à l'industrie, en face d'un revenu national israélien où 12% revenaient à l'agriculture et 27% à l'industrie, les 19% de l'agriculture libanaise étaient, à leur tour, dépassés par les 30% du commerce libanais; car c'est dans une proportion de 30% que le commerce libanais contribue à la for- mation du revenu national, alors que dans le revenu national israélien lui-meme la contribution du commerce n'est que de la moitié, soit: 15%. Et il apparait ainsi que, pour n'être pas un capitalisme industriel, à la façon d'Israël, l'économie libanaise est, déjà, autre chose que du pré-capitalisme; elle est, déjà, du capi- talisme, du capitalisme, sinon industriel, du moins commercial.

Capitalisme commercial, un peu à la façon du Portugal, de la Hollande, de l'Angleterre des seizième, dix-septième et dix-huitième siècles. Toute la question est de savoir si le Liban suivra le sort du Portugal, de la Hollande ou de l'Angleterre des siècles passés, c'est-à-dire si ce capitalisme commercial libanais, grace à l'élar- gissement du marché, grâce à l'intégration économique du Moyen- Orient, pourra déborder, un jour, en un capitalisme industriel.

Le grain, le grain capitaliste, germé sur les côtes du Liban, s'épa- nouira-t-il en un arbre dont les racines puiseraient aux sources pétrolières du Golfe Persique et dont les branches s'étendraient d'un bout à l'autre du Moyen-Orient ?

Toujours est-il que pas plus qu'on ne saurait dire, sans

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réserves, de l'économie du Moyen-Orient qu'elle n'est qu'une éco- nomie agraire, pas davantage ne saurait-on dire que ce bloc pré- capitaliste n'est simplement que mordu, doublement, par un capi- talisme extérieur, pétrolier et israélien. De même qu'il y a un sous-développement qui est venu du dehors: un déséquilibre accru de la population et de la production, de même y a-t-il un déve- loppement qui vient, bel et bien, du dedans: le capitalisme com- mercial libanais.

Nous envisagerons, donc, tour à tour, les trois points suivants:

D'abord, le problème de population en Moyen-Orient, ou ce que l'on peut appeler un sous-developpement implanté.

Ensuite, la double morsure extérieure des capitalismes pé- trolier et israélien, ou ce que l'on peut appeler un développement implanté.

Enfin, un capitalisme de parthénogenèse : le capitalisme liba- nais, ou ce que l'on peut appeler un développement non implanté.

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CHAPITRE PREMIER

LE PROBLEME DE POPULATION EN MOYEN-ORIENT

UN SOUS-DEVELOPEMENT IMPLANTE

S'il est u n cliche usé, c'est celui qui représente le M o y e n - O r i e n t c o m m e u n pont, u n p o n t g é o g r a p h i q u e entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Jadis, peut-être, le M o y e n - O r i e n t fut u n p o n t des richesses de l ' O r i e n t à celles de l ' O c c i d e n t . Mais, a u j o u r d ' h u i , le M o y e n - O r i e n t a ses p r o p r e s richesses. Les n a p p e s d'huile, sur lesquelles glissaient les lentes caravanes, o n t fini p a r jaillir. E t les n a p p e s humaines, hier clairsemées p a r la mort, se pressent a u m ê m e r y t h m e . Richesse en pétrole, richesse en h o m m e s , les ri- chesses propres d u M o y e n - O r i e n t . A v a n t d ' a b o r d e r la p r e m i è r e , c'est la seconde que nous c o m m e n c e r o n s p a r évoquer.

Les données d u p r o b l è m e de p o p u l a t i o n en M o y e n - O r i e n t sont ambiguës, d ' u n e d o u b l e a m b i g u i t é n o n moins caractéristique dans l'espace q u e dans le temps.

D a n s l'espace, il semble qu'il y ait, en tels o u tels points d u M o y e n - O r i e n t , surpopulation, et, en tels o u tels autres points, a u contraire, souspopulation.

D a n s le temps, car, si l'on p r e n d le M o y e n - O r i e n t c o m m e u n tout, o n ne sait trop, alors, p o u r l'ensemble de la region, ce qui t e n d à l ' e m p o r t e r , p r é c i s é m e n t avec le temps, de la s u r p o p u - lation ou de la souspopulation.

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Ce que l'on peut exprimer en deux formules aux conjonctions changeantes.

Ambiguïté des données du problème de population dans l'espa- ce: surpopulation et souspopulation à l'intérieur du Moyen-Orient.

Ambiguïte des données du problème de population dans le temps: surpopulation ou souspopulation pour l'ensemble du Moyen- Orient ?

1

L'AMBIGUÏTE DES DONNÉES DU PROBLÈME DE POPULATION DANS L'ESPACE. SURPOPULATION ET SOUSPOPULATION

A L'INTÉRIEUR DU MOYEN-ORIENT.

Nous distinguerons les faits et l'explication.

A) Les faits nous sont donnés par le contraste entre deux tableaux: à la veille de 1950 un tableau des points de surpeuple- ment et un tableau des points de souspeuplement.

a) Tableau des points de surpeuplement:

Ce premier tableau des points de surpeuplement appelle deux remarques principales.

