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ARTICLE ORIGINAL
Étude préliminaire des mutations des gènes p53 et FGFR3 sur le culot urinaire des tumeurs de la vessie 夽
Preliminary study of p53 and FGFR3 gene mutations in the urine for bladder tumors
N. Noël
a, J. Couteau
b, G. Maillet
b, F. Gobet
c, F. d’Aloisio
d, C. Minier
e, C. Pfister
a,∗,daServiced’urologie,CHUCharles-Nicolle,1,ruedeGermont,76031Rouen,France
bSociétéToxem,52,ruePhilippe-Lebon,76058LeHavrecedex,France
cServiced’anatomopathologie,CHUCharles-Nicolle,1,ruedeGermont,Rouen,France
dCentred’investigationclinique,Inserm0204,antennecancérologieurologique,CHU Charles-Nicolle,1,ruedeGermont,Rouen,France
eLaboratoired’ecotoxicologie-milieuxaquatiques,52,ruePhilippe-Lebon,76058LeHavre cedex,France
Rec¸ule19juillet2012;acceptéle17septembre2012
MOTSCLÉS Tumeurdevessie; Urine;
FGFR3; P53
Résumé
Introduction.—Deuxvoiesmajeuresexistentdanslacancérogenèsevésicale:l’unepourles tumeurs infiltrantes ou dehautgrade caractérisée parl’altération dugène suppresseur de tumeurp53etl’autrepourlestumeursnoninfiltrantesoudebasgradeimpliquantdesmutations dugène FGFR3.L’objectifde notreétudeétait devaliderla recherche danslesurines des mutationsdecesdeuxgènespourdespatientsayantunetumeurdevésicale.
Patientsetméthodes.—Dansnotreétudepréliminaire,nousavonsrecherchéchez36patients lesmutationsde p53et FGFR3danslestumeurs et lesurines prélevéeslorsde larésection endoscopique. Les mutationsde p53ontété recherchéesen FASAY,quipermet une analyse fonctionnelledelaprotéineP53.LesmutationsdeFGFR3ontétérecherchéesenSNaPshot,qui rechercheleshuitmutationsponctuelleslesplusfréquentesdecegène.
Résultats.—Pour24patients(66%descas),ilexistaitaumoinsl’unedesdeuxmutationsdans latumeur.Cettemutationexistaitdanslesurineschez15patients(sensibilité=62,5%).Chez seulementunpatient,ilyavaitunemutationdansleculoturinairequin’existaitpasdansla tumeur(spécificité=91,7%).
夽 Niveaudepreuve:3.
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:Christian.Pfister@chu-rouen.fr(C.Pfister).
1166-7087/$—seefrontmatter©2012ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2012.09.015
Conclusion.—Larecherchedesmutationsdep53etFGFR3danslesurinesaétéuntestsimple, noninvasif,quiétaitdansnotreétudesupérieurauxcytologiesurinairespourladétectiondes tumeursdevessielaissantespérerunintérêtdecebio-assaypourlasurveillancedestumeurs devessieetledépistagedespopulationsàrisque.
©2012ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
KEYWORDS Bladdertumor;
Urine;
FGFR3;
P53
Summary
Introduction.—Twomajorpathwaysaredescribedinbladdercarcinogenesis:oneforinvasive orhighgrade tumorscharacterizedby alterationofthep53tumor suppressorgeneandthe otherfor non-invasivetumors orlowgradeinvolvingmutationsFGFR3.Theobjectiveofour studywastovalidatetheresearchintheurineofmutationsinthesetwogenesinpatientswith abladdertumor.
Patientsandmethods.—Inourpreliminarystudy,weinvestigated36patientstheFGFR3and p53mutationsintumorsandurinecollectedduringendoscopicresection.Thep53mutations weresoughtinFASAY,whichallowsafunctionalanalysisoftheproteinP53.TheFGFR3mutations weresoughtinSNaPshotthatsearchestheeightmostfrequentmutationpointsofthisgene.
