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Submitted on 1 Jan 1958
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RECHERCHES SUR L’ORIGINE DANS LE MIEL DU POLLEN DE PLANTES ENTOMOPHILES
DÉPOURVUES DE NECTAIRES
J. Louveaux
To cite this version:
J. Louveaux. RECHERCHES SUR L’ORIGINE DANS LE MIEL DU POLLEN DE PLANTES EN-
TOMOPHILES DÉPOURVUES DE NECTAIRES. Les Annales de l’Abeille, INRA Editions, 1958, 1
(2), pp.89-92. �hal-00890103�
RECHERCHES
SURL’ORIGINE
DANS LE MIEL DUPOLLEN
DEPLANTES ENTOMOPHILES
DÉPOURVUES
DE NECTAIRESJ. LOUVEAUX
Station de Recherches
apicoles,
Bures-sur-Yvette.Le
spectre pollinique
de nombreux miels fait ressortir laprésence
enproportion parfois
élevée degrains
depollen appartenant
à desplantes dépourvues
de nectaires et que les abeilles ne visitent que pour la récolte dupollen.
C’est le cas, parexemple,
dePapaver
Rhaeas dont onsait,
defaçon certaine, qu’il
nepossède
pas de nectaires mais dont lepollen
estfréquent
dans les miels.On
peut
écarter defaçon
à peuprès
certainel’hypothèse
d’un trans-port
par le vent en raison de la nature même dupollen
dePapaver
richeen
gouttelettes
grasses. Par contre il convient d’examiner sérieusementl’hypothèse
d’unepollution
accidentelle au cours desmanipulations apicoles, l’apiculteur
introduisant dans le miel au cours de son travail dupollen
arraché aux cellules où il est habituellement stocké par les abeilles.On doit aussi retenir la
possibilité
d’unepollution opérée
par les abeilles elles-mêmes et sansqu’interviennent
lesmanipulations
d’ordreapicole.
Afin de rechercher la valeur
qu’il
convient d’accorder à cette secondehypothèse,
nous avonsorganisé
uneexpérience
debutinage
en serre selonle
protocole
que nous exposons ci-dessous.Dans une serre de 9m de
long
sur 3 m delarge
et a,3o m dehauteur,
très bien
nettoyée
et débarrassée de toutevégétation
nous avons installé le 29 avril ig57une ruchette Dadant 3 cadres entièrement neuve etgarnie
seulement de cire
gaufrée.
Cette ruchette a étépeuplée
par secouage d’unepetite colonie ;
on n’a donc introduit que des abeilles adultes enquantité
suffisante pour couvrir les trois cadres. La reine était bien entendu
présente.
Après
une courtepériode
deperturbation
les abeilles s’habituent très bien à la vie en serre pourvu que la lumière soit suffisammenttamisée,
ceque l’on obtient aisément
par l’emploi
de verre cathédralepour le vitrage
et par la pose d’un
clayonnage
de bois continuappliqué
à l’extérieur detoute la surface éclairante. Ce
clayonnage
arrête environ 5o à 60 p. ioo de la lumière et la rend très diffuse.Dès le lendemain ou a commencé à nourrir la colonie au moyen d’un
sirop cotnposé
de 5kg
de sucre pourI litres d’eau, soigneusement
filtré surcoton de verre pour élitniner toutes les
particules
solides. Le nourrissemeut s’effectuait wclusiventeut àl’extérieur,
la nourriture étant offerte dansune série de boîtes de Pétri
garnies
de billes de verre pour éviter lesnoyades.
Le
sirop
était donné àvolonté,
les nourrisseurs étant maintenus constam- mentpleins.
Toute la verrerie étaitnettoyée chaque jour
àgrande
eauet désinfectée à l’eau de
Javel.
La cire
gaufrée
est étirée sans délaipar les
abeillesqui
commencent àdéposer
lesirop
dans les cellules. I,a ponte de la reine est constatée le Wrmai. Elle ne cessera
plus pendant
toute la durée del’expérience.
I,e 3 mai on installe les nourrisseurs à
sirop
d’un côté de la serre dansle sens de la
longueur (voir fig. i)
et, du côtéopposé
c’est-à-dire àplus
de
deumètres,
ondispose
fi boîtes de Pétri contenant chacune unedizaine de grammes de
pollen.
Cepollen
est obtenu parbroyage
et tami-sage de
pelotes
depolleu prélevées
sur nos récoltes à latrappe
àpollen.
Ilprovient
surtout deP(ipti7,ei,
Naeas. Unquelques
heures les abeilles s’habi- tuent à butiner sur les boîtes de Pétri et lentrent à la ruche avec despelotes
de taille normale.L’expérience
s’est ainsipoursuivie jusqu’au
23 mai. Pendant cettepériode
la ruchette a consommé iokg
de sucre environ et unequantité
depollen
que l’onpeut
évaluerapproximativement
à 500 g. En raison despertes qui
sonttoujours importantes
il est très difficile de chiffrer la quan- tité depollen
effectivement rentrée dans la ruchette.Au cours des essais nous avons
procédé
àplusieurs reprises
au mar-quage de
butineuses,
tant desirop
que depollen.