1) Comment parler de surpopulation en Egypte avec une densité relativement aussi faible? C'est que la superficie indiquée ci-dessus est la superficie totale. Or, la plus grande partie du

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territoire égyptien est désertique. Il faudrait, correctement, ne retenir que la superficie cultivable. Celle-ci n'est que de 34.184 kilomètres carrés ; ce qui donnait, alors (et cela dès 1937) une d e n - sité de 466 habitants par kilomètre carré, l'une des plus élevées du monde: 99% de la population égyptienne vit dans les 4% que re- présente le territoire de la vallée du Nil. Dans ces conditions, l'Égypte devrait venir, non en fin de notre tableau, mais en tête. C'est en Égypte que la surpopulation moyen-orientale est le plus aiguë.

2) Rectification à faire pour d'autres pays aussi, tels qu'Israël, dont la superficie totale inclut une large portion de désert. Et rectification qui, pour Israël, devrait porter, en outre, sur le chiffre de population prodigieusement accru, depuis 1950, par l'immi- gration qui a suivi la fin du Mandat Britannique et l'institution, le 15 Mai 1948, de l'Etat d'Israël. Voici, à cet égard, un petit tableau complémentaire touchant le seul Israël (en milliers):

Ajoutons qu'au début de 1958 la population israélienne totale atteignait 1.976.000, dont 1.714.000 Juifs, et remarquons que ce qui ressort de cet ensemble de chiffres c'est que, depuis 1948, la population juive a plus que doublé; les quatre cinquièmes de cette augmentation résultant de l'immigration, un cinquième

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de l'accroissement naturel; l'immigration juive, qui avait été, au total, de 452.157 personnes pendant les 29 années du Mandat Britannique sur la Palestine, ayant représenté le double dans les dix années suivantes; une immigration suivant une courbe carac- téristique de hausse, puis de baisse, et enfin de hausse, son rythme, u n instant ralenti en 1952-1953 (au point qu'il y eut temporaire- ment plus de Juifs à vouloir quitter Israël qu'à vouloir y entrer) reprenant à partir de 1954, par suite de l'ouverture de sources nouvelles d'immigration en Afrique du Nord, en Égypte, en Hongrie.

Et de tout cela il résulte qu'Israël, comme l'Égypte, quoique à un moindre degré, devrait, lui aussi, être remonté dans l'échelle de notre premier tableau des points de surpeuplement en Moyen- Orient.

Mais il est un second tableau.

b) Tableau des points de souspeuplement:

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Ce serait grossièrement sous-estimer les chiffres, ici, que de leur apporter la même rectification qu'à ceux de notre premier tableau, à savoir: une réduction de la superficie totale à la super- ficie en culture. Car cette réduction, qui aboutissait, dans notre premier tableau, à intensifier la surpopulation (par exemple: la surpopulation égyptienne), aboutirait, maintenant, dans notre second tableau, à atténuer la souspopulation. Si, par exemple, pour l'Irak, on éliminait toute la partie du territoire non en culture, la densité de 11 se trouverait, par là, sensiblement relevée. En réalité c'est une autre rectification qu'il convient d'apporter ici, car, si dans les régions surpeuplées superficie cultivable et super- ficie effectivement cultivée, sous la pression même de la popula- tion, coincident plus ou moins, au contraire dans les régions sous- peuplées, où la pression de la population est moins forte, la marge est substantielle entre superficie cultivée et superficie cultivable.

La rectification à apporter, ce n'est donc plus la réduction de la superficie totale à la superficie cultivable et cultivée, mais c'est la réduction de la superficie totale à la superficie cultivable même non cultivée.

Détachons-en quelques exemples.

L'Irak, d'abord: les quatre cinquièmes du territoire irakien sont incultivables: désert, steppe, marais; 340.000 kilomètres carrés sur 435.000; ce qui ne laisse donc une superficie cultivable de guère plus de 90.000 kilomètres carrés. En outre, la culture irakienne n'étant que partielle et discontinue, à peine 15% de cette superficie cultivable est effectivement cultivée : guère plus de 12.000 kilo- mètres carrés. Méthode fausse que de réduire, ici, la superficie totale à la superficie cultivable et cultivée, et qui relèverait la den- sité irakienne de 11 à quelque 400, presque au niveau de la densité égyptienne, et aboutirait non seulement à atténuer la souspopula-

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tion irakienne, mais à faire passer l'Irak, ni plus ni moins, du signe de la souspopulation sous le signe de la surpopulation, c'est-à-dire : de notre second tableau à notre premier tableau. La méthode correcte est de réduire, simplement, la superficie totale à la super- ficie cultivable, même non cultivée; ce qui relèverait, alors, seulement, la densité irakienne de 11 à quelque 54. L'Irak descendrait, alors, en fin de notre second tableau, juste au-dessous de Chypre. Mais il resterait dans notre second tableau. Pourquoi ? Pourquoi le chiffre de 54 pourrait-il encore être considéré comme un signe de sous- population? Parce que l'on estime qu'en Moyen-Orient une terre cultivée par irrigation peut avoir une densité moyenne de 200 habitants par kilomètre carré, et qu'une terre cultivée sans irriga- tion peut avoir une densité moyenne de 50 habitants par kilomètre carré. Or, il y a, en Irak, quelque 50.000 kilomètres carrés culti- vables par irrigation et dont à peine un septième est effectivement cultivé.

Ce qui est vrai de l'Irak ne l'est pas moins de bien d'autres pays. Voici, à cet égard, un tableau d'ensemble:

Ainsi, en face de pays où la superficie cultivée approche la superficie cultivable: Chypre, Jordanie, Israël, Egypte, se placent

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