Results.—For24patients(66%ofcases),wefoundatleastoneofthetwomutationsinthe tumor.Thismutationwaspresentintheurinein15patients(sensitivity=62.5%).Inonlyone patient,wefoundamutationintheurinarysedimentthatdidnotexistinthetumor(specifi- city=91.7%).
Conclusion.—Thesearchformutationsofp53andFGFR3intheurinewasasimpleandnon- invasiveassay,whichseemssuperiortourinarycytologyforthedetectionofbladdertumors, raisinghopesofaninterestinthisbio-assayforsurveillanceofbladdertumorsandscreening riskpopulations.
©2012ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
En France, le carcinome vésical concerne environ 10000nouveaux patients par an (cinquième cancer le plusfréquent)etestresponsablede3%desdécèsparcan- cer.L’âgemoyendesurvenuestde65ans[1].Ondistingue lestumeurs de vessie n’infiltrantpas le muscle (TVNIM): tumeursTa,T1etCIS etlestumeursdevessieinfiltrantle muscle (TVIM): T2, T3et T4. Les tumeurs de vessie sont également classées selon le grade cellulaire qui définit leur agressivité: G1 (peu agressif) à G3 (très agressif).
On estime queplus de50%des TVNIMrécidivent à unan [2].Lespatientsaux antécédentsdetumeurvésicalesont donc étroitement surveillés par cystoscopie et cytologies urinairesàtrois,sixet12moisselon lesrecommandations de l’association franc¸aise d’urologie [3]. Cependant, ces deux examens ont des limites: faible sensibilité pour la cytologie urinaire, notamment pour détecter les tumeurs debasgrade,infectionsurinairesetsténosesurétralespour lacystoscopie.
Àcejour,différentstestsurinairesontétécommercia- lisés: Nuclear Matrix Protein 22 (NMP22), BladderTumor Antigen(BTA),Immunocyt...Sileursensibilitéestmeilleure que celle de la cytologie urinaire pour la détection des tumeurs vésicales,c’est le plus souvent au dépens d’une moinsbonnespécificitéetdel’existencedenombreuxfaux- positifs[4].Ledéveloppementd’unenouvelleméthodenon invasive,peucoûteuse,simpleetfiablepourdétecterdans lesurineslaprésenced’unetumeurdevessie,demeureun enjeuimportant.
Notreprojetderecherche,quifaitl’objetd’unecolla- borationentreleCHUdeRouenetlasociétéToxem,financé
par la région Haute-Normandie et le Fond européen de développementrégional(FEDER),reposesurl’étudedemar- queursgénétiquesdestumeursdelavessiedanslesculots urinaires.Lestravauxdebiologiemoléculaireayantsuggéré l’existencededeuxvoies majeuresdans lacancérogenèse vésicale:l’une pour lestumeurs infiltranteset/ou à haut risquedemalignitécaractérisée parlaprésencedemuta- tionsdugènesuppresseurdetumeurp53,l’autrepourles tumeursnoninfiltranteset/ouàfaiblerisquedemalignité caractériséepardesmutationsdugèneFibroblast Growth FactorReceptor 3 (FGFR3).Enpratique,il sembleau vue desdonnéesdelalittératureque80%destumeursvésicales exprimentaumoinsunedecesdeuxmutations[5,6].
Notreobjectifétait de présenterles résultats prélimi- nairesdelarecherchedesmutationsdep53etFGFR3dans lesurinesetleurconcordanceaveclesmutationsobservées danslestumeursvésicalesdiagnostiquéesdefac¸on conco- mitante.
Patients et méthodes
Prélèvements et préparation des échantillons
Unerésectiontransurétraledevessie(RTUV)aétéréalisée au CHUde Rouen entre janvier 2011et janvier 2012pour les 50patients étudiés. Dans tous les cas, un prélève- ment d’urine été pratiqué lors de la cystoscopie avant l’intervention.Ceséchantillonsurinairesontétéconservésà 4◦Cdansunflaconcontenantuntampon(666g/Ldethiocya- natedeguanidium,17,1gden-Lauroylsarcosine,0,05mol/L d’acétatedesodium,0,007%deß-mercapto-éthanol)[7,8].