Ces marquages nous ontpermis
de mettre en évidence une trèsgrande
fidélité des abeilles à leur nourrisseur et surtout à leurtype
d’activité.Après plus
de ioo marquagesnous n’avons retrouvé
qu’une
seule butineuse ayantchangé
d’activité et étantpassée
dans la mêmejournée
dubutinage
dupollen
aubutinage
dusirop.
Le 21 mai nous avons observé les
premières
naissances. L’extension du couvain était telle à la fin des essais que les trois cadres contenaient des larves sur les2 / 3
de leur surface environ, sauf une face d’un cadre latéralqui
ne contenait que des réserves de miel et n’était pas encorecomplètement
étiré. Il a d’ailleurs fallu transvaser la ruchette dans uneruche
à cadres
dès le début dejuin
pour luipermettre
de continuer àprogresser. La
consomtnation,
tant desirop
que depollen,
atoujours
étécroissante
pendant
le courant de mai.Le 23 mai nous
disposions
sur l’un des cadres latéraux d’une surfaceimportante
desirop operculé juste
au-dessus du couvain. Nous avonsprélevé
cecadre,
brossé les abeilles etprocédé
au laboratoire à l’extraction dusirop.
Lesopercules
étant enlevés au moyen d’unscalpel
très proprenous avons vidé les cellules de leur contenu une par une à la
trompe
àvide. Nous avons ainsi obtenu 250 g d’un
sirop doré,
trèsvisqueux, qui,
en octobre ne
présente
encore aucunsigne
de cristallisation.Nous avons soumis à
l’analyse pollinique quantitative
par la méthode de MAURizio(i)
lesirop prélevé.
Nous avons trouvé 900ograins
depollen
par 10g
(moyenne de 4 mesures).
Lespectre pollinique
dusirop
est iden-tique
à celui dumélange
donné ennourrissement,
soit 80 p. 100 depollen
de
Papaver
Rhaeas et 20p. 100deCasta y zeca, Plantago
et Crucifères diverses.On constate que le « miel » est riche en
petits
débris divers dontbeaucoup
sont constitués par des
fragments
degrains
depollen ;
il contientquelques levures, quelques
très rares spores deCryptogames,
très peu de bac- téries.On peut conclure de ces essais que,
pollen
etsirop
étant récoltésséparément
par des abeilles différentes on retrouve dans lesprovisions
sucrées le
pollen
faisant la nourriture de base de la ruche. Cette constata- tion estcapitale
etpermet d’expliquer pourquoi
on retrouve lepollen
deplantes
sans nectaires dans le miel. Ilimporte
toutefoisd’apporter quelques
réservesquant
àl’importance
dumélange opéré
par les abeilles.Si l’on s’en rapporte au chiffre trouvé
( 9 00 o grains
par io g demiel)
lapollution
est forte. Onpeut
se demander si les conditions artificielles del’expérience
n’ont pas contribué à déformer les chiffres. Il convient donc de tenircompte
despoints
suivants :i
o Si l’abeille butineuse
n’opère
elle-même aucunmélange sirop- pollen,
cemélange
doit être le fait des abeilles d’intérieur et notamment decelles, généralement jeunes,
donc consommatrices depollen, qui
assu-rent la mise en
place
du miel dans les cellules. Selonl’importance
des trans-ferts
qu’il
aura subi le miel seraplus
ou moins enrichi enpollen.
Le rôledes
jeunes
abeillesconsommatrices,
donc vectrices depollen,
doit êtreprépondérant
pour l’enrichissement dusirop
enpollen.
Le mielentreposé
dans les hausses en
période
degrande
miellée estprobablement
moinspollué
que celuiqui
estdéposé
aux abords du couvain dans les conditions artificielles d’une serre où l’activité est assez réduite. Cepoint
reste à véri-fier avec soin.
2
°
Malgré
toutes lesprécautior.s prises
il n’est pas excluqu’une partie
dupollen
retrouvé dans lesirop provienne
dedéjections
tombéesaccidentellement dans les nourrisseurs au cours de la
journée.
Nous note-rons
cependant
que cetteorigine
nepeut
pas être trèsimportante
carnous n’avons tenu
compte
que desgrains
depollen
bienconformés,
doncn’ayant
subi aucun passage par l’intestin des abeilles.Nous conclurons donc en disant que le miel
peut
sans aucun doute setrouver
pollué
à l’intérieur de la ruche et du seul fait des abeilles par despollens n’appartenant
pas auxgouttes
de nectar mais quel’importance
decette
pollution
doit être très variable selon les circonstances.De nombreux essais restent encore à réaliser dans ce domaine. Par
l’expérimentation l’analyse pollinique
des miels doitpouvoir
trouvermaintenant
l’explication
dephénomènes
restésjusqu’ici
obscurs.REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
(i)
MAURIZIO(A.).
-Pollenanalytische Untersuchungen
anHonig
und Pollen- hôsehen, A.Beitrâge
zurquantitativen
Pollenanalyse desHonigs.
Schzceiz. Bienen. Z.,