L’analysehistologiquedutissuprélevéatoujoursconfirmé l’originetumoraleconduisantàlaconservationentumoro- thèque(serviced’anatomopathologie).Lesculotsurinaires prélevésontétépréparésaucentred’investigationclinique (CIC)duCHUdeRouen(centrifugationpendantdixminutesà 10000gà4◦C,puisà15000gpendantdixminutesà4◦C),le surnageantaétééliminéetleculotconservéà—80◦C.Tous lespatients sélectionnés ontrec¸u uneinformation claire, loyale et appropriée et ont signé une autorisation écrite conforme aux recommandations del’Agence nationale de sécuritédumédicament(ANSM)quiadonnésonautorisation pourlaréalisationdecetteétude.
Extraction et amplification des acides nucléiques
L’extraction d’ARNm, nécessaire pour la recherche des mutationsdugènep53,danslestumeursetlesculotsuri- naires, a été réalisée selon le protocole du kit «Illustra QuickPrep Micro mRNA Purification» de GE Healthcare.
Après centrifugation (11000g pendant une minute), la résine était conservée car contenant l’ARNm et le sur- nageant a été récupéré pour obtenir l’ADN génomique (ADNg). Après élution, les ARNm ont été conservés à
—80◦C. Les ADNc étant ensuite obtenu par rétrotrans- cription (Kit Verso, Thermo Scientific). L’ADNc du gène p53a été amplifié par PCR en utilisant une polymé- rase haute-fidélité(PrimeStar, TaKaRa) et les amorces P3 (5-ATTTGATGCTGTCCCCGGACGATATTGAA-3) et P4(5- ACCCTTTTTGGACTTCAGGTGGCTGGAGT-3).
L’extraction d’ADNg des tumeurs et culots urinaires, nécessaire à larecherche des mutationsde FGFR3, a été réaliséeensuivantleprotocoleduKit«QIAampViralRNA» deQiagen. Après élution,l’ADNg étaitconservé à—20◦C.
Lestroisexonsd’intérêt(7,10et15)surlesquelssontloca- liséesleshuitmutationsrecherchées,ontétéamplifiépar PCR(MultiplexPCRKitdeQiagen).
Recherche des mutations de p53 et FGFR3
Lesmutationsdep53ontétédétectéesparleFunctionnal AnalysisofSeparated Allelein Yeast (FASAY)(Fig.1), qui permetd’évaluerl’intégritédugènep53parl’étudedela fonctionnalitédesaprotéinedansunorganismeeucaryote, la levure Saccharomyces cerevisiae [9,10]. Cette souche possèdeune seule copie fonctionnelledu gèneindicateur ade2dontl’expressionestsouslecontrôledelaprotéineP53 (unélémentderéponseàP53aétéplacédanslepromoteur dugèneade2).L’activationdugèneade2permetlasynthèse d’adéninenécessaireàlacroissancedeslevuresetleurper- metdoncdepoussersurunmilieucarencéenadénine.Ainsi, lescoloniesdelevuresexprimantuneprotéineP53sauvage sontblanchesalorsquelescoloniesquiexprimentunepro- téine P53mutée sont rouges. Cette couleur rouge résulte d’uneaccumulationdeproduitsintermédiairesdumétabo- lismedel’adénine.
Pour la recherche des mutations de FGFR3, nous avonsutilisé le Single Nucleotide analysedPolymorphysm (SNaPshot), qui est une réaction d’extension d’amorces permettant de détecter les huit mutations ponctuelles,
«hotspot», lesplus fréquentes de cegène, localisées sur troisexons:deux mutationssur l’exon7,deux surl’exon
Figure1. Technique du FASAY. La levure Saccharomycescere- visiaepossède uneseule copiefonctionnelle dugène indicateur ade2dontl’expressionestsouslecontrôledelaprotéineP53(un élémentderéponseàP53aétéplacédanslepromoteurdugène ade2).Lescoloniesdelevureexprimantp53sauvagesontblanches alorsquelescoloniesquiexprimentp53mutésontrouges.Cette couleur rouge résulte d’une accumulation de produits intermé- diairesdumétabolismedel’adénine.
10et quatre sur l’exon 15 [11]. Les échantillons ont été analysésparleséquenceurduserviced’anatomopathologie (3130xlGeneticAnalyzerd’AppliedBiosystems)duCHUde Rouen.
Résultats
Autotal,50couplestumeur/culoturinaireontétéanalysés.
Pour49couples,lesmutationsdeFGFR3ontétérecherchées surl’ADNg.Larecherchedesmutationsdep53aétéréalisée pour 37couples, l’extraction de l’ARNm n’ayant été pos- siblechez13patients.Larecherchedesmutationsdep53et FGFR3aainsiétéréaliséepour36couplestumeur/culoturi- naire.
Mutations de p53
Une recherche des mutations de p53a été réalisée pour untotal de37tumeursetculotsurinairescorrespondants.
L’analyse anatomopathologique du stade TNM des lésions vésicalesamisenévidence24TVNIM:Ta(54%),T1(11%).
Dansseptcas,ilétaitnotéuneinfiltrationdumusclevési- cal:T2(19%)alorsquedanssixcasexistaitunCIS(16%).La répartitiondestumeursenfonctiondugradecellulaireétait lasuivante: deuxcasG1 (5%),dixcas G2(27%) et25cas G3 (68%). Une mutation de p53existait pour 18tumeurs: 45%Ta,50%desT1,57%desT2et50%desCIS(Fig.2A).Si aucunetumeurdefaiblegradeG1neprésentaitdemutation dep53,50%desG2et52%desG3étaientmutées(Fig.2B).
Autotal,iln’existaitpasdedifférencesignificativedansla répartitiondesmutationsselonlestade(p=0,95)etlegrade (p=0,62)destumeurs.
Lorsdel’analyseduculoturinaire porteurs,unemuta- tionde p53était détectée dans 11cas: 15% des tumeurs correspondantesTa,50%destumeursT1,37%destumeurs T2et60%descas deCIS(Fig.2C).Leculoturinairemuté pour p53était observé pour 10% des tumeurs correspon- dantesG2et40%destumeurscorrespondantesG3(Fig.2D).
Iln’existait pas de différencesignificative dans la répar- tition des mutations selon le stade tumoral (p=0,11) et
Figure2. Répartitiondutauxdemutationsdep53danslestumeursvésicalesselonleurstade(A)etleurgrade(B).Iln’existepasde différencesignificativedanslarépartitiondutauxdemutationdanslestumeursselonlestade(p=0,95)etlegrade(p=0,62).Répartitiondu tauxdemutationdep53danslesculotsurinairesselonlestade(C)etgrade(D)destumeurscorrespondantes.Iln’existepasdedifférence significativedanslarépartitiondutauxdemutationdanslesculotsurinairesselonlestade(p=0,11)etlegrade(p=0,19)destumeurs correspondantes.
legradecellulaire(p=0,62)destumeurscorrespondantes.
Ainsi, les mutations de p53présentes dans les 18tumeurs ontété misesen évidencedans neufculots urinairescor- respondants,soitunesensibilitéde50%.Ilexistaitunculot urinairesauvagepourp53pour17des19tumeurspossédant un p53sauvage, soit une spécificité de 89,5%. La valeur prédictive positive était de 81,8% et la valeurprédictive négativede65,4%(Fig.4A).
Mutations de FGFR3
LarecherchedesmutationsdeFGFR3aétéréaliséepourun totalde49tumeurs etculotsurinairescorrespondants.La distributionhistologiquedeces tumeursétaitlasuivante: 29TVNIM:Ta(47%),T1(12,2%),13TVIM(26,5%)etseptcas deCIS(14,3%).L’analysedugradecellulaireamisenévi- dence4tumeursG1(8%),11tumeursG2(27%)et34tumeurs G3(68%).Dans12cas,unemutationdeFGFR3étaitdétec- tée:40%des tumeursTa,17%destumeurs T1et18%des tumeurs T2. À noter qu’il n’existait aucun cas mutation deFGFR3danslesCISvésicaux(Fig.3A).Une mutationde FGFR3était présente dans 75% des tumeurs G1, 36% des tumeursG2et17%destumeursG3(Fig.3B).Ilexistaitdonc une différencesignificative dans la répartition des muta- tionsselonlegradecellulaire(p=0,01),nonretrouvéepour lestadetumoral(p=0,151).
L’analyseduculoturinaireapermisdedétecterhuitcas demutationdeFGFR3:22%des tumeurscorrespondantes Ta,17%destumeursT1,22%des tumeursT2etaucunCIS
vésical(Fig.3C).Ilexistaitunculoturinairemutépour25% des tumeurs G1,27% des tumeursG2et12% des tumeurs G3(Fig.3D).Iln’apasétéobservédedifférencesignifica- tivedanslarépartitiondesmutationsselonlestadetumoral (p=0,35)etlegradecellulaire(p=0,33)destumeurs.Les mutationsdeFGFR3présentesdansles12tumeursontété observées dans sept culots urinaires correspondants, soit unesensibilitéde58,3%.Leculoturinaireétaitsauvagepour FGFR3dans36des37tumeursayantungèneFGFR3sauvage, soit une spécificité de 97,3%. La valeur prédictive posi- tiveestde87,5%etlavaleurprédictivenégativede87,8% (Fig.4B).
Analyse de la concordance du phénotype p53-FGFR3 entre la tumeur vésicale et le culot urinaire
Dansnotreétude,nousavonsétudiélesmutationsdep53et de FGFR3pour 36couples tumeur/culot urinaire. Il exis- taitaumoinsunedesdeuxmutationsdanslatumeurchez 24patients (66% des cas) et dans le culot urinaire chez 17patients(48,5%descas).Nousavonsregroupétoutesles tumeursporteusesauminimumd’unedesdeuxmutations.
Lescellulesduculoturinairecorrespondant étaientconsi- dérées comme mutées lorsque la mutation de p53et/ou FGFR3était celleobservée dansla tumeurvésicale.Ainsi, lesmutationsdep53et/ouFGFR3présentesdans24tumeurs ontété misesenévidencedans 15culots urinairescorres- pondants, soitune sensibilité de62,5%.Le culot urinaire
Figure3. RépartitiondutauxdemutationsdeFGFR3danslestumeursvésicalesselonleurstade(A)etleurgrade(B).Ilexistedifférence significativedanslarépartitiondutauxdemutationdanslestumeursselonlegrade(p=0,01)maispasselonlestade(p=0,151).Répartition dutauxdemutationdeFGFR3danslesculotsurinairesselonlestade(C)etgrade(D)destumeurscorrespondantes.Iln’existepasde différencesignificativedanslarépartitiondutauxdemutationdanslesculotsurinairesselonlestade(p=0,35)etlegrade(p=0,33)des tumeurscorrespondantes.
étaitsauvagepour ces deuxgènesdans 11des 12tumeurs sauvagespourFGFR3etp53,soitunespécificitéde97,3%.
Lavaleurprédictivepositiveestde93,7%etlavaleurpré- dictivenégativede55%(Fig.4C).
Discussion
Ànotreconnaissance,cetravailderecherche constituela premièreétuderecherchantlesmutationsdesgènesp53et FGFR3chez un même patient sur la tumeur vésicale et lescellules du culoturinaire. Si rechercherles mutations de FGFR3dans les urinessemble avoir un intérêt dans la détectiondesTVNIMdefaiblegrade,rechercherlesmuta- tionsdep53répondàdeuxobjectifs:détecterlestumeurs invasives agressives maisaussi détecter l’apparitionou la récidivedeCISvésical.Rechercherlesmutationsdep53et FGFR3danslesurinesnécessited’extrairel’ADNetl’ARNm à partir des cellules contenues dans les urines. Le tam- pon de thyocyanate de guanidium a initialement été mis au point pour conserver l’ARNm, très fragile. Dans notre étude,touslesacidesnucléiques(ADNgetARNm) ontété extraitsàpartird’unseuléchantillond’urineconservédans cetampon,permettantdesimplifierleprélèvementinitial d’urine.
Concernantla recherche desmutationsdep53dans les tumeurs, il existait une mutation fonctionnelle dans 45% destumeursTa,50%destumeursT1,57%destumeursT2et 50%descasdeCIS,sansdifférencestatistiquementsignifi- cative,contrairementauxdonnéesdelalittérature.Bakkar
etal.parséquenc¸agede81tumeurs[5],etLamyetal.par FASAY sur121tumeurs [12], observaient eneffet une dif- férence significativedans la répartition des mutations de p53danslestumeurs,plusfréquentespourlestumeursinva- sivesetdehautgradecellulaire.Lefaibleeffectifdenotre étudeestsusceptibled’expliquercettediscordance.Pourla recherchedesmutationsdep53danslesurines,lasensibi- lité,c’est-à-direlaprobabilitéderetrouverdansl’urinela mutationexistantedanslatumeurvésicale,étaitde50%.
Cesrésultatssontdanslamoyennedeceux,trèsdisparates, décrits dans la littérature: sensibilité de 37% pour Eissa etal.chez100patientsparséquenc¸age[13],maisde87% pourPrescottetal.parséquenc¸agechez49patients[14].
ConcernantlarecherchedesmutationsdeFGFR3,nous avonsobservéuntauxdetumeursmutéesde40%pourles stadesTa,17%pourlesstadesT1,18%pourlesstadesT2, sansaucuncasdecarcinomeinsituvésicalsurles49tumeurs étudiées. Pas de différence significative dans la réparti- tiondesmutationsdeFGFR3selonlestadetumoralmaisles mutationsdeFGFR3semblaientêtreplusfréquentespourles tumeursTa.Enrevanche,notiond’unedifférencesignifica- tivedanslarépartitiondesmutationsdeFGFR3enfonction dugradecellulaire.LesmutationsdeFGFR3ontétéobser- véeslorsquele gradecellulaireétait faibleetsemblaient dominerdans lesTVNIMpeu agressives.Ces donnéessont bienretrouvées dansla littérature: Billereyetal.[15] et Van Rhijn et al. [6]. Pour la recherche des mutations de FGFR3danslesurines,lasensibilité,c’est-à-direlaprobabi- litéderetrouverdans l’urinelamême mutationque dans la tumeur de vessie, était de 58,33%. Nos résultats sont
Culot urinaire
Tumeur
p53 Muté Sauvage Total
Mutée 9 9 18
Sauvage 2 17 19
Total 11 26 37
A
Tumeur
Culot urinaire
FGFR3 Muté Sauvage Total
Mutée 7 5 12
Sauvage 1 36 37
Total 8 41 49
B
Culot urinaire
Tumeur
FGFR3 et/oup53 Mutation Sauvage Total
Mutation 15 9 24
Sauvage 1 11 12
Total 16 20 36
C
Figure4. A.Concordancetumeurs/urinespourlesmutationsdep53chez37patients.Lasensibilitéestde50%,laspécificitéde89,5%, lavaleurprédictivepositivedeetlavaleurprédictivenégativede65,4%.B.Concordancetumeurs/urinespourlesmutationsdeFGFR3chez 49patients.Lasensibilitéestde58,3%,laspécificitéde97,3%,lavaleurprédictivepositivede87,5%etlavaleurprédictivenégativede 87,8%.C.Concordancetumeurs/urinespourlesmutationsdeFGFR3et/oup53chez36patients.Lasensibilitéestde62,5%,laspécificité de91,6%,lavaleurprédictivepositivede93,7%etlavaleurprédictivenégativede55%.
prochesdeceuxinitialementpubliésaveclatechniquede SNaPshot:sensibilité de62%pour van Oerset al.[11] et de58% pour Zuiverloon etal. [16].La spécificitédu test recherchant les mutations de FGFR3dans les urinesétait excellente(97,3%).
Autotal,dansnotreétude,latumeuretleculoturinaire correspondantontétéanalysésàlarecherchedemutation de p53et de FGFR3chez 36patients. Nous avons observé au moins une des deux mutations dans la tumeur chez 24patients(66%)etdansleculoturinairechez17patients (48,5%). La probabilité de retrouver dans les urines une mutationexistant dans la tumeur était de 62,5%, ce qui demeure faible pour un test de dépistage. La spécifi- cité était, en revanche, très bonne (91,7%) avec un très faiblenombredefaux-positifs(valeurprédictivepositivede 93,7%).
Actuellement,la cytologieurinaire estle seultest uri- naire recommandé dans le diagnostic et la surveillance des tumeurs de vessie. Si sa spécificité est bonne (80à 100% selon les études), de même que sa sensibilité pour les tumeurs de haut grade ou les CIS, la sensibilité pour les tumeurs de faible grade est faible (20%). Ces résul- tatssontassezvariablesdanslalittérature, dépendanten grande partie de l’expérience du pathologiste. D’autres tests urinaires ont été commercialisés mais aucun n’est encorerecommandéenpratiquecouranteparlecomitéde
cancérologiedel’associationfranc¸aised’urologie(CCAFU).
Campos-Fernandes et al. ont réalisé une revue de la lit- térature des caractéristiquesde ces différents tests [17].
Le NMP22 (dosage quantitatif immuno-enzymatique de la matricenucléaire)aunesensibilitémoyennede66%maissa spécificitérestebieninférieureàcelledelacytologieuri- naireavecuntauxdefaux-positifsd’environ25%(cystites, lithiases).LeBTAtest(dosagequalitatif[BTAStat]etquan- titatif[BTATRAK]duhumancomplementfactureH-related protein)aunesensibilitémoyennede64%pourleBTAStat etcompriseentre56et74%pourleBTATRAK.Laspécificité moyenneestde73%pourleBTAStatetde71%pourleBTA TRAK.L’Immunocyt/uCytaunesensibilitéentre72et100% lorsqu’elleestcoupléeaveclescytologiesurinaires.Laspé- cificitéestde61à82%.Cetestresteinférieuràlacytologie urinairepourlesfaux-positifs.
Lebio-assaydéveloppédansnotreétude,recherchantles mutationsdep53etFGFR3danslesurines,aunesensibilité de62,5%etunespécificitéde97,3%.Silasensibilitéreste faiblepouruntestdedépistage,elleestcependantsupé- rieure àcelle delacytologieurinaire, enparticulier pour la détectiondes TVNIMdefaible grade.Laspécificité est excellente, semblable àcelle dela cytologie urinaire.De plus,l’excellentevaleurprédictivepositive(93,7%)semble réduire fortement les faux-positifs, principal défaut des testsurinairesdécritsauparavant.
Conclusion
Lesrésultatspréliminairesdenotreétudeontdémontréque larecherchesimultanéedesmutationsdep53erFGFR3dans lesurines,parunbio-assayfiableetreproductible,semblait supérieureàlacytologieurinaire.Cesdonnéesdoiventêtre confirméesparla poursuitedenotre travail derecherche surunnombreplus importantdepatients.L’indication de notre bio-assay en association avec la cytologie urinaire étaitintéressantepourladétectiondestumeursdevessie, enaugmentantlasensibilitétoutengardantunespécificité élevéeetunfaiblenombredefaux-positifs.
Lesrésultatsencourageantsdecetteétudepréliminaire vontnousameneràpoursuivrenotreprojetderecherchepar l’analysedesculotsurinairesdepatientsconnuspourTVNIM ensurveillance avecdescytologies urinairesetune fibro- scopie vésicale, mais également dans le dépistage d’une populationàrisqueavecexpositionprofessionnelle(respec- tivementcohorteIIetIIIdanslecadreduprojetFEDERqui afinancécetteétude).
Déclaration d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeconflitsd’intérêtsen relation aveccetarticle. Travailderecherche bénéficiant d’unfinancementFEDER2011.
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